AVIS n° 86 Tome VI - PROJET DE LOI DE FINANCES POUR 1998 - Enseignement supérieur
M. Jean-Pierre CAMOIN, Sénateur
Commission des Affaires culturelles - Avis n° 86 - Tome VI - 1997/1998
Table des matières
-
I. UN BUDGET QUI S'INSCRIT DANS LA CONTINUITÉ
- A. DES MOYENS BUDGÉTAIRES EN MOINDRE PROGRESSION PAR RAPPORT À CEUX DE 1997
- B. UN MOUVEMENT DE DÉCROISSANCE DÉMOGRAPHIQUE
-
C. L'ABANDON DES RÉFORMES DU PRÉCÉDENT GOUVERNEMENT
- 1. Le plan Bayrou de réforme de l'université
- 2. Un processus interrompu
-
3. La réorganisation des 1er et 2e cycles universitaires
- a) L'organisation des enseignements
- b) L'organisation semestrielle
- c) L'orientation et la réorientation des étudiants
- d) Le contrôle des connaissances
- e) La procédure d'habilitation
- f) L'évaluation des enseignants
- g) Le tutorat
- h) Le bilan de la réforme
- i) Vers une application de l'arrêté du 7 avril 1997 à toutes les universités
- II. UNE GESTION PEU SATISFAISANTE DES ENSEIGNANTS
-
III. UNE NOUVELLE ORIENTATION POUR LES CONSTRUCTIONS UNIVERSITAIRES : DU
PLAN " U 2000 " AU PLAN " U3M "
-
A. LA POLITIQUE MENÉE DANS LE DOMAINE DES CONSTRUCTIONS UNIVERSITAIRES
- 1. Le bilan du plan Université 2000 et des contrats de plan Etat-régions
- 2. L'exécution financière des contrats Etat-régions par l'Etat
- 3. L'exécution financière des contrats Etat-régions par les collectivités locales
- 4. Le prolongement du schéma Université 2000 : le plan " Université du 3e millénaire " (U3M)
- 5. L'implantation des sites universitaires envisagée dans le cadre de l'aménagement du territoire
- B. LES MESURES PRISES POUR ASSURER LA SÉCURITÉ DES BÂTIMENTS UNIVERSITAIRES
-
A. LA POLITIQUE MENÉE DANS LE DOMAINE DES CONSTRUCTIONS UNIVERSITAIRES
- IV. LA RÉFORME DES AIDES AUX ÉTUDIANTS
-
V. LES NOUVELLES ORIENTATIONS DU GOUVERNEMENT EN FAVEUR DE L'ENSEIGNEMENT
SUPÉRIEUR
- A. LE DÉVELOPPEMENT DE LA FORMATION CONTINUE À L'UNIVERSITÉ
- B. LE DÉVELOPPEMENT DE LA DIMENSION INTERNATIONALE DE L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR
- C. VERS UNE OUVERTURE DES GRANDES ÉCOLES ?
- D. VERS UNE RÉFORME DES ÉTUDES MÉDICALES ?
- E. LES DIVERSES TABLES RONDES MISES EN PLACE DANS LE DOMAINE DE L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR
- EXAMEN EN COMMISSION
N° 86
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1997-1998
Annexe au procès-verbal de la séance du 20 novembre 1997.
AVIS
PRÉSENTÉ
au nom de la commission des Affaires culturelles (1) sur le projet de loi de finances pour 1998 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE,
TOME VI
ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR
Par M. Jean-Pierre CAMOIN,
Sénateur.
(1) Cette commission est composée de :
MM. Adrien
Gouteyron,
président
; Pierre Laffitte, Albert Vecten, James
Bordas, Jean-Louis Carrère, Jean-Paul Hugot, Ivan Renar,
vice-présidents
; André Egu, Alain Dufaut, André
Maman, Mme Danièle Pourtaud,
secrétaires
;
MM. Philippe Arnaud, Honoré Bailet, Jean Bernadaux, Jean Bernard,
Jean-Pierre Camoin, Jean-Claude Carle, Robert Castaing, Marcel Daunay, Jean
Delaneau, André Diligent, Ambroise Dupont, Daniel Eckenspieller,
Gérard Fayolle, Alain Gérard, Roger Hesling, Pierre Jeambrun,
Alain Joyandet, Philippe Labeyrie, Serge Lagauche, Henri Le Breton,
Jacques Legendre, Guy Lemaire, François Lesein,
Mme Hélène Luc, MM. Pierre Martin
,
Philippe
Nachbar, Michel Pelchat, Louis Philibert, Jean-Marie Poirier, Guy
Poirieux, Roger Quilliot, Jack Ralite, Victor Reux, Philippe Richert,
Claude Saunier, Franck Sérusclat, René-Pierre Signé,
Jacques Valade, Marcel Vidal.
Voir les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
230
,
305
à
310
et T.A.
24
.
Sénat
:
84
et
85
(annexe n°
15
)
(1997-1998).
Lois de finances
.
Mesdames, Messieurs,
Dans un contexte budgétaire commandé par la réduction des
déficits publics et la nécessité approuvée par le
pays de satisfaire à nos engagements européens, le projet de
budget de l'enseignement supérieur pour 1998, avec 48,45 milliards
de francs, augmentera de 3,05 %, soit une progression d'un peu plus de
deux fois supérieure à celle du budget de l'Etat.
Si cette évolution est présentée comme traduisant la
priorité accordée par le Gouvernement à l'enseignement
supérieur, il convient de rappeler que la croissance de ce budget
était de 5,5 % en 1997.
L'effort engagé en faveur de l'enseignement supérieur doit donc
être relativisé comme en témoignent par ailleurs les
comparaisons internationales qui placent notre pays dans une position
très moyenne.
Enfin, il faut noter que ce projet de budget intervient dans un contexte de
stabilisation des effectifs étudiants qui succède à une
décennie d'explosion démographique.
*
* *
Après avoir rappelé que le projet de budget de
l'enseignement supérieur s'inscrit dans la continuité par rapport
aux exercices précédents, il conviendra de souligner certains
dysfonctionnements qui peuvent être constatés dans la gestion des
enseignants et d'examiner les nouvelles perspectives de développement
des constructions universitaires.
Le présent rapport pour avis abordera ensuite le problème de la
réforme des aides sociales aux étudiants et analysera les
nouvelles orientations du Gouvernement en faveur de l'enseignement
supérieur.
Les caractéristiques du projet de budget
de
l'enseignement supérieur pour 1998
1) Créations d'emplois
: 3.000 emplois
d'enseignants et 1.200 emplois de non-enseignants.
2) Dépenses en capital
: 2,92 milliards de francs en
autorisations de programme et 3,09 milliards de francs en crédits
de paiement.
Ces crédits d'investissements doivent permettre la couverture des
autorisations de programme ouvertes, la poursuite des opérations
inscrites dans les contrats de plan Etat-régions et la maintenance et la
mise en sécurité des établissements. Un milliard de francs
supplémentaire en autorisations de programme permettra le
démarrage du Plan " U3M " dès 1998, dont
385 millions de francs pour la mise en sécurité des
universités, et notamment celles de Paris, et 415 millions de
francs pour les constructions (grosses opérations et études
préparatoires du Plan " U3M ").
3) Fonctionnement des établissements
: 203 millions de
francs supplémentaires permettront de compléter le plan de
rattrapage engagé à la fin de 1995, de financer
l'équipement informatique des IUFM et la formation aux nouvelles
technologies (10 millions de francs), d'augmenter les crédits
consacrés aux bibliothèques universitaires et aux nouvelles
technologies (55 millions de francs) et de financer l'établissement
public du campus de Jussieu (9 millions de francs).
4) Amélioration de la situation des personnels
:
relèvement de la prime d'administration pour les présidents
d'université, amélioration des promotions
d'enseignants-chercheurs, transformation de 100 emplois d'assistants et de PRAG
en emplois de maîtres de conférence.
I. UN BUDGET QUI S'INSCRIT DANS LA CONTINUITÉ
Le projet de budget de l'enseignement supérieur pour 1998 ne marque pas une inflexion majeure par rapport aux exercices précédents : les moyens programmés pour 1998 sont inférieurs en progression à ceux de 1997. Ils s'inscrivent en outre dans un mouvement de décroissance des effectifs étudiants et traduisent l'abandon de la plupart des réformes universitaires engagées par le Gouvernement précédent.
A. DES MOYENS BUDGÉTAIRES EN MOINDRE PROGRESSION PAR RAPPORT À CEUX DE 1997
1. L'évolution des crédits
Avec près de 48,5 milliards de francs en
dépenses ordinaires et en crédits de paiement, les crédits
de 1998 de l'enseignement supérieur enregistrent une progression de
3,05 % par rapport à ceux de 1997.
Si cette augmentation de plus de deux fois supérieure à celle du
budget de l'Etat est présentée comme la traduction de la
priorité que le Gouvernement entend conférer à
l'enseignement supérieur, votre commission tient à rappeler que
la croissance de ces crédits était de 5,5 % dans le budget
précédent. L'effort engagé par la nation en faveur des
formations supérieures doit être relativisé : il est
inférieur par exemple à la contribution de l'Etat à
l'équilibre de la SNCF et situe notre pays dans une position très
moyenne par rapport à nos voisins et concurrents étrangers.
2. La France dans une position moyenne par rapport aux pays étrangers
Le tableau ci-après, établi à partir des
indicateurs de l'OCDE fournit pour 1993 des indications sur le pourcentage du
produit intérieur brut consacré par chaque pays à son
système d'enseignement supérieur.
Alors que la moyenne des pays se situe à 1,3 %, la France avec un
taux de 1,1 % se place certes au même niveau que l'Autriche,
l'Allemagne, la Hongrie, mais très en-dessous du Canada, des Etats-Unis,
de l'Australie, de la Suède, des Pays-Bas et même de l'Irlande et
ne dépasse guère que le Japon, l'Italie, le Portugal, l'Espagne
et le Royaume-Uni.
DÉPENSES D'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR EN POURCENTAGE DU PIB PROVENANT DES SECTEURS PUBLICS ET PRIVÉS
Canada |
2,6 |
Etats-Unis |
2,4 |
Australie |
1,7 |
Japon |
0,9 |
Autriche |
1,1 |
Danemark |
1,3 |
Finlande |
1,8 |
France |
1,1 |
Allemagne |
1,1 |
Irlande |
1,4 |
Italie |
0,9 |
Pays-bas |
1,4 |
Portugal |
0,9 |
Espagne |
0,9 |
Suède |
1,6 |
Royaume-Uni |
0,9 |
Hongrie |
1,1 |
Islande |
0,7 |
Suède |
1,6 |
Turquie |
0,8 |
Moyenne des pays |
1,3 |
Moyenne OCDE |
1,6 |
Source : Regards sur l'éducation, Les indicateurs de l'OCDE
3. L'évolution des créations d'emplois
a) Les créations d'emplois prévus pour 1998
Au total, 4.200 emplois seront créés en
1998 : 3.000 emplois d'enseignants et 1.200 emplois de non enseignants.
-
Les emplois d'enseignants
Le projet de loi de finances prévoit la création de
600 emplois supplémentaires de professeur des universités,
de 1.200 emplois de maître de conférences et de
1.200 emplois de professeur agrégé.
Il convient de rappeler que les créations d'emplois de professeurs des
universités et de maîtres de conférences avaient
été respectivement de 206 et de 900 en 1997.
En outre, seront créés 100 emplois de maîtres de
conférences, à partir du 1er janvier 1998, qui permettront
de recruter 100 ATER dès la rentrée 1998. Le financement de
ces emplois est en partie assurée par une économie de
64 millions de francs en tiers d'année, correspondant à la
suppression de 262.400 heures complémentaires (787.900 en
année pleine).
-
Les emplois non enseignants
1.200 emplois supplémentaires de personnels IATOS seront ouverts
à la rentrée 1998.
Le niveau de ces emplois (41 % en catégorie A et 36,5 % en
catégorie B) tient compte de l'évolution des métiers dans
l'enseignement supérieur et contribue à l'effort de modernisation
des établissements.
Ces créations concernent :
- 850 emplois de personnels IATOS qui sont créés pour
améliorer les conditions d'accueil des étudiants et le
fonctionnement des établissements ;
- 350 emplois de personnels de bibliothèques universitaires.
b) Le rappel des emplois créés au titre du plan d'urgence des universités et de la loi de finances pour 1997
Au titre du
plan de rattrapage
des universités
sous dotées, près de 4.500 emplois ont été
attribués aux établissements concernés en 1996 et en 1997,
soit 2.212 emplois enseignants et 2.285 emplois IATOS, l'objectif
poursuivi étant de permettre à chaque université sous
dotée d'atteindre d'ici 1999 sa dotation théorique en emplois et
en crédits, cet engagement devant figurer dans les contrats
d'établissement.
A la rentrée 1996, tous les établissements ont
bénéficié ainsi d'une dotation en emplois et en
crédits au moins égale à 86 % et à 80 %
de leur dotation théorique.
-
La loi de finances pour 1997
a prévu pour sa part la
création de 2.700 emplois nouveaux, soit 1.500 emplois
d'enseignants et 1.200 emplois de personnels non-enseignants,
complétés par 300 mises à disposition de
fonctionnaires de l'administration centrale.
Ces 2.700 créations d'emplois se ventilaient ainsi qu'il suit :
- 910 enseignants-chercheurs ;
- 438 agrégés ;
- 100 certifiés ;
- 40 enseignants associés ;
- 12 élèves d'ENS ;
- 1.200 personnels IATOS.
Au total, sur deux ans, l'enseignement supérieur aura
bénéficié de 7.000 créations d'emplois, ce qui
explique les conditions satisfaisantes dans lesquelles se sont
déroulées les rentrées universitaires 1996 et 1997.
S'agissant de l'effort entrepris en faveur des bibliothèques, certes
350 emplois seront créés en 1998, contre 200 en 1997 :
nos bibliothèques universitaires restent cependant loin d'offrir les
mêmes conditions d'accueil et de fonctionnement que celles des
universités étrangères (une place pour
18 étudiants contre une pour cinq dans les pays étrangers
comparables). Il convient de rappeler que la Commission Fauroux avait
souligné la nécessité de créer 2.500 postes
nouveaux dans les bibliothèques universitaires.
L'effort annoncé pour le projet de budget pour 1998 doit donc être
relativisé et ne marque pas une inflexion notable par rapport aux
années antérieures.
Il doit être en outre apprécié en fonction de la
décroissance des effectifs étudiants.
B. UN MOUVEMENT DE DÉCROISSANCE DÉMOGRAPHIQUE
1. L'évolution des effectifs étudiants
a) Les effectifs à la rentrée 1997
Sur un total de 2,148 millions d'étudiants,
1,547 million d'entre eux étaient attendus à la
rentrée 1997 dans les 90 universités.
Ces effectifs sont en diminution de 8.000 étudiants par rapport
à la rentrée 1996 et se décomposent ainsi qu'il suit :
- 632.000 en premier cycle ;
- 716.000 en 2e et 3e cycles ;
- 113.000 dans les IUT ;
- 321.000 dans les classes supérieures ;
- 80.000 dans les CPGE ;
- 241.000 dans les STS ;
- 280.000 dans les autres établissements publics ou privés
(grandes écoles, commerce, gestion et comptabilité,
paramédical et social, architecture...).
b) Les projections à moyen terme
Les projections des effectifs universitaires à
l'horizon 2001 effectuées par la DEP sont fondées sur les
dernières données disponibles de l'année 1996-1997.
Les effectifs de terminales générales et technologiques,
après la forte baisse survenue en 1995-1996, devraient reprendre une
progression mesurée entre 1997 et 2000. Le nombre d'admis au
baccalauréat suivant ces tendances, le contingent de bacheliers
généraux et technologiques attendu au cours des quatre prochaines
années devrait être assez proche de celui observé en 1996
(400.000). En conséquence, l'hypothèse d'une plus forte
orientation des futurs bacheliers vers les filières sélectives
(IUT, CPGE, STS) au détriment de l'université, constatée
à la rentrée 1996, se trouverait prolongée.
D'une manière générale, l'évolution des flux
d'entrée à l'université (y compris en IUT) reflète
celle des terminales générales et technologiques. Après le
fort recul constaté à la rentrée 1996
(- 25.000 nouveaux inscrits), les flux d'entrée retrouveront
une croissance modérée entre 1998 et 2000 où ils
atteindront un maximum de 296.000.
En conséquence, l'année 1996 marque une rupture dans la forte
progression des effectifs constatée ces dernières années.
Au total, les effectifs universitaires (IUT exclus) dépasseront
légèrement 1,3 million à l'horizon 2000. Ils
s'établissaient à 1,1 million en 1990 et à
1,4 million en 1996. Les effectifs du premier cycle devraient baisser de
39.000 entre 1996 et 2000. Sur la même période, les effectifs du
deuxième cycle n'augmenteraient que de 3.000, malgré
l'anticipation d'une hausse continue du taux d'accès en licence. Le
nombre d'inscrits en troisième cycle connaîtrait une progression
un peu plus soutenue (+ 6.000).
Enfin, les IUT devraient poursuivre leur développement de manière
atténuée et accueilleraient 119.000 élèves en l'an
2000.
EFFECTIFS UNIVERSITAIRES PAR CYCLE
1995-96
|
1996-97
|
1997-98
|
1998-99
|
1999-2000
|
2000-01
|
|
Université (hors IUT et IUFM mais y compris ingénieurs universitaires) | 1 382 509 | 1 360 863 | 1 347 500 | 1 340 700 | 1 335 500 | 1 330 800 |
- dont le premier cycle | 686 356 | 656 066 | 631 600 | 620 200 | 616 800 | 617 000 |
- dont deuxième cycle | 490 099 | 496 038 | 504 600 | 508 100 | 504 000 | 498 700 |
- dont troisième cycle | 206 054 | 208 759 | 211 300 | 212 400 | 214 700 | 215 100 |
IUT | 103 092 | 108 587 | 113 100 | 115 700 | 118 200 | 120 000 |
Ensemble | 1 485 601 | 1 469 450 | 1 460 600 | 1 456 400 | 1 453 700 | 1 450 800 |
EFFECTIFS DANS LES PRINCIPALES FILIÈRES
DE
L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR
1996-97
|
1997-98
|
|
Université (hors IUT et IUF mais y compris ingénieurs universitaires) | 1 360 863 | 1 347 500 |
- dont premier cycle | 656 066 | 631 600 |
- dont deuxième cycle | 496 038 | 504 600 |
- dont troisième cycle | 208 759 | 211 300 |
- dont droit | 191 940 | 188 000 |
- dont lettres, sc humaines | 522 906 | 517 800 |
- dont sciences, STAPS | 342 897 | 345 200 |
- dont santé | 147 003 | 144 400 |
IUT | 108 587 | 113 100 |
CPGE | 78 839 | 79 600 |
STS | 235 911 | 241 200 |
Ensemble | 1 784 200 | 1 781 400 |
2. L'afflux des étudiants dans les filières sportives
Le flux d'entrée en STAPS en 1996 a été
de 10.868 : il était de 7.387 en 1995, et de 3.861 en 1994, soit un
triplement en trois ans.
Une pause semble pouvoir se constater en 1997 dans l'augmentation des demandes
d'entrée dans la filière.
Pour faire face à cet afflux d'étudiants, qu'une meilleure
information sur la filière STAPS dès le lycée tente de
juguler, de nouveaux sites de formation ont été ouverts et des
moyens d'accompagnement ont été attribués.
A la rentrée 1995, trois universités supplémentaires ont
été habilitées à délivrer le DEUG
STAPS : huit autres l'ont été à la rentrée
1996 et trois habilitations supplémentaires ont été
attribuées à la rentrée 1997.
Alors qu'en 1993-1994, on dénombrait 27 UFR de STAPS, à
compter de la rentrée 1997, 41 universités seront
habilitées avec des formations qui seront réparties sur
près d'une soixantaine de sites.
Les moyens alloués à la rentrée 1997 se sont
élevés à près de 7 millions de francs et
150 emplois ont été créés ou consolidés.
Depuis l'abandon du système de sélection à l'entrée
en STAPS et l'afflux massif d'étudiants, les taux de réussite
particulièrement élevés qui existaient dans ce cursus ont
commencé à baisser et à se rapprocher des résultats
des autres DEUG.
La filière STAPS a connu, ces dernières années, un
succès particulièrement important auprès
d'étudiants attirés par les métiers du sport, mais souvent
peu conscients du contenu exigeant de la formation et de l'exacte
étendue des débouchés. L'accent sera mis dans l'avenir sur
l'information des étudiants. C'est la raison pour laquelle le ministre a
décidé d'ouvrir une réflexion nationale sur l'avenir de la
filière STAPS dans le cadre d'une table ronde.
3. L'évolution du taux d'encadrement des étudiants
Le taux d'encadrement des étudiants en personnels
enseignants et IATOS a connu depuis cinq ans une évolution
contrastée : ce taux a continué à se dégrader
en 1992, 1993 et 1994, tandis qu'à partir de 1995, la tendance s'est
inversée. Alors que le taux d'encadrement à la rentrée
1995 était d'un emploi d'enseignant pour 22,7 étudiants, il est
passé à un pour 21,1 à la rentrée 1997. S'agissant
des personnels IATOS, ce taux est passé de un pour 34,2 à un pour
31,6 entre les rentrées 1995 et 1997.
Cette amélioration est due à la baisse des effectifs et aux
créations d'emplois.
Le nombre d'emplois enseignants inscrits au budget de l'enseignement
supérieur est passé de 64.359 à la rentrée 1992
à 74.216 à la rentrée 1997.
En ce qui concerne les emplois non enseignants, on constate également
une certaine amélioration au cours des années
récentes : le nombre d'emplois de personnels IATOS est ainsi
passé de 46.547 à 49.553 de la rentrée 1995 à la
rentrée 1997.
C. L'ABANDON DES RÉFORMES DU PRÉCÉDENT GOUVERNEMENT
A l'issue d'une large concertation dite des " états généraux de l'université ", engagée au cours du premier semestre 1996 et d'un débat au Parlement et au Conseil économique et social, le précédent gouvernement avait arrêté les grandes lignes d'une réforme de l'université.
1. Le plan Bayrou de réforme de l'université
Les principales mesures proposées étaient les
suivantes :
- généralisation d'un tutorat pour les étudiants de
premier cycle ;
- mise en place d'un statut étudiant prévoyant la création
d'une allocation sociale d'études se substituant aux aides
existantes ;
- nouvelle architecture des études supérieures ;
- prise en compte de l'insertion professionnelle dans les contrats
passés avec les établissements ;
- mise en oeuvre progressive d'une véritable filière
technologique supérieure associant enseignement et recherche ;
- développement de l'autonomie et de la modernisation de la gestion des
universités autorisant la création de fondations, de conseils
d'orientation et d'une agence de modernisation des universités ainsi
qu'un transfert de la propriété des locaux universitaires ;
- extension de la mobilité des chercheurs et
enseignants-chercheurs ;
- prise en compte de l'ensemble des activités des enseignants dans
l'évolution de leur carrière ;
- aménagement du statut des professeurs agrégés dans
l'enseignement supérieur pour leur faciliter l'accès à la
recherche ;
- harmonisation des statuts des personnels administratifs et techniques.
Enfin, cinq groupes de travail ouverts notamment aux composantes du CNESER et
aux représentants de la CPU ont été chargés de
mettre en oeuvre ces orientations.
2. Un processus interrompu
Pour des raisons qui ne doivent rien au calendrier et aux
problèmes universitaires, la réforme proposée par l'ancien
gouvernement s'est singulièrement amoindrie pour n'aboutir qu'à
une réorganisation des premiers et des deuxièmes cycles
universitaires.
Les chantiers inachevés les plus importants concernent la mise en place
du statut étudiant et la définition d'une filière
technologique supérieure.
Selon les indications fournies par le ministère à la commission,
le Gouvernement n'envisage plus de mettre en place une filière
technologique supérieure afin de ne pas marginaliser ces formations au
sein de l'enseignement supérieur, comme elles l'ont été
dans l'enseignement secondaire.
Le ministre a indiqué, par ailleurs au Sénat et à la
commission, que le statut social de l'étudiant ferait l'objet d'un
débat parlementaire au printemps prochain afin que la
représentation nationale puisse se prononcer sur les grandes options,
notamment fiscales, du nouveau dispositif qui est appelé à
remplacer le système actuel d'aides aux étudiants.
3. La réorganisation des 1er et 2e cycles universitaires
Si le ministre a indiqué que la réorganisation du DEUG s'inscrivait dans la réforme de 1992 qui a été mise en oeuvre par certaines universités, il conviendrait de distinguer avec soin les deux réformes en soulignant les différences parfois substantielles existant entre les arrêtés du 26 mai 1992 et du 9 avril 1997 relatifs au DEUG, à la licence et à la maîtrise.
a) L'organisation des enseignements
La rénovation de 1992 organisait le DEUG, la licence et
la maîtrise en modules définis comme " un groupe identifiable
d'enseignements comportant entre eux une cohérence scientifique et
pédagogique ". Une fourchette indiquait le nombre de modules pour
le DEUG, pour la licence et pour la maîtrise, les arrêtés
sectoriels précisant le plus souvent le volume horaire minimum de ces
modules.
La réforme de 1997 a substitué aux modules des unités
d'enseignement définies comme " un regroupement cohérent
d'enseignements et d'activités ". De plus, pour la 1ère
année de DEUG, la composition des différentes unités
d'enseignement est indiqué de manière distincte selon que les
unités d'enseignement ont un caractère fondamental, de
découverte, ou méthodologique.
Le passage d'une organisation en modules à une organisation en
unités d'enseignement va conduire les établissements à
construire des équivalences et des concordances.
En second cycle, l'article 7 de l'arrêté du 9 avril 1997
introduit une novation consistant à mettre en place des unités
d'expérience professionnelle, c'est-à-dire des stages
diplômants.
b) L'organisation semestrielle
Alors que l'arrêté du 26 mai 1992 ne déterminait pas strictement la durée des périodes d'enseignement, l'arrêté du 9 avril 1997 systématise l'organisation de l'année universitaire en semestres. La combinaison de l'organisation en unités d'enseignement et en semestres détermine un cadrage renforcé par rapport à l'arrêté de 1992 notamment pour la 1ère année du DEUG, d'autant que les modalités de contrôle de connaissances sont fixées également de manière précise.
c) L'orientation et la réorientation des étudiants
Si l'arrêté du 26 mai 1992 (article 6) fixait à la première année un objectif d'orientation pour les étudiants, l'arrêté du 7 avril 1997 (articles 6, 14 et 18 notamment) fixe non seulement un objectif d'orientation mais également détermine de manière détaillée les modalités de cette orientation/réorientation (unité de découverte du premier semestre, coefficients affectés à cette unité, commissions d'orientation, information des étudiants).
d) Le contrôle des connaissances
Les différences entre l'arrêté de 1992 et
de 1997 portent sur les modalités d'application du contrôle des
connaissances :
- l'arrêté du 26 mai 1992 a déterminé les
principes suivants : capitalisation des modules, caractère
définitivement acquis des modules, compensation au sein de chaque module
sans note éliminatoire, règles de compensation entre modules
définies par chaque établissement ;
- l'arrêté du 7 avril 1997 reprend les mêmes principes
mais fixe des modalités précises de mise en oeuvre :
· les unités d'enseignement sont capitalisables dans des
conditions fixées par les établissements ;
· la fixation des coefficients attribués aux unités
d'enseignement de DEUG, mais aussi de licence et maîtrise, est
précisée ;
· la compensation entre les unités d'enseignement est
explicitement fondée sur la base de la moyenne générale.
Il convient d'ajouter deux éléments nouveaux par rapport à
l'arrêté du 26 mai 1992 : l'anonymat des épreuves
écrites et l'accès en 2e année de DEUG des
étudiants qui ont validé les unités d'enseignement ou les
éléments constitutifs d'unités d'enseignement
représentant 70 % des coefficients de la 1ère année
de DEUG.
e) La procédure d'habilitation
Il convient de rappeler que la procédure d'habilitation
à délivrer un diplôme, fixée dans
l'arrêté du 26 mai 1992, s'appuyait sur l'analyse d'un
comité d'expertise pédagogique des projets d'établissement
ou d'une commission nationale. Les CEPPE faisaient une place à des
personnalités extérieures.
Cette procédure a été abrogée par
arrêté du 12 avril 1994 au profit d'une expertise par la
mission scientifique et technique.
L'arrêté du 9 avril 1997 (article 22) ne prévoit
plus expressément d'expertise par la mission scientifique et technique
et se limite à reformuler les dispositions de la loi du 26 janvier
1984.
f) L'évaluation des enseignants
L'arrêté du 26 mai 1992 prévoyait
(article 24) la possibilité, pour chaque module ou niveau
d'enseignement dispensé, d'une procédure d'évaluation des
enseignements faisant notamment appel à l'appréciation des
étudiants.
L'arrêté du 9 avril 1997 (article 23) " organise le
cadre d'une procédure d'évaluation des enseignements et de la
formation " et indique les objectifs de cette évaluation.
La formulation de l'article 23 rend cette évaluation obligatoire et
non plus facultative.
g) Le tutorat
Le développement du tutorat est également
conforté. En effet, si l'arrêté du 26 mai 1992
prévoyait la possibilité d'organiser un tutorat pour les
étudiants, l'arrêté du 9 avril 1997 dans son
article 5 dispose :
" La première année d'enseignement de 1er cycle comporte un
dispositif d'appui sous forme de tutorat d'accompagnement, dont la mise en
oeuvre est assurée par des étudiants de 2e ou de 3e cycle,
sous la responsabilité pédagogique des enseignants et des
enseignants-chercheurs. Les tâches de tutorat effectuées par
l'étudiant-tuteur sont validables pour l'obtention du diplôme
préparé. Les conditions d'organisation du tutorat et de
validation éventuelle sont définies par arrêté
ministériel ".
h) Le bilan de la réforme
L'arrêté du 9 avril 1997 institue un
comité de suivi, associant le CNESER et la CPU, qui a été
créé par arrêté ministériel du 9 juillet
1997.
La première réunion de cette instance s'est tenue le
11 septembre 1997.
Le comité doit assurer le suivi de la mise en oeuvre de la
réforme dans les différents établissements, notamment dans
les formations non encore rénovées.
Il est chargé de faire respecter les grands principes de la
réforme tout en laissant s'exprimer la diversité des exigences
disciplinaires. Il devrait notamment veiller à ce que les quatre
principes essentiels (semestrialisation, orientation, capitalisation,
compensation) soient respectés.
Le comité de suivi pourra, en fonction de son appréciation sur la
mise en oeuvre de la réforme, faire les propositions qu'il jugera utiles.
Réuni à nouveau le 7 octobre 1997, le comité de suivi
a dressé un premier bilan de la réforme dans les
établissements.
Au total, 75 universités ont répondu à
l'enquête sur la mise en oeuvre de la réforme.
Il en ressort que 6 universités conservent le système de 1992
(réforme Jospin), 14 appliquent celui de 1997 (réforme Bayrou)
pour les 1er et 2e cycles, et 5 pour la première année de
DEUG. Les autres universités ont opté pour un système
" mixte 1992-1997", en fonction des filières.
Le semestre d'orientation est majoritairement passé dans les
faits : 75 universités l'ont adopté pour toutes les
UFR.
L'évaluation des enseignements, en revanche, n'est mise en place que par
29 universités : 14 pour l'ensemble des formations et 15 pour
certaines seulement, le secteur du droit semblant poser des problèmes en
2e cycle. Quant au système de capitalisation/compensation, il a
reçu un accueil mitigé de la part des UFR juridiques : si la
plupart l'ont instauré, rares sont celles qui l'ont appliqué sur
l'ensemble des deux premiers cycles.
Face à cette multiplicité de situations, une proposition de
modification de l'article 24 de l'arrêté
général du 9 avril 1997 devait être
déposée au CNESER, l'objectif étant de permettre un
" aménagement calendaire " de la réforme Bayrou.
i) Vers une application de l'arrêté du 7 avril 1997 à toutes les universités
Le ministre a déclaré au cours de
l'été, contrairement aux demandes formulées par la
conférence des présidents d'université, que les
universités appliquant la réforme de 1992 ne seraient pas tenues
d'appliquer celle de 1997.
Cependant une modification de l'arrêté de 1997, intervenue le
30 octobre 1997, leur fait obligation d'appliquer dès cette
année la réforme de 1997 : il n'est donc plus question de
modifier les textes de 1992 pour laisser le temps aux UFR juridiques et
économiques de se mettre en conformité avec ces textes.
Ce revirement ministériel s'explique sans doute par le degré
d'engagement des universités dans le dispositif de rénovation de
1997 et par le souci d'éviter que ne se multiplient les recours
d'étudiants devant les tribunaux administratifs pour non application de
la réforme de 1997 : les universités engagées dans la
réforme de 1992 devront donc appliquer les nouvelles modalités de
capitalisation-compensation en première année de DEUG pour mettre
en place en deuxième année les nouvelles modalités de
contrôle des connaissances.
II. UNE GESTION PEU SATISFAISANTE DES ENSEIGNANTS
Après avoir rappelé la diversité des statuts des enseignants dans le système universitaire, il conviendra d'évoquer les modalités de leur évaluation, la réforme de la procédure de recrutement des enseignants-chercheurs et les dérives observées dans l'utilisation des heures complémentaires.
A. LA DIVERSITÉ DES PERSONNELS ENSEIGNANTS
L'enseignement supérieur fait appel à des catégories de personnels très variées pour couvrir ses besoins d'enseignement. Parmi ces différentes catégories, on peut distinguer d'une part les personnels titulaires (enseignants-chercheurs et enseignants de statut second degré) et, d'autre part, les personnels non titulaires recrutés soit au titre de la " jouvence " universitaire, soit comme associés, invités ou vacataires.
1. Les personnels titulaires
Pour l'essentiel, il s'agit des maîtres de
conférence et des professeurs des universités.
Dans la loi de finances pour 1997, on dénombrait 13.909 emplois de
professeurs des universités
et 30.211 emplois de
maîtres de conférences
affectés aux
établissements d'enseignement supérieur.
Le nombre des emplois de maîtres de conférences a
régulièrement augmenté depuis 1993.
La priorité accordée à l'emploi scientifique se traduira
en 1998 par la création de 1.800 emplois d'enseignants-chercheurs.
Les assistants
de l'enseignement supérieur constituent depuis
1985 des corps en voie d'extinction et leur nombre s'élève (hors
médecine) à environ 1.800 : depuis 1990, un millier
d'assistants ont accédé par transformation à l'emploi de
maîtres de conférences.
Le budget de 1997 finançait en outre 7.250 emplois de
professeurs agrégés
et 420 emplois de
professeurs
certifiés
dans l'enseignement supérieur, le décret du
26 mars 1993 fixant à 384 heures par an leurs obligations de
service et le décret du 26 mars 1993 les faisant
bénéficier de la prime pédagogique réservée
jusque-là aux seuls enseignants-chercheurs. Une réflexion est
actuellement engagée pour leur faciliter l'accès à la
recherche.
Le nombre des emplois budgétaires de professeurs agrégés
est passé de 2.925 en 1992 à 7.253 en 1997, les PRAG
correspondant à ces emplois exerçant généralement
un premier cycle universitaire.
Votre commission exprime la crainte que la création de 1.200 emplois de
PRAG, moins coûteux, risque encore d'aggraver la
" secondarisation " des premiers cycles universitaires.
Elle rappellera, à cet égard, que cette tendance n'est pas
nouvelle : le niveau de notre système universitaire pourra-t-il
être maintenu s'il compte de moins en moins d'enseignants-chercheurs et
de plus en plus d'enseignants du secondaire ?
Devant l'Assemblée nationale, le ministre a annoncé son souhait
de modifier le statut des agrégés enseignant dans les
universités, et, plus généralement, d'aborder le
problème des obligations de service des enseignants du supérieur,
en dénonçant le faible nombre d'heures d'enseignement
imposé à ceux qui ne se consacrent pas à des
activités de recherche.
2. Les personnels non-titulaires
- Le monitorat
d'initiation à l'enseignement
supérieur est ouvert aux étudiants de 3e cycle, titulaires
d'un DEA et admis au bénéfice d'une allocation de recherche.
Les crédits inscrits au budget de 1997 correspondaient à
2.924 monitorats à la rentrée 1997.
- Les allocataires-moniteurs-normaliens
sont des élèves
qui sortent des écoles normales supérieures : 670 AMN
sont prévus pour l'année universitaire en cours.
- Les ATER
sont en majorité des agrégés, titulaires
d'un DEA qui souhaitent achever des études doctorales dans de bonnes
conditions d'insertion universitaire, ou des moniteurs parvenus au terme de
leur contrat.
En 1996-1997, environ 5.300 attachés temporaires d'enseignement et
de recherche étaient en fonction dans l'enseignement supérieur.
- Les lecteurs et maîtres de langue étrangère
:
le budget de 1997 finançait 895 emplois de lecteurs et
220 emplois de maîtres de langue et de répétiteurs
à l'INALCO.
- Les enseignants associés à temps plein
: au titre
de l'année universitaire 1996-1997, 279 personnes ont
été recrutées comme maîtres de conférences ou
professeurs associés à temps plein pour des durées
variables.
- Les associés à mi-temps
: les crédits
inscrits au budget de 1997 pour rémunérer les associés
à mi-temps correspondent à 1.370 emplois équivalents
temps plein.
La répartition fonctionnelle des personnels enseignants selon leur
statut est détaillée dans le tableau ci-après :
LES ENSEIGNANTS EN FONCTION DANS L'ENSEIGNEMENT
SUPÉRIEUR
SUR EMPLOIS BUDGÉTAIRES
Emplois au |
Effectifs réels au 1/05/1997 |
|||
Fonctions |
31/12/96 |
Titulaires |
Non fonctionnaires |
TOTAL |
Professeurs des universités |
17 505 |
16 870 |
252 (1) |
17 122 |
Maîtres de conférences |
31 580 |
27 533 |
295 (1) |
27 828 |
Assistants |
1 912 |
1 785 |
12 149 |
|
Lecteurs et maîtres de langues |
1 053 |
944 |
944 |
|
Ater |
5 312 (2) |
5 312 |
(1) Associés à temps plein
(2) 5 312 personnes physiques représentent 3 720,5 équivalents
temps plein.
Les Ater sont recrutés soit sur des emplois budgétaires de
maîtres de conférences gagés à cet effet, soit sur
des emplois d'enseignants-chercheurs (Professeurs, maîtres de
conférences, assistants) vacants.
B. L'ÉVALUATION DES ENSEIGNANTS-CHERCHEURS
1. Les principes en vigueur
D'après l'article 55 de la loi n° 84-52 du 26
janvier 1984 sur l'enseignement supérieur, les fonctions des
enseignants-chercheurs recouvrent l'enseignement, la formation initiale et
continue, le tutorat, l'orientation, le conseil et le contrôle des
connaissances, la recherche, la diffusion des connaissances et la liaison avec
l'environnement économique, social et culturel, la coopération
internationale, l'administration et la gestion de l'établissement.
D'après l'article 56 de la même loi, l'évaluation des
enseignants-chercheurs, dans la mesure où elle a une incidence sur leur
carrière, est effectuée par leurs pairs et, en principe prend en
compte l'ensemble des fonctions définies à l'article 55 de la loi
sur l'enseignement supérieur.
Concrètement, le statut particulier des enseignants-chercheurs,
organisé par le décret du 6 juin 1984 a
précisé les conditions de cette évaluation. Les
carrières sont divisées en classes et la promotion d'une classe
à la classe supérieure s'effectue au choix. Les diverses
promotions sont organisées selon des procédures statutaires
diversifiées qui doivent, en théorie, permettre la prise en
compte d'une " trifonctionnalité " professionnelle
s'exerçant dans les domaines de la recherche, de l'administration et de
la pédagogie. Les promotions sont ainsi réparties, au prorata des
effectifs de promouvables, en deux voies :
- la première voie comporte deux contingents de promotions, l'un
directement attribué aux établissements et réparti, toutes
sections confondues, sur proposition du conseil d'administration pour les
maîtres de conférences et du conseil scientifique pour les
professeurs des universités. Dans le cadre de cette procédure,
les instances de l'établissement peuvent, si elles le souhaitent,
choisir la pédagogie ou d'autres fonctions universitaires comme
critère de promotion. L'autre contingent est attribué au Conseil
national des universités. Il est réparti par section.
Traditionnellement, les sections accordent leurs promotions en se fondant
exclusivement sur des critères de recherche et sur la base des
publications scientifiques ;
- la deuxième voie, dite voie spécifique, est confiée aux
groupes du Conseil national des universités. Sont seuls promouvables
à ce titre, d'une part, les enseignants-chercheurs qui s'investissent
particulièrement dans les fonctions d'enseignement et perçoivent
à ce titre une prime pédagogique et, d'autre part, les
enseignants-chercheurs qui exercent certaines responsabilités
administratives dont la liste est fixée par arrêté.
Seules les promotions à la classe exceptionnelle des professeurs des
universités sont prononcées uniquement par les sections du
Conseil national, c'est-à-dire, en fait, sur des critères de
recherche.
Il serait cependant incomplet de réduire l'évaluation des
enseignants-chercheurs aux seules dispositions relatives à leur
avancement. D'une part en effet, pour les maîtres de conférences,
le recrutement en qualité de professeur des universités consacre
la reconnaissance de leur valeur professionnelle par le corps professoral.
D'autre part, un dispositif indemnitaire, reprenant lui aussi les trois
fonctions pédagogique, administrative, et de recherche auxquelles il a
déjà été fait référence, a
été mis en place dès 1990, pour reconnaître
l'engagement des enseignants-chercheurs dans chacune de ces fonctions.
Le dispositif statutaire et indemnitaire qui vient d'être
brièvement exposé paraît diversifié et semble
permettre une évaluation des enseignants-chercheurs en fonction des
missions que leur assignent la loi et les statuts particuliers. Il convient
cependant de remarquer que cette évaluation est largement une
auto-évaluation ou du moins une évaluation strictement interne.
2. Les activités de recherche privilégiées
Au-delà des textes législatifs et réglementaires qui régissent les carrières universitaires, les instances d'évaluation semblent réticentes à admettre d'autres fonctions que la recherche comme critère d'excellence. Encore convient-il de remarquer que ce concept de recherche est assez large puisqu'il recouvre aussi bien des résultats de travaux de laboratoire objectivement contestables, et pouvant donner lieu à des applications concrètes, que les réflexions les plus spéculatives. Aussi l'activité de recherche est-elle fréquemment mesurée et appréciée en fonction des " publications ". C'est ainsi le plus souvent sur cet unique critère que les enseignants-chercheurs sont recrutés, promus et, en définitive évalués.
3. Les observations de la commission
Le rapport de la mission d'information sur l'information et
l'orientation des étudiants des premiers cycles universitaires,
créée à l'initiative de votre commission,
préconisait une redéfinition de la carrière et des
règles d'avancement des enseignants-chercheurs en prenant en compte
équitablement leur activité de recherche, d'enseignement,
d'encadrement administratif et de formation continue.
Elle proposait également une formation pédagogique des
enseignants-chercheurs, aujourd'hui inexistante, et la création d'une
prime pédagogique plus incitative pour ceux qui se consacrent
principalement à l'enseignement en premier cycle.
Devant la commission, le ministre a indiqué que les centres d'initiation
à l'enseignement supérieur, qui avaient été mis en
sommeil, seront relancés mais n'a fourni aucun élément
susceptible d'annoncer à court terme une réforme de la pratique
concernant l'évaluation des enseignants.
S'appuyant sur les témoignages recueillis auprès
d'universitaires lors des déplacements de la mission d'information dans
l'académie de Lille, votre commission ne peut qu'appeler de ses voeux
une évaluation des enseignants qui ne se limiterait pas qu'à la
recherche et qui engloberait la totalité des activités des
enseignants-chercheurs.
C. LA RÉFORME DE LA PROCÉDURE DE RECRUTEMENT DES ENSEIGNANTS-CHERCHEURS
Les procédures de recrutement actuellement applicables aux enseignants-chercheurs sont régies par le décret du 27 avril 1995 modifiant le décret du 6 juin 1984 relatif aux dispositions statutaires.
1. Les inconvénients de la procédure actuelle
Ces procédures présentent deux inconvénients principaux : une lourdeur de gestion et une rigidité qui rend difficile la prise en compte des besoins pluridisciplinaires des établissements du point de vue scientifique et pédagogique.
a) La lourdeur de la procédure
Le recrutement se déroule actuellement en trois
phases :
- sélection par les commissions de spécialistes
constituées au sein des établissements ;
- qualification par le Conseil national des universités en application
de l'article 56 de la loi du 26 janvier 1984 sur l'enseignement
supérieur qui prévoit l'intervention d'une instance
nationale ;
- classement par les commissions de spécialistes des candidats
qualifiés par le CNU.
Cette suite d'opérations impose aux établissements un calendrier
très rigoureux, qui n'accorde pas toujours aux jurys les délais
nécessaires à la sélection permettant d'analyser avec
exactitude les mérites respectifs de candidats de plus en plus nombreux.
A l'occasion de la troisième phase des opérations, il arrive en
outre que la commission de spécialistes se trouve dans
l'impossibilité de dégager une majorité permettant le
classement des candidats, lorsque le candidat qui avait recueilli la
préférence en cours de première phase n'a pas
été qualifié.
b) Une prise en compte imparfaite des besoins interdisciplinaires des établissements
Les modalités de recrutement en vigueur permettent difficilement de prendre en compte des besoins interdisciplinaires. Les emplois sont en effet publiés au titre d'une section disciplinaire principale, avec, le cas échéant, mention de caractéristiques correspondant à une ou plusieurs autres sections secondaires. Les commissions de spécialistes concernées, lorsqu'il est fait référence à plusieurs sections, peuvent se réunir conjointement lors des phases locales de recrutement. Mais, pour l'examen des candidatures par l'instance nationale, c'est la section principale de publication qui détermine seule l'unique section du Conseil national des universités appelée à se prononcer sur la qualification des candidats aux fonctions considérées. Les candidats qui se situent à la charnière de deux ou plusieurs sections du Conseil national des universités se trouvent ainsi souvent pénalisés par l'instance nationale. Celle-ci ignore les profils des postes à pourvoir et contrarie de ce fait la politique scientifique et pédagogique des établissements. Aucune procédure d'appel ne vient équilibrer ce dispositif.
c) Une qualification limitée à l'année en cours
Il convient enfin d'ajouter que la qualification aux fonctions de maître de conférences ou de professeur des universités n'est valable que pour l'année en cours et que les candidats classés, mais non retenus perdent, d'une année sur l'autre, l'entier bénéfice de leur participation au concours, sans aucune assurance de voir leur qualification reconnue à nouveau dans le cadre de la campagne de recrutement suivante.
2. La réforme proposée
La réforme en cours d'élaboration a pour objet essentiel de mettre un terme à ces rigidités et de revenir, dans ses grandes lignes, au système existant avant celui mis en place en 1995.
a) La dissociation des procédures
La procédure de qualification serait dissociée du recrutement proprement dit et s'organiserait en deux étapes autonomes qui s'articuleraient ainsi : l'instance nationale, c'est-à-dire le Conseil national des universités, arrêterait deux listes de qualification, l'une aux fonctions de maître de conférences, l'autre aux fonctions de professeur des universités ; seuls les candidats inscrits sur la liste de qualification correspondante pourraient se présenter aux concours de recrutement ouverts dans les établissements.
b) Les avantages attendus
Les avantages attendus de cette réforme sont de plusieurs ordres : la procédure s'organiserait en deux phases plus souples et moins longues. Les instances universitaires disposeraient de délais accrus pour examiner les candidatures qui leur seraient soumises. Les candidats auraient moins de formalités à accomplir puisque leur inscription sur une liste de qualification, une fois acquise, serait valable quatre ans. Les établissements, eux, verraient leurs besoins pris en compte de manière plus satisfaisante. Les emplois mis au concours pourraient en effet être ouverts au titre de plusieurs sections du Conseil national des universités. Toute personne inscrite sur une liste de qualification aux fonctions de maîtres de conférences ou de professeur des universités pourrait faire acte de candidature sur tout emploi de rang correspondant publié au Journal officiel.
c) Une procédure d'appel
De plus, une procédure d'appel devant les groupes du Conseil national des universités serait instaurée en faveur des candidats dont la demande d'inscription sur les listes de qualification a fait l'objet de deux refus successifs. Cette procédure constitue un gage de pluralisme scientifique et une garantie pour les candidats dont la recherche se situe à la charnière de plusieurs sections disciplinaires.
d) La création d'une agrégation interne
Le projet envisagé modifierait également les procédures de recrutement applicables aux professeurs des universités des disciplines juridiques, politiques, économiques et de gestion. A côté de l'agrégation externe serait instaurée une agrégation interne ouverte aux maîtres de conférences ayant dix ans de service dans l'enseignement supérieur, et également, sous certaines conditions d'ancienneté, aux chargés de recherche des établissements publics à caractère scientifique et technologique et aux professeurs agrégés affectés dans l'enseignement supérieur. Le nombre des postes offerts à ce concours interne ne pourrait être supérieur à celui offert au concours externe. Parallèlement, la procédure de recrutement au choix après audition par le Conseil national des universités est maintenue.
*
* *
Si elle convient de la complexité des procédures actuelles de recrutement, votre commission tient à exprimer sa perplexité devant la perspective d'un retour au système antérieur institué en 1992 : celui-ci avait en effet abouti en deux ans à la constitution d'un stock de 12.000 " reçus-collés ", c'est-à-dire des enseignants potentiels qui avaient vocation à enseigner dans l'université et qui sont restés sans emploi.
D. UNE UTILISATION DÉTOURNÉE DES HEURES COMPLÉMENTAIRES
A la demande du ministre, l'IGAEN a procédé, en 1996 et 1997, à une enquête sur l'utilisation des heures complémentaires, compte tenu du potentiel d'enseignement des universités.
1. Un constat sévère
Les universités utilisent aujourd'hui entre 4 et
5 millions d'heures complémentaires dont le coût est
évalué à 1,2 milliard de francs, soit l'équivalent
de 20.000 postes.
Le rapport de l'IGAEN, qui n'a pas fait l'objet d'une publication officielle,
indique notamment que certaines universités disposent d'un contingent
important d'heures complémentaires alors que leurs enseignants
n'assurent pas la totalité de leur service statutaire de 192 heures par
an, et que d'autres établissements utilisent ces crédits pour
rémunérer des tâches administratives ou de tutorat.
Il révèle ainsi des situations abusives, qui si elles ne sont pas
toutes illégales, ont prospéré sur de " regrettables
lacunes réglementaires " et dénonce un certain laxisme dans
l'affectation des fonds comme dans le contrôle des obligations de service
des enseignants.
2. Un détournement de la finalité des heures complémentaires
En l'absence de créations d'emplois suffisantes, les
heures complémentaires sont habituellement utilisées pour faire
face à un afflux d'étudiants dans certaines disciplines, pour
ouvrir de nouvelles formations, pour rémunérer des intervenants
extérieurs dans les formations professionnalisées ou des
professeurs du secondaire dans des antennes universitaires
délocalisées.
En dépit de la mise en place du plan de rattrapage des
universités sous-dotées à la fin de 1995, comportant de
nombreuses créations de postes, l'IGAEN a constaté que le volume
des heures complémentaires n'avait pas baissé dans ces
établissements, ce qui semble indiquer que ces heures ne servent pas
qu'à compenser l'insuffisance des postes.
Le rapport constate aussi de nombreuses disparités entre les cycles
bénéficiaires : dans certaines universités, ces
heures sont attribuées en 2e et 3e cycles pour la préparation aux
concours plutôt qu'en 1er cycle où se concentre la majorité
des étudiants ; elles sont également utilisées pour
maintenir quelques spécialités rares regroupant de faibles
effectifs d'étudiants, et assurer le fonctionnement du système
des modules et des options.
L'IGEN constate aussi que certains enseignants effectuent plusieurs services au
détriment de leur activité de recherche.
Elle observe enfin que les heures complémentaires servent
fréquemment à rémunérer un suivi des stages, une
surveillance des examens ou le tutorat ainsi que des activités
administratives pourtant dotées de primes.
3. Les propositions de l'Inspection générale
Constatant l'absence de réglementation définie
et le comportement laxiste de certains directeurs d'UFR, le rapport propose un
renforcement du pouvoir des présidents d'université pour
contrôler les obligations de service des enseignants et l'utilisation des
heures complémentaires en fonction des besoins.
Dans cette perspective, une gestion plus centralisée de ces heures, la
mise en place de l'informatique et l'annualisation des services devraient
permettre de réduire les pratiques abusives de certains
établissements.
III. UNE NOUVELLE ORIENTATION POUR LES CONSTRUCTIONS UNIVERSITAIRES : DU PLAN " U 2000 " AU PLAN " U3M "
Après avoir rappelé les dispositifs successifs qui ont permis de mener à bien l'effort de rénovation et de construction universitaire sur l'ensemble du territoire national, il conviendra de consacrer quelques développements à la mise en sécurité des bâtiments universitaires.
A. LA POLITIQUE MENÉE DANS LE DOMAINE DES CONSTRUCTIONS UNIVERSITAIRES
1. Le bilan du plan Université 2000 et des contrats de plan Etat-régions
Le plan Université 2000 prévu pour s'achever en
1995 a été relayé et complété dès
1994 dans le cadre du XIe plan par les contrats de plan Etat-régions.
Leur exécution, d'abord envisagée sur cinq ans (1994-1998),
courra jusqu'en 1999, les compléments envisagés aux actuels
contrats de plan Etat-régions restant à définir.
Le schéma de développement des enseignements supérieurs
" Université 2000 " était un programme quinquennal
(1991-1995) de construction et d'aménagement des établissements
d'enseignement supérieur. Le rythme d'investissement a été
un peu inférieur à ce qu'il aurait dû être pour que
le schéma soit entièrement réalisé à la fin
de l'année 1995, c'est-à-dire à l'échéance
initialement prévue.
Les contrats Etat-régions du XIe plan, qui ont été
négociés au premier trimestre de l'année 1994,
intègrent le solde du schéma calculé à la fin de
1993 et prévoient, en général, des opérations
nouvelles, dans une proportion variable d'une région à l'autre.
Dans ces contrats, l'Etat et les collectivités s'engagent à
apporter 22 milliards de francs, sensiblement à parité, ces
crédits devant être complétés par les fonds
européens, pour un montant approximatif de 1,4 milliard de francs
pour la période 1994-1996. Les crédits de maintenance et ceux
destinés au logement des étudiants ne figurent pas dans la base
du XIe plan, alors qu'ils étaient intégrés au
schéma Université 2000.
2. L'exécution financière des contrats Etat-régions par l'Etat
De 1994 à 1997, l'Etat a apporté
7,313 milliards de francs en autorisations de programme pour les
opérations de construction de premier équipement et d'un reliquat
de maintenance du schéma Université 2000. Il a ainsi
supporté 68,1 % du financement de l'investissement auquel il
s'était engagé dans les contrats Etat-régions.
Les variations observées d'une région à l'autre dans le
rythme de réalisation financière tiennent au fait que le budget
global voté en loi de finances n'est pas réparti
mécaniquement au prorata des engagements contractés région
par région. En effet, le ministère détermine le niveau de
l'enveloppe annuelle qu'il attribue aux préfets de région en
tenant compte de la nature des opérations, de leur caractère
prioritaire et éventuellement de la programmation du financement de
l'Etat avec celui des collectivités locales.
L'Etat a par ailleurs apporté 705 millions de francs
d'autorisations de programme en 1994 et 1995 au titre d'opérations de
construction ou de premier équipement inscrites au schéma
" Université 2000 ", et non reprises dans les contrats
Etat-régions, bien que non financées avant 1994, soit 6,5 %
de l'enveloppe contractualisée.
3. L'exécution financière des contrats Etat-régions par les collectivités locales
De 1994 à 1996, les collectivités locales ont
apporté 6,3 milliards de francs au financement des
opérations de construction et de premier équipement. Elles ont
financé 57 % des crédits inscrits aux contrats
Etat-régions. Hors Ile-de-France et hors DOM-TOM, le taux
d'exécution financière est de 61 % tandis qu'il est de
68 % dans les DOM-TOM et seulement de 48 % en Ile-de-France.
Le rythme de mise en place des financement varie de 20 % à
88 % selon les régions.
Les collectivités locales ont par ailleurs apporté
997 millions de francs de 1994 à 1996 au titre d'autres
opérations de construction ou de premier équipement au
bénéfice des établissements d'enseignement
supérieur publics, soit 9 % de l'enveloppe contractualisée.
La presque totalité de celles-ci correspondent à des
opérations inscrites au schéma Université 2000 mais non
reprises dans les contrats Etat-régions, bien que non financées
avant 1994.
Enfin, de 1994 à 1996, les partenaires institutionnels de l'Etat et des
collectivités locales -fonds européen de développement
économique des régions, fonds national d'aménagement du
territoire (FNADT)- et les établissements d'enseignement
supérieur eux-mêmes ont apporté 838 millions de francs
supplémentaires au financement des opérations des contrats
Etat-régions. Le principal financement a été
supporté par le FEDER.
4. Le prolongement du schéma Université 2000 : le plan " Université du 3e millénaire " (U3M)
Compte tenu des efforts effectués depuis le
début des années 90, les besoins en locaux supplémentaires
devraient être peu importants, à l'exception notable toutefois des
universités parisiennes (intra muros et couronne ).
En revanche, l'effort de construction de surfaces documentaires nouvelles devra
être poursuivi. A la démarche ouverte par le plan
Université 2000 d'un accroissement du patrimoine devra succéder
une politique de maintien et d'évolution du bâti qui impliquera la
couverture de besoins de maintenance et de mise en sécurité ainsi
que le financement d'opérations de restructuration et de
réaménagement.
Pour la vie étudiante, d'importants besoins n'ont été que
peu pris en compte par le plan Université 2000 et le XIe plan,
axés principalement sur les locaux d'enseignement. Une
réhabilitation massive du parc de logement étudiant, la
réalisation d'installations sportives et culturelles et des
aménagements de sites devront être privilégiés.
Devant la commission, le ministre a indiqué que le Plan
" U3M " devrait permettre de relancer l'investissement
universitaire
alors que les crédits d'investissement inscrits dans les lois de
finances précédentes n'avaient pas été
dépensés du fait notamment de la lourdeur des procédures
concernant les constructions universitaires.
Il a précisé que l'ouverture d'un milliard de francs
supplémentaire d'autorisations de programme serait consacrée au
démarrage du plan U3M.
Il a rappelé que, grâce au plan Université 2000 et à
l'effort financier des collectivités locales, la province se trouvait
désormais très en avance sur la capitale pour la qualité
de ses équipements universitaires, la région Ile-de-France
n'ayant financé que les universités nouvelles
périphériques.
Il a également souligné que le schéma Université
2000 ne constituait pas un plan de développement complet des
universités françaises mais n'était destiné
qu'à remettre à niveau les constructions universitaires. Ce plan
peut être considéré comme un succès, notamment pour
les universités nouvelles de la région parisienne dont le
principe avait pourtant été condamné par la DATAR et dont
le développement a eu pour conséquence heureuse de réduire
pour la première fois le nombre des étudiants dans Paris intra
muros.
Ce plan a enfin permis d'engager un dialogue entre les universitaires et les
élus locaux, les responsables universitaires étant
désormais prêts à accepter que les conseils des
universités comportent un conseil d'orientation.
Le ministre a enfin souhaité que les élus et les hommes de
terrain soient associés à l'élaboration du nouveau plan
" U3M " et que les régions participent davantage au
développement des universités comme elles l'ont fait pour les
lycées, ce qui implique notamment un allégement des
procédures actuelles de construction et sans doute un réexamen de
l'implantation de certains sites universitaires compte tenu de la
réduction prévisible des effectifs étudiants.
5. L'implantation des sites universitaires envisagée dans le cadre de l'aménagement du territoire
a) La recherche d'une répartition équilibrée des sites universitaires sur le territoire national
La recherche d'une répartition équilibrée
des formations d'enseignement supérieur sur le territoire national
constitue une priorité pour le schéma sectoriel de l'enseignement
supérieur et de la recherche prévu par la loi d'orientation pour
l'aménagement et le développement du territoire du
4 février 1995, comme pour les schémas régionaux de
l'enseignement supérieur et de la recherche.
Cette répartition devra tenir compte de la double évolution qui
marque d'ores et déjà le système universitaire et qui va
s'accentuer dans les dix prochaines années :
- arrêt de la pression démographique qui poussait à
l'expansion du système universitaire ;
- constitution d'un espace éducatif européen qui crée une
concurrence accrue entre les établissements universitaires les
contraignant à développer des sites attractifs et bien
équipés pour l'accueil des étudiants.
Si la création d'universités constitue un outil à prendre
en considération pour une répartition équilibrée de
l'enseignement supérieur sur le territoire national, d'autres
perspectives peuvent également être envisagées dans
certaines villes moyennes :
- le modèle des universités multipolaires déjà
retenu par exemple pour les universités nouvelles de l'Artois, du
Littoral, de Vannes-Lorient ;
- la création de structures administratives adaptées comme celles
mises en place à Valence ou Bayonne.
Rappelant que le Sénat, lors de l'examen du projet de loi d'orientation
pour l'aménagement et le développement du territoire avait
souhaité que toutes les villes moyennes puissent accueillir une
université de plein exercice, le ministre a indiqué devant la
commission qu'une réflexion pourrait s'engager sur la place des
universités dans l'aménagement du territoire prenant en compte
notamment la dimension européenne et le rôle des
collectivités locales.
Le souci de développement des villes moyennes doit en effet être
pris en compte, mais ce développement devrait plutôt s'appuyer sur
la délocalisation d'universités technologiques ou de
" petites grandes écoles " regroupées débouchant
sur des emplois.
Il a dénoncé, à cet égard, le coût de ces
" petites grandes écoles ", leur nombre excessif, leur
sous-utilisation et leur sous-équipement.
Il a indiqué que certaines universités de plein exercice
délocalisées étaient confrontées à de
grandes difficultés et que deux missions ont été
confiées à l'Inspection générale pour
établir un bilan des centres universitaires délocalisés.
Il a ainsi estimé que la délocalisation des premiers cycles
universitaires n'était pas souhaitable tandis que la
décentralisation des IUT peut être considérée comme
une réussite lorsque les diplômes débouchent sur des
emplois de proximité. En revanche, les IUT implantés dans de
grands centres universitaires se caractérisent par un fort taux de
poursuite d'études et peuvent être considérées comme
des DEUG déguisés mais coûteux.
Il a enfin rappelé que la vocation de l'enseignement supérieur
est de créer un savoir et de le transmettre, ce qui implique une
capacité de recherche et d'innovation : le " maillage "
universitaire ne doit donc pas être trop éclaté sauf
à faire disparaître cette spécificité.
b) Le développement de l'enseignement supérieur dans les villes moyennes : des formations courtes pour des étudiants d'origine modeste
L'étude récente effectuée par
l'association française des villes moyennes (AFVM) rappelle que les
villes moyennes accueillent désormais plus de 10 % de la population
étudiante dans 162 villes.
Depuis trois ans, le nombre des étudiants en villes moyennes a
augmenté de 10 % alors que la croissance des effectifs au niveau
national n'a été que de 3 %.
L'étude révèle que la moitié de ces
étudiants optent pour des formations supérieures courtes, les STS
et les IUT y représentant 47,5 % des effectifs étudiants.
Sur les 92 IUT existants, 24 sont situés dans des villes moyennes et les
STS accueillent le tiers de la population étudiante de ces villes contre
10,7 % au niveau national.
Par ailleurs, plus du tiers de ces étudiants souhaitent arrêter
leurs études à bac + 2 et 47 % d'entre eux
envisagent leur avenir professionnel dans le cadre de la région.
Il convient de rappeler que 41 villes moyennes seulement accueillent des 2e
cycles et 15 et des 3e cycles.
Ces étudiants sont plus jeunes que la moyenne nationale (64 % ont
vingt ans ou moins) et vivent le plus souvent chez leurs parents :
50 % de ces étudiants cohabitent avec leur famille contre
38,4 % sur l'ensemble du territoire.
Leur origine sociale est plus modeste : leurs parents sont deux fois moins
nombreux à posséder un diplôme de l'enseignement
supérieur, à disposer d'un revenu mensuel supérieur
à 20.000 F, et à appartenir à la catégorie des
cadres.
Ces résultats flatteurs constituent autant d'acquis pour que s'engage
une réflexion sur l'avenir de l'enseignement supérieur dans les
villes moyennes.
RÉPARTITION DES EFFECTIFS ÉTUDIANTS
Formations |
Effectifs nationaux |
Effectifs |
Répartition |
Villes moyennes |
|||
Enseignement supérieur universitaire | 1 359 000 | 72 372 | 35,0 % |
IUT | 99 000 | 28 048 | 13,5 % |
Ingénieurs * | 25 980 | 5 938 | 2,9 % |
IUFM | 86 000 | 12 743 | 6,0 % |
Classes préparatoires aux grandes écoles | 76 500 | 9 460 | 4,6 % |
Sections de techniciens supérieurs | 231 000 | 89 817 | 34,0 % |
Autres ** | 285 780 | 8 292 | 4,0 % |
Total | 2 163 260 | 206 670 | 100,0 % |
* Formation relevant du ministère de l'enseignement
supérieur.
** Ecoles de commerce, facultés privées, écoles
d'ingénieurs ne relevant pas du ministère de l'enseignement
supérieur
c) Les observations de la commission
La commission tient d'abord à saluer les efforts
accomplis par les collectivités pour financer la construction des
bâtiments universitaires et même parfois pour indemniser les
enseignants qui y sont affectés : si de grands centres
universitaires se sont tenus à l'écart du plan
Université 2000, certaines villes petites et moyennes ont
financé avec difficulté un établissement universitaire ou
para-universitaire qui pourrait contribuer à leur développement.
Elle souhaiterait également signaler une certaine ambivalence dans
l'attitude de l'Etat qui, à la fois, sollicite la participation des
collectivités locales à l'effort de construction des
bâtiments universitaires et s'oppose par ailleurs à la
création d'un certain type d'université, comme
l'université thématique d'Agen, pourtant souhaité par les
collectivités. Elle constate également que le plan
Université 2000 appliqué aux villes moyennes s'est traduit
souvent par un taux de réussite satisfaisant d'étudiants qui
n'étaient pas spécialement préparés à
entreprendre des études supérieures, ce qui pourrait inciter les
présidents d'université à prendre en compte les souhaits
des villes moyennes pour diversifier l'implantation de sites universitaires.
B. LES MESURES PRISES POUR ASSURER LA SÉCURITÉ DES BÂTIMENTS UNIVERSITAIRES
Dès 1995, le ministère a demandé aux
établissements de consacrer 80 % de leurs crédits de
maintenance aux opérations intéressant la sécurité,
et d'accompagner cet effort par une mobilisation de leurs capacités
d'autofinancement : plus de 600 millions de francs de travaux de
sécurité ont été ainsi engagés en 1995.
Cette politique a été poursuivie et amplifiée en 1996,
grâce aux 2 milliards de francs d'autorisations de programme ouverts
en loi de finances rectificative en décembre 1995 pour la mise en
sécurité du patrimoine universitaire.
Dans le cadre de ce budget spécifique, un plan quadriennal de mise en
sécurité des établissement d'enseignement supérieur
a été engagé.
1. Le bilan du plan quadriennal de mise en sécurité des établissements d'enseignement supérieur
a) Les besoins
Les établissements publics d'enseignement
supérieur, les instituts universitaires de formation des maîtres
et les centres régionaux des oeuvres universitaires et scolaires pour ce
qui concerne les restaurants universitaires, ont d'abord effectué un
diagnostic de leurs besoins pour la mise en sécurité de leur
patrimoine immobilier.
La majorité des travaux décrits correspondent d'abord aux
prescriptions des commissions de sécurité : travaux de
remise aux normes des installations électriques et travaux de mise en
sécurité contre l'incendie.
Une partie significative des travaux qui doivent être
réalisés permettrait aussi d'améliorer les conditions de
l'activité universitaire et de la vie étudiante :
sécurité améliorée des campus, mise en
conformité des ateliers et des machines-outils pour les écoles
d'ingénieurs, réfection des installations sportives,
restructuration et mise en sécurité des
amphithéâtres, mise aux normes d'hygiène des restaurants
universitaires. Les interventions portent sur la totalité des types de
bâtiments universitaires avec un effort particulier pour les
bibliothèques universitaires et pour les amphithéâtres.
b) Le plan de financement
Après diagnostic et évaluation du besoin, un
plan de financement a été négocié entre
l'établissement et le ministère.
Outre la mobilisation d'une grande partie des crédits contractuels de
maintenance, ce plan de financement arrête les crédits d'urgence
proprement dits du plan sécurité) qui se compose d'un engagement
de dépenses sur ressources propres de l'établissement et d'un
engagement de couverture en subvention exceptionnelle.
c) Le bilan actuel
L'estimation des travaux à effectuer sur la
durée du plan, hors traitement du campus de Jussieu, approche
actuellement les 6 milliards de francs. Les ressources prévues en
couverture (autofinancement, subventions de maintenance et de
sécurité s'élèvent au total à
4,8 milliards de francs. Le déficit prévisionnel de
financement est donc d'ores et déjà de l'ordre
d'1,2 milliard de francs.
Le montant des travaux engagés en 1996 est de 920 millions de
francs. Les négociations pour 1997 devraient permettre la programmation
financière de 1,3 milliard de francs de travaux.
d) les précisions fournies par le ministre
Devant la commission, le ministre a indiqué que les
universités de province construites dans les années 70 devront
être rénovées ou rasées et reconstruites à
l'instar des nouvelles universités comme celles d'Angers, Amiens,
Le Havre qui n'ont rien à envier aux universités
anglo-saxonnes.
Il a ajouté que 585 millions de francs seraient affectés
à la mise en sécurité des établissements
d'enseignement supérieur, et notamment des universités
parisiennes qui sont dans un état de délabrement notoire.
2. La mise en sécurité des universités parisiennes
a) Les besoins
Le diagnostic et le chiffrage précis des besoins des
universités parisiennes sont difficiles à établir du fait
du grand nombre des implantations, du partage fréquent entre plusieurs
établissements, et de l'inégale capacité des
universités à fournir l'effort technique nécessaire.
On peut actuellement estimer à 800 millions de francs les travaux
nécessaires à la remise en sécurité des locaux des
universités de Paris intra-muros. L'ampleur du besoin résulte de
la vétusté des locaux, de leur défaut d'entretien et de la
surexploitation des bâtiments, ce qui suppose sur certains sites la mise
en oeuvre d'opérations très lourdes.
La couverture financière d'une première tranche de travaux a
été assurée en 1996 à hauteur de 120 millions
de francs dont 66 millions de francs de subventions.
Il convient de rappeler que le projet de budget pour 1998 prévoit
585 millions de francs d'autorisations de programme principalement
destinés à engager les opérations de
sécurité des établissements parisiens et d'Ile-de-France.
b) L'opération engagée à l'université de Jussieu
Cette opération dont la maîtrise d'ouvrage
appartiendra à l'établissement public du campus de Jussieu,
créé par le décret du 17 avril 1997, ne sera pas seulement
une opération de désamiantage, mais également de remise en
sécurité et de rénovation de l'ensemble du campus.
Le site de Jussieu doit en effet devenir un véritable campus, qui
rassemble et intègre des unités de formation et de recherche, et
qui offre des conditions satisfaisantes de travail, de vie et même
à terme de logement pour les étudiants.
Si le coût global, les modalités de financement et
l'échéancier de cette opération restent à
préciser, celle-ci a déjà été engagée.
Sur les 200 millions de francs d'autorisations de programme ouverts en loi
de finances rectificative 1996, 73 millions de francs ont
été engagés pour conclure les marchés de
programmation et de maîtrise d'oeuvre et pour construire des locaux de
substitution dont la réalisation permettra de démarrer, au
début de 1998, le désamiantage de deux barres.
Par ailleurs, des mesures transitoires nécessaires à la
protection des usagers ont été mises en oeuvre. Les travaux de
confinement de l'amiante par pose d'une protection adéquate ont
été réalisés sur l'ensemble du site pour un
coût de 16 millions de francs. Dans l'état actuel des
connaissances, le risque sanitaire est extrêmement faible dans les salles
de cours, les laboratoires, les bureaux et les couloirs de Jussieu.
Les techniciens et ouvriers de service appelés à intervenir pour
la maintenance du bâtiment peuvent cependant être exposés
à des teneurs en amiante plus élevées et des moyens
devraient être mis en oeuvre pour assurer leur protection.
Devant la commission, le ministre a estimé que la présence
d'amiante à l'université de Jussieu ne présentait pas de
danger immédiat mais a fait observer que la réfection de cet
établissement qui connaît régulièrement des
incendies en raison de la présence de nombreux laboratoires,
s'effectuerait dans des conditions techniques difficiles du fait qu'il n'existe
pas de substitut à l'amiante pour prévenir le risque d'incendie.
Déplorant le développement d'une psychose à l'égard
de ce matériau et rappelant que le fait de respirer de la silice sur une
plage n'expose pas à la silicose, il a indiqué que les Etats-Unis
avaient connu une polémique de même nature, mais qu'on avait
désormais renoncé à retirer systématiquement
l'amiante des bâtiments en mettant en place une protection adaptée.
Il a également précisé qu'il ne souhaitait pas remettre en
cause une réglementation prise dans une certaine précipitation et
qui lui impose de procéder au désamiantage des constructions dont
il avait la charge.
IV. LA RÉFORME DES AIDES AUX ÉTUDIANTS
Avant d'examiner les orientations du futur statut social étudiant, il convient de rappeler le système d'aides sociales actuellement attribuées aux étudiants.
A. UNE MONTÉE EN PUISSANCE DES AIDES RÉSULTANT DE LA DÉMOCRATISATION DE L'UNIVERSITÉ
Afin de permettre aux étudiants issus des milieux moins
favorisés de poursuivre leurs études, les aides
financières ont connu une augmentation substantielle au cours des dix
dernières années : alors que les crédits
consacrés à l'action sociale en faveur des étudiants
atteignaient 3,082 milliards de francs en 1987, ceux-ci se sont
élevés à 8,238 milliards de francs en 1997 soit une
progression de plus de 167 %. La part de l'action sociale dans le budget
de l'enseignement supérieur est passée dans le même temps
de 14,2 % en 1987 à 20,7 % en 1997.
Cette montée en puissance résulte certes d'une progression des
effectifs étudiants au cours des dernières années mais
aussi d'une augmentation de la part des étudiants d'origine modeste dans
chaque cycle universitaire.
1. Les aides directes
Les aides directes se ventilent entre les bourses
d'enseignement supérieur sur critères sociaux, les bourses sur
critères universitaires et les aides individualisées
exceptionnelles.
Après avoir augmenté pendant plusieurs années, le nombre
de boursiers, toutes aides confondues, a fléchi entre 1995 et 1996,
passant de 396.700 à 387.500. Cette baisse résulte de la
stagnation des effectifs étudiants et du blocage des plafonds de
ressources ouvrant droit à bourses depuis trois ans.
Pour l'année universitaire 1996-1997, la répartition des
boursiers par échelon est la suivante :
1er échelon |
2e |
3e |
4e |
5e |
|
Nombre de boursiers |
48 464 |
58 276 |
52 685 |
48 902 |
165 912 |
Pourcentage |
12,9 % |
15,6 % |
14,1 % |
13,1 % |
44,3 % |
Taux de la bourse |
7 164 F |
10 746 F |
13 842 F |
16 948 F |
19 314 F |
L'attribution d'une bourse d'enseignement supérieur ne
peut intervenir que si le candidat accède chaque année à
un niveau d'études supérieur à celui déjà
atteint. Toutefois, dans la limite des crédits prévus à
cet effet, le recteur a la possibilité d'accorder une aide
individualisée exceptionnelle.
Cette aide permet ainsi à des étudiants redoublants ou en
situation de réorientation de continuer à
bénéficier d'une aide financière. Elles sont
attribuées sur l'initiative du recteur d'académie compte tenu de
critères universitaires et au regard de la situation sociale et
familiale de l'étudiant.
L'évolution du montant des bourses attribuées sur critères
sociaux a été la suivante :
Échelon |
1992-1993 |
1993-1994 |
1994-1995 |
1995-1996 |
1996-1997 |
1997-1998 |
1er échelon | 6 390 F | 6 588 F | 6 912 F | 7 020 F | 7 164 F | 7 308 F |
2e échelon | 17 244 F | 17 756 F | 18 648 F | 18 936 F | 19 314 F | 19 692 F |
Pour la rentrée 1997, les plafonds de ressources
permettant d'obtenir une bourse ont été revalorisés de
1,9 % et les taux des bourses de 2 %.
Pour les dix dernières années, la proportion de boursiers a
progressé de 16 à 21 % et les crédits relatifs aux
bourses ont été multipliés par trois :
1987-88 |
1988-89 |
1989-90 |
1990-91 |
1991-92 |
1992-93 |
1993-94 |
1994-95 |
1995-96 |
1996-97 |
|||||||||||||||||||||||||
Nombre d'étudiants du MEN |
1 131 732 |
1 205 236 |
1 304 952 |
1 404 153 |
1 531 908 |
1 624 187 |
1 724 142 |
1 762 719 |
1 803 062 |
1 789 395 |
||||||||||||||||||||||||
Nombre de BCS/AIE |
185 398 |
208 424 |
230 236 |
254 809 |
273 384 |
301 416 |
353 622 |
375 233 |
383 566 |
374 239 |
||||||||||||||||||||||||
% de boursiers |
16,4 |
17,3 |
17,6 |
18,1 |
17,8 |
18,6 |
20,5 |
21,3 |
21,3 |
20,9 |
||||||||||||||||||||||||
Nombre de BCU |
8 643 |
8 686 |
9 558 |
10 151 |
11 126 |
11 681 |
12 739 |
13 168 |
13 126 |
13 259 |
||||||||||||||||||||||||
Budget année civile |
2 029 MF |
2 236 MF |
2 768 MF |
3 128 MF |
3 599 MF |
4 093 MF |
4 750 MF |
5 348 MF |
5 768 MF |
6 246 MF |
6 47 MF |
|||||||||||||||||||||||
Taux de croissance |
88-89 |
89-90 |
90-91 |
91-92 |
92-93 |
93-94 |
94-95 |
95-96 |
96-97 |
Sur 3 ans |
Sur 5 ans |
Sur 10 ans |
||||||||||||||||||||||
Nombre d'étudiants du MEN |
6,5 % |
8,3 % |
7,6 % |
9,1 % |
6 % |
6,1 % |
2,2 % |
2,3 % |
- 0,7 % |
3,8 % |
16,8 % |
58,1 % |
||||||||||||||||||||||
Nombre de BCS/AIE |
12,4 % |
10,5 % |
10,7 % |
7,3 % |
10,2 % |
17,3 % |
6,1 % |
2,2 % |
- 2,4 % |
5,8 % |
36,9 % |
101,8 % |
||||||||||||||||||||||
Budget |
10,2 % |
23,8 % |
13 % |
15 % |
13,7 % |
16 % |
12,6 % |
7,8 % |
8,3 % |
31,5 % |
73,5 % |
207,8 % |
2. Les aides indirectes
Depuis cinq ans, les aides indirectes aux étudiants ont augmenté dans des proportions sensibles, notamment concernant les capacités d'hébergement et de restauration. Lors de la dernière année universitaire, 150.000 étudiants étaient ainsi logés en résidences universitaires ou dans des foyers agréés et 73 millions de repas ont été servis grâce aux 181.000 places offertes dans les restaurants universitaires.
a) Les restaurants universitaires
Le tableau ci-après établit le bilan du
fonctionnement des restaurants universitaires depuis 1992 :
Année |
Nombre de repas étudiants (*) |
Subvention restauration |
Prix du ticket au 1er janvier |
1992 |
71 804 619 |
509 200 000 F |
11,50 F |
1993 |
72 490 933 |
527 200 000 F |
12,00 F |
1994 |
72 132 223 |
553 750 000 F |
12,30 F |
1995 |
67 990 715 |
567 020 000 F |
12,70 F |
1996 |
66 605 478 |
564 720 000 F |
13,20 F |
1997 |
66 750 000 |
564 720 000 F |
13,70 F |
1998 |
67 350 000 |
564 720 000 F |
14,10 F |
(*) pour 1997 et 1998, prévisions au 1er août 1997
b) Les résidences universitaires
Le potentiel d'accueil des étudiants en matière
de logement est constitué :
- de logements traditionnels dont l'entretien et le fonctionnement font
l'objet d'une subvention de l'Etat (environ 98.500 chambres classiques et
près de 1.500 logements dans les foyers agréés) ;
- de studios et d'appartements nouvellement construits (en application de la
loi du 18 juillet 1985) et répondant aux normes actuelles de
confort.
L'équilibre financier de cette dernière catégorie de
logements, qui ouvrent droit à l'aide personnalisée au logement,
est assuré par les seules recettes provenant des étudiants.
Une subvention d'hébergement et d'accueil d'un peu plus de 194 millions
de francs devrait être attribuée en 1998 au titre du
fonctionnement des résidences universitaires ; 252 millions de
francs sont en outre affectés à la maintenance ainsi qu'au fonds
de contractualisation, créé en 1996 et consacrés pour leur
plus grande partie à la rénovation du patrimoine immobilier des
oeuvres universitaires.
3. Les crédits prévus pour 1998 en faveur des aides aux étudiants
Le total des crédits consacrés aux aides en
faveur des étudiants devrait représenter pour 1998, hors mesures
nouvelles, 8,289 milliards de francs, soit une progression de 0,6 %
par rapport à 1997.
Sur ce total, les dépenses d'hébergement
s'élèveraient à un peu plus de 201 millions de
francs, les dépenses de restauration à près de
565 millions de francs, les dépenses de bourses à
6,527 milliards de francs (+ 0,68 %) et les prêts
d'honneur à 26 millions de francs.
B. DE NOUVELLES ORIENTATIONS EN MATIÈRE D'AIDE SOCIALE AUX ÉTUDIANTS
1. Le caractère " anti-redistributif " du système actuel : le rapport Cieutat
En janvier 1997, M. Bernard Cieutat, conseiller à la
Cour des Comptes, a remis au ministre un rapport dressant un état
précis de l'effort de la nation en direction des étudiants.
Les aides attribuées par le ministère en charge de l'enseignement
supérieur (bourses diverses, prêts d'honneur, financement des
oeuvres universitaires, aides aux associations étudiantes, compensation
aux établissements de l'exonération des droits d'inscription
accordée aux boursiers) ne représentent que 35 % du total.
Les étudiants bénéficient également d'aides
directes accordées par d'autres ministères. Il s'agit
principalement des aides au logement qui dépendent respectivement du
ministère du logement et du ministère des affaires sociales et
des aides fiscales du ministère du budget (réduction
d'impôt et majoration du quotient familial).
Les prestations versées sous condition de ressources (bourses, APL et
exonérations des droits d'inscription pour les boursiers) ne
représentent que 30 % de l'ensemble.
A l'inverse, les autres aides profitent soit à l'ensemble des
étudiants (ALS, oeuvres universitaires), soit aux foyers imposables et
donc davantage aux revenus élevés (aides fiscales).
Il en résulte qu'un étudiant issu d'une famille déclarant
plus d'un million de francs de revenus est davantage aidé que celui
d'une famille touchant le SMIC et près de deux fois plus que celui d'une
famille déclarant un salaire net de 140.000 francs.
La répartition des divers types d'aides est indiquée dans le
tableau ci-après :
Types d'aides |
Nombre de bénéficiaires |
Budget |
Ministères concernés |
Bourses sur critères sociaux |
353 000 |
) |
|
Bourses sur critères universitaires |
13 000 |
6,5 milliards |
) Enseignement supérieur |
Prêts d'honneur |
2 800 |
) |
|
Oeuvres universitaires |
2 000 000 |
1,9 milliard |
Enseignement supérieur |
Concours divers |
0,85 milliard |
||
Allocation logement (ALS) |
512 000 |
4,6 milliards |
CNAF - Aff. sociales |
Allocation logement (APL) |
120 000 |
0,75 milliard |
Équipement |
Déficit de la S.S. (régime étudiant) |
2 000 000 |
2,7 milliards |
Affaires sociales |
Déductions fiscales |
environ 800 000 |
9,3 milliards |
Budget |
TOTAL |
26,6 milliards |
Source : Rapport Cieutat
2. Les orientations du gouvernement
Lors de son discours de politique générale du 19
juin 1997, le Premier ministre a annoncé la mise en place d'un plan
social étudiant qui permettra à tous de travailler dans des
conditions matérielles convenables.
Le champ de ce plan social couvre non seulement les aides financières
directes et indirectes mais aussi les différents secteurs de la vie de
l'étudiant : logement, restauration, santé,
citoyenneté, sport, culture.
Une concertation a été engagée avec les organisations
étudiantes représentatives, les mutuelles étudiantes, les
présidents d'université, les syndicats, les parents
d'élèves. Les autres ministères concernés
(économie, finances et industrie, emploi et solidarité,
défense, équipement, transport et logement, agriculture et
pêche) devraient être associés au plan social
étudiant.
Un rapport d'étape devait être établi au moment de la
rentrée universitaire.
Un document synthétisant l'ensemble des contributions accueillies par le
groupe de travail consacré au statut étudiant devait être
présenté à la fin du mois d'octobre et une table ronde
devrait réunir début novembre l'ensemble des parties prenantes.
Si deux tendances se dégagent sur ce thème (allocation
d'études pour tous ou système redistributeur), le
réaménagement des aides fiscales et des aides au logement suppose
une concertation entre les ministères concernés et des mesures de
caractère législatif.
3. Les observations de la commission
Devant la commission, le ministre a indiqué que la
préparation du plan social étudiant, qui n'avait pas
été assorti d'un financement par le précédent
gouvernement, avait déjà fait l'objet d'une cinquantaine de
réunions de travail, et qu'il souhaitait associer la commission à
la préparation de ce plan en l'invitant à entendre le
président du groupe de travail sur le plan social étudiant.
Il a précisé que le Parlement sera invité à
examiner les principales orientations du futur statut étudiant lors d'un
débat qui sera organisé au printemps prochain.
Votre commission s'interroge sur la nécessité de reprendre
à zéro une concertation qui avait été
engagée par le précédent gouvernement sur ce thème
dans le cadre de la procédure dite des états
généraux de l'université et qui avait abouti à la
création d'un groupe de travail " vie de l'étudiant "
compétent pour examiner la mise en place d'un statut social, d'une
allocation d'études et la réforme des CROUS.
Elle tient à rappeler à cet égard les orientations qui
avaient été annoncées le 18 juin 1996 par le
précédent gouvernement concernant les grandes orientations du
statut de l'étudiant :
- une allocation sociale d'études devait être proposée aux
nouveaux étudiants entrant à l'université en 1997, sa mise
en place devant être progressive ;
- cette allocation sociale d'études se serait substituée aux
aides existantes et devait permettre de définir un nouveau cadre plus
équitable, le système actuel étant jugé trop
complexe et peu transparent, mais aussi d'unifier l'ensemble des prestations
sociales aujourd'hui servies aux étudiants ;
- cette allocation devait prendre en compte les revenus de la famille,
l'éloignement de la résidence de l'étudiant du site
universitaire choisi, certains critères pédagogiques et ne devait
pas être cumulable, au plan fiscal, avec le maintien de la demi-part
fiscale étudiante ;
- les nouvelles modalités d'attribution des aides sociales aux
étudiants devaient par ailleurs s'inscrire dans le cadre d'une
réflexion générale sur la réforme de la
fiscalité ;
- la refonte générale des aides sociales directes (bourses,
prêts d'honneur, ALS) et indirectes (réduction d'impôt pour
les enfants inscrits dans l'enseignement supérieur, demi-part fiscale
pour les étudiants à charge) avait également pour objet de
recibler ces aides sur les familles " moyennes ".
Votre commission estime ainsi qu'une réflexion approfondie a
déjà été engagée sur le statut
étudiant et que celle-ci devrait permettre d'accélérer la
préparation du futur plan social étudiant. Elle souhaiterait que
le débat parlementaire prévu au printemps sur ce thème
laisse au Parlement la possibilité de procéder à un
arbitrage entre les orientations qui lui seront proposées et que la
représentation nationale n'ait pas seulement à approuver un plan
qui conditionne le devenir de nos étudiants et de notre
université.
Votre commission ne peut enfin que s'inquiéter de l'initiative
récemment prise par les services fiscaux qui demandent désormais
aux étudiants d'acquitter la taxe d'habitation alors qu'ils n'y
étaient pas assujettis jusqu'à présent. Ce changement
annonce-t-il les nouvelles mesures du statut social étudiant ?
V. LES NOUVELLES ORIENTATIONS DU GOUVERNEMENT EN FAVEUR DE L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR
Ces nouvelles orientations concernent notamment la formation
continue à l'université, la prise en compte de la dimension
internationale de l'enseignement supérieur et l'ouverture des grandes
écoles.
Certaines devraient faire l'objet de tables rondes qui ont d'ores et
déjà engagé leurs réflexions.
Il conviendra également de s'interroger sur la perspective d'une
réforme générale des études médicales.
A. LE DÉVELOPPEMENT DE LA FORMATION CONTINUE À L'UNIVERSITÉ
1. Des capacités sous utilisées
En application de la loi de 1971, les établissements
d'enseignement supérieur se sont engagés dans la voie de la
formation professionnelle continue.
Au cours de l'année universitaire 1994-1995, 272.000 stagiaires
étaient ainsi inscrits dans les services de formation continue des
universités, des écoles d'ingénieurs, du Centre national
des arts et métiers, générant un " chiffre
d'affaires " de l'ordre de 1,2 milliard de francs.
En dépit des efforts accomplis par les établissements pour
accueillir des publics variés (salariés, demandeurs d'emploi...),
valider les acquis professionnels, aménager les cursus, recourir aux
nouvelles technologies, la formation continue dispensée par les
universités ne joue qu'un rôle limité et n'assure que
15 % des formations de niveau I et II et 8 % des formations de
niveau III.
Dans la perspective de la mise en place d'une formation permanente tout au long
de la vie active, et même au-delà, le système universitaire
doit développer son action de formation professionnelle continue et
ainsi contribuer à favoriser les allers et retours qui seront de plus en
plus nécessaires entre l'université et les entreprises.
2. Les propositions du ministre
Afin de favoriser la création de projets de
développement de la formation continue, le ministre a lancé un
concours auprès des établissements et a indiqué qu'un
appel d'offres venait d'être lancé auprès de grandes
entreprises pour organiser cette formation dans les universités.
Ce concours devrait :
- porter sur les formations diplômantes en introduisant les
mécanismes de validation des acquis prévus par la loi de 1992 et
en privilégiant le recours aux nouvelles technologies ;
- proposer des aménagements quant à l'organisation des
établissements pour accueillir en permanence des stagiaires pendant
toute la durée de l'année civile ;
- faire appel à des personnels intervenant en formation continue sur
leur temps normal de service.
Dès la fin de l'année 1997, une dizaine de projets devraient
être retenus et bénéficier d'une aide financière,
ces projets devant réserver une place importante à la validation
des acquis professionnels.
Le ministre a indiqué que l'objectif du gouvernement était de
faire en sorte que tous les diplômes accessibles en formation initiale
puissent être obtenus dans le cadre de la formation continue.
Il a cependant regretté devant la commission que certaines
universités aient pris l'habitude de placer les ressources qu'elles
tirent notamment de la formation continue, alors que cet argent devrait venir
en atténuation de leurs dépenses de fonctionnement
supportées par l'Etat.
Si votre commission manifeste son accord avec cette orientation qui consiste
à associer davantage l'université à la formation continue,
et donc à adapter ses formations aux besoins des entreprises, elle tient
cependant à souligner la nécessité de prendre en compte
ces tâches de formation dans l'évaluation des enseignants au
même titre que les activités pédagogiques, de recherche,
d'encadrement, d'animation et de direction des établissements.
Elle a en effet cru déceler une certaine réticence des
universitaires à prendre en charge cette formation continue parce que
celle-ci n'était pas prise en compte pour le déroulement de leur
carrière.
B. LE DÉVELOPPEMENT DE LA DIMENSION INTERNATIONALE DE L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR
1. L'ouverture actuelle de l'enseignement supérieur français vers l'extérieur
Depuis quelques années les établissements d'enseignement supérieur et l'Etat ont engagé un effort d'ouverture sur l'extérieur, notamment par le biais de partenariats de diverses natures.
a) Le réseau des instituts culturels français à l'étranger
Les instituts culturels français à l'étranger sont des services extérieurs du ministère des affaires étrangères. Leur réseau peut dispenser, pour le compte d'universités françaises auxquelles ces instituts sont liés par convention, des cours de DEUG ou même de licence à des étudiants étrangers. Ce système existe essentiellement dans les pays de l'Union européenne.
b) Les programmes européens
Les programmes Socrates, Leonardo, Lingua et Tempus sont destinés à favoriser la mobilité des étudiants et permettent de valider les périodes d'études passées à l'étrangers dans le pays d'origine.
c) Une politique d'échanges
Dans le cadre européen, se sont développés de nombreux accueils croisés d'étudiants, des cursus intégrés sanctionnés par des validations mutuelles, des diplômes à double sceau, des réseaux d'établissement.
d) Les co-tutelles de thèse
Les co-tutelles de thèses permettent à un
étudiant français ou étranger de se déplacer pour
préparer une thèse sous la double direction d'un professeur
français et d'un professeur étranger, de la soutenir devant un
jury mixte et de bénéficier d'un doctorat reconnu dans l'un et
l'autre des établissements liés par de telles conventions.
Cette procédure donne lieu à appel d'offres et
bénéficie d'allocations spécifiques. Elle constitue un
moyen de créer des liens durables entre enseignants-chercheurs, jeunes
chercheurs et laboratoires.
e) La mise en place de filières d'enseignement " en français "
Dans un certain nombre de pays, notamment ceux de l'Europe de
l'Est, ceux de la " francophonie " et ceux du champ de la
coopération, des filières d'enseignement supérieur en
français sont progressivement installées au sein
d'établissements étrangers inter-universitaires. Les domaines les
plus concernés sont le droit, l'administration, la gestion, certains
enseignements techniques à la suite d'accords passés entre
écoles d'ingénieurs.
Il s'agit d'assurer à des étudiants étrangers des
enseignements en français donnés par des professeurs
français ou locaux, encadrés dans un premier temps par des
enseignants français. Ces opérations mobilisent des moyens
relevant à la fois du ministère des affaires
étrangères et du ministère de l'éducation
nationale : bourses, délégations, consortium
d'universités... Certaines de ces filières sont en voie de
création en Russie, en Roumanie, en Turquie, au Liban et constituent un
investissement de formation dans la durée, intégrant contenu
scientifique et apprentissage linguistique.
f) Les formations technologiques courtes
En matière de formation technologique courte, la France
dispose d'un savoir-faire qu'elle exporte vers de nombreux pays notamment du
Maghreb, de l'Amérique latine et du Proche-Orient.
La plupart de ces actions passent par les établissements d'enseignement
supérieur, le ministère jouant d'abord un rôle de
médiation et d'impulsion et sont fréquemment co-financées
par le ministère des affaires étrangères et le
secrétariat d'Etat à la coopération.
2. Les orientations du gouvernement
Dans de multiples interventions, le ministre a exprimé
le souhait de placer la France sur le " marché " mondial de
l'éducation en développant la coopération internationale
mais aussi en ouvrant l'enseignement supérieur sur l'étranger. Il
a souligné l'émergence d'un marché mondial de
l'éducation dans lequel la France pouvait être à même
de diffuser son savoir-faire. Il a rappelé que les crédits de
coopération du budget du ministère de l'éducation
nationale s'élevait à 7 milliards de francs, contre 10,5
milliards pour celui des affaires étrangères, mais a
souligné que nos efforts étaient trop dispersés et
souffraient de rigidités dans les procédures administratives. Il
a ainsi annoncé la création prochaine au sein du ministère
d'une agence pour la coopération internationale autonome, qui sera
chargée de faire connaître l'offre française en
matière de formation et de recherche. Il a par ailleurs mis l'accent sur
la nécessité d'ouvrir davantage les universités
françaises aux enseignants et aux étudiants étrangers et a
proposé aux premiers un système d'échanges permettant
à des universitaires étrangers d'enseigner plusieurs mois en
France et aux seconds un système plus rigoureux d'admission
préalable, avec tests sur leurs capacités universitaires, assorti
de procédures moins tatillonnes une fois l'inscription acceptée.
Il a souhaité augmenter jusqu'à un tiers du total la proportion
des étudiants étrangers dans les grandes écoles, afin de
faciliter à l'avenir l'obtention de marchés à travers le
monde.
Il a également évoqué une future université
européenne, c'est-à-dire un système d'harmonisation des
études avec une trame commune, permettant aux étudiants et
enseignants de passer d'une université à l'autre et a
annoncé la tenue d'un colloque international sur ce thème
à Paris au printemps prochain.
Soulignant enfin l'importance croissante du marché international de
l'éducation qui se traduit par un nombre élevé d'appels
d'offres internationaux pour des écoles, des universités ou la
fourniture de manuels scolaires, il a estimé qu'il s'agissait moins
désormais d'apporter une aide au développement que d'attendre de
légitimes retours financiers en contrepartie de l'effort
réalisé.
C. VERS UNE OUVERTURE DES GRANDES ÉCOLES ?
1. Le rapprochement des universités et des grandes écoles
Par lettre du 21 juillet 1997, le ministre a
confié à M. Jacques Attali une mission de réflexion
et de propositions sur le rapprochement des universités et des grandes
écoles, qui devrait préserver l'originalité des deux
structures, ce rapprochement devant concerner la recherche, l'enseignement, les
diplômes et la mobilité des enseignants.
Consulté par le Président de votre commission, le 5 novembre
1997, M. Jacques Attali lui a indiqué la liste des
personnalités désignées pour engager cette
réflexion, le calendrier et les axes de travail de cette mission et
s'est proposé d'exposer ses premières orientations devant la
commission au début de l'année prochaine, son rapport devant
être publié au cours du deuxième trimestre 1998.
2. Une plus grande ouverture des écoles aux diplômés des filières technologiques et aux étudiants étrangers
Dans la perspective d'une revalorisation de la filière
technologique, le ministre a souhaité que les grandes écoles
s'ouvrent davantage aux bacheliers technologiques.
Il convient de rappeler que la réforme des classes préparatoires
aux grandes écoles, initiée à la rentrée 1995 en
classe de première année et à la rentrée 1996 en
classe de deuxième année, leur assure normalement un
débouché en classes préparatoires et un accès aux
écoles d'ingénieurs ; il est prévu en outre
d'étendre le champ des classes réservées aux titulaires de
BTS et de DUT qui préparent le concours à certaines écoles
d'ingénieurs.
Le ministre a souhaité devant la commission que le quart des entrants de
l'Ecole polytechnique soient issus des filières technologiques, mais cet
objectif suppose que les écoles les plus prestigieuses acceptent de
recruter des élèves en provenance de ces formations, ce qui
n'est pas le cas actuellement.
En cas de résistance de celles-ci à l'ouverture aux bacheliers
technologiques, et aussi aux étudiants étrangers il n'a pas exclu
un recours éventuel à la loi. Il a dénoncé en
particulier l'organisation actuelle des concours d'entrée dans les
grandes écoles pour les étrangers qui porte sur des
épreuves de français trop difficiles favorisant à
l'excès les étudiants francophones, ces épreuves devant,
selon lui, être reportées, au cours de la scolarité. Il a
par ailleurs indiqué que les étudiants étrangers seraient
sans doute disposés à acquitter des droits d'inscription plus
élevés dans nos établissements, un enseignement payant
étant gage de qualité, et a noté à cet égard
la désaffection des étudiants étrangers pour les
universités allemandes qui sont gratuites.
Votre commission constate avec satisfaction que certaines des propositions
formulées par sa mission d'information sur l'orientation des
étudiants des premiers cycles universitaires, et concernant
l'orientation des diplômés de la voie technologique, ont
été prises en compte par le gouvernement : elle rappelle
à cet égard que la mission préconisait une ouverture plus
large des CPGE aux bacheliers technologiques (mais aussi des IUT et des STS)
selon des quotas qui seraient fixés au niveau académique, un
accès plus large des diplômés de la filière
technologique aux grandes écoles existantes et aussi la création
de grandes écoles spécifiques dans la filière
technologique.
D. VERS UNE RÉFORME DES ÉTUDES MÉDICALES ?
Constatant les imperfections du système d'études médicales, le précédent gouvernement a confié aux professeurs Mattéi, Chabot et Etienne le soin de rédiger un rapport et de formuler des propositions de réforme.
1. Un constat alarmant
Les auteurs du rapport constatent que les facultés de
médecine souffrent manifestement d'un statut hybride, entre
université et école professionnelle et comporte un système
de sélection qui n'a nulle part ailleurs son équivalent.
Ils estiment que la formation des médecins est inadaptée,
obsolète, voire même parfois contraire aux intérêts
de la santé publique.
Ils soulignent en particulier la singularité et le cloisonnement
excessif de la formation médicale qui interdisent en fait la
réorientation des étudiants ayant échoué au
concours vers d'autres professions de santé. Ils rappellent en outre que
les modalités de la sélection des études de
médecine conduisent au rejet de près de neuf étudiants sur
dix. Ils considèrent également que la formation des futurs
médecins est inadaptée en termes de maîtrise des
méthodes de travail, d'éthique, de déontologie, de
formation clinique.
Ils observent enfin que le dispositif d'accès au concours de l'internat
conduit la majorité des futurs généralistes à
être sélectionnés par l'échec, constatent
l'impossibilité d'une réorientation en cours d'étude ou de
reconversions professionnelles pour les étudiants et concluent à
l'inadaptation de la formation scientifique des futurs hospitalo-universitaires
en fin de cursus.
2. Les propositions du rapport
Le rapport propose notamment :
- d'instaurer un DEUG santé qui clôturerait le premier cycle des
études médicales ;
- de créer des universités de santé qui regrouperaient
l'ensemble des formations de santé ;
- d'ouvrir davantage le 2e cycle sur des formations pluridisciplinaires
validées par des tests d'évaluation ;
- de réformer le concours de l'internat en instaurant un classement dans
trois nouvelles filières : médecine
spécialisée, chirurgie, médecine générale.
S'agissant du DEUG santé, celui-ci remplacerait l'actuel PCEM1 qui est
redoublé par nombre d'étudiants et serait attribué
à ceux qui auraient obtenu la moyenne, ce cursus du DEUG santé
permettant également un classement autorisant les étudiants
à s'orienter en médecine en fonction de leur rang et des places
disponibles.
S'agissant de l'internat, les auteurs proposent que celui-ci soit obligatoire
et qu'au terme de l'épreuve de classement, chaque candidat puisse
choisir sa filière de 3e cycle en fonction des possibilités
offertes par son rang de classement, et ait la possibilité de se
présenter à deux reprises, au moins.
Votre commission souhaiterait obtenir des précisions sur l'état
de la réflexion du gouvernement concernant la réforme des
études médicales et de la position du ministre en charge de
l'enseignement supérieur.
E. LES DIVERSES TABLES RONDES MISES EN PLACE DANS LE DOMAINE DE L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR
Outre la concertation déjà évoquée concernant la préparation du plan social étudiant et la mission de réflexion sur le rapprochement des universités et des grandes écoles, le ministère de l'enseignement supérieur a engagé une concertation en créant diverses tables rondes sur les points suivants :
1. Les mesures concernant les personnels administratifs et techniques
Créée en juin dernier, la table ronde sur les
personnels non-enseignants (IATOS) s'est réunie le 9 octobre 1997.
D'ores et déjà, elle a annoncé un certain nombre de
mesures relatives à l'organisation d'une première session du
concours interne pour aboutir à la titularisation des personnels en
situation précaire et à la création d'emplois en 1998 dans
l'enseignement scolaire et supérieur ainsi que dans la recherche.
2. L'emploi des jeunes chercheurs scientifiques
Une première réunion s'est tenue en juillet, associant 60 experts d'horizons divers. Les participants ont dressé une première liste de sujets à traiter au sein de quatre groupes de travail portant sur l'emploi des jeunes docteurs dans l'entreprise, l'emploi dans l'enseignement supérieur et la recherche publique, la condition des doctorants et la mobilité au cours de la carrière ultérieure. Des propositions devaient être faites dans le courant du mois d'octobre.
3. Les stages diplômants
Pour développer les relations entre étudiants et
monde professionnel, une table ronde sera organisée sur les stages afin
d'aboutir à la constitution d'une charte permettant de développer
les stages tout en assurant le respect de certains principes : un stage ne
doit pas remplacer un emploi, il doit être rémunéré
et se dérouler en dehors des horaires de cours.
Au début de l'année 1997, votre commission a entendu quelque
quinze personnalités sur les " stages diplômants ", le
compte rendu de ces auditions ayant donné lieu à un rapport
d'information
1(
*
)
.
Elle tient à rappeler que l'unité d'expérience
professionnelle (UEP) est un stage validé dans un cursus qui se
substitue à un enseignement. Créée par l'article 7 de
l'arrêté du 9 avril 1997 relatif au Deug, à la licence et
à la maîtrise, elle s'adresse à des étudiants de
deuxième cycle de l'enseignement général.
Principale mesure annoncée à l'issue de la conférence
nationale sur l'emploi des jeunes du 10 février 1997, l'UEP a pour
origine la proposition de M. Pineau Valencienne de créer des
" stages diplômants " pour les étudiants.
S'intégrant dans un panorama diversifié de dispositifs d'aide
à l'insertion des étudiants (stages, alternance, modules de
professionnalisation, étudiants salariés), elle a pour objectif
de faciliter l'insertion des étudiants de second cycle de l'enseignement
général.
D'une durée de 4 mois et demi, l'UEP est une unité " au
choix " de l'étudiant se substituant à un enseignement, sous
forme de stage en entreprise, placée sous la responsabilité de
l'université et de l'entreprise et validée par
l'université.
Sa mise en oeuvre suppose des adaptations de la législation sur les
stages (un texte est en préparation avec le ministère de l'emploi
et de la solidarité) ainsi qu'une concertation au plan local entre
universités et milieux socio-professionnels.
4. L'avenir des filières sportives
Compte tenu du développement des STAPS (sciences et techniques des activités physiques et sportives), cent postes de PRAG ont été mis à la disposition de ces filières à la rentrée 1998. A la fin du mois d'octobre, une table ronde devait être créée afin d'examiner le fonctionnement de cette filière et ses débouchés professionnels.
*
* *
Avec une augmentation deux fois supérieure à
celle du budget général de l'Etat, le projet de budget de
l'enseignement supérieur est présenté par le gouvernement
comme traduisant la priorité accordée à la formation de
nos étudiants et consacrant une rupture par rapport aux exercices
précédents.
Votre commission tient à nuancer cette présentation en rappelant
d'abord, sur un plan général, que l'effort de la nation, en
faveur de l'enseignement supérieur, tous financements confondus, place
notre pays dans une position très moyenne par rapport aux pays de
l'OCDE : est-il normal qu'un pays ne consacre pas plus de moyens à
la formation de ses étudiants qu'à l'équilibre financier
des transports ferroviaires ?
Elle regrette ensuite que le redéploiement qui avait été
amorcé dans le budget précédent entre l'enseignement
scolaire et l'enseignement supérieur ait été interrompu.
Elle considère, par ailleurs, qu'un budget en augmentation n'est pas
nécessairement un bon budget s'il n'est pas convenablement
géré : peut-on se satisfaire à cet égard d'un
taux d'échec en premier cycle qui touche 40 % des étudiants,
d'une sélection qui n'ose pas dire son nom mais qui est en fait de plus
en plus la règle dans notre système universitaire, de
l'inadaptation d'une bonne part de nos formations supérieures aux
besoins de l'économie, de l'absence quasi totale d'évaluation des
enseignants et des établissements d'enseignement supérieur, de
l'inégalité qui devient la règle entre les
universités selon leur nature et leur implantation, de dérives
comme celles qui ont été constatées par l'Inspection
générale dans l'utilisation des heures complémentaires,
d'un système coûteux d'aides sociales qui n'assure pas sa fonction
de redistribution entre les étudiants favorisés et ceux qui le
sont moins ?
On a salué ensuite, à juste titre, les efforts engagés par
l'Etat, et aussi par les collectivités territoriales, en matière
de construction universitaire : encore faut-il rappeler que cette
politique devrait être accompagnée d'un effort parallèle en
matière de fonctionnement des universités ; le plan
Université 2000 s'est en effet traduit, à cet égard,
par une baisse du budget de fonctionnement de chaque établissement.
Votre commission considère ainsi que le projet de budget de
l'enseignement supérieur pour 1998 ne marque aucune inflexion notable
par rapport à ceux qui l'ont précédé depuis le
début des années 90.
Elle déplore aussi que les réformes annoncées et
amorcées par le précédent gouvernement, avec l'appui
unanime de toutes les composantes de la communauté universitaire, aient
été remises en cause.
EXAMEN EN COMMISSION
Lors d'une réunion tenue le 19 novembre 1997, la
commission des affaires culturelles a examiné le
rapport pour avis de
M. Jean-Pierre Camoin sur les crédits de l'enseignement
supérieur inscrits au projet de budget pour 1998.
Un débat a suivi l'exposé du rapporteur pour avis.
M. Jacques Legendre
a souhaité que le rapport de la commission
consacre des développements aux conséquences de la baisse
démographique pour l'enseignement supérieur et a souligné
la nécessité de programmer les constructions universitaires en
fonction des besoins et d'utiliser les bâtiments existants de
manière satisfaisante.
M. Roger Quilliot
a également estimé que
l'évolution des effectifs étudiants devait être prise en
compte pour évaluer les besoins en locaux universitaires et en emplois.
Il a dénoncé l'archaïsme des bibliothèques
universitaires, où les étudiants n'ont pas, comme en Allemagne et
aux Etats Unis, libre accès aux ouvrages, sous réserve d'un
contrôle effectué à l'entrée et à la sortie
des bibliothèques. A propos de l'inflation des effectifs dans les
filières de sciences et techniques des activités physiques et
sportives (STAPS), il s'est demandé s'il ne serait pas souhaitable
d'établir un numerus clausus pour l'accès à ces
filières, comme il en existe d'ailleurs dans les IUFM, et il a
estimé que l'attrait des étudiants pour les filières STAPS
pouvait être comparé à celui éprouvé pour la
sociologie après 1968.
Se fondant sur son expérience personnelle, il a rappelé que les
maîtres assistants n'avaient normalement pas vocation à se livrer
à des activités de recherche et a estimé que le
recrutement des professeurs agrégés dans l'enseignement
supérieur ne risquait pas de conduire à une secondarisation de
l'université. Il a, en revanche, déploré que certains
professeurs d'université se déchargent de leurs cours sur les
professeurs agrégés.
S'agissant de l'évaluation des enseignants chercheurs, il a
souligné la nécessité de modifier les pratiques actuelles,
de contrôler la ponctualité et la présence des enseignants,
et a noté que l'évaluation ne devait pas être fondée
sur la rumeur ni la renommée. A cet égard, il a estimé que
le système américain de notation par les étudiants, qui "
votent aussi avec leurs pieds ", pouvait présenter un
intérêt.
Il a constaté que de trop nombreux locaux universitaires étaient
sous utilisés et a souhaité que leur utilisation soit
contrôlée par les directeurs des unités de formation et de
recherche et même par les recteurs chanceliers. Il a par ailleurs
dénoncé l'inflation incontrôlée des "
thésards " dans de nombreuses disciplines, notamment en philosophie, qui
est source d'aigreur et de déception pour les intéressés.
A propos des aides aux étudiants, il a rappelé que les aides au
logement des étudiants représentaient quelque 7 milliards de
francs et qu'un aménagement raisonnable du système pourrait
consister à offrir aux étudiants et à leur famille, comme
dans d'autres pays européens, un choix entre les aides directes et les
avantages fiscaux, au lieu de cumuler les deux avantages, et à appliquer
progressivement ce nouveau régime en commençant par les nouveaux
étudiants, ce qui permettrait de réaliser des économies de
l'ordre de 4 milliards de francs sur les dépenses d'hébergement
des étudiants.
M. Franck Sérusclat
a fait observer que le ministre actuel
n'avait pas pu reprendre les réformes de son prédécesseur
parce que celles ci n'avaient pas été chiffrées et
n'étaient pas assorties des crédits nécessaires à
leur mise en oeuvre, et que les moyens prévus par le projet de budget
tenaient compte de l'évolution des effectifs étudiants. Il a par
ailleurs contesté l'estimation faite par le rapporteur pour avis de
l'importance des emplois précaires dans l'enseignement supérieur,
et a estimé que la conclusion du rapport était inspirée
par une position de principe.
Soulignant le rôle joué par les collectivités locales dans
la réussite du plan " Université 2000 ",
M. Philippe
Richert
a indiqué que l'effort qu'elles avaient consenti
s'était aussi traduit par une détérioration de la
situation fiscale de nombre d'entre elles. Il a estimé inacceptable que
les collectivités territoriales soient à nouveau
sollicitées pour financer le prochain plan "U3M " et a
affirmé son refus d'entrer dans une logique destinée à
pallier le désengagement de l'Etat. Rappelant que les contraintes qui
pèsent sur le budget des collectivités locales sont au moins
aussi importantes que celles qui pèsent sur le budget de l'Etat, il a
refusé ce nouveau transfert de charges et indiqué qu'il se
rangerait à la position proposée par le rapporteur pour avis.
M. André Maman
a jugé dépassées les
oppositions de principe à la sélection à l'entrée
dans l'université, qui pourrait être un bon système si elle
était bien faite et s'accompagnait d'une véritable politique
d'orientation. Il a également estimé qu'il serait difficile d'en
rester à la gratuité des études supérieures,
soulignant que l'octroi de bourses pouvait permettre d'assurer
l'égalité d'accès à un enseignement
supérieur payant. Il a préconisé une participation des
entreprises privées au financement des universités, qui devrait
selon lui être sans influence sur le contenu des enseignements, en
estimant anormal que les grandes entreprises profitent gratuitement des
diplômés.
Il a également suggéré que les locaux universitaires
soient utilisés tout le long de l'année civile en s'ouvrant
notamment à des activités non universitaires. Il a enfin
souhaité que le Sénat prenne l'initiative d'une réflexion
générale permettant d'améliorer le fonctionnement de notre
système universitaire.
Rejoignant les dernières observations de M. André Maman,
M. Albert Vecten
a estimé que le Sénat pouvait
être l'artisan de cette réflexion et a dénoncé
notamment les gaspillages résultant de la construction de nouveaux
bâtiments universitaires alors que certains sont sous utilisés ou
inoccupés.
Répondant à ces diverses interventions,
M. Jean-Pierre Camoin,
rapporteur pour avis
, a notamment apporté les précisions
suivantes :
- le rapport comportera des développements sur l'évolution
prévisible des effectifs étudiants ;
- si la notation des enseignants par les étudiants peut être
considérée comme une révolution culturelle, elle existe
déjà dans des organismes comme l'Institut des hautes
études de la défense nationale et il conviendrait de la
développer ;
- la position exprimée par le ministre à l'égard des
réformes engagées par son prédécesseur n'a pas
été des plus mesurée ;
- les financements croisés nés des lois de
décentralisation constituent des " pièges mortels " pour les
collectivités locales et tendent à favoriser les régions
riches et à " étrangler " les régions plus pauvres ;
à la limite, on peut se demander si les chambres régionales des
comptes n'auraient pas vocation à poursuivre des maires qui participent
au financement des dépenses relevant de l'Etat ;
- la participation des collectivités locales au financement des
universités décentralisées devrait, en toute logique, leur
conférer des responsabilités dans la gestion de ces
établissements ;
- les universités à vocation européenne devraient sans
doute être sélectives et payantes pour leurs étudiants, en
fonction des revenus de ces derniers.
A l'issue de ce débat, et suivant les propositions de son rapporteur
pour avis, la commission a décidé de donner un
avis
défavorable à l'adoption des crédits de l'enseignement
supérieur pour 1998
.
1
Des " stages
diplômants "
aux unités de première expérience professionnelle.
Sénat. N° 276, 1996-1997.