Loi de finances pour 2002 - Tome III - Annexe 34 - Services du Premier ministre : services généraux
MARC (François), Rapporteur spécial
RAPPORT GENERAL 87 (2001-2002) - TOME III - Annexe 34 - COMMISSION DES FINANCES
Rapport au format Acrobat ( 141 Ko )Table des matières
- PRINCIPALES OBSERVATIONS
-
PREMIÈRE PARTIE :
UN BUDGET DE PLUS DE 1,1 MILLIARD D'EUROS,
EN HAUSSE DE 3,8 % -
DEUXIÈME PARTIE :
PRINCIPALES OBSERVATIONS SUR L'EXÉCUTION -
TROISIÈME PARTIE :
RÉFORMER LES FONDS SPÉCIAUX- I. LE RÉGIME JURIDIQUE DES FONDS SPÉCIAUX
- II. L'UTILISATION DES FONDS SPÉCIAUX
- III. QUELLES RÉFORMES ?
- RÉCAPITULATION DES MODIFICATIONS APPORTÉES PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE
- EXAMEN EN COMMISSION
N° 87
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 2001-2002
Annexe au procès verbal de la séance du 22 novembre 2001
RAPPORT GÉNÉRAL
FAIT
au nom de la commission des Finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la Nation (1) sur le projet de loi de finances pour 2002 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE,
Par M.
Philippe MARINI,
Sénateur,
Rapporteur général.
TOME III
LES MOYENS DES SERVICES ET LES DISPOSITIONS SPÉCIALES
(Deuxième partie de la loi de finances)
ANNEXE N° 34
SERVICES DU PREMIER MINISTRE :
I.- SERVICES GÉNÉRAUX
Rapporteur spécial
: M. François MARC
(1) Cette commission est composée de : MM. Alain Lambert, président ; Jacques Oudin, Gérard Miquel, Claude Belot, Roland du Luart, Mme Marie-Claude Beaudeau, M. Aymeri de Montesquiou, vice-présidents ; MM. Yann Gaillard, Marc Massion, Michel Sergent, François Trucy, secrétaires ; Philippe Marini, rapporteur général ; Philippe Adnot, Bernard Angels, Bertrand Auban, Denis Badré, Jacques Baudot, Roger Besse, Maurice Blin, Joël Bourdin, Gérard Braun, Auguste Cazalet, Michel Charasse, Jacques Chaumont, Jean Clouet, Yvon Collin, Jean-Pierre Demerliat, Eric Doligé, Thierry Foucaud, Yves Fréville, Adrien Gouteyron, Hubert Haenel, Claude Haut, Alain Joyandet, Jean-Philippe Lachenaud, Claude Lise, Paul Loridant, François Marc, Michel Mercier, Michel Moreigne, Joseph Ostermann, Jacques Pelletier, René Trégouët.
Voir
les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème
législ.) :
3262
,
3320
à
3325
et T.A.
721
Sénat
:
86
(2001-2002)
Lois de finances. |
PRINCIPALES OBSERVATIONS
-
•
Pour plus de transparence sur les fonds secrets
Plusieurs amendements du gouvernement adoptés en première lecture à l'Assemblée nationale tendent à réformer les fonds spéciaux. Votre rapporteur spécial approuve le sens de ces dispositions, qui améliorent la transparence. Il s'interroge cependant sur l'opportunité de leur apporter d'éventuelles modifications :
- Faudrait-il mieux préciser le périmètre des fonds spéciaux ?
- La commission de vérification devrait-elle élire son président en son sein ?
- Faudrait-il préciser la durée du mandat des parlementaires siégeant au sein de la commission de vérification ?
- Les parlementaires membres de la commission de vérification devraient-ils pouvoir transmettre certaines informations couvertes par le secret de la défense nationale à des collaborateurs ?
- Faudrait-il instaurer une obligation de communication aux présidents des commissions des finances des deux assemblées des décrets abondant les fonds spéciaux en cours d'année ?
• Quelle doit être la nature de l'administration qui entoure le Premier ministre ?
L'augmentation des crédits de fonctionnement en faveur de l'administration du Premier ministre et surtout l'accroissement continu du nombre d'organismes, conseils, comités ou commissions, rattachés au budget des Services généraux du Premier ministre modifient la nature de l'administration du Premier ministre.
Doit-elle être une administration limitée à l'animation politique ou faut-il la laisser évoluer vers un super-ministère de l'interministérialité ?
En application des dispositions de l'article 164-IV de l'ordonnance n° 58-1374 du 30 décembre 1958, votre précédent rapporteur spécial, notre collègue Roland du Luart, a décidé d'effectuer une mission d'information et de contrôle budgétaire portant sur la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (MILDT).
Il a déploré un certain nombre de dysfonctionnements :
- fonctionnement insatisfaisant du fonds de concours finançant la MILDT ;
- mauvaises relations entre la présidente et son délégué ;
- insuffisance du contrôle et de d'évaluation des actions déconcentrées au niveau départemental et des actions mises en oeuvre par les organismes subventionnés ;
- utilisation de plus de 50 % des crédits interministériels délégués par la MILDT aux différents ministères, en principe pour financer des actions innovantes, pour financer des mesures récurrentes de « fonctionnement courant » des ministères.
• La baisse continue des dépenses en capital
Votre rapporteur spécial déplore la diminution de 21,26 % de ces crédits de paiement en 2002.
PREMIÈRE PARTIE :
UN BUDGET DE PLUS DE 1,1 MILLIARD
D'EUROS,
EN HAUSSE DE 3,8 %
Le
budget des Services généraux du Premier ministre constitue l'un
des quatre fascicules budgétaires des services du Premier ministre
1(
*
)
. Ce budget recouvre
une grande
variété de dépenses.
Ainsi, il comprend les dotations de
trois cabinets
ministériels
(Premier ministre, ministre des relations avec le
Parlement et ministre de la fonction publique et de la réforme de
l'Etat) ainsi que les
fonds spéciaux
.
Sont également inscrits à ce budget les crédits
destinés aux
services et organismes rattachés au Premier
ministre
. Il s'agit du Secrétariat général du
gouvernement (SGG) ainsi que des directions, services, commissariats,
délégations, conseils et missions dont la gestion administrative
et budgétaire est assurée par la direction des services
administratifs et financiers, placée auprès du SGG.
Parmi la cinquantaine d'organismes dont les crédits sont inscrits sur le
budget des services généraux du Premier ministre, certains jouent
un rôle important, dans le domaine économique et juridique en
particulier.
Dans le domaine économique, on peut citer, notamment, le conseil
d'analyse économique, la mission interministérielle de l'effet de
serre, le conseil d'orientation des retraites, le conseil de l'emploi, des
revenus et de la cohésion sociale, l'observatoire de l'emploi public.
Dans le domaine juridique, il convient de mentionner, entre autres, la
commission d'accès aux documents administratifs, la commission nationale
consultative des droits de l'homme, la commission pour l'indemnisation des
victimes de spoliations intervenues du fait des législations
antisémites en vigueur sous l'Occupation, la commission pour les
simplifications administratives, le conseil d'orientation de la mission
interministérielle de lutte contre les sectes.
Enfin, y figurent les crédits alloués à
sept
autorités administratives indépendantes
: le Médiateur
de la République, le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), la
Commission nationale de contrôle des interceptions de
sécurité, la Commission consultative du secret de la
défense nationale, le
Conseil de prévention et de lutte
contre le dopage, le Défenseur des enfants et la Commission nationale de
déontologie de la sécurité.
Ce budget est ventilé en
quatre agrégats
:
l'agrégat 31 (Premier ministre, ministres et administration
générale), l'agrégat 21 (Fonction publique),
l'agrégat 22 (Politique de la communication) et l'agrégat 32
(Autorités administratives indépendantes).
Les crédits de ces quatre agrégats représentent l'ensemble
des dotations affectées aux Services généraux du Premier
ministre. Les moyens destinés à la politique de la communication
et au CSA (agrégats 22 et une partie de l'agrégat 32) font
l'objet d'études plus détaillées dans les rapports sur les
crédits de la communication et de la presse
2(
*
)
. En outre, les observations relatives à la
fonction publique (agrégat 21) font l'objet d'un rapport
séparé
3(
*
)
.
I. UN BUDGET DE PLUS DE 1,1 MILLIARD D'EUROS
A. CE N'EST PAS UN « PETIT BUDGET »
Les
crédits demandés pour le budget 2002 des Services
généraux du Premier ministre (dépenses ordinaires et
crédits de paiement) s'élèvent à
1,106 milliard d'euros.
Même si ce budget oscille traditionnellement autour de 0,5 % des
crédits et des dépenses de l'Etat, il ne faut pas le
considérer comme un « petit budget » : il est
mieux doté que le budget de l'environnement, celui de
l'aménagement du territoire ou encore celui de la jeunesse et des
sports.
B. UNE HAUSSE DE 3,8 % POUR 2002
1. Des crédits en légère augmentation
Ce
budget pour 2002 est
en hausse de + 3,8 %
par rapport aux
dotations
pour l'année 2001. L'augmentation est donc largement
supérieure au taux de 2 % (0,5 % en francs constants) affiché
pour l'ensemble des dépenses de l'Etat.
L'augmentation des crédits demandée pour 2002 s'explique pour
l'essentiel par l'évolution de
l'agrégat 31 - Administration
générale
, comme le montre le tableau ci-après. Les
crédits demandés pour cet agrégat connaissent en effet une
progression de près de 15 %, en raison du quasi-doublement de la
dotation au titre des
actions en faveur des victimes des législations
antisémites en vigueur pendant l'occupation.
L'augmentation des crédits destinés aux
autorités
administratives indépendantes (agrégat 32)
correspond quant
à elle essentiellement à une augmentation des dépenses
relatives à l'activité du
médiateur de la
République
, que votre précédent rapporteur
spécial, notre collègue Roland du Luart, appelait de ses voeux.
Evolution des crédits entre 2001 et 2002, par agrégat
(en millions d'euros)
Agrégat |
Dotations 2001 |
PLF 2002 |
Evolution 2001-2002 (%) |
Administration |
262,83 |
301,12 |
14,57 |
Fonction publique |
216,89 |
216,92 |
0,01 |
Communication |
546,21 |
544,84 |
-0,25 |
AAI |
39,83 |
43,02 |
8,01 |
TOTAL |
1 065,76 |
1 105,90 |
3,77 |
Source : projet de loi de finances pour 2002
2. Un budget globalement stable depuis 1997, sauf en 2000 et en 2001
Entre
1997 et 1999, le montant global de ce budget a été stable, autour
de 620 millions d'euros.
L'augmentation de l'an 2000 (+ 19 %) a rompu cette logique de stabilité
nominale et l'augmentation en 2001 a été encore plus
spectaculaire (+ 44 %). L'augmentation des crédits de l'année
2001 s'explique pour l'essentiel par l'évolution de
l'agrégat
22 - Politique de la communication
, notamment en raison de l'inscription de
mesures nouvelles au titre de la
contribution forfaitaire de l'Etat au
financement des exonérations de redevances de
télévision
4(
*
)
.
La hausse modeste prévue par le projet de loi de finances pour 2002
renoue donc avec la tendance antérieure.
Evolution des crédits sur 1997-2002, par agrégat
(en millions d'euros)
Source : projets de lois de finances
II. UNE AUGMENTATION DES DÉPENSES DE FONCTIONNEMENT AU DÉTRIMENT DES DÉPENSES EN CAPITAL
Le tableau suivant fournit le détail des évolutions des crédits par grande nature de dépenses. L'augmentation générale de 3,8 % du budget est la résultante de deux évolutions contrastées entre :
-
•
les dépenses ordinaires
(titres III et IV) qui
augmentent de 4,6 %
(contre 46 % l'an dernier),
• et les dépenses en capital (titre V) qui diminuent de 21 % (contre 8 % l'an dernier).
Evolution des crédits sur 1997-2002
par grande
nature
de dépenses
(en millions d'euros)
Nature des dépenses |
Dotations 1997 |
Dotations 1998 |
Dotations 1999 |
Dotations 2000 |
Dotations 2001 |
Dotations 2002 |
Evolution 2001-2002 (%) |
Dépenses ordinaires (1) |
604,70 |
613,78 |
568,70 |
705,98 |
1 033,43 |
1 080,44 |
4,55 |
Dépenses en capital (2) |
12,57 |
68,91 |
55,59 |
35,31 |
32,34 |
25,46 |
- 21,26 |
Total (1) + (2) |
617,27 |
620,67 |
624,29 |
741,30 |
1 065,76 |
1 105,90 |
3,77 |
Autorisations de programme |
14,12 |
2,59 |
60,37 |
37,50 |
47,58 |
44,97 |
- 5,48 |
Source : projet de loi de finances pour 2002
A. LES DÉPENSES ORDINAIRES EN HAUSSE DE 4,55 %
Le budget des Services généraux du Premier ministre est essentiellement un budget de fonctionnement . En effet, les dépenses ordinaires (titres III et IV) représentent 98 % de ce budget, comme l'indique le tableau ci-après .
Crédits demandés pour 2001 par titre
(en euros)
Crédits demandés pour 2002 |
Montant |
Part
dans le total
|
. Titre III - Moyens des services |
562 393 369 |
50,85 |
. Titre IV - Interventions publiques |
518 047 967 |
46,84 |
. Titres III et IV (dépenses ordinaires) |
1 080 441 336 |
97,70 |
. Titre V - Investissements exécutés par l'Etat (dépenses en capital - crédits de paiement) |
25 459 000 |
2,30 |
TOTAL |
1 105 900 336 |
100 |
Source : projet de loi de finances pour 2002
1. Augmentation des dépenses relatives à l'administration générale et aux autorités administratives indépendantes
-
• L'évolution générale des dépenses
ordinaires (+ 4,6 %, soit 47 millions d'euros) s'explique essentiellement
par l'augmentation des crédits demandés pour
l'agrégat
31 (Administration générale)
, dont l'évolution a
été indiquée plus haut : + 14,57 % pour un
agrégat qui représente 27 % du budget, soit une augmentation de
38 millions d'euros.
Cette augmentation résulte essentiellement de l'inscription de plus de 64 millions d'euros au titre de l'indemnisation des « orphelins de la déportation » , ce qui correspond à une augmentation de plus de 30 millions d'euros.
En effet, le décret n° 2000-657 du 13 juillet 2000 institue une mesure de réparation pour les orphelins dont les parents ont été victimes de persécutions antisémites. Il prévoit que toute personne dont la mère ou le père a été déporté à partir de la France dans le cadre des persécutions antisémites durant l'Occupation et a trouvé la mort en déportation a droit à une mesure de réparation, si elle était mineure de vingt et un ans au moment où la déportation est intervenue. La mesure de réparation prend la forme, au choix du bénéficiaire, d'une indemnité au capital de 27.441 euros (180.000 francs) ou d'une rente viagère de 457 euros (3.000 francs) par mois. Dans un arrêt du 6 avril 2001, le Conseil d'Etat a estimé que ce décret était compatible avec le principe d'égalité.
Par ailleurs, le décret n° 99-778 du 10 septembre 1999 a institué, auprès du Premier ministre , une commission pour l'indemnisation des victimes de spoliations intervenues du fait des législations antisémites en vigueur pendant l'Occupation. Cette commission est chargée de rechercher et de proposer les mesures de réparation, de restitution ou d'indemnisation appropriées. Elle s'efforce de parvenir à une conciliation entre les personnes intéressées. En cas d'échec de la conciliation, elle peut émettre toutes recommandations qui lui paraîtraient utiles.
• L'augmentation des crédits destinés aux autorités administratives indépendantes (agrégat 32) , de 3,2 millions d'euros, correspond quant à elle essentiellement à l'augmentation des dépenses relatives à l'activité du médiateur de la République (de près de 2 millions d'euros, soit une augmentation de plus de 47 %). Ces crédits supplémentaires doivent financer, notamment :
- la poursuite du plan de recrutement des délégués du Médiateur, selon les modalités prévues par le Comité interministériel des villes du 14 décembre 1999 (729.000 euros) ;
- la création et l'installation, dans de nouveaux locaux, d'une équipe chargée d'assurer l'animation du réseau des délégués.
La Commission nationale de déontologie de la sécurité et le Défenseur des enfants, instaurés en 2001, voient également leurs crédits plus augmenter que les crédits totaux des autorités administratives indépendantes (respectivement + 10 % et + 5,6 %).
Les crédits 2000 et 2001 des autorités administratives indépendantes
(en millions d'euros)
Autorité administrative indépendante |
LFI 1997 |
LFI 1998 |
LFI 1999 |
LFI 2000 |
LFI
|
PLF
|
Evolution 2001-2002 (%) |
CSA |
31,825 |
31,008 |
31,517 |
31,481 |
32,728 |
33,885 |
3,53 |
Médiateur |
3,761 |
3,723 |
4,012 |
4,104 |
4,019 |
5,917 |
47,24 |
Contrôle des interceptions de sécurité |
0,295 |
0,342 |
0,346 |
0,348 |
0,357 |
0,363 |
1,55 |
Secret de la défense nationale |
- |
- |
0,032 |
0,176 |
0,178 |
0,181 |
1,24 |
Lutte contre le dopage |
- |
- |
- |
0,722 |
0,722 |
0,729 |
0,98 |
Défenseur des enfants |
- |
- |
- |
0,000 |
1,418 |
1,497 |
5,56 |
Commission nationale de déontologie de la sécurité |
- |
- |
- |
- |
0,412 |
0,453 |
10,01 |
Source : projets de loi de finances
2. Stagnation ou recul des dépenses relatives à la communication et à la fonction publique
Le
montant de
l'agrégat 21 (fonction publique)
est en
quasi-stagnation, avec une croissance de 0,01 % (contre + 8 % dans la loi de
finances initiale pour 2001). En effet, contrairement à ce qui a
été le cas l'année dernière, aucun article de cet
agrégat ne connaît d'augmentation importante (la loi de finances
initiale pour 2001 prévoyait, notamment, 7,5 millions d'euros
supplémentaires au titre des prestations interministérielles
d'action sociale).
L'agrégat 22 (politique de la communication)
connaît quant
à lui une diminution de 0,25 %. Cette régression provient d'une
diminution de 3,8 millions d'euros des crédits relatifs au remboursement
des exonérations de redevance audiovisuelle (destiné au compte
d'emploi de la taxe parafiscale affectée au financement des organismes
du service public de la radiodiffusion sonore et de la
télévision). Elle doit être relativisée, dans la
mesure où ces crédits ont doublé en 2001.
3. Les emplois
L'effectif budgétaire a
cru de 22,9 % en cinq ans
pour
atteindre plus de 1 700 personnes
.
Cet effectif comprend 376 contractuels en 2002, soit 21,4 % des effectifs.
Dans son rapport relatif à l'exécution des lois de finances pour
2 000, paru en juin 2001, la Cour des comptes indique que 4 emplois et les
crédits correspondants (150.000 euros), inscrits sur un chapitre du
budget de l'agriculture, ont été transférés, en
cours de gestion, vers le budget des services généraux du Premier
ministre. Selon la Cour, ce transfert s'inscrit dans le cadre d'un ensemble de
pratiques ayant contribué à fausser les chiffres des effectifs du
ministère de l'agriculture en l'an 2000
5(
*
)
.
Le projet de loi de finances pour 2002 prévoit de créer, dans
l'ensemble de la fonction publique, 3.996 emplois budgétaires nouveaux
pour accueillir les agents non titulaires lauréats des examens ou
concours ouverts au titre du plan de résorption de l'emploi
précaire. 26 de ces emplois concernent les Services
généraux du Premier ministre.
Tableau récapitulatif de l'évolution du nombre des emplois depuis 1997
|
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
Services centraux |
608 |
606 |
613 |
680 |
727 |
816 |
Autres, sauf AAI |
595 |
599 |
562 |
576 |
654 |
704 |
AAI |
227 |
227 |
227 |
231 |
237 |
237 |
dont CSA |
221 |
221 |
221 |
221 |
223 |
223 |
Total |
1430 |
1432 |
1402 |
1487 |
1618 |
1757 |
Source : projets de loi de finances.
B. LES DÉPENSES EN CAPITAL EN DIMINUTION DE 21,23 %
Les
crédits de paiement
demandés pour 2002 sont en diminution
de 21,23 % par rapport à ceux de 2000. Il convient cependant de
souligner que cette diminution est modeste, si on la compare à la forte
augmentation observée en 1999, correspondant à l'ouverture des
crédits relatifs aux actions interministérielles et aux
cités administratives. La diminution de moitié des crédits
demandés pour ce dernier poste (- 7,2 millions d'euros)
explique d'ailleurs la quasi-totalité de la baisse globale des
crédits demandés (- 6,9 millions d'euros).
Après une augmentation de 26,8 % en 2001, les
autorisations de
programme
(AP) diminueront en 2002 de 5,45 %. Cette diminution provient
exclusivement de celle du chapitre relatif aux cités administratives.
En l'an 2000, 225 milliers d'euros d'autorisations de programme ont
été ouvertes par le collectif de fin d'année, pour la
fondation de la mémoire de la Shoah, créée par un
décret de la fin de l'année 2000.
Montants des crédits de paiement et des autorisations de programme
depuis 1997
(en milliers d'euros)
|
LFI 1997 |
LFI 1998 |
LFI 1999 |
LFI 2000 |
LFI 2001 |
PLF 2002 |
Evolution 00/01 |
Chapitre 57-01 - Dépenses immobilières et d'équipement liées aux réimplantations d'administrations (CP) |
0 |
3964 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
Chapitre 57-01 - Dépenses immobilières et d'équipement liées aux réimplantations d'administrations (AP) |
4573 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
Chapitre 57-02 - SGG - Equipement et matériel (CP) |
1852 |
2927 |
2535 |
3450 |
4269 |
4269 |
0 |
Chapitre 57-02 - SGG - Equipement et matériel (AP) |
1616 |
2592 |
3049 |
4573 |
5183 |
5488 |
6 |
Chapitre 57-03 - Service central de la sécurité des systèmes d'information (CP) |
808 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
Chapitre 57-03 - Service central de la sécurité des systèmes d'information (AP) |
1067 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
Chapitre 57-04 - Fonds pour la réforme de l'Etat (CP) |
6098 |
0 |
762 |
0 |
0 |
0 |
0 |
Chapitre 57-04 - Fonds pour la réforme de l'Etat (AP) |
6098 |
0 |
1524 |
0 |
0 |
0 |
0 |
Chapitre 57-05 - Préservation et développement du patrimoine culturel des Français rapatriés d'outre-mer (CP) |
3811 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
Chapitre 57-05 - Préservation et développement du patrimoine culturel des Français rapatriés d'outre-mer (AP) |
762 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
Chapitre 57-06 - Equipement : actions interministérielles (CP) |
0 |
0 |
1252 |
9909 |
14788 |
15092 |
2 |
Chapitre 57-06 - Equipement : actions interministérielles (AP) |
0 |
0 |
31252 |
9909 |
14788 |
15092 |
2 |
Chapitre 57-07 - Cités administratives (CP) |
0 |
0 |
21038 |
21953 |
13263 |
6098 |
-54 |
Chapitre 57-07 - Cités administratives (AP) |
0 |
0 |
24544 |
23020 |
27593 |
24392 |
-12 |
Total CP |
12569 |
6891 |
55587 |
35312 |
32320 |
25459 |
21,23 |
Total AP |
14117 |
2592 |
0370 |
37502 |
47564 |
44972 |
- 5,45 |
Source : projets de loi de finances
DEUXIÈME PARTIE :
PRINCIPALES OBSERVATIONS SUR
L'EXÉCUTION
I. LA SOUS-EXÉCUTION DES CRÉDITS
Le budget des Services généraux du Premier ministre se caractérise par une forte sous-exécution de ses crédits. Il convient cependant de souligner qu'après un écart important entre les crédits initiaux et les dépenses réelles en 1998 et 1999 (de près de 17 %), la sous-exécution a été de seulement 5,24 % en l'an 2000.
Crédits initiaux et dépenses réelles sur 1996-2001
(en millions d'euros)
|
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
Crédits initiaux |
671,23 |
617,27 |
620,62 |
624,28 |
741,30 |
1065,76 |
Dépenses réelles |
590,59 |
543,02 |
516,19 |
520,61 |
702,49 |
- |
Ecart |
12,01 |
12,03 |
16,83 |
16,61 |
5,24 |
- |
Source : Cour des comptes.
Les annulations de crédits touchant les Services généraux
du Premier ministre semblent s'être raréfiées au cours des
deux dernières années. Elles se sont cependant
élevées à 5,89 millions d'euros en l'an 2000. La
principale annulation a concerné des dépenses d'équipement
et de matériel du secrétariat général du
gouvernement (2,73 millions d'euros, sur une dotation de 3,35 millions),
ce qui conduit à s'interroger sur la justification de la demande de
crédits initiale. Une autre annulation importante a été
celle concernant la contribution forfaitaire de l'Etat au financement des
exonérations de redevance de télévision (0,69 million
d'euros). En l'an 2001, 2,29 millions de francs d'aides à la presse ont
été annulés.
Cette sous-consommation concerne en particulier les fonds spéciaux,
depuis longtemps dénoncée par votre commission.
II. UNE AUGMENTATION QUELQUE PEU ANARCHIQUE DU NOMBRE D'ORGANISMES RATTACHÉS
A. LE MANQUE D'INFORMATIONS FIABLES QUANT AU NOMBRE EXACT D'ORGANISMES FINANCÉS PAR LE BUDGET DES SERVICES GÉNÉRAUX DU PREMIER MINISTRE
Votre
rapporteur spécial souhaite souligner le flou des informations
disponibles quant au nombre exact d'organismes financés par le budget
des services généraux du Premier ministre.
En effet, ces crédits (personnel, fonctionnement courant,
équipement et matériel) ne sont pas individualisés dans le
« bleu » des services généraux du Premier
ministre, qui ne présente qu'une liste d'une dizaine d'organismes,
considérés comme les plus importants.
La lecture des « jaunes » (complétés par les
« bleus » pour les autorités administratives
indépendantes) peut donner l'impression que ce chiffre connaît des
variations importantes d'une année sur l'autre, comme l'indique le
graphique ci-après.
Le nombre d'organismes financés par le budget des services généraux du Premier ministre, selon le gouvernement
Sources : « jaunes » et
« bleus » budgétaires
Cependant, la liste figurant dans le « jaune »
intitulé
Liste des commissions et instances consultatives ou
délibératives placées directement auprès du Premier
ministre ou des ministres
présente chaque année des
erreurs. Ainsi, certains organismes ont continué de figurer dans le
« jaune », alors qu'ils avaient été
supprimés : tel était par exemple le cas de la
« Commission de contrôle de l'organisation et du
déroulement de la consultation des populations de
Nouvelle-Calédonie prévue par l'article 76 de la
Constitution », qui a officiellement disparu en 1999, et figurait
encore dans les « jaunes » des lois de finances pour 2000
et 2001.
Une « toilettage » a cependant été
effectué cette année, conformément à ce que
demandait votre précédent rapporteur spécial, notre
collègue Roland du Luart.
6(
*
)
Ainsi, alors
que le « jaune » de l'année dernière
énumérait 63 organismes rattachés au Premier ministre
(autorités administratives indépendantes non comprises), la liste
figurant dans celui de cette année n'en comprend que 40. Pourtant, selon
les informations transmises par les services du Premier ministre à votre
Rapporteur, seulement deux organismes auraient été
supprimés en 2001.
B. LA CRÉATION D'UNE TRENTAINE D'ORGANISMES DEPUIS 1997
Ce
manque de transparence concerne également les organismes
récemment créés. Ainsi, les informations fournies à
ce sujet par les services du Premier ministre, en réponse à une
question de votre rapporteur spécial, sont très
incomplètes.
Il semble cependant possible d'avancer la liste suivante, établie
à partir des « jaunes ».
Au total, ce sont 29 organismes qui auraient été
créés depuis 1997.
Créations d'organismes dont les crédits sont inscrits au budget des services généraux du Premier ministre
|
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
||||||
Organismes hors AAI |
Conseil d'analyse économique (CAE) |
Commission pour les simplifications administratives (COSA) |
Mission interministérielle pour la célébration du centenaire de la loi du 1er juillet 1901 |
Commission nationale de déontologie de la sécurité |
Agence pour le développement des technologies de l'information et de la communication dans l'administration |
||||||
|
Mission d'étude sur la spoliation des biens appartenant aux juifs résidant en France |
Mission interministérielle de l'effet de serre |
Conseil de prévention et de lutte contre le dopage |
Observatoire de l'emploi public |
Commissaire générale à l'exposition internationale de 2004 |
||||||
|
|
Mission interministérielle de soutien technique pour le développement des TIC dans l'administration |
Commission pour l'indemnisation des victimes de spoliations intervenues du fait des législations antisémites en vigueur pendant l'Occupation |
Conseil de l'emploi, des revenus et de la cohésion sociale |
Commission interministérielle pour la sécurité des systèmes d'information |
||||||
|
|
Mission interministérielle de lutte contre les sectes |
Groupe central des grandes opérations d'urbanisme |
Mission interministé-rielle pour l'accès public à la micro-informatique, à l'internet et au multimédia |
Conseil supérieur de l'adoption |
||||||
|
|
Mission interministé-rielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie |
Comité interministériel de lutte contre les exclusions |
Conseil d'orientation des retraites |
|
||||||
|
|
Commission de contrôle de l'organisation et du déroulement de la consultation des populations de Nouvelle-Calédonie |
|
Conseil stratégique des technologies de l'information |
|
||||||
|
|
Comité interministériel de la coopération internationale et du développement |
|
|
|
||||||
|
|
Commission interministérielle pour le logement des populations immigrées |
|
|
|
||||||
Autorités administratives indépendantes |
|
Commission consultative du secret de la défense nationale |
Conseil de prévention et de lutte contre le dopage |
Commission de déontologie de la sécurité |
|
||||||
|
|
|
|
Défenseur des enfants |
|
||||||
Total |
2 |
9 |
6 |
8 |
4 |
Votre
rapporteur spécial estime que cet accroissement du nombre d'organismes
rattachés au Premier ministre ne va pas sans poser certains
problèmes.
Tout d'abord, on peut s'interroger sur l'efficacité de certains de ces
services. En effet, la transparence des services généraux du
Premier ministre est, on l'a vu, toute relative. Chaque année, votre
précédent rapporteur spécial, notre collègue Roland
du Luart, exhortait le gouvernement à rationaliser la nébuleuse
d'organismes rattachés au Premier ministre. Cette remarque semble
toujours d'actualité.
Ensuite, on peut se demander si le rattachement de tous ces organismes au
Premier ministre était approprié.
Enfin, cette augmentation met le Premier ministre à la tête d'une
administration multiforme et change la nature de sa fonction : le Premier
ministre, ministre sans portefeuille en principe, devient moins l'animateur
politique, l'instance d'arbitrage du gouvernement que le chef d'une nouvelle
administration à vocation interministérielle.
III. COMPTE-RENDU DU CONTRÔLE EFFECTUÉ À LA MILDT
En
application des dispositions de l'article 164-IV de l'ordonnance
n° 58-1374 du 30 décembre 1958, votre précédent
rapporteur spécial, notre collègue Roland du Luart, a
décidé d'effectuer une mission d'information et de contrôle
budgétaire portant sur la Mission interministérielle de lutte
contre la drogue et la toxicomanie (MILDT).
Cette mission de contrôle des crédits budgétaires de la
MILDT fait suite à la publication, en juillet 1998, d'un rapport
particulier de la Cour des comptes dénonçant un certain nombre de
dysfonctionnements dans la mise en oeuvre de la politique de lutte contre la
drogue et la toxicomanie en France.
A. FONCTIONNEMENT DE LA MILDT
Le
fonctionnement de la MILDT est aujourd'hui régi par le décret
n° 99-808 du 15 septembre 1999 relatif au comité
interministériel de lutte contre la drogue et la toxicomanie et de
prévention des dépendances et à la mission
interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie.
La MILDT est chargée de coordonner l'action du gouvernement dans le
domaine de la prévention, la prise en charge sanitaire et sociale, la
répression, la formation, la communication, la recherche et les
échanges internationaux. Sa compétence a récemment
été étendue à l'abus d'alcool, de tabac et de
médicaments psychotropes, c'est-à-dire de drogues dites licites.
Son champ d'action couvre donc désormais l'ensemble des pratiques
addictives.
B. PRINCIPALES CONCLUSIONS DU RAPPORT D'INFORMATION
1. Les principales observations
Notre
collègue Roland du Luart a déploré dans son rapport
d'information un certain nombre de dysfonctionnements :
- fonctionnement insatisfaisant du fonds de concours finançant la
MILDT ;
- mauvaises relations entre la présidente et son
délégué ;
- insuffisance du contrôle et de d'évaluation des actions
déconcentrées au niveau départemental et des actions mises
en oeuvre par les organismes subventionnés ;
- utilisation de plus de 50 % des crédits interministériels
délégués par la MILDT aux différents
ministères, en principe pour financer des actions innovantes, pour
financer des mesures récurrentes de « fonctionnement courant »
des ministères.
2. Les principales propositions
Ces observations ont conduit notre collègue, M. du Luart, à émettre plusieurs propositions.
a) S'agissant du fonds de concours finançant la MILDT
- Mieux
informer les responsables des greffes et des services des domaines sur
l'existence du fonds de concours ;
- Mettre au point une procédure administrative et comptable
d'identification des biens et sommes concernés par le fonds de concours ;
- Mettre fin au conflit juridique entre saisies pénales et saisies
douanières en matière de lutte contre les stupéfiants.
b) S'agissant des dépenses de fonctionnement
-
Clarifier la position du délégué de la MILDT ;
- Poursuivre le mouvement de transferts d'emplois budgétaires à
la MILDT ;
- Régler la question des locaux de la MILDT.
c) S'agissant des crédits interministériels
-
Achever de mettre fin au financement d'actions récurrentes ou de
dépenses de fonctionnement ;
- Établir un modèle uniformisé de fiche de prise en
considération des projets à financer ;
- Établir un modèle uniformisé de compte-rendu
d'utilisation des crédits, indiquant notamment les délais de
consommation de ceux-ci.
d) S'agissant des crédits délégués par la MILDT au plan local
-
Améliorer la connaissance de la MILDT sur les autres financements des
conventions départementales d'objectifs ;
- Permettre aux chefs de projets départementaux de gérer les
crédits destinés aux centres d'information et de ressources.
TROISIÈME PARTIE :
RÉFORMER LES FONDS
SPÉCIAUX
Les
fonds spéciaux, souvent appelés « fonds
secrets », nourrissent mythes et fantasmes. Pourtant, ils ne
représentent que 0,02 % du budget de l'Etat. Le décalage entre
leur perception par l'opinion et leur importance réelle a parfois
été critiqué. Ainsi, dans son
Dictionnaire des
idées reçues
, Gustave Flaubert les définit, avec
humour, de la manière suivante :
«
FONDS SECRETS. - Sommes incalculables avec lesquelles les
ministres achètent les consciences. - S'indigner
contre
».
Les fonds spéciaux sont pourtant indispensables à la
sécurité intérieure et extérieure de l'Etat, et
donc à la défense de la démocratie. Ainsi, que l'une des
plus grandes affaires de corruption depuis l'établissement de la
République, le scandale de Panama, découlait en partie de
l'insuffisance des fonds secrets : le ministre des finances, Rouvier,
avait en effet utilisé les subventions des financiers pour
compléter des fonds spéciaux insuffisants, afin de
défendre la République contre le péril boulangiste.
Il ne saurait donc être question de « supprimer les fonds
spéciaux », comme on l'entend parfois. Cependant, une
réforme semble nécessaire, afin de les rendre plus
transparents.
I. LE RÉGIME JURIDIQUE DES FONDS SPÉCIAUX
A. UN RÉGIME JURIDIQUE DATANT DU DÉBUT DE LA IVÈME RÉPUBLIQUE
Le régime juridique des fonds spéciaux obéit à une pratique ancienne formalisée au début de la IVème République et qui n'a pas été modifiée depuis. Les textes applicables sont la loi n° 46-854 du 27 avril 1946 portant ouvertures et annulations de crédits sur l'exercice 1946, et le décret n° 47-2234 du 19 novembre 1947.
1. Le cadre général : l'article 42 de la loi du 27 avril 1946
a) Un article autorisant l'existence de fonds spéciaux
Cet
article limite l'ouverture des crédits de fonds spéciaux au seul
budget du Premier ministre, ce dernier étant chargé de mettre
à la disposition des ministres les dotations nécessaires au
fonctionnement de leur département. Il rend les ministres responsables
devant le Premier ministre de l'emploi des sommes mises à leur
disposition, le chef du Gouvernement étant responsable devant
l'Assemblée.
« Art.42. - Il ne peut être ouvert de crédits de fonds
spéciaux qu'au budget de la présidence du Gouvernement. Le
Président du Gouvernement est responsable devant l'Assemblée de
l'emploi de ces fonds. Les ministres intéressés sont responsables
devant le Président du Gouvernement des sommes mises par ce dernier
à leur disposition.
Les crédits applicables aux dépenses imputées aux fonds
spéciaux ne peuvent être ordonnancées à l'avance que
pour une période de trois mois maximum. Des décrets pris en
conseil des ministres dans le délai d'un mois procéderont au
transfert à la présidence du Gouvernement des fonds
spéciaux actuellement inscrits dans les différents budgets tant
civils que militaires.
(...) »
b) Un article imposant des obligations de transparence, qui ne sont pas respectées
Il convient de souligner que cet article impose certaines obligations de transparence, qui ne sont pas respectées.
-
• Tout d'abord, son avant-dernier alinéa prévoit
l'établissement, au départ des ministres
intéressés, d'un décret de quitus mentionnant, pour chaque
ministre attributaire, les sommes reçues, les sommes
dépensées et le reliquat.
« La gestion des fonds spéciaux est sanctionnée au départ de chacun des ministres concernés, par un décret de quitus mentionnant explicitement :
1° Les provisions reçues ;
2° Les sommes dépensées au cours de la gestion ;
3° Les reliquats disponibles ».
(...) ».
En pratique, le Premier ministre « donne quitus » annuellement et à la fin de son mandat à ces personnes, et les pièces justificatives sont alors détruites.
Il semblerait que le formalisme soit limité au minimum, en vertu de la « tradition républicaine ». Selon la note récemment remise par M. François Logerot, premier président de la Cour des comptes, au Premier ministre 7( * ) , « Aucune règle particulière n'est établie quant à la forme et au contenu de la comptabilité tenue par les personnes habilitées à disposer des fonds. (...) Aucun compte rendu n'est fourni au Premier ministre par les ministres attributaires de fond, et il ne leur en est d'ailleurs pas demandé ».
Surtout, « les décrets donnant quitus aux membres du Gouvernement (...) « au départ de chacun des ministres », (...) qui devaient mentionner explicitement les provisions reçues, les sommes dépensées et les reliquats disponibles, n'ont jamais été établis depuis l'origine ».
• Ensuite, les fonds secrets n'ont pas vocation à échapper à la règle de l'annualité, comme l'indique le dernier alinéa de l'article 42 de la loi du 27 avril 1946 :
Comme dans le cas de l'alinéa précédent, les décrets donnant quitus aux membres du Gouvernement n'ont, selon la note de M. Logerot, « jamais été établis depuis l'origine ». Selon M. Logerot, il y a « absence d'un reversement des reliquats aux produits divers du budget, d'un rétablissement des crédits de même montant et d'une annulation en fin d'année des crédits demeurés sans emploi, contrairement à ce que prévoyait la loi de 1946 ».
Cette situation « a pour conséquence que l'apparence d'un emploi intégral des dotations du chapitre 37-91, tel que le reflète la loi de règlement, ne correspond pas au taux réel d'utilisation des fonds spéciaux, qui peut être bien inférieur ».
M. Logerot observe également que cela permet « la constitution de reliquats cumulés en cours d'année, reportés à l'année suivante jusqu'à la fin du mandat ministériel et éventuellement conservés après cette échéance ».
En pratique, sur la période étudiée par M. Logerot (1991-2000), il n'y a eu que quelques annulations de crédits. Celles-ci ont été peu significatives, sauf en 1999 (- 0,7 million d'euros) et en 2000 (- 0,29 million d'euros,). En outre, elles ont été prononcées par le collectif de fin d'année, et non par la loi de règlement.
2. Le cas particulier des fonds relevant de la sécurité extérieure : le décret du 19 novembre 1947
Le
décret du 19 novembre 1947 a instauré un dispositif particulier
pour les fonds spéciaux relevant de la sécurité
extérieure.
Il prévoit l'instauration d'une commission spéciale de
vérification qui, présidée par un président de
chambre à la Cour des comptes, vérifie l'utilisation des fonds,
remet au Premier ministre un rapport sur les conditions d'emploi des
crédits, et établit un procès-verbal permettant de
constater que les dépenses sont couvertes par des pièces
justificatives pour un montant égal.
B. UN RÉGIME PARTIELLEMENT DÉROGATOIRE AUX PRINCIPES CLASSIQUES DU DROIT BUDGÉTAIRE
1. L'utilisation des fonds spéciaux par le pouvoir exécutif
Les crédits sont consommés sous l'autorité exclusive du Premier ministre.
-
• Ils dérogent à certaines règles budgétaires.
Tout d'abord, il n'y a pas de séparation de l'ordonnateur et du comptable. Comme le souligne M. Logerot dans sa note au Premier ministre, « les délégataires du Premier ministre [c'est-à-dire « le directeur et le chef du cabinet, le secrétaire général du Gouvernement et deux de ses collaborateurs » ] (ou des ministres pour la part qui leur est allouée) cumulent en fait les fonctions d'ordonnateur et de comptable comme le permet une gestion purement privée ».
De même, M. Logerot estime que « donnant lieu à des ordonnancements fractionnés, mais globaux, à destination de comptes de dépôts, les crédits dérogent à la règle de la spécialité budgétaire ».
En revanche, le non-respect de la règle d'annualité, traduit par la constitution de « réserves » de crédits non utilisés, n'est on l'a vu pas autorisé par la loi de 1946.
• En pratique, les crédits du chapitre 37-91 font l'objet d'ordonnancements, en principe mensuels, du secrétariat général du Gouvernement, visés par le contrôleur financier. Cependant, dans le cas des dépenses de la DGSE, le nombre d'ordonnances serait en général supérieur, et variable selon les années (17 en 1999 par exemple), du fait des ouvertures de crédits supplémentaires ou des « avances » consenties à partir des autres lignes (comme en l'an 2001).
Selon le communiqué du Premier ministre du 18 juillet 2001, l'essentiel de ces opérations serait effectué par virement bancaire ou par chèque à partir de comptes à la paierie générale du Trésor et à la Banque de France. Ainsi, seules les rémunérations complémentaires du cabinet du Premier ministre et des ministères (respectivement 3,7 et 7,9 millions d'euros) seraient versées en espèces (soit 20 % des fonds spéciaux).
2. L'absence de contrôle juridictionnel
De
même, les dépenses engagées sur les fonds spéciaux
échappent au contrôle juridictionnel de la Cour des comptes.
En prévoyant qu'«
un décret de quitus sera établi
chaque année au 31 décembre pour chacun des ministres
attributaires
», la loi de 1946 crée une procédure
particulière d'apurement des dépenses dans laquelle la
juridiction financière n'intervient pas.
Comme le soulignait l'année dernière notre collègue
député M. Georges Tron
8(
*
)
,
s'agissant des fonds destinés à la sécurité
extérieure, la commission prévue par le décret de 1947 et
présidée par un magistrat de la Cour des comptes n'a pas de
compétence juridictionnelle, puisqu'elle ne délivre pas de quitus
mais rend compte de l'utilisation des fonds, d'une part, au Premier ministre
par la transmission d'un rapport, d'autre part, à la Cour par la remise
d'un procès-verbal. Ce dernier est destiné à permettre
à la juridiction financière de « constater », et non de
certifier, que le montant des dépenses porté dans le compte
général de l'administration des finances correspond au montant
établi par la commission.
Comme le souligne M. Logerot dans sa note au Premier ministre,
«
on notera le paradoxe d'une situation où les fonds
publics consacrés à des opérations légitimement
couvertes par le secret défense sont l'objet d'un contrôle
externe, alors que ceux qui sont, pour une grande partie au moins,
dévolus au fonctionnement courant de l'appareil gouvernemental,
échappent à toute vérification a
posteriori
».
Il convient en outre de souligner que, selon le communiqué du Premier
ministre du 18 juillet 2001, il arrive que les services secrets autres que la
DGSE reçoivent des versements en provenance des fonds spéciaux.
Comme l'indique M. Logerot, «
ces dotations ne sont pas soumises
aux vérifications de la commission instituée par le décret
du 19 novembre 1947 puisque sa compétence est limitée aux
crédits inscrits à l'article 20 § 10
(DGSE)
».
3. Quels pouvoirs pour le rapporteur spécial, le rapporteur général et le président de la commission des finances des deux assemblées ?
Le droit
en vigueur sous la Vème République résulte du 6ème
alinéa de l'article 164-IV de l'ordonnance n° 58-1374 du 30
décembre 1958 portant loi de finances pour 1959. Une
interprétation restrictive de ces textes laissait penser que seuls les
rapporteurs spéciaux pouvaient exercer un contrôle sur
pièces et sur place, portant sur les seules réponses relevant du
département ministériel qu'ils avaient la charge de rapporter.
Ainsi, depuis la première loi de finances rectificative pour 2000, la
législation reconnaît que les présidents et rapporteurs
généraux des commissions des finances ont un pouvoir
général de contrôle des recettes et dépenses
publiques.
La loi précise cependant que ces pouvoirs s'entendent
«
réserve faite (...) des sujets de caractère secret
concernant la défense nationale, les affaires étrangères,
la sécurité intérieure ou extérieure de l'Etat
».
Ce droit est confirmé, avec la même limitation, par l'article 57
de la loi organique du 1
er
août 2001, relative aux lois de
finances. Cet article, applicable à compter du 1
er
janvier
2002, prévoit en effet que «
Tous les renseignements et
documents d'ordre financier et administratif qu'ils
[le rapporteur
spécial, le rapporteur général et le président de
la commission des finances]
demandent, y compris tout rapport établi
par les organismes et services chargés du contrôle de
l'administration, réserve faite des sujets à caractère
secret concernant la défense nationale et la sécurité
intérieure ou extérieure de l'Etat (...) doivent leur être
fournis
».
- • En pratique, le gouvernement refuse de transmettre des informations détaillées au Parlement.
La réponse donnée cette année à votre rapporteur spécial n'est pas plus détaillée.
Les tentatives récentes de contrôle sur pièces et sur place semblent en outre impossibles en pratique.
II. L'UTILISATION DES FONDS SPÉCIAUX
A. DES FONDS SPÉCIAUX LARGEMENT SOUS-ÉVALUÉS
Les
crédits demandés au titre des fonds spéciaux (chapitre
37-91) pour 2002 sont globalement identiques au niveau voté pour 2001,
soit 60.030.974 euros.
Une fois de plus, votre commission estime que les montants que le
gouvernement demande au Parlement de voter ne sont pas sincères, car
trop écartés des réalisations observées les
dernières années.
En effet, le chapitre 37-91 « fonds spéciaux » est
un chapitre limitatif, qui peut être abondé par décret pour
dépenses accidentelles et, en cas d'urgence, par décret d'avance,
conformément à l'article 11 de l'ordonnance organique du 2
janvier 1959.
Ainsi, traditionnellement, en cours d'année, les fonds secrets sont
abondés par des décrets non publiés au Journal officiel et
qui portent sur des sommes non négligeables : entre 15 et 30 % du
montant initial. Ces abondements servent notamment à financer des
opérations particulières de la DGSE
9(
*
)
. Selon la note remise par M. François Logerot
au Premier ministre, la DGSE bénéficie prioritairement des
crédits supplémentaires ouverts en cours d'année. Ainsi,
dans la période récente, la totalité de ces
compléments lui aurait été affectée en 1994, 1995,
1999 et 2000. Elle en aurait reçu 80 % à 90 % de 1996
à 1998, années où des compléments auraient
été affectés aussi aux deux autres lignes.
Selon M. Logerot, les crédits initiaux, qui étaient de 64
à 70 millions d'euros dans les années 1991 à 1995, sont
revenus à 60 millions d'euros depuis 1997. A ces crédits se
sont ajouté des crédits supplémentaires, qui ont
varié de 18,3 millions d'euros en 1992 à 9,1 millions d'euros en
1998, le point moyen se situant à 12,2 millions d'euros environ.
Ainsi, les crédits ouverts totaux ont atteint un maximum en 1992 (86,7
millions d'euros) et un minimum en 1998 (69,3 millions d'euros), ce qui
correspond à une diminution de 20 % en valeur.
Comparaison des fonds secrets votés et dépensés depuis 1997
(en millions d'euros)
|
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
Prévision |
60,18 |
60,18 |
60,03 |
60,03 |
60,03 |
60,03 |
dont fonds spéciaux du Gouvernement (art. 10) |
7,32 |
7,32 |
7,32 |
7,32 |
7,32 |
5,80 |
dont fonds spéciaux à desti-nation particulière (art. 20) |
52,86 |
52,86 |
52,71 |
52,71 |
52,71 |
54,23 |
Exécution |
77,64 |
69,29 |
72,08 |
71,21 |
61,74 (1) |
ND |
Ecart |
|
|
|
|
|
|
en millions € |
17,46 |
9,11 |
12,05 |
11,17 |
1,71 (1) |
ND |
en % |
29,01 |
15,14 |
20,07 |
18,61 |
2,8 (1) |
ND |
(1)
Prévision, déduction faite de 0,5 million d'euros de
crédits gelés
Source : Premier ministre
La situation est d'autant plus paradoxale que, dans le même temps, le
gouvernement n'utilise pas la totalité des crédits dont il
dispose. Ainsi, pour la première fois, le Premier ministre a
indiqué le 18 juillet 2001 dans un communiqué que le solde des
comptes des fonds spéciaux attribués depuis 1997 au gouvernement
était alors d'environ 15,5 millions d'euros. Le Premier ministre a
également annoncé que le solde qui serait constaté
à la fin de la législature serait reversé au budget de
l'Etat, comme l'impose l'article 42 de la loi du 27 avril 1946, jamais
respecté jusqu'alors sur ce point.
B. LA RÉPARTITION DES FONDS SPÉCIAUX
Les
crédits de fonds spéciaux sont répartis entre l'article 10
du chapitre 37-91 - Fonds spéciaux du Gouvernement - et l'article 20 -
Fonds spéciaux à destination particulière -,
lui-même subdivisé entre deux paragraphes - dépenses de la
Direction générale de la sécurité extérieure
(DGSE) - et dépenses diverses. L'affectation des crédits de
l'article 20 est laissée à l'appréciation du Premier
ministre.
L'examen de la répartition opérée au cours des cinq
dernières années montre qu'environ la moitié du total des
fonds spéciaux est destinée à la DGSE qui
bénéficie, par ailleurs, des crédits « classiques
» inscrits au budget de la Défense. La moitié des fonds est
donc utilisée pour financer les dépenses nécessaires
à la sécurité extérieure du pays.
- • Selon un communiqué du Premier ministre datant du 18 juillet 2001, en l'an 2001 la répartition des crédits a été la suivante :
La
répartition des fonds spéciaux en 2001
(hors abondements en
cours d'année)
(en millions d'euros)
Dépense |
Montant |
Gouvernement |
18,9 |
Fonctionnement de l'Hôtel de Matignon, manifestations et frais de représentation |
5,5 |
Actions humanitaires ou en faveur des droits de l'homme |
1,8 |
Rémunérations complémentaires des membres du cabinet et de l'ensemble des personnels des services du premier ministre travaillant en relation avec le cabinet (soit plus de 600 personnes) et dépenses liées à la sécurité du premier ministre |
3,7 |
Ensemble des ministères pour les rémunérations complémentaires et pour les frais de fonctionnement exceptionnels (soit en moyenne 131 000 francs mensuels pour chacun des 33 ministères et secrétaires d'Etat) |
7,9 |
DGSE (article 20.10) |
35,7 (1) |
Autres |
4,0 |
Elysée |
3,7 |
Ministère des Affaires Etrangères |
0,3 |
Total |
58,6 |
LFI 2001 |
60,0 |
Solde |
1,4 |
(1) Selon la note remise par M. François Logerot au Premier ministre, un supplément à la dotation affectée à la DGSE (5,7 millions d'euros) a été prélevé sur les deux autres lignes budgétaires.
Source : communiqué du Premier ministre (18 juillet 2001)
Ces
données permettent de clarifier le débat sur la part des fonds
spéciaux dont disposent respectivement la Présidence de la
République et le Premier ministre. Le Président de la
République a indiqué le 14 juillet 2001 que
«
Matignon a 95 % des fonds et l'Elysée moins de 5 %
». Si l'on considère que tous les fonds non affectés
à la Présidence de la République le sont au Gouvernement,
cet ordre de grandeur est juste (les chiffres exacts étant de
respectivement 93,8 % et 6,2 %). Il convient cependant de prendre en compte le
fait que l'essentiel de ces dépenses sont fortement contraintes. Ainsi,
le Premier ministre a estimé, dans un communiqué du 18 juillet
2001, que le ministre ne dispose réellement que de 20,3 millions
d'euros, soit 33,8 % des fonds spéciaux. Si l'on prend en compte les
dépenses non réalisées, ce chiffre peut être
ramené à seulement 18,9 millions d'euros.
Il convient de souligner la souplesse de cette répartition des
crédits. En effet, la loi de finances n'affectant les crédits
qu'au niveau du chapitre, et les crédits de fonds spéciaux
étant à la libre disposition du Premier ministre, leur
fongibilité entre les différentes lignes est possible. Ainsi,
selon la note remise par M. François Logerot au Premier ministre, un
supplément à la dotation affectée à la DGSE (5,7
millions d'euros) a été prélevé en 2001 sur les
deux autres lignes budgétaires. Le communiqué du Premier ministre
précise en outre que, selon les besoins, d'autres services de
renseignement et de sécurité peuvent bénéficier de
dotations en fonds spéciaux, notamment le Groupement
interministériel de contrôle (chargé des écoutes
téléphoniques).
III. QUELLES RÉFORMES ?
Dans son
rapport au Premier ministre, M. Logerot avance trois motifs incitant à
restreindre le périmètre des fonds spéciaux.
Tout d'abord, «
les polémiques récentes ont
montré que l'exigence de transparence à l'égard de
l'utilisation des moyens financiers mis à la disposition des pouvoirs
publics se faisait de plus en plus pressante
», en particulier en
ce qui concerne «
les rémunérations payées
sur deniers publics
».
Ensuite, «
à la nécessité d'une meilleure
transparence s'ajoute l'intérêt qui s'attache à combattre
la suspicion persistante quant à l'utilisation possible des fonds
spéciaux pour financer directement ou indirectement des activités
de nature politique
», ce qui «
dans le
passé
» fut «
une destination souvent
avouée, maintes fois prouvée mais tacitement
acceptée
».
Enfin, M. Logerot mentionne «
l'effort de modernisation de la
gestion publique
». En effet, le champ actuel des fonds secrets
ne permet pas d'évaluer les coûts de l'appareil gouvernemental, ce
qui est contraire à l'esprit de la nouvelle loi organique relative aux
lois de finances.
A. PLUSIEURS TEXTES JURIDIQUES TENDENT À ASSURER AUX FONDS SPÉCIAUX UNE CERTAINE TRANSPARENCE
1. La loi prévoit d'ores et déjà des règles de transparence, qui ne sont pas appliquées
On a vu que le manque de transparence relatif aux fonds spéciaux provient en grande partie du fait que la loi n'est pas respectée.
-
• Tout d'abord, la loi du la loi du 27 avril 1946 instaure, dans son
article 42, certaines obligations.
Elle prévoit un certain contrôle du Premier ministre sur l'utilisation des fonds attribués aux ministres (par l'intermédiaire de décrets de quitus, au départ des ministres intéressés et le 31 décembre de chaque année).
Elle impose par ailleurs explicitement le respect du principe d'annualité, les sommes non dépensées au 31 décembre devant être rétablies au budget de la « présidence du Gouvernement » aux fins d'annulation.
• Ensuite, le Parlement dispose, on l'a vu également, de pouvoirs non négligeables.
Il existe une exception dans le cas des crédits relatifs à la sécurité extérieure.
2. La loi organique relative aux lois de finances doit rendre les abondements en cours d'année plus transparents
Les
abondements en cours d'année seront rendus plus transparents, du fait de
deux dispositions de la nouvelle loi organique du 1
er
août
2001 relative aux lois de finances. Ces dispositions doivent entrer en vigueur
le 1
er
janvier 2005.
Tout d'abord, l'article 7 de la nouvelle loi organique distingue les
dépenses prévisibles et les dépenses imprévisibles,
ces dernières devant faire l'objet d'une dotation spécifique, et
les premières ne pouvant être abondées qu'en cas de
dépenses accidentelles, désormais définies comme celles
correspondant aux calamités. Ainsi, les dépenses
prévisibles, comme les rémunérations de cabinet, ne
pourront plus faire l'objet d'abondements en cours d'exercice (alors que
certaines dépenses, concernant en particulier les opérations des
services secrets, pourront continuer, à juste titre, d'être
financées par des abondements).
Ensuite, l'article 56 de la nouvelle loi organique limite la non-publication
aux rapports qui exposent les motivations de ces modifications de
crédits, les décrets eux-mêmes devant être
publiés : «
Les décrets et arrêtés
prévus par la présente loi organique sont publiés au
Journal officiel. Il en est de même des rapports qui en présentent
les motivations, sauf en ce qui concerne les sujets à caractère
secret touchant à la défense nationale, à la
sécurité intérieure ou extérieure de l'Etat ou aux
affaires étrangères
».
B. QUELQUES PISTES DE RÉFORME
Deux
propositions de loi, enregistrées à la Présidence de
l'Assemblée nationale le 16 juillet 2001 et présentées,
respectivement, par notre collègue député M. Philippe de
Villiers, et par nos collègues députés MM. Jean-Louis
Debré, Philippe Douste-Blazy et Jean-François Mattei, proposent
une réforme des fonds spéciaux.
Par ailleurs, le Premier président de la Cour des comptes,
M. François Logerot, a remis au Premier ministre, au mois d'octobre
de l'année 2001, une note relative au régime des fonds
spéciaux
10(
*
)
.
Enfin, l'Assemblée nationale a adopté, en première
lecture, plusieurs amendements du gouvernement à la loi de finances pour
2002.
Le projet gouvernemental de réforme des fonds spéciaux
n'étant connu que depuis peu, votre commission des finances, lors de sa
réunion du 22 novembre 2001, a donné mandat à votre
rapporteur spécial pour approfondir la question de la réforme des
fonds spéciaux. Les développements qui suivent se contentent donc
d'indiquer quelques pistes, ce travail devant être ultérieurement
approfondi, avant la discussion du sujet en séance publique,
prévue pour le vendredi 30 novembre 2001.
Il semble exister un certain consensus sur les grandes lignes que devrait
suivre une éventuelle réforme des fonds spéciaux :
réduire le périmètre des fonds spéciaux et
améliorer leur contrôle.
1. Restreindre le périmètre des fonds spéciaux
Tout
d'abord, il semble nécessaire de réduire le
périmètre des fonds spéciaux.
En effet, comme le souligne M. Logerot dans son rapport au Premier ministre,
environ 19,8 millions d'euros, soit près du tiers de la dotation
globale, «
sont affectés à des dépenses de
rémunération ou de fonctionnement qui ne se rattachent pas - au
moins a priori - à des impératifs de sécurité
extérieure ou intérieure de l'Etat, ni même à des
interventions particulières assimilables à des « actes de
Gouvernement » et pouvant de ce fait relever de procédures
particulières et échappant à tout
contrôle
». De même, on peut s'interroger, par
exemple, sur la nature des opérations que recouvre la
dénomination d'« actions humanitaires ou en faveur des droits
de l'homme ». Selon M. Logerot, «
Cette affectation peu
explicite recouvre sans doute, pour partie, des subventions à des
organismes divers qui - sauf nécessités particulières de
confidentialité - pourraient être réimputées sur
crédits budgétaires ordinaires du titre IV
».
a) Les propositions de M. Logerot en matière de délimitation du périmètre des fonds spéciaux
-
• Dans sa note remise au Premier ministre, M. François Logerot
estime que le régime des fonds spéciaux devrait concerner
«
le financement d'actions liées à la
sécurité intérieure et extérieure de la Nation ou
à d'autres interventions exceptionnelles que le Premier ministre
estimerait nécessaires à la sauvegarde des intérêts
supérieurs du pays
».
• On peut s'interroger sur la manière de réaliser en pratique cette réduction de périmètre. M. Logerot avance à cet égard quelques propositions intéressantes qui devraient être suivies, dans leurs grandes lignes, par le gouvernement.
La seconde mesure complémentaire envisagée par M. Logerot serait d'harmoniser les « rémunérations accessoires « officielles » » des membres des cabinets ministériels, la plupart du temps affectés par le ministre parmi les fonctionnaires relevant de son autorité ou mis à sa disposition par des administrations ou des corps extérieurs au ministère 12( * ) : « ou bien la totalité des indemnités serait prise en charge sur les crédits mis à la disposition des ministres, ou bien une règle claire serait fixée par le Premier ministre - par exemple le maintien au niveau moyen applicable aux fonctionnaires du grade et de l'échelon considéré ». M. Logerot envisage également de rendre plus transparente la rémunération des ministres et secrétaires d'Etat 13( * ) (par exemple, par une réévaluation de la rémunération globale, assortie de la suppression de l'avantage fiscal qui porte actuellement sur l'indemnité représentative de frais 14( * ) ).
M. Logerot estime que le financement sur les fonds secrets des moyens de fonctionnement courants devrait également être progressivement abandonné. Les sommes correspondantes seraient inscrites à un chapitre ou à un article budgétaire sous forme d'une dotation globale, qui pourrait d'ailleurs être abondée par des crédits en provenance du même budget et actuellement affectés de fait au fonctionnement du cabinet sans pour autant être identifiés.
Afin de préserver la souplesse et la rapidité d'emploi du dispositif actuel, il serait envisageable d'instaurer auprès de chaque cabinet une régie d'avances 15( * ) , permettant au régisseur (en l'occurrence, un fonctionnaire agissant sous l'autorité du chef de cabinet) d'effectuer le paiement par virement, chèque, carte de paiement ou même numéraire de certaines catégories de dépenses courantes (matériel et fonctionnement, frais de mission ou de stage, rémunérations de personnels payés sur une base horaire ou à la vacation), dans la limite de l'avance qui lui est accordée par le comptable public et égale au maximum à 1/6 ème du montant prévisible des dépenses annuelles. L'avance est reconstituée après production des pièces justificatives des dépenses exposées. La secrétaire d'Etat au budget a indiqué au président de votre commission des finances et à votre rapporteur spécial que le gouvernement envisageait de suivre les recommandations du rapport Logerot sur le recours systématisé à des régies d'avances.
b) Les propositions du gouvernement en matière de délimitation du périmètre des fonds spéciaux
L'article 77 (nouveau) du projet de loi de finances pour 2002,
résultant d'un amendement du gouvernement adopté par
l'Assemblée nationale en première lecture, prévoit que
«
les dépenses faites sur les crédits inscrits au
chapitre 37-91 du budget des services généraux du Premier
ministre sont examinées chaque année par une commission de
vérification, chargée de s'assurer que les crédits sont
utilisés conformément à la destination qui leur a
été assignée par la loi de finances
».
Ainsi, il ne définit pas directement le domaine des fonds
spéciaux, mais renvoie seulement à celui défini par la loi
de finances.
Par un amendement du gouvernement, la dotation du chapitre 37-91
« fonds spéciaux » a été
réduite de 22.557.302 euros, montant présenté comme
correspondant aux crédits qui ne sont pas liés à des
actions de sécurité. Les crédits des fonds spéciaux
s'élèvent donc désormais à 37.473.672 euros.
Parallèlement, la nomenclature du chapitre 37-91 a été
modifiée. Elle est désormais composée des deux articles
« Direction générale de la sécurité
extérieure » et « Autres actions liées
à la sécurité », pour un montant de
respectivement 33.165.352 euros et 4.308.320 euros.
Trois chapitres des services généraux du Premier ministre ont
été abondés, pour un montant total de 12.990.333
euros :
- chapitre 31-02 « indemnités et allocations
diverses », article 10 « Premier ministre, ministres et
secrétaire d'Etat » : 5.772.025 euros ;
- chapitre 34-98 « moyens de fonctionnement des
services », article 10 « Premier ministre, ministres et
secrétaire d'Etat » : 5.693.818 euros ;
- chapitre 37-06 « actions en faveur des droits de l'homme et du
développement de la citoyenneté », article 10
« action humanitaire » : 1.524.490 euros.
La réforme des fonds spéciaux a donc entraîné une
diminution nette des crédits du budget des services
généraux du Premier ministre de 9.566.969 euros (titre III).
Schéma des modifications de crédits relatives aux
fonds secrets
60 M € 10 M€ sont redéployés
(crédits de l'article 37-91 vers d'autres budgets
avant réforme)
50 M€ restent dans le
budget des SGPM
37 M€ restent dans 13 M€ abondent trois
l'article 37-91 autres chapitres du
budget des SGPM
Votre rapporteur spécial se demande s'il ne serait pas souhaitable de préciser le périmètre des fonds spéciaux directement dans l'article 77 du projet de loi de finances pour 2002.
2. Améliorer le contrôle des fonds spéciaux
Il existe également un consensus sur la nécessité de renforcer le contrôle des fonds spéciaux.
a) Les observations de M. François Logerot au sujet du contrôle des fonds spéciaux
En
particulier, M. Logerot estime que «
c'est l'ensemble de
l'utilisation des fonds spéciaux qui devrait faire l'objet d'un
contrôle externe particulier, inspiré de celui qui s'exerce
actuellement sur les seules dotations affectées à la DGSE, et
associant la Cour des comptes, d'autres corps de contrôle et des
représentants du Parlement
».
Il souligne la nécessité que les fonds spéciaux ne servent
pas à compléter, par simple facilité d'emploi, les
dotations ordinaires du budget consacrées à des dépenses
qui ne nécessitent pas une protection particulière. Il estime que
«
L'un des objets du contrôle externe exercé sur les
fonds spéciaux doit être précisément de
vérifier la spécificité des imputations dont ils font
l'objet et d'en rendre compte au Gouvernement
». Remarquant
l'existence d'autres dépenses discrétionnaires de nature
secrète (comme les « actions humanitaires ou en faveur des
droits de l'homme » indiquées par le Premier ministre dans son
communiqué du 18 juillet 2001), il considère que le
contrôle de ce type de dépenses devrait également
être renforcé, afin de vérifier le bien-fondé de
leur financement sur les fonds spéciaux.
b) L'article 77 (nouveau) du projet de loi de finances pour 2002
L'Assemblée nationale a adopté en première
lecture un amendement du gouvernement tendant à insérer au projet
de loi de finances pour 2002 un article 77.
(1) L'instauration d'une commission de vérification
Cet article 77 tend à instaurer une « commission de
vérification » chargée de contrôler l'utilisation des
fonds spéciaux.
-
• Cette commission serait composée de deux députés,
dont son président, désignés par le président de
l'Assemblée nationale, deux sénateurs désignés par
le président du Sénat, et deux membres nommés pour cinq
ans, par décret, parmi les membres de la Cour des comptes, sur
proposition de son Premier président.
Cette commission disposerait de pouvoirs d'investigation étendus, puisqu'elle pourrait prendre connaissance de tous les documents, pièces et rapports susceptibles de justifier les dépenses considérées et l'emploi des fonds correspondants. L'article 77 donne une liste de documents devant obligatoirement lui être transmis : registres, états, journaux, décisions, état des dépenses se rattachant à des opérations en cours. Il est précisé qu'elle peut déléguer un de ses membres pour procéder à toutes enquêtes et investigations en vue de contrôler les faits retracés dans les documents comptables soumis à sa vérification. Il convient cependant de souligner qu'aucune sanction n'est prévue en cas de refus de communication d'un document.
Il est précisé que la commission doit avoir terminé ses travaux avant le 31 mars de l'année qui suit celle de l'exercice soumis à son contrôle.
• La commission produirait chaque année deux documents.
Le premier serait un rapport, non public, sur les conditions d'emploi des crédits. Ce document serait remis par le président de la commission au Président de la République, au Premier ministre et aux présidents et rapporteurs généraux des commissions de l'Assemblée nationale et du Sénat chargées des finances.
La commission dresserait par ailleurs un procès-verbal de ses opérations, dans lequel elle constaterait que les dépenses réalisées sur les crédits sont couverts par des pièces justificatives pour un montant égal. Le procès-verbal serait remis par le président de la commission au Premier ministre et au ministre chargé du budget, qui le transmettrait à la Cour des comptes.
• Diverses dispositions sont prévues afin de préserver la confidentialité des informations auxquelles auraient accès les membres de la commission.
Ensuite, les travaux de la commission proprement dits sont soumis à un régime particulier. L'article 77 prévoit qu'ils sont secrets. Il précise qu'est puni des peines prévues à l'article 226-13 du code pénal le fait de divulguer ou publier, dans un délai de trente ans, une information relative aux travaux de la commission. Ce dernier article prévoit que la révélation d'une information à caractère secret par une personne qui en est dépositaire soit par état ou par profession, soit en raison d'une fonction ou d'une mission temporaire, est punie d'un an d'emprisonnement et de 100 000 francs d'amende.
(2) La suppression du dispositif existant
Le dernier alinéa du présent article prévoit que l'article 42 de la loi n° 46-854 du 27 avril 1946 portant ouverture et annulation de crédits sur l'exercice 1946, l'article 6 de la loi n° 47-1496 du 13 août 1947 portant fixation des crédits applicables aux dépenses du budget ordinaire de l'exercice 1947 et le décret n° 47-2234 du 19 novembre 1947 portant création d'une commission de vérification des dépenses faites sur les crédits affectés au service de documentation extérieure et de contre espionnage, sont abrogés.
c) Observations de votre rapporteur spécial
(1)
Préciser les règles relatives à la constitution de la
commission
On peut s'interroger sur les règles relatives à la
désignation des membres de la commission de vérification.
Une première interrogation concerne la durée du mandat des
membres de la commission de vérification. Si l'article 77 la fixe
à cinq ans dans le cas des deux membres de la Cour des comptes, il est
muet dans celui des parlementaires siégeant dans cette commission. Il
pourrait être utile de préciser ce point.
On peut également s'interroger sur la manière dont est
désigné le président. L'article 77 prévoit que le
président de l'Assemblée nationale désigne le
président de la commission. On peut se demander s'il serait souhaitable
de donner la prépondérance à l'une des deux chambres au
sein d'un organisme chargé d'assurer un contrôle, mission pour
laquelle l'Assemblée nationale et le Sénat sont à
parité constitutionnelle. Il pourrait être
préférable de prévoir que la commission de
vérification élit elle-même, en son sein, son
président.
(2) Préciser le fonctionnement de la commission
On peut également s'interroger sur le mode de fonctionnement de la
commission. En particulier, l'article 77 n'indique pas comment le rapport et le
procès-verbal sont adoptés.
On pourrait envisager de préciser que la commission de
vérification adopte son rapport et son procès-verbal à la
majorité, son président ayant voix prépondérante.
(3) Mieux protéger le secret de la défense nationale
On peut également se demander dans quelle mesure la protection du secret
de la défense nationale pourrait être renforcée, sans
remettre en cause les exigences de transparence.
En particulier, on pourrait envisager que ne puissent être nommées
au sein de la commission de vérification que des personnes
habilitées à accéder à des documents classés
secret-défense ou très secret-défense.
(4) Faciliter, pour les parlementaires, le recours à un collaborateur
On peut enfin souligner que l'article 77 ne prévoit pas que les membres
de la commission de vérification se fassent assister de collaborateurs.
Ainsi, un parlementaire membre de la commission qui transmettrait à un
collaborateur une information dont il aurait eu connaissance en raison de son
mandat pourrait semble-t-il être passible de sanctions pénales
16(
*
)
.
RÉCAPITULATION DES MODIFICATIONS APPORTÉES PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE
- I. MODIFICATION DES CRÉDITS
A. LA RÉFORME DES FONDS SPÉCIAUX
La dotation du chapitre 37-91 « fonds spéciaux » a été réduite de 22.557.302 euros, montant présenté comme correspondant aux crédits qui ne sont pas liés à des actions de sécurité. Les crédits des fonds spéciaux s'élèvent donc désormais à 37.473.672 euros.
Parallèlement, la nomenclature du chapitre 37-91 a été modifiée. Elle est désormais composée des deux articles « Direction générale de la sécurité extérieure » et « Autres actions liées à la sécurité », pour un montant de respectivement 33.165.352 euros et 4.308.320 euros.
Trois chapitres ont été abondés, pour un montant total de 12.990.333 euros :
- le chapitre 31-02 « indemnités et allocations diverses », article 10 « Premier ministre, ministres et secrétaire d'Etat » : 5.772.025 euros ;
- le chapitre 34-98 « moyens de fonctionnement des services », article 10 « Premier ministre, ministres et secrétaire d'Etat » : 5.693.818 euros ;
- le chapitre 37-06 « actions en faveur des droits de l'homme et du développement de la citoyenneté », article 10 « action humanitaire » : 1.524.490 euros.
La réforme des fonds spéciaux a donc entraîné une diminution nette des crédits du budget des services généraux du Premier ministre de 9.566.969 euros (titre III).
B. AUTRES MODIFICATIONS
Les crédits du chapitre 46-01 « Remboursement des exonérations de redevance audiovisuelle » article 10 « Contribution forfaitaire de l'Etat au financement des exonérations de redevances de télévision » ont été augmentés de 68.600.000 euros. Cet amendement a pour objet de prendre en compte l'impact de l'extension aux personnes de plus de soixante-cinq ans (au lieu de soixante-dix ans aujourd'hui), non imposées à l'impôt sur le revenu et à l'ISF, de l'exonération de la redevance audiovisuelle, résultant d'un amendement de la commission des finances de l'Assemblée nationale.
En outre, les articles suivants ont été majorés à titre non reconductible :
- le chapitre 37-05 « Dépenses relatives à l'activité du médiateur de la République » article 10 « Médiateur de la République » à hauteur de 45.700 euros ;
- le chapitre 37-06 « Actions en faveur des droits de l'homme et du développement de la citoyenneté » article 20 « Action humanitaire », à hauteur de 392.400 euros ;
- le chapitre 37-15 « Dépenses relatives à l'activité du défenseur des enfants » article 10 « défenseur des enfants », à hauteur de 45.700 euros ;
- le chapitre 43-04 « Subventions pour la recherche dans le domaine stratégique et des relations internationales » article 20 « Institut des relations internationales et stratégiques », à hauteur de 80.000 euros.
- II. ADOPTION D'UN ARTICLE 77
EXAMEN EN COMMISSION
Réunie le 7 novembre 2001 sous la présidence de
M.
Alain Lambert, président, la commission a procédé à
l'examen
des
crédits du budget des services du Premier
ministre pour 2002 : I. - Services généraux,
sur le
rapport de
M. François Marc, rapporteur spécial.
M. François Marc, rapporteur spécial
, a tout d'abord
rappelé que le budget des services généraux du Premier
ministre regroupait des crédits aussi importants que ceux du premier
ministre, du ministre chargé des relations avec le Parlement, du
ministre chargé de la fonction publique et de la réforme de
l'Etat, de sept autorités administratives indépendantes, d'une
cinquantaine d'organismes rattachés au Premier ministre, et, enfin, des
fonds spéciaux.
Il a indiqué que ce budget était en augmentation de 3,8 %.
Il a exprimé son vif étonnement devant la mauvaise information du
Parlement sur ces services généraux. Il a en particulier
souligné la difficulté à disposer d'une liste fiable de la
cinquantaine d'organismes rattachés au Premier ministre.
Il a ensuite estimé que cette faible transparence pouvait conduire
à s'interroger sur l'efficacité des organismes concernés.
Il a annoncé son intention de contrôler chaque année l'un
d'entre eux, ainsi que l'envisageait le précédent rapporteur
spécial des crédits des services généraux du
premier ministre, M. Roland du Luart.
M. François Marc, rapporteur spécial
, a indiqué que
l'exécution du budget de l'année 2000 avait en revanche
été satisfaisante, puisque seulement 5 % des crédits
n'avaient pas été consommés, contre 15 % en moyenne de
1997 à 1999.
S'inspirant du « Dictionnaire des idées reçues » de
Gustave Flaubert, il a indiqué que les fonds spéciaux
étaient souvent considérés comme des « sommes
par nature incalculables », contre lesquelles il était de bon ton
de « s'indigner ». Il a néanmoins souligné que les
crédits concernés étaient modestes (60 millions d'euros,
soit 0,02 % du budget de l'Etat), et qu'ils avaient prioritairement vocation
à répondre à un besoin essentiel, celui du renseignement,
plus de leur moitié étant affectés à la Direction
générale de la sécurité extérieure (DGSE).
Il a indiqué que seulement 20 % des crédits servaient à
attribuer des primes aux membres des cabinets ministériels, et que le
reste des fonds finançait des dépenses de l'Elysée, de
l'hôtel Matignon, du ministère des affaires
étrangères, ainsi que quelques actions en faveur des droits de
l'homme.
Il a estimé que les fonds spéciaux, sous leur forme actuelle,
posaient un triple problème.
Tout d'abord, il a constaté que les fonds spéciaux,
présentés chaque année en parfaite stabilité dans
le projet de loi de finances (environ 60 millions d'euros), étaient
systématiquement abondés en cours d'année par des
décrets pour dépenses accidentelles, non publiés au
Journal officiel, et portant sur des montants représentant entre 15 % et
40 % des dotations initiales. Il a néanmoins considéré que
la loi organique n° 2001-692 du 1
er
août 2001
relative aux lois de finances permettrait la disparition de cette anomalie
à partir du 1
er
janvier 2005.
Ensuite, il a estimé nécessaire de réduire le
périmètre des fonds spéciaux. Il a approuvé les
recommandations récentes formulées à ce sujet par le
Premier président de la Cour des comptes, M. François Logerot,
dans sa note au Premier ministre.
Enfin, il a estimé que le contrôle des fonds spéciaux
constituait un troisième sujet de préoccupation. Il a
souligné que les fonds spéciaux autres que ceux affectés
à la DGSE n'étaient en pratique pas contrôlés,
compte tenu de l'absence de quitus du Premier ministre à la fin de
chaque année et après le départ de chaque ministre, de la
non-restitution des fonds, et des difficultés rencontrées par le
Parlement pour le contrôle de leur utilisation. Il a indiqué qu'en
revanche, les fonds finançant la DGSE étaient
contrôlés par une commission spéciale,
présidée par un membre de la Cour des comptes. Il a jugé
nécessaire d'améliorer ce contrôle, en particulier par un
renforcement du rôle du Parlement.
Estimant que le projet gouvernemental de réforme des fonds
spéciaux allait dans le bon sens, M. François Marc, rapporteur
spécial, a exprimé son souhait personnel que les crédits
des services généraux du Premier ministre soient adoptés.
Un large débat s'est ouvert.
MM. Jacques Oudin, Gérard Braun
et Eric Doligé
ont estimé nécessaire de
préserver l'existence de fonds spéciaux, afin d'assurer la
sécurité intérieure et extérieure de l'Etat. Ils se
sont néanmoins déclarés défavorables à
l'adoption des crédits des services généraux du Premier
ministre, estimant que la réforme de l'Etat réalisée ces
dernières années n'avait pas été à la
hauteur des enjeux.
M. Gérard Braun
a rappelé que les
crédits des services généraux du Premier ministre
comprenaient ceux du ministre de la fonction publique et de la réforme
de l'Etat, et que la politique suivie par le gouvernement dans ces domaines
était critiquable.
En réponse,
M. François Marc, rapporteur spécial
, a
indiqué qu'il était conscient de la nécessité
d'améliorer l'efficacité de l'Etat, et a en particulier
rappelé son intention de contrôler, chaque année, l'un des
organismes rattachés au premier ministre.
La commission a ensuite décidé de
proposer au Sénat de
rejeter les crédits des services généraux du premier
ministre.
1
Les trois autres concernent le
Secrétariat général de la défense nationale (SGDN)
(rapport spécial de M. Michel Moreigne), le Conseil économique et
social (rapport spécial de M. Claude Lise) et le Plan (rapport
spécial de M. Claude Haut) ; le budget des Services
généraux du Premier ministre représente environ 90 % de
l'ensemble de ces crédits.
2
Rapports spéciaux « Communication
audiovisuelle » et « Presse » de M. Claude Belot.
3
Rapport spécial « Fonction publique »
de M. Gérard Braun.
4
Ces mesures nouvelles permettent de compenser pour le secteur de
l'audiovisuel public la diminution des ressources publicitaires (loi n°
2000-719 du 1er août 2000 sur la communication audiovisuelle) par des
recettes publiques supérieures.
5
Selon la Cour, la suppression de 802 emplois nets affichée
par le ministère de l'agriculture ne correspondrait qu'à 2
suppressions effectives, du fait du maintien au sein du ministère de 703
de ces postes et des crédits correspondant, et du transfert d'autres
emplois vers d'autres ministères ou vers des organismes publics.
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Ce « toilettage » a semble-t-il
été excessif : le « jaune » actuel omet
la mission interministérielle de l'effet de serre, pourtant citée
par le « bleu », et toujours en place.
- 7 François LOGEROT, Note à l'attention de Monsieur le Premier ministre relative au régime des fonds spéciaux , La documentation française, octobre 2001.
9 Jusqu'en 1986, il revenait au chef de l'état-major particulier du Président de signer le décret permettant d'abonder, en cours d'année, les fonds spéciaux destinés à ces opérations. Depuis l'affaire du Rainbow Warrior, le Premier ministre est seul responsable de la gestion de ces fonds.
10 François Logerot, Note à l'attention de Monsieur le Premier ministre relative au régime des fonds spéciaux , La documentation française, octobre 2001. L'auteur précise que les observations et les propositions présentées dans cette note, qui lui a été demandée à titre « strictement personnel », relèvent de sa seule responsabilité et ne sauraient donc engager la Cour des comptes.
11 Une telle réforme a été réalisée dès 1983 pour les membres des cabinets ministériels relevant du ministère de l'économie et des finances. En effet, leurs rémunérations accessoires sont payées depuis cette date uniquement sur crédits budgétaires et entièrement fiscalisées.
12 Certains continuent de percevoir les indemnités au niveau antérieur, d'autres sont ramenés à un taux forfaitaire, d'autres enfin voient leurs indemnités supprimées.
13 Fixée par un décret du 25 avril 1967, modifié par des décrets du 31 janvier 1984 et du 1 er juin 1995 (textes non publiés).
14 L'indemnité représentative de frais est exonérée de l'impôt sur le revenu, selon une application « coutumière » des dispositions de l'article 81-1° du Code général des impôts ; par ailleurs, les membres du gouvernement peuvent conserver pour eux-mêmes une partie des « enveloppes » de fonds spéciaux et leur train de vie est de fait partiellement pris en charge par les dotations de fonctionnement du ministère.
15 Organisées par un décret du 20 juillet 1992 et une instruction du 29 juin 1993.
16 Sept ans d'emprisonnement et 700 000 francs d'amende s'il s'agit d'informations protégées par le secret de la défense nationale (peine ramenée à trois ans d'emprisonnement et 300 000 francs d'amende en cas d'imprudence ou de négligence).