Avis n° 87 Tome XII - Projet de loi de finances pour 1988 - PLAN
M. Jean BOYER, Sénateur
Commission des Affaires économiques et du Plan - Avis n° 87 Tome XII - 1997/1998
Table des matières
-
CHAPITRE IER -
UNE RÉFORME INÉLUCTABLE -
CHAPITRE II -
L'ACTIVITÉ ET LES MOYENS DU COMMISSARIAT GÉNÉRAL DU PLAN ET DES ORGANISMES D'ÉTUDE ET DE RECHERCHE - EXAMEN PAR LA COMMISSION
N° 87
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1997-1998
Annexe au procès-verbal de la séance du 20 novembre 1997.
AVIS
PRÉSENTÉ
au nom de la commission des Affaires économiques et du Plan (1) sur le projet de loi de finances pour 1998 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE,
TOME XII
PLAN
Par M. Jean BOYER,
Sénateur.
(1) Cette commission est composée de :
MM. Jean
François-Poncet,
président
; Philippe François,
Henri Revol, Jean Huchon, Fernand Tardy, Gérard César, Louis
Minetti,
vice-présidents
; Georges Berchet, William Chervy,
Jean-Paul Émin, Louis Moinard,
secrétaires
; Louis
Althapé, Alphonse Arzel, Mme Janine Bardou, MM. Michel Barnier, Bernard
Barraux, Michel Bécot, Jean Besson, Jean Bizet, Marcel Bony, Jean Boyer,
Jacques Braconnier, Gérard Braun, Dominique Braye, Michel Charzat,
Marcel-Pierre Cleach, Roland Courteau, Désiré Debavelaere,
Gérard Delfau, Fernand Demilly, Marcel Deneux, Rodolphe
Désiré, Michel Doublet, Mme Josette Durrieu, MM. Bernard
Dussaut
,
Jean-Paul Emorine, Léon Fatous, Hilaire Flandre, Aubert
Garcia, François Gerbaud, Charles Ginésy, Jean Grandon, Francis
Grignon, Georges Gruillot, Mme Anne Heinis, MM. Pierre Hérisson,
Rémi Herment, Bernard Hugo, Bernard Joly, Gérard Larcher, Edmond
Lauret, Pierre Lefebvre, Jean-François Le Grand, Kléber
Malécot, Jacques de Menou, Louis Mercier, Jean-Baptiste Motroni,
Jean-Marc Pastor, Jean Pépin, Daniel Percheron, Jean Peyrafitte, Bernard
Piras, Alain Pluchet, Jean Pourchet, Jean Puech, Jean-Pierre Raffarin, Paul
Raoult, Jean-Marie Rausch, Charles Revet, Roger Rigaudière, Roger
Rinchet, Jean-Jacques Robert, Jacques Rocca Serra, Josselin de Rohan,
Raymond Soucaret, Michel Souplet, Mme Odette Terrade, M. Henri Weber.
Voir les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
230
,
305
à
310
et T.A.
24
.
Sénat
:
84
et
85
(annexe n°
38
)
(1997-1998).
Lois de finances. |
Mesdames, Messieurs,
Les crédits inscrits dans le fascicule " Plan " au titre des
services du Premier Ministre correspondent, d'une part, à la dotation du
Commissariat général du Plan
mais aussi, d'autre part, aux
moyens alloués aux
organismes
qui lui sont
rattachés
(CEPII et CSERC
1(
*
)
) ou
qui sont
subventionnés
(CREDOC, OFCE, CEPREMAP, IRES
2(
*
)
).
Ils s'élèvent, pour 1998, à
152,21
millions
de francs
, soit une hausse de 3,4 millions de francs qui ne compense
cependant pas l'accroissement de l'inflation par rapport à 1997.
(Source : Commissariat au Plan)
Ce budget, qui est stable par rapport à 1997, comme on l'a vu ci-dessus,
a été réduit de 20 millions de francs en huit ans,
soit une diminution de 12 % en francs courants.
Pour autant, malgré la multiplication des réflexions, la
réforme du Plan demeure inachevée.
Votre Commission des Affaires économiques souhaite que le
Gouvernement procède rapidement à une réforme du Plan qui
permette d'en valoriser toutes les compétences.
CHAPITRE IER -
UNE RÉFORME
INÉLUCTABLE
Depuis 1993, la réforme du Plan a donné lieu
à la publication de non moins de quatre rapports :
- le rapport Dollé intitulé "
Un nouvel horizon pour la
planification
", en 1993 ;
- le rapport De Gaulle sur "
L'avenir du Plan et la place de la
planification dans la société française
", en
1994 ;
- le rapport de Claude Cambus au Conseil économique et social
intitulé "
Prospective, planification et programmation dans
l'Europe du marché unique
", publié la même
année ;
- le rapport présenté par M. Roland Raignoux au Conseil
économique et social sur "
Le devenir de la planification
française
", paru en 1995.
Pourtant, depuis lors, le Plan n'a pas connu de réforme à la
mesure de ces réflexions.
Le diagnostic paraît clair aux yeux des analystes : la planification
française, telle qu'elle a été menée dans le
passé, ne répond plus aux nécessités du
développement contemporain. En revanche, dans une période de
rareté des finances publiques, l'Etat a besoin d'un renforcement des
pratiques d'évaluation des politiques publiques et d'une vision
prospective sur les besoins de la France de demain.
Reste à savoir si, oui ou non, les pouvoirs publics sont prêts
à franchir le pas.
Pour votre rapporteur, la réforme du Plan demeure indispensable
:
les compétences de ses personnels ne sont pas contestées ; ses
études font référence ; il est bel et bien une
autorité écoutée dans la réflexion
économique et dans le débat politique.
Rien n'empêche les pouvoirs publics de " prendre le taureau par les
cornes " et de réformer le plan en étendant ses
compétences, comme le suggèrent toutes les réflexions
successives depuis 1993.
Reste à savoir si le Gouvernement est prêt à entamer cette
réforme qui ne peut procéder que d'une
volonté
politique
.
I. LES OBSERVATEURS FRANÇAIS S'ACCORDENT POUR PRÉCONISER UNE RÉFORME DU PLAN
Les quatre rapports précités concluent tous,
à quelques nuances près, en faveur d'une réforme du plan.
Dès 1993, le rapport Dollé soulignait l'importance d'un
cadrage pluriannuel des Finances publiques et sociales
qui permettrait
de déterminer des perspectives pour l'Etat et pour les
collectivités territoriales et les organismes de sécurité
sociale, afin de définir des orientations stratégiques.
Il recommandait, en outre :
- d'améliorer les politiques publiques en procédant à
leur
évaluation
tant pour les politiques spécifiques que
pour les politiques macro-économiques ;
- d'élargir la
concertation
et le
débat
afin
de ne pas négliger "
l'écart qui apparaît bien
souvent entre l'Etat de l'opinion et les choix des instances dirigeantes de la
Nation
".
Le rapport De Gaulle préconisait, quant à lui, en 1994, un
renouvellement de la planification en vue d'en faire une activité
continue, centrée sur quatre objectifs :
- la prospective ;
- l'évaluation des politiques publiques ;
- la concertation avec les acteurs économiques ;
- l'élaboration des stratégies permettant de définir
des orientations à moyen terme.
Il recommandait, en outre, une meilleure association du Parlement à ces
travaux, idée qu'avait, d'emblée, soutenue votre Commission des
Affaires économiques.
Le rapport de M. Roland Raignoux, publié par le Conseil
économique et social, en 1995, estimait, pour sa part, que le processus
d'adoption du Plan français était trop long. Il suggérait
de
réformer la loi du 29 juillet 1982
portant
réforme de la planification, de
rénover et simplifier les
procédures
qu'elle prévoyait et, enfin,
d'effectuer un
suivi du Plan
.
Les deux idées fortes qui résument ces trois importants rapports
sont donc claires :
- renforcer la prospective ;
- développer l'évaluation.
Il convient d'ailleurs de souligner qu'à l'occasion du
colloque
célébrant le cinquantième anniversaire du Plan
, tenu
le 24 mai 1996, le chef de l'Etat partageait ces vues et rappelait
que :
"
L'Etat doit [...] éclairer l'avenir, raffermir la confiance,
expliquer les réformes pour accompagner les changements et aussi
éviter les ruptures. L'Etat doit rendre compatible le temps des
marchés et celui des hommes pour construire sur le long terme
au-delà des fluctuations de la conjoncture [...].
Dans un univers bouleversé par la mondialisation et la montée de
l'exclusion, l'existence de lieux de concertation et d'évaluation des
choix publics est absolument indispensable. Et le Plan doit être l'un de
ces lieux privilégiés. [...].
L'explication et la concertation sont donc plus que jamais nécessaires
dans nos sociétés européennes.
Nécessaires pour évaluer les politiques publiques et en mesurer
les effets. Nécessaires pour faire vivre une véritable
pédagogie de la réforme et du changement.
Nécessaires pour replacer l'action, trop souvent orientée dans
l'immédiat, dans la cohérence du long terme. "
Comme le soulignait votre rapporteur pour avis, voici un an, cette intervention
du chef de l'Etat résumait toute la problématique de la
réforme du plan, et ouvrait les perspectives de transformation
indispensables.
Pourtant, il ne semble pas que le Gouvernement ait choisi de poursuivre dans la
voie entamée par son prédécesseur sous l'égide du
Président de la république. Selon
Le Monde
du 4
octobre 1997, le Commissariat général du Plan serait même
en " chômage technique ".
Certes, votre Commission ne prend pas cette formule au pied de la lettre,
compte tenu du bilan d'activité qui lui a été
présenté par le Commissariat général. Elle en
retient cependant les interrogations qui persistent sur l'avenir de
l'institution, telles qu'elles ont été résumées par
le rapporteur spécial de la Commission des Finances de
l'Assemblée nationale dans une formule lapidaire : "
ou
bien le commissariat au Plan est utile, et il ne sert à rien de
multiplier autour du Premier ministre un grand nombre d'organismes redondants
et coûteux ; ou bien il ne l'est pas et mieux vaudrait le supprimer,
plutôt que de gaspiller des crédits, sans réelle
efficacité administrative "
3(
*
)
Votre Commission des Affaires économiques considère que les
exemples tirés des expériences étrangères en
matière de prospective et de planification plaident pour une
réforme du Plan plutôt que pour sa suppression.
II. LES EXPÉRIENCES ÉTRANGÈRES CONFIRMENT L'INTÉRÊT D'UNE TELLE TRANSFORMATION
Il ressort des investigations conduites par votre rapporteur pour avis que la prospective et l'évaluation des politiques publiques connaissent des développements nombreux à l'étranger.
A. DES OUTILS DE PROSPECTIVE : LES EXEMPLES ALLEMAND ET JAPONAIS
Les pays les plus libéraux, ou les plus attachés
à l'économie de marché, qu'il s'agisse de l'Allemagne ou
du Japon, ont mis en place des structures de prospective qui fonctionnent
aujourd'hui encore.
En principe, l'
Allemagne
ne dispose pas d'un outil de planification.
Mieux : elle récuse toute idée planificatrice. Cependant, comme
le note M. Claude Cambus dans son rapport au Conseil économique et
social précité : "
la fermeté de ce principe n'a
d'égale que la souplesse de son application
".
En effet, de nombreuses instances existent, outre-Rhin, qui contribuent
à tracer le cadre prospectif de la politique économique. Ces
instances sont soit des organes étatiques, soit des acteurs externes
à l'administration.
Parmi les
organismes publics
, on mentionnera :
- le Konjonktürrat (littéralement " conseil de la
conjoncture ") qui réunit le ministre fédéral de
l'économie, les ministres de l'économie des Länder et des
représentants des communes ;
- le " Conseil des Sages " qui présente chaque
année un rapport sur la situation et sur les perspectives
économiques du pays ;
- la Commission des monopoles qui publie un rapport biannuel sur la
situation de la concurrence.
Parmi les
organismes de prospective externe
, on retiendra :
- les conseils scientifiques des ministères ;
- les six instituts de recherche installés à Munich, Baden,
Kiel, Hambourg, Essen et Halle qui, selon le rapport Raignoux
précité, sont fort de plus de
800 chercheurs
et
participent au débat public. Ils travaillent d'ailleurs pour les
pouvoirs publics eux mêmes en répondant à des appels
d'offres sur des sujets donnés.
Comme le montre le rapport Dollé, précité,
le Japon
s'est également doté de longue date d'une structure de
prospective importante :
l'Economic planing Agency
qui, rattachée
au Premier ministre, est dirigée par un secrétaire d'Etat.
Cette agence est dotée de 500 collaborateurs auxquels s'ajoutent
les fonctionnaires des agences qui lui sont affiliés.
Les travaux de l'Agence ont pour but de :
- proposer des perspectives économiques souhaitables et
réalisables ;
- présenter les directions fondamentales que le Gouvernement suivra
dans sa gestion de politique économique à moyen et long terme et
identifier les objectifs prioritaires et les moyens de leur réalisation.
Il est à noter que ces travaux n'ont aucune valeur contraignante pour le
secteur privé.
Au total, grâce à l'Economic planing Agency, le Japon dispose de
nombreuses compétences en matière économique
(réalisation d'enquêtes de conjoncture ; de comptes nationaux ou
de modèles économiques ; établissement de
précisions à court terme).
B. DES OUTILS D'ÉVALUATION : LES EXEMPLES NÉERLANDAIS ET SUISSE
Les Pays-Bas et la Suisse ont mis en oeuvre des programmes
d'évaluation des politiques publiques sans commune mesure avec ceux que
la France connaît actuellement.
Le rapport du Conseil scientifique de l'évaluation pour 1994 a
souligné le développement de l'évaluation en Europe, et
spécialement aux Pays-Bas où :
" l'introduction
officielle de l'évaluation gouvernementale date de 1971, avec la
création de la Commission interministérielle pour le
développement de l'analyse de politique (COBA), au ministère des
finances, dont la mission était d'introduire l'évaluation dans
l'administration centrale. En pratique, sa mission était d'obtenir des
ministères qu'ils précisent et hiérarchisent leurs
objectifs politiques, de telle manière qu'ils puissent être
intégrés dans un système cohérent d'objectifs
gouvernementaux. Ce système devait servir de cadre de
référence pour le développement de l'évaluation et
la planification. En 1983, la COBA fut remplacée par la Division
d'analyse de politique (DAI), qui devait apporter un soutien
méthodologique aux ministères.
L'une des originalités des Pays-Bas est la réalisation de
méta-évaluations, revues critiques d'un ensemble de travaux
d'évaluation. L'analyse menée en 1990 à l'instigation de
la Cour des Comptes, portant sur l'ensemble des évaluations
réalisés dans l'administration de 1987 à 1990
(
944 études recensées)
, fait état de
résultats inégaux : la moitié des évaluations est
de qualité insatisfaisante, et leurs résultats ne sont pas assez
pris en compte dans les décisions budgétaires. A la suite de
cette étude, une réforme fut mise en place en 1991. Outre un
renforcement de la " procédure de réexamen ", la
communication du Gouvernement au Parlement annonça un renforcement de
l'intégration de l'évaluation dans les procédures de
décisions ministérielles, l'utilisation systématique des
indicateurs, et l'affirmation de la responsabilité de chaque ministre en
matière d'évaluation. En pratique, des unités de
coordination de l'évaluation ont été créées
dans les ministères, et le rôle du DAI a été
étendu. Le Parlement est systématiquement destinataire des
rapports d'évaluation. La Cour des comptes supervise la mise en oeuvre
de cette réforme "
4(
*
)
.
En
Suisse
, l'évaluation a connu d'importants
développements depuis dix ans
5(
*
)
.
C'est, en effet, en 1987, que le Conseil fédéral a lancé
un " programme national de recherche sur les effets des mesures
étatiques " ou " PNR 27 ".
L'objet de ce programme était de tester et d'améliorer les
méthodes de saisie et d'appréciation des effets des mesures
étatiques. A cette fin, douze grandes évaluations ont
été engagées dans des domaines divers et à chacun
des niveaux administratifs (Confédération, cantons, communes).
Ces évaluations ont concerné notamment :
- la politique de l'information de la protection civile ;
- la procédure d'étude d'impact sur l'environnement ;
- la protection de la pureté de l'air dans l'industrie ;
- les atteintes aux paysages par les pistes de ski ;
- la promotion de l'hôtellerie ;
- la politique à l'égard des étrangers.
Ces douze évaluations ont fait l'objet d'un contrôle
méthodologique approfondi. Le lancement du programme a contribué
au développement de l'évaluation en Suisse. Comme le
relève le rapport du Conseil scientifique de l'évaluation pour
1996 :
"
Aujourd'hui, on mène en Suisse chaque année un grand
nombre d'évaluations au sens d'études systématiques des
effets et de l'exécution. [On en recense]
plus de 300
au cours
des trois années écoulées. Une enquête
effectuée auprès des services de la Confédération a
permis d'établir une liste de plus de 500 études
d'évaluation durant la législature 1991-1995. Avec cette large
diffusion, la Suisse semble dans tous les cas avoir dépassé le
point de non retour dans le domaine des évaluations ".
III. QUELS ENSEIGNEMENTS POUR LA FRANCE ?
Comme le relevait votre rapporteur pour avis à
l'occasion de l'examen du projet de loi de finances pour 1997,
les
dispositions du décret du 22 janvier 1990
relatif à
l'évaluation interministérielle des politiques publiques
pourraient être utilement révisées
afin d'assouplir
les conditions de mise en oeuvre des évaluations.
Actuellement, seuls le Premier ministre, les ministres, le Conseil d'Etat, la
Cour des Comptes et le Médiateur de la République peuvent saisir
le Comité interministériel de l'évaluation, ce qui
explique, pour partie, le nombre limité des études
réalisées depuis 1990.
En outre, comme le relevait votre rapporteur pour avis, voici deux ans, ces
évaluations ne concernent pas les domaines les plus
" sensibles " de l'action publique. Comme on le verra au
chapitre
suivant, les évaluations confiées au Commissariat au Plan sont
peu nombreuses : deux ont été lancées en 1996, et une
seule en 1997, à l'initiative de l'Office parlementaire
d'évaluation des politiques publiques.
C'est pourquoi, votre Commission considère qu'au lieu de multiplier
les instances d'évaluation, il serait souhaitable de renforcer les
compétences du Plan en la matière.
CHAPITRE II -
L'ACTIVITÉ ET LES MOYENS DU
COMMISSARIAT GÉNÉRAL DU PLAN ET DES ORGANISMES D'ÉTUDE ET
DE RECHERCHE
I. LE COMMISSARIAT GÉNÉRAL DU PLAN
A. ORGANISATION ET MOYENS
Le Commissariat général du Plan est
composé de six services, à savoir :
- le service économique, financier et international ;
- le service de l'évaluation et de la modernisation de l'Etat ;
- le service des affaires sociales ;
- le service énergie, environnement, agriculture et tertiaire ;
- le service de développement technologique et industriel ;
- le service des études et de la recherche.
Il a disposé, en 1997, de 153 postes budgétaires, soit une
réduction de trente emplois en dix ans, ainsi que le montre le graphique
suivant :
(Source : Commissariat au Plan)
Les crédits du Commissariat général du plan stricto sensu
s'élèvent à
77,1
millions de francs
,
soit une hausse de 0,69 % par rapport au budget voté en 1997.
B. L'ACTIVITÉ DU COMMISSARIAT GÉNÉRAL DU PLAN EN 1997
L'activité du Commissariat du Plan se déploie
dans six domaines distincts : l'évaluation, la prospective, les
études et réflexions interadmnistratives, les séminaires
et groupes de travail, les colloques et les études et recherches.
Au titre des
évaluations
, le Commissariat général
a été saisi par le Gouvernement et par le Parlement.
A la demande de l'exécutif, il a notamment mené des travaux
d'évaluation portant sur :
- le dispositif des
agences de l'eau
(saisine d'octobre 1996) ;
- la politique publique de prévention des
risques naturels
(saisine d'octobre 1993) ;
- la politique de la
montagne
(saisine de mars 1995) ;
- le dispositif français de
normalisation
(saisine de
novembre 1996) ;
- l'
insertion
par l'économique (engagée à
l'automne 1994) ;
- la loi du 10 janvier 1991 relative à la
lutte contre le
tabagisme et l'alcoolisme
(évolution prévue par la loi,
elle-même) ;
- la politique de
maîtrise de l'énergie
(lancée
en 1994) ;
- les
contrats de plan
(lancés en 1993).
A la demande de l'Office parlementaire d'évaluation des politiques
publiques, le ministre de l'économie et des finances a également
saisi le Commissariat général d'une demande d'évaluation
des
politiques publiques maritimes
(saisine de février 1997).
En matière
d'études prospectives
, le Commissariat
général a tout d'abord animé des groupes de travail,
réunis à la demande du Gouvernement. Ces groupes se sont
intéressés à :
- l'énergie ;
- la politique agricole commune ;
- la demande touristique ;
- aux métiers et aux qualifications.
Le Commissariat général a, lui-même, décidé
d'engager des études prospectives sur :
- le système bancaire français ;
- la politique de a ville et la prospective urbaine ;
- les médias.
Divers
travaux
et
réflexions interadministratives
ont
été notamment lancés sur :
- le plan de nommage des sites Internet ;
- la défense économique ;
- les spécificités du chômage français ;
- la mesure de performance des entreprises de services publics ;
- la régulation des entreprises de services publics ;
- le développement des services de proximité ;
- la modélisation des relations entre économie et nouvelles
technologies ;
- la politique nationale du développement durable ;
- les délocalisations et relocalisations ;
- l'intelligence économique.
Le Commissariat général au Plan a animé des
séminaires
et des
groupes de travail
portant notamment sur
:
- l'information, la communication et la société ;
- les orientations de la politique des transports ;
- les nouveaux réseaux d'information ;
- l'économie de la Méditerranée ;
- les prélèvements obligatoires.
Il a organisé quatre
colloques
.
Il a enfin financé près de
43 recherches diverses.
II. LES ORGANISMES D'ÉTUDE ET DE RECHERCHE
Deux organismes d'études et de recherche disposent de
crédits inscrits au fascicule " Plan " des services du
Premier
ministre. Il s'agit du Centre d'étude prospective et d'informations
internationales (CEPII) et du Conseil supérieur de l'emploi, des revenus
et des coûts (CSERC).
Quatre autres organismes, qui relèvent de statuts divers,
reçoivent quant à eux des subventions. Il s'agit du Centre
d'études prospectives et d'observations des conditions de vie (CREDOC),
du Centre d'études prospectives mathématiques appliquées
à la planification (CEPREMAP) ; de l'Institut de recherches
économiques et sociales (IRES) et de l'Observatoire français des
conjonctures économiques (OFCE).
A. LE CENTRE D'ÉTUDES PROSPECTIVES ET D'INFORMATIONS INTERNATIONALES (CEPII)
Organisme de renommée internationale, le CEPII a
été créé, en 1978, pour réaliser des
études sur l'économie mondiale, les échanges
internationaux et les économies étrangères. Il est
doté, pour 1998, d'un budget de 21,4 millions de francs, en
légère réduction par rapport à 1997, auquel il
convient d'ajouter des ressources propres d'environ 600.000 francs qui
porteront son budget total à 22 millions de francs. Le personnel du
CEPII se compose de 46 personnes dont 13 titulaires et 33
contractuels.
Les publications du CEPII sont nombreuses et de périodicité
variable. Nous mentionnerons notamment : la revue trimestrielle
Economie
internationale
;
La lettre du CEPII
(mensuelle) ;
The CEPII Newsletter
destinée aux correspondants
étrangers du CEPII.
En 1996, le centre a également publié des
Documents de
travail
,
ainsi que quatre ouvrages
6(
*
)
. Ses collaborateurs ont publié non moins d'une
soixantaine de contributions à diverses revues économiques
françaises et internationales. Ils ont également participé
à un grand nombre de colloques et de séminaires, ainsi
qu'à la rédaction de rapports et de travaux pour des institutions
publiques.
Parmi les
principaux thèmes de recherche
du CEPII figurent :
- des projets sur
l'économie mondiale et l'emploi
, la
mondialisation et la régionalisation ;
- des
analyses et projections macroéconomiques
(études sur les effets des ajustements budgétaires, sur la
productivité et la croissance dans les pays du G-6 et des projections de
politique économique...) ;
- des travaux sur la
monnaie et la finance
(notamment sur les
régimes de change et la politique monétaire en Asie, les
potentialités de l'euro comme monnaie internationale) ;
- des recherches sur le
commerce international
(effets du
marché unique sur les échanges intra-communautaires, comparaisons
des coûts salariaux ;
- des études sur les
économies émergentes
ou
en transition (par exemple sur l'intermédiation financière en
Europe de l'Est, ou la libéralisation financière en
Amérique latine).
Le CEPII a ouvert, en 1996, un serveur Internet qui a rencontré un
succès certain, avec une moyenne de 445 visiteurs par mois
7(
*
)
.
B. LE CONSEIL SUPÉRIEUR DE L'EMPLOI, DES REVENUS ET DES COÛTS
Créé par la loi quinquennale
8(
*
)
sur l'emploi et la formation professionnelle du
20 décembre 1993, et par les décrets d'application des
25 mai et 22 novembre 1994, le CSERC a pour mission de :
"
contribuer à la connaissance des revenus, des coûts de
production et des liens entre l'emploi et les revenus, et de formuler des
recommandations de nature à favoriser l'emploi ".
Il est composé de neuf membres
9(
*
)
, et
dispose de treize collaborateurs. Son budget pour 1998 s'élève
à 6,47 millions de francs, en baisse de près de 7 % par
rapport à 1997.
Deux rapports seront réalisés en 1997 par le CSERC : l'un sur les
minima sociaux, destinés au Premier ministre et aux Présidents
des Assemblées ; l'autre, sur le temps de travail, sera rendu public en
janvier 1998.
C. LES ORGANISMES SUBVENTIONNÉS
Le total des subventions versées à ces
organismes avoisine 54 millions de francs.
L'OFCE
a été créé par convention
passée, en 1981, entre l'Etat la Fondation nationale des Sciences
politiques (FNSP) pour étudier les conjonctures économiques en
France et à l'étranger. La subvention, qui lui est
destinée pour 1998, s'élève à 21,5 millions de
francs. Son personnel est de 44 personnes.
L'Observatoire comprend :
- le
département des diagnostics
, qui suit la
conjoncture
économique de la France
dans son environnement international ;
- le
département d'économétrie
qui publie des
prévisions
sur l'économie française ;
- le
département des études
qui travaille dans le
domaine de la
sociologie appliquée
.
L'OFCE publie une
Revue
trimestrielle ainsi qu'une
Lettre
mensuelle ; des
Documents
de travail et des ouvrages.
Le
CREDOC
, créé sous forme d'association, a pour objet de
réaliser des études sur les conditions de vie de la population et
de promouvoir les recherches en statistique, économie, sociologie ou
psychosociologie dès lors qu'elles se rapportent à ce sujet.
Il reçoit une subvention de 5,5 millions de francs.
Il a réalisé près de 80 études en 1996, sur
des sujets généraux tels que les " conditions de vie et les
aspirations des Français " et des travaux très concrets, par
exemple, sur " la clientèle des chaînes d'hôtels
intégrées "
10(
*
)
.
En 1997, plus de 50 études sont en cours au CREDOC.
Le
CEPREMAP
, dont le statut est celui d'une association, est un centre
de recherche fondamentale en économie qui travaille également en
collaboration avec les administrations économiques (Direction de la
Prévision, Commissariat au Plan) pour réaliser des études
appliquées. Il recevra, en 1998, une subvention de 7,6 millions de
francs.
En 1996, le CEPREMAP qui comprend 25 chercheurs et 21 chercheurs
associés a produit 78 articles, 16 ouvrages, 11 rapports, et
56 autres documents de recherche
11(
*
)
.
Ces travaux portent sur :
- l'organisation des marchés ;
- les fondements micro-économiques de la macro-économie ;
- la modélisation macro-économique et
l'économétrie ;
- le marché du travail et les politiques de l'emploi ;
- l'analyse du changement technique et social ;
- les politiques économiques et leur intégration
internationale.
L'
IRES
mène des études
12(
*
)
sur :
- le revenu salarial (comparaison internationale de salaires et de
coût de la main d'oeuvre, progressivité du système de
prélèvements, travaux sur les systèmes de retraite et sur
la protection sociale) ;
- l'emploi (segmentation du marché du travail, déterminants
de l'emploi, notamment ;
- la représentation des salariés.
La subvention de l'IRES s'élèvera, en 1998, à
20,16 millions de francs.
*
* *
Suivant les conclusions de son rapporteur, votre Commission des Affaires économiques a décidé de donner un avis défavorable à l'adoption des crédits du Plan inscrits au projet de loi de finances pour 1998.
EXAMEN PAR LA COMMISSION
Au cours de sa réunion du mercredi 5 novembre 1997 sous
la présidence de M. Jean François-Poncet, président, la
commission a procédé à
l'examen du rapport pour avis de
M. Jean Boyer sur le plan
.
M. Jean Boyer, rapporteur pour avis,
a tout d'abord
déclaré que le budget du Plan et des organismes rattachés
ou subventionnés qui gravitaient dans son orbite atteignait
152 millions de francs dans le projet de loi de finances pour 1998, et
qu'il était stable en francs courants par rapport à 1997, soit
une légère diminution en francs constants. Il a noté que,
depuis dix ans, ce budget avait été réduit de près
de 12 % en francs courants.
Puis, le rapporteur a présenté l'état d'avancement de la
réforme du Plan, en soulignant le fait que celle-ci était
attendue depuis cinq ans.
Il a estimé qu'il était indispensable de renforcer le rôle
du Plan comme outil d'analyse et de prospective et indiqué que toutes
les réflexions convergaient vers une même conclusion : la
nécessaire réforme du Plan. Il a déclaré que depuis
1993, pas moins de quatre rapports préconisant cette réforme
étaient parus : le rapport Dollé, du nom du secrétaire
général du plan en 1993, le rapport De Gaulle en 1994 et les deux
rapports du conseil économique et social de 1994 et de 1995 sur la
prospective et la réforme de la planification française.
Il a précisé que le diagnostic était clair, à
savoir que la planification française telle qu'elle avait
été menée dans le passé ne répondait plus
aux nécessités du monde contemporain, que l'âge des
" lois de plan " était bel et bien passé, alors que
l'on avait aujourd'hui besoin de développer des outils de prospective,
de concertation et d'évaluation des politiques publiques. Il a
rappelé que le Président de la République avait
appelé de ses voeux, voici un an, la création d'un plan qui
" fasse vivre une véritable pédagogie de la réforme
et du changement ".
Le rapporteur pour avis a considéré que la comparaison avec les
expériences étrangères plaidait également en faveur
de la transformation du Plan en un outil de prospective et d'évaluation.
Il a cité l'exemple de l'Allemagne et du Japon, où existaient des
instances de concertation et de prospective probablement plus importantes que
le Commissariat général du Plan.
Il a ajouté que d'autres pays tels que les Pays-Bas ou la Suisse
avaient, quant à eux, créé des structures
d'évaluation des politiques publiques d'une certaine ampleur,
précisant que depuis 1987, dans le cadre d'un programme national de
développement de l'évaluation, la Suisse avait effectué
plusieurs centaines d'évaluations de politiques publiques nationales ou
locales.
Il a constaté que la comparaison n'était donc pas en faveur de la
France et que les dispositions du décret de 1990 sur l'évaluation
des politiques publiques ne répondaient pas aux besoins.
La complexité des procédures prévues par ce texte
expliquait le fait, a précisé le rapporteur pour avis, que deux
évaluations seulement aient été lancées en 1996, et
une seule en 1997 -à la demande de l'Office parlementaire
d'évaluation des politiques publiques- sur la politique maritime. Il a
indiqué que d'autres évaluations étaient en cours, mais
que certaines d'entre elles étaient entamées depuis plusieurs
années et n'avaient pas donné de résultat dans des
délais raisonnables. Il s'est interrogé sur l'utilité
d'une évaluation qui durait trois ans avant d'observer que l'on
multipliait les instances d'évaluation rattachées à des
ministères ou compétentes sur un objet limité, alors que
tout l'intérêt du Commissariat du Plan, administration de mission,
serait au contraire d'effectuer des évaluations de façon
indépendante. Il a estimé nécessaire qu'une volonté
politique se fasse sentir et que l'on réforme le décret de 1990.
Après avoir observé que nul ne contestait le sérieux et la
rigueur des travaux effectués par le Commissariat général
du Plan et par les organismes rattachés,
M. Jean Boyer,
rapporteur pour avis
, a estimé que la représentation
nationale ne pouvait accepter l'annonce, chaque année, d'une
réforme nouvelle, qui ne se concrétisait pas.
Il a considéré, en outre, qu'une administration ne pouvait, pas
plus que tout autre corps social, vivre sans certitude sur l'objectif qui lui
était assigné et sur la mission qui lui était
confiée et il a souhaité avoir des assurances du Gouvernement sur
la réforme du Plan. Puis il a proposé d'émettre un avis
défavorable à l'adoption des crédits du Plan.
M. Jean François-Poncet, président,
a jugé
regrettable que le Plan mène " une existence triste et sans
objet ", qui le laissait végéter. Il a rappelé
qu'avait été proposée à plusieurs reprises la
fusion de la DATAR et du Plan en un organisme unique, rattaché au
Premier ministre, et qui aurait pour objectif central la projection
territoriale de l'action économique de l'Etat ; il a regretté que
cette proposition n'ait pas été retenue.
Puis la commission a émis un
avis défavorable
à
l'adoption des crédits du
Plan
, le groupe socialiste et le
groupe communiste, républicain et citoyen votant pour leur adoption.
1
Centre d'études prospective et
d'informations internationales ; Conseil supérieur de l'emploi, des
revenus et des coûts.
2
Centre de recherche d'études prospectives et d'observation
des conditions de vie ; Centre d'études prospectives
mathématiques appliquées à la planification ; Institut de
recherches économiques et sociales ; Observatoire français des
conjonctures économiques.
3
Assemblée nationale, rapport n° 305, annexe
n° 39 ; rapport de M. Georges Tron sur les crédits du Premier
ministre, page 64.
4
Rapport du Conseil scientifique de l'évaluation, 1994,
page 59.
5
Cf. Conseil scientifique de l'évaluation,
L'évaluation en développement, 1996, pages 121-161.
6
Source : CEPII, rapport annuel, 1996, page 32.
7
CEPII, Rapport annuel 1996, page 7.
8
Dans son article 78.
9
Il comprend deux membres de droit : le Commissaire au Plan et le
Directeur général de l'INSEE ; quatre autres membres
désignés à raison de un par le Conseil d'Etat, un par la
Cour des Comptes, un par le Conseil national des universités et un par
le Conseil national de l'information statistique) et de trois
personnalités cooptées.
10
Source : CREDOC, Rapport annuel 1996, page 19.
11
Cf. CEPREMAP, rapport d'activité 1996, page 2.
12
IRES, rapport d'activité 1996 et programme de travail
1997, page 9.