Sénat
Table des matières
-
PRINCIPALES OBSERVATIONS
- INTRODUCTION
-
CHAPITRE PREMIER
L'ADMINISTRATION DES ANCIENS COMBATTANTS
-
CHAPITRE II
LES INTERVENTIONS DU MINISTÈRE
-
CHAPITRE III
LA DETTE VIAGERE -
CHAPITRE IV
LA POLITIQUE DE LA MEMOIRE
-
CHAPITRE V
DES INSUFFISANCES QUI NE PERMETTENT PAS L'ADOPTION DU BUDGET -
ANNEXE I
PRÉSENTATION DE L'ARTICLE 62 RATTACHÉ DU PROJET DE LOI DE FIANCES
L'ARTICLE 62 RELATIF À L'INDEMNISATION DES ÉTRANGERS DÉPORTÉS DEPUIS LA FRANCE, AYANT ACQUIS DEPUIS LORS LA NATIONALITÉ FRANÇAISE -
ANNEXE II
MODIFICATIONS APPORTÉES PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE EN DEUXIÈME DÉLIBÉRATION- I. MODIFICATION DES CRÉDITS
- II. ARTICLE 62 BIS (NOUVEAU) : MODIFICATION DES MODALITÉS DE CALCUL RELATIVES AU MONTANT MAXIMAL DE LA MAJORATION PAR L'ETAT DE LA RENTE MUTUALISTE
- III. ARTICLE 62 TER (NOUVEAU) : ASSOUPLISSEMENT DES CONDITIONS D'ATTRIBUTION DE LA CARTE D'ANCIEN COMBATTANT D'AFRIQUE DU NORD
- IV. ARTICLE 62 QUATER (NOUVEAU) : AUGMENTATION DE L'ALLOCATION DIFFÉRENTIELLE POUR LES ANCIENS COMBATTANTS D'AFN AYANT COTISÉ AU MOINS 160 TRIMESTRES
-
ANNEXE III
EXAMEN EN COMMISSION
N° 85
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1997-1998
Annexe au procès verbal de la séance du 20 novembre 1997.
RAPPORT GÉNÉRAL
FAIT
au nom de la commission des Finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la Nation (1) sur le projet de loi de finances pour 1998 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE ,
Par M. Alain LAMBERT,
Sénateur,
Rapporteur général.
TOME III
LES MOYENS DES SERVICES ET LES DISPOSITIONS SPÉCIALES
(Deuxième partie de la loi de finances)
ANNEXE N° 6
ANCIENS COMBATTANTS
Rapporteur spécial
: M. Jacques BAUDOT
(1) Cette commission est composée de :
MM.
Christian Poncelet,
président
; Jean Cluzel, Henri Collard,
Roland du Luart, Mme Marie-Claude Beaudeau, MM. Philippe Marini,
René Régnault,
vice-présidents
; Emmanuel
Hamel, Gérard Miquel, Michel Sergent, François Trucy,
secrétaires
; Alain Lambert,
rapporteur
général
; Philippe Adnot, Bernard Angels, Denis Badré,
René Ballayer, Bernard Barbier, Jacques Baudot, Claude Belot,
Mme Maryse Bergé-Lavigne, MM. Roger Besse, Maurice Blin, Joël
Bourdin, Guy Cabanel, Auguste Cazalet, Michel Charasse, Jacques Chaumont, Yvon
Collin, Jacques Delong, Yann Gaillard, Hubert Haenel, Claude Haut,
Jean-Philippe Lachenaud, Claude Lise, Paul Loridant, Marc Massion, Michel
Mercier, Michel Moreigne, Joseph Ostermann, Jacques Oudin, Maurice Schumann,
Henri Torre, René Trégouët.
Voir les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
230
,
305
à
310
et T.A.
24
.
Sénat
:
84
(1997-1998).
Lois de finances. |
PRINCIPALES OBSERVATIONS
1. Trop de revendications non satisfaites
Contrairement au budget de l'année précédente qui avait
élargi le champ des bénéficiaires du Fonds de
solidarité et avait amélioré les prestations offertes, le
projet de budget pour 1998 doit faire face à la pénurie de
crédits. En conséquence, il se contente de gérer le
dispositif législatif et réglementaire existant qui fixe les
droits des anciens combattants. A l'origine, il ne comprenait qu'une seule
mesure nouvelle en faveur du monde combattant : l'indemnisation des
étrangers déportés depuis la France entre 1940 et 1945 et
ayant acquis depuis la nationalité française, dont le coût
est évalué à 12 millions de francs. Devant le
tollé soulevé par ce budget sans ambition aussi bien chez les
anciens combattants que chez les parlementaires, le gouvernement a dû
faire machine arrière et consentir à une augmentation des
crédits de 40 millions de francs. Pourtant, trop de revendications
restent non satisfaites : la décristallisation des pensions
versées aux anciens combattants d'outre-mer ; l'indemnisation des
anciens incorporés des Reichsarbeitsdienst et des Kriegshilfedienst ; la
revalorisation des pensions versées aux veuves d'anciens combattants ;
la poursuite des négociations sur la simplification du rapport constant
et sur la retraite anticipée pour les anciens combattants d'Afrique du
Nord...
2. Une réduction des dépenses de 360 millions de francs
purement comptable et donc transitoire
Une mesure de trésorerie réduit à zéro, pour 1998
le chapitre 47-22, retraite mutualiste, qui disposait en 1997 de
360 millions de francs de crédits. En effet, l'Etat a
décidé de s'aligner sur le régime de droit commun : le
remboursement par l'Etat de la majoration versée par les mutuelles
à leurs adhérents n'interviendra qu'à la clôture de
leurs comptes pour l'année, donc au cours du premier trimestre de
l'année suivante. Le budget 1999 retrouvera donc la dotation habituelle
du chapitre.
3. Une politique de la mémoire menacée
En 1997, votre rapporteur a effectué une mission de contrôle sur
la politique de la mémoire menée par la Délégation
à la Mémoire et à l'Information Historique. Les
conclusions du rapport rappelaient que la légitimité du
ministère reposait sur sa capacité à mener une politique
de la mémoire rénovée et insistaient sur deux
nécessités : la poursuite du programme de travaux 1996-200 pour
la rénovation des nécropoles nationales et l'augmentation des
crédits en faveur de l'action éducative et culturelle. Or, le
budget va à l'encontre de ces propositions puisque, faute de
crédits, le programme pluriannuel de rénovation des
sépultures de guerre est interrompu tandis que les crédits pour
les interventions en faveur de l'information historique diminuent de plus de
40 %. Cette réduction drastique des crédits ayant
provoqué l'émoi chez les anciens combattants, le
secrétaire d'Etat aux anciens combattants avait annoncé une
augmentation de 7 millions de francs des crédits en faveur de la
politique de la mémoire. Mais cette déclaration d'intention n'a
pas survécu aux arbitrages budgétaires. Faute de crédits
suffisants, la Délégation à la Mémoire et à
l'Information Historique aura bien du mal à accomplir sa mission.
4. Un secrétariat menacé à moyen terme de
disparaître
Suite au changement de majorité gouvernementale, le ministère des
anciens combattants a été rabaissé au rang de
secrétariat d'Etat rattaché au ministère de la
défense. Or, il risque d'être peu à peu
intégré totalement à ce ministère, pour devenir une
simple direction générale des anciens combattants. Certains
signes sont avant-coureurs, comme le développement d'une
coopération entre le ministère de la défense et le
secrétariat aux anciens combattants dans les domaines de la politique de
la mémoire et de l'entretien des cimetières.
INTRODUCTION
Les crédits proposés pour 1998
s'élèvent à 25,9 milliards de francs, en diminution
de 3,5 % par rapport à 1997.
Toutefois, ce budget
présente la caractéristique d'être structurellement
orienté à la baisse en raison de la diminution du nombre de ses
ressortissants.
Pour 1998, une mesure de trésorerie réduit à zéro
le chapitre 47-22 (retraite mutualiste), qui disposait en 1997 de
360 millions de francs de crédits. En effet, l'État a
décidé de s'aligner sur le régime de droit commun : le
remboursement par l'État de la majoration versée par les
mutuelles à leurs adhérents n'interviendra qu'à la
clôture de leurs comptes pour l'année, donc au cours du premier
trimestre de l'année suivante.
Nature des crédits |
Crédits votés pour 1997 |
Crédits demandés pour 1998 |
Évolution en % |
Titre III - Moyens des services |
1.197,9 |
1.199,8 |
+0,16 |
Personnel |
843,2 |
847,2 |
+0,47 |
Matériel et fonctionnement des services |
85,5 |
87,8 |
+2,7 |
Subventions de fonctionnement |
269,2 |
264,8 |
- 1,63 |
- dont ONAC |
227,7 |
221,9 |
-2,55 |
- dont INI |
41,5 |
42,9 |
+ 3,37 |
Titre IV- Interventions publiques |
25.681,5 |
24.736,2 |
- 3,68 |
- dont dette viagère |
21.189,5 |
20.641,8 |
- 2,58 |
- dont Fonds de solidarité pour les anciens combattants d'Afrique du nord |
1.535,4 |
1.523,8 |
- 0,75 |
Titre V- Investissements exécutés par l'État |
|
|
|
- autorisations de programme |
11,2 |
21,2 |
+82,28 |
- crédits de paiement |
13,7 |
16,2 |
+18,25 |
Total général |
26.893,2 |
25.952,2 |
- 3,5 |
La structure du budget des anciens combattants est caractéristique d'un budget d'intervention : en 1998, seuls 4,62 % des crédits sont consacrés aux moyens des services, tandis que 95,38 % le sont aux dépenses d'intervention, dont l'essentiel est constitué par la dette viagère. En effet, celle-ci, avec un montant de 20,6 milliards de francs, représente à elle seule 79,5 % du budget des anciens combattants et victimes de guerre.
CHAPITRE PREMIER
L'ADMINISTRATION DES ANCIENS
COMBATTANTS
I. LES SERVICES DU MINISTÈRE
A. LA POURSUITE DE LA RÉDUCTION DES EFFECTIFS
En 1998, l'ajustement des effectifs se poursuit :
88 emplois sont supprimés dont 2 en administration centrale et
86 dans les services déconcentrés. Il s'agit d'emplois
vacants dont la suppression est rendue possible par la diminution des
tâches, l'amélioration de la productivité, la formation
à la polyvalence et le partenariat entre les directions.
Pourtant, les dépenses en personnel augmentent très
légèrement (+ 0,47 %) pour s'élever à
847,2 millions de francs, du fait de l'augmentation des dépenses de
pensions et allocations pour le personnel en retraite .
B. DES MOYENS DE FONCTIONNEMENT EN PROGRESSION
Les crédits disponibles au titre III augmentent de
2,7 % pour s'élever à 87,8 millions de francs. Cette
hausse est largement liée au renforcement des moyens des services
déconcentrés.
Par ailleurs, la nomenclature a été simplifiée. Ainsi, les
moyens de fonctionnement des services, autrefois répartis entre le
chapitre 34-95 (dépenses d'informatique et de télématique)
et le chapitre 34-96 (moyens de fonctionnement des services) ont
été regroupés dans un chapitre unique (chapitre 34-98,
moyens de fonctionnement des services centraux). De même, le chapitre
37-93 (plan de modernisation) a été supprimé et ses
crédits ont été répartis entre le nouveau chapitre
34-98 déjà évoqué et le chapitre 37-61 (moyens de
fonctionnement des services déconcentrés).
II. LES ÉTABLISSEMENTS SOUS TUTELLE
A. L'OFFICE NATIONAL DES ANCIENS COMBATTANTS
1. Les missions de l'Office exercées pour le compte du ministère des anciens combattants
L'Office national des anciens combattants (ONAC), dont la
création remonte à une loi du 27 juillet 1917, est un
établissement public à caractère administratif dont la
mission est
"de veiller en toutes circonstances sur les
intérêts matériels et moraux de ses ressortissants".
Les services départementaux de l'ONAC permettent d'offrir aux
anciens combattants un service de proximité que les directions
interdépartementales du ministère, par définition, ne
peuvent pas assurer.
Cette complémentarité entre le ministère et l'Office est
illustrée par les missions que le second exerce pour le compte du
premier : instruction au niveau départemental des demandes de cartes et
titres, secrétariat des commissions départementales pour
l'information historique et la paix, accueil et conseil des
bénéficiaires du fonds de solidarité pour les anciens
combattants d'Afrique du Nord en situation de chômage de longue
durée.
2. Les missions qui lui sont propres
- l'assistance administrative : aide et conseils
à ses ressortissants pour des démarches de toute nature relevant
aussi bien de la législation spécifique aux anciens combattants
que de la législation de droit commun (logement, fiscalité,
famille...) ;
- les relations publiques au profit des associations d'anciens
combattants : participation aux congrès et à toutes les
manifestations commémoratives publiques et privées.
- l'action sociale individuelle ou collective : prêts et secours
d'urgence à ses ressortissants, protection des pupilles de la Nation ;
- la gestion des 10 écoles de rééducation
professionnelle ;
- l'administration des 15 maisons de retraite. A cet égard, votre
rapporteur tient à souligner que la nécessité, pour les
maisons de retraite de l'ONAC, d'obtenir les agréments pour les sections
de cure médicale afin que le prix de journée soit
remboursé par la sécurité sociale a permis de
développer une relation constructive avec les directions
départementales sanitaires et sociales (DASS). Toutefois, votre
rapporteur s'inquiète de la lenteur des actions menées pour
remédier aux insuffisances constatées en matière de
qualification et de formation des personnels d'une part et de mise aux normes
de sécurité des équipements et du bâti d'autre part.
Or, tant que ce travail ne sera pas effectué, les maisons de retraite ne
pourront pas recevoir l'agrément de la part des DASS et seront
confrontées à une situation financière difficile.
3. Les moyens de l'ONAC
Pour 1998, la subvention de fonctionnement à l'ONAC
versée par le secrétariat d'Etat aux anciens combattants diminue
de 2,55 %. L'ONAC reçoit par ailleurs
deux subventions
complémentaires
de la part du secrétariat d'Etat aux anciens
combattants :
- la première (chapitre 57-91) est destinée à financer la
remise aux normes de sécurité des maisons de retraite relevant de
l'Office. 5 millions de crédits sont mis à sa disposition
pour 1998, contre zéro en 1997 ;
- la seconde (chapitre 46-51) est affectée à ses dépenses
sociales : d'un montant de 41,7 millions de francs, elle diminue de
10,7 % par rapport à 1997. Cette diminution constitue une mise en
garde du gouvernement vis-à-vis de l'ONAC. En effet, ce dernier estime
que la création du Fonds de solidarité pour les anciens
combattants d'Afrique du Nord et d'Indochine aurait dû entraîner
une diminution des dépenses sociales de l'ONAC. Or, aucune baisse
notable n'est intervenue. En outre, le gouvernement a lancé un
contrôle de gestion de l'ONAC mené par deux membres du
contrôle général des armées.
Votre rapporteur tient à rappeler son souci de défendre la
pérennité de l'ONAC auquel les anciens combattants sont
très attachés
. Par ailleurs, il est conscient qu'une bonne
gestion de cette organisme est la meilleure garantie contre les
velléités récurrentes de remettre en cause l'existence de
cet organisme. Dans la mesure où votre rapporteur ne dispose pas des
informations suffisantes pour porter un avis sur la gestion de l'ONAC et, le
cas échéant; proposer des solutions pour améliorer son
efficacité,
une mission d'information et de contrôle sur l'ONAC
sera lancée en 1998.
L'ONAC dispose également de ressources propres, qui représentent
un peu moins de la moitié de son budget.
B. L'INSTITUTION NATIONALE DES INVALIDES
1. Les missions de l'Institution
L'INI est un établissement public de l'Etat à
caractère administratif chargé de la gestion de deux centres
d'accueil :
- un centre de pensionnaires, résidents permanents, qui peut accueillir
105 personnes, bénéficiaires de l'article L.115 du code des
pensions d'invalidité, c'est-à-dire ayant une invalidité
supérieure ou égale à 85 % et âgées de
plus de 50 ans ou, quel que soit leur âge, ceux dont le taux
d'invalidité est supérieur à 100 %. A cet
égard, votre rapporteur se félicite de l'augmentation du nombre
de journées depuis 1996. Toutefois, il regrette qu'actuellement, le
centre des pensionnaires ne puisse accueillir tous les invalides remplissant
les conditions faute de place. Il rappelle que face à cette situation,
le conseil d'administration a exprimé le souhait que la capacité
réelle du centre des pensionnaires atteigne la capacité
théorique de 105 lits décidée par une directive
ministérielle. Cette mesure pourrait être suivie d'effet dans la
perspective du départ de certains organismes de l'Hôtel national
des Invalides et de la réaffectation des locaux qui devrait en
découler ;
- un centre médico-chirurgical qui comprend des services de chirurgie et
de rééducation, un laboratoire d'analyse, avec une
capacité d'accueil de 95 lits au total.
2. les moyens de l'Institution
Les crédits à la disposition de l'Institution
Nationale des Invalides sont en hausse de 3,37 % par rapport à
1997. La subvention d'exploitation de l'Etat est affectée en
totalité à la rémunération des personnels. Deux
facteurs expliquent cette augmentation :
- la revalorisation des rémunérations pour tenir compte de la
hausse du point de la fonction publique ;
- la nécessité de créer trois emplois pour l'année
1998 pour anticiper les conséquences de la suppression du service
national sur les effectifs du personnel soignant de l'INI.
En effet, la suspension programmée du service national conduit
l'Institution nationale des invalides à recruter en 1998 un
médecin résident, un interne et un praticien odontologiste.
L'INI dispose d'un budget et d'un patrimoine propre, son système
comptable étant celui d'un établissement public hospitalier. Les
subventions budgétaires représentent 30 % de son budget.
CHAPITRE II
LES INTERVENTIONS DU
MINISTÈRE
I. L'ACTION SANITAIRE ET SOCIALE
A. LES CENTRES D'APPAREILLAGE
Le Ministère des Anciens Combattants et Victimes de
Guerre dispose de 18 centres régionaux d'appareillage en
métropole et de 116 centres rattachés, placés sous
l'autorité des Chefs des Services Interdépartementaux et des
Directeurs Régionaux et de 2 centres en Afrique du Nord.
Ces centres interviennent dans les procédures administratives et
médico-techniques par lesquelles s'effectue l'appareillage des
ressortissants du Code des Pensions Militaires d'Invalidité et des
Victimes de Guerre, mais ils assurent également le suivi des
opérations d'appareillage conduites au profit des
bénéficiaires des différents régimes de protection
sociale.
En fait, l'action des centres en faveur des handicapés civils
représente l'essentiel de leur activité : 85 % des consultations
et 74 % des appareils distribués ou réparés en 1996.
En 1996, le nombre des consultations médicales d'appareillage s'est
élevé à 53.821 (chiffre en baisse de 5,73 % par
rapport à 1995).
Le nombre des appareils attribués, y compris les accessoires de
prothèse et d'orthopédie, et réparés s'est
élevé à 202.042, soit une diminution de 6,95 % par
rapport à 1995.
Il n'existe pas de données chiffrées fiables sur
l'évolution des activités au titre de l'année 1997.
Toutefois, les estimations que votre rapporteur a pu recueillir font
apparaître une baisse normale du nombre d'appareils attribués et
réparés et d'examens médicaux en faveur des mutilés
de guerre et une relative stabilisation de l'activité des centres
d'appareillages au profit des handicapés civils, en raison notamment de
la signature de conventions entre ceux-ci et les caisses de prévoyance
et de retraite de la SCNF.
Aussi, les crédits consacrés en 1998 à l'appareillage des
mutilés de guerre (chapitre 46-28) sont-ils en diminution de 2,1 % par
rapport à 1997 et s'élèvent à 61 millions de francs.
B. LES SOINS MEDICAUX GRATUITS
Le code des pensions militaires d'invalidité
prévoit que l'Etat doit gratuitement, aux titulaires d'une pension
militaire d'invalidité, les prestations médicales,
paramédicales, chirurgicales et pharmaceutiques nécessaires pour
les infirmités qui donnent lieu à pension, en ce qui concerne
exclusivement les accidents et complications résultant de la blessure ou
de la maladie qui ouvre droit à pension.
Le coût financier de ce dispositif financé sur le budget des
anciens combattants s'élève à 945 millions de francs
en 1998, soit une diminution de 5,1 % par rapport à 1997.
C. LES INTERVENTIONS SOCIALES
Les crédits demandés au titre des prestations
sociales au profit des pensionnés de guerre (chapitre 46-24) augmentent
de 2,5 % (soit +36,76 millions de francs) et s'élèvent
à 1,438 milliard de francs.
Il est rappelé que ce régime de protection sociale propre aux
invalides de guerre, institué par une loi du 29 juillet 1950, offre une
couverture subsidiaire aux pensionnés qui n'ont pas déjà
par ailleurs la qualité d'assuré social.
S'agissant des dépenses légalement obligatoires, les
crédits correspondants ont un caractère provisionnel.
Les crédits consacrés au remboursement des frais de voyage des
familles qui se rendent sur les tombes des ressortissants
bénéficiant de la sépulture perpétuelle aux frais
de l'Etat sont simplement reconduits à leur niveau de 1997, soit
1,3 millions de francs, tandis que les dépenses relatives aux
réductions de tarifs de transport diminuent de 3,2 % pour
s'élever à 60,9 millions de francs.
Il en est de même pour les crédits du chapitre 46-31
(indemnités et pécules) dont la dotation passe de 380.000 francs
à 300.000 francs.
II. L'ACTION EN FAVEUR DES ANCIENS COMBATTANTS D'AFRIQUE DU NORD
A. UN BUDGET MARQUÉ PAR UN SOUCI D'ECONOMIES
Votre rapporteur tient à souligner que le projet de
budget pour 1998 ne comprenait à l'origine aucune mesure nouvelle en
faveur des anciens combattants, et notamment de ceux d'Afrique du Nord. Au
contraire, la dotation du Fonds de solidarité pour les anciens
combattants d'Afrique du Nord diminuait de 0,76 % pour tenir compte de
l'exclusion du bénéfice du Fonds des personnes dont le foyer
fiscal dispose de ressources supérieures à cinq fois le montant
du plafond individuel de ressources (4.563,90 francs), soit
22.820 francs par mois.
Toutefois, devant le mécontentement soulevé par la
présentation du budget aussi bien chez les anciens combattants que chez
les parlementaires, le gouvernement a proposé, au terme de la discussion
en première partie du projet de la loi de finances à
l'Assemblée nationale, un amendement augmentant de 40 millions de
francs les crédits des anciens combattants.
B. DES MESURES DE DERNIÈRE MINUTE EN FAVEUR DES ANCIENS COMBATTANTS D'AFRIQUE DU NORD
35 millions sont destinés au financement de deux mesures en faveur des anciens combattants d'Afrique du Nord, proposées par amendement par le groupe socialiste à l'Assemblée nationale et acceptées par le gouvernement.
1. L'augmentation de l'allocation différentielle en faveur des chômeurs ayant cotisé plus de 160 trimestres
Les associations représentatives des anciens
combattants d'Afrique du Nord revendiquent le droit de prendre une retraite
à taux plein à l'âge de 60 ans, diminué du
temps passé sous les drapeaux. Toutefois, devant le coût d'une
telle mesure (151 milliards de francs selon la commission tripartite
créée en 1995 et chargée de déterminer le
coût pour l'Etat de cette disposition), le gouvernement a
décidé de palier au plus pressé et d'accepter une mesure
spécifique pour les anciens combattants les plus démunis.
Jusqu'à présent, l'allocation différentielle
financée par le Fonds de solidarité assure à tout
bénéficiaire un revenu mensuel net minimum garanti de
4.536,90 francs au 1er janvier 1997. Désormais, et par
dérogation aux dispositions de l'article 125 de la loi de finances de
1992, l'allocation différentielle en faveur des anciens combattants
d'Afrique du Nord chômeurs et justifiant d'une durée de cotisation
à l'assurance vieillesse d'au moins 160 trimestres sera
portée à 5.600 francs nets par mois.
2. L'élargissement des conditions d'attribution de la carte d'ancien combattant en faveur des anciens d'AFN
Les associations représentatives des anciens
combattants d'Afrique du Nord revendiquent l'assouplissement des conditions
d'attribution de la carte d'ancien combattant. Jusqu'à présent,
l'attribution de cette carte est subordonnée à la participation
à une action de feu ou de combat. Cette condition est contestée
par le Front uni qui demande l'application du principe de
territorialité, qui consiste à accorder la carte du combattant
à tous les possesseurs du titre de reconnaissance de la Nation,
c'est-à-dire sur la base du stationnement pendant trois mois en Afrique
du Nord, que les intéressés soient ou non crédités
d'une action de feu ou de combat.
Partagé entre le désir de faciliter l'obtention de la carte de
combattant et le souci de ne pas en diminuer la valeur symbolique en la
distribuant de manière trop systématique, le gouvernement a
accepté un amendement qui considère une durée des services
en Algérie d'au moins dix-huit mois comme condition alternative à
la participation aux actions de feu et de combat.
Votre rapporteur approuve cette disposition mais regrette qu'elle ne concerne
que les combattants en Algérie, sans prendre en compte les hommes
stationnés en Tunisie ou au Maroc qui traversaient
régulièrement la frontière pour se rendre en
Algérie et couraient autant de risques.
III. LA RENTE MUTUALISTE MAJORABLE DU COMBATTANT
En application de l'article L 321-9 du code de la
mutualité, les anciens combattants désireux de se constituer une
rente mutualiste bénéficient, en plus de la majoration
légale attachée à toute rente viagère, d'une
majoration spéciale de l'Etat.
Cette majoration, variable selon l'âge de l'intéressé
à sa date d'adhésion, est en règle générale
égale à 25 % du montant de la rente.
Toutefois, le total
formé par la rente et la majoration spéciale de l'Etat ne peut
pas dépasser un montant fixé en valeur absolue, qui est
actuellement de 7.140 francs.
Depuis la loi de finances de 1996, ce plafond majorable est indexé sur
les prix hors tabac, ce qui garantit le pouvoir d'achat de cette rente.
A l'origine, le projet de budget des anciens combattants pour 1998 ne
prévoyait aucune disposition nouvelle en faveur de la rente mutualiste.
Au contraire, par souci d'économie, une mesure de trésorerie
réduisait à zéro, pour 1998, le chapitre 47-22 (retraite
mutualiste), qui disposait en 1997 de 360 millions de francs de
crédits. En effet, l'État a décidé de s'aligner sur
le régime de droit commun : le remboursement par l'État de la
majoration versée par les mutuelles à leurs adhérents
n'interviendra qu'à la clôture de leurs comptes pour
l'année, donc au cours du premier trimestre de l'année 1999.
Toutefois, sous la pression des élus socialistes, le gouvernement a
accepté de fixer le plafond majorable de la retraite mutualiste en
points d'indice de pensions militaires d'indemnité. Un tel dispositif
permet de faire évoluer le montant du plafond majorable en application
du rapport constant et garantit ainsi une progression plus favorable que celle
liée à l'évolution des prix hors tabac. En outre, le
niveau retenu est de 95 points à partir du 1er janvier 1998, ce qui
porte à 7.488 francs le montant du plafond majorable au lieu de 7.140
francs en 1997.
CHAPITRE III
LA DETTE VIAGERE
I. LE MÉCANISME D'INDEXATION DES PENSIONS
A. LE DISPOSITIF EN VIGUEUR
L'article 123 de la loi de finances pour 1990, tout en
maintenant le principe d'un rapport constant entre l'évolution des
pensions et celle des traitements de la fonction publique, a supprimé la
référence à l'indice 235 (qui correspondait à la
fonction de huissier-chef) pour la remplacer par un indice moyen
représentatif de l'évolution de l'ensemble des traitements de la
fonction publique.
Le nouveau dispositif remplace ainsi l'indexation sur un indice
déterminé par un mécanisme à double détente :
- d'une part, la répercussion des mesures générales
affectant les traitements de la fonction publique (majorations de la valeur du
point, attributions générales de points d'indice). Ces
dernières font évoluer les pensions militaires
d'invalidité dans l'exacte proportion où elles affectent le
traitement moyen de la fonction publique ;
- d'autre part, pour tenir compte des mesures catégorielles
accordées aux fonctionnaires pendant l'année
écoulée (Protocole Durafour), le recalage en fonction de
l'évolution constatée de l'indice INSEE des traitements bruts des
fonctionnaires toutes catégories confondues. Cet indicateur mesure,
outre le traitement, l'indemnité de résidence, le
supplément familial de traitement et des primes générales
comme la prime de croissance.
Au-delà de l'ajustement, chaque année, de la valeur du point
d'indice de pension en fonction de l'évolution de l'indice INSEE
précité, il est prévu de verser un rappel au titre de
l'année écoulée garantissant aux anciens combattants une
évolution en masse de leurs pensions identique à celle des
traitements des fonctionnaires.
Cette régularisation doit être soumise au préalable
à l'avis d'une commission tripartite, composée de
représentants du Parlement, des associations et de l'administration.
B. L'APPLICATION DU RAPPORT CONSTANT EN 1996 ET EN 1997
Le système actuel d'indexation des pensions permet aux
anciens combattants de bénéficier de la transposition des mesures
catégorielles applicables aux agents de l'Etat.
Pour 1998, la base de recalage de la valeur du point de pension militaire
d'invalidité qu'il est proposé de retenir au 1er janvier 1998 est
estimée à +0,06 % compte tenu de l'achèvement
prochain du plan DURAFOUR, ce qui représente une mesure nouvelle de 12,4
millions de francs.
C. UN MECANISME AVANTAGEUX, MAIS MAL COMPRIS
Le nouveau mécanisme du rapport constant est
indéniablement plus avantageux que l'ancien système d'indexation,
qui avait surtout le mérite de la simplicité.
En effet, il permet de prendre en compte les mesures catégorielles de la
fonction publique, qui ne pouvaient pas jusqu'alors être
répercutées sur les pensions militaires d'invalidité,
lesquelles ne bénéficiaient que des mesures
générales. Avant cette réforme, le taux des pensions
n'évoluait que lorsque la rémunération attachée
à l'indice 235 brut était elle-même modifiée. En
conséquence, les pensionnés ne pouvaient bénéficier
d'aucune des mesures catégorielles touchant les fonctionnaires, pas
même de celles affectant les traitements du bas de la grille, où
est situé l'indice 235.
L'exemple ci-dessous montre bien que le nouveau mécanisme d'indexation
est plus favorable que l'ancien.
(a) Après recalage positif
(b) Après recalage négatif
(1) 235 brut - 238 majoré
(2) 235 brut - 240 majoré
NB : Le recalage consiste à mettre à niveau au 1er janvier
l'évolution de la valeur du point de pension par rapport à
l'évolution d'ensemble des traitements mesurée par l'INSEE
(englobant les mesures générales et catégorielles)
En niveau, la valeur du point de pension au 1er mars 1997 est de 78,43 F, alors
qu'elle n'aurait été que de 77,77 F dans l'ancien système.
Il convient toutefois de noter que le précédent gouvernement,
soucieux de mettre fin aux critiques suscitées par le manque de
lisibilité de ce dispositif avait accepté la création
d'une commission réunissant les associations des anciens combattants et
l'administration afin de réfléchir à un système
plus simple mais tout aussi avantageux.
Votre rapporteur plaide pour la poursuite de cette réflexion et
l'élaboration rapide d'une solution satisfaisant à la fois
l'administration et les associations.
II. LA DIMINUTION DE LA DETTE VIAGÈRE EN 1998
Les crédits de la dette viagère (retraites du
combattant, pensions d'invalidité et allocations rattachées)
répartis entre les chapitres 46-21 (nouveau), 46-22 (ancien), 46-25
(ancien) et 46-26 (ancien) s'élèvent à 20,8 milliards
de francs pour 1998, en diminution de 547,7 millions de francs par rapport
à 1997.
Cette diminution de - 2,6 % est la résultante de plusieurs
mouvements opposés :
- la diminution du nombre des parties prenantes, qui entraîne une
économie de 745,6 millions de francs ;
- la revalorisation des pensions par application du taux constant, qui aboutit
à une dépense supplémentaire de 221,4 millions de francs ;
- la diminution de 35 millions de francs des crédits de
l'indemnité de soins aux tuberculeux pour l'adapter aux besoins
constatés ;
- l'extension du bénéfice de la pension de victime de guerre aux
étrangers arrêtés en France et déportés,
s'ils ont acquis la nationalité française depuis lors et obtenu
le titre de déporté politique, dont le coût est
évalué à 11,6 millions de francs pour 1998.
La diminution de la dette viagère explique à elle seule la
baisse globale du budget des anciens combattants, dont elle constitue
l'essentiel.
CHAPITRE IV
LA POLITIQUE DE LA MEMOIRE
I. LA MISSION DE CONTRÔLE ET D'INFORMATION SUR LA POLITIQUE DE LA MÉMOIRE
Au cours du premier semestre 1997, votre rapporteur a
effectué un contrôle, sur pièces et sur place, de
l'utilisation des crédits affectés à la
Délégation à la Mémoire et à l'Information
Historique (D.M.I.H).
En effet, depuis plusieurs années, le Parlement est
systématiquement sollicité, lors de l'examen du budget, pour
voter des crédits exceptionnels non reconductibles à la D.M.I.H.
Ce contrôle devait donc permettre de vérifier si cette
administration disposait des crédits nécessaires pour accomplir
ses missions. Dans cette perspective, votre rapporteur a été
conduit à évaluer la politique de la mémoire menée
par le ministère, c'est-à-dire à en apprécier le
coût, à travers une étude quantitative, mais
également le sens et les objectifs.
Dans le cadre de cette mission, votre rapporteur s'est rendu sur
13 nécropoles nationales réparties dans
7 départements et en Belgique. Il a également visité
le camp d'internement des Milles près d'Aix-en-Provence, le
Mémorial du Débarquement de Provence au Mont-Faron, le
Mémorial des guerres en Indochine de Fréjus, le Mémorial
de la Déportation de Natzweiler-Struthof et le Mémorial des
Martyrs et de la Déportation à l'Ile de la Cité.
Or, l'analyse de la politique de la mémoire menée par la D.M.I.H
conduit à un bilan mitigé : si l'administration du
secrétariat des anciens combattants semble en mesure, notamment
grâce au dévouement de ses fonctionnaires, d'entretenir
correctement les nécropoles nationales et les lieux de mémoire,
les actions de célébration et de promotion de la mémoire
pêchent par un manque de vision globale et à long terme.
Pourtant, la mémoire collective constitue un ciment puissant pour chaque
société puisqu'elle véhicule son histoire et transmet ses
valeurs d'une génération à l'autre. Il s'agit donc d'un
patrimoine qu'il faut savoir à la fois protéger, entretenir et
partager, surtout avec les jeunes.
C'est pourquoi votre rapporteur avait conclu son rapport par une série
de propositions pour favoriser des améliorations ponctuelles, mais
également des réformes de plus grande envergure visant à
redonner à la politique de la mémoire la place centrale qu'elle
mérite.
Ainsi, inquiet devant le ralentissement des travaux de rénovation des
sépultures de guerre depuis 1996, votre rapporteur se prononçait
pour le respect de ce programme de travaux dont la durée était
étalée jusqu'en 2000 par le ministère des anciens
combattants et pour le versement effectif des 50 millions prévus
pour leur financement.
Il rappelait également la nécessité de construire les
bases inscrites dans le plan de modernisation de l'entretien des
nécropoles nationales mis en place en 1992.
Par ailleurs, il plaidait pour la revalorisation de l'indemnité
forfaitaire versée par l'Etat aux communes et bloquée à 8
francs par tombe depuis 1981 afin de l'adapter au coût réel de
l'entretien des tombes dans les carrés communaux évalué
à 36 francs par tombe.
En ce qui concerne les réformes structurelles, votre rapporteur
insistait sur la nécessité de donner à la politique de la
mémoire vis-à-vis des jeunes une vision globale et à long
terme par l'établissement de relations permanentes avec les
collèges et les lycées et l'organisation, chaque année,
d'une manifestation sur un thème lié à la mémoire
des conflits (exposition, documentaire, témoignage,
conférence...).
Enfin, votre rapporteur dénonçait les restrictions
budgétaires systématiques touchant l'intervention en faveur de
l'information historique et l'organisation des cérémonies et
exigeait l'inscription de crédits suffisants pour mettre fin à
cette précarité financière qui nuit à la
qualité du travail de ces deux départements.
Or, le projet de budget pour 1998 présenté par le
secrétaire d'Etat aux anciens combattants est en complète
contradiction avec les conclusions du rapport de votre rapporteur.
II. UN PROJET DE BUDGET EN OPPOSITION AVEC LES CONCLUSIONS DE LA MISSION D'INFORMATION
A. UNE DIMINUTION INACCEPTABLE DES CRÉDITS EN FAVEUR DE LA MÉMOIRE
Ainsi, les crédits traditionnellement consacrés
aux fêtes nationales et aux cérémonies publiques (chapitre
41.91) diminuent de 4,26 % et s'élèvent à
2,2 millions de francs. Certes, le gouvernement affirme que les
manifestations envisagées pour la célébration du
quatre-vingtième anniversaire de l'armistice de 1918 ne seront pas
remises en cause et seront financées par des crédits
exceptionnels, dans le cadre d'une action interministérielle. Toutefois,
le montant de ces crédits sont encore à l'étude. En tout
état de cause, cette baisse des crédits traduit le manque
d'ambition du gouvernement en ce qui concerne la politique de la mémoire.
Ce sentiment est confirmé par l'évolution des crédits
consacrés aux interventions en faveur de l'information historique
(chapitre 43.02), qui enregistrent une baisse très sensible (- 42,8
%) pour se limiter à 3,9 millions de francs. Certes, en 1997, ils
avaient bénéficié d'une contribution non reconductible de
2 millions de crédits votés par le Parlement. Pour autant,
la réduction va bien au-delà de cette non reconduction et
correspond à une diminution de 19,1 % des services votés.
Non seulement les actions prônées par votre rapporteur dans son
rapport d'information ne pourront pas être mises en oeuvre faute de
crédits suffisants, mais la pratique dénoncée par votre
rapporteur, qui consiste à sous-estimer
délibérément les crédits en faveur de l'information
historique en comptant sur le vote par le parlement de crédits non
reconductibles pour boucler le budget se perpétue.
B. LA REMISE EN CAUSE DES TRAVAUX DE RÉNOVATION DES SÉPULTURES DE GUERRE
Les crédits consacrés à la remise en état des nécropoles nationales (chapitre 57.91, crédits de paiement) chutent de 60 % et passent à 3,2 millions de francs. Cette réduction drastique des crédits empêche la poursuite du programme de travaux 1996-2000 pour les sépultures de guerre, pourtant indispensable. En effet, les sépultures de guerre concernées par la rénovation datent de la première guerre mondiale et se trouvent la plupart du temps dans un état de délabrement critique.
CHAPITRE V
DES INSUFFISANCES QUI NE PERMETTENT PAS
L'ADOPTION DU BUDGET
I. UNE POLITIQUE DE LA MÉMOIRE SACRIFIÉE
La forte diminution des crédits affectés
à la mémoire ne traduit pas seulement le manque d'ambition du
gouvernement dans ce domaine, mais le sacrifice de cette politique sur l'autel
de la régulation budgétaire. Votre rapporteur peut d'autant moins
accepter cette décision qu'elle va à l'encontre de ses
conclusions à l'issue de la mission d'information sur la politique de la
mémoire. En effet, votre rapporteur est persuadé que la
légitimité du secrétariat aux anciens combattants
dépend de la qualité de sa politique de la mémoire.
Le budget des anciens combattants s'élève à près
de 26 milliards de francs, alors que les crédits affectés
à la politique de la mémoire se montent à un peu plus de
26 millions de francs, soit moins de 0,1 % du budget global.
Pourtant, ces chiffres sont trompeurs car c'est la Délégation
à la Mémoire et à l'Information Historique qui justifie
l'existence du secrétariat des anciens combattants. En effet, la
diminution du nombre des anciens combattants fera nécessairement perdre
de l'importance aux tâches traditionnelles, à savoir la gestion de
la dette viagère et des mesures à caractère social en
faveur des invalides pensionnés et du monde combattant. En revanche,
l'entretien et la transmission de la mémoire deviendront d'autant plus
prioritaires
que le nombre des témoins vivants se réduira,
que les associations d'anciens combattants, qui se chargeaient jusqu'alors de
l'entretien de la mémoire, disparaîtront progressivement, et que,
l'éloignement des conflits et la crise économique aidant, les
jeunes se sentiront de moins en moins concernés par ces
événements.
Certes, c'est une évolution normale et le signe d'une
société saine, qui ne vit pas recroquevillée sur son
passé. Mais il ne faudrait pas tomber dans l'excès inverse et,
sous prétexte de modernité, négliger le rôle de la
mémoire.
En effet, comme le fait remarquer Pierre Nora dans
Les lieux de
mémoire
, celle-ci n'est pas la simple connaissance du
passé ; elle incarne la vie, "
toujours portée par
des groupes vivants et à ce titre, en évolution permanente ;
elle est un phénomène actuel, un lien vécu au
présent éternel; elle installe le souvenir dans le
sacré
" et, parce qu'elle transmet des valeurs,
développe le sentiment d'appartenance à une nation.
II. LA DÉCRISTALLISATION DES PENSIONS ENCORE REPOUSSÉE
Plus de 1.400.000 Africains, Indochinois, Maghrébins,
Malgaches, Somalis sont venus combattre sur le sol de France au cours des deux
guerres mondiales. Plus de 150.000 d'entre eux ont fait le sacrifice de leur
vie. La plupart de ces anciens combattants d'outre-mer résident
aujourd'hui dans les Etats indépendants issus des anciennes colonies
françaises. Or, leurs droits s'en sont trouvés modifiés de
façon défavorable par rapport à leurs anciens compagnons
d'armes métropolitains.
En effet, les articles 170 de la loi de finances pour 1959 (pour l'Indochine)
et 71 de la loi de finances pour 1960 (pour les autres pays) ont
" cristallisé " leurs pensions au taux en vigueur au jour de
l'indépendance des Etats en question.
Certes, les textes instaurant la " cristallisation " ont
réservé au pouvoir réglementaire la liberté de
décider des revalorisations discrétionnaires. Mais ces
revalorisations ont été rares et parcimonieuses, la
dernière en date remontant à 1995. Le niveau actuel des pensions
servies aux anciens combattants d'outre-mer reste donc trop faible. En outre,
la valeur du point de pension varie d'un pays de résidence à
l'autre. Or, ces écarts n'ont pas d'autres motifs que des contingences
historiques : globalement, la valeur du point est d'autant plus basse que
l'indépendance est ancienne.
Pourtant, aucune mesure de revalorisation des pensions en faveur des anciens
combattants d'outre-mer n'est envisagée par le gouvernement.
Certes, un alignement complet sur la valeur du point de pension en vigueur en
France aurait un coût estimé à 3 milliards de francs
par an (1 milliard de francs pour les pensions militaires
d'invalidité et la retraite d'ancien combattant et 2 milliards de
francs pour les pensions de retraite), évidemment excessif. Il serait
toutefois souhaitable de porter progressivement les pensions servies aux
anciens combattants d'outre-mer à un niveau comparable à celui de
la métropole, compte tenu du coût de la vie dans les pays
concernés. Surtout, il faut réduire les écarts de valeur
du point qui existent entre les pays de l'ancienne Indochine, ceux du Maghreb
et ceux d'Afrique noire, que rien ne justifie.
ANNEXE I
PRÉSENTATION DE L'ARTICLE 62
RATTACHÉ DU PROJET DE LOI DE FIANCES
L'ARTICLE 62 RELATIF
À L'INDEMNISATION DES ÉTRANGERS DÉPORTÉS DEPUIS LA
FRANCE, AYANT ACQUIS DEPUIS LORS LA NATIONALITÉ FRANÇAISE
Cet article tend à élargir le
bénéfice de la pension de victime de guerre aux étrangers
arrêtés en France et déportés, s'ils ont acquis la
nationalité française depuis lors et obtenu le titre de
déporté politique ; il en est de même de leurs ayants cause
de nationalité française.
En effet, pour prétendre à l'obtention d'une pension de victime
civile de guerre, le code des pensions militaires d'invalidité impose
d'avoir été français au moment du fait
générateur et non seulement au moment de la demande de pension.
En vertu de cette disposition, les personnes déportées à
partir du sol français et sur l'ordre des autorités du
régime de Vichy ou des forces d'occupation n'ont aucun droit à
pension si elles étaient de nationalité étrangère
au moment de l'arrestation.
Cette dérogation au principe de nationalité en faveur des
victimes s'inscrit dans l'affirmation solennelle par le gouvernement de la
responsabilité des autorités françaises dans la
déportation des juifs de France, notamment lors des
commémorations de la rafle du Vélodrome d'hiver. Le coût de
cette mesure est estimée à 11,6 millions de francs et
devrait toucher entre 150 et 200 personnes.
ANNEXE II
MODIFICATIONS APPORTÉES PAR
L'ASSEMBLÉE NATIONALE EN DEUXIÈME DÉLIBÉRATION
I. MODIFICATION DES CRÉDITS
A. LES CRÉDITS NON RECONDUCTIBLES
Les majorations de crédits non reconductibles
relatives au budget des anciens combattants concernent le titre IV pour
25,5 millions de francs.
Les chapitres concernés sont :
- le chapitre 46-10 (Fonds de solidarité pour les anciens combattants
d'Afrique du Nord et d'Indochine) article 10 pour 25 millions de francs ;
- le chapitre 46-04 (Subventions, secours et allocations) article 10 pour
0,5 millions de francs.
B. LES MESURES NOUVELLES
Les majorations de crédits pour le financement de
mesures nouvelles concernent le titre IV pour 40 millions de francs.
Les chapitres concernés sont :
- le chapitre 46-10 (Fonds de solidarité pour les anciens combattants
d'Afrique du Nord et d'Indochine) pour 25 millions de francs ;
- le chapitre 46-21 (retraite du combattant) pour 10 millions de
francs ;
- le chapitre 47-22 (mutuelles et majoration des rentes des anciens combattants
mutualistes) pour 5 millions de francs.
II. ARTICLE 62 BIS (NOUVEAU) : MODIFICATION DES MODALITÉS DE CALCUL RELATIVES AU MONTANT MAXIMAL DE LA MAJORATION PAR L'ETAT DE LA RENTE MUTUALISTE
Cet article, qui résulte d'un amendement
présenté par les membres du groupe socialiste, vise à
établir le calcul du montant maximal de la rente mutualiste donnant lieu
à majoration par l'Etat par référence à l'indice 95
des pensions militaires et d'invalidité. Jusqu'à présent,
ce plafond majorable était indexé sur les prix hors tabac.
A partir du 1er janvier 1998 et conformément à une revendication
de longue date des anciens combattants, le plafond majorable de la rente
mutualiste sera chaque année exprimé en fonction de la valeur du
point des pensions militaires d'invalidité.
En outre, le niveau retenu est de 95 points à partir du
1er janvier 1998, ce qui porte à 7.488 francs le montant du
plafond majorable au lieu de 7.140 francs en 1997.
III. ARTICLE 62 TER (NOUVEAU) : ASSOUPLISSEMENT DES CONDITIONS D'ATTRIBUTION DE LA CARTE D'ANCIEN COMBATTANT D'AFRIQUE DU NORD
Cet article, qui résulte d'un amendement
présenté par les membres du groupe socialiste, vise à
élargir le nombre de bénéficiaires de la carte du
combattant en permettant qu'un séjour en Algérie de 18 mois
puisse être considéré comme une condition suffisante pour
que la qualité d'ancien combattant soit reconnue.
Il devrait permettre l'attribution de 80.000 cartes supplémentaires.
IV. ARTICLE 62 QUATER (NOUVEAU) : AUGMENTATION DE L'ALLOCATION DIFFÉRENTIELLE POUR LES ANCIENS COMBATTANTS D'AFN AYANT COTISÉ AU MOINS 160 TRIMESTRES
Cet article, qui résulte d'un amendement présenté par les membres du groupe socialiste, vise à porter de 4.500 francs à 5.600 francs l'allocation différentielle du fonds de solidarité en faveur des anciens combattants d'AFN chômeurs justifiant d'une durée d'assurance vieillesse d'au moins 160 trimestres.
ANNEXE III
EXAMEN EN COMMISSION
Réunie le
mardi 21 octobre 1997
sous la
Présidence de M. Christian Poncelet, président, puis de
M. Roland du Luart, vice-président
, la commission a
procédé à l'
audition de M. Jean-Pierre Masseret,
secrétaire d'Etat aux anciens combattants.
M. Jean-Pierre Masseret
a, tout d'abord,
présenté les
grandes masses du budget des anciens combattants. Il a rappelé que les
crédits proposés pour 1998 s'élevaient à 23,9
milliards de francs. Concernant le titre III, doté de 1,2 milliard de
francs, il a précisé que 864 millions étaient
destinés aux frais de personnel et que 88 emplois étaient
supprimés sans que le fonctionnement des services
déconcentrés soit remis en cause. Il a également
évoqué les 265 millions de francs de subvention de fonctionnement
à l'Office national des anciens combattants (ONAC) et à
l'Institution nationale des invalides (INI). A propos de la répartition
des 24,7 milliards de francs du titre IV, il a insisté sur le poids
prépondérant des crédits affectés aux pensions
d'invalidité (1,5 milliard de francs).
Par ailleurs,
M. Jean-Pierre Masseret
a tenu à replacer le
budget des anciens combattants dans son contexte à la fois structurel,
en insistant sur la diminution inéluctable et inexorable du nombre des
ressortissants, et conjoncturel, en rappelant les priorités du
Gouvernement en matière d'emploi des jeunes et de solidarité.
Toutefois, il a observé que 41 % des économies liées
à l'évolution démographique, soit 330 millions de
francs, étaient réutilisées en faveur des ressortissants
vivants.
Ensuite,
M. Jean-Pierre Masseret
a énuméré les
trois mesures nouvelles du budget des anciens combattants :
l'indemnisation des étrangers déportés depuis la France
entre 1940 et 1945 et ayant acquis depuis lors la nationalité
française ; la prise en compte pour l'attribution de l'allocation
différentielle du Fonds de solidarité des revenus du foyer
au-delà d'un plafond de 25.000 francs ; l'alignement sur le
droit commun des dates de remboursement par l'Etat de la majoration des rentes
constituées par les anciens combattants.
Il s'est félicité du vote par l'Assemblée nationale de 40
millions de francs supplémentaires pour le budget des anciens
combattants, lors de la discussion de l'article d'équilibre, et a
présenté les mesures complémentaires que ces
crédits permettront de financer. Il a alors annoncé la
transformation du système de revalorisation de la rente mutualiste en
prenant en compte non plus le plafond majorable, mais le point d'indice.
Après avoir rappelé que le plafond de cette rente correspondait
aujourd'hui à 91 points, il a souhaité le relever dès
cette année à 95 points pour le faire ensuite évoluer
en fonction du rapport constant. Le coût de cette mesure est
évalué à 5 millions de francs. Il a, en outre,
déclaré que les crédits en faveur de la politique de la
mémoire seraient majorés de 7 millions de francs, tout en
insistant sur le fait que les cérémonies organisées
à l'occasion du quatre-vingtième anniversaire de l'armistice de
1918 seraient financées par des crédits interministériels.
A cet égard, il a manifesté son désir de rassembler sur
les lieux de bataille des représentants de tous les pays ayant combattu
aux côtés de la France. Par ailleurs, il a proposé
d'augmenter de 3 millions de francs les crédits affectés aux
dépenses sociales de l'ONAC. Enfin, afin d'élargir les conditions
d'attribution de la carte d'ancien combattant au bénéfice des
anciens combattants d'Afrique du Nord, il a annoncé la création
d'une nouvelle procédure dans laquelle la condition, pour
prétendre à la carte d'ancien combattant, d'avoir
participé à une opération de feu pourrait être
remplacée par une présence de 18 mois en Algérie. Il
a estimé que la prise en compte de ce nouveau critère qui devrait
permettre l'attribution de 80.000 cartes supplémentaires,
répondait ainsi au souci du Gouvernement d'accorder la reconnaissance
à ceux qui avaient répondu à l'appel de la Nation. Il a
précisé que 25 millions de francs seraient affectés
dès 1998 au financement de cette mesure.
Par ailleurs,
M. Jean-Pierre Masseret
s'est ému de
la
situation des anciens combattants ayant cotisé quarante annuités,
chômeurs de longue durée et en fin de droits. Il a
déclaré que ce dossier constituait l'une de ses grandes
préoccupations et qu'il s'était rapproché du
ministère de l'emploi pour trouver une solution satisfaisante.
En conclusion, il a fait état de 40 priorités
répertoriées par le secrétariat d'Etat aux anciens
combattants et s'est engagé à les faire parvenir à la
commission des finances dans les meilleurs délais.
Un large débat s'est alors ouvert.
M. Alain Lambert, rapporteur
général,
a demandé des renseignements sur les
difficultés de gestion rencontrées par l'ONAC.
En réponse,
M. Jean-Pierre Masseret
s'est montré soucieux
de maintenir les services déconcentrés de l'ONAC mais a reconnu
que la gestion de cet organisme devait être améliorée. Il a
annoncé qu'il avait chargé un contrôleur
général des armées d'une mission d'information sur la
structure financière de l'ONAC. A cet égard, il a
évoqué la vétusté des maisons de retraite
gérées par cette institution ainsi que l'étroitesse de sa
marge de manoeuvre financière en raison de la distorsion entre la
pesanteur des rémunérations du personnel et la flexibilité
des recettes.
M. Jacques Baudot, rapporteur spécial,
a constaté que le
budget était caractérisé par une stabilité
générale du dispositif juridique, administratif et financier. Il
a fait valoir que ce budget ne comprenait aucune mesure véritablement
novatrice et qu'il ne pourrait porter un jugement que lorsqu'il
connaîtrait le contenu des 40 engagements pris par le
secrétaire d'Etat. Il a fait remarquer que la diminution de
360 millions de francs était purement comptable et que si l'effet
démographique était neutralisé, le budget connaissait une
légère hausse. Il a regretté l'interruption du programme
pluriannuel de rénovation des sépultures de guerre. Il s'est
montré favorable à une reprise de la discussion sur la
décristallisation et s'est inquiété de la menace de
disparition qui semble peser, à terme, sur le secrétariat d'Etat
aux anciens combattants.
En réponse,
M. Jean-Pierre Masseret
a salué la
qualité du rapport de M. Jacques Baudot sur la politique de la
mémoire et a affirmé que ce dernier avait joué un
rôle non négligeable dans les négociations sur
l'augmentation des crédits affectés aux actions en faveur de la
mémoire. Il a estimé que si une réflexion
générale sur les missions et le champ d'activité du
secrétariat d'Etat aux anciens combattants était
nécessaire, elle ne devait pas remettre en cause la
pérennité de ce dernier. A ce sujet, il a déclaré
que le rattachement du secrétariat d'Etat au ministère de la
défense avait été bien accueilli par le monde des anciens
combattants.
M. François Trucy
a demandé des informations
complémentaires à propos de la construction de mémoriaux
en l'honneur des anciens combattants d'Afrique du Nord, du rapatriement des
morts d'Indochine, du statut des anciens combattants dans les opérations
de maintien de la paix et du mémorial de Provence.
M. René Régnault
s'est félicité de la
politique engagée par le nouveau secrétaire d'Etat aux anciens
combattants. Il a salué l'élargissement des conditions
d'attribution de la carte d'ancien combattant en Afrique du Nord. Il a
toutefois insisté sur la nécessité d'améliorer la
situation des anciens combattants d'Afrique du Nord qui arrivent à
l'âge de la retraite et de mieux prendre en compte les pathologies
affectant les anciens combattants.
M. Emmanuel Hamel
s'est interrogé sur le nombre de
bénéficiaires de la procédure, votée l'année
dernière, qui permet aux volontaires ayant combattu aux
côtés des républicains pendant la guerre d'Espagne
d'obtenir la carte d'ancien combattant. Il s'est demandé si la mesure en
faveur des anciens combattants d'Afrique du Nord proposée par le
secrétaire d'Etat ne risquait pas d'en exclure certains.
Mme Marie-Claude Beaudeau
a reconnu que la diminution du nombre des
ressortissants devrait logiquement conduire à une baisse des
crédits du budget des anciens combattants. Toutefois, elle a
rappelé que le nombre de revendications non satisfaites restait
élevé. Elle a estimé nécessaire la levée des
forclusions pour les combattants volontaires de la résistance et a
déclaré soutenir la revendication des cheminots anciens
combattants et ayant servi en Afrique du Nord à pouvoir
bénéficier de la campagne double. Elle a évoqué le
problème des missions humanitaires accomplies en Algérie entre
1962 et 1964 et les difficultés liées à la
complexité du rapport constant.
M. Marcel Lesbros, rapporteur pour avis au nom de la commission des
affaires sociales,
a plaidé pour la déduction du temps
passé en Algérie dans la prise en compte de la retraite des
anciens combattants d'Afrique du Nord, chômeurs de longue durée.
Il a également souhaité que le Gouvernement reconnaisse que les
événements en Algérie, loin de ressembler à de
simples opérations de maintien de l'ordre, constituaient une
véritable guerre.
M. Roland du Luart
s'est interrogé sur l'indemnisation des
anciens incorporés de force dans le Reichsarbeitsdienst (service du
travail du Reich) et le Kriegshilfedienst (service de l'aide de guerre) et sur
les problèmes rencontrés par les neuf écoles de
rééducation professionnelle gérées par l'ONAC.
En réponse,
M. Jean-Pierre Masseret
s'est déclaré
en faveur d'un programme de construction de mémoriaux en l'honneur des
anciens combattants d'Afrique du Nord. Il a affirmé que les militaires
ayant participé aux opérations de maintien de la paix
constituaient la quatrième génération du feu et avaient le
même statut que les autres anciens combattants. Par ailleurs, il a fait
remarquer que le principe de territorialité, retenu pour l'attribution
du titre d'ancien combattant dans les compagnies de gendarmerie ayant
exercé en Afrique du Nord, était moins avantageux que le
critère proposé par le secrétariat d'Etat aux anciens
combattants (à savoir la présence de 18 mois en Algérie)
puisqu'il ne concernait que 20.000 anciens combattants, contre 80.000 pour ce
dernier dispositif. A cet égard,
M. Jean-Pierre Masseret
a
justifié l'inscription de 25 millions de francs dans le budget 1998
par son caractère symbolique : il s'agit d'une nouvelle mesure qui
bénéficiera par la suite de crédits évaluatifs et
ne pourra pas être soumise aux régulations budgétaires.
A propos du rapport constant,
M. Jean-Pierre Masseret
a
déclaré que l'Assemblée nationale venait de
désigner ses représentants et que la commission allait
bientôt se réunir afin de rechercher un paramètre plus
lisible.
Concernant la campagne double, il a insisté sur les
inégalités de situation entre un ancien combattant fonctionnaire
et un ancien combattant salarié de droit privé et a estimé
qu'il chercherait surtout à améliorer le sort des soldats qui
étaient régis par un contrat de droit privé.
M. Jean-Pierre Masseret
a, en outre, rappelé que la loi de 1989
levait toutes les forclusions. Il a toutefois reconnu que les conditions
imposées par le décret d'application rendaient difficile
l'attribution de la carte de combattant volontaire de la résistance.
C'est pourquoi il a habilité les préfets à faire une
enquête administrative afin de déterminer si les personnes
postulant pour cette carte remplissaient les conditions nécessaires.
Par ailleurs,
M. Jean-Pierre Masseret
s'est montré favorable
à l'utilisation du terme de guerre pour décrire les
événements d'Algérie à condition que cette
reconnaissance terminologique soit déconnectée des
conséquences juridiques et budgétaires qu'elle devrait
normalement entraîner. Ensuite, il a fait remarquer que tout ancien
combattant d'Afrique du Nord au chômage devait percevoir au minimum
4.500 francs par mois par le biais de l'allocation différentielle
et de l'allocation de préparation à la retraite.
A propos des incorporés de force, il a rappelé que la
participation à des opérations de feu constituait une condition
indispensable pour bénéficier de l'indemnisation prévue
par l'accord franco-allemand de 1979 et qu'il avait demandé que soient
recensées les unités du Reichsarbeitsdienst et du
Kriegshilfedienst ayant servi de renfort aux unités de combat.
Concernant les écoles de rééducation professionnelle de
l'ONAC, il a reconnu les désaccords entre la direction
départementale de l'action sanitaire et sociale et le secrétariat
d'Etat aux anciens combattants sur les prix de journée et le manque de
transparence des subventions versées par le Fonds social
européen. Il a précisé que le contrôleur
général des armées nommé pour analyser la gestion
de l'ONAC était également chargé d'une mission
d'information sur ses écoles de rééducation
professionnelle. Il a toutefois tenu à saluer la qualité de la
formation et des résultats de ces dernières.
**La commission a ensuite procédé, sur le rapport de
M.
Jacques Baudot, rapporteur spécial,
à
l'examen des
crédits des anciens combattants et de l'article 62
rattaché
.
M. Jacques Baudot, rapporteur spécial,
a estimé que tant
que les 40 priorités du secrétaire d'Etat aux anciens
combattants ne seraient pas transmises à la commission des finances,
cette dernière ne disposerait pas de tous les éléments
pour forger son opinion sur le budget.
La commission a
alors
décidé de réserver son vote
sur les
crédits des anciens combattants
jusqu'à la
réception des 40 propositions du ministre.
**Réunie à nouveau le
jeudi 20 novembre 1997
, sous la
présidence de
M. Christian Poncelet, président,
la
commission a procédé à l'examen des
articles
rattachés au budget des anciens combattants
. Elle
a adopté
successivement l'article 62
visant à indemniser les
étrangers déportés depuis la France ayant acquis depuis
lors la nationalité française,
l'article 62 bis
tendant à établir les modalités du calcul du montant
maximal de la rente mutualiste donnant lieu à majoration par l'Etat,
l'article 62 ter
,
conduisant à élargir le nombre
de bénéficiaires de la carte du combattant, et
l'article 62
quater
, majorant l'allocation du fonds de solidarité en faveur des
chômeurs anciens combattants d'Afrique du nord. Puis, elle a
décidé de proposer au Sénat de
repousser le budget des
anciens combattants
.