Loi de finances pour 2002 - Tome III - Annexe 44 : Comptes spéciaux du trésor
LORIDANT (Paul), Rapporteur spécial
RAPPORT GENERAL 87 (2001-2002) - TOME III - Annexe 44 - COMMISSION DES FINANCES
Rapport au format Acrobat ( 6072 Ko )Table des matières
- I. LA PÉRENNITÉ DES COMPTES SPÉCIAUX DU TRÉSOR EST GARANTIE PAR LA NOUVELLE LOI ORGANIQUE RELATIVE AUX LOIS DE FINANCES
- II. LA PRÉSENTATION BUDGÉTAIRE DES COMPTES SPÉCIAUX DU TRÉSOR RESTE INSATISFAISANTE
- CHAPITRE PREMIER
- PRÉSENTATION GÉNÉRALE DES CRÉDITS
- CHAPITRE II
-
LES COMPTES DE PRIVATISATION ET DE PROVISIONNEMENT DES
CHARGES DE RETRAITES SONT SOUMIS À DE LOURDES INCERTITUDES
-
I. L'AVENIR LIMITÉ DU FONDS DE PROVISIONNEMENT DES
CHARGES DE RETRAITE ET DE DÉSENDETTEMENT DE L'ETAT.
- A. LES GRANDES ESPÉRANCES DE LA TÉLÉPHONIE MOBILE DE TROISIÈME GÉNÉRATION
- B. L'ÉVAPORATION DE LA MANNE UMTS
- C. UNE AFFECTATION DES RECETTES REMISE EN CAUSE
- D. POUR L'INSCRIPTION DES RECETTES DE L'UMTS AU BUDGET GÉNÉRAL
-
II. LES PERSPECTIVES INCERTAINES DU COMPTE D'AFFECTATION
DES PRODUITS DE PRIVATISATION 902-24.
- A. LE COMPTE 902-24 OU LES DIFFICULTÉS DE LA PRÉVISION
- B. UN EFFET DE CISEAUX ENTRE RECETTES DE PRIVATISATION ET BESOINS DE FINANCEMENT DU SECTEUR PUBLIC EN 2000 ET 2001
- C. LES INCERTITUDES DES PRIVATISATIONS POUR 2002
- D. L'AJOUT CONTESTABLE AUX BESOINS DE FINANCEMENT DU SECTEUR PUBLIC DES BESOINS DU FONDS DE RÉSERVE DES RETRAITES
- E. LA NÉCESSITÉ DE MIEUX PRENDRE EN COMPTE LES FRAIS LIÉS AUX OPÉRATIONS DE CESSION
-
I. L'AVENIR LIMITÉ DU FONDS DE PROVISIONNEMENT DES
CHARGES DE RETRAITE ET DE DÉSENDETTEMENT DE L'ETAT.
- CHAPITRE III
-
LE COMPTE D'OPÉRATIONS MONÉTAIRES ET LE
COMPTE D'AVANCES AUX COLLECTIVITÉS LOCALES RÉVÉLENT DES
CAGNOTTES AU PROFIT DE L'ETAT
- I. UN BÉNÉFICE NET SUR L'EURO : LE COMPTE D'ÉMISSION DES MONNAIES MÉTALLIQUES 906-04
-
II. LES EXCÉDENTS DU COMPTES D'AVANCES 903-54 SUR
LE MONTANT DES IMPOSITIONS REVENANT AUX DÉPARTEMENTS ET COMMUNES.
- A. L'INFLEXION DU SOLDE DU COMPTE D'AVANCES
- B. LA REMISE EN CAUSE DU FONCTIONNEMENT HABITUEL DU COMPTE
- C. DES EXCÉDENTS DONT LES EXPLICATIONS NE SONT PAS TOTALEMENT SATISFAISANTES
- D. UNE PRISE EN COMPTE DU SOLDE CUMULÉ À RELATIVISER
- E. UN NOUVEL ÉQUILIBRE DES RELATIONS FINANCIÈRES ETAT/COLLECTIVITÉS LOCALES ?
- CHAPITRE IV
-
LES ARTICLES RATTACHÉS
- I. LES ARTICLES DE RÉCAPITULATION DES CRÉDITS
-
II. LES AUTRES ARTICLES
- A. ARTICLE 37 MODIFICATION DE L'OBJET DES DÉPENSES DU COMPTE D'AFFECTATION SPÉCIALE N°902-19 « FONDS NATIONAL DES HARAS ET DES ACTIVITÉS HIPPIQUES »
- B. ARTICLE 38 EXTENSION DES AIDES OCTROYÉES PAR LE COMPTE D'AFFECTATION SPÉCIALE N°902-32 « FONDS DE MODERNISATION DE LA PRESSE QUOTIDIENNE ET ASSIMILÉE D'INFORMATION POLITIQUE ET GÉNÉRALE ».
- EXAMEN EN COMMISSION
- ANNEXE : LOI ORGANIQUE DU 1ER AOÛT 2001 RELATIVE AUX LOIS DE FINANCES
N° 87
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 2001-2002
Annexe au procès verbal de la séance du 22 novembre 2001
RAPPORT GÉNÉRAL
FAIT
au nom de la commission des Finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la Nation (1) sur le projet de loi de finances pour 2002 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE,
Par M.
Philippe MARINI,
Sénateur,
Rapporteur général.
TOME III
LES MOYENS DES SERVICES ET LES DISPOSITIONS SPÉCIALES
(Deuxième partie de la loi de finances)
ANNEXE N° 44
COMPTES SPÉCIAUX DU TRÉSOR
Rapporteur spécial
: M. Paul LORIDANT
(1) Cette commission est composée de : MM. Alain Lambert, président ; Jacques Oudin, Gérard Miquel, Claude Belot, Roland du Luart, Mme Marie-Claude Beaudeau, M. Aymeri de Montesquiou, vice-présidents ; MM. Yann Gaillard, Marc Massion, Michel Sergent, François Trucy, secrétaires ; Philippe Marini, rapporteur général ; Philippe Adnot, Bernard Angels, Bertrand Auban, Denis Badré, Jacques Baudot, Roger Besse, Maurice Blin, Joël Bourdin, Gérard Braun, Auguste Cazalet, Michel Charasse, Jacques Chaumont, Jean Clouet, Yvon Collin, Jean-Pierre Demerliat, Eric Doligé, Thierry Foucaud, Yves Fréville, Adrien Gouteyron, Hubert Haenel, Claude Haut, Alain Joyandet, Jean-Philippe Lachenaud, Claude Lise, Paul Loridant, François Marc, Michel Mercier, Michel Moreigne, Joseph Ostermann, Jacques Pelletier, René Trégouët.
Voir
les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème
législ.) :
3262
,
3320
à
3325
et T.A.
721
Sénat
:
86
(2001-2002)
Lois de finances. |
I. LA PÉRENNITÉ DES COMPTES SPÉCIAUX DU TRÉSOR EST GARANTIE PAR LA NOUVELLE LOI ORGANIQUE RELATIVE AUX LOIS DE FINANCES
Votre
rapporteur spécial formule depuis plusieurs années trois
remarques :
- Les comptes spéciaux du trésor constituent un outil
budgétaire utile qu'il convient de préserver.
- Les comptes spéciaux du trésor sont les supports de la
gestion patrimoniale de l'Etat.
- La répartition entre crédits du budget
général et comptes spéciaux du trésor doit
être faite avec rigueur.
A. LES DISPOSITIONS DE LA LOI ORGANIQUE
Votre
rapporteur spécial se félicite que les dispositions de la loi
organique du 1
er
août 2001, relative aux lois de finances qui
concernent les comptes spéciaux du trésor, aient tenu compte de
ces remarques.
En effet, les dispositions de la loi garantissent la pérennité
des comptes spéciaux du trésor (qui s'appelleront
désormais comptes spéciaux). Elles font des comptes
spéciaux du trésor un instrument privilégié pour la
gestion des participations financières de l'Etat, de la dette et des
pensions.
La loi organique du 1er août 2001 institue quatre catégories de
comptes spéciaux :
- les comptes d'affectation spéciale,
- les comptes de commerce,
- les comptes d'opérations monétaires,
- les comptes de concours financiers, catégorie qui regroupe les actuels
comptes de prêts et comptes d'avance.
Chaque compte constitue une mission au sens de la loi organique et ne peut donc
être créé que par une disposition de loi de finances
d'initiative gouvernementale.
La loi du 1er août 2001 crée de droit trois comptes
spécifiques :
- un compte d'affectation spéciale retraçant les
opérations de nature patrimoniale liées à la gestion des
participations financières de l'Etat. Ce compte sera l'héritier
de l'actuel compte n° 902-24 qui retrace le produit des
opérations de privatisation et les dotations en capital aux entreprises
publiques.
- un compte de pensions et avantages accessoires, sous la forme d'un compte
d'affectation spéciale, à partir duquel seront payées les
pensions des agents publics et les charges de compensation aux régimes
de retraite.
- un compte de la dette et de la trésorerie de l'Etat, sous la forme
d'un compte de commerce, retraçant l'ensemble des opérations
budgétaires - à l'exclusion des charges et des produits de
trésorerie constituées par l'amortissement et l'émission
d'emprunts - relatives à la dette de l'Etat. La loi organique
élargit ainsi l'objet du compte de commerce créé par la
loi de finances rectificative pour 2000, qui ne retrace que les seules
opérations de gestion active.
S'agissant des comptes d'affectation spéciale, la loi organique
répond à certaines observations de votre rapporteur
spécial :
1. Une logique d'affectation interprétée avec rigueur
L'article 21 de la loi organique impose que les dépenses prises en charge par un compte d'affectation spéciale soient, à partir de la loi de finances pour 2006, financées par des recettes « qui sont, par nature, en relation directe avec les dépenses concernées ».
2. Une étanchéité entre les comptes d'affectation spéciale et le budget général renforcée
Le même article renforce l'étanchéité entre les comptes d'affectation spéciale et le budget général, en réduisant de 20 % à 10 % des crédits initiaux de chaque compte le versement qu'il est possible d'effectuer à partir du budget général et en interdisant, sauf pour les deux comptes d'affectation spéciale spécifiques cités plus haut et sauf disposition de loi de finances pour les autres comptes, les versements au budget général réalisés à partir d'un compte.
3. Une meilleure information des commissions des finances
La loi organique institue une procédure d'information préalable des commissions des finances en cas de majoration réglementaire des crédits du compte en cours d'année permise par un excédent de recettes. Le ministre des finances doit informer au préalable les commissions des raisons de cet excédent, de l'emploi prévu pour les crédits ainsi ouverts et des perspectives d'exécution du compte jusqu'à la fin de l'année.
B. EXERCICE DE PROSPECTIVE
Votre
rapporteur spécial a réfléchi à l'impact de ces
dispositions sur le nombre de comptes spéciaux du trésor et sur
l'évolution de chacune des catégories de comptes spéciaux
du trésor.
Il ne sait pas si la tendance à la diminution de comptes
spéciaux du trésor, et tout particulièrement des comptes
d'affectation spéciale, va se poursuivre ou au contraire s'inverser.
Une nouvelle proposition de suppression d'un compte d'affectation spéciale
La Cour
des Comptes a transmis à votre rapporteur spécial un
référé adressé aux ministres des finances, de
l'équipement et de l'aménagement du territoire qui conclut par la
nécessité de supprimer le compte 902-25 « Fonds
d'intervention pour les aéroports et le transport
aérien » (FIATA) :
«La Cour des Comptes constate que, sur la base de l'analyse des
données globales de l'exécution budgétaire, les recettes
ne correspondent pas au niveau réel des besoins à financer.
Au cours des cinq dernières années, la consommation des
crédits ouvertes n'excède pas 40 %, la situation de
l'exercice 2000, avec un taux de 59,4 %, apparaissant à cet égard
tout à fait exceptionnelle. Par ailleurs, le niveau des reports augmente
constamment d'un exercice à l'autre : de 120,5 millions de francs
au 1
er
janvier 1996, il atteint, malgré
l'élargissement des missions du Fonds, 193,6 millions de francs au
1
er
janvier 2000 et 224,5 millions de francs au
1
er
janvier 2001. Le montant du prélèvement
opéré sur l'usager au travers des opérateurs du transport
aérien apparaît donc disproportionné et excessif.
La faible niveau de consommation des crédits démontre aussi
l'inadaptation, par rapport aux réalités du transport
aérien et aux objectifs initiaux du Fonds, d'un dispositif de subvention
qui semble se révéler à l'usage peu attractif.
La réduction sensible, au fil des ans, des sommes effectivement
consacrées au soutien des lignes aériennes d'aménagement
du territoire, comme du nombre d`opérateurs et des liaisons
conventionnées, amène à s'interroger sur la
validité des critères d'attribution des concours financiers
gérés par le Fonds.
Malgré l'importance des moyens financiers dont il dispose, ce dernier
n'a pas eu d'effet tangible sur la création de liaisons aériennes
nouvelles : ainsi, son intervention ne s'inscrit pas de manière
probante dans le cadre plus général d'une politique de
l'aménagement du territoire qui s'accompagnerait du renforcement des
réseaux sur l'ensemble du territoire.
A cet égard, la Cour constate que la Délégation à
l'aménagement du territoire et à l'action régionale, qui
avait joué un rôle déterminant dans la mise au point du
dispositif initial et en particulier dans la fixation à un niveau
élevé-contre l'avis de la Direction générale de
l'aviation civile- du montant de la taxe par passager, ne paraît pas se
considérer comme impliquée dans sa mise en oeuvre. Ainsi, le
Délégué n'a pas répondu au relevé de
constatations provisoires transmis par la Cour le 3 mars 2000 et au
questionnaire qui l'accompagnait.
L'évolution des missions du Fonds que consacre la réforme de 1999
contribue au demeurant à accentuer le décalage existant entre les
objectifs initiaux et la réalité actuelle. Conçu comme un
instrument de soutien à l'aménagement du territoire, le compte
d'affectation spéciale constitue désormais principalement le
support du financement, au moyen de recettes affectées, de missions
régaliennes ; dotées à raison d'un peu plus de 17 %
en 1999, ces dernières se voient attribuer plus de 63 % des
crédits du Fonds par la loi de finances pour 2001.
Cette situation qu n'est pas conforme aux dispositions de l'ordonnance
n°59-2 du 2 janvier 1959 portant loi organique relative aux lois de
finances conduit à s'interroger sur la légitimité du
dispositif mis en place et sur l'existence même d'un compte d'affectation
spéciale.
Deux interprétations opposées peuvent être tirées
de la nouvelle loi organique.
D'une part, la règle selon laquelle les dépenses des comptes
d'affectation spéciale doivent être financées par des
recettes « qui sont, par nature, en relation directe avec les
dépenses concernées » va conduire à un travail de
remise en ordre afin de clôturer ou de modifier les comptes ne
répondant pas à cette exigence. De même, la limitation des
mouvements de crédits entre comptes spéciaux et budget
général peut être de nature à limiter le recours
à l'instrument des comptes d'affectation spéciale.
D'autre part, la suppression des taxes parafiscales prévue par la loi
organique, qui interviendra au 31 décembre 2003, peut entraîner la
création d'un certain nombre de comptes pour faire face à la
demande de certains secteurs socio-économiques qui demanderaient la
préservation d'une logique d'affectation. Il est ainsi concevable
d'imaginer la création de comptes d'affectation spéciale qui
disposeraient en recettes d'une taxe réaménagée et en
dépenses de subventions à des organismes publics ou
privés. La logique d'affectation reste en effet valable pour un certain
nombre d'actions.
Par ailleurs, la création d'un compte d'affectation spéciale peut
être vécue comme une transition, une étape
intermédiaire, entre l'existence d'un instrument extrabudgétaire
et la budgétisation.
Votre rapporteur spécial doute que le gouvernement se prive dans un
grand nombre de cas de la souplesse des comptes d'affectation
spéciale.
II. LA PRÉSENTATION BUDGÉTAIRE DES COMPTES SPÉCIAUX DU TRÉSOR RESTE INSATISFAISANTE
Au
préalable, votre rapporteur spécial est au regret de constater
que les réponses à son questionnaire budgétaire, qui
constituent un élément d'information essentiel du Parlement pour
l'examen du budget, lui sont parvenus pour la majorité très
tardivement.
Il y a là un dysfonctionnement regrettable, d'autant plus dommageable
qu'elle fait douter des perspectives ouvertes par la nouvelle loi organique du
1
er
août 2001 relative aux lois de finances. Celle-ci fixe en
effet la date limite de remise des réponses aux questionnaires
budgétaires au plus tard huit jours après le premier mardi
d'octobre...
Votre rapporteur spécial se trouve par ailleurs dans l'obligation de
réitérer un certain nombre de remarques formulée l'an
passé. Il note que les documents budgétaires relatifs aux comptes
spéciaux du trésor ne donnent qu'un aperçu vague des
conditions réelles de leur exécution.
Ceci est dû pour l'essentiel aux montants considérables des
reports dont bénéficient les comptes d'affectation
spéciale. Votre rapporteur spécial signalait dans sa
présentation des crédits pour 2001 que
les comptes
d'affectation spéciale constituent une série
« d'icebergs budgétaires » dont la partie
immergée, les reports de crédits, n'apparaît pas.
La pratique des reports de crédits a des fondements multiples. Elle
trouve sa cause tout d'abord dans le régime particulier de gestion des
autorisations de programme et des crédits de paiements lié aux
conditions d'exécution des dépenses des comptes d'affectations
spéciales. L'obligation de faire figurer en prévision des
crédits de paiement à hauteur des autorisations de programme
conduit à « provisionner » chaque année une
fraction des crédits et à les reporter l'année suivante
afin de mettre en réserve l'ensemble des crédits de paiement
nécessités par une opération d'investissement. Les reports
de crédits peuvent ensuite être expliqués par un profil de
recettes dans l'année tel qu'une proportion, variable mais significative
des crédits ne peut être engagée avant la date limite
fixée pour l'engagement des crédits.
Votre rapporteur spécial rappelle que les soldes reportés en fin
de gestion 2000 se sont élevés à 2,73 milliards d'euros,
soit une progression de 37,9 % par rapport à l'exercice
précédent.
On aboutit ainsi à la situation pour le moins paradoxale où
les crédits ouverts en loi de finances ne sont pas appelés
à être consommés tandis que les crédits
consommés ne sont pas débattus.
Votre rapporteur spécial souhaite que figurent dans les documents budgétaires les reports pour chacun des comptes d'affectation spéciale et de manière plus générale que soit précisé pour chaque compte spécial du trésor le solde tel qu'il est évalué pour le début de l'exercice. S'agissant de comptes d'avances notamment, la prévision, comme la constatation, d'excédents ou de déficits ne prend sa signification qu'en fonction du solde initial que le résultat de l'année améliore ou détériore. Montant des reports sur les 4 derniers exercices des comptes d'affectation spéciale
Comptes d'affectation spéciale
|
Montant des reports |
Observations |
|||
Vers 1998 |
Vers 1999 |
Vers 2000 |
Vers 2001 |
||
902-00
FNE
|
113,15
|
144,78
|
169,38
|
241,67
|
|
CHAPITRE PREMIER
PRÉSENTATION GÉNÉRALE DES CRÉDITS
Le
fascicule budgétaire dédié aux comptes spéciaux du
trésor pour 2002 retrace les opérations prévues pour les
six catégories de comptes spéciaux :
- Comptes d'affectation spéciale,
- Comptes de commerce,
- Comptes de règlement avec les gouvernements étrangers,
- Comptes d'opérations monétaires,
- Comptes d'avances,
- Comptes de prêts.
I. EVOLUTION DU NOMBRE DES COMPTES SPÉCIAUX DU TRÉSOR DEPUIS 1997
Le nombre de comptes spéciaux du trésor décroît régulièrement depuis 1997 après la relative stabilité observée dans la décade précédente. Leur nombre, qui s'établissait à 73 en 1960, était passé à une quarantaine depuis le milieu des années 80.
Evolution du nombre de comptes spéciaux par catégorie
|
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
Comptes d'affectation spéciale |
19 |
18 |
17 |
12 |
12 |
11 |
Comptes de commerce |
10 |
10 |
10 |
10 |
11 |
11 |
Comptes de règlement avec les gouvernements étrangers |
2 |
1 |
1 |
1 |
1 |
1 |
Comptes d'opérations monétaires |
4 |
4 |
4 |
4 |
4 |
4 |
Comptes d'avances |
5 |
5 |
5 |
5 |
5 |
5 |
Comptes de prêts |
4 |
4 |
4 |
4 |
4 |
4 |
Total |
44 |
42 |
41 |
36 |
37 |
36 |
La
baisse du nombre de comptes spéciaux du trésor depuis 1997
s'explique uniquement par la réduction du nombre de comptes
d'affectation spéciale : ceux-ci sont passés de 19 en 1997
à 11 pour 2002.
Le nombre de comptes relevant des autres catégories de comptes
spéciaux du trésor reste stable.
Entre 2001 et 2002, le nombre de comptes spéciaux du trésor
passera de 37 à 36.
Un compte d'affectation spéciale (CAS), le compte 902-23
« actions en faveur du développement des départements,
des territoires et des collectivités territoriales
d'outre-mer », est en effet supprimé à compter du
31 décembre 2001. Cette suppression avait été
adoptée dans le cadre de la loi de finances pour 2001.
Deux comptes déjà existants devraient être
aménagés.
L'un, le compte d'affectation spéciale 902-19 « Fonds national
des haras et des activités hippiques », ex-fonds national des
courses et de l'élevage, devrait voir ses opérations diminuer du
fait de l'inscription des dépenses liées à
l'établissement public « les Haras nationaux » au
budget général. Le compte spécial ne devrait plus financer
que le fonds commun de l'élevage et des courses.
L'autre, le compte d'affectation spéciale 902-32 « Fonds
d'aide à la modernisation de la presse quotidienne et assimilée
d'information politique et générale», devrait étendre
ses activités à l'aide à la distribution des quotidiens
nationaux d'information politique et générale, devenant ainsi le
« Fonds d'aide à la modernisation de la presse quotidienne et
assimilée d'information politique et générale, et à
la distribution de la presse quotidienne nationale d'information politique et
générale ».
II. UNE CONTRIBUTION POSITIVE AU SOLDE DU BUDGET GÉNÉRAL
A. LES RÉSULTATS DES COMPTES SPÉCIAUX DU TRÉSOR POUR 2000
En 2000, les opérations sur les comptes spéciaux du Trésor se sont élevées à 89,3 milliards d'euros en dépenses et à 87,5 milliards d'euros en recettes. Par rapport à 1999, année marquée par une forte hausse des dépenses et une augmentation sensible des recettes, les dépenses et les recettes ont été respectivement en hausse de 1,9 % et 2,3 %.
Opérations sur les comptes spéciaux du
Trésor
dont les opérations se poursuivent l'année
suivante
(en milliards d'euros)
|
1997 |
Var 97/98 |
1998 |
Var 98/99 |
1999 |
Var 99/2000 |
2000 |
Dépenses |
82,2 |
-2,40% |
80,3 |
9,20% |
87,6 |
1,90% |
89,3 |
Recettes |
82,6 |
-1,30% |
81,6 |
4,80% |
85,6 |
2,30% |
87,5 |
Les résultats des opérations transitant par les comptes spéciaux du Trésor ont été marqués par une charge de 1,8 milliard d'euros. Toutefois, le résultat finalement retenu pour déterminer la contribution des comptes spéciaux au solde du budget général se calcule hors FMI et FSC et s'élève à 189 millions d'euros en 2000. La loi de finances initiale pour l'année 2000 prévoyait un solde positif supérieur, égal à 457 millions d'euros. La différence s'explique principalement par les mesures de suppression de la vignette et leurs répercussions sur le compte d'avance n° 903-52, les comptes d'avance connaissant ainsi un solde négatif de 599 millions d'euros. Elle s'explique également pour partie par le solde de - 380 millions d'euros des comptes d'opérations monétaires (hors FMI et FSC).
Parmi les comptes spéciaux du Trésor, la catégorie des comptes d'affectation spéciale a connu en 2000 une forte réduction du montant de ces opérations. Les dépenses et les recettes de l'ensemble des comptes d'affectation spéciale ont baissé en effet de 40,5 % par rapport à l'année précédente, bien au-delà de la baisse prévue en loi de finances initiale. Cette forte baisse ne s'explique que partiellement par la suppression de certains comptes l'année précédente. Elle trouve avant tout sa cause dans la baisse d'activité du compte spécial n° 902-24, compte d'affectation des produits de cessions, titre, parts et droits de sociétés, dont les recettes ont diminué de 66 % et les dépenses de 64 % en 2000. En millions d'euros |
Loi de finances 1998 |
Exécution 1998 |
Loi de finances 1999 |
Exécution 1999 |
Loi de finances 2000 |
Exécution 2000 |
I - Opérations à caractère définitif des comptes d'affectation spéciale
Comptes
d'affectation spéciale
|
9.261,15
|
12.751,84
|
7.113,22
|
9.358,07
|
6.551,98
|
5.536,47
|
II - Opérations à caractère temporaire
A.
Opérations des comptes d'affectation spéciale
|
35,96
|
-15,27
|
-4,05
|
-15,12
|
0,08
|
-1,21
|
Charge nette totale des comptes spéciaux |
701,26 |
-1.355,01 |
- 474,71 |
1.498,01 |
- 457,09 |
1.715,29 |
Charge net (hors FMI) |
701,26 |
-739,10 |
- 474,71 |
- 1.408,30 |
- 457,09 |
- 188,95 |
B. LES PRÉVISIONS POUR 2002
Dans le
projet de loi de finances initiale pour 2002, les comptes spéciaux du
trésor se solderaient, comme les années
précédentes, par une
« charge nette
négative ».
Ils dégageraient ainsi un
excédent de 1.989 millions d'euros, en augmentation sensible de 592
millions d'euros, par rapport à l'excédent prévu en loi de
finances initiale pour 2001 qui s'élevait à 1.397 millions
d'euros.
La contribution du solde des comptes spéciaux du trésor au
solde du budget de l'Etat est ainsi très nettement positive.
L'impact, en prévision, des comptes d'affectation spéciale (CAS)
sur le solde des comptes spéciaux du trésor, est neutre.
L'obligation de strict équilibre de chacun de ces comptes, prévu
par l'ordonnance organique n° 59-2 du 2 janvier 1959, conduit
à présenter en projet de loi de finances un montant de
dépenses égal au montant de recettes prévues, quitte, en
exécution, à majorer les dépenses, à constater des
excédents et à effectuer des reports, si les recettes
constatées excèdent les recettes prévues.
Ce sont les autres catégories de comptes qui ont, en prévision,
un impact sur le solde des comptes spéciaux du trésor. Toutes ces
catégories devraient avoir une
« charge nette
négative »
.
Le solde des comptes de prêts devrait se détériorer tout en
restant positif.
Les comptes d'avances et les comptes d'opérations monétaires,
avec des soldes positifs respectivement de 896 millions d'euros et 533 millions
d'euros devraient voir leurs résultats s'améliorer très
nettement en 2002.
L'augmentation de l'excédent prévisionnel
des comptes spéciaux du trésor serait ainsi dû en
quasi-totalité aux comptes d'avances et aux comptes d'opérations
monétaires.
Le tableau ci-dessus récapitule les grandes variations des
opérations et des soldes des comptes spéciaux du Trésor
prévus en 2002 par rapport aux dispositions en vigueur.
Evolution des opérations des comptes spéciaux du Trésor
(en millions d'euros)
|
Loi de finances 2001 |
Projet de loi de finances 2002 |
Evolution PLF 2002/LFI2001 |
I - Opérations à caractère définitif des comptes d'affectation spéciale
Comptes
d'affectation spéciale
|
12.493
|
10.274
|
- 2.222
|
II - Opérations à caractère temporaire
A.
Opérations des comptes d'affectation spéciale
|
4
|
4
|
0
|
Charge nette totale des comptes spéciaux |
- 1.397 |
- 1.989 |
- 592 |
III. UNE EVOLUTION CONTRASTÉE DES DIFFÉRENTES CATÉGORIES DE COMPTES SPÉCIAUX DU TRÉSOR
A. LA FORTE BAISSE DES CRÉDITS DES COMPTES D'AFFECTATION SPÉCIALE
Le projet de loi de finances pour 2002, tel qu'il a été adopté à l'Assemblée Nationale, fait apparaître une forte baisse des crédits des comptes d'affectation spéciale, de l'ordre de 17,8 % .
Variation des crédits des comptes d'affectation spéciale entre 2001 et 2002
(en millions d'euros)
|
2001 |
2002 |
Ecarts
|
Ecarts
|
Fonds national de l'eau |
231,1 |
225,4 |
- 5,7 |
- 2,5 |
Soutien financier de l'industrie cinématographique et de l'industrie audiovisuelle |
438,6 |
447,9 |
+ 9,3 |
+ 2,1 |
Compte d'emploi de la taxe parafiscale affectée au financement des organismes du secteur public de la radiodiffusion sonore et de la télévision |
2.461,6 |
2.543,2 |
+ 81,6 |
+ 3,3 |
Fonds national pour le développement du sport |
182,8 |
205,8 |
+ 23 |
+ 12,5 |
Fonds national des courses et de l'élevage (modifié) (1) |
119,7 |
82,4 |
- 37,3 |
- 31,2 |
Fonds national pour le développement de la vie associative |
6,1 |
9,9 |
+ 3,8 |
+ 62,3 |
Compte d'affectation des produits de cessions de titres, parts et droits de société |
4.039,9 |
5.432 |
+1.393 |
+ 34,5 |
Fonds d'intervention pour les aéroports et le transport aérien (FIATA) |
42,5 |
64,5 |
+ 22 |
+ 51,8 |
Indemnisation au titre des créances françaises sur la Russie |
0 |
0 |
0 |
0 |
Fonds d'aide à la modernisation de la presse quotidienne et assimilée d'information politique et générale, et de la distribution de la presse quotidienne nationale d'information politique et générale (modifié) (2) |
24,4 |
29 |
+ 4,6 |
+ 18,9 |
Fonds de provisionnement des charges de retraite et de désendettement de l'Etat |
4.954 |
1.238 |
- 3.716 |
- 75 |
TOTAL |
12.500,7 |
10.278 |
- 2.222 |
- 17,8 % |
1.
Ex-Fonds national des haras et des activités hippiques
2. Ex-Fonds de modernisation de la presse quotidienne et assimilée
d'information politique et générale
Sur les onze comptes d'affectation spéciale, sept devraient
néanmoins enregistrer une hausse, parfois importante, de leurs
crédits. Il s'agit du Fonds national pour le développement de la
vie associative
(+ 62,3 %)
, du Fonds d'intervention pour les
aéroports et le transport aérien
(+ 51,8 %)
, du Fonds
d'aide à la modernisation de la presse quotidienne et assimilée
d'information politique et générale, et de la distribution de la
presse quotidienne nationale d'information politique et générale
(+18,9 %)
, du Fonds national pour le développement du sport
(+ 12,5 %)
, du compte d'emploi de la redevance
(+ 3,3 %)
et du soutien financier de l'industrie
cinématographique et de l'industrie audiovisuelle
(+ 2,1 %)
.
Surtout, à la suite de la décision de privatisation soudaine
d'Autoroutes du Sud de la France, le compte d'affectation spéciale
902.24 connaîtra une hausse de
34,5 %
de ses crédits. Cette
baisse est destinée à compenser l'effondrement des recettes du
compte 902-33.
Le compte d'affectation spéciale « Indemnisation au titre des
créances françaises sur la Russie » ne
connaîtrait en apparence aucune activité en 2002. En
réalité, il bénéficiera d'importants reports. Le
solde au 12 juillet 2001 faisait apparaître des crédits à
hauteur de 172 millions d'euros qui laissent présager la poursuite des
paiements au titre de l'indemnisation en 2002.
Trois comptes devraient connaître une baisse de leurs crédits.
Outre le Fonds national de l'eau
(- 2,5 %)
et le Fonds national des
courses et de l'élevage, modifié
(-31,2 %)
, les plus
fortes variations toucheraient, en niveau, le compte 902-33, fonds de
provisionnement des charges de retraite et de désendettement de l'Etat
(- 75 %).
Les comptes 902-24 et 902-33 représenteraient en 2002, malgré la
baisse des crédits du 902-33, 64,8 % du total des comptes d'affectation
spéciale.
B. L'ÉVOLUTION OPPOSÉE DES COMPTES D'AVANCE ET COMPTES DE PRÊT
Volume des opérations prévues au titre des comptes d'avances en 2001 et 2002
En millions d'euros |
2001 |
2002 |
|||
903-52 Avances aux départements |
|
|
|||
Recettes |
330,97 |
230,00 |
|||
Dépenses |
330,97 |
230,00 |
|||
Charge nette |
0,00 |
0,00 |
|||
903-53 Avances aux DOM-TOM |
|
|
|||
Recettes |
3,05 |
3,00 |
|||
Dépenses |
6,86 |
6,80 |
|||
Charge nette |
3,81 |
3,80 |
|||
903-54 Avances surs impositions des collectivités locales |
|
|
|||
Recettes |
55.887,81 |
55.300,00 |
|||
Dépenses |
55.293,26 |
54.400,00 |
|||
Charge nette |
- 594,55 |
- 900,00 |
|||
903-58 Avances à divers services de l'Etat |
|
|
|||
Recettes |
0,00 |
0,00 |
|||
Dépenses |
0,00 |
0,00 |
|||
Charge nette |
0,00 |
0,00 |
|||
903-59 Avances à des particuliers |
|
|
|||
Recettes |
9,91 |
8,08 |
|||
Dépenses |
8,08 |
8,09 |
|||
Charge nette |
-1,83 |
0,01 |
|||
Incidence des comptes d'avances |
|
|
|||
Recettes |
56.231,74 |
55.541,08 |
|||
Dépenses |
55.639,17 |
54.644,89 |
|||
Charge nette |
-592,57 |
-896,19 |
Volume des opérations prévues au titre des comptes de prêts en 2001 et 2002
En millions d'euros |
2001 |
2002 |
|||
903-05 Prêts du Fonds de développement économique et social |
|
|
|||
Recettes |
18,29 |
18,30 |
|||
Dépenses |
0,00 |
0,00 |
|||
Charge nette |
- 18,29 |
- 18,30 |
|||
903-07 Prêts à des Etats étrangers |
|
|
|||
Recettes |
459,45 |
473,06 |
|||
Dépenses |
300,33 |
277,46 |
|||
Charge nette |
3,81 |
3,80 |
|||
903-15 Consolidations d'avances |
|
|
|||
Recettes |
0,15 |
0,15 |
|||
Dépenses |
|
|
|||
Charge nette |
- 0,15 |
- 0,15 |
|||
903-17 Consolidations de dettes |
|
|
|||
Recettes |
932,07 |
725,35 |
|||
Dépenses |
232,03 |
565,89 |
|||
Charge nette |
- 700,04 |
-159,46 |
|||
Incidence des comptes de prêts |
|
|
|||
Recettes |
1.409,96 |
1.216,86 |
|||
Dépenses |
532,36 |
843,35 |
|||
Charge nette |
-877,60 |
-373,51 |
Les soldes des comptes d'avances et de prêts devraient rester en 2002 très largement positifs. Ils connaissent toutefois une évolution opposée. Les comptes d'avances verraient leur excédent augmenter tandis que celui des comptes de prêts diminuerait très sensiblement.
Variations prévisionnelles des comptes d'avances et des comptes de prêts
(en millions d'euros)
|
2001 |
2002 |
Ecart |
Comptes d'avances |
592,6 |
896,2 |
+ 303.6 |
Comptes de prêts |
877,6 |
373,5 |
- 504,1 |
Total |
1.470,2 |
1.269,7 |
- 200,5 |
Les comptes d'avances connaissent à la fois une diminution de leurs charges et de leurs ressources. Les comptes de prêts observeraient une nette augmentation de leurs charges.
Variations prévisionnelles des charges et des ressources des comptes d'avances et des comptes de prêts
(en millions d'euros)
|
Charges |
Ressources |
Comptes d'avances |
- 842,3 |
- 538.6 |
Comptes de prêts |
+ 311 |
- 193,1 |
Total |
- 531,1 |
- 731,7 |
La
principale évolution touchant les comptes de prêts concernerait le
compte de prêts du Trésor à des Etats étrangers pour
la consolidation de dettes envers la France qui verrait ses dépenses
s'accroître de 334 millions d'euros.
L'augmentation de l'excédent des comptes d'avances est imputable quant
à lui à la
croissance très forte de l'excédent
qui serait constaté par le compte d'avances sur le montant des
impositions revenant aux départements, communes, établissements
et divers organismes.
Ce solde passerait de + 594,4 millions d'euros
en 2001 à + 900 millions d'euros en 2002, soit une augmentation de
51 % due à une contraction des dépenses supérieure
à celle des recettes.
C. LA GRANDE STABILITÉ DES COMPTES DE COMMERCE
L'amélioration du solde des comptes de commerce serait
due
surtout à la gestion active de la dette et de la trésorerie de
l'Etat. Les autres comptes de commerce connaîtraient une grande
stabilité de leur activité.
Le compte de commerce 904-22 « gestion active de la dette et de la
trésorerie de l'Etat » devrait enregistrer en 2002 les
bénéfices d'une opération de swaps de 40 milliards
d'euros, estimés à 200 millions d'euros. Le plafond de
découvert du compte de commerce est fixé en conséquence
à 1,7 milliards d'euros.
L'annonce de la fermeture prochaine du compte de commerce 904-05 « constructions navales de la marine militaire »
Le
gouvernement a annoncé le mercredi 14 novembre 2001, en
présentant le projet de loi de finances rectificative pour 2001, le
changement de statut de DCN (ex-direction de la construction nationale
désormais disjointe de la direction générale à
l'armement), de service du ministère de la défense en entreprises
nationale détenue par l'Etat.
|
Volume des opérations prévues au titre des comptes de commerce en 2001 et 2002
En millions d'euros |
2000 |
2001 |
|||
904-01 Subsistances militaires |
|
|
|||
Recettes |
38,11 |
38,11 |
|||
Dépenses |
60,98 |
60,98 |
|||
Charge nette |
22,87 |
22,87 |
|||
904-03 Exploitation industrielle des établissements aéronautiques |
|
|
|||
Recettes |
254,59 |
269,10 |
|||
Dépenses |
254,59 |
269,10 |
|||
Charge nette |
0,00 |
0,00 |
|||
904-05 Constructions navales marine militaire |
|
|
|||
Recettes |
1.655,60 |
1.661,69 |
|||
Dépenses |
1.655,60 |
1.661,69 |
|||
Charge nette |
0,00 |
0,00 |
|||
904-06 Opérations commerciales des domaines |
|
|
|||
Recettes |
108,40 |
100,06 |
|||
Dépenses |
104,27 |
93,87 |
|||
Charge nette |
-4,13 |
-6,19 |
|||
904-11 Régie industrielle des établissements pénitentiaires |
|
|
|||
Recettes |
22,58 |
23,12 |
|||
Dépenses |
22,43 |
22,94 |
|||
Charge nette |
-0,15 |
-0,18 |
|||
904-14 Liquidation d'établissements publics |
|
|
|||
Recettes |
0,00 |
0,00 |
|||
Dépenses |
0,02 |
0,02 |
|||
Charge nette |
0,02 |
0,02 |
|||
904-15 Lancement matériels aéronautiques |
|
|
|||
Recettes |
15,24 |
15,25 |
|||
Dépenses |
12,20 |
12,20 |
|||
Charge nette |
-1,83 |
0,01 |
|||
904-19 Opérations de la documentation française |
|
|
|||
Recettes |
19,82 |
18,30 |
|||
Dépenses |
19,82 |
18,30 |
|||
Charge nette |
0,00 |
0,00 |
|||
904-20 Approvisionnement des armées en produits pétroliers |
|
|
|||
Recettes |
457,35 |
519,00 |
|||
Dépenses |
457,35 |
519,00 |
|||
Charge nette |
0,00 |
0,00 |
|||
904-21 Opérations industrielles et commerciales des DDE |
|
|
|||
Recettes |
762,25 |
762,00 |
|||
Dépenses |
762,25 |
762,00 |
|||
Charge nette |
0,00 |
0,00 |
|||
904-221 Gestion active de la dette |
|
|
|||
Recettes |
4-573,5 |
2.500 |
|||
Dépenses |
4.573,5 |
2.300 |
|||
Charge nette |
0,00 |
-200,00 |
|||
Incidence des comptes de commerce |
|
|
|||
Recettes |
7.907,4 |
5.906,6 |
|||
Dépenses |
7.923,0 |
5.720,1 |
|||
Charge nette |
15,6 |
-186,52 |
D. UN BÉNÉFICE EXCEPTIONNEL POUR LES COMPTES D'OPÉRATIONS MONÉTAIRES
Parmi les comptes d'opérations monétaires, le compte d'émission des monnaies métalliques n° 906-04, qui enregistrait depuis 1998 des déficits récurrents, devrait connaître un excédent exceptionnel de 533 millions d'euros lié au passage du franc à l'euro.
CHAPITRE II
LES COMPTES DE PRIVATISATION ET DE PROVISIONNEMENT DES CHARGES DE RETRAITES
SONT SOUMIS À DE LOURDES INCERTITUDES
Les deux
comptes d'affectation spéciale 902-24 et 902-33 sont d'ores et
déjà soumis à de très importants
réajustements.
Le compte 902-24 « compte d'affectation des produits de cessions de
titres, parts et droits de sociétés » enregistre en
recettes le produit des privatisations et en dépenses les dotations en
capital aux entreprises publiques et autres apports destinés notamment
à réduire leur endettement.
Le compte 902-33 « fonds de provisionnement des charges de retraite
et de désendettement de l'Etat » enregistre en recettes les
redevances d'utilisation des fréquences UMTS et en dépenses les
versements au fonds de réserve des retraites.
Ces deux comptes présentent deux caractéristiques
communes :
- Les enjeux financiers de ces comptes sont considérables et atteignent
plusieurs milliards d'euros.
- La sensibilité de ces comptes à la conjoncture
financière et boursière est très forte.
Le gouvernement a pour ces deux comptes, quelques semaines après la
distribution des documents budgétaires, fait adopter par
l'Assemblée Nationale des amendements modifiant profondément les
crédits inscrits pour 2002 et qui
réagissent à un
changement de conjoncture.
Le compte 902-33 voit fondre ses recettes pour 2002, comme cela avait
déjà été le cas en cours d'exécution 2001,
pour répondre à la demande des sociétés
détentrices d'une licence UMTS de voir diminuer le montant de la
redevance à verser. Le compte n'est plus crédité, en
prévision pour 2002, que de 1.238 millions d'euros, contre 2.476
quelques semaines plus tôt, au titre des deux licences (619 millions
d'euros de « ticket d'entrée » chacune) qu'il reste
à octroyer.
Le compte 902-24 devrait bénéficier de recettes
supplémentaires issues de la privatisation soudaine d'Autoroutes du Sud
de la France : les produits de cette privatisation doivent permettre d'une
part de compenser la chute des recettes de l'UMTS en abondant à due
concurrence le Fonds de réserve des retraites et d'autre part de
financer une partie du plan de relance annoncé par le gouvernement le 19
octobre 2001. Dans cette perspective, les recettes prévues du compte
902-24 ont été majorées, à l'issue de la discussion
à l'Assemblée Nationale de la première partie du projet de
loi de finances, de 1.540 millions d'euros.
I. L'AVENIR LIMITÉ DU FONDS DE PROVISIONNEMENT DES CHARGES DE RETRAITE ET DE DÉSENDETTEMENT DE L'ETAT.
L'avenir du fonds de provisionnement des charges de retraite et de désendettement institué par la loi de finances pour 2001 paraît bien sombre à votre rapporteur spécial.
A. LES GRANDES ESPÉRANCES DE LA TÉLÉPHONIE MOBILE DE TROISIÈME GÉNÉRATION
L'UMTS a suscité, et suscite toujours, mais sans
doute de
manière plus raisonnable, de grands espoirs industriels.
Le pari de l'UMTS est celui de l'accès à de nouveaux services,
notamment multimédia, et à Internet, grâce à des
débits plus élevés. Alors que le GSM d'aujourd'hui offre
un débit maximal de 9,6 kb/s, l'UMTS de demain permettrait d'atteindre
des flux d'au moins 384 kb/s et même de 2 Mb/s en mobilité
réduite.
L'Europe a souhaité rééditer avec l'UMTS (Universal Mobile
Telecommunication System) le succès du GSM (Global System for Mobile
communication), en utilisant la même arme : une norme commune,
rapidement mise en oeuvre.
Les perspectives de l'UMTS ont aiguisé les appétits des
opérateurs de télécommunications européens. Elles
ont alimenté la fièvre des marchés financiers.
L'UMTS a nourri dès lors de folles espérances
budgétaires. Ce sont en effet les Etats qui concèdent les
redevances d'utilisation des fréquences UMTS. L'Allemagne et le
Royaume-Uni ont été les tous premiers pays à
concéder leurs licences. Cette concession a eu lieu aux enchères.
Ces enchères ont atteint des montants
considérables.
Les "records" des enchères en Europe |
||||
|
|
|
|
|
Pays |
Date |
Nombre |
Produit |
Impact/PIB |
de licences |
(en milliards d'euros) |
|||
Royaume-Uni |
mai-2000 |
5 |
38 |
2,40% |
Allemagne |
août-2000 |
6 |
50 |
2,50% |
Le
compte 902-33 est la résultante de ces espérances
budgétaires. Destiné à recueillir les
bénéfices de l'UMTS, il visait à la fois à doter
dans de fortes proportions le Fonds de réserve des retraites et à
désendetter l'Etat.
4,95 milliards d'euros étaient ainsi attendus en loi de finances
initiale pour 2001.
B. L'ÉVAPORATION DE LA MANNE UMTS
1. Une procédure d'attribution des licences décevante...
La France n'a pas été parmi les premiers pays européens à attribuer ses licences UMTS.
|
Dates d'attribution des licences |
Enchères |
|
- Grande-Bretagne |
Printemps 2000 |
- Allemagne |
Eté 2000 |
- Pays Bas |
Eté 2000 |
- Autriche |
Automne 2000 |
Soumission comparative |
|
- Finlande |
Novembre 1999 |
- Espagne |
Mars 2001 |
- Suède |
Automne 2000 |
- Norvège |
Automne 2000 |
- France |
Juin 2001 |
- Danemark |
Septembre 2001 |
Système mixte |
|
- Italie |
Automne 2000 |
Elle a
de plus opté pour le système de la soumission comparative
(« beauty contest » ou concours de beauté) et non
pour les enchères. Le gouvernement a suivi en cela les recommandations
de l'ART, l'avis de la commission supérieure du service public des
postes et télécommunications et les souhaits des
opérateurs français de télécommunications.
Si la soumission comparative avait sans doute sa logique industrielle, ses
résultats ont été plus que décevants.
D'une part, seules deux des quatre licences ont trouvé preneurs. Orange,
filiale de France Telecom, et SFR, filiale de Cegetel, elle-même filiale
de Vivendi étaient les seules candidates et sont donc les deux seules
sociétés qui se sont vues attribuer une licence UMTS.
Le prix de la licence a clairement été un frein pour les autres
opérateurs. Pourtant, le prix de cette licence, fixé à
4,95 milliards d'euros l'unité, dont 1,24 milliards payables en 2001 et
1,24 milliards payables en 2002, était bien moindre que celui
payé par les opérateurs, pour certains les mêmes, en
Allemagne et en Grande-Bretagne.
Calendrier de paiement UMTS espéré en loi de finances initiale pour 2001
D'autre part, les recettes du compte 902-33 prévues pour 2001 ont
été dès lors divisées par deux. Seuls 2,48
milliards d'euros pouvaient être attendus en 2001 sur le compte 902-33.
En définitive, ces montants ne seront pas même atteints.
Sur le
strict plan budgétaire, l'UMTS n'est plus la bonne affaire
espérée.
Les gouvernements britannique et allemand ont ainsi
recueilli deux à trois fois plus que les prévisions de 2001
et
donc seize à vingt-quatre fois plus que ce que percevra l'Etat en 2001
et 2002.
2. Qui a néanmoins mis en péril les opérateurs de télécommunications...
a) L'éviction de l'UMTS de groupes français et étrangers importants
Les conditions d'attribution des licences en France ont conduit des opérateurs de télécommunications importants à se retirer, provisoirement, sinon de manière définitive, de la téléphonie mobile de troisième génération. Il en est ainsi de Bouygues Télécom, qui en ne bénéficiant pas d'une licence en même temps que ses autres concurrents, a pris un retard d'au moins une année dans ce secteur et pourrait en subir un préjudice non négligeable. Il en est de même également de Suez qui, alliée avec Telefonica, a déclaré renoncer définitivement à l'UMTS.
b) La chute des cours des détenteurs de licence UMTS
Les marchés ont durement sanctionné les opérateurs de télécommunications qui se sont vu octroyer en France une licence d'exploitation de réseaux de troisième génération de téléphonie mobile. Vivendi Universal, France Telecom et sa filiale Orange ont ainsi vu le cours de l'action durement chuter au cours de l'année 2001. Si l'UMTS n'est pas seul responsable de cette chute, l'endettement des opérateurs étant dû à une croissance externe très rapide, il y a contribué de manière importante.
Cours de l'action Vivendi sur les 12 derniers mois
Cours de
l'action France Telecom sur les douze derniers mois et d'Orange depuis son
entrée en bourse
L'évolution du cours des actions fait état d'une fort dégradation à partir de la date d'attribution des licences. La remontée paraît elle liée en septembre aux premières rumeurs sur des concessions possibles du gouvernement. Le fort mouvement de hausse du mois d'octobre est dû à l'annonce officielle du gouvernement d'une révision des prix
3. Et amené à une révision obligée du montant des licences
Le
gouvernement n'a eu d'autre choix que de réviser à la baisse les
montants des licences sous peine de léser gravement l'avenir de la
téléphonie mobile de troisième génération en
empêchant l'arrivée de deux nouveaux opérateurs en 2002.
Ce sont en effet les perspectives d'une nouvelle consultation et la
nécessité de présenter des conditions favorables à
un marché réticent qui ont obligé le gouvernement à
revoir sa position. C'est pourquoi les pays qui ont octroyé toutes leurs
licences ont pu, contrairement à la France, ne pas remettre en cause les
montants de leur redevance. Tout se passe ainsi comme si la France payait son
retard dans la procédure UMTS à un prix très
élevé. Les enchères allemande et britannique ont mis
à mal la santé financière des opérateurs et la
France, en faisant des concessions sur le prix des licences UMTS, en assume
seule le coût.
La redevance due par chaque titulaire d'autorisation d'établissement et
d'exploitation du réseau mobile de troisième
génération est désormais répartie entre :
- une part fixe d'un montant de 619.209.795,27 euros, versée le
30 septembre de l'année de délivrance de l'autorisation,
- une part variable calculée en pourcentage du chiffre d'affaires
réalisé au titre des fréquences UMTS.
La durée de la licence UMTS est par ailleurs allongée de 15
à 20 ans.
Cette révision du « ticket d'entrée »
pourrait permettre l'attribution d'une, voire des deux, licences restantes en
2002.
C. UNE AFFECTATION DES RECETTES REMISE EN CAUSE
L'article 36 de la loi de finances pour 2001 prévoyait l'affectation des recettes de l'UMTS à l'amortissement de la dette de l'Etat, via la CADEP, et au fonds de réserve des retraites. La baisse des recettes constatée a conduit à la remise en cause des versements à la CADEP. Le projet de loi de finances rectificative pour 2001 en son article 9 supprime l'affectation de recettes à la CADEP pour 2001. L'article 17 du projet de loi de finances pour 2002 supprime cette affectation pour l'avenir.
1. La baisse des recettes
Les
recettes enregistrées en 2001 sont passées de 4,95 milliards
d'euros prévus à 1,24.
Pour 2002, aucune recette n'est assurée. Si les deux dernières
licences sont attribuées, 1,24 milliards d'euros seraient
également affectés au compte d'affectation spéciale 902-33
en 2002.
Le schéma initial : 4 licences dès 2001
|
Montant des redevances versées
|
Cumul général |
||
|
CADEP |
FRR |
Total |
|
2001 |
2,13 |
2,82 |
4,95 |
4,95 |
2002 |
2,13 |
2,82 |
4,95 |
9,91 |
2003 à 2016 |
---- |
0,71 |
0,71 |
19,82 |
Total |
4,27 |
15,55 |
19,82 |
19,82 |
Le schéma actuel : deux licences + ?
|
Montant de la redevance
|
Cumul général |
||
|
CADEP |
FRR |
Total |
|
2001 |
- |
1,24 |
1,24 |
1,23 |
2002-2020 ( ?) |
- |
« Pourcentage du chiffre d'affaires » |
? |
? |
Total |
- |
1,24 + ? |
? |
? |
2. Aucune recette ne sera affectée au désendettement de l'Etat
L'importance des sommes initialement en jeu : un double
dividende de 1,1 point de PIB
Le montant total du produit des licences UMTS tel que prévu initialement
par le gouvernement dans la loi de finances pour 2001 s'élevait à
19,82 milliards d'euros (130 milliards de francs), soit
1,1 point de PIB. La répartition proposée consistait
à affecter en deux années, 2001 et 2002, 4,27 milliards
d'euros (28 milliards de francs) à la réduction de la dette
de l'Etat.
A l'issue de cette période, la part de la dette de l'Etat dans le PIB
devait être mécaniquement réduite de près de
0,3 point. De plus, la charge nette supportée chaque année
par le budget de l'Etat aurait été également
minorée. Il y aurait donc eu un « double dividende »
pour l'Etat, que ce soit, d'une part, au titre de la moindre progression du
stock de la dette et de la baisse de son poids dans le PIB, ou, d'autre part,
au titre de la réduction du coût annuel des charges
d'intérêt supportées par le budget. A ce titre, dans sa
présentation du programme pluriannuel 2002-2004, le gouvernement en
faisait l'un de ses axes de maîtrise de la dette publique puisqu'il
indiquait que «
la baisse du déficit de l'Etat permettra
dans un contexte de stabilité des taux d'intérêt à
long terme, de contenir l'augmentation de la charge de la dette à un peu
moins de 2 % par an, en termes réels.
Cette évolution est
également le produit de l'affectation d'une partie des recettes
résultant de la vente des licences UMTS au désendettement de
l'Etat
».
Force est de constater que cet objectif n'est plus aujourd'hui
d'actualité.
3. La disparition d'une manne pour les retraites ?
En 2001,
1,24 milliards d'euros iront au fonds de réserve des retraites au titre
de l'UMTS.
Pour compenser la moins value due aux concessions faites par le gouvernement
aux opérateurs de télécommunications, 1,24 milliards
d'euros iront en 2002 au Fonds de réserve des retraites à partir
des recettes issues de la privatisation d'Autoroutes du Sud de la France
constatées sur le compte 902-24 de privatisations. Enfin, si les
deux dernières licences sont attribuées, 1,24 milliards
d'euros seront versés à partir du compte 902-33.
Par la suite, les sommes susceptibles d'être versées constitueront
un pourcentage (entre 1 et 2 %) d'un chiffre d'affaires, à
déterminer, réalisé sur l'UMTS.
Le Fonds de réserve des retraites
Le Fonds
de réserve des retraites a été créé par la
loi de financement de la sécurité sociale pour 1999, prenant la
forme d'une simple section comptable du Fonds de solidarité vieillesse.
Après un certain retard, l'article 6 de la loi n° 2001-624 du
17 juillet 2001 portant diverses dispositions d'ordre social, éducatif
et culturel a doté le fonds de son statut juridique. Celui-ci est un
établissement public administratif de l'Etat.
Les instances du fonds sont composées d'un directoire de trois membres
présidé par le directeur général de la Caisse des
dépôts et consignations (CDC) et un conseil de surveillance
comprenant des parlementaires, des représentants des partenaires
sociaux, des représentants de l'Etat et des personnalités
qualifiées.
D'ici 2020, plus de 150 milliards d'euro devraient être consacrés
au fonds de réserve des retraites.
Votre rapporteur spécial conclut donc que les 1,24 milliards
d'euros tirés de l'UMTS en 2001, moins de 1 % des montants attendus
du fonds d'ici 2020, n'apportent pas une contribution au fonds de
réserve des retraites à la hauteur des enjeux. La faiblesse des
recettes de poche représentées par ASF et l'évaporation du
miracle attendu de l'UMTS conduisent à devoir imaginer d'autres sources
de financement pérennes et plus abondantes pour le fonds de
réserve des retraites.
D. POUR L'INSCRIPTION DES RECETTES DE L'UMTS AU BUDGET GÉNÉRAL
Le
Conseil constitutionnel dans sa décision du 28 décembre
2000
1(
*
)
sur le projet de loi de finances pour
2001 a jugé que la redevance due par les titulaires de licence UMTS
avait le caractère d'une redevance pour occupation du domaine
public :
«
Considérant que l'utilisation des fréquences
radioélectriques sur le territoire de la République constitue un
mode d'occupation privatif du domaine public de l'Etat ; qu'ainsi, la
redevance due par le titulaire d'une autorisation d'établissement et
d'exploitation de réseau mobile de troisième
génération est un revenu du domaine qui trouve sa place dans les
ressources de l'Etat prévues au deuxième alinéa de
l'article 5 de l'ordonnance susvisée du
2 janvier 1959
»
.
Les produits tirés de l'UMTS ne constituent pas la résultante
d'une opération patrimoniale de l'Etat. Ils ont un caractère
variable et aléatoire compte tenu du risque industriel que fait peser
l'UMTS sur les opérateurs de télécommunications. Ils
n'offrent pas une source de financement pérenne et suffisante pour le
Fonds de réserve des retraites.
L'affectation des produits de l'UMTS au fonds de réserve des retraites
ne se justifie plus. Le compte 902-33 a perdu sa raison d'être.
Il est nécessaire de le supprimer : les produits issus de l'UMTS
doivent abonder le budget général.
II. LES PERSPECTIVES INCERTAINES DU COMPTE D'AFFECTATION DES PRODUITS DE PRIVATISATION 902-24.
Ce sont
plus de 44,5 milliards d'euros de recettes de privatisations qui ont
été encaissés entre 1993 et 2001. Si une part de ces
recettes, certaines pour des raisons techniques, d'autres pour des raisons plus
politiques, n'ont pas abondé le compte d'affectation spéciale
902-24, la plupart, 34,4 milliards ont néanmoins transité par le
compte d'affectation spéciale.
Votre rapporteur spécial ne souhaite pas faire de bilan des
privatisations.
Il souligne que les recettes issues de celles-ci sont certes
fonction de la bonne santé des entreprises privatisées mais tout
autant de la conjoncture boursière.
Montant des recettes de privatisations 1993-2000 (en milliards d'euros) 2( * ) |
|
1993 |
7,64 |
1994 |
9,7 |
1995 |
3,3 |
1996 |
2,74 |
1997 |
8,7 |
1998 |
7,8 |
1999 |
4,7 |
2000 |
1,7 |
Votre rapporteur spécial constate que les recettes des privatisations constituent des recettes exceptionnelles, non reconductibles. Il remarque que ces recettes sont fragiles puisqu'elles dépendent pour beaucoup de la conjoncture économique. Il rappelle que ces recettes, variables, couvrent des besoins de financement d'entreprises publiques qui restent importants. Le compte 902-24 finance ainsi le désendettement d'un certain nombre d'entreprises en difficulté ou de structures de défaisance. Il doit également contribuer à l'investissement du secteur public et favoriser le développement du capital risque. Enfin, l'article 17 bis du projet de loi de finances pour 2002 fait des privatisations une source nouvelle de financement, une source de rechange face à l'échec budgétaire de l'UMTS, pour le fonds de réserve des retraites.
Recettes et dépenses du compte d'affectation spéciale 902-24 entre 1993 et 2000 (en milliards d'euros)
1993 |
|||
RECETTES |
DEPENSES |
||
Rhône Poulenc |
2,6 |
Défaisance Crédit Lyonnais |
0,5 |
Crédit Local de France |
0,4 |
Air France |
0,2 |
BNP |
1,2 |
CGM |
0,1 |
UAP |
0,4 |
SNCF |
0,3 |
Total |
0,4 |
Aérospatiale |
0,3 |
|
|
Snecma |
0,1 |
|
|
Bull |
0,7 |
|
|
Audiovisuel public |
0,3 |
|
|
Société Marseillaise de Crédit |
0,1 |
|
|
Secteur minier |
0,1 |
|
|
Hervet |
0,1 |
|
|
Divers |
0,4 |
|
|
Frais |
0,2 |
|
|
Dépenses « emploi » |
1,3 |
TOTAL |
4,9 |
TOTAL |
4,8 |
En 1993, 2,74 milliards d'euros de recettes de privatisation ont par ailleurs directement été inscrits sur le budget général.
1994 |
|||
RECETTES |
DEPENSES |
||
Renault |
1,3 |
Bull |
0,4 |
UAP |
0,3 |
Audiovisuel public |
0,1 |
Divers salariés |
0,2 |
CGM |
0,2 |
Total |
0,3 |
Air France |
1,0 |
|
|
Hervet |
0,1 |
|
|
Défaisance comptoir des entrepreneur |
0,1 |
|
|
Divers |
0,1 |
|
|
Frais |
0,1 |
TOTAL |
2,1 |
TOTAL |
2,1 |
En 1994, 7,6 milliards d'euros de recettes de privatisation en provenance d'Elf (5,1 milliards d'euros) et de l'UAP (2,5 milliards d'euros) ont par ailleurs directement été inscrits sur le budget général en application de la loi de finances pour 1994 (art 49).
1995 |
|||||||||||
RECETTES |
DEPENSES |
||||||||||
Seita |
0,9 |
Air France |
1,0 |
||||||||
Usinor |
1,6 |
Société Marseillaise de Crédit |
0,2 |
||||||||
Bull |
0,1 |
Défaisance Crédit Lyonnais |
0,4 |
||||||||
Divers salariés |
0,2 |
Défaisance comptoir des entrepreneur |
0,7 |
||||||||
Divers |
0,0 |
Bull |
0,1 |
||||||||
Péchiney |
0,4 |
Divers |
0,2 |
||||||||
|
|
Frais |
0,1 |
||||||||
|
|
Désendettement (CADEP, FSR) |
1,0 |
||||||||
TOTAL |
3,3 |
TOTAL |
3,8 |
||||||||
1996 |
|||||||||||
RECETTES |
DEPENSES |
||||||||||
AGF |
1,4 |
Air France |
0,8 |
||||||||
Renault |
0,4 |
CGM |
0,3 |
||||||||
Divers salariés |
0,1 |
GIAT |
0,6 |
||||||||
Divers |
0,2 |
SMC |
0,1 |
||||||||
Total |
0,5 |
Défaisance Crédit Lyonnais |
0,2 |
||||||||
CLF |
0,2 |
Défaisance comptoir des entrepreneur |
0,2 |
||||||||
|
|
Divers |
0,3 |
||||||||
|
|
Frais |
0,1 |
||||||||
Versement du Budget général |
0,6 |
Thomson |
0,4 |
||||||||
TOTAL |
3,3 |
TOTAL |
2,9 |
||||||||
1997 |
|||||||||||
RECETTES |
DEPENSES |
||||||||||
France Telecom I |
6,5 |
Thomson |
1,7 |
||||||||
Elf |
1,5 |
Secteur minier |
0,4 |
||||||||
Bull |
0,2 |
RFF |
1,2 |
||||||||
Usinor |
0,4 |
GIAT |
1,2 |
||||||||
Divers |
0,1 |
GAN |
1,4 |
||||||||
|
|
BDPME-Sofaris |
0,2 |
||||||||
|
|
Défaisance Crédit Lyonnais |
2,1 |
||||||||
|
|
Défaisance comptoir des entrepreneur |
0,5 |
||||||||
|
|
Divers |
0,3 |
||||||||
Versement du Budget général |
0,3 |
Frais |
0,3 |
||||||||
TOTAL |
9,0 |
TOTAL |
9,3 |
||||||||
1998 |
|||||||||||
RECETTES |
DEPENSES |
||||||||||
France Telecom II |
5,5 |
SFP |
0,3 |
||||||||
Compagnie Nationale de Prévoyance |
1,1 |
Secteur minier |
6 |
||||||||
Participations minoritaires |
0,8 |
RFF |
2,3 |
||||||||
France Telecom I salariés |
0,2 |
GIAT |
0,9 |
||||||||
Divers |
0,1 |
SMC |
0,4 |
||||||||
|
|
BDPME/Sofaris |
0,1 |
||||||||
|
|
Défaisance Crédit Lyonnais |
1,9 |
||||||||
|
|
Défaisance comptoir des entrepreneur |
0,2 |
||||||||
|
|
Capital-risque |
0,1 |
||||||||
|
|
GAN (OPR) |
0,7 |
||||||||
Remboursement SFP |
0,2 |
Dassault (achat d'actions) |
0,5 |
||||||||
Versement du Budget général |
0,4 |
Frais |
0,2 |
||||||||
TOTAL |
8,2 |
TOTAL |
8,2 |
||||||||
1999 |
|||||||||||
RECETTES |
DEPENSES |
||||||||||
Aérospatiale Matra |
1,6 |
Secteur minier |
0,6 |
||||||||
Air France |
0,6 |
RFF |
1,9 |
||||||||
SOGEPA/Thomson-CSF |
0,2 |
Défaisance Crédit Lyonnais |
0,5 |
||||||||
Thomson-CSF |
0,6 |
Divers |
0,1 |
||||||||
France Telecom I et II salariés |
0,4 |
Aérospatiale Matra (achat d'actions) |
0,8 |
||||||||
Divers |
0,0 |
Framatome (achat d'actions) |
0,6 |
||||||||
Reversement SGGP (GAN) |
1,4 |
Thomson-CSF (achat d'actions) |
0,4 |
||||||||
Budget général |
0,1 |
Frais |
0,1 |
||||||||
TOTAL |
4,8 |
TOTAL |
4,9 |
||||||||
2000 |
|||||||||||
RECETTES |
DEPENSES |
||||||||||
EADS |
1,1 |
Secteur minier |
0,4 |
||||||||
Divers salariés |
0,2 |
RFF |
1,1 |
||||||||
Altadis |
0,1 |
Défaisance Crédit Lyonnais |
0,2 |
||||||||
Complément prix Société marseillaise de Crédit |
0,1 |
Divers |
0,0 |
||||||||
Reversements divers |
0,2 |
Frais |
0,0 |
||||||||
TOTAL |
1,7 |
TOTAL |
1,7 |
A. LE COMPTE 902-24 OU LES DIFFICULTÉS DE LA PRÉVISION
Les
documents budgétaires ne présentent qu'une seule information sur
les privatisations de l'année à venir : la prévision
globale de recettes attendues. Les crédits qui figurent au compte 902-24
sont ainsi des crédits évaluatifs. Ils se sont
élevés à 4.039 millions d'euros en loi de finances
initiale pour 2001 et sont de 5.432 millions dans le projet de loi de finances
pour 2002.
La prévision, sur ce compte, est particulièrement difficile,
d'autant qu'elle est d'abord établie en fonction des dépenses, et
donc des besoins en financement des entreprises publiques, et ensuite en
fonction des recettes.
Les recettes de privatisation, en exécution, sont, elles, en effet
très dépendantes, pour les entreprises publiques
côtées, de l'évolution du CAC 40.
La valorisation boursière des entreprises publiques est ainsi
susceptible de varier très fortement. Ainsi, comme le montre le tableau
ci-après, les participations de l'Etat ont chuté de 57,27 % entre
le 29 décembre 2000 et le 28 septembre 2001. Elles
s'établissaient à 82 milliards d'euros au 1
er
janvier
2001, à 56 milliards d'euros au 30 juin 2001 et à 40 milliards au
31 octobre 2001. La baisse depuis le 30 juin 2001 a été du
même ordre de grandeur que celle du CAC 40. Elle avait été
plus forte auparavant en raison du poids de Thomson Multimédia dans les
participations côtées de l'État.
La difficulté de la prévision en revanche n'excuse pas
l'absence d'information du Parlement sur les privatisations et les dotations en
capital prévues pour 2002, ni sur la réalisation du programme de
2001.
Votre rapporteur spécial comprend les précautions liées au
secret des affaires et aux risques de délits d'initiés. Il admet
que l'affichage du montant des recettes attendues pour telle ou telle cession
de capital peut compromettre les négociations ultérieures et
remettre en cause la cession des entreprises publiques « au meilleur
prix » pour l'Etat.
Néanmoins, il lui semble indispensable, que le Parlement, pour se
prononcer sur les crédits du comptes d'affectation spéciale
902-24 dispose de la liste des entreprises susceptibles d'être
privatisées dans l'année, de l'estimation du pourcentage du
capital qui serait cédé, ainsi que de la liste des entreprises
susceptibles de faire l'objet de dotations en capital.
Participations cotées de l'Etat
|
Situation au 28/09/2001 |
Nombre d'actions |
Situation au 29/12/2000 |
Evolution de la valorisation de sparticipations du 29/12/2000 au 28/09/2001 (M.euros) |
||||||||||
|
Nb d'actions détenues par l'Etat |
Part de l'Etat dans l'entreprise |
Nbre
|
Cour du jour en euros |
Capitalisation boursière
|
Nbre d'actions détenues par l'Etat |
Part
|
Cour du jour en euros |
Capitalisation boursière
|
Valorisation 29/12/2000 |
Effet cours |
Effet volume |
Valorisation 28/09/2001 |
|
France Télécom |
640 658 242 |
55,5 % |
1 153 831 943 |
34,6 |
39 946 |
1 153 817 643 |
640 658 242 |
56 % |
92,0 |
106 094 |
58 909 |
- 36 729 |
0 |
22 180 |
Air France |
122 951 666 |
55,9 % |
219 780 887 |
12,0 |
2 637 |
219 780 887 |
122 951 736 |
56 % |
25,0 |
5 495 |
3 074 |
- 1 598 |
0 |
1 475 |
EADS (1) |
134 430 478 |
16,7 % |
807 157 667 |
11,9 |
9 565 |
807 157 667 |
134 430 478 |
17 % |
23,7 |
19 097 |
3 181 |
- 1 588 |
0 |
1 593 |
Crédit Lyonnais (2) |
39 832 069 |
11,6 % |
344 139 912 |
34,6 |
11 914 |
340 995 569 |
43 135 708 |
13 % |
37,2 |
12 685 |
1 605 |
- 111 |
- 114 |
1 379 |
TMM (3) |
100 622 247 |
38,0 % |
265 113 508 |
21,5 |
5 700 |
265 113 508 |
100 622 147 |
38 % |
49,8 |
13 213 |
5 015 |
- 2 852 |
0 |
2 163 |
Thalès (ex TCSF) (4) |
54 766 344 |
32,7 % |
167 731 513 |
40,0 |
6 709 |
167 731 513 |
55 991 736 |
33 % |
51,1 |
8 571 |
2 861 |
- 622 |
- 49 |
2 191 |
Renault |
106 037 141 |
44,2 % |
239 798 567 |
32,0 |
7 674 |
239 798 567 |
106 037 141 |
44 % |
55,5 |
13 309 |
5 885 |
- 2 492 |
0 |
3 393 |
Dassault-Systèmes (5) |
17 821 334 |
15,6 % |
114 319 178 |
33,5 |
3 824 |
113 205 787 |
17 773 309 |
16 % |
73,0 |
8 264 |
1 297 |
- 703 |
2 |
596 |
Bull |
27 743 824 |
16,3 % |
170 198 899 |
0,8 |
136 |
165 481 662 |
27 743 824 |
17 % |
4,9 |
809 |
136 |
- 113 |
0 |
22 |
CNP |
1 684 039 |
1,2 % |
137 127 708 |
34,2 |
4 683 |
137 127 708 |
1 684 039 |
1 % |
42,7 |
5 854 |
72 |
- 14 |
0 |
58 |
Péchiney |
51 945 |
0,1 % |
80 501 059 |
41,5 |
3 341 |
80 493 118 |
51 945 |
0,1 % |
48,7 |
3 919 |
3 |
0 |
0 |
2 |
USINOR |
129 818 |
0,1 % |
250 591 544 |
8,8 |
2 205 |
243 223 398 |
129 818 |
0,1 % |
14,1 |
3 420 |
2 |
- 1 |
0 |
1 |
TOTAL |
|
- |
- |
|
|
- |
- |
|
82 038 |
- 46 823 |
- 162 |
35 053 |
1 dont
la majeure partie détenue par la SOGEPA et 2 748 681 (à la CDC)
2 indemnisation des rompus + restitution suite à attribution gratuite
CAC 40 au 28 septembre 2001 4 079,02
3 détenues par Thomson SA (hors exercice de la greenshoe, dans le cas
contraire, la participation publique s'élève à 37 %)
Eolution du CAC 40/fin décembre 2000 - 31,17 %
4 détenues par Thomson SA Evolution des pasrticipations d el'Etat/fin
décembre 2000 - 57,27 %
5 détenues par Dassault-systèmes Participations d el'Etat hors
France Telecom/fin décembre 2000 - 44,34 %
B. UN EFFET DE CISEAUX ENTRE RECETTES DE PRIVATISATION ET BESOINS DE FINANCEMENT DU SECTEUR PUBLIC EN 2000 ET 2001
Le
compte 902-24 connaît en 2000 et 2001 un effet de ciseaux entre recettes
de privatisation et besoins de financement du secteur public.
Pour ces deux années, les recettes réalisées ont
été bien inférieures aux prévisions.
La diminution des recettes de privatisation s'explique d'une part par la
réduction du périmètre des entreprises publiques. Les
privatisations ne constituent pas une ressource pérenne pour
l'Etat : les bénéfices qu'elles lui procurent ont vocation
à se réduire à mesure que s'accroissent les
aliénations d'actifs.
Elle trouve sa cause d'autre part dans la conjoncture défavorable des
marchés financiers qui peut conduire, soit à une cession à
moindre prix des entreprises publiques, soit à un report de leur mise
sur le marché. La dernière hypothèse est sans doute
préférable pour optimiser la gestion patrimoniale de l'Etat. Elle
ne résout pas le problème de financement du secteur public.
Ainsi, une conjoncture défavorable conduit à un double
paradoxe. Les entreprises figurant sur la liste de privatisation ne
bénéficient pas des financements qu'elles pourraient trouver sur
les marchés d'actions. Les autres ne peuvent bénéficier de
dotations en capital à la hauteur de leurs besoins en raison de la
raréfaction des recettes de privatisations.
1. La diminution du volume des opérations du compte 902-24 en 2000
Après avoir connu des recettes particulièrement
élevées en 1997 et 1998 du fait notamment de la vente des titres
de France Telecom, le compte enregistre des dépenses en baisse depuis
1999.
Contrairement aux années précédentes où elles
étaient largement sous-estimées, les recettes du compte
n° 902-24 relatif aux produits de cessions, titres, parts et droits
de sociétés ont été surévaluées en
loi de finances initiale pour 2000.
Estimées à 2.583 millions
d'euros en loi de finances initiale, elles n'ont atteint en exécution
que 1.730,5 millions d'euros.
Les recettes pour 2000 se sont décomposées entre :
- les souscriptions ordinaires : 1.364,91 millions d'euros,
- les souscriptions bénéficiant d'un règlement
différé : 139,06 millions d'euros,
- les reversements d'avances d'actionnaires ou de dotations en
capital : 223,08 millions d'euros,
- le reversement résultant des investissements
réalisés par l'Etat dans des fonds de
capital-investissement : 3,22 millions d'euros.
Les principales cessions de titres ont concerné
Aérospatiale-Matra-EADS pour 1.110 millions d'euros et Altadis
(anciennement SEITA) pour 135,3 millions d'euros. Elles représentent 95
% des recettes du compte en 2000.
Les autres cessions de titres ont
touché CNP-Assurances, pour 25,29 millions d'euros et la SOFREMI (0,3
millions d'euros).
Enfin, deux opérations ont été réalisées en
2000 au titre des reversements d'actionnaires ou de dotations en capital. Le
compte 902-24 a enregistré en recettes 152,45 millions d'euros en
provenance de la SGCP
3(
*
)
. L'Etablissement public
de réalisation de défaisance (EPRD)
4(
*
)
a lui reversé un excédent de
trésorerie de 68,6 millions d'euros qui avait été
constaté par la Cour des comptes en 1999 mais n'a été
versé sur le compte 902-24 qu'en 2000.
2. Les besoins des entreprises publiques ne pourront pas être satisfaits en 2001
Les
prévisions pour 2001 des dotations en capital aux entreprises publiques
s'établissaient comme suit :
- Réseau Ferré de France : 1,8 milliards d'euros
- Structure de défaisance du Crédit Lyonnais
5(
*
)
: 0,9 milliard d'euros
- Charbonnages de France et potasses d'Alsace : 0,6 milliard d'euros
- GIAT : 0,6 milliard d'euros
Soit la quasi-totalité des dépenses du compte 902-24
prévues.
Les recettes ne sont pas à la hauteur des prévisions. 4.039
millions d'euros avaient été prévus en loi de finances
initiale pour 2001 au titre des recettes de privatisation. Cet objectif ne sera
pas atteint.
La seule opération notable achevée s'élève à
724 millions d'euros et concerne le versement du dividende de Thomson SA en
application de l'article 5 de la loi de finances rectificative 2000-1353 du 31
décembre 2000. Sur les 1.463 millions d'euros de recettes nettes, 50 %
ont été versées à l'Etat et 50 % sont restés
au sein de la holding Thomson SA pour participer à l'amortissement de la
dette du groupe. Cette dette faisait en effet « boule de
neige », les dividendes de Thomson SA n'étant pas suffisants
pour résorber la progression de la dette.
Les autres recettes consistent en :
- un versement de 118 millions d'euros de recette liés à la
souscription d'actions par des salariés de France Telecom,
- un versement de 165 millions d'euros au titre de la constitution d'EADS
et de la baisse de la participation de l'Etat dans le groupe,
- un versement de 175 millions d'euros au titre d'un complément de
prix versé par le groupe Lagardère en vertu d'une clause liant un
versement complémentaire à l'évolution du cours EADS.
- un versement de 198 millions d'euros de la société de
gestion de garanties et de participations (SGPP), structure de
défaisance du Gan qui correspond à une part de l'excédent
constaté, déduction faite des pertes de la SGPP.
Les fonds de capital-risque qui ont été abondés par l'Etat
via le compte 902-24 devrait enregistrer en 2001 leurs premières
plus-values.
Enfin, la cession de la banque Hervet engagée en 2000 devrait susciter
en fin d'année 2001 un versement de 460 millions d'euros
Au mieux, ce seront donc 2 milliards d'euros sur les 4 prévus qui
seront encaissés sur le compte d'affectation spéciale 902-24.
Un certain nombre d'opérations de privatisations ont dû être
reportées.
Le rapport 2001 sur l'Etat actionnaire établi en application de
l'article 142 de la loi sur les nouvelles régulations économiques
fait état de cinq entreprises figurant sur la liste annexée
à la loi de privatisation du 19 juillet 1993 et qui n'ont pas fait
l'objet à ce jour d'un transfert au secteur privé.
Il s'agit de :
- Air France
- Caisse centrale de réassurance
- CNP Assurances
- Société nationale d'étude et de construction de
moteurs d'aviation (SNECMA)
- Société française de production et de
création audiovisuelle (SFP)
Air France et la CNP ont fait l'objet d'une ouverture partielle de capital,
respectivement en 1998 et 1999.
La SFP a fait l'objet d'une annonce officielle le 8 octobre 2001. Le processus
de cession de gré à gré réalisée sous le
contrôle d'une personnalité indépendante, M. Bruno
Lasserre, est arrivé à son terme. L'offre présentée
par Euromédia Télévision en association avec
Bolloré Investissement a été retenue. Le prix payé
par l'acquéreur sera de 4,57 millions d'euros.
Enfin, malgré l'annonce faite par le gouvernement le 23 juin dernier
d'une ouverture au marché d'un quart du capital de la
société, l'introduction en bourse de la SNECMA a
été ajournée le 17 septembre dernier. Elle
« interviendra lorsque les conditions du marché le
permettront ».
Le report de la privatisation de la SNECMA, pour des raisons liées
aux attentats du 11 septembre 2001 et à leurs répercussions sur
l'économie du transport aérien, est directement la cause de la
« moins-value » enregistrée sur le compte en 2001.
Environ 1,5 milliards d'euros étaient attendus de cette
privatisation.
Les dotations en capital prévus en 2001 devront donc pour certaines
être reportées.
Comme l'a indiqué le ministre de l'économie et des finances
devant la commission des finances de l'Assemblée nationale le 15
novembre 2001 : «
il y aura certainement une série de
demandes, mais comme toujours plus d'appelés que
d'élus
. »
Il y a là une manière un peu facile d'éluder une
réelle difficulté : le financement des entreprises publiques
en période de pénurie de privatisations.
Le compte 902-24
n'abonde déjà plus que les entreprises en situation d'urgence ou
celles dont l'endettement oblige à un effort de l'Etat : les
privatisations ne vont plus au renforcement de l'investissement et de la
compétitivité des entreprises publiques. Surtout, en 2001,
même l'urgence, la recapitalisation de GIAT notamment, ne pourra
être assurée.
Les dotations qui seraient décalées en 2002, ou en des temps
meilleurs, concerneraient en effet :
-la moitié de la dotation en capital de GIAT
6(
*
)
, la libération d'un quart de l'augmentation de
capital étant seule nécessaire à très court terme,
- une partie de la dotation en capital de Réseau Ferré de
France
- une partie de la dotation à l'EPFR : le remboursement de la
dette sera dès lors décalée.
A l'inverse, une partie du plan de consolidation de la croissance pourrait
être financée dès 2001. Comme l'a indiqué le
ministre de l'économie et des finances devant la commission des finances
de l'Assemblée nationale le 15 novembre 2001 : «
nous
sommes soucieux de financer le plan de consolidation de la
croissance. ».
La BDPME pourrait donc être dotée
dès cette année.
C. LES INCERTITUDES DES PRIVATISATIONS POUR 2002
Les
3.892 millions d'euros de recettes de privatisation prévus au
départ dans les documents budgétaires correspondent à des
cessions de capital de :
- Renault
- Crédit Lyonnais
- SNECMA
- Dassault Systèmes
S'y ajouteront, conformément à l'amendement gouvernemental
adopté en première lecture à l'Assemblée nationale,
les 1.540 millions d'euros liés à l'ouverture en capital soudaine
d'Autoroutes du Sud de la France.
Les recettes obtenues dépendront de la conjoncture boursière et
de l'évolution de certains secteurs économiques comme les
nouvelles technologies ou les transports aériens.
S'agissant de Renault, Nissan souscrira en 2002 une augmentation de capital
réservée qui lui fera obtenir 15 % de Renault. La part de l'Etat
passera de 44,2 % à 37, 6 %. Cette diminution de la participation de
l'Etat est purement mécanique : elle ne procurera aucune recette
à l'Etat. Celui-ci devrait ensuite ramener sa participation de 37,6
à 25 %. Il cèderait donc 12,6 % du capital.
Votre rapporteur spécial estime que la cession de cette participation ne
devrait pas procurer moins de 1,5 milliards d'euros à l'État.
Tout dépendra au moment de la privatisation du cours de l'action de
Renault dont la variation sur l'année, au 1
er
novembre 2001,
était de - 28 %.
En ce qui concerne le Crédit Lyonnais, la cession des 10 % des parts de
l'Etat dépendra de la capacité du Crédit agricole,
principal actionnaire à construire un véritable projet industriel
et à ménager l'autre principal actionnaire qu'est Allianz. La
réussite financière de la cession dépendra
également de la capacité du Crédit agricole à
mobiliser ses ressources financières. La mobilisation de ses ressources
devrait en effet être facilitée par son introduction en bourse,
à venir.
Dassault Systèmes dont l'Etat détient 15 % devrait contribuer
à hauteur de 0,6 à 0,9 milliard d'euros au compte d'affectation
spéciale 902-24.
Dès lors, votre rapporteur spécial estime, avant même
d'évoquer le cas d'Autoroutes du Sud de la France, que
l'estimation
initiale fournie dans les documents budgétaires, 3.892 millions d'euros,
constitue la fourchette basse des recettes qui peuvent être attendues
pour l'Etat, sauf report éventuel d'opérations lié au
contexte économique.
Votre rapporteur spécial estime de plus que l'évaluation du
produit de la cession d'une part du capital d'Autoroutes du sud de la France,
dont le pourcentage n'est pas encore connu
7(
*
)
, à 1.540 est très prudente. Elle
constitue un minimum de pure précaution.
Autoroutes du sud de la France est une société d'économie
mixte au capital de 161,6 millions de francs.
Au 31 décembre 2000, son capital est détenu de la manière
suivante :
Etat |
49,47 % |
Autoroutes de France |
49,47 % |
Collectivités territoriales |
0,85 % |
Chambres consulaires |
0,21 % |
Total |
100 % |
Le
groupe ASF est constitué par la société ASF et sa filiale
à 96,15 % ESCOTA. Selon des sources gouvernementales
8(
*
)
, ASF serait valorisée entre 3,81 milliards
d'euros et 4,57 milliards d'euros.
Le président d'ASF évoque même
9(
*
)
une valorisation supérieure à plus de
vingt fois les bénéfices d'ASF en 2000. Le chiffre
s'élèverait donc à plus de 4,88 milliards d'euros si l'on
prend comme référence le résultat net d'ASF
s'établissant à 244 millions d'euros en 2000.
Valorisation d'Autoroutes du Sud de la France
|
En Mds d'euros |
Evaluation basse du gouvernement* |
3,81 |
Evaluation haute du gouvernement* |
4,57 |
Evaluation du président d'ASF |
+ de 4,88 |
* données non officielles
L'Etat a
annoncé qu'il ne remettra pas en cause le caractère public du
capital d'ASF. Comme il détient directement ou indirectement
98,94 % d'ASF, il ne pourrait mettre sur le marché plus de 48,94 %
du capital.
Cela reviendrait aux évaluations suivantes :
Montants provenant d'une ouverture de 48,94 % du capital d'ASF
|
En Mds d'euros |
Evaluation basse du gouvernement* |
1,86 |
Evaluation haute du gouvernement* |
2,24 |
Evaluation du président d'ASF |
+ de 2,39 |
* données non officielles
De plus, en réponse à une question orale à l'Assemblée nationale le 31 octobre 2001 et devant la commission des finances du Sénat le même jour, le ministre chargé des transports a ajouté que 762 millions d'euros (5 milliards de francs) seraient consacrés au développement de l'intermodalité.
La répartition du produit de l'ouverture du capital d'ASF
|
Ressources |
Affectation |
|
Évaluation PLF 2002 |
1,54 |
1,240 |
Fonds de réserve des retraites |
|
|
0,150 |
Secteur aérien |
|
|
0,150 |
BDPME |
Déclarations devant l'AN et le Sénat du ministre chargé des transports |
0,762 |
0,762 |
|
Total |
2,3 |
2,3 |
|
(en milliards d'euros)
Au
total,
le produit de l'ouverture du capital d'ASF serait donc plus
proche de 2,3 milliards d'euros et donc de la fourchette haute, que de la
fourchette basse contenue dans le projet de loi de finances.
Enfin, deux incertitudes doivent être levées pour l'ouverture du
capital d'ASF.
La première est
l'évolution de son régime fiscal
,
notamment en ce qui concerne l'application de la TVA aux péages
autoroutiers, mais également pour l'ensemble de la fiscalité qui
lui est applicable.
Il faut rappeler que les sociétés
d'autoroutes subissent une fiscalité lourde et dérogatoire au
droit commun
(elles s'acquittent ainsi d'une taxe d'aménagement du
territoire ayant la même assiette que la TVA, pour un montant de 450
millions d'euros en 2002). Leur évolution comptable devrait permettre de
les soumettre au droit commun des sociétés (avec le versement
d'un impôt sur les sociétés notamment) mais il conviendra
alors de reconsidérer l'ensemble de la fiscalité qui leur est
applicable.
La seconde incertitude résulte de la négociation en cours et non
encore aboutie des
contrats de plan avec l'Etat
. Ces contrats
définissent les enveloppes d'investissement des sociétés
d'autoroutes, les règles d'évolution des tarifs de péage,
les ratios de gestion à respecter...
Les recettes de péages représentant la quasi-totalité du
chiffre d'affaire d'ASF, et les investissements routiers représentant
une partie importante de ses charges (hors charges financières de sa
dette),
il paraît difficile qu'une ouverture du capital de la
société intervienne sans que ces éléments soient
définitivement tranchés.
D. L'AJOUT CONTESTABLE AUX BESOINS DE FINANCEMENT DU SECTEUR PUBLIC DES BESOINS DU FONDS DE RÉSERVE DES RETRAITES
L'Assemblée Nationale a accepté le 19 octobre
2001 un
amendement gouvernemental qui modifie en profondeur l'objet du compte 902-24
d'affectation des recettes de privatisations. Alors que celles-ci
étaient affectées principalement aux dotations en capital du
secteur public et plus marginalement à des investissements
réalisés dans des fonds de capital-investissement, l'amendement
prévoit que des versements pourront être effectués au fonds
de réserve des retraites.
Le ministre de l'économie et des finances a annoncé que
"les moins-values de recettes pour le Fonds de Réserve pour les
Retraites
9(
*
)
pourront être
compensées par le versement de recettes de privatisation".
L'amendement du gouvernement précise que le versement à
partir du compte 902-24 pourra ainsi atteindre jusqu'à 1.240 millions
d'euros.
Dès lors, sur la cession d'Autoroutes du Sud de la France, pour un
montant prévu de 1.540 millions d'euros, 1.240 millions d'euros
devraient aller au fonds de réserve des retraites.
Cette affectation soudaine est destinée à compenser à due
concurrence les moins-values des redevances UMTS du compte d'affectation
spéciale 902-33. Deux comptes d'affectation spéciale abonderaient
donc le même fonds de réserve des retraites.
Si l'affectation d'une part des produits de privatisation au Fonds de
réserve des retraites vise à respecter l'engagement du
gouvernement vis à vis de ce fonds, elle pose néanmoins un
problème essentiel lié à l'objet du compte de
privatisations. On peut certes considérer que les retraites constituent
un passif à combler mais votre rapporteur spécial craint que
cette nouvelle logique ne conduise à négliger les autres besoins
de financement, en premier lieu l'investissement des entreprises publiques,
sans résoudre le problème de fond des retraites.
E. LA NÉCESSITÉ DE MIEUX PRENDRE EN COMPTE LES FRAIS LIÉS AUX OPÉRATIONS DE CESSION
La Cour
des comptes dans son rapport sur l'exécution des lois de finances pour
2000 constate que se reproduit chaque année un problème
d'affectation des dépenses liées aux opérations de
privatisations :
«
Les dépenses afférentes aux ventes de titres se
sont élevées à 182,398 MF dont 142,762 au titre de EADS
soit 78 % du total. Par ailleurs dans le cadre des opérations de
privatisation de la Banque Hervet, un montant de 2,392 MF a été
imputé sur l'article 81 du chapitre 37-75 du budget des finances.
En 2000, aucune convention de répartition de frais n'a été
conclue entre l'État et une entreprise faisant l'objet d'une cession. En
effet, dans le cadre de la constitution d'EADS, l'ensemble des frais a
été pris en charge par l'entreprise. S'agissant de TMM,
l'État n'étant pas directement actionnaire de cette entreprise,
aucun frais n'a été supporté par l'État.
La Cour
constate que cette partie des dépenses du compte n° 902-24 continue
de poser des problèmes de transparence. Les différentes
catégories de dépenses n'ont jamais été
formalisées ; ainsi la pratique fait que les dépenses sont
imputées soit sur ce compte soit sur le budget général, et
peuvent concerner à la fois
des commissions, des frais de
publicité et aussi des montages
financiers. Il y a là un
manque de lisibilité regrettable . »
Le gouvernement répond partiellement à cette critique en
indiquant dans son rapport sur l'Etat actionnaire 2001 que «
Les
dépenses engagées dans le cadre d'opérations de cession
peuvent être imputées soit au chapitre 37-75 article 81 du budget
du Ministère de l'Economie des Finances et de l'Industrie, soit au
compte d'affectation spéciale 902-24. Sont imputées au chapitre
37-75 article 81 les dépenses d'études préalables à
toute décision de cession. Viennent en débit du compte
d'affectation spéciale, à la rubrique "dépenses
afférentes aux ventes de titres", les dépenses
postérieures à la prise de décision de cession. Cette
catégorie regroupe :
- les frais de mission de conseil du Gouvernement ;
- la quote-part de l'Etat afférente aux frais de campagne de
communication (définies par des conventions de partage de frais entre
l'Etat et l'entreprise) ;
- les commissions de garantie, de placement et de direction ;
- les honoraires d'incitation (incintive fees).
Du 16 août 2000 au 15 août 2001, les dépenses
afférentes aux ventes de titres inscrites sur le compte 902-24 se sont
élevées à 30,1 millions d'euros. Au cours de la même
période, le montant des dépenses ordonnancées à
partir du chapitre 37-75 art 81 au titre des études relatives au
financement des entreprises publiques, s'est élevé à 3
millions d'euros. »
Votre rapporteur spécial comprend les fondements de la
répartition opérée entre budget général de
l'Etat et compte d'affectation spéciale. Il lui semble néanmoins
que l'application de la nouvelle loi organique relative aux lois de finances
qui fait de chaque compte spécial une mission poussera à bien
identifier l'ensemble des opérations liées aux privatisations, en
amont ou en aval de la décision, dans un compte bien défini.
CHAPITRE III
LE COMPTE D'OPÉRATIONS MONÉTAIRES ET LE COMPTE D'AVANCES AUX
COLLECTIVITÉS LOCALES RÉVÉLENT DES CAGNOTTES AU PROFIT DE
L'ETAT
Les comptes spéciaux du trésor détiennent parfois des ressources cachées. Votre rapporteur spécial a le sentiment que l'Etat bénéficie de petites « cagnottes » au sein du compte d'émission des monnaies métalliques 906-04 à l'occasion du passage à l'euro et au sein du compte 903-54 d'avances sur le montant des impositions revenant aux départements et communes, qui lui permettent de réduire le déficit annoncé pour 2002 dans des proportions non négligeables.
I. UN BÉNÉFICE NET SUR L'EURO : LE COMPTE D'ÉMISSION DES MONNAIES MÉTALLIQUES 906-04
Le compte d'opérations métalliques créé par la loi de finances rectificative pour 1960 retrace les opérations auxquelles donnent lieu l'émission et le retrait des monnaies métalliques. Ce compte, géré par la direction du Trésor, prend une importance toute particulière à l'occasion du passage à l'euro. Il permet en effet de mettre en parallèle émission de l'euro et retrait du franc.
Les relations entre la Banque de France et le compte d'émission métalliques 906-04
En
France comme dans la plupart des autres pays, le pouvoir confié à
l'institut d'émission pour les billets n'a jamais été
étendu à la monnaie divisionnaire et c'est le ministre de
l'économie, des finances et de l'industrie qui émet les monnaies
métalliques. La Banque de France assure en revanche le rôle de
distributeur des pièces mis en circulation. La Banque de France :
-fournit aux banques commerciales les coupures qui lui sont demandées
par ces dernières,
-récupère, trie et reconditionne les pièces qui sont
rapportées à ses guichets,
-n'est pas propriétaire des pièces entreposées dans les
locaux et n'en fait donc pas crédit au Trésor.
Le crédit/débit du compte d'émission des monnaies
métalliques 906-04 s'effectue de façon journalière, sans
délai de valeur. La Banque de France est rémunérée
pour les services rendus, conformément à la convention
signé avec l'Etat dans le cadre de la loi du 4 août 1993 (article
15).
Cette rémunération est intégrée au
versement global annuel et versée directement à la Banque
à partir d'une ligne budgétaire indépendante du compte
spécial.
Le compte d'opérations métalliques fait état en 2002
d'un
bénéfice sur l'euro
.
Evolution du compte spécial
(en millions d'euros)
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001 |
2002
|
|
prévu |
réalisé* |
|||||
+ 18,03 |
- 25,12 |
- 36,42 |
- 72,51 |
- 59,61 |
- 91,39 |
+ 533 |
* au 1 er août 2001
Ce
bénéfice exceptionnel de
533 millions d'euros (3,5 milliards
de francs) pour 2002
s'explique par l'étude, poste par poste, du
compte spécial.
Au crédit du compte spécial figure :
- la valeur nominale des pièces émises
- le produit de la vente des pièces démonétisées
Au débit du compte sont inscrits :
- la valeur nominale des pièces retirées de la circulation
- le montant des sommes versées à l'administration des monnaies
et médailles en règlement des dépenses de fabrication.
Détails du compte 906-04 pour 2002
En millions d'euros |
PLF 2002 |
Prix de cession facturé au Trésor : |
|
Monnaies courantes |
-121,38 |
Monnaies de collection |
- 13,57 |
Compensation de frais de stockage |
- 9,15 |
Frais de démonétisation des francs |
-1,52 |
Retour des francs |
- 1875,12 |
Emission des euros (primo-émission) |
2376,3 |
Emission des euros (programme 2002) |
65,8 |
Recettes (variation de al circulation monétaire) |
66 |
Solde des opérations diverses |
0,46 |
Remboursement avance |
45,73 |
SOLDE |
+ 533 |
A. UNE ÉMISSION MASSIVE D'EUROS EN 2002
Les euros frappés à l'occasion du programme de frappe qui a débuté en 1998 ne seront émis qu'à partir du premier janvier 2002. Le compte spécial pourrait être crédité des 8,1 milliards de pièces inscrites au plan de frappe de la direction des Monnaies et Médailles entre 1998 et 2001.
Plan de frappe des euros 1998-2001
|
2 |
1 |
0,5 |
0,1 |
0,05 |
0,02 |
0,02 |
0,01 |
Total |
En millions de pièces |
470 |
820 |
650 |
791 |
1080 |
1130 |
1500 |
1700 |
8141 |
Sur le
programme de frappe prévu en 2002 par la direction des monnaies et
médailles de 1,8 milliards de pièces, seulement 10 % des
pièces seront véritablement émises, pour reconstituer les
encaisses des agents économiques. Le reste du programme de frappe
constitue une précaution : une part devrait entrer dans le circuit
monétaire en raison de comportements de prudence des réseaux
bancaires et de distribution mais revenir dans les caisses de l'Etat avant la
fin d'année 2002.
Pour établir ce programme d'émission, la Banque de France a
été contrainte de formuler deux hypothèses. La
première a été d'établir la demande de
pièces en euros qui se manifestera dans le courant 2002 et donc le
besoin de renouvellement global de la monnaie métallique. La seconde a
été de réaliser le calendrier prévisionnel des
sorties de pièces en euros, surtout dans les premières semaines
pour éviter une pénurie.
La masse d'euros à mettre en circulation a été d'abord
calculée en fonction du nombre de francs en circulation. 20,7 milliards
de pièces ont été frappées depuis le dernier
changement de cours légal du franc. La Banque de France estime que sur
cette masse une évaporation de 50 % a eu lieu. Elle explique en grande
partie cette évaporation par le nombre de visiteurs étrangers (70
millions chaque année), mettant en avant que 300 millions de
pièces disparaissent chaque année. Après sondage sur un
stock de 15.000 pièces,
la masse de pièces en francs en
circulation lui paraît être de 10,5 milliards.
La Banque de France a ensuite mené une enquête auprès des
établissements de crédits et des grands opérateurs pour
connaître leurs besoins en euros. Le schéma logistique retenu
limite le nombre d'approvisionnements en euros et impose donc aux
opérateurs de couvrir leurs besoins jusqu'à fin janvier. C'est
pour cette raison que le plan initial de frappe d'euros a dû être
majoré de 541 millions d'unités en 2001 et porté à
8,1 milliards de pièces fin 2001.
La préalimentation sera pour la même raison extrêmement
massive puisqu'elle atteindrait au total 6,5 milliards de pièces en tout
début d'année
. Etant donné l'importance de la
préalimentation, les émissions du mois de janvier seront
vraisemblablement limitées. Après la suppression du cours
légal, au 17 février 2002, la Banque de France estime que les
ménages reconstitueront leurs encaisses dormantes et le rythme de sortie
hebdomadaire d'euros devrait être de 75 millions d'euros.
Calendrier prévisionnel des sorties de pièces
en
euros
(en millions de pièces)
Préalimentation |
Semaines |
S1 |
S2 |
S3 |
S4 |
S5 |
S6 |
S7 |
S8 |
S9 |
S10 |
S11 |
S12 |
... |
6.436 |
Flux |
0 |
0 |
50 |
50 |
50 |
50 |
75 |
75 |
75 |
75 |
75 |
75 |
... |
6.436 |
Total |
6.436 |
6.436 |
6.486 |
6.536 |
6.586 |
6.636 |
6.711 |
6.786 |
6.861 |
6.936 |
7.011 |
7.086 |
... |
Au
total, le nombre de pièce émises en 2002 devrait ainsi avoisiner
les 8 milliards. Ce chiffre ne repose sur aucun précédent
historique. Il est sans doute élevé : il vise en effet
à éviter toute pénurie.
Les émissions d'euros prévus pour 2002 comportent sans doute une
part de précaution : les incertitudes liées au comportement
des agents économiques sont importantes. Cette précaution permet
incidemment d'enregistrer un excédent non négligeable sur le
compte 906-04. En absence d'autre expertise, votre rapporteur spécial
n'est néanmoins pas fondé à remettre en cause
l'hypothèse de la Banque de France.
B. UNE ÉVAPORATION DES FRANCS
Le
compte 906-04 enregistrera en crédit la valeur nominale des francs
retirés de la circulation. La Banque de France estime que sur les 10,5
milliards de pièces en circulation, un certain nombre ne reviendra pas
dans ses caisses, ce que votre rapporteur spécial ne conteste pas. Il
existe un taux d'opportunité à l'échange qui dépend
de la valeur faciale de la monnaie.
La Banque de France estime que seule 7,6 milliards de pièces seront
retournées
10(
*
)
. Elle a estimé ce
chiffre de la manière suivante :
Application d'une décote à la circulation réelle estimée
2001 |
Circulation réelle
|
Décote % |
Retour
des francs
|
20 francs |
40 |
0 % |
40 |
10 francs |
824 |
0 % |
824 |
5 francs |
388 |
5 % |
369 |
2 francs |
564 |
5 % |
635 |
1 franc |
1.561 |
15 % |
1.326 |
0,5 franc |
1.018 |
15 % |
865 |
0,2 franc |
1.696 |
40 % |
1.018 |
0,1 franc |
2.474 |
40 % |
1.484 |
0,05 franc |
1.967 |
40 % |
1.180 |
|
10.532 |
|
7.643 |
Le retour des francs devrait intervenir selon le scénario suivant :
Calendrier prévisionnel de retour des francs
S-1 |
Semaines |
S1 |
S2 |
S3 |
S4 |
S5 |
S6 |
S7 |
S8 |
S9 |
S10 |
S11 |
S12 |
S13 |
S14 |
238 |
Flux |
659 |
989 |
989 |
989 |
989 |
716 |
571 |
426 |
281 |
181 |
125 |
125 |
125 |
125 |
238 |
Total |
897 |
1886 |
2875 |
3863 |
4852 |
5568 |
6139 |
6565 |
6846 |
7027 |
7152 |
7277 |
7402 |
7527 |
Semaines |
S15 |
S16 |
S17 |
S18 |
S19 |
S20 |
S21 |
S22 |
S23 |
S24 |
S25 |
S26 |
Total |
||
Flux |
30 |
25 |
20 |
15 |
10 |
5 |
4 |
3 |
2 |
1 |
1 |
1 |
7.644 |
||
Total |
7557 |
7582 |
7602 |
7617 |
7627 |
7632 |
7636 |
7639 |
7.641 |
7.642 |
7.643 |
7.644 |
Le
ministères des finances a de plus estimé que seuls 90 % des
francs rentreraient en 2002. Ce chiffre, qui ne pourra être
vérifié qu'à la fin 2002, paraît néanmoins un
peu faible à votre rapporteur spécial.
11(
*
)
Le bénéfice exceptionnel qui serait constaté sur le
compte 906-04 lors du passage à l'euro s'explique ainsi par
l'écart entre le nombre de pièces en euros qui seront
émises et le nombre de pièces en francs qui seraient
retournées. Cet écart, en prévision, est dû à
la décote appliquée par la Banque de France sur la circulation
réelle des francs, décote qui n'est pas contestable dans son
principe.
Dans son application, votre rapporteur spécial
s'étonne de constater que la Banque de France ne pratique aucune
décote sur les pièces de 20 et 10 francs, ce qui signifie que
toutes les pièces de cette valeur seraient retournées.
C. DES AUTRES CHARGES PLUS NÉGLIGEABLES
Il convient également de déduire du compte 906-04 le coût de fabrication des pièces qui sera facturé par le direction des monnaies et médailles au titre de son programme de frappe pour 2002. Ce coût est estimé à 122 millions d'euros en 2002.
Ecart entre valeur d'émission et coût de fabrication (tarifs 2001)
Valeur
d'émission
|
Coût de fabrication des coupures
|
2 |
0,1506 |
1 |
0,1274 |
0,5 |
0,0669 |
0,20 |
0,0520 |
0,10 |
0,0401 |
0,05 |
0,0293 |
0,02 |
0,0252 |
0,01 |
0,0213 |
Par ailleurs seront imputées au compte 906-04 des charges de 9,15 millions d'euros pour compenser les frais engagés par le stockage des francs après le 17 février 2002 et de 1,52 millions d'euros pour la démonétisation des francs. 12( * )
D. DE PETITS PROFITS SUR L'EURO...
La
situation historique inédite dans laquelle est placé le compte
906-04 conduit au constat suivant. L'Etat réaliserait en 2002, avec les
seules pièces, un bénéfice exceptionnel de 533 millions
d'euros (3,5 milliards de francs) grâce au passage à l'euro.
Votre rapporteur spécial constate qu'un bénéfice analogue
sera réalisé sur les billets puisque la Banque de France devrait
reverser en 2002 à l'Etat, sur la ligne 805 « recettes
accidentelles à différents titres », 240 millions
d'euros (1,5 milliards de francs) de recettes exceptionnelles liées
au retrait des billets en francs
13(
*
)
.
Le
bénéfice sur les billets est sans doute moins important du fait
de coût d'opportunité à l'échange plus faibles.
Il y a quelque paradoxe à constater qu'au moment où l'Etat
abandonne son droit régalien le plus ancien, celui de battre monnaie, et
sa souveraineté monétaire, il réalise un
bénéfice exceptionnel de 773 millions d'euros (5 milliards de
francs).
Si l'Etat pratiquait une comptabilité en coûts complets
, il
faudrait sans doute déduire de ce bénéfice de 2002 les
coûts de fabrication des pièces payées sur 1998, 1999, 2000
et 2001, soit un total de 396 millions d'euros. Il serait également
possible de rapprocher ce bénéfice des coûts
supportés par l'Etat par ailleurs, comme les coûts de
communication du ministère de l'économie et des finances (7,6
millions d'euros en 2002).
Quoiqu'il en soit, l'Etat est le seul agent économique qui, à
côté des inévitables coûts d'adaptation au changement
de monnaie, bénéficie de tels profits sur l'euro.
II. LES EXCÉDENTS DU COMPTES D'AVANCES 903-54 SUR LE MONTANT DES IMPOSITIONS REVENANT AUX DÉPARTEMENTS ET COMMUNES.
Le
compte d'avances retrace les avances qui sont versées aux
collectivités publiques dans les conditions prévues par l'article
34 de la loi n°77-574 du 7 juin 1977 portant diverses dispositions d'ordre
économique et financier et remboursées par précompte sur
le montant des impositions revenant aux dites collectivités.
En dépenses, figure le montant des émissions d'impôts
locaux et en recettes les encaissements effectifs complétés par
des recettes d'ordre représentatives de frais de
dégrèvements et non-valeur pris en charge par l'État sur
le chapitre 15-01 des charges communes ; les admissions en non-valeur et les
dégrèvements sont enregistrés dans les comptes du
comptable en classe 4 puis ensuite inscrits au compte n° 903-54.
Le compte d'avances aux collectivités locales représente à
lui seul 54.400 millions d'euros soit plus de 60 % des dépenses de
l'ensemble des comptes spéciaux du Trésor. Il devrait
connaître un excédent record en 2002, à 900 millions
d'euros.
A. L'INFLEXION DU SOLDE DU COMPTE D'AVANCES
Le compte d'avances a connu une nette inflexion à partir de 1996. Les déficits ont laissé la place à des excédents de plus en plus importants. De plus, le solde effectivement constaté en fin d'année est supérieur à celui prévu en loi de finances initiale.
Evolution du compte d'avances 903-58 (en millions d'euros)
|
Avances |
Variation |
Recettes |
Variation |
Solde |
Solde/avances |
1990 |
31.817 |
|
30.956 |
|
- 860 |
- 2,7 % |
1991 |
34.879 |
9,6 % |
33.749 |
9,0 % |
- 1.130 |
- 3,24 % |
1992 |
37.071 |
6,3 % |
35.554 |
5,3 % |
- 1.517 |
- 4,09 % |
1993 |
40.607 |
9,5 % |
39.119 |
10 % |
- 1.489 |
- 3,67 % |
1994 |
43.949 |
8,2 % |
42.390 |
8,4 % |
- 1.559 |
- 3,55 % |
1995 |
46.268 |
5,3 % |
43.934 |
3,6 % |
- 2.334 |
- 5,04 % |
1996 |
49.538 |
7,1 % |
49.834 |
13,4 % |
295 |
+ 0,6 % |
1997 |
51.919 |
4,8 % |
51.942 |
4,2 % |
23 |
+ 0,04 % |
1998 |
54.076 |
9,2 % |
54.161 |
4,3 % |
85 |
+ 0,16 % |
1999 |
54.776 |
5,5 % |
55.421 |
2,3 % |
645 |
+ 1,18 % |
2000 |
55.649 |
2,9 % |
56.734 |
2,4 % |
1.085 |
+ 1,95 % |
2001 (LFI) |
55.293 |
- 0,6 % |
55.888 |
- 1,5 |
594 |
+ 1,1 % |
2002 (PLF) |
54.400 |
- 1,6 % |
55.300 |
- 1,1 % |
900 |
+ 1,7 % |
B. LA REMISE EN CAUSE DU FONCTIONNEMENT HABITUEL DU COMPTE
Les
spécialistes de finances publiques locales expliquaient encore
récemment que le compte subissait un effet de profil et un effet de
solde qui conduisait à constater des déficits non seulement en
cours d'année, mais aussi en fin d'exercice.
L'effet de profil a été considéré comme
« inhérent » au fonctionnement du compte. L'Etat
verse les acomptes sur les impôts directs locaux, chaque mois, par
douzième. Jusqu'il y a peu, l'Etat recouvrait effectivement les
impôts locaux en fin d'année, mis à part un acompte de 50 %
de la taxe professionnelle versé en milieu d'année par certaines
entreprises. Il s'en suivait une charge de trésorerie pendant onze mois
sur douze.
Ce effet de profil a été partiellement
atténué. La Direction Générale de la
Comptabilité Publique indique en effet que la taux d'adhésion
à la mensualisation s'est élevé en 2000 à
respectivement 25,5 %, 18,2 % et 2,4 % pour la taxe d'habitation, la taxe
foncière et la taxe professionnelle.
L'effet de solde a lui visiblement totalement disparu.
Il était
dû au non-recouvrement d'une fraction des montants émis au cours
de l'exercice. Ce non-recouvrement, qui aurait dû être neutre
puisque se reportant d'année en année, se traduisait par un
déficit pour deux raisons : l'augmentation du produit voté
et l'absence d'amélioration des taux de recouvrement.
C. DES EXCÉDENTS DONT LES EXPLICATIONS NE SONT PAS TOTALEMENT SATISFAISANTES
Aucune raison n'explique à elle seule la formation des excédents depuis 1996. Aucune ne permet de déterminer l'évolution du compte pour l'avenir.
1. L'impact indéniable, mais non chiffré, de l'amélioration du taux de recouvrement
L'amélioration du taux de recouvrement recouvre trois réalités distinctes : l'efficacité plus grande du service de l'impôt, le changement du mode de calcul du taux de recouvrement 14( * ) et l'augmentation des dégrèvements. Aucune de ces composantes n'est directement quantifiable.
Source : Rapport de la Cour des Compte sur
l'exécution des lois de finances en 2000
2. La baisse des impôts directs locaux
Le compte connaît en 2001 et en 2002, au moins en prévision, une diminution des avances versées qui correspond à une baisse des émissions d'impôts par les collectivités locales. De manière transitoire, les recettes du compte, qui enregistrent le reliquat des impositions des années précédentes, se trouvent donc supérieures aux charges des impôts de l'année.
D. UNE PRISE EN COMPTE DU SOLDE CUMULÉ À RELATIVISER
Les déficits du compte d'avances constatés en fin d'année ont un statut particulier par rapport à ceux d'autres comptes spéciaux du trésor. Ils ne sont pas reportés sur l'exercice suivant mais ne constituent pas pour autant une charge définitive. Ils constituent le « culot » du compte qui représente en quelque sorte une créance de l'Etat sur les contribuables locaux.
Evolution du solde cumulé (en millions d'euros)
|
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
Solde cumulé |
- 16.975 |
- 16.952 |
- 16.867 |
- 16.222 |
- 15.137 |
L'importance de ce culot est néanmoins à
relativiser.
Celui-ci se réduit de plus en plus au fur et à mesure de la
constatation, non plus de déficits mais d'excédents. Surtout, il
est aussi à mettre en parallèle avec le niveau des
dépôts obligatoires de trésorerie opérés par
les collectivités locales.
Le solde des comptes des collectivités locales auprès du
Trésor s'établit comme suit :
|
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
Solde du compte au 31/12 |
+ 12.578 |
+ 14.599 |
+ 16.234 |
+ 18.500 |
+ 21.006 |
E. UN NOUVEL ÉQUILIBRE DES RELATIONS FINANCIÈRES ETAT/COLLECTIVITÉS LOCALES ?
Votre
rapporteur spécial n'est évidemment pas en mesure de
définir un bilan d'ensemble des relations financières
Etat/Collectivités locales. Trop de paramètres manquent encore.
Votre rapporteur spécial constate néanmoins que les
données ont changé depuis la parution de son rapport
d'information, en 1989, sur la gestion de trésorerie des
collectivités locales.
Il se propose de poursuivre ses travaux plus avant pour mieux
appréhender les évolutions du compte d'avances aux
collectivités locales et ses conséquences sur les relations
financières entre Etat et collectivités locales.
CHAPITRE IV
LES ARTICLES RATTACHÉS
I. LES ARTICLES DE RÉCAPITULATION DES CRÉDITS
L'article 35 récapitule les services votés
relatifs
aux opérations définitives des comptes d'affectation
spéciale. Le montant des crédits serait fixé à
3.065 millions d'euros.
L'article 36 concerne les mesures nouvelles relatives aux opérations
définitives des comptes d'affectation spéciale. Les autorisations
de programme ont été portées à l'Assemblée
Nationale de 6.615 millions d'euros à 6.917 millions d'euros et les
crédits de paiement de 6.903 millions d'euros à 7.208
millions d'euros réparties entre dépenses ordinaires civiles
à hauteur de 290,8 millions d'euros et dépenses civiles en
capital à hauteur de 6.917 millions d'euros.
Ces évolutions des crédits sont la conséquences des votes
de première partie qui ont diminué les crédits
prévus pour le compte 902-33 UMTS de 2.476 millions d'euros à
1.238 millions d'euros, diminué les crédits prévus pour le
compte de la redevance 902-15 de 2.133 millions d'euros à
2.064 millions d'euros, majoré les crédits du compte de
privatisation 902-24 de 3.892 millions d'euros à 5.432 millions d'euros
pour tenir compte de l'ouverture de capital partielle d'ASF.
Par ailleurs, la répartition des aides du fonds d'aide à la
modernisation de la presse quotidienne 902-32 a été
modifiée : les subventions ont été portées de
70 à 80 % et les avances remboursables sont passées de 30
à 20 %. Dès lors, les mesures nouvelles relatives aux
opération définitives ont été majorées
à due concurrence et les mesures nouvelles relatives aux
opération temporaires (article 40) ont été
diminuées à due concurrence.
L'article 39 concerne les services votés relatifs aux opérations
à caractère temporaire des comptes spéciaux du
Trésor. Le montant des découverts applicables en 2002 aux
services votés des comptes de commerce serait fixé à 276
millions d'euros. Le montant des crédits ouverts au titre des services
votés des comptes d'avances et au titre des services votés des
comptes de prêts s'élèverait respectivement à
54.796 millions d'euros et 395 millions d'euros.
L'article 40 concerne les mesures nouvelles relatives aux opérations
temporaires des comptes d'affectation spéciale. Les crédits de
paiement ont été diminués de 7,4 millions d'euros à
4,6 millions d'euros. La diminution des avances concerne les avances pour le
financement des projets de modernisation du système de distribution de
la presse qui passent de 7,32 millions d'euros à 4,52 millions
d'euros. Aux avances ont en effet substituées des subventions qui
relèvent des mesures nouvelles relatives aux opérations
définitives des comptes d'affectation spéciale.
L'article 41 concerne les mesures nouvelles des comptes de prêts qui
s'élèveraient à 448 millions d'euros.
L'Assemblée nationale a par ailleurs adopté un article 41 bis de
conséquence. Les mesures nouvelles des comptes d'avances sont
fixées pour 2002 à - 152 millions d'euros. L'exonération
de la vignette a été étendue en première partie aux
véhicules des particuliers ne dépassant pas 3,5 tonnes et aux
véhicules des personnes morales dans la limite de trois de ces
véhicules par période d'imposition. L'article tire les
conséquences de ces modifications sur les dépenses du compte
903-52 d'avances aux départements sur le produit de la vignette.
L'article 42 concerne les mesures nouvelles des comptes de commerce. Au titre
des mesures nouvelles, une autorisation de découvert serait ouverte
à hauteur de 1.700 millions d'euros, au profit du compte de la
Documentation Française (0,76 millions d'euros) et du compte de
gestion active de la dette et de la trésorerie de l'Etat (1.700 millions
d'euros).
II. LES AUTRES ARTICLES
A. ARTICLE 37 MODIFICATION DE L'OBJET DES DÉPENSES DU COMPTE D'AFFECTATION SPÉCIALE N°902-19 « FONDS NATIONAL DES HARAS ET DES ACTIVITÉS HIPPIQUES »
1. Le compte de la filière « cheval »
L'article 60 de la loi de finances pour 1984 avait ouvert
à
compter du 1
er
janvier 1984 un compte d'affectation spéciale
intitulé « Fonds national des haras et des activités
hippiques » (F.N.A.H.). Le fonds a eu jusqu'à l'année
2001 pour vocation de retracer en un document unique les moyens de financement
public issus de la filière « cheval » et leur
utilisation à son profit. A ce titre figurent en recettes pour
2001 :
- le produit du prélèvement sur les enjeux engagés au
pari mutuel urbain,
- les recettes diverses ou accidentelles.
Les dépenses du compte spécial concernent :
- les subventions pour le développement des activités
hippiques,
- l'abondement du Fonds commun de l'élevage et des courses,
- les dépenses des Haras nationaux, hormis celles de personnel,
- les dépenses diverses et accidentelles.
La mise en oeuvre de la réforme des administrations publiques du cheval
(création de l'établissement public « les haras
nationaux » notamment) s'est traduite par certaines évolutions
de l'équilibre interne du compte en 2000 puis en 2001.
2. La budgétisation des crédits de l'établissement public « les Haras Nationaux »
L'article 37 du présent projet de loi de finances vise,
d'une
part, à modifier l'appellation du compte d'affectation spéciale
n° 902-19 « Fonds national des haras et des activités
hippiques » ainsi que la liste de ses dépenses, d'autre part,
à inscrire au budget du ministère de l'agriculture et de la
pêche les crédits destinés à l'établissement
public administratif « Les Haras nationaux ».
- L'article 37 du présent projet de loi de finances vise à
remplacer l'appellation « Fonds national des haras et des
activités hippiques » du compte d'affectation spéciale
n° 902-19 par l'appellation « Fonds national des courses et de
l'élevage ». Ce changement d'appellation est la
conséquence directe de la modification de la liste des dépenses
du CAS à laquelle figurent seulement désormais les
subventions pour le développement de l'élevage et des courses
ainsi que les dépenses diverses ou accidentelles et non plus les
subventions pour le développement des activités hippiques et les
dépenses des haras nationaux.
- Il vise également à maintenir dans la liste des
dépenses du compte d'affectation spéciale les seuls
crédits versés aux sociétés de course
françaises, à savoir d'une part France Galop, d'autre part la
Société du cheval français.
Pour 2002, le montant des dépenses du nouveau « Fonds national
des courses et de l'élevage » est évalué
à 82,4 millions d'euros, en diminution, de 31 % par rapport au budget
voté en 2001.
Parallèlement à cette modification de l'appellation et de la
liste des dépenses du compte d'affectation spéciale n°
902-19, les dotations destinées à l'établissement public
« Les Haras nationaux » seraient budgétisées.
Cette budgétisation doit permettre d'assurer un financement
pérenne à cette mission de service public.
Ainsi, pour l'année 2002, seraient inscrits au budget du
ministère de l'agriculture et de la pêche les crédits
suivants, précédemment financés par le compte
d'affectation spécial 902-19 « Fonds national des Haras et des
activités hippiques » :
- au chapitre 34-97 (moyens de fonctionnement des services) :
76.225 euros,
- au chapitre 36-22, article 44 (subventions de fonctionnement à
divers établissements publics, Haras nationaux) : 19,132 millions
d'euros (125,5 millions de francs),
- au chapitre 37-11, article 42 (dépenses diverses, forêt et
aménagement rural : vulgarisation, information, assistance
technique et animation) : 152.449 euros,
- au chapitre 44-80, article 70 nouveau (amélioration du cadre de
vie et aménagement de l'espace rural, intervention en faveur de
l'élevage et de l'utilisation du cheval) : 5,03 millions d'euros
destinées à financer les dotations en faveur de la recherche,
- au chapitre 61-44, article 60 (aménagement de l'espace rural,
élevage des chevaux et équipements hippiques) : 425.000
euros destinés à financer les investissements en faveur des
élevages hippiques ;
- au chapitre 61-44, article 90 nouveau (aménagement de l'espace
rural, Haras nationaux) : 7,043 millions d'euros destinés à
financer la réalisation d'investissements en faveur de
l'établissement public « Les Haras nationaux ».
Au total, les crédits inscrits au budget du ministère de
l'agriculture et de la pêche destinés aux Haras nationaux et
activités hippiques, précédemment financés par le
CAS 902-19, atteindraient, pour 2002, 31,86 millions d'euros.
3. Une réforme annoncée par deux rapports
La
rebudgétisation des financements alloués à
l'Établissement Public « les Haras Nationaux » avait
été demandée dans les rapports de la Cour des Comptes et
de l'Inspection générale des finances.
Cette budgétisation ne concerne pas les sociétés de
courses. Le compte d'affectation spéciale perdure dès lors mais
avec un objet aujourd'hui très limité.
B. ARTICLE 38 EXTENSION DES AIDES OCTROYÉES PAR LE COMPTE D'AFFECTATION SPÉCIALE N°902-32 « FONDS DE MODERNISATION DE LA PRESSE QUOTIDIENNE ET ASSIMILÉE D'INFORMATION POLITIQUE ET GÉNÉRALE ».
Créé par l'article 62 de la loi de finances pour
1998,
le compte d'affectation spéciale 902-32 est abondé par le produit
de la taxe de 1 % sur certaines dépenses de publicité hors
médias, instituée par l'article 23 de la même loi de
finances.
Le compte finance depuis l'origine des avances remboursables, des
dépenses d'études et des subventions destinées au
financement des projets de modernisation présentés par les
agences de presse et par les entreprises de presse éditrices d'au moins
une publication quotidienne relevant de la presse d'information politique et
générale.
La part des subventions a très nettement augmenté par rapport aux
avances remboursables, notamment depuis la loi de finances rectificative pour
2000. Les crédits inscrits au compte 902-32 en loi de finances initiale
pour 2001, de 24,4 millions d'euros, se répartissent entre 7,4
millions d'euros d'avances remboursables et 17,1 millions d'euros de
subventions.
Le projet de loi de finances pour 2002 propose d'élargir l'objet du
compte d'affectation spéciale aux aides à la distribution. Cette
aide viserait à participer aux surcoûts spécifiques de
diffusion des quotidiens nationaux d'information politique et
générale. Elle viserait aussi à la modernisation
industrielle du système de presse. Cette aide serait également
financée par une part de la taxe sur les dépenses de
publicité hors medias.
L'extension de l'objet du compte à l'aide à la modernisation de
la distribution ne nuirait pas à l'aide à la modernisation de la
presse. Les crédits relevant de ce dernier domaine seraient en effet
préservés : 17,5 millions d'euros seraient prévus
pour 2002. A ces 17,5 millions d'euros viendraient s'ajouter 4,6 millions
d'euros d'aide à la distribution des quotidiens nationaux.
L'extension des aides octroyées par le compte d'affectation
spéciale 902-32 reste conforme à son objet initial.
EXAMEN EN COMMISSION
La
commission des finances a examiné le mardi 6 novembre 2001 les
crédits des comptes spéciaux du Trésor et articles 35
à 42, sur le rapport de M. Paul Loridant, rapporteur
spécial, dans le projet de loi de finances pour 2002.
M. Paul Loridant, rapporteur spécial, a indiqué tout d'abord
que les comptes spéciaux du trésor apporteraient en 2002, comme
les années précédentes, une contribution très
positive au solde du budget général puisqu'ils
dégageraient un excédent de 1,9 milliard d'euros, en hausse de
592 millions d'euros par rapport à celui prévu en loi de finances
initiale pour 2001 qui s'élevait à 1,4 milliard d'euros. Il a
expliqué que l'augmentation de l'excédent prévisionnel des
comptes spéciaux du trésor serait due en quasi-totalité
aux comptes d'avances et aux comptes d'opérations monétaires.
M. Paul Loridant, rapporteur spécial, a ensuite
présenté ses observations, en commençant par deux
remarques de portée générale. Il s'est ainsi
félicité des avancées que contient la loi organique du 1er
août 2001 relative aux lois de finances, relevant que s'agissant des
comptes spéciaux du trésor, elle en garantissait la
pérennité. Il a constaté qu'elle créait de droit
trois comptes particuliers qui seront autant d'instruments
privilégiés pour la gestion des participations financières
de l'Etat, de la dette, et des pensions et qu'elle modifiait, avec rigueur, le
régime des comptes spéciaux du trésor. Il a
souligné que ces modifications qu'il appelait depuis plusieurs
années de ses voeux permettaient d'interpréter la logique
d'affectation de manière stricte et renforçaient
l'étanchéité entre comptes d'affectation spéciale
et budget général. Il a noté par ailleurs qu'elles
organisaient une meilleure information des commissions des finances des deux
assemblées.
M. Paul Loridant, rapporteur spécial, s'est livré à
un court exercice de prospective, en posant la question de l'avenir des comptes
spéciaux et tout particulièrement des comptes d'affectation
spéciale. Il a présenté successivement deux
hypothèses, la première selon laquelle l'interprétation
stricte de la logique d'affectation, qui exige qu'un compte soit financé
grâce à des recettes par nature en relation directe avec les
dépenses concernées, pourrait conduire à la disparition
d'un certain nombre de comptes d'affectation spéciale, la seconde,
exactement contraire, selon laquelle la perspective de disparition des taxes
parafiscales amènerait, à la demande des milieux
socio-économiques concernés, à la création de
nouveaux comptes permettant de concilier la logique d'affectation avec
l'orthodoxie budgétaire. Il a indiqué qu'il penchait aujourd'hui
pour cette dernière hypothèse.
M. Paul Loridant, rapporteur spécial, dans une seconde remarque
générale, a déploré le manque de lisibilité
des documents budgétaires relatifs aux comptes spéciaux du
trésor, soulignant que les comptes d'affectation spéciale
constituaient une série « d'icebergs
budgétaires » dont la partie immergée, les reports de
crédits, n'apparaissait pas. Il a exprimé le souhait que les
reports de l'année n-1 à l'année n puissent faire l'objet
d'une évaluation en loi de finances.
M. Paul Loridant, rapporteur spécial, a ensuite fait part de ses
observations sur les comptes spéciaux lui paraissant les plus
importants. Il a en premier lieu noté le mauvais départ du fonds
de provisionnement des charges de retraite et de désendettement de
l'État 902-33, jugeant son avenir plutôt limité. Il a
rappelé que ce compte spécial devait à l'origine financer
le désendettement de l'État et le Fonds de réserve des
retraites mais que le désendettement de l'État ne figurait plus
dans ses attributions. Il a relevé que s'agissant du Fonds de
réserve des retraites, les vicissitudes dans l'attribution des licences
Universal mobile telecommunication system (UMTS) avaient conduit à des
recettes moindres que prévu et à des dotations revues très
fortement à la baisse et qu'il en serait de même en 2002. Il a
indiqué en effet que le gouvernement venait de réduire le ticket
d'entrée des licences UMTS et que le fonds ne serait
crédité en 2002 que de 1,24 milliard d'euros, au titre des deux
licences UMTS qu'il restait à octroyer.
Il a noté en deuxième lieu que le compte d'affectation des
produits de privatisation 902-24 offrait des perspectives incertaines. Il a
d'abord montré que ce compte connaissait sur moyenne période une
diminution du volume de ses opérations, le produit des privatisations
étant passé de 9 milliards d'euros en 1997 à 1,7 milliard
d'euros en 2000. Il a déclaré que les résultats du compte
avaient été particulièrement défavorables en 2000
où le produit des privatisations avait été moindre que
prévu. Il a expliqué cette diminution des recettes de
privatisation par la réduction du périmètre des
entreprises publiques d'une part, et d'autre part par la conjoncture
défavorable des marchés financiers qui pouvait conduire, soit
à une cession à moindre prix des entreprises publiques, soit
à un report de leur mise sur le marché. Il a indiqué que
si cette dernière hypothèse était sans doute
préférable pour optimiser la gestion patrimoniale de l'Etat, elle
ne résolvait pas le problème de financement du secteur public qui
affiche des besoins de financement toujours aussi importants.
M. Paul Loridant, rapporteur spécial, a alors montré le
paradoxe engendré par une situation où les entreprises figurant
sur la liste de privatisation ne bénéficient pas des financements
qu'elles pourraient trouver sur les marchés d'actions et où les
autres ne peuvent bénéficier de dotations en capital à la
hauteur de leurs besoins en raison de la raréfaction des recettes de
privatisation. En ce qui concerne ces recettes, pour 2002, il a
précisé que les prévisions du gouvernement lui
paraissaient optimistes, avant la discussion à l'Assemblée
nationale, avec une prévision de recettes de 3,9 milliards d'euros,
dans un contexte où la privatisation de la SNECMA avait
été reportée, mais que la donne avait quelque peu
changé et qu'il lui paraissait aujourd'hui impossible de prévoir
les recettes de privatisation. Il a relevé que le gouvernement attendait
1,5 milliard d'euros de la privatisation soudaine d'Autoroutes du Sud de la
France, sans qu'il soit possible de vérifier le réalisme de ce
chiffre. Il a surtout insisté sur l'ouverture du capital de Renault en
2002, annoncée dans le cadre de l'entrée de Nissan dans Renault,
dont il a indiqué ne pas connaître le montant exact, tout en
pressentant qu'il était de nature à bouleverser toutes les
prévisions actuelles.
M. Paul Loridant, rapporteur spécial, a en troisième lieu
présenté les prévisions pour 2002 du compte
d'émissions des monnaies métalliques 906-04, géré
par la direction du trésor, qui retrace les opérations auxquelles
donnent lieu l'émission et le retrait des monnaies métalliques.
Il a révélé que le compte d'opérations
métalliques faisait état, en prévision, d'un
bénéfice exceptionnel, expliquant que la Banque de France allait
émettre massivement des euros et qu'elle estimait dans le même
temps qu'un grand nombre de francs ne seraient pas retournés : il y
aurait donc une forte évaporation des pièces en francs.
M. Paul Loridant, rapporteur spécial, a souligné que l'Etat
bénéficierait donc en 2002, avec les seules pièces, d'un
excédent de 533 millions d'euros (3,5 milliards de francs)
grâce au passage à l'euro. Il a constaté qu'un
bénéfice analogue serait réalisé sur les billets
puisque la Banque de France devrait reverser en 2002 à l'Etat, sur la
ligne 805 « recettes accidentelles à différents
titres », 240 millions d'euros (1,5 milliard de francs) de recettes
exceptionnelles liées au retrait des billets en francs. Il a
constaté qu'au moment où l'Etat abandonnait son droit
régalien le plus ancien, celui de battre monnaie, et sa
souveraineté monétaire, il réalisait un
bénéfice exceptionnel de 773 millions d'euros (5 milliards de
francs). Il a admis que si l'Etat pratiquait une comptabilité en
coûts complets, il faudrait sans doute déduire de ce
bénéfice de 2002 les coûts de fabrication des pièces
payées sur 1998, 1999, 2000 et 2001 et qu'il serait également
possible de rapprocher ce bénéfice des coûts
supportés par l'Etat par ailleurs, comme les coûts de
communication du ministère de l'économie et des finances. Il a
néanmoins conclu sur ce point en indiquant que l'Etat était le
seul agent économique qui, à côté des
inévitables coûts d'adaptation au changement de monnaie,
bénéficierait de tels profits sur l'euro.
M. Paul Loridant, rapporteur spécial, a, pour terminer, mis
l'accent sur le compte d'avances 903-54 qui retrace les acomptes qui sont
versés aux collectivités locales sur le montant de leurs
impôts directs. Il a souligné que si les spécialistes de
finances publiques locales expliquaient encore récemment que le compte
subissait un effet de profil et un effet de solde qui conduisaient à
constater des déficits non seulement en cours d'année, mais aussi
en fin d'exercice, il n'en était plus de même aujourd'hui. Il a
précisé que l'effet de profil s'était estompé en
raison des progrès dus à la mensualisation du paiement de
l'impôt et surtout que le déficit de fin d'année avait
laissé place depuis 1996 à des excédents croissants. Il a
indiqué que l'excédent du compte pour 2002
s'élèverait ainsi à 900 millions d'euros et le compte
d'avances, qui avait pu fonctionner au détriment de l'État,
opérait aujourd'hui à son profit. Il a cependant expliqué
que dans la mesure où l'État n'avait jamais souhaité
« apurer » les déficits du compte, il subsistait un
« culot » qui était en 2000 de -15 milliards
d'euros. Il a mis ces montants en parallèle avec le niveau des
dépôts obligatoires de trésorerie des collectivités
locales, sans cesse croissants, qui atteignaient en 2000 21 milliards d'euros.
Pour expliquer cette inflexion, M. Paul Loridant, rapporteur
spécial, a formulé deux hypothèses : la
première consistant à prendre en compte une amélioration
du taux de recouvrement des impôts directs locaux, due à la hausse
des dégrèvements, à une plus grande efficacité du
service public de l'impôt et surtout au nouveau mode de calcul de ce taux
de recouvrement, évalué non plus de manière forfaitaire
mais chiffré sur des bases réelles, la seconde mettant en avant
la baisse des émissions d'impôts par les collectivités
locales pour expliquer de manière transitoire l'amélioration du
solde du compte d'avances.
M. Paul Loridant, rapporteur spécial, a conclu sa
présentation en indiquant à la commission qu'il souhaitait
à l'issue de la discussion budgétaire entamer un travail
approfondi sur ce compte d'avances, de même qu'un contrôle sur
pièces et sur place de la régie industrielle des
établissements pénitentiaires.
Un large débat s'est alors engagé.
M. François Trucy a exprimé son inquiétude sur l'avenir de
l'établissement public des Haras Nationaux dont les dotations seraient
transférées à partir de 2002 du compte d'affectation
spéciale 902-19 « Fonds national des courses et de
l'élevage » au budget du ministère de l'agriculture.
M. Paul Loridant, rapporteur spécial, a indiqué en
réponse que les crédits avaient été
transférés au franc le franc du compte spécial au budget
général en prévision mais qu'il conviendrait de s'assurer
qu'il en serait de même en exécution.
En réponse à M. Yves Fréville, M. Paul Loridant,
rapporteur spécial, a précisé que le fonds de
provisionnement des charges de retraite et de désendettement de
l'État 902-33 n'avait pas, contrairement aux prévisions,
abondé la Caisse de la dette publique en 2001. Il a souligné
partager l'analyse de M. Yves Fréville sur les causes de
l'amélioration du fonctionnement du compte d'avances des
collectivités locales, ajoutant néanmoins parmi ces causes la
diminution récente des impôts locaux.
En réponse à M. Roland du Luart, il a expliqué les
modalités de constitution du « culot » du compte
d'avances aux collectivités locales. Il a souligné, concernant le
Fonds de réserve des retraites, que deux comptes spéciaux, les
902-24 et 902-33, l'abonderaient en 2002, la privatisation partielle
d'Autoroutes du Sud de la France compensant les pertes liées à la
renégociation des licences UMTS.
En réponse à M. Michel Sergent, il a souligné que la loi
organique relative aux lois de finances avait conforté l'existence des
comptes spéciaux du trésor, du moins de certains d'entre eux,
mettant en avant l'importance des comptes chargés de la gestion de la
dette, des retraites et des participations de l'Etat.
En réponse à M. Philippe Marini, rapporteur
général, il a relevé le caractère exceptionnel du
bénéfice constaté sur le compte d'émission des
monnaies métalliques 906-04, l'attribuant aux estimations de la Banque
de France qui prévoit que toutes les pièces en francs ne
reviendront pas dans les caisses de la Banque, le taux de retour variant selon
la valeur faciale des pièces en question.
Sur l'avis de M. Paul Loridant, rapporteur spécial, la commission a
ensuite décidé de proposer au Sénat d'adopter les
crédits des comptes spéciaux du trésor ainsi que les
articles 35 à 42 dans la rédaction qui résultera des votes
du Sénat en première partie.
ANNEXE : LOI ORGANIQUE DU 1ER AOÛT 2001 RELATIVE AUX LOIS DE FINANCES
Article 19
Les
comptes spéciaux ne peuvent être ouverts que par une loi de
finances. Les catégories de comptes spéciaux sont les suivantes
:
1o Les comptes d'affectation spéciale ;
2o Les comptes de
commerce ;
3o Les comptes d'opérations monétaires ;
4o Les
comptes de concours financiers.
L'affectation d'une recette à un
compte spécial ne peut résulter que d'une disposition de loi de
finances.
Article 20
I. - Il
est interdit d'imputer directement à un compte spécial des
dépenses résultant du paiement de traitements, salaires,
indemnités et allocations de toute nature.
Sous réserve des
règles particulières prévues aux articles 21 à 24,
les opérations des comptes spéciaux sont prévues,
autorisées et exécutées dans les mêmes conditions
que celles du budget général. Sauf dispositions contraires
prévues par une loi de finances, le solde de chaque compte
spécial est reporté sur l'année suivante.
II. - Chacun
des comptes spéciaux dotés de crédits constitue une
mission au sens des articles 7 et 47. Leurs crédits sont
spécialisés par programme.
Aucun des mouvements de
crédits prévus aux articles 11 et 12 ne peut être
effectué entre le budget général et un compte
spécial doté de crédits.
Article 21
I. - Les
comptes d'affectation spéciale retracent, dans les conditions
prévues par une loi de finances, des opérations
budgétaires financées au moyen de recettes particulières
qui sont, par nature, en relation directe avec les dépenses
concernées. Ces recettes peuvent être complétées par
des versements du budget général, dans la limite de 10 % des
crédits initiaux de chaque compte.
Les opérations de nature
patrimoniale liées à la gestion des participations
financières de l'Etat, à l'exclusion de toute opération de
gestion courante, sont, de droit, retracées sur un unique compte
d'affectation spéciale. Les versements du budget général
au profit de ce compte ne sont pas soumis à la limite prévue au
premier alinéa.
Il en est de même pour les opérations
relatives aux pensions et avantages accessoires. Les versements du budget
général au profit de ce compte ne sont pas soumis à la
limite prévue au premier alinéa.
II. - Sauf dérogation
expresse prévue par une loi de finances, aucun versement au profit du
budget général, d'un budget annexe ou d'un compte spécial
ne peut être effectué à partir d'un compte d'affectation
spéciale.
En cours d'année, le total des dépenses
engagées ou ordonnancées au titre d'un compte d'affectation
spéciale ne peut excéder le total des recettes constatées,
sauf pendant les trois mois suivant sa création. Durant cette
dernière période, le découvert ne peut être
supérieur à un montant fixé par la loi de finances
créant le compte.
Si, en cours d'année, les recettes
effectives sont supérieures aux évaluations des lois de finances,
des crédits supplémentaires peuvent être ouverts, par
arrêté du ministre chargé des finances, dans la limite de
cet excédent. Au préalable, le ministre chargé des
finances informe les commissions de l'Assemblée nationale et du
Sénat chargées des finances des raisons de cet excédent,
de l'emploi prévu pour les crédits ainsi ouverts et des
perspectives d'exécution du compte jusqu'à la fin de
l'année.
Les autorisations d'engagement et les crédits de
paiement disponibles en fin d'année sont reportés sur
l'année suivante, dans les conditions prévues aux II et IV de
l'article 15, pour un montant qui ne peut excéder le solde du compte.
Article 22
I. - Les
comptes de commerce retracent des opérations de caractère
industriel et commercial effectuées à titre accessoire par des
services de l'Etat non dotés de la personnalité morale. Les
évaluations de recettes et les prévisions de dépenses de
ces comptes ont un caractère indicatif. Seul le découvert
fixé pour chacun d'entre eux a un caractère limitatif. Sauf
dérogation expresse prévue par une loi de finances, il est
interdit d'exécuter, au titre de ces comptes, des opérations
d'investissement financier, de prêts ou d'avances, ainsi que des
opérations d'emprunt.
II. - Les opérations budgétaires
relatives à la dette et à la trésorerie de l'Etat,
à l'exclusion de toute opération de gestion courante, sont
retracées dans un compte de commerce déterminé. Ce compte
est divisé en sections distinguant les opérations selon leur
nature.
Chaque section est dotée d'une autorisation de
découvert.
Sont déterminés par une disposition de loi
de finances :
- la nature des opérations autorisées, chaque
année, sur chaque section ;
- le caractère limitatif ou
évaluatif de chaque autorisation de découvert ;
- les
modalités générales d'information du Parlement sur
l'activité du compte et les modalités particulières selon
lesquelles le ministre chargé des finances informe les commissions de
l'Assemblée nationale et du Sénat chargées des finances de
tout dépassement d'une autorisation de découvert ;
- les
conditions générales de fonctionnement du compte.
Article 23
Les comptes d'opérations monétaires retracent les recettes et les dépenses de caractère monétaire. Pour cette catégorie de comptes, les évaluations de recettes et les prévisions de dépenses ont un caractère indicatif. Seul le découvert fixé pour chacun d'entre eux a un caractère limitatif.
Article 24
Les
comptes de concours financiers retracent les prêts et avances consentis
par l'Etat. Un compte distinct doit être ouvert pour chaque
débiteur ou catégorie de débiteurs.
Les comptes de
concours financiers sont dotés de crédits limitatifs, à
l'exception des comptes ouverts au profit des Etats étrangers et des
banques centrales liées à la France par un accord
monétaire international, qui sont dotés de crédits
évaluatifs.
Les prêts et avances sont accordés pour une
durée déterminée. Ils sont assortis d'un taux
d'intérêt qui ne peut être inférieur à celui
des obligations ou bons du Trésor de même échéance
ou, à défaut, d'échéance la plus proche. Il ne peut
être dérogé à cette disposition que par
décret en Conseil d'Etat.
Le montant de l'amortissement en capital
des prêts et avances est pris en recettes au compte
intéressé.
Toute échéance qui n'est pas
honorée à la date prévue doit faire l'objet, selon la
situation du débiteur :
- soit d'une décision de recouvrement
immédiat, ou, à défaut de recouvrement, de poursuites
effectives engagées dans un délai de six mois ;
- soit d'une
décision de rééchelonnement faisant l'objet d'une
publication au Journal officiel ;
- soit de la constatation d'une perte
probable faisant l'objet d'une disposition particulière de loi de
finances et imputée au résultat de l'exercice dans les conditions
prévues à l'article 37. Les remboursements ultérieurement
constatés sont portés en recettes au budget
général.
1
Décision n° DC
2000-442.
2
Votre rapporteur spécial entend par recette de
privatisation les produits des privatisations qui abondent le compte
d'affectation spéciale 902-24 et, par exception, le budget
général. Une autre définition serait possible qui
consisterait à prendre comme recette de privatisation l'ensemble des
produits des cessions de titres par l'Etat ou ses entreprises publiques.
Certains produits de cessions en effet ne sont pas affectés au budget de
l'Etat mais aux entreprises publiques elles-mêmes, ou aux structures de
défaisance. Certains produits de privatisation du Gan, ou du
Crédit Lyonnais, ou de Thomson, n'ont ainsi pas été
portés au budget de l'Etat mais ont contribué au
désendettement de leur maison mère ou de leur structure de
défaisance
. Cette affectation peut se comprendre : une
privatisation est, avant d'être une bonne affaire pour l'Etat, une
opération industrielle. Dans certains cas cependant, comme pour le Gan,
l'absence de toute remontée de recettes pour l'Etat a donné lieu
à de vives critiques de la Cour des Comptes, et après coup,
à régularisation.
3
La SGCP héritière de la société
centrale du Gan a reçu à hauteur de sa participation dans les
actifs cédés, les produits de cession de l'UIC-UIS, du CIC et de
Gan SA. Les recettes, dont sont déduites les pertes liées
à l'activité de défaisance, sont reversées à
l'Etat sur le compte 902-24.
4
L'Etablissement public de réalisation de défaisance
a été créé par la loi n° 95-1251 du
28 novembre 1995 pour porter les actifs du Comptoir des Entrepreneurs.
5
Au titre de l'amortissement linéaire de la dette (jusqu'en
2014) décidé par le conseil d'administration de l'EPFR en
1999 : capital + intérêts.
6
GIAT connaît des difficultés aggravées :
le décalage entre la fin de son plan de charge et l'obtention d'un
éventuel contrat avec l'Arabie saoudite risque d'entraîner encore
une diminution de ses capacités.
7
La banque conseil vient d'être retenue. Il s'agirait d'HSBC.
8
Evaluations citées par le journal « La
Tribune » et l'Agence France-Presse (AFP).
9
En raison de la fonte des recettes liées à l'UMTS.
10
Le retour des francs a déjà commencé en 2001.
11
La reprise et l'échange des francs pourront être
réalisés auprès des agences bancaires et des services
financiers de La Poste jusqu'au 30 juin 2002. L'échange, espèces
contre espèces, sera gratuit dans un réseau bancaire pour les
clients de ce réseau, sans limitation de montant, jusqu'au 17
février et effectué par inscription en compte du 18
février au 30 juin 2002. Pour les non clients, l'échange sera
gratuit, dans la limite de 2000 francs, jusqu'au 17 février 2002.
L'échange des pièces et des billets sera encore possible
respectivement pendant 3 ans et 10 ans auprès de la Banque de France, de
l'IEDOM et du Trésor public.
12
En 2001 ont été imputées au compte 906-04
des charges de 32,43 millions d'euros pour compenser les frais engagés
par la Direction des monnaies et médailles pour le stockage
(9,15 millions d'euros), la fabrication des produits standardisés
(sachets premiers euros, kits commerçants, palettes
hétérogènes : 17,18 millions d'euros) et pour les
frais d'approvisionnement des DOM en euros (6,1 millions d'euros).
13
Plus précisément, 120 millions d'euros
correspondent au solde du culot d'émission de vieux billets (50 fcs
Quentin La Tour, 200 fcs Montesquieu) et 120 millions correspondent à
l'acompte sur le culot d'émission de nouvelles coupures. Ces sommes sont
reversées en vertu de la loi du 4 août 1993.
14
Passage d'un taux de recouvrement forfaitaire à un taux
réel en 1995