B. LE POIDS DES CHARGES NON COMPENSÉES D'INTÉRÊT GÉNÉRAL

Rappelons qu'en 1997, votre commission 7( * ) avait évalué à plus de 8 milliards de francs par an les charges nettes non compensées pesant sur La Poste en raison de l'accomplissement de ses missions d'intérêt général, déduction faite des contreparties budgétaires ou fiscales accordées par l'Etat.

Ce coût se répartissait ainsi :

- 3,2 milliards de francs pour sa participation à l'aménagement du territoire via le maintien du réseau postal ;

- 3,6 milliards de francs de francs pour sa contribution au transport postal de la presse ;

- 1,3 milliard de francs pour son rôle de guichet bancaire des plus démunis.

Aucun élément significatif n'est venu depuis bouleverser les fondements de cette estimation. Une telle situation est-elle compatible avec l'irruption d'une concurrence forcenée en Europe ? Votre commission pour avis ne le pense évidemment pas.

C. L'URGENCE DES DÉCISIONS POLITIQUES : RAPPEL DES PROPOSITIONS DE VOTRE COMMISSION

Prolongeant le rapport d'information précité de 1997 de notre collègue Larcher, le rapport d'actualisation " Sauver la Poste, est-il encore temps pour décider " du même auteur a formulé les propositions suivantes :

LES PROPOSITIONS DU RAPPORT
" SAUVER LA POSTE, EST-IL ENCORE TEMPS POUR DÉCIDER ? "

1) Nouer une alliance internationale dans la messagerie en ouvrant le capital de Coelo , le holding colis et logistique de La Poste, à un partenaire étranger disposant des moyens d'un réseau mondial.

2) Ouvrir clairement le débat sur la transformation de La Poste en société anonyme à capitaux publics , dans le cadre notamment de la discussion de la loi d'orientation postale à établir pour éclairer l'avenir.

3) Création avec un grand partenaire informatique (France Télécom, Cégétel, ...) d'une filiale commune dédiée à la construction et à la gestion d'une plate-forme de commerce électronique , comportant la déclinaison par La Poste d'une gamme de prestations logistiques et financières ; cette plate-forme aurait vocation à servir d'hôte à des PME soucieuses de vendre sur Internet mais peu désireuses d'avoir à assurer l'intendance de leur vitrine électronique.

4) Parallèlement, à l'instar de la poste allemande, développement d'une offre logistique intégrée à l'intention des PME et des grandes entreprises ayant créé leur propre site de commerce électronique.

5) Prendre toutes les initiatives nécessaires pour que le programme de réglementation postale fixé par la directive de 1997 soit poursuivi dès l'installation de la nouvelle Commission européenne, afin d'éviter des débordements du marché de nature à perturber le service universel.

6) Instituer un régulateur postal autonome recevant compétence exclusive sur le secteur du courrier, les services financiers entrant dans le cadre des attributions du Conseil de la concurrence.

7) Se conformer aux exigences du droit européen relatives à la séparation des comptes des activités sous monopole et des autres, ainsi qu'à l'individualisation comptable des activités de service universel.

8) Réfléchir à une hausse temporaire du prix du timbre pour disposer de nouvelles marges de manoeuvre.

9) Créer un service universel bancaire minimum pour les ménages les plus modestes et en faire reposer le financement sur le principe du " pay or play ", ce qui permettrait à La Poste d'être en partie compensée des charges que lui impose son action en ce domaine.

10) Pour aider à l'aménagement postal du territoire , élargir la diffusion des produits postaux en acceptant le développement de leurs ventes dans des réseaux commerciaux, aménager les horaires des points de contact postaux en fonction de la fréquentation réelle du public et faire de La Poste un acteur central des maisons de service public.

11) Clarifier les compétences des divers échelons territoriaux pour favoriser la mobilisation des cadres de terrain et, par là même, la définition d'un projet conquérant d'entreprise à même d'entraîner tous les personnels.

12) Pour permettre de mieux impliquer les élus dans la revitalisation postale des territoires, envisager des partenariats institutionnels entre La Poste et les collectivités locales pouvant prendre la forme de sociétés d'économie mixte locales .

Aucune suite n'a pour l'instant été donnée à ces propositions. Pire, le débat ne s'est même pas réellement amorcé.

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