ANNEXE -
AUDITIONS DE LA COMMISSION SUR LES MUTATIONS DU SECTEUR POSTAL
EN EUROPE
Votre commission a procédé, en commun avec le groupe d'études sur l'avenir de la Poste et des télécommunications qui lui est rattaché, présidé par notre collègue Gérard Larcher, à trois auditions qui ont montré le décalage entre le rythme d'évolution de la Poste et celui de ses concurrents européens, résolument offensives.
I. AUDITION DU PRÉSIDENT ET DU DIRECTEUR GÉNÉRAL DE LA POSTE LE 27 JANVIER 1999
La
commission, conjointement avec le groupe d'études sur l'avenir de La
Poste et des télécommunications, a procédé à
l'audition de M. Claude Bourmaud, président de La Poste, et de M. Martin
Vial, directeur général, sur la stratégie internationale
de La Poste et sur son engagement en faveur de l'aménagement du
territoire.
M. Claude Bourmaud, président de La Poste, a tout d'abord rappelé
les résultats de l'exercice 1998, avec un développement de
l'activité courrier, dont le chiffre d'affaires, d'un montant de 60
milliards de francs, a progressé de 2,6 %. Il a souligné que le
contrat de plan signé en juin 1998 prévoyait une baisse en francs
constants des tarifs pour ce secteur d'activité, à la
satisfaction des grands clients de l'opérateur.
Dans le secteur des colis, activité très concurrentielle, le
groupe a connu en 1998 une progression globale d'activité de 7 % et de
25 % sur le segment de marché, très concurrentiel, dit "
entreprise à entreprise ". Il a estimé que ces résultats
montraient la pertinence de la restructuration de cette activité et de
la segmentation de l'offre.
M. Claude Bourmaud, président de La Poste, a souligné qu'en 1998
les services financiers de La Poste avaient collecté près de 38
milliards de francs, le total des encours se rapprochant de 1.080 milliards de
francs, contre seulement 587 milliards en 1991.
Rappelant la contribution des filiales au dynamisme du groupe, avec une
croissance de 13,6 % du chiffre d'affaires de Sofipost, il a indiqué que
le chiffre d'affaires total du groupe avait augmenté de près de 3
milliards de francs, soit une croissance globale de 3 %.
M. Claude Bourmaud, président de La Poste, a estimé qu'en 1998
l'opérateur avait renforcé sa puissance dans deux domaines : les
assurances, avec l'augmentation de la participation au capital de la Caisse
Nationale de Prévoyance (CNP) et les nouvelles technologies, avec un
récent partenariat avec Sagem.
Abordant le contrat d'objectifs et de progrès signé le 25 juin
1998 avec l'Etat, le président a estimé que, pour la
première fois, La Poste était reconnue comme une entreprise
intervenant dans un marché concurrentiel, ainsi que le montrent les
dispositions du contrat de plan relatives au tarif du courrier, à la
prise en charge de l'accroissement de la charge de retraites par l'Etat,
à la rémunération à hauteur de 1,5 % de la collecte
des fonds des livrets A, à la délégation progressive
à La Poste de la gestion des dépôts des chèques
courants postaux auparavant centralisés auprès du Trésor,
à l'encouragement à l'internationalisation et à
l'utilisation des nouvelles technologies, ainsi, enfin, qu'au nouveau cadre de
concertation territoriale pour envisager l'évolution de la
présence postale territoriale.
Evoquant le plan stratégique pour la période 1998-2002
présenté à son conseil d'administration du 17
décembre dernier, M. Claude Bourmaud, président de La Poste, a
indiqué qu'il fixait des objectifs de croissance très ambitieux,
parmi lesquels un doublement, de 5 % à 10 %, de la part de chiffre
d'affaire réalisée à l'international, y compris pour
l'activité colis. Ce plan stratégique fixe pour l'activité
financière l'objectif d'atteindre les 1.400 milliards de francs
d'encours en 2002, contre 1.080 milliards actuellement. Il a également
précisé que La Poste ambitionnait de devenir un des premiers
groupes français d'intégration de services et d'être
à même, par une synthèse des savoir-faire du groupe, de
répondre à de vastes appels d'offres, à l'image du
recensement décennal de l'INSEE, marché de 200 millions de francs
que La Poste a, avec différents partenaires, remporté.
Il a précisé que l'application de la loi sur
l'amélioration et la réduction du temps de travail faisait
actuellement l'objet d'une négociation entre le directeur
général et les organisations syndicales s'inscrivant dans une
démarche de réorganisation visant à mieux répondre
aux besoins des différentes clientèles, et s'inspirant d'une
analyse comparative de l'organisation et de la compétitivité des
concurrents européens de La Poste. Il a relevé que cette
négociation, dont le terme approchait, permettrait vraisemblablement de
compenser, pour les années 1999 et 2000, les 20.000 départs
naturels par 18.200 recrutements et par la création de 1.800 postes
supplémentaires.
M. Claude Bourmaud, président de La Poste, a indiqué qu'il
fallait répondre " à armes égales " aux concurrents
européens de plus en plus pugnaces, qui avaient récemment
renforcé leurs positions en Europe dans les secteurs de la distribution
de paquets, de la logistique, voire de la distribution des lettres. Il a
insisté sur l'accélération, depuis le mois de juin
dernier, de la recomposition de l'environnement postal européen. Il a
souligné que la Poste hollandaise (société anonyme
à capitaux publics détenus à 43 % par l'Etat et
récemment introduite en bourse à Londres, New-York, Amsterdam et
Francfort), qui a racheté, il y a trois ans, l'intégrateur
australien TNT, a, en outre, récemment acquis, pour 2 milliards de
francs, l'entreprise lyonnaise Jet Services, après avoir montré,
par le rachat de la société milanaise Rinaldi, son
intérêt pour la distribution du courrier en Europe. Il a
décrit la stratégie de l'opérateur postal allemand qui,
outre une participation de 25 % au capital de la société de
messagerie express DHL, avait récemment acquis la société
anglaise de logistique Securicor, le suisse Danzas, une petite
société italienne de transport de colis, ainsi que le
français Ducros. Quant à la poste britannique, il a
indiqué que le Gouvernement, s'il avait affirmé sa volonté
de ne pas en changer le statut, avait toutefois mis à disposition de son
président une enveloppe de 10 milliards de francs consacrée aux
acquisitions d'entreprises. La société allemande German Parcel
-qui dispose d'une participation indirecte au capital d'Exapaq, concurrent
français de La Poste pour les colis- vient d'ailleurs, a-t-il poursuivi,
de passer sous le contrôle de Post Office.
Face à ces offensives, M. Claude Bourmaud, président de La Poste,
a estimé que la transposition en droit français de la directive
européenne du 15 décembre 1997 sur les services postaux
communautaires devait intervenir rapidement et que l'opérateur
français devait dès aujourd'hui se préparer à la
deuxième phase probable de libéralisation, fixée par cette
directive à 2003. Il a jugé indispensable que l'offre de services
de La Poste soit adaptée afin d'être aussi large et
compétitive, en termes tarifaires et de fiabilité, que celle de
ses concurrentes, désormais de taille mondiale.
M. Claude Bourmaud, président de La Poste, a encore
précisé que La Poste cherchait à nouer des accords avec
certains partenaires postaux européens. S'agissant de l'acquisition de
sociétés étrangères, il a indiqué que La
Poste avait récemment acheté la société allemande
Denkhaus, ce qui lui donnait accès à 21 % du marché du
monocolis d'entreprise à entreprise en Allemagne.
Le président de La Poste a dressé un tableau du marché du
transport express du monocolis d'entreprise à entreprise en Europe :
l'allemand DPAG représente ainsi 25 milliards de francs de chiffre
d'affaires ; le néerlandais TNT, 17 milliards de francs ;
l'américain UPS, 9,5 milliards de francs ; DPD, 7 milliards de francs ;
La Poste, 4,5 milliards de francs et l'américain Federal Express, 2,7
milliards de francs. Il a estimé que ces chiffres montraient la
nécessité, pour La Poste, d'atteindre une taille critique sur ce
marché.
M. Claude Bourmaud, président de La Poste, a jugé qu'une alliance
capitalistique avec un grand opérateur offrirait un
débouché mondial souhaité par les clients de La Poste. Il
a précisé que les acquisitions effectuées depuis
l'été dernier par les postes européennes avaient
mobilisé des sommes considérables : la poste allemande y avait
consacré 30 milliards de francs sur un chiffre d'affaires de 90
milliards ; la poste néerlandaise avait acheté 24
sociétés pour un montant total de 15 milliards de francs ; la
poste anglaise disposant, quant à elle, d'une enveloppe de 10 milliards
de francs pour sa croissance externe. Il a indiqué que la
stratégie française ne reposait pas sur une politique d'achats
massifs, mais plutôt sur la conclusion de partenariats et d'alliances
capitalistiques.
M. Jean François-Poncet, président, a considéré
que l'exposé du président de La Poste avait mis en lumière
l'accélération des mutations du paysage postal européen,
qui devenait de plus en plus concurrentiel.
M. Gérard Larcher, président du groupe d'études sur
l'avenir de La Poste et des télécommunications, soulignant
l'isolement français face à la constitution de vastes alliances
internationales, a demandé au président de La Poste si l'absence
de capital n'était pas pour l'opérateur le principal handicap
à la conclusion d'une alliance crédible avec les deux grands
acteurs du transport express non encore engagés avec des concurrents de
La Poste : UPS et Federal Express. Il a exprimé ses craintes de voir
s'installer une stratégie de " contournement " de la France par les
opérateurs mondiaux en cours de constitution.
Il a souhaité connaître le coût du passage aux 35 heures
à La Poste, citant une fourchette approximative de 3 à 5
milliards de francs. Il s'est interrogé sur l'exclusion de La Poste du
bénéfice des aides versées par l'Etat pour la
réduction de la durée hebdomadaire du travail, soulignant que
d'autres entreprises publiques, dont France Télécom, n'en
étaient pas exclues.
Rappelant que le rapport d'information qu'il avait présenté au
nom de la commission et du groupe d'études sur l'avenir de La Poste et
des Télécommunications avait chiffré le coût
considérable des missions d'aménagement du territoire
supportées par La Poste, M. Gérard Larcher a interrogé le
président de La Poste sur l'évolution du réseau postal
face à la triple nécessité de rester présent, de
maîtriser les coûts et d'apporter un supplément de services,
alors que le contrat de plan ne prévoit que des moyens limités
pour faire face à cette question.
Estimant que le contrat de plan n'avait permis de régler que
provisoirement la question de l'accroissement du coût des retraites, il a
demandé au président de La Poste comment l'opérateur
mettrait à profit les cinq années couvertes par ce contrat pour
dégager une solution définitive.
M. Claude Bourmaud, président de La Poste, a répondu que, dans le
contexte actuel de frénésie d'achat qui avait saisi l'Europe, il
convenait de " garder la tête froide ". Il a souligné que la
volonté d'acquérir des parts de marché avait conduit
certains opérateurs à surpayer les sociétés
rachetées, sans que la rentabilité de ces investissements soit
évidente. Il a admis que La Poste était actuellement
confrontée au problème du financement de la stratégie
internationale qu'elle souhaitait mettre en place, tout en affirmant qu'il
était possible de mener à bien cette stratégie avec un
budget d'investissement nettement plus modeste que celui dont disposent
certains concurrents. Il a insisté sur l'importance de la prise de
position récente de La Poste en Allemagne, qui mettait
l'opérateur dans une situation plus favorable pour aborder les
négociations avec d'éventuels partenaires stratégiques. Il
a précisé que la stratégie internationale de La Poste
serait formalisée, à cet égard, à la fin du premier
semestre 1999.
S'agissant de la forme juridique de La Poste, et des éventuels
problèmes posés par l'absence de capital, le président de
La Poste a estimé que ces questions relevaient de décisions
politiques qui ne ressortaient pas à son domaine de compétence.
Citant les chiffres considérables de la capitalisation boursière
de certaines sociétés susceptibles de s'allier avec La Poste, il
en a conclu qu'il serait certainement plus réaliste d'envisager, le cas
échéant, un échange de participations croisées
plutôt qu'un rachat pur et simple d'une partie du capital, compte tenu du
coût de cette dernière option.
M. Martin Vial, directeur général de La Poste, a souligné
que la forme juridique des filiales de La Poste, détenues à 100 %
par la maison mère, permettait d'envisager de créer des liens
capitalistiques -d'ailleurs plus vraisemblablement au moyen de la constitution
de filiales communes- avec des partenaires étrangers.
M. Claude Bourmaud, président de La Poste, a rappelé les
progrès accomplis pour désendetter La Poste, et l'existence d'une
marge brute d'autofinancement l'autorisant à envisager sereinement
d'investir.
Le président de La Poste a insisté sur l'importance
stratégique de la période actuelle, estimant qu'en matière
d'alliances, le paysage international devrait être constitué au
plus tard d'ici à la fin 1999.
En ce qui concerne la durée du travail, M. Martin Vial, directeur
général de La Poste, a précisé qu'un accord cadre
national était en cours de négociation avec les organisations
syndicales (soixante expérimentations ayant eu lieu) et que des
études avaient été réalisées sur la
durée réelle du travail à La Poste et sur le
positionnement de l'opérateur par rapport à ses concurrents en
termes d'organisation et de coûts.
Rappelant les chiffres cités par M. Claude Bourmaud, président de
La Poste, en termes de recrutement pour les deux prochaines années, il a
souligné qu'il s'agirait d'emplois permanents, qui permettraient de
réduire le nombre d'emplois précaires. Il a indiqué que la
réduction du temps de travail s'accompagnerait d'une
réorganisation des services permettant le redéploiement de 30.000
emplois, afin que deux tiers des postiers soient, en 2002, au contact du
public. Il a précisé que les négociations en cours
devraient aboutir au respect de l'équilibre économique de La
Poste en liant l'augmentation de la masse salariale à la croissance de
l'activité et qu'elles amélioreraient la qualité du
service rendu en accroissant notamment la disponibilité des bureaux de
poste pour les entreprises en fin d'après-midi, en réduisant les
temps d'attente aux guichets et en améliorant, enfin, la distribution
postale le samedi. A cet égard, il a souligné que la France
était un des seuls pays européens à assurer la
distribution du courrier six jours par semaine en tous points de son
territoire.
S'agissant du coût du passage aux 35 heures, en réponse à
une question renouvelée de M. Gérard Larcher, président du
groupe d'études sur l'avenir de La Poste et des
télécommunications, M. Claude Bourmaud, président de La
Poste, a estimé que le chiffre de 3 milliards, avancé par
certains journalistes, relevait d'une approche purement arithmétique
fondée sur l'hypothèse de la création de 30.000 emplois
nouveaux, hypothèse dont la réalisation n'était pas
envisagée.
Revenant à la question de l'aménagement du territoire, le
président de La Poste a rappelé le contexte actuel
d'harmonisation du marché postal européen, qui se poursuivrait
vraisemblablement après 2003. Il a jugé indispensable que la
compétitivité de La Poste soit améliorée, estimant
que cette dernière souffrait, dans la formation de ses coûts, d'un
handicap de compétitivité qu'il a chiffré à environ
50 centimes, pour un timbre à 3 francs, par rapport à ses
concurrentes.
Il a souligné l'importance de la question du financement des missions de
service public -auxquelles il a rappelé son vif attachement-
assurées par La Poste, alors que partout en Europe les opérateurs
rétrécissent leur réseau domestique : avec seulement
35.000 kilomètres carrés de surface en Hollande,
l'opérateur postal a fermé ou " franchisé " certains
points de contact ; au Royaume-Uni, l'opérateur ne gère
directement plus que 600 établissements, tandis qu'en Espagne, le
réseau postal est passé de 1.600 à 1.400 points de contact
l'an dernier. En France, on recense 17.000 points de contact, dont 3.000
agences postales, ces dernières représentant 1,23 % seulement de
l'activité et 1,37 % des encours financiers, certaines ayant moins d'une
heure d'activité par jour. Il a estimé le surcoût
lié au maintien de ce réseau à 4 milliards de francs.
Le président de La Poste a estimé que, sans entendre
déserter le milieu rural, ce qui n'était nullement son objectif,
il souhaitait une " mutualisation " de ce coût entre les administrations,
La Poste, les collectivités locales, les entreprises publiques ou
privées, afin de " dépenser moins ". Il a précisé
que le contrat de plan s'engageait résolument dans une démarche
de concertation, avec la mise en place des " commissions départementales
de la présence postale territoriale ". Insistant sur l'importance qu'il
accordait à cette concertation, il a toutefois indiqué que, dans
le cas où elle n'aboutirait pas, La Poste étant souvent le seul
service public à être encore présent dans certaines zones,
au moyen d'établissements à faible activité, il ne voyait
pas d'autre possibilité que d'envisager des fermetures, dans la
perspective du choc concurrentiel à venir après 2003. Il a
jugé cette question désormais incontournable.
M. François Gerbaud a souhaité que le Président de La
Poste précise ce qu'il entendait par " un partenariat à niveau
local à moindre coût ". Il l'a interrogé sur l'accueil que
seraient susceptibles de réserver les syndicats au redéploiement
des emplois et à la réduction du nombre de contrats à
durée déterminée. Il a jugé qu'un retrait de la
présence postale en milieu rural ouvrirait la voie à une
implantation de ses concurrents européens. Il a souhaité que
l'Etat contribue davantage au financement des missions d'aménagement du
territoire de La Poste.
M. Pierre Hérisson a indiqué que de même que le groupe
d'études sénatorial sur l'avenir de La Poste et des
télécommunications et la commission supérieure du service
public de La Poste et des Télécommunications, il souhaitait que
l'opérateur soit doté d'un cadre juridique similaire à
celui de ses concurrents, lui permettant de disposer d'un capital. Il a
estimé que la stratégie de l'entreprise devait être
soutenue par une volonté politique au plus haut niveau de
responsabilité et demandé au président sa position sur la
question de l'existence d'un capital pour La Poste. Après avoir
jugé paradoxal le fait qu'EDF bénéficie des aides de
l'Etat pour le passage aux 35 heures -alors que La Poste en est privée-,
il a estimé que l'avenir de La Poste serait gravement compromis si elle
ne concluait pas d'alliances internationales. Evoquant, enfin, l'exemple de la
distribution postale à Londres, le samedi, par des commerces
privés, il a souhaité avoir l'opinion du président de La
Poste sur l'opportunité d'introduire des expériences similaires
en France.
M. Gérard Delfau a, tout d'abord, estimé que les questions
politiques ne relevaient pas de la décision du président de La
Poste. Il a, ensuite, souhaité qu'un débat ait lieu au Parlement
sur La Poste qui soit aussi large que celui tenu en 1990, faute de quoi nombre
de problèmes seraient tranchés non par les pouvoirs publics mais
par les circonstances. Il a interrogé le président de La Poste
sur la seconde étape de la libéralisation postale
européenne, prévue pour l'après 2003 par la directive de
1997. Il a estimé qu'en matière financière,
l'opérateur joue un rôle irremplaçable pour les populations
les plus défavorisées. Il a souhaité à ce sujet
obtenir le nombre exact de personnes auxquelles l'établissement fournit
un véritable " droit au compte bancaire ". Il a jugé qu'il
était indispensable que les nouvelles commissions départementales
de concertation fonctionnent effectivement. Il a estimé qu'en
matière de présence postale, les pouvoirs publics et les
collectivités locales devaient prendre leurs responsabilités,
notamment dans le cadre des contrats de plan Etat-région. Il a
interrogé le président de La Poste sur les coûts exacts
provoqués par le maintien du réseau rural et enfin demandé
au président de quelles dotations budgétaires La Poste disposait
pour ses investissements.
M. Claude Bourmaud, président de La Poste, a fermement affirmé
que la Poste ne souhaitait en aucun cas abandonner ses missions de service
public, dont il a jugé qu'elles étaient essentielles,
particulièrement dans les 500 établissements situés en
zones urbaines sensibles. Mais il a souligné que La Poste devait
également tenir à certains de ses clients, notamment les grands
comptes, un discours réellement commercial. Il a décrit la
situation de certaines agences postales en milieu rural, dont le coût
était disproportionné au regard de leur activité
réelle. Il a souhaité que d'autres administrations et des
entreprises publiques ou privées puissent être
fédérées, dans ces zones, au moyen, notamment, des maisons
de service public qui représentent à son sens une piste à
l'avenir prometteur.
Il a indiqué que la réduction du temps de travail permettrait
d'améliorer le dialogue social et l'offre de services.
Appelant de ses voeux la transposition rapide de la directive européenne
de 1997, il a jugé que l'accélération de la
libéralisation ne se ferait probablement pas avant 2003, même si
les négociations étaient déjà engagées
à la Commission européenne.
Il a précisé que le nombre de clients dits " sociaux " de La
Poste pouvait être estimé à 2,5 millions, M. Gérard
Delfau jugeant ce chiffre plus proche de 4 ou 5 millions.
Répondant à la question relative aux retraites des postiers, M.
Claude Bourmaud, président de La Poste, a rappelé que,
contrairement à France Télécom, l'opérateur ne
disposait pas d'une marge brute d'autofinancement lui permettant de verser une
contribution exceptionnelle à l'Etat afin que ce dernier aligne le taux
de contribution de l'opérateur sur celui de ses concurrents. Il a
estimé que des discussions devraient s'engager avant la fin du
présent contrat de plan pour qu'une solution soit à nouveau
trouvée pour la période suivante.
M. Martin Vial, directeur général de La Poste, a indiqué
que la réduction du temps de travail conduirait à augmenter de 30
% le nombre de recrutements annuels de La Poste, mais qu'elle
n'entraînerait pas une hausse du niveau de l'emploi à La Poste,
compte tenu des départs. Cette réforme permettrait de
transformer, a-t-il poursuivi, des contrats de travail à durée
déterminée en contrats de travail à durée
indéterminée. Il a, en outre, indiqué que La Poste, ne
prévoyant pas d'accroître ses effectifs de 6 %, condition
posée par la loi, n'aurait pu prétendre au bénéfice
des aides de l'Etat.
Répondant à une question de M. Jean-Pierre Plancade, M. Claude
Bourmaud, président de La Poste, a indiqué qu'un rapport de
l'inspection générale des finances avait chiffré à
4 milliards de francs le coût net de la présence postale
territoriale, dont 358 millions de francs pour les zones urbaines sensibles. Il
a souligné que l'abattement fiscal, théoriquement censé
compenser ce surcoût, était de facto réduit par la
réforme de la taxe professionnelle. Il a souhaité que les "
commissions départementales de la présence postale territoriale "
permettent d'établir la transparence des chiffres.
M. Pierre Hérisson a fait part au président de La Poste du
sentiment de nombre de maires, transmis à l'Association des maires de
France, d'un manque de concertation avant les fermetures de points de contact
postaux. M. Claude Bourmaud, président de La Poste, a répondu
que, si la concertation était un préalable indispensable à
la réorganisation de la présence postale, en revanche
l'organisation interne des services relevait de la seule compétence de
l'opérateur.