III. UN EXERCICE CONTRAINT PAR LA PROXIMITÉ DES PROCHAINES ÉLECTIONS MUNICIPALES : L'ADOPTION SANS MODIFICATION, PAR VOTRE COMMISSION, DE LA PROPOSITION DE LOI

« Au total, à moins d'un an de la prochaine élection des conseillers de Paris, le présent texte permettra ainsi de tenir compte de l'évolution démographique intervenue depuis la loi n° 82-1170 du 31 décembre 1982 (...), dans le respect des équilibres démographiques et sans modifier l'organisation administrative de la commune de Paris » 9 ( * ) .

A. L'APPLICATION DE LA JURISPRUDENCE CONSTITUTIONNELLE DANS UN CALENDRIER PARTICULIÈREMENT ÉTROIT

Le nouveau tableau proposé ( article 1 er de la proposition de loi ) concrétise la conciliation du respect du principe de l'égalité du suffrage et des paramètres du scrutin parisien.

Précisons que la répartition proposée est basée sur la population arrêtée au 1 er janvier 2013 10 ( * ) .

Le souci de l'auteur de la proposition de loi a été de ne pas bouleverser le régime électoral de la capitale si peu de temps avant le renouvellement de son conseil.

1. Les modalités d'établissement du tableau proposé

La nouvelle répartition des sièges au Conseil de Paris s'inscrit dans le découpage arrêté en 1982 du territoire de la capitale en vingt secteurs correspondant chacun à un arrondissement.

a) L'abandon du principe d'une représentation minimale

Partant, à effectif global constant, l'attribution d'un minimum de trois sièges à chaque arrondissement a dû être abandonnée pour permettre le respect de la jurisprudence constitutionnelle.

L'article 1 er de la proposition de loi conserve, pour répartir les sièges entre les 20 secteurs, le recours à la proportionnelle à la plus forte moyenne initialement retenue en 1982 comme elle le fut aussi à Lyon et à Marseille. La novation réside cependant dans son application à l'ensemble des 163 sièges et non pas comme auparavant à seulement 103 de ces sièges, les 60 autres sièges étant alors automatiquement attribués à raison de trois par secteur.

Dans ce cadre, à l'issue de la première étape qui a consisté à attribuer à chaque secteur le nombre de sièges correspondant à la population sur la base du quotient électoral (13 766 habitants), 8 sièges restaient à répartir à la plus forte moyenne. Sur cette base, ils ont bénéficié aux 8 è , 10 è , 18 è , 19 è , 16 è , 15 è , 20 è et 12 è secteurs par rang d'attribution comme le détaille le tableau ci-après 11 ( * ) .

DÉTAIL DU CALCUL DE LA RÉPARTITION PROPORTIONNELLE DES SIÈGES À LA PLUS FORTE MOYENNE

Arr.

Population au 1 er janvier 2013

Population/ Quotient électoral

Sièges attribués à la proportionnelle

Moyennes pour le 1 er siège restant

Moyennes pour le 2 e siège restant

Moyennes pour le 3 e siège restant

Moyennes pour le 4 e siège restant

Moyennes pour le 5 e siège restant

Moyennes pour le 6 e siège restant

Moyennes pour le 7 e siège restant

Moyennes pour le 8 e siège restant

1 er

17 308

1,3

1

8 654

8 654

8 654

8 654

8 654

8 654

8 654

8 654

2 e

23 009

1,7

1

11 504

11 504

11 504

11 504

11 504

11 504

11 504

11 504

3 e

35 652

2,6

2

11 884

11 884

11 884

11 884

11 884

11 884

11 884

11 884

4 e

28 012

2,03

2

9 337

9 337

9 337

9 337

9 337

9 337

9 337

9 337

5 e

60 938

4,4

4

12 187

12 187

12 187

12 187

12 187

12 187

12 187

12 187

6 e

43 451

3,2

3

10 862

10 862

10 862

10 862

10 862

10 862

10 862

10 862

7 e

57 974

4,2

4

11 594

11 594

11 594

11 594

11 594

11 594

11 594

11 594

8 e

41 280

2,99

2

13 760*

10 320

10 320

10 320

10 320

10 320

10 320

10 320

9 e

60 139

4,4

4

12 027

12 027

12 027

12 027

12 027

12 027

12 027

12 027

10 e

95 394

6,9

6

13 627

13 627*

11 924

11 924

11 924

11 924

11 924

11 924

11 e

153 202

11,2

11

12 766

12 766

12 766

12 766

12 766

12 766

12 766

12 766

12 e

144 262

10,5

10

13 114

13 114

13 114

13 114

13 114

13 114

13 114

13 114*

13 e

181 532

13,2

13

12 966

12 966

12 966

12 966

12 966

12 966

12 966

12 966

14 e

138 299

10,1

10

12 572

12 572

12 572

12 572

12 572

12 572

12 572

12 572

15 e

236 715

17,2

17

13 150

13 150

13 150

13 150

13 150

13 150*

12 458

12 458

16 e

171 124

12,4

12

13 163

13 163

13 163

13 163

13 163*

12 223

12 223

12 223

17 e

169 325

12,3

12

13 025

13 025

13 025

13 025

13 025

13 025

13 025

13 025

18 e

202 685

14,7

14

13 512

13 512

13 512*

12 667

12 667

12 667

12 667

12 667

19 e

186 652

13,6

13

13 332

13 332

13 332

13 332*

12 443

12 443

12 443

12 443

20 e

196 880

14,3

14

13 125

13 125

13 125

13 125

13 125

13 125

13 125*

12 305

* L'arrondissement concerné enlève le siège.

Source : Rapport n° 1172 (AN, XIVème législ.) de M. Pascal Popelin.

Toutefois, il est apparu nécessaire de corriger les excès de l'application de cette méthode pour tempérer les écarts de représentation qui en résultent.

Par une application stricte de la répartition des sièges selon cette règle, les II ème et III ème arrondissements présenteraient un écart excédant largement la marge de plus ou moins 20 % du quotient électoral admise, au regard du Conseil constitutionnel, comme n'étant pas une mesure manifestement disproportionnée 12 ( * ) .

Dans le cas présent, au terme de l'attribution des derniers sièges à la plus forte moyenne, les II ème et III ème arrondissements marquaient un écart respectivement fixé à + 67,14 % et + 29,49 %.

Le correctif a donc consisté à attribuer à chacun de ces deux secteurs un siège supplémentaire pour ramener le rapport à la moyenne à - 16,4 % pour le premier et à - 13,7 % pour le second.

Cette opération a été réalisée par le transfert du siège supplémentaire bénéficiant aux XII ème et XX ème arrondissements par application de la règle de la plus forte moyenne. L'évolution de la variation en résultant passe de + 4,73 % à + 4,8 % pour le XII ème et de + 4,65 % à + 2,15 % pour le XX ème . Pour ce dernier, l'écart est donc resserré.

Au termes de ces opérations, les 163 sièges du Conseil de Paris sont répartis entre les vingt arrondissements comme indiqué dans le tableau ci-après :

VARIATIONS ENTRE LA RÉPARTITION ACTUELLE ET CELLE DE LA LOI, CENSURÉES, ET CELLE DE LA PROPOSITION DE LOI 13 ( * )

PARIS
par arrondissement

Population 1982

Population 2013

Évolution
en %

Répartition actuelle (A)

Répartition de l'art. 30
de la loi du 27/05/2013

Répartition proposée
par la proposition de loi (B)

Variation nombre de sièges (B/A)

censurées par le Conseil constitutionnel

Nombre
de sièges

Quotient
électoral

Nombre
de sièges

Quotient
électoral

Nombre
de sièges

Quotient
électoral

1 er

18.509

17.308

-4,8

3

5.871

3

5.871

1

17.308

-2

2 ème

21.203

23.009

5,6

3

7.467

3

7.467

2

11.504

-1

3 ème

36.094

35.652

-1,2

3

11.885

3

11.885

3

11.884

0

4 ème

33.990

28.012

-17,1

3

9.397

3

9.397

2

14.006

-1

5 ème

62.173

60.938

-1,0

4

15.383

4

15.383

4

15.234

0

6 ème

48.905

43.451

-11,8

3

14.381

3

14.381

3

14.483

0

7 ème

67.461

57.974

-14,9

5

11.488

4

14.361

4

14.493

-1

8 ème

46.403

41.280

-13,2

3

13.426

3

13.426

3

13.760

0

9 ème

64.134

60.139

-6,0

4

15.069

4

15.069

4

16.034

0

10 ème

86.970

95.394

10,3

6

15.985

7

13.702

7

13.628

+1

11 ème

146.931

153.202

4,0

11

13.886

11

13.886

11

13.927

0

12 ème

138.015

144.262

3,5

10

14.290

10

14.290

10

14.426

0

13 ème

170.818

181.532

6,6

13

14.002

13

14.002

13

13.964

0

14 ème

138.596

138.299

-1,0

10

13.719

10

13.719

10

13.830

0

15 ème

225.596

236.715

4,8

17

13.911

17

13.911

18

13.150

+1

16 ème

179.446

171.124

-5,6

13

13.029

12

14.114

13

13.163

0

17 ème

169.513

169.325

-0,6

13

12.958

12

14.038

12

14.110

-1

18 ème

186.866

202.685

7,4

14

14.331

14

14.331

15

13.512

+1

19 ème

162.649

186.652

13,6

12

15.399

13

14.214

14

13.332

+2

20 ème

171.971

196.880

14,6

13

15.159

14

14.076

14

14.063

+1

TOTAL

2.176.243

2.243.833

2,7

163

13.706

163

13.706

163

13.766

0

Source : Les éléments concernant la population et les quotients des deux tableaux censurés sont repris de l'étude d'impact du projet de loi n° 166 (2012-2013) « Élection des conseillers départementaux, municipaux, communautaires et calendrier électoral ».

b) L'impact sur le nombre des conseillers d'arrondissement

L'article L. 2511-8 du code général des collectivités territoriales encadre la composition des conseils d'arrondissement : leur effectif est le double du nombre des conseillers de Paris élus dans leur circonscription sans qu'il puisse être inférieur à dix ni supérieur à quarante.

La nouvelle répartition entraîne en conséquence la création de dix nouveaux sièges de conseiller d'arrondissement.

En effet, si la diminution d'une unité du nombre des sièges affectés aux I er , II ème , IV ème et VII ème arrondissements n'entraîne aucune modification du nombre de leurs conseillers d'arrondissement en raison du minimum de dix, l'augmentation du nombre des conseillers de Paris élus dans les X ème (+ 1), XV ème (+ 1), XVIII ème (+ 1), XIX ème (+ 2) et XX ème (+ 1) entraîne mécaniquement l'apparition de douze nouveaux conseillers d'arrondissement puisque l'effectif proposé au sein du Conseil de Paris pour ces cinq secteurs varie entre sept et dix-huit. Le solde net est cependant ramené à dix par la diminution de treize à douze des conseillers du XVII ème arrondissement (et donc de vingt-six à vingt-quatre du nombre des conseillers d'arrondissement).

2. Les conséquences de la réforme sur la composition des conseils d'arrondissement de Paris, Lyon et Marseille

La suppression du principe de l'attribution de trois sièges au moins au Conseil de Paris pour chaque arrondissement, commande d'assouplir les modalités de constitution des conseils d'arrondissement.

Aujourd'hui, l'article L. 2511-25 du code général des collectivités territoriales impose de choisir le maire d'arrondissement parmi les membres du conseil municipal. En outre, l'un de ses adjoints au moins doit être conseiller municipal.

Cette double règle devient inapplicable dans le I er arrondissement qui ne sera désormais représenté au Conseil de Paris que par un siège. Elle devient aussi difficilement acceptable dans le II ème arrondissement doté de deux sièges de conseillers de Paris puisque le choix des membres de l'assemblée d'arrondissement sera en conséquence très contraint : s'ils pourront répartir les postes de maire et d'adjoint entre l'un et l'autre, leur choix ne pourra pas, en tout état de cause, se porter sur un troisième candidat.

C'est pourquoi l' article 2 de la proposition de loi propose de modifier l'article L. 2511-25 du code général des collectivités territoriales afin de supprimer la double exigence qu'il comporte : dorénavant, le maire et l'ensemble des adjoints d'arrondissement pourront aussi être choisis parmi les conseillers d'arrondissement.

Cette modification, cependant, ne concerne pas seulement Paris puisque l'article L. 2511-25 est d'application commune aux trois villes divisées en arrondissement : la capitale, Lyon et Marseille.

3. L'application différée des mesures proposées

L' article 3 de la proposition de loi prévoit l'entrée en vigueur des articles 1 er et 2 à compter du prochain renouvellement général des conseils municipaux.

Le tableau des conseillers de Paris et ses conséquences sur les modalités d'élection des maires et adjoints des arrondissements parisiens, lyonnais et marseillais prendront donc effet au mois de mars prochain dans les nouvelles municipalités.


* 9 Cf. proposition de loi n° 755 (2012-2013).

* 10 Cf décret n° 2012-1479 du 27 décembre 2012 authentifiant les chiffres des populations de métropole, des départements d'outre-mer, de la Guadeloupe, de la Guyane, de la Martinique et de La Réunion, de Saint-Barthélemy, de Saint-Martin et de Saint-Pierre-et-Miquelon.

* 11 Cf rapport n° 1172 (AN, XIV ème législ.) de M. Pascal Popelin.

* 12 Cf. décision n° 2010-618 DC du 9 décembre 2010 précité.

* 13 La répartition actuelle et celle du tableau censuré reposent sur la population municipale 2012.

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