B. UNE CONTRE-PERFORMANCE LIÉE AU COMMERCE EXTÉRIEUR
1. Une contribution négative du commerce extérieur en partie liée à des facteurs exceptionnels
Comme le fait apparaître la décomposition de l'évolution du produit intérieur brut entre 2015 et 2016, cette contre-performance tient essentiellement à la contribution fortement négative (- 0,8 point) du commerce extérieur à la croissance , qui contraste avec la hausse de la consommation et, dans une moindre mesure, de l'investissement.
Décomposition de l'évolution du PIB en volume entre 2015 et 2016
(en points de PIB)
Source: commission des finances du Sénat (d'après : Insee, comptes nationaux)
Ainsi que le relève l'Insee, cette évolution défavorable s'explique pour moitié par deux chocs conjoncturels :
- d'une part, la diminution de la fréquentation des touristes à la suite des attentats, qui a ôté 0,2 point à la croissance française en provoquant une nette dégradation du solde touristique 3 ( * ) (1,3 milliard d'euros en 2016, contre 6,2 milliards d'euros en 2014) 4 ( * ) ;
- d'autre part, les mauvaises récoltes céréalières , liées aux conditions météorologiques, qui ont également pesé à hauteur de 0,2 point sur la croissance 5 ( * ) .
2. Un déficit de compétitivité de l'appareil productif français qui pèse sur la croissance
Si ces évènements exceptionnels peuvent en partie expliquer la contribution fortement négative du commerce extérieur à la croissance française en 2016, des facteurs structurels semblent également à l'oeuvre .
En effet, l'écart de croissance entre la France et la zone euro apparu à compter de l'exercice 2014 est dû en quasi-totalité à la différence de contribution du commerce extérieur sur l'ensemble de la période.
Décomposition de l'écart de croissance entre la France et la zone euro depuis 2014
(en points de PIB, en %)
2014 |
2015 |
2016 |
||
France |
Croissance |
0,6 |
1,3 |
1,2 |
Contribution du commerce extérieur |
- 0,5 |
- 0,3 |
- 0,8 |
|
Zone euro |
Croissance |
1,2 |
2,0 |
1,8 |
Contribution du commerce extérieur |
0,0 |
0,2 |
-0,3 |
|
Écart de croissance |
- 0,6 |
- 0,7 |
- 0,6 |
|
Écart de contribution du commerce extérieur |
- 0,5 |
- 0,5 |
- 0,5 |
|
Part de l'écart de croissance expliquée par le commerce extérieur |
83 % |
71 % |
83 % |
Source: commission des finances du Sénat (d'après les données de la base Ameco)
En 2016, la contribution de la demande domestique à la croissance française (+ 2 points) apparaît ainsi comparable à celle observée à l'échelle de la zone euro (+ 2,1 points), le différentiel de croissance (- 0,5 point) étant expliqué à 83 % par l'écart de contribution du commerce extérieur à la croissance (- 0,8 point en France, contre - 0,3 point dans la zone euro).
Aussi, au-delà des facteurs conjoncturels, une interrogation persiste sur la capacité de l'appareil productif français à répondre à l'évolution de la demande adressée.
D'après une récente étude menée par Natixis sur la période 2014-2016, une hausse d'un euro de la demande conduirait ainsi à une augmentation du PIB de seulement 30 centimes d'euros en France, contre 46 centimes d'euros en Allemagne et 69 centimes d'euros en Espagne 6 ( * ) .
Dans son bilan approfondi des mesures de prévention et de correction des déséquilibres macroéconomiques, la Commission européenne dresse à cet égard un bilan contrasté de l'action engagée par le Gouvernement pour redresser la compétitivité de l'appareil productif français , indiquant que si « la compétitivité-coûts s'améliore », elle « n'a pas entièrement regagné le terrain perdu », tandis que « des progrès sensibles sur la compétitivité hors coûts tardent à se matérialiser » 7 ( * ) .
Cette situation apparaît d'autant plus préoccupante qu'un fort rebond du commerce mondial est attendu pour 2017 , l'Insee anticipant une hausse des échanges de 5,9 %, soit un rythme de croissance inédit depuis 2011 8 ( * ) . Dans ce contexte, si la France ne parvenait pas à profiter de la reprise du commerce mondial, l'écart de croissance avec les pays dont l'appareil productif apparaît plus compétitif s'en trouverait accru .
* 3 Le solde touristique correspond à la valeur des biens et services acquis par des non-résidents lors de leur voyage en France, diminué de la valeur des biens et services acquis par des résidents français lors de leurs voyages à l'étranger.
* 4 Insee, « Croissance solide », Note de conjoncture, juin 2017, p. 68.
* 5 Ibid ., p. 4.
* 6 Natixis, « La capacité ou l'incapacité de l'appareil productif à répondre à la progression de la demande sont une caractéristique centrale des économies », Flash Économie, 27 juin 2017.
* 7 Commission européenne, « Rapport 2017 pour la France comprenant un bilan approfondi des mesures de prévention et de correction des déséquilibres macroéconomiques », 22 février 2017, p. 4.
* 8 Insee, « Croissance solide », Note de conjoncture, juin 2017, p. 10.