Avis n° 87 - Tome X - PROJET DE LOI DE FINANCES POUR 1998 ADOPTE PAR L'ASSEMBLEE NATIONALE - COMMERCE EXTERIEUR
M. Michel SOUPLET, Sénateur
Commission des Affaires économiques et du Plan - Avis 87 Tome X - 1997/1998
Table des matières
-
CHAPITRE IER -
LE CONTEXTE INTERNATIONAL- I. LA CONJONCTURE INTERNATIONALE
- II. L'ÉVOLUTION DU COMMERCE MONDIAL
-
III. L'ETAT D'AVANCEMENT DES NÉGOCIATIONS PLURILATÉRALES
- A. UN BILAN PLUTÔT POSITIF DE LA PREMIÈRE CONFÉRENCE MINISTÉRIELLE DE L'ORGANISATION MONDIALE DU COMMERCE (OMC)
-
B. LES DIFFÉRENTES NÉGOCIATIONS SECTORIELLES
- 1. L'accord sur les technologies de l'information (ITA)
- 2. L'accord sur les télécommunications
- 3. Les services financiers : une issue encore incertaine
- 4. Peu d'avancées concernant les règles en matière de services
- 5. Les marchés publics : la poursuite des négociations
- 6. L'investissement : la négociation d'un accord multilatéral
- C. LE PROBLÈME SPÉCIFIQUE DES NÉGOCIATIONS AVEC LES ETATS-UNIS
-
CHAPITRE II -
L'ÉVOLUTION DE L'EXCÉDENT COMMERCIAL -
CHAPITRE III -
LES AXES PRINCIPAUX DE LA POLITIQUE ET DU BUDGET DU COMMERCE EXTÉRIEUR-
I. UNE POLITIQUE CARACTÉRISÉE PAR LA CONTINUITÉ, ASSORTIE DE QUELQUES
INFLÉCHISSEMENTS
- A. ENCOURAGER LES PME À EXPORTER
- B. LA POURSUITE DU REDÉPLOIEMENT DES POSTES D'EXPANSION ÉCONOMIQUE
- C. UN INFLÉCHISSEMENT PROBABLE DE LA RÉFORME DES ORGANISMES D'APPUI AU COMMERCE EXTÉRIEUR
- II. LE BUDGET DU COMMERCE EXTÉRIEUR
-
I. UNE POLITIQUE CARACTÉRISÉE PAR LA CONTINUITÉ, ASSORTIE DE QUELQUES
INFLÉCHISSEMENTS
- EXAMEN PAR LA COMMISSION
N° 87
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1997-1998
Annexe au procès-verbal de la séance du 20 novembre 1997.
AVIS
PRÉSENTÉ
au nom de la commission des Affaires économiques et du Plan (1) sur le projet de loi de finances pour 1998 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE,
TOME X
COMMERCE EXTÉRIEUR
Par M. Michel SOUPLET,
Sénateur.
(1) Cette commission est composée de :
MM. Jean
François-Poncet,
président
; Philippe François,
Henri Revol, Jean Huchon, Fernand Tardy, Gérard César, Louis
Minetti,
vice-présidents
; Georges Berchet, William Chervy,
Jean-Paul Émin, Louis Moinard,
secrétaires
; Louis
Althapé, Alphonse Arzel, Mme Janine Bardou, MM. Michel Barnier, Bernard
Barraux, Michel Bécot, Jean Besson, Jean Bizet, Marcel Bony, Jean Boyer,
Jacques Braconnier, Gérard Braun, Dominique Braye, Michel Charzat,
Marcel-Pierre Cleach, Roland Courteau, Désiré Debavelaere,
Gérard Delfau, Fernand Demilly, Marcel Deneux, Rodolphe
Désiré, Michel Doublet, Mme Josette Durrieu, MM. Bernard
Dussaut
,
Jean-Paul Emorine, Léon Fatous, Hilaire Flandre, Aubert
Garcia, François Gerbaud, Charles Ginésy, Jean Grandon, Francis
Grignon, Georges Gruillot, Mme Anne Heinis, MM. Pierre Hérisson,
Rémi Herment, Bernard Hugo, Bernard Joly, Gérard Larcher, Edmond
Lauret, Pierre Lefebvre, Jean-François Le Grand, Kléber
Malécot, Jacques de Menou, Louis Mercier, Jean-Baptiste Motroni,
Jean-Marc Pastor, Jean Pépin, Daniel Percheron, Jean Peyrafitte, Bernard
Piras, Alain Pluchet, Jean Pourchet, Jean Puech, Jean-Pierre Raffarin, Paul
Raoult, Jean-Marie Rausch, Charles Revet, Roger Rigaudière, Roger
Rinchet, Jean-Jacques Robert, Jacques Rocca Serra, Josselin de Rohan,
Raymond Soucaret, Michel Souplet, Mme Odette Terrade, M. Henri Weber.
Voir les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
230
,
305
à
310
et T.A.
24
.
Sénat
:
84
et
85
(annexe n°
13
)
(1997-1998).
Lois de finances. |
Mesdames, Messieurs,
En 1996, la France a enregistré, pour la troisième année
consécutive, un excédent commercial record de
122,3 milliards de francs. Alors que l'année 1997 s'annonce
également très positive sur ce plan, il faut espérer que
les perspectives de notre commerce extérieur pour 1998 ne seront pas
obscurcies par les turbulences monétaires et financières qui
secouent aujourd'hui les économies mondiales et pourraient freiner le
dynamisme des échanges mondiaux.
Votre Commission des Affaires économiques s'est félicitée
que le Gouvernement actuel, comme le précédent, fasse de
l'encouragement aux petites et moyennes entreprises à l'exportation un
des axes majeurs de sa politique. De même, a-t-elle relevé qu'il
poursuivait le redéploiement du réseau des postes d'expansion
économique à l'étranger.
Elle s'est cependant interrogée sur les raisons conduisant le
Gouvernement à s'orienter vers un infléchissement de la
réforme des organismes d'appui au commerce extérieur.
CHAPITRE IER -
LE CONTEXTE INTERNATIONAL
I. LA CONJONCTURE INTERNATIONALE
Après le redémarrage de la croissance en 1994,
les économies des pays industrialisés ont connu une pause
dès 1995, en raison du durcissement des conditions monétaires et
financières qui a pesé sur les composantes de la demande
intérieure. De plus, en Europe continentale, notamment dans les pays du
coeur du SME, des politiques d'ajustement budgétaire ont
contribué à freiner l'activité.
La reprise
quasi-générale en 1996
a été stimulée
par les effets du rééquilibrage des politiques budgétaires
et monétaires menées et des corrections de parités
observées depuis la mi-95.
La plupart des pays développés ont ainsi retrouvé
dès la fin de l'année 1996 des rythmes égaux ou
supérieurs à leur tendance de moyen terme et les échanges
mondiaux se sont vivement redressés. La maîtrise de l'inflation
s'est néanmoins confirmée, la dérive des prix restant sur
des rythmes historiquement faibles.
Au cours du second semestre 1997, la reprise gagne en vigueur
dans les
pays du coeur du SME et au Japon, soutenue par la persistance de conditions
monétaires et financières favorables. La progression de
l'activité dans les pays anglo-saxons reste soutenue. L'inflation semble
demeurer sous contrôle, même si les risques de tensions,
perceptibles dans les pays anglo-saxons, pourraient se préciser.
1998 devrait voir la reprise se confirmer
dans les économies
d'Europe continentale et au Japon. En revanche, l'activité ralentirait
dans les pays anglo-saxons sous l'effet de conditions monétaires et
financières plus restrictives.
A. DEPUIS MI-1996 : LE RETOUR DE LA CROISSANCE
A l'issue d'une pause conjoncturelle plus ou moins
marquée, les pays industrialisés ont renoué avec la
croissance dès le printemps ou l'été 1996.
Aux
Etats-Unis
, la vigueur de l'économie, retrouvée
dès le début de l'année 1996, ne s'est guère
démentie sur le reste de l'année. Elle s'est replacée
progressivement sur un sentier de croissance supérieur à son
potentiel, ce qui a permis un recul rapide du taux de chômage. De
même, au
Royaume-Uni
, l'activité s'est très
nettement accélérée au second semestre de 1996,
grâce au redémarrage vigoureux de l'investissement productif qui
est venu s'ajouter à une consommation des ménages très
soutenue depuis le début de l'année.
Au
Japon
, elle a été initiée par un vigoureux
assouplissement de la politique monétaire, associé à une
forte dépréciation du change et une relance budgétaire de
grande ampleur. Toutefois, après un fort rebond au premier
trimestre 1996, l'activité est retombée et n'a
retrouvé un certain dynamisme qu'en fin d'année, avec le
redressement des principales composantes de la demande interne et externe.
La conjoncture des pays
d'Europe continentale
s'est également
raffermie à partir du printemps 1996 sous l'effet du net redressement
des exportations puis, à partir de l'automne, de l'inversion des
mouvements de stocks, favorisée par l'assouplissement marqué des
politiques monétaires et le rééquilibrage des
parités dans le monde. La consommation des ménages, sur lesquels
ont pesé les ajustements budgétaires, a connu un rebond en
début d'année, mais s'est ensuite tassée au fil des
trimestres. Au total, sur l'ensemble de l'année, ce sont les
exportations et, dans une moindre mesure la consommation privée, qui ont
soutenu l'activité tandis que l'investissement était
décevant. En Europe continentale, seule l'Italie n'a pas connu de
reprise en raison de l'extrême rigueur de la politique économique
(mesures d'ajustement budgétaire de grande ampleur, politique
monétaire restrictive, appréciation de la lire).
B. FIN 1997 ET 1998 : DES PERSPECTIVES PLUS CONTRASTÉES
1. Des perspectives assez positives ...
Une inflexion dans les pays anglo-saxons
L'hypothèse la plus vraisemblable est celle d'une poursuite de la
croissance des économies anglo-saxonnes d'ici la fin de l'année
1997, sur un rythme supérieur à leur rythme tendanciel, puis d'un
ralentissement progressif en 1998, avec une activité qui resterait
cependant relativement dynamique (avec une croissance moyenne annuelle de
2,5 % aux Etats-Unis et de 2,7 % au Royaume-Uni, d'après le
ministère des Finances).
Une consolidation de la croissance au Japon
Avec un premier trimestre dynamique, suivi d'une correction au printemps
dernier, le rythme de croissance de l'économie japonaise devrait
approcher 2,5 % en 1997 et se maintenir en 1998.
Une accélération progressive de la croissance en Europe
continentale
L'accélération de la croissance observée au printemps 1997
semble se confirmer au second semestre. Les exportations continuent de tirer
l'activité européenne, bénéficiant en particulier
aux pays du noyau dur du SME dont la compétitivité s'est
rétablie du fait de la dépréciation du change et de la
modération des coûts.
Cette accélération de la croissance pourrait se confirmer en 1998
; cependant des incertitudes se font jour pour les mois à venir.
2. ... qui pouraient cependant s'obscurcir en raison des turbulences monétaires et financières actuelles
La crise boursière mondiale, qui s'est récemment
déclenchée, est née des fluctuations monétaires
asiatiques.
Il est vrai qu'aujourd'hui, contrairement à la crise mexicaine de
l'hiver 1994-1995, l'Europe est en passe, grâce à l'Union
monétaire, d'être relativement protégée des
turbulences monétaires et financières qui frappent l'Asie et
l'Amérique.
Cependant, les conséquences de ces dernières sur les
économies de cette région dynamique du monde ne sera sans doute
pas sans influence sur les perspectives d'exportations des pays
européens vers ces pays.
Peu présente en Asie, la France est aussi directement moins
concernée que certains de ses partenaires.
Cependant,
cette crise ne risque-t-elle pas de déstabiliser
l'économie mondiale et, par là-même, de freiner le
dynamisme des économies et des échanges mondiaux ?
II. L'ÉVOLUTION DU COMMERCE MONDIAL
A. 1996 : UN NET FLÉCHISSEMENT DE LA CROISSANCE DES ÉCHANGES COMMERCIAUX DANS LE MONDE
Le net fléchissement de la progression des
échanges commerciaux mondiaux en 1996, -progression qui s'est
limitée à 5,5 % en volume, contre 9 % en 1994 et 1995-, peut
s'expliquer par
deux raisons essentielles
:
-
le tassement des importations des pays de l'OCDE
s'est
confirmé. Sur l'ensemble de l'année, le volume des importations
n'a ainsi progressé que de 5,3 %, contre plus de 9 % en 1995.
Le fléchissement de la croissance économique en Europe, et plus
particulièrement de l'Union européenne (avec une croissance
réelle moyenne de 1,5 % en 1996), s'est fait ressentir : la
progression des importations de l'Europe occidentale et de l'Union
européenne, qui comptent pour respectivement plus de 40 % et
20 % des échanges mondiaux, n'a, en effet, été que de
respectivement 3 % et 2,5 % en 1996 ;
-
le ralentissement de la croissance des échanges dans les pays
hors OCDE
(avec une hausse du volume des importations de seulement
6,4 % en 1996, contre plus de 11 % en 1995). Il a été
particulièrement sensible pour les pays émergents d'Asie, pour
lesquels les exportations n'ont augmenté que 3 % en 1996 (contre
+ 19 % en 1994 et + 16 % en 1995), sous les effets
conjugués de la mise en place de politiques visant à
éviter une surchauffe de l'économie dans certains pays d'Asie de
l'Est, de la dépréciation du yen entraînant une baisse de
compétitivité face au Japon et d'une baisse des prix et de la
demande de composants électroniques, qui restent le principal secteur
d'exportation pour un certain nombre de ces pays. Enfin, si ce ralentissement
n'a pas épargné les pays d'Europe centrale et orientale au
premier semestre 1996, les importations de ces pays se sont cependant
redressées dans la deuxième partie de l'année.
B. 1997 ET 1998 : UN RYTHME DE CROISSANCE PLUS SOUTENU, SELON LE FMI
Selon les projections du Fonds monétaire international
(FMI), le volume des échanges mondiaux devrait retrouver un rythme de
croissance supérieur à 7 % en 1997, rythme qui se
confirmerait en 1998. Le regain d'activité attendu en
Europe
(2,3 % de croissance annuelle prévue pour l'Union européenne
pour la période 1997-2001, contre 1,5 % entre 1992 et 1996),
entraînerait une légère accélération de la
demande de cette zone. Le probable ralentissement des importations
américaines pourrait néanmoins freiner la progression de la
demande de l'ensemble des pays avancés au deuxième semestre de
1997.
Concernant les pays hors OCDE
, la croissance de leurs échanges
commerciaux continue d'être supérieure à la moyenne
mondiale. En 1996, malgré le très net ralentissement
observé pour les exportations des pays d'Asie de l'Est, la
différence était encore de plus de 1 % (+ 6,4 %
pour les pays hors OCDE, contre + 5,3 % pour les pays de l'OCDE). Il
faut noter néanmoins que cette progression a été beaucoup
plus marquée en valeur pour les pays exportateurs de pétrole
(+ 9 %), qui ont pu tirer profit de la montée des cours du
pétrole conjuguée à une demande soutenue. S'il est
difficile de prévoir les conséquences exactes de la hausse du
dollar depuis le début de l'année 1997, les prévisions
établies pour 1997 et 1998 tablent sur une hausse des exportations des
pays émergents supérieure à celle des pays
développés.
Du fait de ce différentiel durable de croissance, le poids des pays en
voie de développement dans la demande mondiale a donc tendance à
augmenter : de 23 % en 1980, il a atteint 35 % en 1996 et pourrait se
rapprocher de 40 % en l'an 2000.
La crise monétaire et financière évoquée
précédemment pourrait cependant ne pas être sans influence
sur l'évolution du commerce mondial en 1998
.
III. L'ETAT D'AVANCEMENT DES NÉGOCIATIONS PLURILATÉRALES
A. UN BILAN PLUTÔT POSITIF DE LA PREMIÈRE CONFÉRENCE MINISTÉRIELLE DE L'ORGANISATION MONDIALE DU COMMERCE (OMC)
L'OMC a organisé, à Singapour les 9 et 13 décembre 1996, sa première conférence ministérielle, dont le bilan s'avère plutôt positif.
1. Les engagements de Marrakech ont été clairement réaffirmés
Alors que de fortes pressions avaient été
exercées pour rouvrir prématurément les accords sur
l'agriculture et les textiles, les ministres ont affirmé de nouveau
très clairement que les disciplines et les calendriers
agréés à Marrakech en 1994 étaient intangibles. Ont
ainsi été écartées les tentatives d'origine
australienne et argentine pour réouvrir le dossier agricole.
De façon plus générale, il faut souligner que les
ministres ont réaffirmé la primauté du système
multilatéral et l'obligation d'en respecter les règles, en
particulier vis à vis des accords préférentiels
régionaux.
2. Les ministres ont adopté un texte commun sur les normes sociales fondamentales
Ce texte affirme la volonté de respecter les normes
sociales fondamentales, rappelle le rôle de l'Organisation internationale
du travail (OIT) en la matière et écarte le recours à des
mesures protectionnistes. Enfin, il invite les secrétariats de l'OMC et
de l'OIT à collaborer. Politiquement, ce message est important : pour la
première fois depuis la création du GATT en 1948, les ministres
ont pu se mettre d'accord sur un texte relatif aux normes sociales, en
dépit de l'opposition initiale de la quasi totalité des pays en
développement.
Il faut cependant regretter que, contrairement à ce que la France
souhaitait initialement, les ministres n'aient pas décidé la
création d'un groupe de travail sur ce sujet. En dépit de
l'opposition des pays en développement, la déclaration permet
toutefois de poursuivre les débats à l'OMC.
3. L'OMC peut commencer à travailler sur les nouveaux sujets commerciaux
Une très grande partie des débats de la
conférence a été consacrée aux nouveaux sujets :
investissements, concurrence, marchés publics. Les décisions
suivantes ont été prises à l'issue de discussions
très difficiles opposant l'Union européenne et les Etats-Unis
à certains pays en développement :
- création d'un groupe de travail sur la relation entre commerce et
investissement ;
- création d'un groupe de travail sur les relations entre commerce
et politique de la concurrence, le Conseil général de l'OMC
devant décider s'il convient de passer à des négociations
à l'issue de deux ans d'étude ;
- création d'un groupe d'étude sur la transparence en
matière de marchés publics, qui pourrait éventuellement
conduire à une négociation sur le sujet. Ce groupe a un champ
d'étude limité, puisqu'il ne porte ni sur les voies de recours ni
sur les règles de préférence nationale pourtant
très nombreuses s'agissant des marchés publics ;
- enfin, des travaux auront lieu sur la
" simplification " des
procédures commerciales, qui pourront eux aussi déboucher sur des
négociations.
Si l'Union européenne -et la France en particulier- n'ont pas
réussi, comme elles le souhaitaient, à lancer dès
Singapour des négociations, les décisions prises garantissent
néanmoins que l'OMC élargit ses centres d'intérêt et
peut démarrer des travaux susceptibles d'engendrer de nouvelles
disciplines dans des domaines où nos intérêts offensifs
sont prédominants.
4. Le fonctionnement de l'Union européenne s'est avéré satisfaisant
Un autre sujet de satisfaction réside dans le fait que
le fonctionnement de l'Union européenne à l'occasion de la
réunion de Singapour s'est révélé satisfaisant,
alors que la négociation d'Uruguay avait laissé de mauvais
souvenirs quant au fonctionnement des institutions communautaires, la
Commission ayant eu tendance à s'écarter des directives des Etats
membres : d'une part, la Commission a été dotée de
mandats précis par le Conseil, l'un portant sur l'OMC et l'autre sur les
nouvelles technologies de l'information ; d'autre part, pendant toute la
durée de la conférence, la Commission a négocié en
étroite concertation avec les Etats membres.
Enfin, le conférence a été l'occasion de négocier
un accord sur les technologies de l'information (ITA).
Plus généralement, depuis Singapour, les négociations ont
plus ou moins avancé selon les secteurs. Il importe donc de faire un
bilan de l'état d'avancement des principales d'entre elles.
B. LES DIFFÉRENTES NÉGOCIATIONS SECTORIELLES
1. L'accord sur les technologies de l'information (ITA)
Il s'agissait au départ d'une très forte demande
des Etats-Unis qui recherchaient l'élimination des droits de douane
européens sur l'électronique, l'informatique et les
télécommunications, et qui avaient fait de cette demande leur
objectif essentiel pour la conférence ministérielle de l'OMC
à Singapour.
La négociation s'est concentrée sur deux
questions :
-
les pays concernés
: l'Union européenne souhaitait
que le plus grand nombre de pays participent à l'exercice afin d'aboutir
à un accord équilibré, ses tarifs douaniers étant
plus élevés que ceux des Etats-Unis. Elle a obtenu satisfaction,
puisqu'une " masse critique " correspondant à plus de
55 % de la production mondiale et incluant les pays en
développement a été atteinte ;
-
les produits
: l'Union européenne a obtenu des Etats-Unis
l'inclusion de produits pour lesquels nous avions un intérêt
offensif : condensateurs et câbles optiques. Elle a évité
une reprise du débat sur " l'exception culturelle " en
obtenant que les compacts-disques restent en dehors de l'accord. Enfin, de
façon à équilibrer les concessions douanières,
l'Union européenne a obtenu des Etats-Unis une élimination
complémentaire des tarifs sur les spiritueux qui devrait profiter
à nos exportations.
Ce sont potentiellement 500 milliards de dollars d'échanges qui
pourraient être touchés par cet accord, au bénéfice
des consommateurs et des industriels européens, l'ITA permettant
l'importation de plus de 50 % des importations industrielles de l'Union
européenne à droit nul.
La décision adoptée à Singapour prévoit, en outre,
des rencontres régulières entre les participants à l'OMC,
de façon à examiner le fonctionnement et la mise en oeuvre de
l'accord, ainsi qu'un élargissement possible de sa couverture.
2. L'accord sur les télécommunications
L'objectif de cet accord était de permettre :
- d'améliorer très significativement l'ouverture des
marchés des pays développés et des pays
émergents ;
- de parvenir à un accord global et équilibré,
pleinement fondé sur le traitement de la nation la plus favorisée.
L'accord devrait faciliter le développement international de France
Télécom
. Il a, de plus, mis fin à une série
d'échecs qui était de nature à saper la
crédibilité du système commercial multilatéral et a
relancé la pratique des négociations sectorielles qui n'avait
pas, jusqu'à présent, fait la preuve de son efficacité.
L'entrée en vigueur
de l'accord,
prévue pour le
1er janvier 1998
, est conditionnée par son acceptation par
l'ensemble des signataires avant le 30 novembre 1997. Il est donc
impératif que la France ait ratifié l'accord avant cette date.
3. Les services financiers : une issue encore incertaine
Rappelons que, pour ce qui concerne les services financiers,
un accord intérimaire, ratifié par la France le
28 juillet 1996, est entré en vigueur en septembre 1996
et vient à échéance le 31 décembre 1997.
Les signataires (au nombre de 46) sont autorisés à revenir sur
les offres d'engagements faites en 1995, entre le 1er novembre et le
31 décembre 1997.
Afin de renégocier ces offres et d'arriver à un accord
définitif et plus complet que l'accord intérimaire, la
conférence ministérielle de Singapour a décidé, en
décembre 1996, la reprise des
négociations
sur les
services financiers dès avril 1997. Celles-ci ont effectivement
repris le 10 avril à Genève et
doivent se conclure le
12 décembre prochain
.
Cependant, seuls 13 membres de l'OMC ont remis, lors de la réunion
de négociation de juillet 1997, de nouvelles offres d'engagements.
Le dépôt de nouvelles propositions, qui conditionnera l'issue de
la négociation, se déroule à l'heure actuelle.
La Communauté européenne a été la première
à déposer une nouvelle offre, début juillet, jugée
par l'ensemble des partenaires comme étant particulièrement
satisfaisante. L'Union européenne est ainsi reconnue comme un des
moteurs de la négociation en cours.
4. Peu d'avancées concernant les règles en matière de services
S'agissant des mesures de sauvegarde d'urgence
-c'est-à-dire des mesures qui peuvent être prises par un membre
afin de suspendre, en totalité ou en partie, ses engagements, lorsque
surviennent des circonstances imprévues menaçant de causer un
dommage grave au producteurs nationaux-, compte tenu du faible degré
d'avancement des négociations et de l'attentisme des Etats-Unis et du
Japon
, l'échéance fixée pour la négociation au
1er janvier 1998 ne sera vraisemblablement pas respectée et
devra être prolongée
.
S'agissant des subventions en matière de services
, les
Etats-Unis ont remis une nouvelle offre en juillet dernier, fondée sur
le principe de la nation la plus favorisée (NPF), clause essentielle
dont Washington s'était affranchi lors de la négociation de 1995.
Ceci constitue un signe encourageant pour la suite des négociations.
Cependant, l'issue de ces dernières dépendra surtout de
l'attitude des principaux pays émergents, notamment ceux d'Asie (Inde,
Malaisie, Thaïlande, Indonésie). Ces marchés prioritaires
restent, en effet, relativement fermés aux entreprises
étrangères et les niveaux de libéralisation et d'ouverture
reflétés dans les offres d'engagements déposées en
1995 ne sont pas satisfaisants.
Deuxième exportateur mondial de services, la France a un
intérêt majeur à l'ouverture des marchés
internationaux en ce domaine
.
Pour ce qui concerne les marchés publics de services,
rappelons
que certains d'entre eux sont déjà couverts par l'Accord
plurilatéral sur les marchés publics (
AMP
) conclu à
Marrakech en avril 1994. Cependant, cet accord ne comporte qu'un nombre
limité de signataire (24) et ne couvre que très partiellement le
secteur des services.
Des négociations sont en cours, en vue de conclure un accord
multilatéral (fondé sur les principes de l'accès au
marché, du traitement national et de la clause de la nation la plus
favorisée) pour les marchés publics de services. Cependant,
aucune échéance n'est fixée pour la conclusion des
négociations
.
La négociation sur les marchés publics se déroule
également à deux autres niveaux.
5. Les marchés publics : la poursuite des négociations
Ces deux niveaux sont les suivants :
- d'une part,
l'accord plurilatéral conclu sous l'égide
de l'OMC en 1994
est entré en vigueur le 1er janvier 1996
et doit faire l'objet d'une transposition dans les directives communautaires.
Un projet de texte adopté par le Conseil en 1995 a été
rejeté par le Parlement européen et la Commission
européenne doit présenter un nouveau texte de conciliation dans
les prochains mois. La France doit veiller à ce que ce texte se limite
à transposer les règles de l'OMC sans créer de contrainte
supplémentaire et à ce qu'il préserve
l'égalité de traitement entre opérateurs privés et
publics, acquis important du marché unique ;
- d'autre part, à la suite de la conférence de Singapour,
un groupe de travail a été créé en vue
d'améliorer la transparence dans les procédures de passation des
marchés publics
. Ces discussions pourraient déboucher
à terme sur la négociation d'un accord multilatéral, de
portée plus limitée que l'accord plurilatéral existant,
mais de participation plus large car associant les pays en
développement. La France et l'Union européenne ont
intérêt à une telle discussion qui est soutenue par les
Etats-Unis. Aucune décision n'a cependant pas été prise
à ce stade, car les pays en développement restent
réservés.
6. L'investissement : la négociation d'un accord multilatéral
Outre la décision prise à Singapour en
décembre 1996 de créer un groupe de travail sur le commerce et
l'investissement, les négociations concernant un accord
multilatéral sur l'investissement (AMI) se poursuivent au sein de
l'OCDE.
Rappelons que le Conseil de l'OCDE avait autorisé, en mai 1995,
l'ouverture de négociations en vue de parvenir à la conclusion
d'un accord au plus tard en mai 1997. Bien qu'un groupe de négociation
ait commencé ses travaux à un rythme soutenu en septembre 1995,
le Conseil ministériel de l'OCDE n'a pas été en mesure
d'entériner l'AMI en mai 1997, plusieurs problèmes politiques et
techniques n'ayant pu être négociés à temps de
façon satisfaisante.
La conclusion de l'accord est donc
reportée à la réunion ministérielle de mai 1998
.
L'AMI représente un accord ambitieux, dont les
principales
caractéristiques
sont les suivantes :
- son champ d'application est large et englobe toutes les formes
d'investissement, notamment les investissements de portefeuille et les actifs
immatériels ;
- les règles envisagées s'étendent à des
domaines encore peu explorés, englobant des mesures traditionnelles
(comme le respect des clauses de la nation la plus favorisée, de
traitement national ou de transparence, mais aussi des mesures
spécifiques de libéralisation, telles que des disciplines
relatives au secteur public, ...) et établissant des dispositions de
protection des investissements internationaux (interdiction des expropriations
abusives, protection contre les troubles internes, ...) ;
- surtout, le mécanisme de règlement des différends
sera très contraignant. Il pourra, en effet, être actionné
non seulement par un Etat partie, mais également, par tout ressortissant
d'un Etat partie, particulier ou entreprise.
La France a adopté des positions offensives sur plusieurs points
: limiter le nombre et la portée des mécanismes
généraux d'autorisation des investissements étrangers (une
dizaine de pays de l'OCDE) ; s'assurer que les engagements pris au titre de
l'accord ne soient pas réduits à néant par des
réserves trop larges (Etats-Unis, Canada, Mexique) ; obtenir que les
Etats fédérés des fédérations parties
à l'accord soient liés par celui-ci (Etats-Unis, Canada,
Australie) ; limiter l'exception générale à l'accord au
titre de la sécurité nationale, en l'encadrant par une
procédure anti-abus (Etats-Unis) ; obtenir l'interdiction des
législations à portée extraterritoriale (Etats-Unis)
introduire des disciplines sur les discriminations de fait (Japon) ; obtenir
des disciplines de transparence en matière d'octroi de concessions
(Etats-Unis, Allemagne).
Notre pays assure également la promotion des normes sociales et
environnementales internationales en demandant l'inclusion de
références explicites dans l'AMI.
La France conserve toutefois plusieurs objectifs défensifs à
fort contenu politique
. Il s'agit en priorité de la demande
d'inscription dans l'accord d'une exception générale pour le
secteur de la culture
, mais aussi d'une volonté d'exclure les
droits de propriété littéraire et artistique
du
champ de l'AMI, ainsi que de la
volonté de préserver les
particularités de traitement du secteur public
(noyaux durs,
modalités de démonopolisation, etc). Sur ces sujets, la France
est confrontée à une forte opposition, tant de la part des autres
Etats membres de l'Union européenne que de l'ensemble de nos partenaires
de l'OCDE.
On le voit, les négociations concernant l'AMI ne sont pas sans liens
avec les contentieux qui opposent l'Union européenne et les Etats-Unis.
C. LE PROBLÈME SPÉCIFIQUE DES NÉGOCIATIONS AVEC LES ETATS-UNIS
L'actualité récente fournit l'occasion de faire
le point des problèmes posés par les relations commerciales entre
l'Union européenne et les Etats-Unis.
Dans son 13e rapport annuel sur les obstacles au commerce et aux
investissements, la Commission européenne a recensé les
principales mesures et pratiques américaines jugées contraires
aux règles de l'OMC. Parmi celles-ci, on citera notamment :
La propension des autorités américaines à
recourir à l'unilatéralisme et aux sanctions commerciales
(section 301), fragilisant le mécanisme de règlement des
différends de l'OMC. La Commission met à cet égard en
cause l'application extraterritoriale de législations restrictives aux
échanges et aux investissements avec les pays soumis à embargo
américain :
loi Helms-Burton
qui vise les échanges
des pays tiers avec Cuba ;
loi d'Amato-Kennedy
qui étend
l'embargo commercial aux investissements réalisés par des
sociétés non américaines dans le domaine des hydrocarbures
avec l'Iran et la Libye. Rappelons que l'Union européenne a
adopté un règlement " anti-embargo " en
novembre 1996 pour protéger les opérateurs européens
contre les effets extraterritoriaux de ces législations.
Reprochant ce droit autoproclamé par Washington d'imposer un boycottage
aux entreprises autres qu'américaines, la Commission européenne
avait saisi l'OMC contre la loi Helms-Burton.
En avril 1997, elle avait cependant décidé de suspendre
cette plainte et d'entamer avec l'administration américaine des
pourparlers sur deux séries de problèmes :
- d'une part, la définition de " disciplines " à
respecter en matière d'investissement à l'étranger dans le
cas de biens expropriés, comme à cuba en particulier ;
- d'autre part, la recherche d'une solution au casse-tête juridique
de l'extraterritorialité des lois.
Ces consultations, menées à la fois au sein de l'OCDE et de
manière directe, auraient dû permettre d'aboutir à un
accord bilatéral le 15 octobre dernier. Le résultat en a
cependant été décevant.
Les deux parties continuent à préférer le statu quo
à l'affrontement. C'est pourquoi les Etats-Unis ont jusqu'ici choisi de
ne pas appliquer la loi d'Amato-Kennedy à l'encontre de Total qui a,
rappelons-le, engagé -aux côtés de compagnies russes et
malaisiennes- un important investissement en Iran.
Il serait évidemment préférable qu'Européens et
Américains aboutissent à un accord. Si tel n'était pas le
cas, votre commission estime que l'Union européenne devrait ne pas
hésiter à activer l'instance d'arbitrage de l'OMC.
Est également dénoncée
la tendance des
autorités locales (municipalités, Etats
fédérés) à édicter des lois qui limitent
l'accès des entreprises non américaines aux marchés
publics
de ces entités, au nom de la défense des droits de
l'homme (exemple du Massachussetts et de la ville de New-York qui ferment les
marchés publics à toute entreprise ayant des relations d'affaires
avec la Birmanie).
la Commission critique
l'utilisation abusive de la notion de
" sécurité nationale " pour justifier certaines
restrictions
, en particulier dans le domaine des investissements et des
marchés publics. A cet égard, il faut s'opposer aux dispositions
de la législation " Buy American " qui limitent l'accès
des fournisseurs étrangers à certains marchés
passés par des entités fédérales ou locales.
En ce qui concerne les échanges portant sur les biens, il faut
noter
la persistance de " pics tarifaires " sur certains
secteurs
(notamment textile et matières plastiques). Mais les
principales difficultés proviennent désormais de
l'existence
d'obstacles administratifs ou techniques
aux échanges sous forme de
procédures douanières, de normes et de règles d'origine.
On peut évoquer en particulier le cas de nouvelles règles
d'origine en matière textile introduites en juillet 1996, qui
pénalisent les exportations communautaires. Par ailleurs, dans la
plupart des secteurs (tant agro-alimentaires qu'industriels), les normes
représentent des barrières aux échanges avec les
États-Unis, en raison de réglementations multiples et
hétérogènes dans les Etats fédérés,
de la non utilisation des standards internationaux et de la pratique des
certifications obligatoires par des organismes agréés, là
où l'Union européenne a développé le principe de
l'auto-certification. A cet égard, l'accord de reconnaissance mutuelle
des procédures d'essai et de certification (ARM) prend toute son
importance et il apparaît nécessaire de développer une
coopération réglementaire en vue de parvenir à
l'élaboration de réglementations compatibles.
On peut également reprocher à l'administration
américaine de
tarder à transposer ses obligations
résultant de l'accord multilatéral sur la protection de la
propriété intellectuelle
, en particulier sur les brevets. Par
ailleurs, l'insuffisance de protection des appellations d'origine de vins et
spiritueux pose des problèmes aux producteurs européens.
En outre, les Etats-Unis ne font pas une application
générale du principe du traitement national dans le domaine des
investissements.
On ne peut également que regretter
la segmentation du
marché financier
aux Etats-Unis, alors que le marché
européen est en voie d'unification, ce qui introduit immanquablement un
déséquilibre entre opérateurs européens sur le
marché américain et opérateurs américains en Europe.
En matière agricole, les contentieux s'accumulent
. Les
questions tarifaires ne représentant plus la principale source de
tension,
les
problèmes liés aux réglementations
vétérinaires, sanitaires et phytosanitaires occupant
désormais le devant de la scène. De nouveaux contentieux sont
apparus à l'initiative des Etats-Unis
: organismes
génétiquement modifiés, dossiers " hormones " et
OCM bananes.
L'Union européenne est en situation difficile devant l'OMC, s'agissant
de ces deux derniers dossiers. En effet, l'organe de règlement des
différends de l'organisation a :
- enregistré la procédure d'appel engagée par l'Union
reconnue coupable de violation des règles commerciales internationales
dans l'affaire de la
viande traitée aux hormones
;
- officiellement entériné le rapport de
condamnation de
la politique communautaire de la banane
qui consiste, rappelons-le,
à accorder -au titre des accords de Lomé- un régime
privilégié d'importations aux productions des pays ACP et
à contingenter les livraisons des autres régions où
opèrent essentiellement de grandes multinationales américaines.
Dans les deux cas, les Etats-membres devront mettre leurs pratiques en
conformité avec les accords de l'OMC ou offrir à leurs
partenaires d'importantes compensations commerciales.
Par ailleurs, on ne peut pas ne pas évoquer les querelles ayant trait
à la mise en oeuvre de l'accord intervenu à l'OMC sur les
services de télécommunications, notamment, le
commerce
électronique.
Les grandes lignes de la politique américaine dans le domaine du
commerce électronique ont fait l'objet du " rapport
Magaziner ", rendu public le 1er juillet 1997, qui
préconise une action vigoureuse de l'administration américaine en
vue d'établir, dans les plus brefs délais, un "
cadre
favorable
" au développement du commerce électronique au
niveau mondial.
L'objectif des Etats-Unis est d'exploiter et de pérenniser dans d'autres
secteurs d'activité leur avantage technologique et économique
dans le domaine des réseaux d'information. Dans cette optique, le
rapport de M. Magaziner propose une approche extrêmement
libérale du commerce électronique, articulée autour de
cinq grands principes :
- admettre la prééminence du secteur privé ;
- éviter les réglementations contraignantes ou
inutiles ;
- minimiser les procédures administratives ;
- reconnaître la singularité d'Internet par rapport aux
services audiovisuels et de télécommunications ;
- harmoniser en les simplifiant les cadres juridiques nationaux.
Suite à la publication de ce rapport, les Etats-Unis ont fait du
commerce électronique une de leurs principales priorités
commerciales pour les mois à venir, avec notamment pour objectif de
faire d'Internet une zone de libre échange.
Votre commission souhaite que le Gouvernement et l'Union européenne
s'assurent que le développement du commerce électronique ne se
fera pas aux prix d'un abaissement des protections dont
bénéficient les consommateurs
.
Enfin, il conviendrait d'élaborer des règles internationales
spécifiques sur les aides à
la construction
aéronautique
à travers l'adoption d'un nouvel accord sur les
aéronefs civils.
Au total, face aux pratiques américaines jugées contraires
aux règles multilatérales, votre commission souhaite que l'Union
européenne n'hésite pas à recourir au mécanisme de
règlement des différends de l'OMC.
Les entreprises et les fédérations professionnelles
elles-mêmes se doivent d'utiliser activement le règlement sur les
obstacles au commerce qui permet à la Commission européenne
d'engager des négociations pour trouver une solution acceptable ou, en
l'absence de résultat satisfaisant, de porter l'affaire devant l'OMC.
Cette procédure a permis notamment de faire prendre des engagements aux
Etats-Unis en vue de modifier leurs règles d'origine sur les
exportations de textile.
CHAPITRE II -
L'ÉVOLUTION DE
L'EXCÉDENT COMMERCIAL
I. 1996 : LE TROISIÈME RECORD CONSÉCUTIF
A. ÉVOLUTION GÉNÉRALE ET COMPÉTITIVITÉ FRANÇAISE
1. Une évolution favorable
En 1996, pour la troisième fois, l'excédent
commercial de la France tous produits confondus a progressé encore
sensiblement, atteignant le montant record de
122,3 milliards de
francs
en données FAB/FAB (y compris le matériel militaire).
Ce résultat est supérieur de près de 18 milliards de
francs au précédent record de 1995 (104,5 milliards).
En dix ans, le solde du commerce extérieur de la France sera
passé de l'équilibre en 1986 au déficit pendant cinq ans,
puis à l'excédent les cinq années suivantes.
Le taux d'exportation
(c'est-à-dire la part des
exportations dans la production distribuée) s'est élevé
à
31,7 %
en 1996. Il enregistre une progression moyenne de
0,8 point par an.
En 1996,
la part de marché de la France
(tous produits
confondus)
a perdu
0,1 point
dans l'Union européenne
et dans les pays de l'OCDE (respectivement 9 % et 6,1 %). Cette
évolution résulte d'une baisse de nos parts de marché dans
la plupart des pays européens, sauf en Espagne et en Suisse.
Le taux de pénétration
du marché
intérieur par les produits étrangers a atteint
42 % en
volume et 38 % en valeur en 1996
. Il augmente en moyenne de plus de
1 point par an en volume et de 3/4 de point en valeur.
Il est intéressant de noter que la tendance à la progression du
taux de pénétration se situe dans les branches où
globalement notre commerce extérieur est excédentaire. En
revanche, elle est plus limitée, mais aussi plus
irrégulière, dans les secteurs où globalement notre
commerce extérieur est déficitaire.
2. L'évolution de la compétitivité française
a) Une amélioration de la compétitivité-prix à l'exportation
Sur les douze derniers mois, la France a amélioré sa compétitivité-prix à l'exportation de près de 4 %. Si l'on tient compte des efforts de marge des exportateurs, l'indicateur -plus précis- de la Direction de la prévision évalue cette compétitivité plutôt à 3 % du fait du relâchement de l'effort relatif de marge à l'exportation, les exportateurs ayant eu tendance à reconstituer leurs marges (calcul exprimé par rapport à nos huit principaux partenaires de l'OCDE).
b) Des gains de productivité globalement en ralentissement
Mesurée par rapport à l'activité de
la main d'oeuvre, les gains de productivité enregistrent un
ralentissement continu depuis 30 ans. En 1993, avec une progression de
3 %, ils étaient inférieurs de plus de moitié par
à ce qu'ils étaient 30 ans auparavant.
D'ici l'an 2000, ils devraient converger vers un rythme de 2,7 % par an
dans l'industrie, si l'on s'appuie sur le déterminisme apparent de leur
évolution historique.
Commandée par le ministre de l'Industrie sous le
précédent Gouvernement, un rapport réalisé par les
cabinets Bipe-Conseil et Price-Waterhouse vient d'être remis au
Gouvernement, intitulé : "
France industrie 2000, étude
sur l'attractivité du territoire national et le développement
industriel
".
Le constat est sévère
. C'est ainsi qu'Hern
Lachmann
1(
*
)
, président de Strafor-Facom
et président du comité de pilotage du rapport, pose le diagnostic
suivant :
"
La France est le pays où le coût du travail est le plus
élevé, où le temps de travail est le plus court, où
les rigidités sont les plus grandes, où la fiscalité est
la plus lourde, où la visibilité est la plus faible et la
rentabilité des capitaux investis la plus basse. Le problème est
l'accumulation de ces faiblesses qui nous rend de moins en moins
compétitifs
".
Si le rapport souligne les traditionnels atouts de la France :
infrastructures, environnement industriel, productivité de la
main-d'oeuvre, dont la qualification est soulignée, il souligne aussi
ses faiblesses et en tire des
recommandations
: réduire la
dépense publique sans nuire à l'investissement ; saisir
l'actualité du débat sur le temps de travail pour négocier
des accords sur l'annualisation ; réduire les charges
sociales ; limiter l'évolution du pouvoir d'achat des salaires
horaires à celle de la productivité ; encourager la prise de
risque grâce à un régime fiscal attrayant des
stock-options ; réformer "
résolument
" la
taxe professionnelle en faisant contribuer le résultat imposable ;
inciter à l'essaimage ; favoriser le développement des
autoroutes de l'information en en développant la pratique à
l'école.
B. L'ÉVOLUTION SECTORIELLE
L'amélioration de notre solde commercial en 1996, en dépit d'un léger alourdissement de la facture énergétique, s'explique par les records enregistrés tant pour l'excédent agro-alimentaire que pour celui du solde industriel .
1. Un léger alourdissement de la facture énergétique
Après six années consécutives de
réduction, la
facture
énergétique, s'est
creusée en 1996, atteignant 79,1 milliards de francs contre
60,8 milliards en 1995 (
soit + 30 %
).
Cette évolution résulte du renchérissement du prix du
pétrole
importé (+ 23 % en un an à
21 dollars le baril en 1996) et de la croissance de la demande
(+ 9 %). Par ailleurs, les exportations françaises
d'électricité ont diminué de 2 % en 1996 après
plusieurs années de hausse et notre excédent en ce domaine
diminue légèrement de 18 à 17,7 milliards de francs.
2. Un record absolu pour l'excédent agro-alimentaire
Si l'on observe l'évolution de la balance
commerciale française depuis 10 ans, on ne peut que se
féliciter de la forte contribution de l'excédent agro-alimentaire
dans son redressement
.
Cet excédent a, en effet, plus que doublé entre 1986 et 1996,
passant de 27 milliards de francs à 57 milliards de francs.
Dans le même temps, le solde du commerce extérieur français
passait d'un déficit de 62 milliards de francs à un
excédent de 61 milliards de francs (hors matériel militaire).
Les exportations agricoles et agro-alimentaires (217 milliards de francs
en 1996) ont progressé de 56 %, alors que la croissance des
importations (160 milliards de francs) était de 44 %. La part
des exportations agricoles et agro-alimentaires dans l'ensemble des
exportations est passée de 17 % à 15 % de 1986 à
1996. Sur dix ans, la part des importations agricoles et agro-alimentaires
s'infléchit légèrement, pour s'élever à
11 % des importations totales.
Cette évolution favorable est surtout due aux échanges de
produits transformés
qui, en 1996, ont dépassé pour la
troisième année consécutive celle des produits agricoles
bruts.
Ainsi, alors qu'en 1986 les produits agricoles dégageaient un solde
commercial positif de 18,8 milliards de francs contre 8 milliards de
francs pour les produits agro-alimentaires, en 1996, l'excédent agricole
s'élève à 23,9 milliards de francs contre
33,1 milliards de francs pour les produits transformés. Ces
résultats confirment le poids croissant dans le commerce
extérieur agro-alimentaire des produits à valeur ajoutée,
résultant de l'effort de compétitivité des entreprises du
secteur, comme le montre le tableau ci-dessous.
Au total, en 1996, le solde agro-alimentaire s'est élevé
à 61 milliards de francs (contre 51,1 milliards de francs en 1995),
montant supérieur au record obtenu en 1993.
LE SOLDE DES ÉCHANGES AGRO-ALIMENTAIRES DE 1986 À 1996
(en milliards de francs)
1986 |
1987 |
1988 |
1989 |
1990 |
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
|
Total (*) |
-62,3 |
-87,3 |
-87,9 |
-114,1 |
-124,7 |
-96,1 |
37,7 |
27,2 |
20,4 |
51,1 |
61 |
agro-alimentaire |
26,8 |
30 |
39,2 |
48,1 |
51 |
44,3 |
53 |
56,2 |
44,6 |
50,8 |
57 |
produits agricoles |
18,8 |
21,5 |
30,2 |
34,1 |
34,5 |
28,5 |
33,3 |
32,1 |
18 |
19,8 |
23,9 |
industrie agro-alimentaire |
8 |
8,4 |
9 |
14 |
16,5 |
15,8 |
19,7 |
24,1 |
26,6 |
31 |
33,1 |
(*) hors matériel militaire et DOM-TOM
En termes sectoriels
, il faut noter qu'en 1996, les
boissons
-notamment les vins et spiritueux- représentent le premier solde
excédentaire avec 34 milliards de francs. Les
céréales
et les produits de la minoterie arrivent en
seconde position avec 29,9 milliards de francs. Les
produits
laitiers
contribuent toujours d'une manière importante à
l'excédent commercial du secteur : leur solde est de 12,5 milliards
de francs. Le
sucre
contribue d'une manière très positive
au solde avec près de 6 milliards de francs. Les
animaux
vivants
précèdent de peu le secteur du sucre, avec un solde
de plus de 6 milliards de francs. Il faut noter également la bonne
progression du solde des
viandes et abats comestibles
qui pesait
négativement depuis huit ans sur notre solde (- 6 milliards de
francs en 1986) et atteint en 1996 la valeur excédentaire de
3,2 milliards de francs. Cette évolution résulte
principalement de celle des ventes de volailles.
Ce sont toujours les mêmes produits que la France continue à
importer plus qu'elle n'exporte : les
poissons et crustacés
dont
le solde s'aggrave (-8,2 milliards de francs en 1996), les
fruits
comestibles
(-6 milliards de francs). On trouve évidemment
aussi les produits que nous ne produisons pas ou peu : tabac, café,
thé, épices...
3. Un excédent proche du niveau record de 1984 pour les produits industriels
De 1984 à 1990, notre solde industriel s'était fortement détérioré, passant d'un excédent de l'ordre de 70 milliards de francs à un déficit de 80 milliards de francs. Depuis lors, il s'est amélioré de façon continue pour atteindre en 1996 un excédent proche du niveau record de 1984, soit 66 milliards de francs. Cette amélioration concerne tous les grands secteurs de l'industrie à l'exception du matériel militaire dont l'excédent a diminué de façon continue jusqu'en 1995 pour se redresser légèrement depuis.
ÉVOLUTION DU SOLDE DES ÉCHANGES INDUSTRIELS PAR GRANDS SECTEURS
(en milliards de francs)
1990 |
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
6 mois 1996 |
6 mois 1997 (*) |
|
Biens intermédiaires |
-44,0 |
-34,1 |
-29,5 |
-4,8 |
-17,4 |
-21,8 |
-7,3 |
-9,3 |
-3,0 |
Biens d'équipement professionnel |
-30,8 |
-18,6 |
13,0 |
28,5 |
27,2 |
49,5 |
50,2 |
21,4 |
28,0 |
Biens destinés aux ménages |
-54,7 |
-56,1 |
-44,9 |
-33,3 |
-26,6 |
-23,8 |
-15,8 |
-7,3 |
-1,0 |
Matériel de transport terrestre |
21,6 |
29,5 |
28,6 |
25,6 |
26,7 |
20,5 |
24,7 |
13,3 |
34,2 |
Total industrie civile |
-107,9 |
-79,3 |
-32,8 |
16,0 |
9,9 |
24,4 |
51,9 |
18,1 |
58,2 |
Matériel militaire |
28,3 |
14,7 |
16,4 |
10,6 |
7,6 |
7,1 |
14,5 |
6,7 |
7,9 |
Total industrie |
-79,6 |
-64,6 |
-16,4 |
26,6 |
17,4 |
31,5 |
66,4 |
24,8 |
66,1 |
Source : douanes
(*) estimation à partir des 5 premiers mois
Les biens d'équipement professionnels
Parmi les grands secteurs de l'industrie civile, c'est celui des biens
d'équipement professionnel qui a enregistré la plus forte
progression, avec cependant un léger tassement en 1996.
L'amélioration est de 81 milliards de francs en 6 ans.
Tous les sous-secteurs (à l'exception des machines agricoles et du
matériel de précision) enregistrent une amélioration
depuis 1990, notamment l'aéronautique (+ 28 milliards de
francs), l'équipement industriel (+ 18 milliards de francs) et
l'électronique professionnelle (dont le déficit se réduit
également de 18 milliards de francs).
En 1996, deux sous-secteurs améliorent leur solde par rapport à
l'année précédente : l'électronique professionnelle
(de plus de 5 milliards de francs) et le matériel de manutention
(de près de 4 milliards de francs).
Les biens intermédiaires
Depuis 1990, le solde de ce secteur a fluctué assez sensiblement du fait
du caractère cyclique de son activité. Cependant, sur la
période, il enregistre une nette amélioration, de l'ordre de
37 milliards de francs, principalement dans la chimie et les demi-produits
divers.
La
réduction sensible du déficit en 1996
résulte
d'une amélioration concernant pratiquement tous les sous-secteurs, en
particulier les produits non-ferreux (+4,4 milliards de francs), les
produits de la sidérurgie (+2,6 milliards de francs) et le secteur
des pâtes à papier (+1,8 milliard de francs).
Le matériel de transports terrestres
L'excédent dégagé par ce secteur a été
relativement stable tout au long de la période, dans une fourchette de
20 à 30 milliards de francs. L'essentiel de l'excédent
provient des pièces et équipement de véhicules, le solde
des échanges de voitures particulières dégageant un
excédent annuel de 3 à 6 milliards de francs au cours de la
période.
Les biens de consommation destinés aux ménages
Leur solde, encore fortement déficitaire en 1990 d'environ
55 milliards de francs, enregistre sur la période une
évolution très favorable, puisque
leur déficit s'est
réduit à 16 milliards de francs
en 1996. Hors
matériel d'équipement ménager, autrement dit pour les
seuls biens de consommation courante, le déficit est inférieur
à 9 milliards de francs en 1996. C'est dans le secteur de la
parachimie et la pharmacie que la progression est le plus spectaculaire,
l'excédent passant de 16 milliards de francs à
38 milliards de francs.
En 1996, tous les sous-secteurs sont en amélioration, à
l'exception du textile-habillement et des cuirs et chaussures
.
C. LA VENTILATION GÉOGRAPHIQUE
Les parts de marché de la France tendent à
décliner sur l'ensemble de l'année 1996.
On l'a dit
précédemment, globalement pour l'année 1996, la part de
marché de la France (tous produits confondus) a perdu 0,1 point
dans l'Union européenne (à 9 %) et 0,1 point dans
l'OCDE (à 6,1 %). Cette évolution est le résultat
d'une baisse de nos parts de marché dans la plupart des pays
européens.
Dans l'Union européenne
, la France a, pour l'année
1996, gagné des parts de marché principalement en Espagne
où elle est le premier pays fournisseur (+0,7 point à
17,9 %). Malgré son recul (-0,4 point), sa position reste
forte en Italie où elle se maintient au deuxième rang
derrière l'Allemagne. Elle reste stable au Royaume-Uni à
9,6 %, après avoir enregistré une forte dégradation
l'année précédente. Par contre, elle continue à
fléchir légèrement sur le marché allemand
(-0,1 point, à 10,6 %) et plus fortement au Portugal
(- 0,7 point, à 11,1 %).
S'agissant des pays entrés dans l'Union européenne en 1995, la
position française s'améliore de 0,4 point pour atteindre
4,5 % en Finlande et à 5,8 % en Suède ; les
résultats en Autriche ne sont pas encore connus pour 1996.
Hors Union européenne
, les parts de marché
françaises continuent de s'améliorer en Suisse (+0,2 point
à 11,6 %), mais se détériorent en Norvège
(- 0,1 point, à 4,3 %). La part française fait une
légère avancée de 0,1 point sur le marché
américain (à 2,4 %) et sur le marché australien
(à 2,5 %). En revanche, elle recule à nouveau au Japon
(-0,2 point, à 1,8 %).
Nos échanges avec les
pays de l'Est
sont restés
caractérisés par un fort dynamisme, les exportations progressant
de 32 % en 1996 (contre 22 % en 1995) et notre balance commerciale
avec cette zone est devenue positive.
L'excédent de nos échanges avec le
Moyen-Orient
a en
revanche sérieusement fléchi (- 40 %), en raison
à la fois du renchérissement de nos achats de pétrole brut
et du recul de nos exportations, pénalisées par
l'évolution économique globalement défavorable de cette
région.
Bien qu'en légère réduction, notre solde positif avec
l'Afrique
reste conséquent (près de 22 milliards de
francs en 1996).
Nos échanges avec
l'Amérique latine
évoluent
favorablement et se soldent par un excédent de plus de 5 milliards
de francs.
II. LES PERSPECTIVES POUR 1997 ET 1998
A. UN PROBABLE NOUVEAU RECORD DU SOLDE COMMERCIAL FRANÇAIS
Sur les huit premiers mois de l'année,
l'excédent cumulé s'est établi à
112,3 milliards de francs (en données corrigées des
variations saisonnières), contre 55,6 milliards de francs sur la
même période en 1996.
Il faut cependant noter qu'en août 1997, dernier mois dont les
résultats sont connus, l'excédent s'est replié à
11 milliards, après 21,5 milliards en juillet, sous l'effet
d'un léger déficit du secteur énergétique et d'un
recul des excédents agro-alimentaire et industriel (dû notamment
à un fléchissement de nos exportations d'automobiles).
Au total, l'excédent commercial pourrait atteindre, en 1997, un
montant record compris entre 140 et 160 milliards de francs et il se
maintiendrait encore à un niveau élevé en 1998
.
B. LES PERSPECTIVES SECTORIELLES
1. Un nouvel alourdissement de la facture énergétique
En moyenne, sur l'année 1997, compte tenu d'une sensible progression du dollar, le prix de la tonne importée exprimée en francs devrait rester au niveau atteint en 1996, de 780 francs. En revanche, en raison d'une reprise des importations de pétrole brut, la facture énergétique devrait de nouveau augmenter de 10 milliards de francs environ. Elle pourrait se stabiliser en 1998.
2. Le commerce agro-alimentaire : des perspectives d'évolution dominées par le contexte international et communautaire
- Pour les
céréales
, les
perspectives de bonnes récoltes pour 1996/1997 ont permis une baisse des
cours mondiaux dès la fin 1996 et un assouplissement des restrictions
aux exportations hors Union européenne. En 1997, les exportations
reprennent vers les pays tiers. L'évolution ultérieure dans ce
secteur dépendra largement du niveau de taux de gel retenu dans les
années à venir, ainsi que de l'évolution du marché
mondial.
- Sur le secteur de la
viande bovine
, le plafonnement des
exportations subventionnées défini dans le cadre des accords de
Marrakech ne permettra pas une croissance des exportations vers pays tiers pour
les années à venir. De plus l'impact de la crise de l'ESB sur la
consommation mondiale en viande bovine se poursuit en 1997, même s'il est
fortement atténué, limitant aussi bien les exportations que les
importations.
- Pour les
produits laitiers
, les accords du GATT imposent une
baisse progressive du contingent d'exportations subventionnées des
fromages hors de l'Union européenne. Dans les années à
venir, le maintien du niveau d'exportation des fromages français
dépendra de la capacité à développer nos ventes
vers des pays ne bénéficiant pas de restitutions pour les
produits concernés.
Dans les années à venir, le contexte institutionnel sera
marqué par les débats sur " l'Agenda 2000 " qui
prévoit un approfondissement de la réforme de la PAC. Les
propositions concernant les
céréales
(poursuite de la
baisse des prix directeurs couplée à l'annulation du taux de gel)
pourraient renforcer la compétitivité des céréales
communautaires, en alignant leurs prix sur les cours mondiaux et en
élargissant le potentiel de production de l'Union européenne face
à la demande mondiale.
3. La poursuite de la croissance du commerce extérieur du secteur industriel
En 1997, le
solde industriel devrait enregistrer de
nouveau
une progression de grande ampleur
, l'excédent dégagé
au cours du premier semestre étant proche de celui enregistré sur
l'ensemble de l'année 1996.
S'agissant des biens d'équipement professionnel, l'excédent
dégagé a progressé au cours du premier semestre 1997.
L'amélioration du solde des biens intermédiaires s'est
également poursuivie, principalement en raison de la progression des
excédents dégagés dans la chimie organique et le
caoutchouc et matières plastiques.
Le matériel de transports terrestres enregistre une progression
spectaculaire de près de 20 milliards de francs au
premier semestre 1997, concentrée dans les échanges de
voitures particulières, reflétant la faiblesse du marché
français qui contraste avec la bonne tenue du marché
européen, en particulier italien et espagnol.
Quant aux biens de consommation destinés aux ménages, leur
déficit devrait encore se réduire en 1997 du fait d'une nouvelle
progression de l'excédent dégagé par la parachimie et la
pharmacie.
CHAPITRE III -
LES AXES PRINCIPAUX DE LA POLITIQUE
ET DU BUDGET DU COMMERCE EXTÉRIEUR
I. UNE POLITIQUE CARACTÉRISÉE PAR LA CONTINUITÉ, ASSORTIE DE QUELQUES INFLÉCHISSEMENTS
Le Gouvernement actuel, comme le précédent, fait de l'encouragement des PME à l'exportation un des axes majeurs de sa politique. De même poursuit-il le redéploiement du réseau des postes d'expansion économique à l'étranger. Il semble, en revanche, s'orienter vers un infléchissement de la réforme des organismes d'appui au commerce extérieur .
A. ENCOURAGER LES PME À EXPORTER
1. Une participation encore insuffisante des PME françaises aux exportations
Les PME françaises ne sont guère plus de 40.000
à prendre le chemin -et le risque- des marchés extérieurs.
Les entreprises exportatrices françaises sont évaluées
à 140.000, mais 100.000 très petites entreprises ne
réalisent que 1 % des exportations ; 43.000 sont de
véritables PME-PMI, c'est-à-dire employant de 20 à
500 salariés, mais la moitié seulement réalisent
à l'étranger plus de 5 % de leur chiffre d'affaires.
Le taux d'export est de 9,8 % pour l'ensemble des PME
, de 17 % dans
la seule industrie et de 37 % pour les entreprises de plus de
500 salariés. Selon la Direction des relations économiques
extérieures,
les PME représentent 47 % du total des
exportations
, proportion variant de 38 % dans
l'électroménager et l'électronique grand public à
65 % dans l'agro-alimentaire et 66 % dans le secteur des biens de
consommation courante.
Les PME françaises contrôlent 2.240 filiales à
l'étranger, occupant 125.000 salariés, soit moins que le
seul groupe Alcatel-Alsthom.
Bien qu'en constante augmentation, la part des PME dans notre commerce
extérieur reste insuffisante. A cet égard, leurs voisines
européennes sont parfois citées en exemple. Quelles leçons
pouvons-nous tirer de leur expérience ?
2. L'approche des marchés étrangers par les PME européennes
Menée par les Postes d'expansion économique de
Londres, Bonn, Rome, La Haye et Madrid, une enquête
récente
2(
*
)
a étudié le
comportement à l'exportation des PME de ces pays afin d'en tirer des
enseignements pouvant être utiles aux PME françaises,
déjà exportatrices ou désireuses de le devenir.
En dépit de l'hétérogénéité et de
l'ancienneté des chiffres disponibles, cette étude traduit
à la fois une égale tendance à la progression de la part
détenue par les PME européennes dans les échanges
extérieurs de leur pays et des différences sensibles et
instructives d'approche des marchés étrangers.
Au-delà des spécificités qui résultent notamment
du poids de l'histoire, six tendances se dessinent, plus ou moins
marquées selon les pays
:
Les préférences des PME européennes vont aux
marchés extérieurs rendus familiers par l'Histoire
.
Les PME européennes cherchent à se regrouper en
réseaux, consortiums ou clubs, afin de pallier la faiblesse de leurs
moyens à l'export
.
Un peu partout, des programmes nouveaux sont mis en oeuvre depuis le
début des années 90 et l'internationalisation des très
grandes entreprises européennes est virtuellement faite avec, en
moyenne, la moitié des chiffres d'affaires réalisée
à l'étranger.
Désormais, la nouvelle étape de la mondialisation des
économies nationales
, ne serait-ce que dans les limites restreintes
de l'Union européenne,
sera l'apanage des PME, sous des deux formes
des exportations et des investissements directs à l'étranger.
L'ensemble des PME s'avouent toutefois handicapées, dans cette
perspective, par la faiblesse de leurs moyens humains, financiers, voire
productifs. C'est sans doute pourquoi
, avec plus ou moins
d'intensité, mais partout,
les regroupements d'entreprises
apparaissent comme une solution
. Plus avancés aux Pays-Bas et en
Allemagne qu'en France, ils le sont moins en Espagne et en Angleterre, mais
l'orientation est la même.
Cette tendance générale s'exprime par l'essor des réseaux
et des consortiums de PME exportatrices, fréquemment établis dans
une région précise ou bien autour des structures de portage
à l'export que sont les très grandes firmes environnées de
PME sous-traitantes.
Dans le Nord de l'Italie, les districts groupant des PME locales ont
déjà donné lieu à toute une littérature et
à la fondation d'organismes opérationnels. En Espagne, le Plan
2000 pousse les PME à se regrouper sur des stands collectifs dans les
salons étrangers, dans le sillage des entreprises plus importantes,
unies au Pays Basque en un " Groupement pour la coopération
internationale ". Une formule espagnole originale est celle des
consortiums qui, par lots de quatre PME exportatrices, réunissent des
entreprises soucieuses de ne plus attendre d'éventuelles commandes
étrangères et d'élaborer une stratégie
internationale durable. Dans cette voie, l'Angleterre est plus timide, mais
elle vient depuis peu, à sa façon, à l'idée
d'équipes ou de réseaux.
En Allemagne, où foisonnent les PME exportatrices, les clubs,
groupements et GIE d'exportateurs font assaut d'imagination. Les uns sont
permanents, les autres éphémères. Des clubs-pays ne
s'intéressent qu'à une région du monde. Des groupements de
PME louent des bâtiments à l'étranger et salarient des
experts tant allemands qu'étrangers. La plupart de ces initiatives sont
liées au particularisme accentué des Länder.
Les PME européennes recherchent des partenaires et des intervenants
locaux plutôt que nationaux.
Elles attribuent une réelle importance aux chambres de commerce et
d'industrie nationales et implantées à l'étranger.
Elles rêvent d'un " guichet unique ".
Partout, le " moins d'Etat ", le " guichet
unique " local,
sont revendiqués au nom de l'efficacité. Les Chambres de commerce
et d'industrie locales et les CCI implantées à l'étranger
puisent dans ces demandes un dynamisme supplémentaire et participent,
souvent de façon déterminante, à la création de
nombreux " centres " où les PME retrouvent des partenaires
et
un climat familiers.
Les PME européennes manifestent leur attrait pour le
" portage " ou l'association avec de grandes
entreprises
.
3. Quelle politique pour les PME françaises ?
Par ailleurs, outre les moyens budgétaires destinés à soutenir les efforts de nos PME à l'export -qui seront examinés ci-après- et la création d'une sous-direction " PME " à la Direction des relations économiques extérieures en décembre 1996, la politique d'encouragement aux exportations et à l'implantation des PME à l'étranger, développée en particulier depuis deux ans, tend essentiellement à pallier la faiblesse des moyens humains des PME, ceci notamment au travers du portage ou du parrainage, d'une rénovation des procédures d'expatriation et d'un meilleur accès à l'information.
a) Le développement du portage ou du parrainage
Disposant de structures de coûts plus avantageuses que
les PME, les grandes entreprises doivent davantage faire en sorte que leurs
sous-traitants les accompagnent sur les marchés extérieurs et
diversifient leurs marchés. De telles démarches pourraient, par
exemple, prendre la forme d'un " joint venture ".
Le développement de réseaux d'aide pourrait également
être encouragé au travers de la diffusion des clubs des
exportateurs ou par le biais d'étrangers ayant poursuivi leurs
études et qui sont peu sollicités à l'heure actuelle.
b) Une rénovation des procédures d'expatriation
La constitution d'une nouvelle génération de
cadres rompus aux spécificités du commerce international est
devenue une exigence nationale : le recueil d'informations sur les
marchés étrangers, la constitution de réseaux d'influence
auprès des décideurs locaux, la connaissance des pratiques
commerciales ne peuvent s'accomplir sans un vivier dense de Français
expatriés ou ayant vécu une expérience d'expatriation.
Plusieurs dispositifs sont de nature à stimuler l'emploi des jeunes,
mais aussi celui des plus expérimentés, et devraient être
encore développés.
(1) Des coopérants du service national au volontariat
Forme civile du service national, la coopération en
entreprise (CSNE) -créée au début des années 80- a
permis à plus de 15.000 jeunes diplômés d'accomplir
leur service pendant 16 mois pour le compte d'une entreprise
française à l'étranger. En 1996, la formule a
bénéficié à 3.230 jeunes, soit
+ 25 % par rapport à 1994. Elle a profité à
l'ensemble des entreprises, dont de nombreuses PME.
Ces dernières ont également bénéficié plus
indirectement de l'aide que les 260 emplois de coopérants du
service national en administration (CSNA) leur ont apporté à
l'occasion de leur affectation dans les 165 postes d'expansion
économique et, pour une trentaine d'entre eux, auprès des
chambres de commerce françaises à l'étranger.
Avec l'abandon progressif du service militaire obligatoire, ses formes civiles
vont également disparaître. De 1998 à fin 2002, les
sursitaires pourront continuer à se porter candidats pour des postes de
CSNE et de CSNA ; cependant,
cette " ressource " se
tarira
définitivement au plus tard fin 2002. Il convient donc, d'ores et
déjà, de préparer la mise en place d'une formule de
remplacement. Le projet de volontariat, dans le cadre du futur service
national, pourrait répondre à ce besoin
. L'ensemble des
partenaires institutionnels et des entreprises interrogés le soutiennent
massivement. Il s'agit là d'un enjeu essentiel pour le
développement international de nos entreprises.
Un projet de loi devrait être présenté au Parlement afin de
permettre un passage progressif de l'ancienne à la nouvelle formule. Il
conviendra alors de préciser les critères de sélection des
jeunes concernés et de s'assurer de la transparence des choix en la
matière, qui devraient bénéficier au premier chef aux PME.
(2) L'aide au recrutement de collaborateurs export
Les stages d'étudiants ou de jeunes
diplômés à l'étranger doivent être encore
davantage encouragés.
Au-delà, l'aide au recrutement de collaborateurs export s'avère
bien souvent fondamentale pour les PME qui manquent cruellement des moyens
humains leur permettant d'accéder aux marchés étrangers.
A côté des facilités offertes par l'Etat, dans le cadre
notamment de la procédure d'assurance prospection de la COFACE qui
favorise de manière induite la création d'emploi (environ 1.000
chaque année), les entreprises peuvent faire appel aux ressources
régionales pour financer le recrutement de personnel export. Les
contrats de plan Etat-régions ne sont toutefois ouverts qu'aux contrats
à durée indéterminée.
S'agissant des organismes de placement, en dehors de contrats
négociés directement avec les employeurs français,
plusieurs autres organismes publics concourent à la recherche d'emplois
à l'étranger. Il s'agit tout d'abord de l'Office des Migrations
Internationales (OMI) et de l'ANPE Internationale. Pour 1996, on évalue
à un peu plus de 4.500 le flux de Français de tous âges qui
ont pu s'expatrier par leur intermédiaire, soit au titre de stages
professionnels de longue durée, soit pour des CDI ou des CDD. La
moitié des offres émane des pays européens et concerne
principalement l'hôtellerie, les télécommunications et
l'ingénierie informatique.
De leur côté, les réseaux publics d'appui à
l'étranger (ambassade, etc) et leurs partenaires naturels que sont
notamment les Chambres de Commerce françaises, exercent au quotidien un
rôle de conseil. Ils interviennent de manière coordonnée au
sein des comité consulaires pour l'Emploi qui ont été
créés dans les circonscriptions consulaires où
résident plus de 5.000 immatriculés. Ils sont au nombre de
58, dont la moitié en Europe, et couvrent 60 % de la population
expatriée (72 % en Europe).
En dépit de ces aides, sur les 141.000 entreprises exportatrices
recensées par les Douanes, guère plus de 13.000 disposent d'une
structure export et près d'un tiers de celles qui réalisent plus
de 50 millions de francs de chiffre d'affaires export en sont
dépourvues.
Dans le même temps,
avec 1,7 million d'expatriés, la
France est en décalage par rapport à ses partenaires, alors
même que les travaux menés par la DREE montrent clairement la
corrélation existant entre l'expatriation et nos performances à
l'étranger
.
Dans ces conditions, votre Commission des Affaires économiques
souhaite interroger le ministre sur la politique qu'il entend mener pour que la
France comble son déficit en matière d'expatriation.
(3) Améliorer l'accès à l'information
Indépendamment des réformes de structure -qui
seront évoquées ci-après-, le Gouvernement a
annoncé son intention d'aider les PME à accéder aux
nouvelles technologies
afin qu'elles soient plus en phase avec le
commerce mondial.
Votre commission souhaiterait que soit
précisée la politique du Gouvernement en ce domaine.
Par ailleurs, un
service téléphonique
devrait permettre
aux entreprises de poser des questions au ministère chargé du
commerce extérieur et d'obtenir une réponse en 48 heures.
Au total, et comme le Président de la République l'a
précédemment plaidé
3(
*
)
,
votre Commission des Affaires économiques souhaite un soutien accru aux
PME à l'exportation.
Nombre de nos voisins européens s'y emploient. De même,
l'administration américaine a multiplié les initiatives en
matière d'aide à l'export depuis le début des
années 1990, concentrant ses efforts sur les PME. Ceci passe aussi par
notre dispositif d'appui au commerce extérieur.
B. LA POURSUITE DU REDÉPLOIEMENT DES POSTES D'EXPANSION ÉCONOMIQUE
1. L'effort de rationalisation interne et d'adaptation engagé par la DREE en 1991 se poursuit
Le programme s'est traduit par
deux plans de suppression
d'emplois
(1991-1993 et 1994-1996)
qui ont porté sur près
de 20 % des effectifs
budgétaires des services extérieurs de
la DREE.
Un troisième plan triennal a été conclu pour
la période 1997-1999 et porte sur la réduction de 5,35 % des
emplois
et une diminution de l'ordre de 3 % par an des crédits
de fonctionnement. Parallèlement, un resserrement global du dispositif a
été opéré de manière dynamique pour tenir
compte des évolutions de la conjoncture internationale : sur la
période 1989-1997, 23 postes ou antennes ont été
ouverts et 44 ont été fermés.
Cet effort a été compensé par de forts gains de
productivité
de la DREE qui ont permis d'améliorer la
qualité du service rendu aux pouvoirs publics et aux entreprises, par
une action soutenue de modernisation dans les domaines suivants :
l'informatisation et la communication (création de sites Internet), la
rénovation des méthodes de travail dont l'évolution est
également liée à l'introduction de la facturation des
prestations, la formation des agents, les règles de mobilité
professionnelle, la simplification des procédures et le
développement d'une politique immobilière d'acquisition de
bureaux et de logements.
2. Cette réforme s'accompagne d'un redéploiement du réseau de l'expansion économique
Une nouvelle phase d'internationalisation s'est amorcée
avec l'émergence de grands pays en développement (en Asie,
Amérique latine, Afrique australe, Europe centrale et orientale)
à population nombreuse et de mieux en mieux éduquée, qui
disposent en outre de capitaux et de technologies identiques à celles
des pays développés.
Pour continuer à s'adapter à ces évolutions, le
réseau des Postes d'expansion économique (PEE) a entrepris un
plan de
redéploiement d'une partie de ses moyens des pays de l'OCDE
vers les économies émergentes,
afin d'y renforcer la
présence des entreprises françaises dont les parts de
marché sont souvent très inférieures à celles de
nos principaux concurrents.
Le redéploiement des moyens des services de l'expansion
économique repose sur les modalités suivantes :
- au cours des quatre années 96-99, 213 emplois nouveaux
seront créés dans les pays émergents où une
quinzaine d'implantations supplémentaires seront installées. Ce
mouvement sera rendu possible par la diminution des effectifs dans l'OCDE
(- 195) et en Afrique (- 71), avec la fermeture de 12 sites dans
ces deux zones. A l'issue de la réforme, les effectifs localisés
dans les pays émergents passeront de 28 % à près de
40 %, ceux des pays de l'OCDE de 42 % à 30 % ;
- ce remodelage majeur de la carte du réseau est accompagné,
lorsque cela apparaît possible, d'un rapprochement avec les autres
réseaux publics à l'étranger : extension des missions
économiques et financières regroupant PEE et agence
financière, mise en place de postes communs entre PEE et consulats,
installation d'une section commerciale dans certaines missions d'aide et de
coopération en Afrique. Ces nouvelles formes de coopération
soulignent la capacité d'adaptation du réseau aux objectifs de
rationalisation et de maintien d'un soutien commercial de base ;
- une concertation est en cours avec les organismes consulaires et
professionnels pour donner de nouveaux fondement, à la
répartition des tâches, dans l'OCDE, entre les différents
réseaux de soutien au commerce extérieur.
C. UN INFLÉCHISSEMENT PROBABLE DE LA RÉFORME DES ORGANISMES D'APPUI AU COMMERCE EXTÉRIEUR
A la suite du rapport établi par M. Jean-Claude
Karpelès et rendu public le 12 juin 1996, sur la
réforme des organismes d'appui au commerce extérieur, le
précédent gouvernement avait décidé de créer
une structure unique regroupant le Comité français des
manifestations économiques à l'étranger (CFME), l'Agence
pour la Coopération technique, industrielle et économique (ACTIM)
et le Centre français du commerce extérieur (CFCE). Cette
structure devait être chargée d'une double mission : l'information
des entreprises françaises sur les marchés étrangers et la
promotion de leur savoir-faire à l'étranger.
Comme prévu, il a été procédé, au
1er janvier 1997, à la fusion du CFME et de l'ACTIM, dont le
premier bilan s'avère positif.
Le CFME-ACTIM assure la promotion des intérêts français
à l'étranger en synergie avec les autres intervenants et
notamment les organisations professionnelles. Son champ d'action intègre
désormais l'ensemble des démarches internationales d'une
entreprise depuis la phase amont jusqu'à l'implantation, en passant par
la prospection commerciale.
En revanche, l'étape ultérieure qui devait consister à
fusionner le CFME-ACTIM et le CFCE, prévue pour le
1er janvier 1999, semble remise en cause par le Gouvernement.
L'analyse du fonctionnement du CFCE telle qu'elle ressortait de rapports
récents mettait en évidence
l'hétérogénéité de ses missions et le poids
important de ses charges de structure. Le Centre se devait donc d'opérer
une rupture. C'est pourquoi la direction générale du CFCE a
reçu pour mission, en août 1996, de restructurer en profondeur
l'établissement et de redynamiser son action, l'objectif étant de
fournir aux entreprises une information pratique, rapide, fiable et
immédiatement opérationnelle.
A cet effet, le CFCE devait désormais se concentrer sur son coeur de
métier, le recueil et la diffusion de l'information sur les
marchés étrangers, abandonnant notamment l'organisation de
missions d'accompagnement ou d'étude à l'étranger. Il
devait également mettre en oeuvre sans délai les nouvelles
technologies de l'information. Cette transformation passait par une
réorganisation interne et le départ, sur la base du strict
volontariat, d'une partie des effectifs.
Un après l'annonce de la réforme, les résultats suivants
peuvent être observés :
- la réforme prévoyait le départ de 20 à
25 % des effectifs ; en définitive, à la mi-août,
environ 120 agents se sont portés volontaires pour un départ
en 1997 et 1998 ;
- le coût de structure pour les finances publiques est en diminution
puisque la dotation budgétaire 1997, hors plan social, a
été ramenée à 130 millions de francs en 1995.
Au terme d'une mission d'évaluation de trois mois,
un rapport
confié à M. Jean-Daniel Gardère
-ancien ministre
plénipotentiaire, chef des services de l'expansion économique
à Washington- et récemment remis au Secrétaire d'Etat
chargé du commerce extérieur
évalue le dispositif
d'appui au commerce extérieur
.
Ce rapport semble estimer que la réforme élaborée par
l'actuelle direction générale n'a pas recentré le CFCE sur
ses missions de service public. En outre, les options prises dans la
réorganisation auraient contribué à l'isoler
progressivement des institutions (DREE, postes d'expansion économique et
directions régionales du commerce extérieur). Enfin, la fusion
avec les autres organismes n'apparaît pas être la priorité
du Gouvernement.
En conséquence,
le rapport Gardère recommande de recentrer le
CFCE sur sa mission principale d'information économique,
avec une
direction par projet faisant appel à des experts réunis au sein
d'un vivier, au lieu d'un organigramme proche de celui d'un cabinet de
consultant. Il privilégie une approche sectorielle. De même
préconise-t-il de réinsérer le centre au sein du
réseau d'appui au commerce extérieur. Enfin, il se prononce en
faveur d'un regroupement sur un même lieu des deux organismes, le CFCE,
situé avenue d'Iéna, et le CFME-ACTIM, dont le siège est
avenue d'Eylau.
Le CFCE a donné lieu à un certain nombre de critiques depuis
quelques années. Tel était déjà le cas dans les
rapports de Mme Brigitte de Gastines en 1994 et de M. Jean-Claude
Karpelès en 1996. Ses effectifs ont été réduits de
135 personnes, sur un total de 450, au cours des dix-huit derniers mois.
On peut cependant se demander si cet organisme n'est pas en
réalité au centre d'une bataille de pouvoir,
le Gouvernement
souhaitant qu'il revienne dans le giron de la DREE.
D'ailleurs, comment expliquer que la convention d'objectifs mise au point, en
juin dernier, entre la DREE et le CFCE dans la droite ligne des orientations
majeures du rapport Gardère n'ait toujours pas été
signée ?
Depuis huit ans, les rapports sur les organismes d'appui au commerce
extérieur se succèdent. Le CFCE connaît une crise sociale
importante.
Il est urgent de définir clairement ses perspectives
à l'action et de mener avec cohérence les éventuelles
réformes que nécessite un soutien efficace à
l'exportation, en partant des besoins réels des entreprises.
Votre commission souhaite demander au ministre les ambitions du Gouvernement en
la matière.
II. LE BUDGET DU COMMERCE EXTÉRIEUR
Les crédits destinés au commerce sont
répartis dans trois fascicules budgétaires :
- celui des services financiers, qui retrace les crédits
alloués à l'expansion économique à
l'étranger ;
- celui des charges communes, qui contient les crédits
destinés au financement des garanties accordées par les pouvoirs
publics, aux interventions de la BFCE et à diverses subventions ;
- celui des comptes spéciaux du Trésor, où figurent
les crédits affectés à des consolidations d'emprunts et
à des prêts d'aide publique au développement.
Au total,
les crédits consacrés à l'intervention
directe de l'Etat dans le domaine du commerce extérieur dans le projet
de loi de finances pur 1998 s'élèvent à
4,1 milliards de francs en crédits de paiement, en diminution de
19,20 %
par rapport aux 5,08 milliards de francs figurant dans le
budget initial pour 1997.
A. LES SERVICES ET ORGANISMES CHARGÉS DE LA PROMOTION DU COMMERCE EXTÉRIEUR
Le service de l'expansion économique est dirigé
par la direction des relations économiques extérieures (DREE).
Les crédits qui lui sont destinés pour 1998
s'élèvent à
1,2 milliard de francs, en diminution
de 3,8 %
par rapport au budget voté de 1997.
Ce service est composé, d'une part, des directions régionales du
commerce extérieur (DRCE) ; d'autre part, des postes d'expansion
économique (PEE) qui constituent la structure de base du réseau
d'appui à l'étranger, bien que les entreprises y disposent
d'autres réseaux, tels que les chambres de commerce et d'industrie
françaises ou d'autres partenaires.
Le réseau d'appui est également composé d'un ensemble de
services publics subventionnés par le budget de l'Etat, comme le centre
français de commerce extérieur (CFCE), le Comité
français des manifestations économiques à
l'étranger (CFME) et l'agence pour la coopération technique,
industrielle et économique (ACTIM), dont on a vu
précédemment qu'ils avaient été fusionnés
pour les deux derniers d'entre eux.
1. Les services de l'expansion économique
Les crédits destinés aux postes d'expansion
économique à l'étranger et aux directions
régionales du commerce extérieur enregistrent une
diminution
de 0,96 %
(-9,36 millions de francs ), qui concerne presque
exclusivement les postes d'expansion économique. On a vu
précédemment que leur réforme se poursuivrait,
19 emplois de contractuels devant encore être supprimés en
1998 (sur 888).
On observe une contraction des crédits d'informatique, des frais de
fonctionnement courant et des dépenses d'investissement, qui ont
cependant encore fait l'objet de report l'année dernière.
2. Les organismes de promotion du commerce extérieur
Le montant global des dotations aux organismes d'appui au
commerce extérieur, pour 1998, s'élève à
245,6 millions de francs, contre 283,6 millions de francs en 1997.
Cependant,
à structure constante
(c'est-à-dire sans tenir
compte de la provision faite dans le budget de 1997 pour accompagner la fusion
de l'ACTIM et du CFME),
la dotation augmente
en fait
de
1,76 %.
Cette hausse recouvre deux mouvements en sens opposé :
- les moyens destinés au
Centre français du commerce
extérieur (CFCE) diminueront, de 7,7 %
(- 10 millions
de francs) pour revenir à 120 millions de francs. Cette baisse
s'inscrit dans le cadre de la poursuite du recentrage de l'établissement
sur sa mission de centrale d'information sur les marchés
étrangers, chargée de collecter et de diffuser ces informations
aux entreprises et à leurs organisations représentatives ;
- les crédits attribués à l'Agence pour la promotion
internationale des technologies et des entreprises françaises, le
CFME-ACTIM,
augmenteront de 13,6 %
pour s'établir à
125 millions de francs. Ce renforcement des moyens répond à
la demande des entreprises et des partenaires du commerce extérieur,
afin de développer de manière significative les dépenses
opérationnelles en servant mieux, notamment pour les foires et les
salons à l'étranger, un plus grand nombre d'entreprises.
Le programme 1997 des opérations collectives du CFME-ACTIM (colloques
à l'étranger, sessions en France, participation aux foires et
salons...) compte 155 opérations, dont trois grandes expositions,
contre 151 en 1996.
Le programme 1998 s'avère encore plus ambitieux avec
174 opérations au total, en augmentation de 11 % par rapport
à 1997. Environ 43,70 % de ces opérations se
dérouleront en Asie. L'objectif prioritaire est de mettre en
séquence les différents types d'actions, notamment lors des
salons spécialisés et des grandes expositions multisectorielles,
pour apporter un soutien complet et complémentaire aux entreprises en
amont ou en aval de la manifestation (colloques et séminaires techniques
en marge d'un salon, opérations de communication dans la presse locale
via les bureaux de presse), et assurer un suivi des entreprises ayant
participé à ces opérations (invitations de
décideurs, aide au partenariat, ...).
B. LES MÉCANISMES D'AIDE OU DE SOUTIEN AUX EXPORTATIONS
Les dotations correspondant au coût des
procédures publiques d'aides à l'exportation sont
dispersées dans le fascicule des " charges communes " et
dans
les comptes spéciaux du Trésor.
Chapitres |
Nature des crédits |
LFI 1997 |
PLF 1998 |
Variations % |
Garanties diverses |
||||
14-01 art 72 |
Assurance prospection/foires |
400,00 |
400,00 |
0 |
14-00 art 74 |
Risques économiques |
400,00 |
450,00 |
12,50 |
Etudes |
||||
37-03 art 20 |
Evaluation des opérations d'exportation relevant de l'aide au développement |
4,5 |
4,5 |
0 |
37-03 art 30 |
Evaluations préalables d'opérations d'exportation |
4,5 |
4,5 |
0 |
44-98 art 38 |
Bonifications
d'intérêts sur crédits
export et consolidations
|
1.000,00 |
700,00 |
-30,00 |
64-00 art 30 |
Aide à la promotion commerciale des PME (contrats de plan) CP |
38,00 |
44,00 |
15,79 |
AP |
32,00 |
32,00 |
0 |
|
64-00 art 40 |
Aide au développement d'implantation commerciale et industrielle (CODEX) |
|||
CP |
35,15 |
56,00 |
59,32 |
|
AP |
50,75 |
70,00 |
37,93 |
|
68-00 art 10 |
Aide extérieure (FASEP) - dons commerciaux du Trésor |
|||
CP |
223,00 |
614,00 |
175,34 |
|
AP |
730,00 |
600,00 |
-17,81 |
|
Total charges communes |
||||
DO+CP |
2.105,15 |
2.273,00 |
7,97 |
|
DO+AP |
2.621,75 |
2.287,00 |
-12,77 |
|
Chap. 1 Art 10 |
Compte spécial du Trésor 903-07 |
|||
Dépenses |
2.982,50 |
2.000,00 |
-32,94 |
|
Charge nette |
1.722,10 |
628,00 |
-63,53 |
1. Le soutien au commerce courant
Pour 1998, les trois principaux dispositifs qui concourent au
soutien au commerce courant mobilisent
500 millions de francs, soit une
hausse de 5,67 % par rapport à 1997, ce dont votre commission se
félicite.
1997 |
1998 |
Variation en % |
|
Assurance prospection |
400,00 |
400,00 |
0 |
CODEX |
35,15 |
56,00 |
59,32 |
Promotion commerciale des PME (contrats de plan) |
38,00 |
44,00 |
15,79 |
TOTAL |
473,15 |
500,00 |
5,67 |
On peut évaluer à 45 francs les exportations nouvelles induites par 1 franc de dépense publique au titre de cette aide.
a) L'assurance-prospection
L'accompagnement des premiers pas est appuyé de
manière plus globale et plus longue dans le temps au travers des
produits d'assurance-prospection ; 1.700 entreprises ont conclu dans ce
cadre un contrat avec la Coface en 1996. Ils procurent une avance de
trésorerie et une assurance contre l'échec. La prime
facturée aux entreprises est de 3 % du budget de prospection. Sont
concernées les PME indépendantes de tous secteurs
réalisant un chiffre d'affaires inférieur à
3 milliards de francs.
Pour
l'assurance-prospection normale
(19 % des dossiers), le budget
de la prospection -dont la durée peut aller jusqu'à cinq ans et
qui peut comprendre les études de marchés, les
déplacements à l'étranger, etc- n'est pas limité.
Il existe une
assurance-prospection simplifiée
(48 % des
dossiers) de durée plus courte (1 ou 2 ans) et d'attribution plus
rapide pour les PME dont le chiffre d'affaires ne dépasse pas
300 millions de francs. Le budget de la prospection est limité
à 1,5 million de francs.
Pour l'ensemble de ces procédures d'assurance-prospection, il est
proposé de
reconduire les dotations inscrites pour 1997, soit
400 millions de francs
.
b) L'aide à la création de filiales
Rappelons que pour toutes les entreprises, quelle que soit
leur taille, il existe une facilité de trésorerie liée
à la possibilité de provisionner sur agrément une fraction
du capital investi dans la filiale (à réintégrer
ultérieurement) en vertu de
l'article 39 octies du code
général des impôts
. Le coût de cette mesure est
évalué à 1,34 milliards de francs en 1997.
Surtout,
le Comité de développement extérieur (CODEX)
est l'outil essentiel d'aide directe au financement de l'investissement des
PME.
Le CODEX permet d'obtenir une avance remboursable à 5 ans,
représentant jusqu'à 30 % à 50 % des apports
stables destinés à une implantation. Les investissements
concernés sont dans les pays solvables à fort potentiel hors
d'Europe et doivent générer des exportations, un retour positif
pour l'économie française. L'avance est à taux zéro
et remboursable au bout de cinq ans, sauf en cas d'échec total.
Dans les pays risqués, l'entreprise, même pour un investissement
modeste, peut avoir intérêt à se garantir contre le risque
politique.
Depuis sa création en 1982, plus de 550 PME indépendantes
ont été aidées dans leur développement
international par le CODEX. Pratiquement, une PME sur deux ayant
réalisé une implantation durable et substantielle à
l'étranger au cours des dix dernières années a
bénéficié, à ce titre, d'un appui public. Entre
1990 et 1996, 170 projets ont ainsi été accompagnés.
Plus de 80 % des sociétés aidées ces dernières
années, ont un chiffre d'affaires inférieur à
500 millions de francs et presque la moitié font moins de
100 millions de francs de chiffre d'affaires annuel. Au regard du nombre
d'entreprises françaises de cette taille ayant la capacité de
s'implanter à l'étranger, le CODEX exerce un réel effet de
levier.
Le seuil d'examen des dossiers a été récemment
abaissé à 1 million de francs d'apports stables à une
filiale implantée à l'étranger (contre 4 millions de
francs auparavant). Une modulation du taux d'intervention (plafonné
jusqu'alors à 25 %) a également été introduite
en fonction de la difficulté du pays d'implantation et des
capacités financières de l'entreprise :
- de 30 à 50 % pour les petits projets (investissements de 1
à 4 millions de francs et sociétés de moins de
200 millions de francs de chiffre d'affaires) ;
- jusqu'à 30 % pour les projets supérieurs à
4 millions de francs.
Ces mesures adoptées en janvier 1997 sont d'application trop
récente pour qu'il soit possible d'en tirer un premier bilan. On note
cependant un nombre accru de contacts avec des PME, souvent de taille modeste,
qui réfléchissent à des projets d'implantation en Asie ou
en Amérique du nord.
Après plusieurs années de relative stabilité correspondant
à une forte diminution de l'investissement français à
l'étranger,
le CODEX connaît désormais une reprise
sensible de son activité
, cet investissement ayant augmenté
de près de 50 % en 1996 (hors bénéfices
réinvestis).
Les crédits
inscrits à ce titre
augmentent de 59,32 %,
à 56 millions de francs. Votre
commission s'en félicite.
c) Les aides des contrats de plan Etat-régions
Ces aides s'adressent aux PME disposant de produits
compétitifs, peu ou pas exportatrices et ayant besoin d'un soutien
public jouant le rôle de déclencheur pour une démarche de
développement international. En 1996, 76 % des entreprises
bénéficiaires avaient moins de 50 millions de chiffre
d'affaires et employaient moins de 50 salariés.
Certaines de ces aides, de montant modeste
(50 à
60.000 francs en moyenne)
permettent de
jeter les bases d'une
démarche de développement international
. Elles
recouvrent :
-
l'aide au conseil
(dans toutes les régions), une centaine
d'aides de cette catégorie ayant été attribuées en
1996 ;
-
l'aide à la participation à des foires et salons
essentiellement européens (dans 17 régions), plus de
200 aides ayant été accordées dans ce cadre ;
-
l'aide aux " investissements immatériels "
,
dans
toutes les régions sauf trois, participe au financement des traductions
de documentations en langue étrangère, des dépôts de
marques et brevets, des formations export, des invitations d'acheteurs
étrangers. Près de 400 aides de ce type ont
été attribuées.
D'autres aides plus conséquentes ont pour but de donner
davantage d'ampleur à la démarche de développement
à l'étranger
:
-
l'aide à l'implantation
favorise la création de
structures commerciales légères à l'étranger (y
compris en Europe pour 11 régions). Elle prend en charge une partie
des frais de fonctionnement d'un bureau de représentation ou d'une
filiale, uniquement pendant la première année. 107 aides de
cette catégorie ont été accordées pour un montant
moyen de 200.000 francs ;
-
l'aide au recrutement
de personnel export à durée
indéterminée, prend au charge une partie du coût du
salarié (30 à 50 %) pendant sa première année
d'activité (soit un montant unitaire moyen de 100.000 à
120.000 francs). D'abord limitée au recrutement de cadres, elle
permet aujourd'hui, dans 13 régions, de recruter également
des assistants ou de renforcer un service export existant. Cette aide a permis,
en 1996, le recrutement direct de 322 salariés.
Au total, 1.139 aides ont été accordées aux
entreprises au titre du volet " commerce extérieur " des
contrats de plan en 1996.
Les crédits prévus à ce titre
pour 1998 enregistrent une progression de 6 millions de francs
.
d) Le rôle de la BDPME en faveur de l'internationalisation des PME
Rappelons que la Banque de développement des PME (BDPME) a été mise en place fin 1996 pour devenir l'instrument privilégié du soutien apporté par l'Etat aux petites et moyennes entreprises. Elle regroupe deux structures qui fonctionnaient jusqu'alors de façon séparée : le Crédit d'équipement des PME (CEPME) et la SOFARIS. Elle intervient systématiquement en partenariat avec les banques et les établissements financiers, à l'initiative de ces derniers, sous forme de garantie et de cofinancement. Un volet de son action porte sur l'activité internationale des PME, à travers le fonds " développement international " de la SOFARIS (100 millions de francs au 31 décembre 1996).
2. L'aide aux grands contrats
a) Les garanties gérées par la Coface
L'activité de l'assurance crédit en
1996
est marquée par une légère diminution des encours
garantis et par la poursuite de l'amélioration des résultats de
l'assurance-crédit gérée par la Coface pour le compte de
l'Etat.
Celle-ci devrait, en effet, pour la troisième année
consécutive, dégager un
large excédent en 1998
(5,8 milliards de francs en 1997)
lié à une forte baisse
des indemnisations et une hausse des récupérations qui s'explique
par la réorientation des exportations françaises vers les
solvables, le resserrement de la politique de crédit et la fin de la
crise de la dette.
La garantie du risque économique
La garantie du risque économique permet aux exportateurs de se couvrir
contre une hausse imprévisible de leurs coûts de production
pendant la période de fabrication de leur contrat d'exportation, leur
permettant ainsi d'offrir à leurs clients des prix fermes. Le coût
de cette garantie s'établit à 450 millions de francs,
en
augmentation de 12,50 %
par rapport à 1997.
Il faut souligner
l'inquiétude actuelle née du risque de
démantèlement de la Coface au cas où son principal
actionnaire, les AGF, passerait sous le contrôle d'un actionnaire
étranger
.
Si les garanties publiques ne représentaient plus que 18,2 % du
chiffre d'affaires de la société d'assurance crédit en
1996, il n'en demeure pas moins que cette dernière joue également
un rôle de recommandation non négligeable dans la politique
française du commerce extérieur.
Votre commission souhaite que le Gouvernement annonce les mesures qu'il
envisage de prendre dans cette hypothèse.
b) Les procédures gérées par Natexis Banque (ex-BFCE) pour le compte de l'Etat
Entre 1991 et 1995, l'encours des crédits export
gérés par la BFCE s'est sensiblement réduit sous l'effet
de la suppression du monopole dont elle jouissait antérieurement pour
les crédits à long terme. Depuis deux ans, cet encours
augmente à nouveau.
Les procédures de soutien à l'exportation gérées
par cet organisme pour le compte de l'Etat (crédits export et gestion
des accords de consolidation) ont enregistré en exécution
budgétaire un excédent de 2.074 millions de francs en 1996,
en raison notamment du niveau très bas des taux d'intérêt.
Ces procédures voient leurs crédits diminuer de
300 millions de francs en 1998, pour s'élever à
700 millions de francs
.
c) Les protocoles financiers
La baisse continue des moyens budgétaires et l'effet
contraignant des règles de l'OCDE ont conduit à élaborer
une refonte de la procédure des protocoles.
La réforme vise
à un recentrage des interventions publiques et à l'introduction
de souplesse dans les procédures de gestion
.
Elle comprend deux
volets :
-
les procédures d'intervention en amont des projets sont
renforcées et regroupées dans un Fonds d'aide aux études
et au secteur privé (FASEP),
qui finance sous forme de dons ou
d'avances remboursables des études de faisabilité et des projets
d'assistance technique. Ces interventions relevaient jusqu'ici du fonds
d'ingénierie, du fonds pour les pays de l'Est ou encore des protocoles
de dons. Les pays en développement ou en transition constituent la cible
du FASEP qui peut cependant intervenir sur les pays riches dans le cas
d'études d'ingénierie. Son intervention est
déterminée en fonction des perspectives de retombées pour
les intérêts français et de la visibilité sur le
financement des phases ultérieures (avec une priorité pour les
projets susceptibles de bénéficier de financements
multilatéraux) ;
-
une " réserve pays émergents "
est
destinée à financer ponctuellement des projets
particulièrement stratégiques à l'aide de dons et
prêts du Trésor en dehors du cadre de la programmation pays (cette
dernière restant en vigueur pour les pays d'Afrique du nord, du Proche
Orient et de l'Indochine, une programmation par enveloppes régionales
s'appliquant aux pays d'Amérique centrale et andine, d'Asie du sud, aux
PMA asiatiques, enfin en Asie centrale). Cette réserve concerne des
projets à forte visibilité situés dans une quinzaine de
pays émergents constituant des marchés cibles.
Au total, les crédits relatifs aux protocoles financiers diminuent
puisque les crédits pour financer l'aide extérieure (chapitre
68-00 article 10) baissent de 17,8 % en autorisations de programme
pour s'élever à 600 millions de francs.
De même, la
charge nette des
" prêts du Trésor à des Etats
étrangers en vue de faciliter l'achat de biens
d'équipement "
,
inscrits à l'article 10 du
chapitre 1 du compte spécial du Trésor n° 903,07,
est en forte diminution (-63,5 %) pour s'élever à
628 millions de francs. Ce résultat est lié à la
chute du montant des prêts accordés par le Trésor et
à la hausse des remboursements de prêts perçus par le
Trésor.
*
* *
Sur la proposition de son rapporteur pour avis, la Commission des Affaires économiques et du plan a donné un avis favorable à l'adoption des crédits inscrits en faveur du commerce extérieur dans le projet de loi de finances pour 1998.
EXAMEN PAR LA COMMISSION
Au cours de sa réunion du mercredi 19 novembre 1997
sous la présidence de M. Jean François-Poncet, président,
la commission a procédé à l'examen du rapport pour avis de
M. Michel Souplet sur les crédits consacrés au commerce
extérieur inscrits dans le projet de loi de finances pour 1998.
Le rapporteur pour avis, après avoir présenté ses
observations, a proposé à la commission de donner un avis
favorable à l'adoption des crédits en cause.
M. Jean Huchon
s'est dit d'un optimisme plus
" tempéré " que le rapporteur pour avis. Il a fait
valoir que la France, certes, exportait des produits à forte valeur
ajoutée, mais qu'elle importait des produits fabriqués par une
main d'oeuvre souvent sous-payée et ainsi, par là même, du
chômage.
M. Michel Souplet, rapporteur pour avis
, a relevé que la
structure du commerce extérieur français était liée
à l'ouverture des frontières et à la mondialisation des
économies et que ce commerce était vital pour notre pays,
puisqu'il représentait le quart de notre production et un emploi
salarié sur cinq.
M. Louis Moinard
a dénoncé les problèmes
liés à la non-application par les pays étrangers de normes
appliquées en France ou au sein de l'Union européenne.
Sur ce point,
M. Jean François-Poncet, président
, a
rappelé que les normes avaient été, à l'origine,
inventées par l'Allemagne à la fin du XIXème
siècle, ce qui avait beaucoup contribué à l'image de
qualité de ses produits. Il a souligné que le respect de telles
normes favorisait la commercialisation de nos produits, mais qu'on ne pouvait
pas les imposer aux pays étrangers. Il a évoqué les
problèmes posés en ce domaine par les normes
vétérinaires, sanitaires et phytosanitaires, concernant notamment
les produits transgéniques ou aux hormones. Sur ce dernier point, il a
rappelé que le " panel " de l'OMC avait soutenu la position
américaine, considérant que la preuve des méfaits des
hormones sur la santé n'était pas apportée.
M. Jean Huchon
a indiqué qu'à l'occasion de l'examen de la
loi de 1984 sur ce sujet, les experts scientifiques qu'il avait entendus
n'avaient pas émis d'avis clair en la matière.
Après avoir relevé que les décisions sur ces dossiers
relevaient souvent plus, en définitive, de positions politiques que de
données réellement scientifiques,
M. Jean
François-Poncet, président
, a cependant rappelé que
l'étiquetage des produits était obligatoire, permettant aux
consommateurs de faire leur choix en toute connaissance de cause. Il a
regretté que les producteurs de fraises de son département aient
dû abandonner le projet d'investir dans un ionisateur permettant la
stérilisation des fruits sans retombée négative pour la
santé, parce qu'ils n'auraient pas pu, de ce fait, exporter vers
l'Allemagne.
Evoquant les normes industrielles,
M. Francis Grignon
s'est
inquiété de la capacité des Allemands, très
présents à Bruxelles, d'imposer leurs propres normes de
façon à préserver leur outil industriel.
En réponse à
M. Francis Grignon, M. Michel Souplet,
rapporteur pour avis
, a indiqué que les exportations vers l'Union
européenne représentaient environ les deux-tiers des exportations
françaises et qu'il importait maintenant de conquérir les
marchés des pays émergents.
M. Jean François-Poncet, président
, a exposé les
conséquences immédiates de la mise en place de l'euro, qui
facilitera les comparaisons de prix entre produits européens,
entraînant de fortes pressions en faveur d'une convergence des politiques
menées par les Etats membres, mais aussi un renforcement de la
concurrence. Il a estimé que l'importance du commerce intracommunautaire
permettait de réduire l'impact d'une évolution du cours du dollar
ou de l'instabilité monétaire, la sécurité des
changes se trouvant ainsi renforcée.
Le président a rappelé que, lorsqu'il était membre du
Gouvernement, la France réalisait des excédents commerciaux avec
les pays du tiers monde, notamment les pays à commerce d'Etat, mais
enregistrait un déficit à l'égard des pays occidentaux.
Cette orientation géographique de nos exportations vers des pays souvent
peu solvables, entraînant la mise en jeu de la garantie de la COFACE,
avait entraîné une nécessaire réorientation de notre
commerce extérieur, qui permet désormais de dégager un
excédent sur les pays rentables, dont la croissance est cependant
aujourd'hui la plus faible. Il a jugé qu'il importait, par
conséquent, de s'intéresser aujourd'hui davantage aux pays
émergents, qui connaissent de forts taux de croissance.
Evoquant l'organisation du dispositif d'appui au commerce extérieur,
M. Désiré Debavelaere
a souhaité une
amélioration de sa performance grâce à une plus grande
coopération des différents organismes concernés. Sur ce
point, le rapporteur pour avis a rappelé que nombre de PME souhaitaient
que l'on s'achemine vers un guichet unique, les différents rapports
parus sur ce sujet au cours des dernières années concluant
à la nécessité de concentrer les moyens en ce domaine.
Répondant ensuite à M. Désiré Debavelaere -qui
demandait si l'Union européenne définirait une politique claire
permettant de mettre à l'abri les producteurs des importations de
viandes aux hormones en fraude et rappelait que les producteurs français
de veaux aux hormones ne s'étaient pas encore remis de la crise de ce
secteur-,
M. Michel Souplet, rapporteur pour avis
, a proposé
de demander au Gouvernement de défendre avec fermeté, dans les
négociations européennes, le respect des règles par les
Etats membres et le renforcement du contrôle, ainsi qu'une politique
extérieure efficace en matière d'importation.
M. Désiré Debavelare
s'est enfin inquiété de
la diminution des crédits destinés à la
Société pour la promotion et l'exportation des produits agricoles
(SOPEXA), qui avait pourtant prouvé son efficacité sur de
nombreux marchés. En réponse, le rapporteur pour avis a
précisé que ces crédits devaient initialement enregistrer
une diminution de 40 millions de francs, mais que, selon les informations
dont il disposait, cette baisse pourrait être moindre de façon
à permettre à l'organisme de faire face à la
totalité de ses engagements. Il s'est engagé à interroger
le ministre sur ce sujet en séance publique.
Evoquant le problème de la viande aux hormones,
M. Charles Revet
a exposé qu'en 1987, alors qu'il était rapporteur du projet
de loi concerné à l'Assemblée nationale, la
majorité des scientifiques et deux des trois associations de
consommateurs, auditionnées, s'étaient déclarés
favorables au maintien du dispositif en vigueur, tandis que le ministre de
l'agriculture de l'époque avait oeuvré en faveur de la directive
européenne interdisant toute utilisation d'hormones en Europe.
S'agissant des importations de viandes américaines, il s'est
déclaré peu confiant dans la fiabilité de leur
étiquetage. Il a jugé que cette situation était
préjudiciable aux producteurs comme aux consommateurs.
M. Charles Revet
s'est ensuite interrogé sur les raisons des bons
résultats apparents du commerce extérieur, peut-être
davantage liés à la faiblesse des importations qu'à une
croissance des exportations. Il s'est enfin interrogé sur
l'évolution de la diplomatie économique et commerciale.
M. Michel Souplet, rapporteur pour avis
, a souligné que
l'excédent commercial français était désormais
structurel et que l'augmentation des importations liée à la
reprise s'accompagnait, par ailleurs, du maintien d'un fort courant
d'exportation.
Il a insisté sur le fait que les ambassadeurs se montraient de plus en
plus concernés par les intérêts commerciaux de la France.
M. Jean François-Poncet, président
, a confirmé ce
point de vue, relevant que désormais le succès de la mission d'un
représentant français à l'étranger se mesurait
à l'aune des contrats commerciaux conclus, ce qui incitait les
ambassadeurs à s'intéresser de façon croissante à
l'évolution de notre commerce extérieur, en particulier dans les
pays du tiers monde.
M. Jean Huchon
s'est inquiété des contreparties, en termes
d'importations agricoles, accordées lors de la conclusion de certains
grands contrats.
M. Jean François-Poncet, président
, a
dénoncé la responsabilité de l'Union européenne en
la matière, qui tend à ouvrir systématiquement des quotas
d'importations de produits agricoles en faveur de différents pays,
donnant le sentiment qu'on sacrifie l'intérêt de certains secteurs
-notamment agricoles- au profit du secteur industriel.
La commission a ensuite donné
un avis favorable à l'adoption
des crédits inscrits en faveur du commerce extérieur dans le
projet de loi de finances pour 1998,
le groupe du rassemblement pour la
République s'abstenant.
1
Cité dans un article de
Jean-François Couvrat paru dans
La Tribune
du
20 octobre 1997.
2
Voir le dossier réalisé par Michel Herblay, paru
dans le numéro du 29 mai 1997 du Moniteur du commerce
international (MOCI).
3
A l'occasion de l'inauguration d'Europartenariat à
Clermont-Ferrand, le 16 octobre dernier.