PREMIÈME PARTIE : UN ENVIRONNEMENT ÉCONOMIQUE DURABLEMENT DÉGRADÉ
I. UNE CROISSANCE DE L'ORDRE DE - 2,25 % EN 2009 ET 0,75 % EN 2010 ?
A. UNE CROISSANCE DE - 2,25 % EN 2009 SELON LE GOUVERNEMENT, LÉGÈREMENT INFÉRIEURE À CELLE DU CONSENSUS DES CONJONCTURISTES
La prévision de croissance du Gouvernement pour 2009 est de - 2,25 %. Elle est légèrement moins favorable que celle du consensus des conjoncturistes (- 2,1 %). Cependant, la plupart des conjoncturistes ne prennent pas en compte l'impact probable de la grippe A/H1N1, qu'ils préfèrent considérer comme un aléa, et dont l'impact semble devoir être de l'ordre de - 0,2 point de PIB.
1. La révision à la hausse des perspectives de croissance pour 2009 provient d'une croissance moins négative qu'attendu au deuxième trimestre
La croissance du PIB au deuxième trimestre 2009, nettement supérieure aux prévisions (+ 0,3 %, alors que l'Insee, à la fin de ce même trimestre, prévoyait une croissance de - 0,6 %), a surpris tous les conjoncturistes, et conduit à revoir les perspectives de croissance pour 2009 à la hausse. Ainsi, alors que la prévision du consensus était de - 2,9 % en juin-juillet et - 2,8 % en août, elle est passée à - 2,2 % en septembre et - 2,1 % en octobre.
En effet, la révision à la hausse du PIB du deuxième trimestre conduit, d'un point de vue comptable et mécanique, à augmenter la croissance du PIB de 0,6 point, ce qui, à prévisions de croissance inchangée pour les autres trimestres et en prenant en compte une légère révision à la baisse par l'Insee de la croissance du premier trimestre, porterait la croissance à - 2,5 % .
Par ailleurs, selon l'Insee, la croissance a été de 0,3 % au troisième trimestre. Si l'on suppose qu'elle est de 0,5 % au quatrième, il en résulte une croissance de -2,1 % en moyenne annuelle, correspondant au scénario des conjoncturistes.
Cependant, la plupart des conjoncturistes ne prennent pas en compte l'impact de la grippe A/H1N1, qui devrait réduire le PIB de 0,2 point selon les estimations de la commission des finances (cf. ci-après).
La prévision de croissance du PIB du Gouvernement pour 2009 associée au présent projet de loi de finance, de - 2,25 %, est donc tout à fait vraisemblable.
2. La grippe A/H1N1 : une réduction du PIB de 0,2 point en 2009 ?
Les estimations les plus diverses de l'impact de la grippe A/H1N1 ont pu circuler, au point de donner l'impression que toute prévision était impossible. Ainsi, selon certaines estimations, le PIB des pays développés pourrait être réduit de plusieurs points en 2009 du fait de la grippe. Ces estimations reposent cependant sur des hypothèses que rien ne justifie concernant la pandémie. En s'appuyant sur les prévisions épidémiologiques de l'institut de veille sanitaire (InVS), on arrive à un impact de l'ordre de - 0,2 point en 2009 et + 0,2 point en 2010.
a) Des estimations comprises entre 0 et 5 points de PIB
Les estimations de l'impact de la grippe A/H1N1 ou d'une pandémie de nature analogue varient entre un impact quasi nul et une réduction du PIB de 5 points, comme l'indique l'encadré ci-après.
Les estimations de l'impact de la grippe A/H1N1 : une « fourchette » comprise entre un impact quasi nul et une réduction du PIB de l'ordre de 5 points Les études les plus médiatisées suggèrent un impact économique considérable pour la grippe A/H1N1. Selon la Banque Mondiale (2008), une pandémie de grippe aviaire (donc avec un taux de mortalité supérieur à celui de la grippe A/H1N1) touchant 35 % de la population mondiale réduirait le PIB des pays développés de 3 points et le PIB mondial de 3,1 points (dont environ 1/3 provenant de la limitation de l'offre et les 2/3 provenant de celle de la demande). Un organisme britannique, Oxford Economic Forecasting (2009), évalue l'impact d'une pandémie de grippe A/H1N1 touchant 30 % de la population de chaque pays à environ 5 points de PIB pour le Royaume-Uni. Des études moins médiatisées, et plus vraisemblables, suggèrent un impact plus modeste de la grippe A/H1N1. Une étude du Congressional Budget Office (2006) évalue pour les Etats-Unis l'impact potentiel d'une pandémie de grippe à 4,25 points de PIB dans le cas d'une pandémie très grave (comme en 1918) et 1 point de PIB dans celui d'une pandémie moins grave (comme en 1957 et 1968), compatible avec un « taux d'attaque » (c'est-à-dire une proportion finale de personnes infectées) de 35 %. Une étude du ministère des finances du Canada (2006) estime même qu'une pandémie de la gravité de celle de 1918 réduirait le PIB des Etats-Unis de seulement 0,35 à 0,92 point, une pandémie de moindre importance ayant un impact de 0,09 à 0,34 point. Une récente étude de la Société générale évalue l'impact de la grippe A/H1N1, en cas de taux d'attaque de 30 %, à une chute de PIB de 2,5 à 3 points au dernier trimestre 2009, ce qui correspond à une réduction du PIB annuel de l'ordre de 0,7 point. Evoquant une évaluation du secrétariat général de la défense nationale, Mme Roselyne Bachelot, ministre de la santé et des sports, a déclaré sur RTL que l'impact de la grippe serait de l'ordre de 0,4 point de PIB, avec un taux d'attaque de 30 %. |