D. LA DIVERSIFICATION DES LANGUES ÉTRANGÈRES DANS L'ENSEIGNEMENT SCOLAIRE

1. La position de la commission

La diversification des langues étrangères dans l'enseignement scolaire constitue une préoccupation constante de votre commission. Celle-ci s'est traduite notamment par un rapport de M. Jacques Legendre publié le 15 novembre 1995 au nom de la mission d'information sur l'enseignement des langues vivantes dans l'enseignement scolaire dont les propositions s'ordonnaient autour d'un objectif principal : réduire le développement du " tunnel de l'anglais " dès l'école primaire et maintenir l'enseignement des grandes langues européennes et mondiales.

Votre commission a d'ailleurs pu constater avec une certaine satisfaction que le ministre estimait lui aussi que l'anglais ne devait plus être considéré comme une langue étrangère mais comme un outil de travail au même titre que l'ordinateur et Internet. Selon lui, l'objectif recherché est de faire acquérir aux élèves la maîtrise de l'anglais et de deux langues étrangères afin de remédier au recul préoccupant des grandes langues européennes, notamment l'allemand et l'italien et du russe, la promotion des langues étrangères autres que l'anglais tendant par ailleurs à renforcer en retour l'enseignement du français dans les pays concernés.

Votre commission ne peut que regretter que les choix linguistiques des élèves, pour des raisons diverses tendent à privilégier l'anglais en dépit d'une offre de langues vivantes particulièrement large dans l'enseignement scolaire.

2. Les langues proposées dans l'enseignement scolaire

a) Dans le premier degré

Depuis la rentrée 1995, l'initiation aux langues vivantes au cours élémentaire offre aux enseignants le choix entre six langues : l'allemand, l'arabe, l'anglais, l'espagnol, l'italien et le portugais. Un document d'information, distribué à la rentrée 1996 à toutes les écoles, rappelle aux enseignants et aux familles que " la diversité des langues reste la règle ".

La circulaire du 1er mai 1997 précise également que " les maîtres se déclarent volontaires dans la langue de leur choix et informent le conseil d'école de ce choix ". Les parents choisissent pour leurs enfants une langue parmi celles proposées par l'école. Les inspecteurs d'académie fournissent les outils et les formations qui permettent aux enseignants de mettre en oeuvre l'initiation dans le cadre de six langues proposées par le dispositif. Cette liberté des maîtres de proposer l'initiation dans la langue de leur choix pourra conduire les élèves, au cours de leur scolarité primaire, à rencontrer plusieurs langues.

Les trois séries vidéo " CE1/CE2 et CM1 sans frontière ", produites par le CNDP, sont proposées dans quatre versions linguistiques différentes (allemand, anglais, espagnol et italien). Le ministère a également participé à hauteur de 500.000 francs au financement d'un outil spécifique en langue portugaise.

b) Au collège

La nouvelle organisation du collège, telle qu'elle a été définie par le décret du 29 mai 1996 a confirmé la place occupée par les langues vivantes dans la formation dispensée.

Le choix de la première langue vivante continue à s'effectuer dans la classe de sixième qui constitue désormais le cycle d'adaptation.

A partir de la deuxième année du cycle central, que représente la classe de quatrième intervient l'étude d'une deuxième langue vivante. A compter de la rentrée scolaire 1998, l'enseignement de la deuxième langue vivante, qui constitue, actuellement une option, deviendra obligatoire pour tous les élèves de cette classe, ce qui ne peut que contribuer à une plus grande diversification des langues vivantes enseignées à ce niveau de scolarité.

Ces dispositions devraient contribuer à promouvoir la place des langues vivantes au collège et à mieux préparer les élèves à suivre les enseignements proposés au lycée.

Par ailleurs à l'occasion de la réforme des collèges, les programmes de langues vivantes étrangères ont été revus. En fin de troisième, les élèves auront été entraînés à maîtriser, outre des compétences linguistiques, des compétences culturelles consistant à faire prendre conscience des similitudes et des différences entre la France et les pays dont ils apprennent la langue et des compétences méthodologiques.

Pour les langues à faible effectif, il n'existe ni manuels scolaires, ni matériels didactiques, hormis les documents provenant des pays concernés. Pour faire face à cette situation, le ministère et le CNDP ont décidé de diffuser gratuitement un périodique à tous les professeurs concernés. Au cours de l'année 1996-1997, l'opération a été lancée pour l'arabe ; avant la fin de l'année en cours un premier numéro sera diffusé pour l'hébreu et des travaux analogues sont envisagés pour le portugais et le russe.

c) Au lycée

En classe de seconde, les élèves peuvent choisir jusqu'à trois langues vivantes (une langue est obligatoire pour tous et deux langues peuvent être choisies en tant qu'options obligatoires ou facultatives).

En classes de première et terminale, selon les séries, la situation est la suivante :

- la langue vivante 1 est obligatoire pour tous les élèves. Elle bénéficie d'un horaire plus important en série L (littéraire) ;

- la langue vivante 2 peut être choisie comme un enseignement obligatoire en séries ES (économique et sociale) et L (littéraire). Depuis la rentrée 1994, elle fait partie des enseignements obligatoires de la série STT (sciences et technologies tertiaires).

Dans toutes les autres séries de la voie générale et de la voie technologique, la LV2 peut désormais être choisie en option.

Des options de langue vivante renforcée peuvent par ailleurs être offertes en séries ES et L.

La langue vivante 3 peut être choisie en option dans les séries ES, L et S. Pour les élèves des séries L et ES n'ayant pas suivi l'option en classe de seconde, l'horaire peut être porté à cinq heures hebdomadaires. En classe terminale, le choix de cette langue, en tant qu'enseignement de spécialité, doit permettre aux élèves de se donner un profil " lettres-langues " ou " économie-langues " particulièrement marqué. Les langues vivantes pourront, dans ce cas, représenter plus du tiers du total des coefficients du baccalauréat L et près du quart du total des coefficients en série ES.

Les conditions de l'enseignement des langues vivantes sont susceptibles de s'améliorer grâce à la possibilité, pour les élèves des classes de seconde et première, de suivre un enseignement en module, qui se déroule en effectifs réduits et qui a pour objectif de fournir aux élèves, en plus des heures de cours traditionnelles, une aide plus personnalisée et mieux adaptée à leurs besoins, en particulier dans le domaine méthodologique. En classe de seconde, le module porte obligatoirement sur la langue vivante 1 ; en classe de première, la décision de faire porter le module sur les langues relève de la compétence des établissements.

S'agissant de l'évaluation au baccalauréat, l'expression écrite est valorisée, la langue vivante 1 faisant désormais l'objet d'une épreuve écrite dans la quasi totalité des séries.

Par ailleurs, l'éventail des langues pouvant être passées en tant qu'épreuves obligatoires a été élargi depuis la session 1995 : le turc, le vietnamien, l'arménien, le norvégien, le suédois et le finnois s'ajoutent aux quatorze langues déjà prévues par la réglementation antérieure. Le cambodgien et la langue persane ont été inscrits à ce titre depuis la session 1997 du baccalauréat.

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