IV. L'IMPORTANCE DE L'ORIENTATION DANS L'ENSEI-GNEMENT TECHNIQUE ET PROFESSIONNEL
L'enseignement technique, et surtout professionnel, est trop
souvent choisi par défaut par les élèves et leurs familles.
Des mesures ont d'ores et déjà été prises pour
substituer à cette orientation par défaut une véritable
orientation choisie. Il conviendrait également d'assurer aux bacheliers
technologiques des perspectives de poursuite d'études visant
l'excellence.
A. LES CONDITIONS D'UNE ORIENTATION CHOISIE VERS LES FORMATIONS TECHNOLOGIQUES ET PROFESSIONNELLES
Les familles accepteraient plus volontiers que leurs enfants
suivent des formations technologiques et professionnelles, si celles-ci
permettaient d'accéder à des études supérieures, et
comportaient des possibilités de passerelles à tous les niveaux.
Ces élèves ne doivent plus s'engager dans une voie sans
perspective et doivent bénéficier de la formation
générale la plus élevée afin de favoriser
d'éventuelles reconversions imposées par les évolutions
technologiques et les risques de chômage.
1. Les mesures déjà prises en matière d'orientation
a) La rénovation pédagogique des lycées
Le rééquilibrage des séries et leur
égale valorisation constituaient des objectifs de la rénovation
pédagogique des lycées engagée depuis 1992 à partir
de la classe de seconde. Désormais, chacune des séries a vocation
à l'excellence. Il s'agit d'aider les élèves à
s'orienter entre les différentes séries de baccalauréat en
fonction de leurs goûts, de leurs projets et de leurs talents et non pas
en fonction d'une quelconque hiérarchie des formations.
C'est ainsi que l'accès à une série de première
n'est plus subordonnée au choix des options de seconde, ce qui donne aux
élèves la possibilité de ne choisir leur orientation
définitive qu'à l'issue de cette classe.
b) L'éducation à l'orientation
L'éducation à l'orientation, initiée
dès le collège et poursuivie en lycée, devrait permettre
progressivement aux élèves d'élaborer un parcours de
formation prenant mieux en compte les possibilités d'insertion
professionnelle, et de choisir, en connaissance de cause, les voies
technologiques et professionnelles.
C'est au cours du collège, qui accueille la quasi totalité d'une
classe d'âge, que les élèves sont conduits à
construire progressivement leur premier choix de formation.
A cet effet, a été expérimentée en 1995-1996, en
classe de cinquième, une éducation à l'orientation qui
permet à chaque élève d'acquérir une meilleure
connaissance de ses aptitudes et de ses aspirations, lui apporte des
informations sur les activités professionnelles et l'environnement
social et économique, et lui offre les moyens de découvrir les
diverses voies de formation et les reconversions possibles en cours de
scolarité et tout au long de sa vie.
La circulaire du 31 juillet 1996 a étendu à tous les
collèges, pour la rentrée scolaire 1996, la mise en oeuvre de
cette éducation à l'orientation qui devrait
bénéficier aux classes de troisième à la
rentrée 1997. L'éducation à l'orientation implique
l'équipe éducative et doit faire l'objet d'un programme annuel,
tenant compte des particularités du collège, celui-ci
étant inclus dans le projet d'établissement. Près de
70 % des collèges l'ont élaboré dès
l'année scolaire 1996-1997 et près de 40 % d'entre eux ont
fait appel à des professionnels pour témoigner de leur
spécialité.
2. Les priorités du ministre : former les enseignants à l'orientation et associer les parents d'élèves
D'après les indications fournies au rapporteur de votre
commission, un des objectifs du ministre, en matière d'information et
d'orientation des élèves, est de rompre la logique
négative de l'orientation par défaut.
Chaque jeune dispose de capacités qu'il est essentiel de valoriser et il
importe donc d'identifier les compétences nécessaires à la
pratique de chaque métier afin de les mettre en regard des
capacités qui peuvent se révéler à l'école
et de permettre aux élèves de savoir où porter leur effort
pour réussir.
Il est primordial en outre d'associer plus étroitement les enseignants
au processus d'orientation ce qui suppose de compléter leur formation
initiale et continue, afin de leur permettre d'avoir un rôle clé
en matière d'orientation des élèves.
Enfin, les parents d'élèves et leurs représentants doivent
être également suffisamment informés pour remplir leur
rôle : cette information pourrait prendre la forme d'une sorte de
vade-mecum du représentant des parents qui leur serait fourni.
Le gouvernement envisage enfin de consulter les associations de parents
d'élèves sur le thème de l'orientation choisie.
3. Les observations de la commission
Afin de substituer à une orientation par défaut
vers l'enseignement technique et professionnel une véritable orientation
choisie, votre commission tient à rappeler que le rapport de la mission
d'information sur l'information et l'orientation des étudiants des
premiers cycles universitaires, publié il y a un an, préconisait
un certain nombre de mesures qui allaient au-delà de celles
proposées par le gouvernement :
- généralisation des séquences d'orientation de la classe
de 5e jusqu'à la classe de terminale, animation de ces séquences,
outre les enseignants et les conseillers d'orientation, par des professionnels
et des étudiants confirmés, participation des familles ;
- renforcement de la fonction d'orientation des professeurs principaux ;
- amélioration de l'information des conseillers d'orientation et
augmentation de leurs effectifs ;
- recours subsidiaire à des orienteurs bénévoles
extérieurs au système éducatif.