III. LA POSITION DE VOTRE COMMISSION


On ne peut manquer d'être frappé du manque de cohérence d'un dispositif qui prévoit d'abattre les veaux de moins de huit jours, contre une prime de 800 francs, et qui laisse subsister, au titre des accords d'association avec les pays d'Europe centrale et orientale, un contingent d'importation de 178,00 veaux de moins de 80 kg, avec des droits super réduits (droit ad valorem de 2,82 % + montant spécifique de 256 écus par tonne), soit environ 168 francs pour un veau de 500 francs.

Il apparaît donc logique d'examiner si la mise en oeuvre des accords internationaux, en application des différents accords préférentiels, en particulier avec les PECO, ne devrait pas être suspendue en raison de la situation d'extrême urgence dans laquelle se trouve le marché communautaire.


• Si les conditions de déclenchement tant des clauses de sauvegarde de l'OMC que des clauses de sauvegarde générales des accords européens (nécessaire augmentation des importations) ne semblent pas, l'Union européenne peut à bon droit invoquer les clauses de sauvegarde spéciales agricoles des accords européens conclus avec les PECO prévues par exemple à l'article 22 de l'accord avec la Roumanie.

Il convient de rappeler les termes mêmes de ces clauses :

« Sans préjudice des autres dispositions du présent accord (...), si, vu la sensibilité particulière des marchés agricoles, les importations de produits originaires de l'une des parties, qui font l'objet de concessions (...) entraînent une perturbation grave des marchés dans l'autre partie, les deux parties entament immédiatement des consultations afin de trouver une solution appropriée. Dans l'attente de cette solution, la partie concernée est autorisée à prendre les mesures qu'elle juge nécessaires ».

Comme l'indique la Délégation de l'Assemblée Nationale pour l'Union européenne, on peut considérer que les conditions de déclenchement de ces clauses de sauvegarde sont réunies.

La première condition de déclenchement, relative à la « sensibilité particulière des marchés » agricoles, est manifestement remplie, dans le cas de la viande bovine.

La deuxième condition, relative aux importations, peut prêter à interprétation : si ce ne sont pas les importations qui ont provoqué la crise actuelle, on peut cependant remarquer qu'en raison de leur part relative, elles provoquent, compte tenu de la situation actuelle du marché de la viande bovine, un déséquilibre entre l'offre et la demande. Les importations aggravent manifestement une situation dramatique, du fait de l'épizootie d'ESB. De plus, ce déséquilibre n'était pas prévu au moment de la négociation des accords européens.

La mise en oeuvre de ces clauses de sauvegarde permettrait concrètement de revenir, jusqu'au 31 décembre 1996, sur les droits super réduits accordés aux PECO et applicables aux contingents d'importation de 169.000, 153,000 et 178,000 têtes (jeunes bovins de l'espèce bovine d'un poids inférieur à 300 kg). Bien sûr, des compensations pourraient être négociées avec les PECO, pour atténuer l'effet économique de ces mesures.

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