B. LES RAPPORTS ENTRE LA SUISSE ET L'UNION EUROPÉENNE : UNE HISTOIRE SEMÉE D'EMBÛCHES
Jusqu'à présent, la population helvétique a majoritairement manifesté une défiance constante envers l'adhésion à l'Union européenne.
En revanche, la Suisse a adhéré en 1960 à l'AELE , constituée dès 1958 par le Royaume-Uni pour regrouper les pays européens ne souhaitant pas adhérer au traité de Rome. Cette structure s'est progressivement vidée de ses membres au profit de l'Union européenne et ne compte plus, à l'heure actuelle, que quatre membres : la Suisse, l'Islande, le Liechtenstein et la Norvège.
L'AELE a conclu, en 1972, un accord de libre-échange avec la Communauté Economique Européenne pour améliorer leurs relations commerciales mutuelles. Vingt ans plus tard , la C.E.E. devenant économiquement très attractive, l'AELE a conclu un nouvel accord avec elle, instituant un Espace Economique Européen (EEE) . Soumis à référendum en Suisse, le 6 décembre 1992, cette adhésion à l'EEE est rejetée par 50,3 % des voix contre 49,7 %. En conséquence de ce rejet, la Suisse devient le seul Etat membre de l'AELE, mais non membre de l'EEE , l'accord entrant en vigueur pour les autres Etats de l'AELE en 1994. Ce rejet conduit également à un gel de la demande d'adhésion à l'Union européenne que la Suisse avait déposée en mai 1992.
Cependant, ni la classe politique, ni les entrepreneurs, ni une fraction importante de l'opinion publique ne se sont résignés à la situation résultant de ce rejet.
Ainsi, une initiative populaire dénommée : « oui à l'Europe », et visant à demander au Conseil fédéral d'engager immédiatement des négociations avec l'Union européenne a-t-elle été soumise à référendum le 4 mars dernier.
Cette démarche, lancée par le Nouveau Mouvement Européen Suisse (NOMES), n'avait pas reçu approbation du Conseil fédéral, qui la jugeait prématurée ; en effet, elle a été rejetée par 76,7 % des participants au référendum.
Ce résultat souligne la réticence de la population suisse envers une démarche d'adhésion globale à l'Union européenne, perçue souvent comme une construction technocratique élaborée au profit des « grands » pays, et ne respectant guère la spécificité des « petits ».