B. VERS UNE NOUVELLE CONCEPTION DE L'AMÉNAGEMENT DES RYTHMES SCOLAIRES

1. Le cadre réglementaire des expériences déjà engagées

Le décret du 22 avril 1991 donne compétence à l'inspecteur d'académie, pour adapter l'organisation du temps scolaire définie nationalement, sur proposition du conseil d'école ou avec son accord, après avis de la commune et concertation avec les différents partenaires concernés et consultation du conseil départemental de l'éducation.

Le cadre réglementaire qui doit être respecté lors de tout aménagement du temps scolaire garantit le respect des horaires d'enseignement, la cohérence avec les programmes et limite par ailleurs la durée de la journée et de la semaine scolaires.

2. Les diverses possibilités d'aménagement du temps scolaire

Les possibilités d'aménagement du temps scolaire conduisent à faire coexister différents modes d'organisation de la semaine scolaire. Trois types de fonctionnement peuvent être observés :

- l'organisation " traditionnelle " de quatre jours et demi comprenant un samedi vaqué sur trois reste prépondérante ;

- environ 10 % des écoles pratiquent la semaine continue du lundi au vendredi, les cours du samedi matin étant reportés au mercredi matin ;

- environ 20 % des écoles fonctionnent en " semaine de quatre jours ". Les samedis et mercredis étant vaqués, douze jours de classe sont récupérés sur les congés scolaires. Plus d'un quart des écoles ont adopté une organisation qui libère totalement le samedi.

La journée scolaire peut également comporter des aménagements. Dans le but d'enrichir et de diversifier les enseignements inscrits dans les programmes, les aménagements de la journée scolaire se conjuguent généralement avec un aménagement du temps extra scolaire de l'enfant.

L'aménagement du temps scolaire s'appuie depuis une douzaine d'années sur la collaboration établie entre les ministères chargés de l'éducation, de la jeunesse et des sports et de la culture, d'une part, et les collectivités locales concernées, d'autre part. Ce système a permis à un grand nombre d'enfants de pratiquer des activités sportives et culturelles en continuité avec l'enseignement scolaire, pendant les temps péri et extra scolaires. Les activités qui prennent place sur le temps scolaire se déroulent sous la responsabilité du maître qui a recours à un intervenant extérieur. Ces activités sont facultatives en dehors du temps scolaire et l'intervenant dispose alors d'une grande autonomie. Les élèves d'environ 20 % des écoles ont accès à ce type d'activités.

3. Les expériences engagées

Elaborée dans le cadre de la politique contractuelle d'aménagement des rythmes de vie des enfants et des jeunes, la circulaire interministérielle du 31 octobre 1995 traduit la volonté de poursuivre et de renforcer les actions locales menées jusqu'à présent et de les étendre progressivement aux établissements scolaires du second degré. Désormais, une procédure unique, le contrat d'aménagement des rythmes de vie des enfants et des jeunes, regroupe tous les dispositifs antérieurs. L'Etat participe au financement de ces contrats sur le budget du ministère de la jeunesse et des sports.

C'est dans le même cadre que, depuis la rentrée 1996, 165 sites pilotes pour l'aménagement des rythmes scolaires ont été retenus afin d'expérimenter de nouveaux rythmes. Le dispositif consiste à dégager de larges plages horaires consacrées à la pratique de disciplines sportives ou artistiques, ce qui implique la récupération des heures d'enseignement correspondantes sur les congés scolaires.

Pour l'année scolaire 1996-1997, 436 écoles élémentaires et 251 écoles maternelles pour le premier degré public, 29 collèges et deux lycées pour le second degré public ont adhéré à la politique d'aménagement des rythmes scolaires à travers ces sites pilotes, répartis dans 324 communes. En tout, ce sont environ 100.000 enfants et adolescents qui ont pu bénéficier de cette expérimentation au cours de l'année.

A l'automne 1996, ces premières expériences ont été étendues à l'échelle de deux départements (Marne et Hautes-Alpes) et d'un grand centre urbain (Marseille) au sein desquels tous les établissements scolaires (écoles et collèges) peuvent établir un projet spécifique d'aménagement de l'organisation du temps. Les premiers projets validés devaient fonctionner dès la rentrée 1997.

4. Le financement de ces expériences

Le financement des expériences menées dans les sites pilotes, établi par contrat, est diversifié, compte tenu du partenariat dont elles bénéficient. Il est assuré pour une part essentielle (50 % en moyenne) par les communes, dont l'implication est primordiale pour la mise en place et le développement de ces expériences. Les projets sont subventionnés pour un tiers par l'Etat sur le budget du ministère de la jeunesse et des sports.

La commune responsable de l'organisation des activités proposées participe nécessairement à ce financement. L'Etat apporte un financement aux projets en fonction des ressources propres de la collectivité territoriale et de la qualité des contrats, analysée localement par des représentants des ministères partenaires. D'autres partenaires peuvent s'associer : fonds d'action sociale pour les travailleurs immigrés et leur famille, mutualité sociale agricole, caisses d'allocations familiales...

Le ministère de la jeunesse et des sports, chargé d'instruire les dossiers a établi le budget des sites pilotes au mois de janvier 1997 : sur un coût total de 232 millions de francs, les communes ont pris à leur charge plus de 50 % des dépenses, le ministère de la jeunesse et des sports près de 30 %. Les autres collectivités locales participent à hauteur de presque 5 % et les ministères partenaires à hauteur de 4 %.

L'éducation nationale a participé à l'organisation des activités enrichissant les contenus éducatifs, en consacrant 131 millions de francs sur le budget 1997 à l'aide aux activités éducatives et innovantes, dont 600.000 francs sont spécifiquement destinés aux projets élaborés dans la Marne, les Hautes-Alpes et Marseille, et 1,6 million de francs à des projets particuliers.

Une commission mise en place par le ministre de l'éducation nationale étudie les expériences engagées et les modalités d'un développement ultérieur de l'aménagement des rythmes scolaires. Des propositions devaient être formulées à l'automne 1997.

5. Les nouvelles orientations du gouvernement

Devant la commission, le ministre a indiqué que la maîtrise du processus d'aménagement des rythmes éducatifs, qui avait été précédemment confiée de manière inopportune au ministère de la jeunesse et des sports, reviendrait désormais à l'éducation nationale.

Il a également exposé sa conception des rythmes éducatifs en exprimant ses réserves personnelles quant à l'élargissement de la semaine de quatre jours et en indiquant que la matinée des élèves devrait être réservée aux activités scolaires, que l'après-midi serait occupée par des activités sportives et culturelles et se terminerait par des études surveillées facultatives pour les élèves.

Il a ajouté que l'organisation des rythmes éducatifs s'inscrivait dans le cadre de la création des emplois-jeunes et plus spécialement des aides éducateurs qui resteront placés sous l'autorité des enseignants, cette organisation constituant par ailleurs un gisement d'emplois infiniment moins coûteux que le projet initié par le précédent gouvernement.

Sur ce dernier point, la ministre déléguée a précisé que les expériences engagées avaient révélé des inégalités de traitement pour les élèves liées aux ressources des communes qui y ont participé : elle a évalué le coût de l'extension du précédent dispositif à neuf milliards de francs.

Le ministre a également rappelé que deux millions d'élèves des écoles bénéficient aujourd'hui d'un enseignement à temps aménagé avec l'aide des associations et des collectivités locales mais ces expériences coûteuses sont actuellement réservées aux communes riches : le recours aux emplois-jeunes permettra de poursuivre l'expérience en fonction du projet éducatif de l'établissement sous le contrôle des enseignants sans recourir à des intervenants extérieurs et devrait privilégier le développement des activités sportives, culturelles et l'utilisation des nouvelles technologies.

6. Les observations de la commission

Votre commission ne peut qu'exprimer sa satisfaction à l'égard des nouvelles orientations annoncées par le ministre dans le domaine de l'aménagement des rythmes scolaires.

En dépit des réserves formulées plus haut sur le principe même des emplois-jeunes, elle se félicite d'abord que l'éducation nationale, qui en a la vocation, retrouve la maîtrise de ces expériences et que notamment les aides éducateurs, qui appartiennent à l'équipe pédagogique des établissements, participent largement à l'encadrement d'un dispositif s'inscrivant dans le projet d'établissement et soient conduits à remplacer des intervenants extérieurs au statut mal défini et excessivement autonomes.

Elle observe également que l'utilisation de ces aides éducateurs devraient permettre de remédier aux disparités de ressources entre les communes et d'assurer une égalité de traitement à l'ensemble des élèves.

Elle constate enfin avec satisfaction que le flou qui entourait certaines activités péri ou parascolaires, hors le contrôle de l'éducation nationale, ait été levé.

Elle s'interroge cependant sur l'avenir d'un dispositif qui risque de se trouver fragilisé au terme du contrat des aides éducateurs et se demande si les collectivités locales ne seront pas conduites à prendre en charge son financement au bout de cinq ans. A cet égard, elle souhaiterait obtenir des précisions du gouvernement quant aux modalités de développement du dispositif et quant à sa consolidation.

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