2. Quel avenir pour Framatome ?

Le groupe Framatome est doté depuis 1990 d'un actionnariat éclaté : Alcatel-Alsfhom (44 %), CEA-Industrie (36 %), EDF (11 %), Crédit Lyonnais (4 %).

Premier constructeur mondial de réacteurs nucléaires, le groupe Framatome s'est, depuis trois ans, diversifié dans des domaines voisins : la connectique et les équipements industriels.

Le chiffre d'affaires du groupe s'est élevé à 17,9 milliards de francs en 1995, avec un résultat net de 663 millions de francs, soit un taux de rentabilité de près de 4 %. Ce chiffre d'affaires est en baisse de 20 % par rapport à 1994 en raison de la constitution de provisions pour dépréciation de titres, notamment ceux de la Compagnie de navigation mixte.


L'activité nucléaire et ses perspectives

Coeur du métier de Framatome, elle représente 67 % du chiffre d'affaires du groupe. Cette activité vitale pour le groupe est confrontée à la baisse du marché de la construction et du renouvellement des centrales nucléaires, tant en France -on l'a vu- qu'au plan mondial.

L'atonie des marchés mondiaux entraîne une vive concurrence sur les rares projets existants. C'est notamment le cas en Chine et à Taïwan, où se présentent les grandes sociétés comme General Electric associé à Hitachi et Toshiba, ABB Combustion Engineering, Westinghouse et Mitsubishi.

Framatome compte cependant accentuer sa présence sur les marchés à l'exportation et notamment en Chine, dont le développement économique très rapide permet d'envisager de nouvelles tranches. A cet égard, l'entreprise a pu signer avec ce pays, en janvier 1995, une lettre d'intention portant sur la commande à Lingao de deux îlots nucléaires de 985 mégawatts. Les contrats finaux ont été signés le 15 octobre 1995.

Depuis plus de 15 ans, Framatome s'est préparé à la baisse de la construction de centrales en renforçant ses activités liées à la maintenance des réacteurs. Ainsi, les activités de service d'ingénierie de maintenance et de ventes du combustible représentant 60 % des activités nucléaires du groupe.

On a vu que dans le cadre du projet EPR, Framatome poursuivait sa collaboration avec EDF, Siemens et les électriciens allemands. Les études liées à l'avant-projet détaillé, qui devraient se poursuivre jusqu'en 1997, représentent un coût de 750 millions de francs dont 16 % directement financés par Framatome.


Les autres activités

Les activités connectiques représentent 4,3 milliards de francs, soit 24 % du chiffre d'affaires du groupe. Après des années difficiles, liées à l'affaiblissement des marchés militaires et aéronautique, l'année 1995 est marquée par une très forte progression des ventes de Framatome Connectors International (FCI), essentiellement dans la branche automobile et électrique. Cet aspect favorable permet de conforter Framatome dans ses choix de diversification.

Les activités mécaniques, avec 1,6 milliards de francs, représentent 9 % des activités du groupe.

Le groupe Framatome doit donc poursuivre ses efforts de diversification et maintenir sa capacité de recherche et développement pour rester compétitif.

A cet égard, il faut souligner qu'en 1995, les dépenses de recherche et développement du groupe sont restées soutenues, à 920 millions de francs, et les investissements industriels consacrés aux nouveaux produits et services ont atteint 698 millions de francs.


La privatisation éventuelle de Framatome

Alcatel Alsthom et le groupe britannique GEC ont souhaité ouvrir des négociations en vue d'une fusion de GEC Alsthom et Framatome et le Gouvernement a donné son accord pour que les actionnaires publics de Framatome participent à l'étude de ce rapprochement.

Le Gouvernement souhaite que le rapprochement des deux sociétés, dont les modalités restent à déterminer, soit fondé sur un véritable projet industriel. L'objectif de cette opération serait de constituer un ensemble qui offrirait dans le domaine de l'énergie une gamme complète de centrales électriques, nucléaires et conventionnelles, et qui disposerait d'une taille (chiffre d'affaires d'environ 80 milliards de francs et 90.000 salariés) lui permettant de rivaliser avec ses concurrents internationaux, de conforter l'activité et l'emploi des deux groupes actuels et de poursuivre les coopérations internationales.

Le Gouvernement souligne que l'ensemble des actionnaires actuels des deux sociétés pourraient participer au nouvel ensemble, en tenant compte de leurs apports respectifs. Rappelons que GEC Alsthom est détenu à parité par Alcatel Alsthom et GEC, alors que Framatome est détenue majoritairement par des actionnaires publics français (CEA-Industrie, EDF et CDR), à 44 % par Alcatel Alsthom et par ses salariés.

Compte tenu de l'importance de l'enjeu industriel de la filière nucléaire française, d'aucuns s'étaient inquiétés du calendrier qui aurait pu voir se succéder l'opération de privatisation de Thomson et la fusion de Framatome avec GEC-Alsthom et de ses conséquences éventuelles en termes de pérennité de l'entreprise, d'emploi et d'avenir de la filière nucléaire française.

M. Franck Borotra, Ministre de l'Industrie, de la Poste et des Télécommunications, a récemment défini les quatre conditions qui devront être respectées dans le cadre du rapprochement de ces deux entreprises :

- maintenir la maîtrise française sur la filière nucléaire ;

- respecter les engagements pris avec Siemens sur le réacteur du futur ;

- préserver la structure et les choix de stratégie industrielle de Framatome ;

- assurer le maintien des réserves de l'entreprise.

A cet égard, il faut rappeler que Framatome dispose d'une trésorerie de 8 milliards de francs.

Un éclairage intéressant sur ce dossier a été fourni à la commission à l'occasion de l'audition deM. Jean-Claude Leny, président de Framatome, dont le compte-rendu figure en annexe au présent rapport.

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