3. Une situation économique dramatique
En termes de niveau de développement humain, le Cameroun se situe à la 132 ème place mondiale, et en 12 ème position en Afrique subsaharienne, du classement des pays en voie de développement établi par le programme des Nations-Unies pour le développement.
Le Cameroun compte 14,5 millions d'habitants. Son produit intérieur brut par habitant s'élève à 633 dollars. Son taux de croissance est de 5 % en 2001. L'espérance de vie moyenne à la naissance n'atteint que 55 ans et 37 % au moins des adultes sont considérés comme analphabètes.
a) Des atouts non négligeables
Le Cameroun dispose de nombreux atouts: ressources agricoles (bananes, cacao, café, coton), forestières et pétrolières. Sa population est relativement bien formée et industrieuse. Son produit intérieur brut (8,8 milliards de dollars) représente la moitié de celui de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale.
b) Un pays très dépendant de l'aide internationale
De 1965 à 1985, le Cameroun a connu une croissance soutenue. La situation économique s'est ensuite fortement dégradée jusqu'à la dévaluation du franc CFA : le produit intérieur brut a baissé de 25 à 30 %, la production pétrolière a décru (5 millions de tonnes en 1995, contre 10 millions de tonnes en 1989). Le premier plan d'ajustement structurel a été mis au point en 1989.
La dévaluation de 1994 a relancé la compétitivité des filières agricoles et l'économie camerounaise a renoué avec la croissance : 3,3 % en 1994-1995, moyenne de 5 % par an de 1996 à 2001. Entre juillet 1998 et juin 1999, les termes de l'échange ont baissé de 13 % et la croissance n'a été que de 4,4 %. Toutefois, depuis juin 1999, la hausse des prix du pétrole et du dollar a permis au Cameroun d'achever avec plus d'aisance son premier programme d'ajustement structurel.
Le FMI avait conclu avec le Cameroun le 21 août 1997 une facilité d'ajustement structurel renforcé (FASR) de 205,9 millions d'euros, suivie en octobre d'un réaménagement de la dette au Club de Paris. Le conseil d'administration du FMI, du 10 octobre 2000, a conclu à la bonne exécution de ce programme. L'ouverture d'une seconde facilité triennale, dénommée « facilité pour la réduction de la pauvreté et la croissance (FRPC) » a été décidée. Il a estimé par ailleurs que le Cameroun avait franchi le « point de décision » de l'initiative pour les pays pauvres très endettés (PPTE). Cela signifie que le service de la dette sera allégé d'un montant de 324,7 millions d'euros entre 2001 et 2003. Lorsque le pays aura rempli les conditions de passage au « point d'achèvement », la réduction de dette pourra atteindre 1,3 milliard de dollars en valeur actualisée nette.
La Banque mondiale, « ambulance du FMI », a pour sa part décidé le 26 juin 1998 d'octroyer au Cameroun un crédit d'ajustement structurel (CAS) triennal, le troisième du genre, de 182 millions de dollars (en euros) (le deuxième CAS était de 102 millions de droits de tirage spéciaux). Après une première tranche de 50 millions de dollars payée en septembre 1998, une deuxième tranche de 25 millions de dollars a été débloquée en juin 1999. Quatre tranches flottantes de 25 millions de dollars chacune sont en outre prévues, dont le décaissement est conditionné à l'avancée des réformes structurelles et notamment des privatisations. La France a accordé au Cameroun en novembre 1999 un prêt d'ajustement structurel de 38,1 millions d'euros, dépense dont on peut légitimement douter de l'utilité.
Aujourd'hui, le Cameroun est endetté vis-à-vis de l'extérieur à hauteur de 5,8 milliards d'euros (soit 56 % de son PIB et un service de la dette représentant 15,5 % de ses exportations de biens et services). Son entrée dans le processus de désendettement prévu par l'initiative PPTE, ainsi que le niveau des prix du pétrole et du dollar lui permettent d'envisager une croissance de 5,5 % et un déficit budgétaire de seulement 2 % du PIB. Les ressources issues de l'allègement de la dette sont déposées sur un compte spécial et financent les dépenses prévues dans le « cadre stratégique de réduction de la pauvreté », dont la bonne exécution fait partie des conditions de réalisation du « point d'achèvement ». Le gouvernement a notamment préparé des stratégies sectorielles pour l'éducation et la santé.