C. MIEUX PRENDRE EN COMPTE LES INTÉRACTIONS ENTRE SANTÉ ET TRAVAIL
Un rapport élaboré par l'Igas et publié en juin 2013 pose les premiers jalons d'une approche globale des interactions entre santé et travail 3 ( * ) .
Le rapport relève tout d'abord la place de la santé au travail au sein de la stratégie nationale de santé. L'axe 3.2 de celle-ci, « renforcer le pilotage national », prévoit la création d'un comité interministériel pour la santé, placé auprès du Premier ministre, qui portera une « attention particulière (...) à la santé au travail ». Votre rapporteur juge que cette approche interministérielle est nécessaire, la santé au travail étant parfois desservie par le partage des compétences entre les ministères en charge de la santé, de la sécurité sociale et du travail.
La mission de l'Igas souligne également la nécessité d'intégrer la santé au travail au sein des Projets régionaux de santé tout en les articulant avec les Plans régionaux de santé au travail. De ce point de vue il faudra veiller à la cohérence entre le prochain Plan santé au travail, le Plan santé-environnement et la future loi de santé publique.
Surtout, à partir de cas d'étude, le rapport montre la nécessaire prise en compte de l'impact du travail sur les pathologies, qu'il les créé au sens des maladies professionnelles, ou qu'il les aggrave. Le cas de maladies cardio-vasculaires étudié à partir de meta-analyses récentes montre l'impact direct des charges lourdes et des emplois postés sur les accidents vasculaires. Mais il ressort aussi des études épidémiologiques que l'impact des risques psycho-sociaux est équivalent à celui de l'obésité abdominale comme facteur de risque. Dès lors, une prise en charge à l'intérieur des entreprises doit être mise en oeuvre avec un suivi des travailleurs les plus à risque.
Si votre rapporteur reste prudent quant à l'idée de faire de l'entreprise un lieu de promotion de la santé publique, autrement que par une action volontaire des CHSCT et des comités d'entreprises, il est important de développer le niveau de connaissance en matière d'interaction entre santé et activité professionnelle afin de lutter contre la sous-déclaration et de limiter la survenue de pathologies liées au travail dont l'organisation internationale du travail considère qu'elles sont une « épidémie silencieuse ».
* 3 « Interactions entre santé et travail », Anne-Carole Bensadon, Philippe Barbezieux, François-Olivier Champs, juin 2013.