B. 2.2. PROJECTIONS DE DÉPENSES DE SANTÉ
On vient de voir que les dépenses par habitant réagissent à des facteurs économiques (PIB par habitant, prix relatif des soins) ainsi qu'à des facteurs propres à l'organisation des soins (part des dépenses à la charge des ménages, densité médicale, organisation du système de santé). Il s'agit là des dépenses moyennes par personne, toutes générations confondues. Or les dépenses par individu dépendent bien évidemment de l'âge de ce dernier. La déformation de la structure par âges de la population devrait alors logiquement affecter les dépenses moyennes par habitant. Cet effet démographique est un facteur de long terme, alors que les déterminants examinés jusqu'à présent concernent aussi le court et moyen terme.
1. a. L'effet du vieillissement de la population
On évalue ici l'effet du vieillissement de la population sur les dépenses de santé dans plusieurs pays européens en utilisant les projections démographiques du Cepii 38 ( * ) , et selon la méthode utilisée par la Commission européenne et par l'OCDE. Les données concernant les Etats-Unis proviennent du site internet de l'US Census Bureau. Nous avons retenu le scénario moyen concernant les migrations. On ne prend pas en compte l'augmentation des dépenses de dépendance qui sont aussi liées à l'augmentation du nombre de personnes âgées. De plus, on ne tient pas compte ici des effets macro-économiques qui peuvent résulter d'un secteur de la santé plus grand.
a) L'ampleur du vieillissement
Le vieillissement de la population, c'est-à-dire la déformation de la pyramide des âges avec une importance croissante des tranches d'âges les plus élevées, est commun à tous les pays européens. Cependant, l'ampleur et le calendrier de ce phénomène sont différents selon les pays. Le tableau 6 ci-dessous présente les ratios de dépendance démographique, c'est-à-dire le rapport du nombre des personnes de 65 ans et plus aux nombres de personnes de 20 à 64 ans pour les pays retenus :
Tableau 6 : Ratio de dépendance démographique (en %)
2000 |
2005 |
2010 |
2020 |
2040 |
2050 |
|
Allemagne |
26 |
31 |
34 |
38 |
58 |
57 |
Espagne |
27 |
28 |
30 |
34 |
60 |
76 |
France |
27 |
28 |
28 |
36 |
52 |
56 |
Italie |
29 |
32 |
34 |
39 |
64 |
70 |
Pays-Bas |
22 |
23 |
25 |
33 |
50 |
48 |
Royaume-Uni |
26 |
27 |
28 |
33 |
47 |
47 |
Suède |
30 |
30 |
32 |
38 |
48 |
48 |
Etats-Unis |
22 |
21 |
22 |
29 |
38 |
38 |
Source : Cepii.
Au cours des prochaines décennies, tous les pays européens vont connaître une dégradation de ce ratio, pour trois raisons : l'arrivée aux âges élevés des enfants du « baby-boom » des années d'après la seconde guerre mondiale, l'allongement de l'espérance de vie et enfin la baisse de la fécondité. La dégradation est particulièrement forte en Italie et en Espagne. L'évolution du ratio pour les Etats-Unis est très différente. Partant d'un niveau équivalent aux Pays-Bas (22%) le ratio de dépendance se détériore sur la période mais reste en 2050 sensiblement en deçà des niveaux atteints en Europe : 38% contre 48% aux Pays-Bas.
* 38 A partir d'une procédure élaborée par R. Sleiman (2002) puis modifiée et mise à jour par J. Chateau et C. Bac en Octobre 2003, le Cepii dispose d'un outil de projection démographique autonome.