EXAMEN EN COMMISSION

Au cours d'une séance tenue le 12 novembre 1997, la commission a examiné le rapport pour avis de M. Jean Bernadaux sur les crédits de l'enseignement scolaire pour 1998, présenté par M. Adrien Gouteyron, président, au nom du rapporteur pour avis, empêché.

Un débat a suivi l'exposé du président.

Mme Hélène Luc a souligné les efforts entrepris pour maintenir les emplois enseignants, créer des emplois de personnels non enseignants, réemployer les maîtres auxiliaires, développer la scolarisation des enfants de deux ans, et mettre en place un fonds social pour les cantines scolaires, même si ce fonds ne permettrait pas de répondre à toutes les situations de précarité.

Elle a noté que le problème du remplacement des enseignants était particulièrement préoccupant dans le second degré.

Elle a souhaité que la réforme du mouvement des enseignants, et le rapprochement évoqué des Instituts universitaires de formation des maîtres (IUFM) et des Missions académiques à la formation des personnels de l'éducation nationale (MAFPEN), fassent l'objet d'une concertation avec l'ensemble des organisations syndicales.

Elle a observé que la violence ne concernait pas que les zones d'éducation prioritaire et gagnait même les établissements privés.

Elle a par ailleurs estimé que l'effort engagé pour renforcer le service de médecine scolaire n'était pas suffisant, que le développement des nouvelles technologies devait être financé par l'éducation nationale afin de remédier à l'inégalité des ressources des collectivités locales, et que la réduction des effectifs en maternelle devait s'appliquer non seulement aux ZEP mais aussi aux zones sensibles et être étendue autant que possible.

Prenant acte de l'importance et de l'augmentation du budget de l'enseignement scolaire, qui apparaît comme un budget de transition, elle s'est déclarée favorable à son adoption. Soulignant que l'amélioration du système éducatif ne nécessitait pas seulement l'augmentation de ses moyens, elle a souhaité que les réformes annoncées par le gouvernement s'accompagnent d'une plus grande concertation avec les enseignants.

M. Jean-Louis Carrère a estimé que la commission aurait une attitude peu cohérente si elle décidait de donner un avis défavorable à un projet de budget qui est en forte progression et qui amorce des réformes significatives, alors qu'elle avait soutenu pendant quatre ans des budgets moins ambitieux.

M. James Bordas est convenu que le projet de budget présenté comportait des éléments intéressants mais a souligné le déphasage qui pouvait être constaté entre les mesures annoncées et les crédits proposés.

Il a fait observer que les nombreuses réformes annoncées nourrissaient une certaine incertitude parmi les principaux acteurs du système éducatif, qu'il s'agisse des chefs d'établissement, des enseignants, des services déconcentrés de l'éducation nationale ou des parents d'élèves, et il a relevé une contradiction entre les déclarations du ministre sur la nécessité de " dégraisser " l'administration de l'éducation nationale et les mesures prises, notamment en matière de recrutements.

En conséquence, il a indiqué qu'il ne pourrait donner un avis favorable à l'adoption du projet de budget de l'enseignement scolaire.

M. Daniel Eckenspieller a observé que les mesures prises en faveur des aides éducateurs et des maîtres auxiliaires répondaient sans doute à certains besoins des établissements et à la nécessité de développer l'emploi des jeunes mais étaient aussi sources de préoccupation pour l'avenir. Il a ensuite estimé qu'une réflexion devrait être engagée sur l'adaptation des enseignants à leur mission. Il a souligné que l'extension, certes souhaitable, de la scolarisation des enfants de deux ans nécessiterait une réflexion sur les moyens à mettre en oeuvre, l'accueil d'enfants aussi jeunes exigeant des personnels spécialisés, comme en témoignent d'ailleurs les exigences de recrutement auxquelles doivent satisfaire les communes qui mettent en place des structures d'accueil des jeunes enfants.

M. Franck Sérusclat a rappelé que les enfants de deux ans étaient depuis longtemps parfaitement accueillis en maternelle pour peu que les collectivités locales fassent les efforts nécessaires. Il s'est par ailleurs enquis des modalités de l'aménagement des rythmes scolaires préconisé par le ministre et a déclaré partager l'inquiétude du rapporteur concernant la modestie des moyens affectés au développement des nouvelles technologies.

Il a, enfin, estimé que les conclusions du rapport invitant la commission à se prononcer contre le projet de budget de l'enseignement scolaire semblaient traduire une position de principe, voire idéologique, qui ne tenait pas compte des nombreuses mesures d'urgence d'ores et déjà applicables.

M. Jean Bernard a souligné le caractère ambitieux des réformes annoncées par le ministre mais a exprimé son scepticisme quant à leur mise en oeuvre du fait des pesanteurs de notre système éducatif.

Se déclarant favorable à une concertation avec les enseignants, il a cependant estimé qu'il convenait de restaurer une hiérarchie dans l'éducation nationale, d'améliorer notamment la procédure de remplacement des enseignants et d'affecter des enseignants chevronnés dans les ZEP.

Il a enfin fait part de son intention de s'abstenir lors du vote du projet de budget de l'enseignement scolaire.

M. Jean-Pierre Camoin a noté que l'approbation d'un budget n'empêchait pas de formuler des critiques. S'agissant du projet de loi de finances pour 1998, il a rappelé que celui-ci s'inscrivait dans des contraintes financières acceptées par le corps électoral et que si le projet de budget de l'enseignement scolaire était en progression, d'autres, comme le budget de la défense, étaient en forte diminution et mettaient en danger de nombreux emplois.

Il a estimé qu'un bon budget n'était pas nécessairement un budget en augmentation mais devait être un budget bien géré : compte tenu du flou qui entoure notamment le recrutement annoncé de 150.000 emplois-jeunes en trois ans pour satisfaire des besoins mal identifiés, l'enseignement scolaire ne répond pas à cette exigence de bonne gestion.

Il a indiqué, en conséquence, qu'il approuvait la proposition de donner un avis défavorable à l'adoption du projet de budget de l'enseignement scolaire.

Répondant à M. Jean-Louis Carrère, M. Philippe Richert a fait observer que tout projet de budget comportait des aspects positifs et des éléments moins favorables. Déclarant que certains aspects du projet de budget de l'enseignement scolaire ne lui paraissaient pas acceptables, il a dénoncé le recrutement de 40.000 aides éducateurs dans l'éducation nationale au titre des emplois-jeunes, dont on souligne qu'ils ne sont pas des emplois de fonctionnaires mais qui sont néanmoins payés par l'Etat. A cet égard, il a relevé le " double langage " et souligné le manque de cohérence du gouvernement, qui a expliqué qu'il était dans l'obligation de réemployer les 28.000 maîtres auxiliaires en fonction en 1995 et en 1996 mais qu'il ne serait pas tenu de conserver les aides éducateurs dans l'éducation nationale à l'expiration de leur contrat.

Il a indiqué en conséquence qu'il ne saurait approuver les crédits de l'enseignement scolaire.

Répondant à ces interventions, M. Adrien Gouteyron, président , a apporté les précisions suivantes :

- les bénéficiaires du fonds social pour les cantines scolaires devront être définis avec précision ;

- les délais de remplacement des enseignants sont en moyenne d'une demi journée dans le premier degré, mais de quinze jours à un mois dans l'enseignement secondaire, ce qui justifie une réforme du système ;

- le rapprochement évoqué des IUFM et des MAFPEN devrait avoir pour objet d'assurer plus de cohérence dans les formations dispensées aux enseignants ;

- le développement des nouvelles technologies ne bénéficiera que de 104 millions de francs, dont 70 millions de francs pour permettre aux établissements d'enseignement secondaire d'accéder au réseau Internet ;

- si le projet de budget de l'enseignement secondaire comporte un certain nombre de mesures positives, il ne répond pas aux besoins de l'éducation nationale et privilégie une approche plus quantitative que qualitative ;

- l'organisation des rythmes scolaires peut emprunter diverses modalités que le ministre n'a pas encore précisées ;

- la répartition du financement des technologies nouvelles dans les écoles et les établissements entre l'Etat et les collectivités locales devrait être explicitée par le ministre.

A l'issue de ce débat, la commission, suivant les propositions de son rapporteur pour avis, a décidé de donner un avis défavorable à l'adoption des crédits de l'enseignement scolaire pour 1998.

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