B. LA RÉORGANISATION VERS DES OBJECTIFS COMMERCIAUX ET DES PARTENARIATS INTERNATIONAUX

Le maintien de la Russie comme puissance spatiale et la survie des entreprises du secteur imposaient une réorientation radicale en vue de privilégier les activités commerciales et de trouver des partenariats étrangers . Cette politique menée avec détermination au cours des dernières années n'a toutefois permis de résoudre que partiellement les difficultés de l'industrie spatiale.

1. Le développement des coopérations internationales

Depuis le début des années 1990, les partenariats internationaux se sont multipliés, principalement vers des pays occidentaux et en particulier avec les Etats-Unis. En effet, ces derniers ont voulu soutenir un secteur industriel dont la désorganisation aurait été une source d'instabilité, en risquant notamment de provoquer une diffusion incontrôlée des technologies de défense.

Dans l'ensemble des activités spatiales développées par la Russie, certains domaines se prêtaient moins bien que d'autres à de tels partenariats.

Dans le domaine des activités scientifiques pures, les Russes interviennent désormais plus souvent en qualité de sous-traitants de projets occidentaux, que comme promoteurs de leurs propres projets. La commercialisation des images spatiales auprès d'opérateurs étrangers n'a pas connu le développement souhaité. Dans le domaine de la navigation par satellite, le système russe Glonass est aujourd'hui dégradé, faute de financements pour compléter la constellation, mais il pourrait être utilisé dans le cadre d'une coopération avec les européens sur le projet Galileo. La coopération est demeurée assez limitée sur les satellites de télécommunications, compte tenu des conceptions techniques assez différentes des systèmes russe et occidentaux.

A la suite de l'arrêt de la station spatiale Mir, le projet de station spatiale internationale pour les vols habités constituera un domaine de coopération internationale par excellence, avec les Etats-Unis en premier lieu, mais également avec des partenaires européens, dont la France.

C'est enfin dans le domaine de la propulsion et des lanceurs , plus directement concerné par les retombées commerciales, que les coopérations se sont le plus développées.

Le motoriste américain Pratt & Whitney s'est ainsi associé à la société russe Ergonomast pour le moteur destiné à équiper le lanceur américain Atlas 3.

S'agissant des lanceurs, une première société commune russo-occidentale -LKEI, devenue ILS (International Launch Service )- a été créée en 1993. Elle associe le Centre Khrounitchev, Energuia International et Lockheed Martin. Elle commercialise le lanceur Proton-K . Depuis le premier tir commercial en 1996, 19 lancements commerciaux de Proton-K ont été effectués.

Des partenariats russo-américains ont également vu le jour pour la commercialisation des lanceurs Dniepr et Start, issus des missiles stratégiques SS-18 et SS-25.

Enfin, Boeing s'est associé à des entreprises russes pour mener à bien le projet " Sea Launch " permettant de réaliser des lancements à partir d'une plate-forme maritime. Après le premier vol inaugural en 1999, 5 lancements commerciaux sont intervenus, dont un a cependant échoué.

Par ailleurs, la société franco-russe Starsem a été créée en 1996 pour commercialiser et exploiter sur le marché international les lanceurs russes de la famille Soyouz.

2. Un apport encore insuffisant de ressources extérieures

Grâce aux partenariats avec les industriels occidentaux, la Russie compte améliorer sa position sur le marché international des lancements spatiaux et en tirer des ressources pour préserver ses propres capacités industrielles et technologiques.

Selon l'Agence aéronautique et spatiale russe, près de 50 % de la production de l'industrie spatiale russe concernerait des commandes en provenance de l'étranger.

Les ressources extérieures tirée de l'activité spatiale, qui ne s'élevaient qu'à 40 millions de dollars en 1993, ont connu un développement spectaculaire. Elles auraient atteint 600 millions de dollars en 1999 et 720 millions de dollars en 2000.

Ce montant, bien que substantiel, demeure inférieur aux objectifs que s'était fixée l'Agence aéronautique et spatiale russe et ils ne se situe pas à la hauteur des besoins financiers nécessaires à la réalisation du programme spatial, d'autant plus élevés que les financements publics demeurent réduits.

Par ailleurs, l'Agence aéronautique et spatiale russe indiquait au mois d'août dernier qu'avec près de la moitié des capacités de lancement, la Russie ne réalisait que 3 % des lancements commerciaux mondiaux.

De ce point de vue, l'entrée en vigueur d'un accord avec les Etat-Unis sur la levée des quotas sur les lancements russes pourrait substantiellement élargir la part de marché de la Russie. En effet, si la Russie a pu entrer sur le marché américain des lancements depuis 1993, un quota lui a été imposé, sa levée étant subordonnée au comportement russe en matière de non-prolifération. Le développement de l'accès russe au marché américain est tributaire de la levée de ces quotas, des accords étant parallèlement intervenus pour assurer la protection des technologies spatiales des parties en présence lorsque des satellites américains sont intégrés sur des lanceurs russes.

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