Dispositions restant en discussion du projet de loi relatif aux nouvelles régulations économiques
MARINI (Philippe)
RAPPORT 138 (2000-2001) - COMMISSION DES FINANCES
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N° 138
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RAPPORT
FAIT
AU NOM DE LA COMMISSION MIXTE PARITAIRE (1) CHARGÉE DE PROPOSER UN TEXTE SUR LES DISPOSITIONS RESTANT EN DISCUSSION DU PROJET DE LOI relatif aux nouvelles régulations économiques.
PAR M.
ÉRIC BESSON, PAR M. PHILIPPE MARINI,
Rapporteur, Rapporteur,
Député. Sénateur.
(1)
Cette commission est composée de
: MM. Henri
Emmanuelli
, député, président ;
Alain
Lambert
, sénateur, vice-président ;
Éric Besson
,
député,
Philippe Marini
, sénateur, rapporteurs.
Membres titulaires :
MM. Jean-Yves Le Déaut, Philippe Auberger,
Jean-Jacques Jégou, Christian Cuvilliez, Jacques Desallangre,
députés ;
MM. Jean-Jacques Hyest, Pierre
Hérisson, Joël Bourdin, Marc Massion, Paul Loridant,
sénateurs.
Membres suppléants :
MM. André Vallini, Dominique Baert,
Jacky Darne, Jean-Paul Charié, Michel Inchauspé, Claude Gaillard,
François Goulard,
députés
; M. Denis
Badré, Mme Marie-Claude Beaudeau, MM. Michel Charasse, Yann
Gaillard, Joseph Ostermann, François Trucy, André Vallet,
sénateurs.
Voir les numéros :
Assemblée nationale
: Première lecture :
2250,
2309, 2319
et T.A.
501
Nouvelle lecture :
2666
Sénat
: Première lecture :
321, 343
(1999-2000) et
T.A.
6
(2000-2001).
_____________
Politique économique.
MESDAMES, MESSIEURS,
Par lettre en date du 19 octobre 2000, M. le Premier ministre a fait
connaître à M. le Président du Sénat et à M.
le Président de l'Assemblée nationale que, conformément au
deuxième alinéa de l'article 45 de la Constitution, il avait
décidé de provoquer la réunion d'une commission mixte
paritaire chargée de proposer un texte sur les dispositions restant en
discussion du projet de loi relatif aux nouvelles régulations
économiques.
L'Assemblée nationale et le Sénat ont désigné :
- Membres titulaires :
•
Pour
l'Assemblée nationale
:
MM. Henri Emmanuelli, Éric Besson, Jean-Yves Le Déaut,
Philippe Auberger, Jean-Jacques Jegou, Christian Cuvilliez et Jacques
Desallangre.
•
Pour
le Sénat
:
MM. Alain Lambert, Philippe Marini, Jean-Jacques Hyest, Pierre Hérisson,
Joël Bourdin, Marc Massion et Paul Loridant.
- Membres suppléants :
•
Pour
l'Assemblée nationale
:
MM. André Vallini, Dominique Baert, Jacky Darne, Jean-Paul
Charié, Michel Inchauspé, Claude Gaillard et François
Goulard.
•
Pour le Sénat
:
M. Denis Badré, Mme Marie-Claude Beaudeau, MM. Michel Charasse, Yann
Gaillard, Joseph Ostermann, François Trucy et André Vallet.
La Commission s'est réunie le mercredi 13 décembre 2000 au
Palais Bourbon. Elle a désigné :
M. Henri Emmanuelli, en qualité de président, et M. Alain
Lambert, en qualité de vice-président.
MM. Éric Besson, d'une part, Philippe Marini, d'autre part, ont
été nommés rapporteurs, respectivement pour
l'Assemblée nationale et pour le Sénat.
*
* *
A
l'issue de l'examen en première lecture par chacune des
Assemblées, 151 articles restaient en discussion. En application de
l'article 45 de la Constitution, la commission mixte paritaire a
été saisie de ces articles.
M. Philippe Marini,
Rapporteur pour le Sénat, a
considéré que le Parlement examinait un projet de loi complexe et
intéressant pour de nombreux domaines de la vie économique et
sociale. Il a rappelé que le projet comportait initialement
74 articles et que l'Assemblée nationale en avait ajouté 48,
le Sénat ayant pour sa part introduit 53 articles
supplémentaires. Il a estimé que le travail parlementaire avait
été intense et que les commissions des Finances, des Lois et des
Affaires économiques du Sénat avaient travaillé en bonne
intelligence, en suivant trois axes prioritaires :
- l'intensification de la lutte contre le blanchiment d'argent sale ;
- la modernisation du droit de la concurrence ;
- la modernisation du droit commercial et du droit des
sociétés.
Il a souligné en outre que l'adoption d'articles sur l'Autorité
de régulation des marchés financiers soutenait une initiative du
Gouvernement et que le Sénat traduisait ainsi une volonté
politique d'une meilleure gestion desdits marchés.
M. Éric Besson,
Rapporteur pour l'Assemblée nationale
,
a salué le travail important du Sénat et a noté que la
majorité sénatoriale avait parfois fait preuve à
l'égard du projet de loi d'une modération plus importante que les
députés. Il s'est réjoui que le Sénat ait
accepté l'économie générale du projet de loi sur
des dispositions comme l'information du comité d'entreprise en cas
d'offre publique (article 4), le contrôle des opérations de
concentration (articles 48 à 54) ou la dissociation des fonctions de
président du conseil d'administration et de directeur
général (article 56). Il a annoncé que l'Assemblée
accueillerait favorablement certaines modifications introduites par le
Sénat, relatives aux contrôles sur pièce et sur place du
Conseil des marchés financiers (articles 13
bis
A), à la
procédure dite " de clémence " devant le Conseil de la
concurrence (article 38), à l'unification du statut des commissaires aux
comptes (articles 61
ter
), à la souscription de parts sociales
(article 68
bis
) et à l'exercice sous forme de
sociétés par actions simplifiées de professions
libérales (article 69
ter
).
Le Rapporteur a ensuite fait part des points de divergences les plus importants
entre l'Assemblée nationale et le Sénat. Il a jugé qu'ils
rendaient difficile à ses yeux une réussite de la commission
mixte paritaire. Il a ainsi indiqué que la définition par le
Sénat du service bancaire de base était en contradiction avec la
parution prochaine d'un décret d'application de la loi relative à
la lutte contre les exclusions, et que l'introduction d'articles sur
l'Autorité de régulation des marchés financiers
était prématurée, compte tenu de l'élaboration
actuelle d'un projet de loi. Il a également indiqué les autres
points de divergences :
- la présidence du collège des autorités de
contrôle des entreprises du secteur financier (article 6 A) ;
- l'information préalable du ministre en cas d'offre publique
(article 7) ;
- l'introduction du "
global netting
" qui rend les
banques créancières prioritaires dans tous les cas, devant les
salariés et le Trésor, ce qui n'est pas acceptable (article 18
quater
) ;
- l'effet direct, dans le droit français, des recommandations du
GAFI, condition indispensable de l'efficacité de la lutte contre le
blanchiment (article 20) ;
- la définition de la présomption de participation à
une association de malfaiteurs (article 25
bis
) ;
- la suppression de la nullité d'ordre public des clauses de
remises rétroactives et de paiement d'accès au
référencement dans les contrats liant producteurs et centrales
d'achat (article 29) ;
-l'allégement des sanctions pouvant être prononcées par le
Conseil de la concurrence (article 38) ;
- la possibilité pour le Conseil de la concurrence de se
saisir d'office d'une opération de concentration (article 50) ;
- l'assouplissement de la limitation du cumul de mandats de mandataire
social (article 60) ;
- le refus de réduire la taille des conseils d'administration
(article 56 A) ;
- la suppression de la publicité des dix principaux salariés
bénéficiaires de
stocks-options
(article 70 bis) ;
- l'allégement de la fiscalité sur les plus-values
d'acquisition de
stocks-options
et la suppression de leur
assujettissement aux cotisations sociales (article 70
ter
).
Il a conclu dans la perspective de l'échec de la CMP, en indiquant son
souhait d'un rapprochement informel avec le rapporteur du Sénat.
M. Jean-Jacques Hyest
a demandé si le dispositif relatif à
l'arbitrage (article 69 B), dont il a souligné l'importance,
rencontrait l'approbation de l'Assemblée.
M. Éric Besson
, Rapporteur pour l'Assemblée nationale, a
indiqué que ce point était encore en discussion.
M. Paul Loridant
a rappelé qu'il avait posé au
Sénat la question préalable sur ce projet de loi dans la mesure
où il ne lui semblait pas répondre à une attente sociale.
Il a considéré que ce projet ne constituait pas une
réponse satisfaisante à des événements comme
l'affaire Michelin de septembre 1999, alors que son dépôt
avait été motivé par de tels événements.
M. Éric Besson
, Rapporteur pour l'Assemblée nationale, a
répondu que les questions sociales seraient abordées dans le
projet de loi de modernisation sociale, qui sera bientôt en discussion.
M. Alain Lambert
a considéré que l'Assemblée et le
Sénat représentaient l'ensemble des Français et qu'il ne
fallait pas que les deux assemblées s'habituent à ne plus
dialoguer. Il a déclaré que ses propos ne constituaient pas une
renonciation aux convictions de chacun, mais que l'élaboration de la loi
ne pouvait que gagner à une collaboration fructueuse des deux chambres
du Parlement. Cependant, il a reconnu que le moment était peu propice
à la poursuite de travaux qui ne pourraient être que de longue
durée.
M. Jean-Paul Charié
a indiqué que le Parlement avait
travaillé sur le droit de la concurrence avec le souci de
dépasser les clivages politiques.
M. Philippe Marini
, Rapporteur pour le Sénat, puis
M. Yann
Gaillard
se sont interrogés sur la possibilité pour la
présente commission de commencer l'examen des articles restant en
discussion.
Le
Président Henri Emmanuelli
, puis
M. Éric Besson
,
Rapporteur pour l'Assemblée nationale, ont jugé que la commission
mixte paritaire s'engagerait dans une impasse et échouerait rapidement
sur des points sensibles comme le service de base bancaire, dont le Rapporteur
proposera la suppression, ou l'Autorité de régulation des
marchés financiers.
M. Philippe Marini
, Rapporteur pour le Sénat, a indiqué
que la suppression du service bancaire de base n'entraînerait pas
nécessairement l'échec de la CMP. Il a rappelé
l'attachement de principe du Sénat à un examen des articles.
Le
Président Henri Emmanuelli
a alors mis aux voix, le principe
d'un passage à l'examen des articles. Ce principe a alors
été rejeté.
En conséquence, la Commission a constaté qu'elle ne pouvait
parvenir à un accord sur l'ensemble des dispositions restant en
discussion et a conclu à l'échec de ses travaux.