II. AUDITION DE M. JEAN-PIERRE CHEVENEMENT, MINISTRE DE L'INTERIEUR

Réunie le jeudi 13 novembre 1997, sous la présidence de M. Christian Poncelet, président, la commission a procédé à l'audition de M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur, sur les crédits de son département ministériel.

M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur a indiqué que le budget de son ministère s'élevait à 77,78 milliards de francs dans le projet de loi de finances pour 1998, et que son augmentation de 2,8% était supérieure à celle de l'ensemble des dépenses. Il a précisé que l'accroissement des moyens des services de son ministère servirait à mettre en oeuvre les priorités gouvernementales définies par le Premier ministre.

Evoquant les mesures concernant l'administration centrale de son ministère , le ministre a fait part de son intention de la recentrer sur des missions de conception, en la déchargeant autant que possible des tâches de réalisation. Dans ce sens, il a indiqué que la suppression de 45 emplois budgétaires serait compensée par une amélioration de la structure des emplois. Soucieux de réduire les écarts de rémunération entre les services de son département et les autres ministères, il a annoncé une amélioration des régimes indemnitaires.

Le ministre a ensuite évoqué les dépenses de fonctionnement de l'administration centrale, en augmentation de cinq millions de francs, et l'effort en faveur des équipements immobiliers, qui permettra d'achever le relogement de la direction de la défense et de la sécurité civile à Asnières. Il s'est félicité du renforcement de l'administration centrale dans les domaines des études, de la recherche et de la perspective, ainsi que de la création d'une délégation aux affaires internationales.

S'agissant des crédits de l'administration territoriale de l'Etat, qui devra mettre en oeuvre en 1998 le plan "emplois-jeunes", la nouvelle législation pour les étrangers et la réforme de l'Etat, il a indiqué que ces crédits s'établissaient à 6,1 milliards de francs. Il a déclaré que deux cents emplois gelés seraient supprimés, que cent emplois seraient "dégelés" et qu'un effort indemnitaire en faveur des personnels interviendrait. Le ministre a également insisté sur le niveau élevé des crédits de fonctionnement des préfectures et sur la stabilité de leurs dépenses d'équipement.

Concernant les crédits de la défense et la sécurité civiles , le ministre a indiqué qu'ils diminuaient légèrement, pour s'établir à 1,1 milliards de francs. Il a attribué cette baisse à l'achèvement du marché Canadair. Il a souligné la stabilité des effectifs et le renforcement des capacités d'action de la sécurité civile auquel conduiront la rénovation du centre opérationnel, la relance des actions en faveur du déminage et le renforcement des moyens aériens. A ce titre, il a signalé le lancement prochain du programme de renouvellement de la flotte d'hélicoptères.

M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur, a ensuite traité du budget de la police nationale qui s'établit à 28,8 milliards de francs, en progression de 1,1 %. Il a indiqué que ces crédits permettraient de mettre en oeuvre les orientations dégagées lors du colloque de Villepinte. Dans cette optique, il a inscrit son action autour de trois mots d'ordres, la citoyenneté, la proximité et l'efficacité, et a évoqué la mise en place d'outils nouveaux tels que le Conseil de la sécurité intérieure et les contrats locaux de sécurité. Sur le plan législatif, il annoncé le dépôt de projets de lois relatifs aux polices municipales et aux sociétés privées de sécurité. Il est également revenu sur la création de 35.000 emplois pour les jeunes, répartis en 20.000 adjoints de sécurité et 15.000 agents locaux de médiation.

Le ministre a indiqué que la réforme des corps et des carrières se poursuivait, ainsi que le processus de repyramidage des effectifs qui l'accompagne. En 1998, a-t-il expliqué, 664 emplois de commissaires et d'officiers seront convertis en emplois relevant du corps de maîtrise et d'application. Il a évoqué la refonte des régimes indemnitaires des corps d'encadrement, de commandement et de conception et de direction.

S'agissant des moyens de fonctionnement de la police nationale, il a expliqué que les documents budgétaires affichaient une baisse mais que, à structure constante, ces crédits étaient en réalité en augmentation de 3 %. Il a ajouté que les crédits d'équipement des services de police atteignaient 1,1 milliard de francs en autorisations de programme, soit une progression de 12,5 % par rapport à 1997, et qu'ils serviraient principalement à financer les constructions immobilières dans les grandes agglomérations et leur périphérie, et à renforcer le développement du programme de transmissions numériques ACROPOL.

Le ministre a souligné que l'accroissement des moyens devait s'accompagner de méthodes nouvelles. Sur ce point, il s'est déclaré satisfait de la mise en place des " services de quart " qui permettent le traitement immédiat des affaires, et a annoncé un recours plus systématique aux moyens de la police technique de proximité. Il a ajouté que les adjoints de sécurité seraient affectés majoritairement dans les vingt-six départements les plus urbanisés, qui connaissent les situations les plus difficiles en terme de délinquance et de violences urbaines, et qu'ils préfiguraient les redéploiements d'effectifs à venir. Il a estimé que ces mouvements seraient facilités par le renouvellement important des effectifs dans les années à venir, la généralisation du recrutement sur une base régionale, et un meilleur partage des responsabilités avec la gendarmerie, ce dernier point faisant l'objet d'une mission confiée à MM. Jean-Jacques Hyest et Roland Carraz.

Répondant aux questions de M. Guy Cabanel , rapporteur spécial, M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur, a rappelé que la loi d'orientation pour la sécurité de 1995 avait permis la mise en oeuvre de nombreuses réformes. S'agissant de son volet financier, il a indiqué que les lois de finances des années précédentes étaient en dessous des objectifs de la loi, et qu'elles faisaient de surcroît l'objet de gels et d'annulations en cours d'exercice. Constatant que tous les emplois administratifs prévus par la loi n'avaient pas été créés, il a estimé que la nomination de 79 % des adjoints de sécurité dans les zones sensibles permettrait d'accroître la visibilité de la présence policière.

Puis, le ministre a rassuré le rapporteur spécial sur la dotation du programme ACROPOL en annonçant que 50 millions de francs supplémentaires seraient ouverts dans la loi de finances rectificative de la fin de l'année 1997. Il a également évoqué des mises en commun de réseau avec la gendarmerie nationale.

S'agissant de la sécurité de la coupe du monde de football, le ministre de l'intérieur a expliqué que des solutions au problème posé par la présence de grilles dans les stades étaient en voie d'être apportées.

Un large débat s'est alors ouvert. M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur, a confirmé à M. René Ballayer que les élections régionales de 1998 se dérouleraient au scrutin proportionnel dans le cadre départemental.

A M. François Trucy , le ministre a expliqué qu'il jugeait suffisants les équipements destinés à la lutte contre l'incendie dans le sud-est. Il a dit partager les réserves de l'intervenant quant à l'armement des polices municipales, en indiquant toutefois que ce sujet serait débattu lors de la discussion du projet de loi. Il a rappelé le rôle du Préfet en matière de contrôle de la légalité et manifesté son attachement à une application uniforme de la loi sur l'ensemble du territoire national.

A M. Jacques Chaumont , le ministre a indiqué qu'il était très satisfait du fonctionnement de la police nationale, qui manifeste dans de nombreux domaines intelligence et bravoure. Il a qualifié de " bête " l'opposition, entretenue par certains, entre la police et les jeunes. Il a estimé qu'il était de son devoir de défendre les fonctionnaires de son ministère, mais que ceux-ci devaient faire preuve d'une déontologie irréprochable.

Pour conclure, le ministre de l'intérieur a déclaré à M. Paul Loridant que la direction de la sûreté du territoire avait mis en place une cellule chargée du suivi des informations circulant sur le réseau internet, et qu'elle fournissait des résultats intéressants. Il a ajouté que cette question serait évoquée lors du prochain sommet des ministres de l'intérieur du G 8 à Washington.

A l'issue de cette audition , la commission a décidé de proposer au Sénat d'adopter le budget du ministère de l'intérieur.

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