CHAPITRE PREMIER -
L'ARMÉE DE TERRE EN 2000 : UNE
" REFONDATION " BIEN CONDUITE MALGRÉ UN CONTEXTE
DÉLICAT
L'Armée de terre poursuit sa profonde transformation
dans des
conditions globalement satisfaisantes malgré un contexte
particulièrement délicat. Votre rapporteur souhaite cette
année encore souligner l'ampleur de cette " refondation ", qui
passe par l'adaptation à de nouvelles missions, désormais
centrées sur la projection, par une totale réorganisation des
forces et du commandement et par la professionnalisation de l'armée
où la proportion des appelés était la plus forte. Il
s'agit ni plus ni moins de rebâtir en l'espace de six ans une nouvelle
Armée de terre plus réduite mais disposant de capacités de
projection bien supérieures.
Cette évolution se déroule dans un
contexte délicat
lié aux
difficultés de la professionnalisation
,
illustrées par un sous-effectif substantiel en appelés et en
personnels civils, et à un
niveau d'activité très
soutenu
, marqué en 1999 par l'engagement sur un nouveau
théâtre extérieur dans les Balkans. Ces conditions ne
rendent que plus méritoires les efforts accomplis par les personnels de
l'Armée de terre qui ont permis à cette dernière de rendre
globalement satisfaisante la marche vers un modèle plus moderne et plus
efficace.
I. LA POURSUITE DE LA RÉORGANISATION DE L'ARMÉE DE TERRE
Au cours de l'année 1999, l'Armée de terre aura réalisé une large part de la réorganisation de son commandement et de ses forces. Il lui reste néanmoins à opérer la seconde phase de la restructuration qui portera essentiellement sur les organismes de formation et de soutien.
A. LA RÉORGANISATION DU COMMANDEMENT ET DES FORCES
1. Les principes de la réorganisation du commandement
La
priorité accordée aux forces projetables
a
constitué le fil directeur de l'évolution des structures de
l'Armée de terre. Elle a justifié une forte contraction du
dispositif de soutien au profit de la partie directement vouée à
la projection sur les théâtres extérieurs. Elle a
motivé une profonde réorganisation privilégiant la
notion de modularité
, avec l'abandon des grandes unités
permanentes constituées dès le temps de paix et vouées
à s'engager telles qu'elles en opération, et la création
de "
réservoirs de forces
" permettant la mise sur pied
de forces opérationnelles de circonstance provenant d'un assemblage
d'unités et d'états-majors adapté à la mission.
Elle se traduit par la
dissociation de l'organisation permanente et de ces
structures opérationnelles de circonstance
.
De ces principes résulte une architecture entièrement nouvelle,
très différente de l'organisation traditionnelle en
armées, corps d'armée et divisions, et articulée autour de
trois chaînes :
- la
chaîne des forces
, responsable de la
préparation
opérationnelle des forces terrestres
,
- la
chaîne régionale
, responsable du commandement
organique et du soutien en temps de paix,
- la
chaîne des services et de la formation
, responsable du
fonctionnement des organismes spécifiquement chargés du soutien
et de la formation.
Le système de commandement a été réorienté
pour assurer une haute disponibilité des états-majors des forces.
Ces derniers seront déchargés de responsabilités
liées à la vie courante grâce à une nette
séparation des chaînes majeures de commandement.
Les
forces
, dont la part relative dans l'Armée de terre
s'accroît alors que celle des soutiens diminue (elle passera de 51 % en
1996 à 63 % en 2002, et à 74 % pour les seuls effectifs
militaires), sont désormais placées sous le
commandement de la
force d'action terrestre
(CFAT) situé à Lille, chargé
de la préparation opérationnelle des états-majors et des
forces projetables. Le CFAT est couplé avec le commandement de la force
logistique terrestre (CFLT), installé à Montlhéry, et
chargé de la conduite du soutien opérationnel de toutes les
actions de circonstance, exercices majeurs et opérations. Il dispose de
quatre états-majors de forces
, situés à Nantes,
Besançon, Marseille et Limoges, placés sous son autorité,
qui sont
totalement et immédiatement projetables
pour assurer le
commandement d'une force du niveau d'une division type OTAN.
Les
moyens d'actions
du commandement de la force d'action terrestre sont
constitués des régiments regroupés en
huit brigades
interarmes
,
une
brigade aéromobile
et
quatre
brigades constituées de régiments d'appui
spécialisés
(transmissions, artillerie, génie,
renseignement).
Deux
brigades logistiques
regroupent en outre les
régiments du train et du matériel. Pour sa part, la brigade
franco-allemande dépend directement du corps européen.
Le
commandement territorial,
articulé autour de cinq
" régions terre " (Metz, Rennes, Bordeaux, Lyon, Paris),
prendra en charge l'ensemble des fonctions liées au soutien et à
l'administration des unités, dont il déchargera notamment
l'Etat-major de l'Armée de terre et les états-majors de brigade.
Enfin,
sept commandements et directions fonctionnels
(génie,
télécommunications, matériel, commissariat, personnel,
organismes de formation et doctrine) ont en charge les organismes relatifs au
soutien et à la formation des personnels.
2. La mise en oeuvre de la réorganisation du commandement
L'Armée de terre a actuellement pratiquement
achevé la
réorganisation du commandement des forces, le commandement de la force
d'action terrestre et celui de la force logistique terrestre ayant
été créés en 1998 alors que trois
états-majors de force sur quatre ont été mis en place,
ainsi que les huit états-majors de brigades.
Ont été réalisées
en 1999
les mesures
suivantes :
-
dissolution
des états-majors des circonscriptions militaires de
défense (CMD) de Marseille et de Besançon et du commandement de
la doctrine et de l'entraînement de Metz,
-
transformation en états-majors de brigade de sept
états-majors de division
(7
ème
brigade
blindée à Besançon, 1
ère
brigade
mécanisée à Châlons-en-Champagne,
6
ème
brigade légère blindée à
Nîmes, 9
ème
brigade légère
blindée de marine à Nantes, 11
ème
brigade
parachutiste transférée de Toulouse à Balma,
27
ème
brigade d'infanterie de montagne,
transférée de Grenoble à Varces,
4
ème
brigade aéromobile transféré
de Nancy à Essey-les-Nancy) ;
-
création de deux états-majors de brigade
(2
ème
brigade blindée à Orléans,
3
ème
brigade mécanisée à Limoges ) ;
-
création de trois états-majors de force
(Besançon, Marseille et Nantes).
Sont prévues
en 2000
, les mesures suivantes :
-
dissolution
des états-majors
de CMD de Lille et Limoges,
-
création
de l'état-major de force de Limoges,
-
transformation
en états-majors de région terre de cinq
états-majors de CMD (Ile de France, Metz, Lyon, Rennes et Bordeaux).