EXAMEN EN COMMISSION

La commission a procédé le jeudi 6 novembre 1997 à l'examen des rapports sur les crédits de la Défense : dépenses ordinaires et article 29 , sur le rapport de M. François Trucy, rapporteur spécial .

M. François Trucy, rapporteur spécial des crédits de la Défense (dépenses ordinaires) a tout d'abord noté que le projet de budget pour 1998 s'élevait à 238,2 milliards de francs, pensions comprises ou 184,7 milliards de francs hors pensions, ajoutant que le titre III représentait 56,1 % du budget, soit 103,7 milliards de francs (contre 102,2 en 1997) et qu'il augmentait donc de 1,5 % en francs courants.

Il a cependant insisté sur le fait que la progression des crédits du titre III n'était pas significative de l'évolution réelle de ce titre, la construction du budget ayant été modifiée, de telle sorte que, à périmètre constant, par rapport à 1997, le titre III s'établissait donc à 102,4 milliards de francs, soit une augmentation de 0,2 %, nettement inférieure à l'indice prévisionnel des prix à la consommation pour 1998 (1,2 %).

Il a conclu que, en francs constants, le titre III diminuait de 1 % par rapport à 1997.

M. François Trucy, rapporteur spécial , a ensuite analysé les crédits. Il a indiqué que les crédits de rémunérations et de charges sociales s'élevaient à 80,5 milliards de francs et représentaient 77,6 % du titre III, leur poids continuant à s'alourdir.

Il a jugé que l'évolution des effectifs était conforme à celle prévue par la loi de programmation, avec le recrutement de 7 838 militaires du rang et de près de 1 400 civils, et la suppression de plus de 1 800 emplois de sous-officiers et, surtout, de plus de 3 100 postes d'appelés.

S'agissant du financement des mesures d'accompagnement de la professionnalisation des armées, il a expliqué que ce processus exigeait à la fois des recrutements et des départs de personnels militaires et civils sur la base de mesures incitatives et, par conséquent, à coloration fortement financière. C'est pourquoi le " fonds d'accompagnement de la professionnalisation " regroupait ainsi les ressources consacrées à diverses mesures (pécules, incitations au départ et aides à la mobilité des militaires, amélioration de la rémunération des engagés ...), ajoutant que les crédits qui lui étaient consacrés s'élèveraient à 1 800 millions de francs au lieu de 1 460 millions de francs en 1997, soit une hausse de 24,5 %.

Il a ensuite remarqué que les autres crédits du titre III représentaient au total 22,4 % de ces crédits et s'élèveraient à 23,2 milliards de francs, en diminution de 5 % par rapport à ceux de 1997 (24,5 milliards de francs), notant que cette diminution était proportionnellement supérieure à celle des effectifs (- 4,4 %), ce qui exigera un effort d'économies d'autant plus important que la diminution du nombre des appelés rendra nécessaire l'appel à des travaux de sous-traitance dans le secteur civil.

Puis, M. François Trucy, rapporteur spécial , a fait part de ses observations sur le budget de la Défense pour 1998.

D'une manière générale, il a noté que le projet de budget traduisait, selon la présentation qu'en faisait le Gouvernement, la priorité accordée à la professionnalisation des armées et que cette transformation capitale dans le format de nos armées et dans la nature de leurs effectifs portait essentiellement sur les crédits du titre III.

Il a cependant regretté que ces moyens déjà strictement mesurés ne se trouvent fragilisés par deux séries de facteurs, les uns d'ordre strictement budgétaire, les autres ponctuels.

La fragilisation budgétaire de la professionnalisation résulterait globalement d'une diminution en francs constants du titre III, s'y ajoutant, structurellement, le déséquilibre croissant à l'intérieur du titre III entre les dépenses de rémunérations et charges sociales qui vont, en grossissant, et les dépenses de fonctionnement qui, corrélativement, se trouvent écrasées.

La fragilisation factuelle de la professionnalisation résulterait de trois constatations convergentes quant à leur effet : les difficultés rencontrées, ça et là, pour recruter des engagés dont le niveau qualitatif serait satisfaisant, la mobilité géographique et fonctionnelle, parfois problématique, des personnels civils des armées et, enfin, l'amoindrissement notable de la ressource en appelés du fait des exemptions prévues pour les jeunes gens titulaires d'un contrat à durée déterminée ou d'un contrat à durée indéterminée.

En conclusion, M. François Trucy, rapporteur spécial , a déploré que les dotations budgétaires ne soient conformes ni à la loi de programmation militaire, ni aux engagements du Chef de l'Etat, et a regretté que le budget de la Défense soit, une fois encore, considéré comme la variable d'ajustement du budget de l'Etat.

A M. Alain Lambert, rapporteur général , qui l'interrogeait sur le recrutement des engagés, M. François Trucy, rapporteur spécial , a fait part de son analyse née de visites sur le terrain : il a pu constater que les principaux problèmes, dans ce domaine, se posaient à l'armée de l'Air.

M. Jean-Philippe Lachenaud a approuvé les conclusions du rapporteur, même s'il a estimé son jugement un peu sévère. Il a en effet rappelé, d'une part, que lors d'un colloque à l'Institut des hautes études de la défense nationale (IHEDN), il avait été reconnu nécessaire de réaliser des économies sur les programmes d'équipement militaire et que, d'autre part, le jugement du Président de la République sur le projet de budget s'était limité au souhait de ne pas voir de nouvelles réductions des programmes d'investissement. Il a jugé que le budget militaire devait participer de l'effort de réduction des dépenses publiques.

M. Christian Poncelet, président , après avoir remarqué que les lois de programmation n'avaient jamais été respectées, s'est interrogé sur le coût et, surtout, sur l'utilité de la journée de préparation à la défense.

M. François Trucy, rapporteur spécial , a reconnu l'importance du coût occasionné par cette journée qu'il a qualifiée de "symbolique". Il a néanmoins estimé que son bon déroulement nécessiterait la participation de l'éducation nationale.

M. Michel Moreigne a jugé excessifs les propos du rapporteur spécial et a rappelé que le Sénat n'avait jamais rejeté les crédits de la Défense.

La commission a décidé de proposer au Sénat de rejeter le projet de budget de la Défense pour 1998 .

Réunie le jeudi 6 novembre 1997 , sous la présidence de M. Christian Poncelet, président, la Commission à décidé de proposer au Sénat de rejeter le projet de budget de la Défense pour 1998 .

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page