2. Un risque d' « effet boule de neige » résultant de l'inéluctable ralentissement de la croissance de l'économie grecque au cours des prochaines décennies
Le déficit et la dette d'un Etat peuvent augmenter de manière incontrôlable si, à cause de la coexistence d'une croissance nominale inférieure au taux d'intérêt et d'un solde primaire négatif ou trop faiblement positif, la charge d'intérêts et la dette s'accroissent mutuellement. C'est ce qu'on appelle l'« effet boule de neige », qui suscite une augmentation exponentielle du ratio dette/PIB.
Actuellement, le déficit public de la Grèce se décompose entre une charge d'intérêts et un déficit primaire de l'ordre de respectivement 5 et 8 points de PIB. Dès lors, la capacité de la Grèce à honorer sur le long terme sa dette publique dépend de trois facteurs :
- le taux d'intérêt de sa dette publique ;
- sa capacité de réduction annuelle de son déficit primaire ;
- la croissance de son PIB en valeur.
a) Une croissance qui pourrait être de l'ordre de seulement 1 % par an en volume au cours des prochaines décennies
La crise actuelle des finances publiques grecques trouve en grande partie son origine dans les perspectives de croissance à long terme de l'économie grecque.
Celles-ci sont en effet préoccupantes. Avant la crise la croissance du PIB était de l'ordre de 4 % en volume (et 7 % en valeur). Cependant, cela n'a probablement été qu'un « feu de paille ». Elle a été de - 2 % en 2009 et, selon le consensus des conjoncturistes, serait de - 2,6 % en 2010 et - 0,5 % en 2011 18 ( * ) . Surtout, la croissance devrait demeurer durablement faible. Selon les estimations du FMI, elle devrait fortement décliner, pour être de l'ordre de 1 % en volume (et 3 % en valeur) au cours des prochaines décennies, comme le montre le tableau ci-après. Cela proviendrait du fait que la croissance récente aurait été légèrement supérieure à la croissance potentielle, et que la population active, qui jusqu'à présent augmentait de 1 % par an, diminuerait désormais d'environ 0,5 %, le PIB nominal étant en outre réduit par une inflation inférieure d'1 point.
Les perspectives de long terme de l'économie grecque, selon le FMI
(croissance annuelle en %)
1990-99 |
2000-09 |
2010-19 |
2020-29 |
2030-39 |
2040-49 |
2050-60 |
|
PIB réel |
2,1 |
3,4 |
1,4 |
1,3 |
0,8 |
0,6 |
1,1 |
PIB nominal |
12,6 |
6,7 |
3,4 |
3,4 |
2,8 |
2,6 |
3,1 |
Population active |
1,2 |
0,8 |
0,2 |
-0,2 |
-0,7 |
-0,9 |
-0,4 |
Source : « Greece: Selected Issues », Fonds monétaire international, IMF Country Report No. 09/245, août 2009
Il existe des estimations moins pessimistes de la croissance potentielle de la Grèce. Ainsi, selon la Commission européenne 19 ( * ) , celle-ci serait en volume de 1,8 % de 2009 à 2060. Le ralentissement par rapport à la croissance observée de 2000 à 2008 demeurerait cependant important.
* 18 Consensus Forecasts, avril 2010.
* 19 Commission européenne, « The 2009 Ageing Report », European Economy n°7, 2008.