c) Des concessions accordées sous la pression des marchés
Selon les banques françaises, cette défiance procédait d'un réel « malentendu » et d'une perception irrationnelle eu égard aux données objectives sur leur exposition aux dettes souveraines, leur niveau de fonds propres (supérieur ou proche de 9 % pour le ratio Core Tier One ) et leurs capacités de financement. Elle illustrait cependant un effet de report de la spéculation des Etats débiteurs vers les banques créancières, et surtout, cristallisait les inquiétudes plus générales sur la survie de la zone euro .
L'aversion au risque se matérialise néanmoins dans l'économie réelle et se traduit à présent dans la structure du bilan des banques, avec :
- l'annonce, par la plupart des banques françaises, d'une accélération de la transformation de leur modèle et d'une diminution de la taille de leur bilan (« deleveraging ») par des mesures de réduction de leurs coûts (en particulier dans la banque d'investissement), des cessions d'actifs et une baisse de la production dans certains secteurs (financement de projets, crédit à l'exportation, prêts aux collectivités territoriales...) ;
- l'édification progressive d'un consensus favorable à une recapitalisation des banques européennes ( cf . infra ) en anticipant les échéances de Bâle III, afin d'aboutir à un niveau plancher de fonds propres Core Tier One supérieur à celui prévu par ce régime (9 % au lieu de 7 %). Afin de rassurer les marchés, les trois principales banques françaises ont d'ailleurs annoncé vouloir atteindre un tel ratio d'ici fin 2012, en actionnant tant le levier du numérateur (augmentation des fonds propres de base) que celui du dénominateur (réduction du profil de risque et cession d'activités).