Projet de loi de finances pour 2000, adopté par l'Assemblée nationale. TOME IV - Enseignement scolaire
BERNADAUX (Jean)
AVIS 90-TOME IV (1999-2000) - commission des affaires culturelles
Tableau comparatif au format Acrobat ( 182 Ko )Table des matières
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I. UNE DÉRIVE BUDGÉTAIRE CONJUGUÉE
À DES DYSFONCTIONNEMENTS PERSISTANTS
- A. L'ANALYSE DES CRÉDITS : LE PASSAGE DU CAP DES 300 MILLIARDS DE FRANCS
- B. UNE ÉVOLUTION DIVERGENTE DES CRÉDITS BUDGÉTAIRES ET DES EFFECTIFS SCOLARISÉS : UNE RENTE DÉMOGRAPHIQUE NÉGLIGÉE
- C. DES MOYENS BUDGÉTAIRES EN PROGRESSION NE REMÉDIANT PAS AUX DYSFONCTIONNEMENTS DEVENUS STRUCTURELS DE L'ENSEIGNEMENT SCOLAIRE
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D. UN RECOURS ENCORE EXCESSIF AUX VARIABLES
D'AJUSTEMENT
- 1. Les maîtres auxiliaires, une résorption régulière des effectifs par la voie des concours
- 2. Un recours de plus en plus important aux contractuels
- 3. Le recours inévitable aux heures supplémentaires
-
4. Une nouvelle vague d'aides éducateurs
- a) Des vagues successives de recrutement
- b) L'affectation des aides éducateurs
- c) Un coût budgétaire important
- d) La participation des aides éducateurs aux activités hors temps scolaire
- e) Le droit à une formation professionnalisante
- f) Les modalités de sortie de la formule
- g) Les interrogations de la commission
-
II. DES RÉFORMES ANNONCÉES À LA
PORTÉE INCERTAINE
- A. LA RÉFORME DE L'ÉCOLE PRIMAIRE
- B. LE COLLÈGE POUR TOUS ?
- C. LA MISE EN oeUVRE DU " LYCÉE POUR LE XXIe SIÈCLE "
-
III. DES CHANTIERS QUI RESTENT EN SUSPENS
- A. LA NÉCESSAIRE REVALORISATION DE LA FONCTION DES CHEFS D'ÉTABLISSEMENT
- B. UNE NOUVELLE APPROCHE DE L'ÉVALUATION DES ENSEIGNANTS
- C. UNE NOUVELLE ORGANISATION DU TEMPS DE TRAVAIL ET DE MEILLEURES CONDITIONS MATÉRIELLES DE TRAVAIL DES ENSEIGNANTS
- EXAMEN EN COMMISSION
- CONCLUSION
N° 90
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1999-2000
Annexe au procès-verbal de la séance du 25 novembre 1999.
AVIS
PRÉSENTÉ
au nom de la commission des Affaires culturelles (1) sur le projet de loi de finances pour 2000 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE,
TOME IV
ENSEIGNEMENT SCOLAIRE
Par M. Jean BERNADAUX,
Sénateur.
(1) Cette commission est composée de : MM. Adrien Gouteyron, président ; Jean Bernadaux, James Bordas, Jean-Louis Carrère, Jean-Paul Hugot, Pierre Laffitte, Ivan Renar, vice-présidents ; Alain Dufaut, Ambroise Dupont, André Maman, Mme Danièle Pourtaud, secrétaires ; MM. François Abadie, Jean Arthuis, Jean Bernard, André Bohl, Louis de Broissia, Jean-Claude Carle, Michel Charzat, Gérard Collomb, Xavier Darcos, Fernand Demilly, André Diligent, Jacques Donnay, Michel Dreyfus-Schmidt, Jean-Léonce Dupont, Daniel Eckenspieller, Jean-Pierre Fourcade, Bernard Fournier, Jean-Noël Guérini, Marcel Henry, Roger Hesling, Pierre Jeambrun, Serge Lagauche, Robert Laufoaulu, Jacques Legendre, Serge Lepeltier, Louis Le Pensec, Mme Hélène Luc, MM. Pierre Martin , Jean-Luc Miraux, Philippe Nachbar, Jean-François Picheral, Guy Poirieux, Jack Ralite, Victor Reux, Philippe Richert, Michel Rufin, Claude Saunier, René-Pierre Signé, Jacques Valade, Albert Vecten, Marcel Vidal.
Voir
les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
1805
,
1861
à
1866
et T.A.
370
.
Sénat
:
88
et
89
(annexe n°
15
)
(1999-2000).
Lois de finances
.
introduction
Mesdames, Messieurs,
Avec 308,7 milliards de francs contre 297,7 milliards de francs en 1999, le
projet de budget de l'enseignement scolaire pour 2000, qui regroupe les
enseignements primaire et secondaire, enregistre une progression de 3,5 %
par rapport à 1998 alors que son augmentation avait été de
4,1 % au cours de l'exercice précédent.
Pour la première fois, ce budget passe donc le cap symbolique des 300
milliards de francs et illustre d'une manière singulière le
passage à l'an 2000 pour notre système éducatif.
Convient-il de s'en réjouir ?
Sans doute pas, car la dérive budgétaire dénoncée
par les récents travaux de la commission d'enquête du Sénat
sur la gestion des personnels de l'éducation
1(
*
)
se poursuit, même si une légère
décélération peut être observée dans la
progression des crédits par rapport à l'an dernier.
Par ailleurs, aucune amorce d'un rééquilibrage entre les moyens
budgétaires accordés à l'enseignement scolaire et ceux
attribués à l'université ne peut être
constatée alors que la chute des effectifs d'élèves
scolarisés dans le premier et le second degré, commandée
par l'évolution démographique, se poursuit de manière
inexorable et se transmet progressivement entre les degrés successifs
d'enseignements.
Certes les causes de cette dérive sont connues et ont été
analysées de manière approfondie par la commission
d'enquête : dans le projet de budget, les 4/5
e
de la
progression des crédits correspondent aux incidences de mesures
décidées les années antérieures.
Une faible part des crédits supplémentaires peut donc être
considérée comme destinée à financer les
réformes annoncées avec éclat par les ministres en charge
de l'enseignement scolaire, réformes dont le présent avis
s'efforcera d'apprécier la véritable portée.
Votre commission ne peut donc que s'inquiéter d'une dérive
budgétaire qui est appelée à se poursuivre.
Parodiant le mot célèbre de Villèle sous la Restauration,
qui déclarait devant la Chambre, alors que les dépenses publiques
atteignaient pour la première fois le seuil symbolique du premier
milliard : " Saluez ce milliard, messieurs, vous ne le verrez
plus ! ", votre commission, à l'aube de ce
XXIe siècle, vous invite à saluer ces 300 milliards,
car le Sénat, lui non plus, ne les reverra pas.
*
* *
Dans les
développements ci-après, votre commission rappellera d'abord que
la progression incontrôlée des crédits s'accompagne de
dysfonctionnements persistants dans l'enseignement scolaire.
Elle insistera ensuite sur la portée limitée des réformes
mises en oeuvre pour chacun des niveaux de cet enseignement.
Elle examinera enfin un certain nombre de chantiers de réforme qui sont
à la fois porteurs d'avenir, mais aussi d'incertitudes.
*
* *
I. UNE DÉRIVE BUDGÉTAIRE CONJUGUÉE À DES DYSFONCTIONNEMENTS PERSISTANTS
A. L'ANALYSE DES CRÉDITS : LE PASSAGE DU CAP DES 300 MILLIARDS DE FRANCS
Le
projet de loi de finances pour 2000, pour la section scolaire,
s'élève à 308,49 milliards de francs. Il progresse de
3,56 % par rapport aux crédits inscrits dans la loi de finances
pour 1999 qui s'élevaient à 298,09 milliards de francs.
Sa progression en valeur absolue est de 10,321 milliards de francs. Sur ce
total 8,56 milliards de francs correspondent aux incidences de mesures
décidées les années antérieures, et aux ajustements
de crédits notamment pour la mise en oeuvre de l'accord salarial et le
paiement des pensions civiles, soit respectivement 2,394 milliards de
francs et 4,254 milliards de francs.
Si ce projet de budget peut être présenté comme la
traduction budgétaire des réformes mises en place dans le second
degré, force est de constater que certaines mesures annoncées
comme symboliques, telles que la mise en place de l'aide personnalisée
au collège, l'aide individualisée au lycée, le recrutement
de 1 500 assistants étrangers et la création d'un atelier
artistique par établissement, ne représentent que moins de 350
millions de francs.
1. L'enseignement scolaire, premier budget de l'Etat
Le
budget de l'enseignement scolaire représente plus du cinquième du
total des crédits civils de l'Etat et arrive désormais loin
devant le budget de la défense. Il n'est devancé que par le
budget des charges communes.
Comme l'a souligné la commission d'enquête, il n'est pas inutile
de rappeler que l'éducation nationale coûte chaque jour aux
contribuables presqu'un milliard de francs, que le budget de l'enseignement
scolaire est du même ordre de grandeur que le produit de l'impôt
sur le revenu, que ce budget a progressé de 123 milliards de francs, en
francs courants depuis 1989 et que sa part dans le budget de l'Etat n'a
cessé de croître, passant de 15,8 % en 1989 à
18,4 % en 1999.
ÉVOLUTION DU BUDGET DE L'ÉDUCATION NATIONALE
DEPUIS
1989
(en milliards de francs)
|
1989 |
1990 |
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
PLF
|
Budget de l'enseignement scolaire
|
184
|
200
|
218
|
227
|
242
|
251,3
|
262,2
|
273,1
|
277,2
|
285,9
|
298,2
|
308,5
|
Budget de l'éducation nationale
|
209,2
|
227,4
|
248,3
|
262,5
|
281,7
|
291,5
|
304,4
|
317,4
|
324,2
|
334,4
|
348,8
|
360,9
|
Budget
de l'Etat
|
1.164
|
1.234
|
1.294
|
1.337
|
1.402
|
1.455,53,82 |
1.486,1
|
1.551
|
1.563,3
|
1.589,7
|
1.620,5
|
1.682,5
|
Part du budget de l'enseignement scolaire dans le budget de l'Etat en % |
|
|
|
|
|
|
|
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|
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|
|
Cette
évolution s'inscrit par ailleurs dans un mouvement plus
général : la dépense intérieure
d'éducation qui englobe toutes les dépenses effectuées par
l'ensemble des agents économiques, administrations centrales ou locales,
entreprises et ménages pour les activités d'éducation,
enregistre une progression bien supérieure à celle de la richesse
nationale.
La DIE atteignait en effet en 1997 près de 592 milliards de francs, soit
7,3 % du PIB, cet effort financier représentant en moyenne
9 900 francs par habitant, le " coût " de chaque
élève ou étudiant étant évalué
à 34 900 francs.
Depuis 1974, la DIE a augmenté de 87 % en francs constants alors
que pour la même période, le PIB n'a augmenté que de
61,2 %.
Il convient également de rappeler qu'une scolarité engagée
à l'âge de trois ans et menant au baccalauréat
général ou technologique sans redoublement est aujourd'hui
évaluée à environ 500 000 francs alors que ce
même cursus était estimé à 363 000 francs
en 1986.
2. Les causes de cette dérive continue : la viscosité du budget de l'éducation nationale
a) Le poids des dépenses de personnels
Cette
viscosité tient d'abord à la lourdeur des dépenses de
personnels : 96 % des crédits alloués à
l'enseignement scolaire sont en effet destinés à
rémunérer les diverses catégories de personnels. Le budget
de l'enseignement scolaire est ainsi avant tout un budget de
rémunérations.
En conséquence, les dépenses d'intervention sont réduites
à la portion congrue, comme d'ailleurs les dépenses en
capital : il faut rappeler que ces dernières ont
représenté moins de 750 millions de francs en 1999 soit
0,25 % du total du budget de l'enseignement scolaire.
Cette tendance tend d'ailleurs à se conforter puisque la part des
rémunérations n'était que de 91,3 % en 1985 avant la
mise en oeuvre des mesures de décentralisation.
b) Le poids des services votés
Alors que par tradition, les services votés représentent la plus grande part des crédits d'un département ministériel, souvent supérieur à 90 %, ce pourcentage est encore plus important dans l'enseignement scolaire en raison du poids des dépenses de rémunération des personnels : dans la loi de finances pour 1999, les services votés s'élevaient ainsi à 292,2 milliards de francs, soit plus de 98 % de l'ensemble des crédits.
c) Des dépenses nouvelles résiduelles
Compte
tenu de l'importance des services votés, le pouvoir budgétaire du
Parlement est ainsi particulièrement réduit et sa marge de
manoeuvre n'a porté, par exemple, dans la loi de finances initiale pour
1999 que sur 5,54 milliards de francs, soit seulement 1,86 % de l'ensemble
des crédits.
S'agissant de la progression des crédits de l'enseignement scolaire
entre 1998 et 1999, il faut noter que les mesures nouvelles ne constituaient
qu'à peine la moitié des 11,8 milliards de francs d'augmentation,
l'autre moitié résultant de la progression automatique des
crédits de rémunération.
3. L'effet d'entraînement des plans de revalorisation et d'intégration
a) Les incidences budgétaires des mesures catégorielles
Les
mesures catégorielles et indiciaires prises dans l'éducation
nationale sont particulièrement lourdes en termes
budgétaires ; l'augmentation de 1 % du point " fonction
publique " correspond à une progression automatique de
2,75 milliards de francs.
Depuis 1990, les personnels de l'éducation nationale ont
bénéficié de plus de 30 milliards de francs en
mesures catégorielles, soit 11 % de la masse salariale, ce qui
constitue une part essentielle de l'augmentation du budget de l'enseignement
scolaire observée chaque année et la principale source de sa
rigidité.
b) Le coût de l'intégration des instituteurs dans le corps des professeurs des écoles
Le
décret du 1
er
août 1990 a créé le corps
des professeurs des écoles.
De 1990 à 1994, l'intégration des instituteurs, qui sont des
fonctionnaires de catégorie B, dans le corps des professeurs des
écoles qui sont classés eux, dans la catégorie A de la
fonction publique, a été réalisée en application du
plan Jospin pour 7 000 transformations annuelles, et en vertu du protocole
Durafour pour 5 000 transformations annuelles, soit un total de
12 000 transformations par an.
Si l'on ajoute la création d'une hors classe en 1994, dotée de
l'échelonnement indiciaire des certifiés, le coût de cette
mesure d'intégration s'est élevé à plus de
6 milliards de francs.
Au total, plus de 121 000 enseignants du premier degré ont
bénéficié entre 1990 et 1998 de mesures
catégorielles, statutaires et indiciaires.
Cette évolution se traduira par une augmentation du
" coût " d'un instituteur de près de 50 % entre
1988 et 2007.
En 1998, le gouvernement a décidé d'accélérer
l'unification des corps enseignants du premier degré et d'en rapprocher
le terme à 2007 en augmentant le rythme d'intégration, sur la
base de contingents annuels de 20 735 transformations d'emplois, le nombre
d'emplois à pourvoir par la voie du premier concours interne
étant maintenu à son niveau de 1998.
Le décret du 28 avril 1999 prévoit donc que, jusqu'à
l'extinction du corps des instituteurs, le nombre des emplois qui peuvent
être pourvus chaque année par les deux voies de promotion est
fixé par arrêté conjoint des ministres chargés de
l'éducation nationale, de la fonction publique et du budget, la
proportion des emplois ouverts au titre du premier concours interne ne pouvant
excéder 15 % du total des emplois à pourvoir par ces deux
voies : dans ce cadre, ont été ouverts en 1999, 17 625
emplois au titre de la liste d'aptitude et 3 110 emplois au titre du
concours.
Au 31 décembre 1999, près de 140 000 emplois d'instituteurs
auront été transformés en emplois de professeurs des
écoles, en application de ce dispositif, et plus de 150 000 instituteurs
auront été intégrés dans le corps des professeurs
des écoles.
Pour 2000, est inscrite la transformation de 20 735 emplois d'instituteurs
en emplois de professeurs des écoles, pour un coût
budgétaire de 715 millions de francs. La poursuite du même rythme
d'intégration des instituteurs dans le corps des professeurs des
écoles permettra l'achèvement du plan d'intégration en
2007. Il convient de rappeler que le budget pour 1999 avait ouvert 153 126
emplois de professeurs des écoles et 166 572 emplois d'instituteur.
Le coût budgétaire de l'intégration des quelque
320 000 instituteurs s'élèvera approximativement à
11 milliards sur la période 1990/2007 compte tenu de la valeur du
point fonction publique applicable en projet de loi de finances pour 2000.
Toutefois, l'intégration dans le corps des professeurs des écoles
entraînant la perte du droit au logement et sur la base d'une proportion
de 85 % d'instituteurs intégrés qui étaient
logés ou percevaient l'indemnité représentative de
logement, il convient de déduire de ce montant l'économie
liée à la diminution progressive de la dotation spéciale
instituteurs imputée au budget du ministère de
l'intérieur ; cette économie peut être
évaluée à 3,8 milliards de francs sur la même
période.
Si cette harmonisation statutaire des personnels enseignants du premier
degré est sans doute souhaitable pour des raisons sociales, votre
commission ne peut qu'en souligner le coût budgétaire.
B. UNE ÉVOLUTION DIVERGENTE DES CRÉDITS BUDGÉTAIRES ET DES EFFECTIFS SCOLARISÉS : UNE RENTE DÉMOGRAPHIQUE NÉGLIGÉE
Si l'on
rapporte la courbe de la dérive budgétaire de l'enseignement
scolaire à celle des effectifs des élèves, on constate
depuis plusieurs années une évolution divergente.
Sur la suggestion de M. Jean-Claude Carle, rapporteur adjoint de la commission
d'enquête, celle-ci a établi un graphique faisant apparaître
de manière particulièrement explicite l'évolution
contraire de ces deux éléments.
La " courbe de Carle " montre en effet que ces deux courbes se
croisent au cours de l'année 1995 et s'écartent de plus en plus
depuis 1997.
Elle fait apparaître clairement que l'effort budgétaire a
été poursuivi de manière considérable alors
même que les effectifs scolarisés diminuaient
régulièrement. Si cette évolution peut
révéler une volonté d'améliorer le taux
d'encadrement des élèves, on peut s'interroger sur sa
compatibilité avec les règles d'une bonne gestion des deniers
publics.
" LA COURBE DE CARLE "
ÉVOLUTION COMPARÉE DES EFFECTIFS D'ÉLÈVES (PUBLIC -
MÉTROPOLE + DOM)
ET DU BUDGET DE L'ENSEIGNEMENT SCOLAIRE DE 1992
À 1999
Force est de constater que le projet de loi de finances pour 2000 s'inscrit dans cette tendance lourde et prévoit encore la création de plusieurs milliers d'emplois alors que les effectifs d'élèves de l'enseignement scolaire poursuivent leur décrue.
1. Une nouvelle augmentation des emplois
a) Une forte progression du nombre des emplois budgétaires depuis dix ans
Le
rapport de la commission d'enquête du Sénat rappelait que du fait
des recrutements intervenus au cours des dix dernières années,
43 500 emplois supplémentaires avaient été
constatés dans l'éducation nationale, dont 66 % concernant
le seul enseignement secondaire.
L'enseignement scolaire employait ainsi en 1998 environ un million de
fonctionnaires, enseignants (83 %) et non enseignants, qui
représentent plus de la moitié des emplois civils et 45 % de
l'ensemble des emplois budgétaires de l'Etat.
Si depuis dix ans, le nombre des enseignants est resté quasiment stable
dans le premier degré (environ 310 000), celui des professeurs du
second degré a cru de près de 13 % et se situe aux alentours
de 360 000.
b) Un mouvement conforté dans le projet de loi de finances pour 2000
Le
projet de budget prévoit la création à la rentrée
scolaire 2 000 de 4 300 emplois :
• 3 300 emplois d'enseignants (1 810 certifiés,
1 100 professeurs de lycée professionnel du 2
e
grade,
115 professeurs d'éducation physique et sportive, 215 conseillers
principaux d'éducation et 60 conseillers d'orientation psychologue). Ces
emplois permettront d'ouvrir des concours réservés dans le cadre
de la mise en oeuvre du plan de résorption de l'emploi
précaire ;
- 810 emplois d'ATOS (210 personnels administratifs et 600 personnels
techniques dont 325 ouvriers d'entretien et d'accueil). Ces moyens nouveaux,
qui sont sans doute justifiés, devraient contribuer à
améliorer l'encadrement administratif dans les établissements
scolaires, à assurer un meilleur entretien des locaux et le
développement des compétences dans le domaine de l'assistance
informatique, bureautique et multimédias ;
- 150 emplois de personnels médico-sociaux (10 médecins,
110 infirmières et 30 assistants de service social) qui permettront
de développer le suivi sanitaire et social en particulier des
élèves les plus en difficulté ;
- 40 emplois d'inspecteurs d'académie - inspecteurs pédagogiques
régionaux.
Ces créations d'emplois dont le coût s'élève
à 267,24 millions de francs s'accompagnent d'une économie de
244,14 millions de francs sur les crédits de rémunération
des maîtres auxiliaires, de la suppression de 4 270 emplois de
MI-SE et de 30 emplois d'ATOS de l'administration centrale.
Le projet de loi de finances pour 2000 prévoit également :
• la création de 70 contrats de maîtres des
établissements d'enseignement privés sous contrat pour un
coût de 6,54 millions de francs : 55 seront affectés à
l'enseignement des langues régionales et 15 à l'enseignement
spécialisé.
• la prise en charge de la rémunération de 185
instituteurs supplémentaires à Mayotte (16,49 millions de francs)
afin de faire face à l'accroissement de la population scolaire de cette
collectivité territoriale.
A ces mesures s'ajoute l'inscription des crédits nécessaires au
recrutement de 1 000 MI-SE (39,64 millions de francs) et 5 000
nouveaux aides éducateurs (43,45 millions de francs) pour
améliorer l'encadrement des élèves notamment à la
suite des propositions du conseil de sécurité intérieure.
- S'agissant de
l'enseignement du premier degré
, le projet de
budget pour 2000 ne prévoit aucune suppression d'emploi d'enseignant
dans un contexte de baisse continue des effectifs d'élèves (-
25 400). Il ne prévoit qu'une réduction technique de 31
emplois résultant de mesures de transformations et de transferts
d'emplois entre sections budgétaires.
PERSONNEL ENSEIGNANT DU CHAPITRE 31-92
|
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
Personnels d'enseignement |
311 106 |
310 951 |
310 253 |
310 258 |
310 250 |
310 219 |
Personnels en stage |
13 490 |
13 490 |
11 290 |
11 290 |
10 800 |
10 800 |
TOTAL |
324 596 |
324 441 |
321 543 |
321 548 |
321 050 |
321 019 |
- S'agissant de l' enseignement du second degré , comme il a été vu, le projet de budget pour 2000 propose la création de 3 300 emplois de personnel enseignant et d'éducation dont 3 025 enseignants, 215 CPE et 60 conseillers d'orientation psychologues ; 4 270 emplois de MI-SE correspondant à des personnels chargés de fonction à temps partiel sont supprimés et les crédits de rémunération les concernant transférés sur le chapitre 31-97. Les autres emplois de MI-SE (29 717) sont inscrits au chapitre 31-97.
PERSONNEL ENSEIGNANT ET D'ENCADREMENT DU CHAPITRE 31-93
|
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
Personnels d'enseignement et d'encadrement |
401 082 |
401 875 |
401 752 |
401 857 |
405 156 |
408 839 |
Personnel d'information et d'orientation |
4 247 |
4 247 |
4 248 |
4 249 |
4 250 |
4 310 |
MI/SE |
37 148 |
37 137 |
37 287 |
37 287 |
33 987 |
0 |
Personnels en stage |
14 950 |
14 950 |
13 975 |
13 975 |
13 925 |
13 525 |
TOTAL |
457 427 |
458 209 |
457 262 |
457 378 |
457 368 |
426 674 |
Il
convient de rappeler que la loi de finances pour 1999 avait créé
3 050 emplois d'enseignant du second degré, 250 emplois de CPE, et
que les rémunérations de 3 300 emplois de MI-SE chargés de
remplacement avaient été transférées sur ce
chapitre 31-97 qui regroupe l'ensemble des crédits de remplacement des
personnels du second degré.
S'agissant des effectifs non-enseignants
, l'évolution des emplois
budgétaires de
l'administration centrale
fait en revanche
apparaître une réduction continue des effectifs résultant
des efforts de déconcentration d'un certain nombre d'opérations
de gestion et de l'application des mesures de réforme de l'Etat.
Pour l'année 2000, la suppression de 30 emplois supplémentaires
est inscrite au projet de loi de finances. L'objectif de réduction de
ces effectifs sera poursuivi dans le cadre d'une réflexion globale sur
la déconcentration de la gestion.
Pour les
services déconcentrés
, et sur la période
couvrant 1995 à 1999, 1 842 emplois ont été
créés, dont 1 227 emplois de personnel des services sociaux
et de santé.
Le projet de loi de finances pour 2000 prévoit la création de
960 emplois afin d'améliorer les conditions d'accueil des
élèves, dont 810 emplois d'ATOS qui seront utilisés
d'une part, dans le cadre de la relance de la politique des ZEP, et d'autre
part, pour abonder les dotations des académies métropolitaines
déficitaires en emplois au regard de leurs charges, notamment au titre
du plan de rattrapage en faveur des départements d'Outre-mer.
Votre commission tient à souligner cet effort qui devrait permettre de
remédier en partie au manque criant d'ATOS dans nombre
d'établissements, ces personnels jouant un rôle important dans
l'encadrement des élèves.
L'ÉVOLUTION DES EFFECTIFS BUDGÉTAIRES DES
PERSONNELS ATOS
ÉVOLUTION DES PERSONNELS NON ENSEIGNANTS CHAPITRES
31-90 ET 36-60 DEPUIS 1995
|
1995(1) |
1996 |
1997(2) |
1998 |
1999 |
2000 |
ADMINISTRATION
|
|
|
|
|
|
|
2. Une rente démographique négligée
a) Une décroissance des effectifs ignorée par les budgets antérieurs
La
commission d'enquête du Sénat a souligné l'importance de la
décroissance démographique constatée depuis plusieurs
années dans l'enseignement scolaire et qui s'est traduite par une baisse
de 317 000 élèves depuis dix ans.
S'agissant des collèges, le nombre des élèves
scolarisés connaissent une baisse sensible depuis 1995 et cette tendance
devait se poursuivre, avec une atténuation lors des rentrées 1998
(- 15 700) et 1999 (- 1 400).
Pour les lycées professionnels, une baisse des effectifs de 15 400
élèves était attendue en 1999.
Concernant enfin les élèves du second cycle général
et technologique, une nouvelle réduction de leur nombre devait
intervenir aux rentrées 1998 (- 10 000) et 1999 (- 18 000).
b) Les projections pour les dix ans à venir
Compte
tenu des éléments migratoires, de la stabilité attendue de
la fécondité et de l'évolution de la scolarisation
précoce, le
premier degré
devrait accueillir 220 000
élèves de moins dans les dix années à venir, cette
baisse devant être particulièrement sensible jusqu'en 2003.
Pour le
second degré
, 393 000 élèves de moins
sont attendus jusqu'en 2007.
Le collège devrait ainsi perdre 171 000 élèves entre
2002 et 2007 tandis que le nombre des lycéens devrait chuter de
84 000 entre 1997 et 2002 et de 29 000 entre 2002 et 2007.
Quant au second cycle professionnel, celui-ci devrait perdre 32 000
élèves, entre 1997 et 2002 et 12 000 pour les cinq
années suivantes.
3. Une logique d'abord quantitative et un contrôle insuffisant des emplois
a) Une faible incidence sur les taux moyens d'encadrement
La
progression inexorable des crédits budgétaires affectés
à l'enseignement scolaire, conjuguée à une baisse continue
des effectifs scolarisés, aurait normalement dû se traduire par un
renforcement significatif des taux d'encadrement.
Ce renforcement apparaît en fait symbolique : dans le premier
degré, le nombre d'élèves par enseignant est passé
de 24 en 1992 à 23,3 en 1998 et devrait atteindre 22 en ZEP aujourd'hui.
S'agissant du second degré, le taux moyen d'encadrement ne s'est que
lentement amélioré entre 1992 et 1999 : pour le
collège, il est passé de 15,9 à 15,6 et pour le
lycée de 14,2 à 13,2, l'encadrement des lycées
professionnels restant inchangé entre ces deux dates.
b) La nécessité d'une logique qualitative
Alors
que l'augmentation continue des effectifs scolarisés, depuis les
années d'après-guerre, appelait jusqu'à une époque
récente, une politique de l'emploi volontariste, l'évolution
démographique nouvelle impose un changement d'attitude du gouvernement.
Celui-ci ne tire aucune leçon sur le plan budgétaire de la rente
démographique en maintenant inchangé, et même en le faisant
encore progresser, le nombre d'enseignants.
Cette logique quantitative alimente la surenchère budgétaire et
représente une facilité qui dispense de mettre en oeuvre des
réformes de gestion d'ordre qualitatif.
Sans prôner évidemment une logique purement comptable qui
consisterait à appliquer une règle mathématique de
réduction des effectifs des enseignants proportionnelle à celle
des effectifs d'élèves, votre commission estime qu'il est temps
de mettre un terme à cette dérive budgétaire permanente
qui, en fait, tient lieu de politique d'éducation.
c) Un contrôle insuffisant des emplois
La
commission d'enquête du Sénat avait considéré que
l'autorisation budgétaire était d'autant plus vidée de son
sens que le contrôle qui s'exerce sur l'exécution du budget de
l'enseignement scolaire était insuffisant.
Elle constatait en effet que le contrôle financier central ne pouvait
à lui seul s'assurer de la bonne utilisation des dépenses
d'éducation en raison de l'extrême déconcentration du
système éducatif : le ministère ne tient pas en effet
de comptabilité contradictoire des personnels qu'il emploie et ne
connaît pas le nombre précis de ses effectifs.
Par ailleurs, le contrôle exercé au niveau local reste encore
quasi inexistant : la comptabilisation des effectifs, première
phase de l'effort entrepris, commence seulement d'être mise en oeuvre,
alors que le contrôle juridique des emplois n'en est qu'à
l'état d'ébauche et ne devrait pas être opérationnel
avant plusieurs années en raison notamment d'une incompatibilité
entre le système informatique des rectorats et celui des
trésoreries générales.
Votre commission souhaiterait obtenir du ministre des indications sur
l'état d'avancement de la réforme engagée du
contrôle des emplois que la commission d'enquête avait jugée
" embryonnaire ".
C. DES MOYENS BUDGÉTAIRES EN PROGRESSION NE REMÉDIANT PAS AUX DYSFONCTIONNEMENTS DEVENUS STRUCTURELS DE L'ENSEIGNEMENT SCOLAIRE
Alors
que chaque rentrée donnait traditionnellement lieu dans le passé
à d'importantes manifestations sociales, les salariés sont
désormais supplantés par les lycéens : les mouvements
des lycéens ont aujourd'hui remplacé les défilés
revendicatifs de jadis sur le pavé de nos villes, dans les semaines
suivant chaque rentrée scolaire.
Ces mouvements sont pour l'essentiel suscités par l'absence
d'enseignants dans certaines disciplines -toujours les mêmes- ce
phénomène perdurant plusieurs semaines après la
rentrée scolaire, notamment dans les établissements
professionnels.
Les causes de ces dysfonctionnements sont bien connues et ont été
analysées en détail par la commission d'enquête :
mauvaise programmation des concours de recrutement, excessive
spécialisation disciplinaire, changements intervenant dans les
programmes, systèmes de remplacement imparfaits, centralisation
excessive de la gestion des personnels... l'ensemble aboutissant à ce
double phénomène paradoxal justement stigmatisé par le
ministre : " des enseignants sans classe et des classes sans
enseignant ".
Force est de reconnaître que deux mesures présentées comme
majeures par le gouvernement, la déconcentration du mouvement des
enseignants et l'aménagement du système de remplacement ne
semblent pas avoir complètement répondu aux attentes de leur
instigateur, ni sensiblement réduit les dysfonctionnements
constatés lors de chaque rentrée.
1. Le premier bilan de la déconcentration du mouvement des enseignants du second degré
a) Les objectifs de la réforme
Les
mesures prises au cours de l'année 1999 s'insèrent dans un
processus de déconcentration des responsabilités au sein du
système éducatif.
Leur principal objectif est d'apporter une amélioration qualitative de
la gestion des personnels et notamment une connaissance plus rapide des
affectations des enseignants. Ces nouvelles modalités participent du
souci de gérer le système éducatif au plus près des
intérêts des élèves et des attentes des enseignants.
Elles sont susceptibles d'offrir aux recteurs d'académie plus de
souplesse dans la gestion des besoins des établissements scolaires et
devraient faciliter une meilleure adéquation entre le profil des postes
et la compétence des agents pour les pourvoir.
b) Le calendrier de la réforme
Au 18
juin 1999, près de 60 % des demandes du mouvement
intra-académique étaient traitées par les
académies ; le 23 juin, 90 % des opérations du
mouvement intra étaient réalisées ; le
1
er
juillet celles-ci étaient terminées.
Il convient de rappeler que le dispositif antérieur conduisait à
terminer les opérations du mouvement à peu près à
cette même date, mais chaque recteur devait ensuite organiser localement
un processus de mouvement interne à son académie pour affecter
les enseignants titulaires académiques, auxquels s'ajoutaient les
nouveaux " TA " nommés au mouvement national (ils
étaient 14 650 lors du mouvement de 1998). Dans ce cadre, il
examinait également les demandes de " délégations
rectorales " des enseignants titulaires d'une affectation à titre
définitif qui sollicitaient une affectation provisoire plus proche de
leurs souhaits au sein de l'académie.
c) Les postes à pourvoir en établissement
Les nouvelles procédures ont permis d'augmenter de près de 50 % le nombre des postes à pourvoir à titre définitif en établissements en 1999 (+11 984). Cette procédure aurait permis de réduire le nombre des moyens provisoires en heures, en engageant un dialogue avec les établissements qui a pu se dérouler jusqu'en avril-mai, alors que l'ancienne organisation concentrée imposait aux recteurs de faire remonter les postes offerts au mouvement à l'administration centrale pour le 1 er mars. En conséquence, tous les postes vacants qui n'étaient pas déclarés à cette date précoce étaient automatiquement traités comme provisoires.
d) La mobilité des enseignants
Les
enseignants titulaires ont été aussi nombreux à changer
d'académie en 1999 qu'en 1998 (13 932 en 1998, 14 027 en
1999). L'essentiel des mutations se faisant sur des voeux " larges "
depuis de nombreuses années, il était prévisible que la
déconcentration du mouvement n'ait pas eu d'incidences sur la
satisfaction des voeux académiques émis en 1999.
Le taux de satisfaction des enseignants titulaires mutés
conformément à leurs voeux en établissement ou en zone de
remplacement s'établit en 1999 à 35,7 %. Il est en faible
progression par rapport au taux calculé pour le mouvement 1998
(34,10 %), ce qui peut s'expliquer par le nombre élevé de
création de postes en établissements et la
" réallocation " de l'ensemble des postes de remplacement.
e) L'aide apportée aux enseignants
La mise en place de dispositifs spécifiques d'information et d'accueil a permis d'apporter une aide et un conseil aux enseignants dans leur projet de mutation dans le cadre de ces nouvelles règles d'organisation. La mise en place d'un outil accessible sur Internet : (le système d'information et d'aide pour les mutations leur a permis de consulter un guide du mouvement présentant la note de service, la consultation des dossiers, l'estimation des chances de mutation, la saisie des voeux et l'affichage des résultats.
f) Les incidences de la réforme sur la mobilité des personnels
On a pu
observer que le nombre de demandes de mutation présentées par les
enseignants demeurait stable (83 459 demandes en 1998, 88 155 en
1999). La déconcentration du mouvement n'aurait donc pas modifié
sensiblement le comportement des enseignants.
Les demandes de mutation sont toujours majoritairement dirigées vers les
académies méridionales. Si les flux migratoires entre les
académies sont restés stables entre 1998 et 1999, l'analyse
montre que le mouvement traditionnel des titulaires du nord vers le sud se
poursuit. De même, les académies qui accueillent le plus
d'enseignants en début de carrière sont celles où les plus
forts départs de titulaires sont enregistrés. En 1999 comme en
1998, les académies d'Amiens, Créteil, Lille, Nancy-Metz,
Orléans-Tours, Reims, Rouen et Versailles continuent d'accueillir
près des deux tiers des stagiaires.
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
97 303 |
99 938 |
109 728 |
123 223 |
La participation obligatoire du mouvement de tous les titulaires académiques en 1999 ne permet cependant pas une comparaison parfaitement rigoureuse des deux chiffres. Sans les demandes de mutation présentées par ces personnels, la comparaison 1998-1999 est la suivante :
1998 |
1999 |
83 459 |
88 155 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
42 850 |
43 021 |
50 049 |
87 577 |
1998 |
1999 |
34,10 % |
35,7 % |
g) Un bilan qui reste mitigé
Votre
commission fait observer que si la réforme a permis d'implanter
davantage de postes dans la plupart des académies, ce résultat a
eu pour conséquence de réduire aussi le nombre de supports que
les recteurs conservaient pour les remplacements.
Dans certaines académies, comme celle de Lille, il n'y a plus que
2 200 titulaires sur zones de remplacement, contre 2 600 en 1998.
Des solutions ont été trouvées, par exemple, dans
l'académie de Lyon, interdisant de nommer un remplaçant dans un
établissement éloigné de plus de 50 km de son
collège ou lycée de rattachement.
En revanche, dans l'académie de Créteil, certains titulaires sur
zone de remplacement affectés en Seine-et-Marne ou en Val-de-Marne se
sont retrouvés finalement en Seine-Saint-Denis.
Cette dernière académie a par ailleurs enregistré le
départ de nombreux enseignants à haut barème, la
nomination de débutants sur des postes difficiles et une
" évaporation " de professeurs non satisfaits qui auraient
engagé une soixantaine de recours.
En outre, les postes à exigences particulières (ZEP, zones
rurales profondes, classes avec élèves handicapés...)
n'ont pu bénéficier des mesures d'incitations prévues,
notamment en matière de primes et de logement ; en raison d'un
manque de candidats, les recteurs ont été contraints d'y nommer
des débutants.
Enfin, on peut observer que le mouvement déconcentré a
été mis en oeuvre sans être accompagné d'un
transfert suffisant de personnels dans les rectorats.
Votre commission tient à souligner ces quelques dysfonctionnements qui
nuancent le bilan, présenté comme positif, de la
déconcentration du mouvement.
2. Une réforme attendue du système de remplacement
a) Les principes de la réforme
La mise
en place en 1999 du nouveau mouvement national à gestion
déconcentrée s'est accompagnée d'une réorganisation
du système de remplacement dans le second degré.
Un décret, en cours de signature, abrogeant le décret du
30 septembre 1985 sur l'exercice des fonctions de remplacement, devrait
préciser les caractéristiques principales du nouveau dispositif
dans lequel n'apparaît plus la distinction entre titulaire
académique et titulaire remplaçant qui prévalait
jusqu'à présent.
Désormais, tous les remplaçants sont affectés dans des
zones où ils répondent à l'ensemble des besoins de
remplacement. Ces zones sont déterminées par le recteur
d'académie après avis du comité technique paritaire
académique ; elles ont été définies en tenant
compte des spécificités des disciplines, des zones
intra-départementales, du réseau d'établissements, des
difficultés liées à la géographie et des
infrastructures routières ou ferroviaires existantes afin que les
remplaçants puissent se déplacer au sein de la zone dans un
délai raisonnable.
Afin d'introduire plus de souplesse dans le dispositif, le
" chevauchement " de certaines zones peut-être envisagé
pour faciliter les remplacements dans les établissements situés
à la périphérie de ces zones.
En cours d'année scolaire, les intéressés peuvent
être conduits à intervenir au sein d'une zone de remplacement
limitrophe à leur zone d'affectation. Toutefois, ces interventions
doivent s'exercer dans un rayon géographique compatible avec
l'établissement de rattachement et tenir compte, dans toute la mesure du
possible, des contraintes personnelles des intéressés.
Par ailleurs, pour la réalisation de la phase inter-académique du
mouvement, une méthode commune à toutes les académies a
permis aux recteurs d'analyser de manière prévisionnelle les
besoins d'enseignement et de les comparer au potentiel enseignant, afin de
déterminer au plan national, les capacités d'accueil par
discipline de chaque académie. Cette démarche a permis de prendre
en compte les évolutions pédagogiques prévisibles et de
calculer les besoins de remplacement, en appréhendant notamment
l'absentéisme.
Les moyens en personnels permettant aux académies de répondre aux
besoins de formation ont pu être aussi définis en prenant en
compte, non seulement les besoins permanents, mais aussi les besoins de
remplacement.
b) L'évolution du taux d'absence des enseignants dans le second degré
Le
pourcentage d'heures non assurées pour non remplacement des enseignants
des établissements du second degré est resté stable entre
1994 et 1997, variant autour de 4,5 %. Une baisse a été
observée en 1997-1998, puisque ce taux était de 3,9 %...
Cette baisse est observée dans la plupart des
établissements ; elle est due à la réduction des
heures non assurées pour non remplacement des enseignants absents pour
formation continue et pour raisons individuelles.
Le nombre moyen d'heures non assurées, pour non remplacement des
enseignants du second degré absents pour fonctionnement du
système, pour formation ou pour raisons individuelles est resté
stable entre 1994 et 1997.
Le total du nombre d'heures non assurées pour fermeture totale des
établissements du second degré est passé de 2,1 % en
1994-1995 à 2,6 % en 1995-1996 et à 2,9 % en 1996-1997.
Une baisse a été observée en 1997-1998, le taux
observé étant de 2,5 %.
La perte d'heures due à la fermeture de l'établissement est plus
importante dans les lycées d'enseignement général et
technologique (variant autour de 5 %) que dans les lycées
professionnels (variant autour de 3,5 %). Le taux varie autour de
1,5 % dans les collèges.
Le total du nombre d'heures non assurées pour non remplacement des
enseignants est plus élevé dans les lycées professionnels
que dans les lycées et les collèges en raison de la
difficulté de remplacer les enseignants de certaines disciplines
très spécialisées.
La raison principale des pertes d'heures dans les lycées d'enseignement
général et technologique et les collèges reste le non
remplacement des enseignants absents pour raisons individuelles.
DANS L'ENSEMBLE DES ÉTABLISSEMENTS DU SECOND DEGRÉ
|
1994-1995 |
1995-1996 |
1996-1997 |
1997-1998 |
Sur 100 heures annoncées |
|
|
|
|
Nombre d'heures non assurées : |
|
|
|
|
Pour fermeture totale de l'établissement |
2,1 |
2,6 |
2,9 |
2,5 |
Pour non remplacement des enseignants absents pour fonctionnement du système |
1,0 |
1,0 |
0,9 |
0,9 |
Pour non remplacement des enseignants absents pour formation |
1,3 |
1,3 |
1,2 |
1,0 |
Pour non remplacement des enseignants absents pour raisons individuelles |
2,1 |
2,2 |
2,4 |
2,0 |
Total du nombre d'heures non assurées pour non remplacement des enseignants |
4,4 |
4,5 |
4,5 |
3,9 |
Total du nombre d'heures non assurées |
6,5 |
7,1 |
7,4 |
6,4 |
|
Lycée |
LP |
Collège |
||||||
Sur 100 heures annoncées |
95-96 |
96-97 |
97-98 |
95-96 |
96-97 |
97-98 |
95-96 |
96-97 |
97-98 |
Nombre d'heures non assurées : |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Pour fermeture totale de l'établissement |
4,7 |
5,0 |
5,0 |
3,1 |
3,5 |
3,5 |
1,4 |
1,7 |
1,5 |
Pour non remplacement des enseignants absents pour fonctionnement du système |
1,1 |
1,2 |
1,2 |
2,5 |
2,2 |
2,5 |
0,5 |
0,5 |
0,4 |
Pour non remplacement des enseignants absents pour formation |
1,3 |
1,1 |
0,8 |
1,6 |
1,3 |
1,2 |
1,2 |
1,3 |
1,1 |
Pour non remplacement des enseignants absents pour raisons individuelles |
1,8 |
2,1 |
1,4 |
2,4 |
2,3 |
2,1 |
2,3 |
2,5 |
2,2 |
Total du nombre d'heures non assurées pour non remplacement des enseignants |
4,2 |
4,4 |
3,4 |
6,5 |
5,8 |
5,8 |
4,0 |
4,3 |
3,7 |
Total du nombre d'heures non assurées |
8,9 |
9,4 |
8,4 |
9,6 |
9,3 |
9,3 |
5,4 |
6,0 |
5,2 |
Source : enquête annuelle IPES (indicateurs pour le pilotage des établissements du 2 nd degré)
c) Les observations formulées par la commission
Votre
commission ne peut d'abord que déplorer le retard pris dans la mise en
oeuvre du système de remplacement.
La commission d'enquête avait dénoncé le caractère
complexe et rigide du dispositif existant, rendu évidemment difficile du
fait de la spécialisation disciplinaire et de la monovalence des
enseignants dans le second degré.
Elle avait rappelé la diversité de statut des personnels
appelés à effectuer ces tâches de remplacement (titulaires
remplaçants, titulaires académiques, maîtres auxiliaires,
contractuels, professeurs associés, vacataires, MI-SE...), les formules
variées de rétribution, notamment sur heures
supplémentaires, et l'importance de ces moyens de remplacement qui
représenteraient au total 5 à 6 % du volume horaire global
de l'enseignement scolaire, la plupart des académies, du fait des
rigidités décrites, ayant un taux d'occupation moyen de leurs
remplaçants variant entre 60 et 70 %.
Elle suggérait enfin de traiter de façon distincte la gestion des
remplacements selon qu'ils sont de courte ou de longue durée, les
premiers devant plutôt être assurés " en interne "
au sein des établissements en mettant en place des incitations
financières pour les enseignants acceptant d'effectuer des heures
supplémentaires à ce titre au-delà des deux heures
obligatoires ; les seconds devaient être facilités par une
mutualisation des moyens et une souplesse de gestion, la création d'un
corps de remplaçants polyvalents autour de disciplines proches et un
recours accru aux enseignants stagiaires d'IUFM dont la durée de stage
serait allongée.
Votre commission regrette que ces propositions pourtant réalistes
n'aient pas été prises en compte dans le nouveau décret
appelé à se substituer à celui de 1985.
3. Des besoins disciplinaires mal satisfaits
a) Une inadaptation disciplinaire
Comme il
a déjà été indiqué, le dernier mouvement
lycéen a principalement eu pour origine le phénomène dit
" des classes sans enseignants " qui concerne plus
particulièrement certaines disciplines.
En dépit d'un surcalibrage traditionnel des concours résultant
d'une " peur de manquer " héritée des années du
boom démographique, surcalibrage qui s'est prolongé après
le début des années 90, de nombreuses disciplines connaissent
encore aujourd'hui un déficit structurel d'enseignants, qu'il s'agisse
des langues étrangères (espagnol), de la physique, des
mathématiques, des sciences de la vie et de la terre, des lettres
classiques, de l'éducation musicale, de l'éducation physique et
sportive, des disciplines professionnelles comme le génie
mécanique...
Ce phénomène témoigne de la difficulté de
déterminer le nombre de places mises au concours en fonction des besoins
réels des élèves.
En sens inverse, des recrutements d'enseignants dans des disciplines
excédentaires ont été poursuivis, par exemple en
philosophie, en histoire-géographie, en sciences économiques et
sociales...
Enfin, si les perspectives de départ massif en retraite des enseignants
nés dans les années d'après-guerre ont été
anticipées par des recrutements de précaution, ceux-ci n'ont pas
été suffisamment ciblés sur les disciplines qui se
libéreront en 2005.
Il convient ainsi de rappeler que les surnombres disciplinaires,
résultant d'une programmation défaillante des concours,
constituent la plus grande part des quelques 10 000 surnombres
(disciplinaires et budgétaires) estimés par la commission
d'enquête du Sénat.
b) Les besoins de recrutement dans les grandes disciplines pour les dix ans à venir
•
Dans le premier degré public
Les besoins induits mécaniquement par les départs en retraite
prévus sur la période 2000 à 2007 ont été
estimés à 14 100 en moyenne annuelle. De fait la projection
laisse apparaître une forte progression au cours de la période,
due à la pyramide des âges des enseignants du premier degré.
Les besoins annuels en nouveaux enseignants sont couverts par les personnels
issus des listes principales et des listes complémentaires des concours
de recrutement de professeurs des écoles.
Les moyens dégagés par la baisse des effectifs
d'élèves devraient permettre, selon la réponse fournie
à votre rapporteur, de poursuivre l'effort national entrepris au profit
des zones d'éducation prioritaire et de maintenir les services publics
dans les zones rurales et de montagne.
•
Dans le second degré public
Les estimations réalisées en 1998 prennent en compte les
départs des enseignants, les besoins en remplaçants pour couvrir
les absences d'enseignants en cours d'année scolaire et
l'évolution prévisible des effectifs d'élèves.
Elles conduisent à des besoins globaux en nouveaux enseignants
estimés en moyenne annuelle à 13 350 pour la période
2000 à 2007 et à 12 200 sur la période 2000 à
2004.
POUR ASSURER LES RENTRÉES 2000 À 2004
(France métropolitaine et DOM)
Total premier degré |
13 900 |
Total second degré (1) |
12 200 |
Lettres |
1 856 |
Lettres - Histoire Géographie |
115 |
Sciences |
3 259 |
Sciences humaines |
1 199 |
Langues vivantes et Lettres-Langues |
1 986 |
Éducation physique et sportive |
891 |
Enseignements artistiques |
558 |
Total des disciplines d'enseignement général |
9 864 |
Total des disciplines techniques et professionnelles |
2 006 |
Documentation |
330 |
(1) Y
compris classes supérieures des lycées et renouvellement des
enseignants dans les TOM
Besoins en personnels d'éducation et d'orientation non compris
D'après les informations fournies à votre rapporteur, le second
degré ne connaîtrait plus de crise du recrutement et serait en
mesure de répondre aux besoins d'enseignement par l'emploi de titulaires
en nombre suffisant. Les disciplines présentant des besoins en personnel
titulaires seraient de moins en moins nombreuses. L'enseignement
général, y compris dans les disciplines scientifiques qui ont
longtemps connu des besoins, ne présenterait plus de déficit en
personnels. Il en serait de même dans l'enseignement technique.
En revanche, malgré une amélioration évidente des
recrutements liée notamment au maintien à un niveau
élevé du nombre de postes proposés au CAPLP2,
l'enseignement professionnel présente encore des besoins en personnels
titulaires dans certaines disciplines, notamment dans celles où le
nombre de candidats diplômés de l'enseignement supérieur
reste faible (génie industriel, génie mécanique,
hôtellerie). Il est prévu d'élargir, pour la session 2000,
le recrutement de professeurs de lycée professionnel dans les
disciplines pour lesquelles n'existe aucun diplôme de l'enseignement
supérieur (coiffure, peinture, conducteur routier,...).
4. L'absence de tout assouplissement des contraintes disciplinaires
Prônant une utilisation plus souple des moyens
existants, la
commission d'enquête du Sénat suggérait plusieurs
propositions tendant notamment à redéfinir les
périmètres disciplinaires afin de développer une certaine
polyvalence dans les premières années de collège, à
reconvertir certains enseignants en surnombre structurel, à favoriser un
regroupement pédagogique des options proposées entre
lycées proches, à développer le recours aux professeurs
associés en lycée professionnel...
Votre commission constate, en le regrettant, qu'aucune de ces orientations ne
semble devoir pour l'instant être retenue par le gouvernement, alors que
les propositions formulées sont toutes de nature à réduire
les dysfonctionnements constatés désormais à chaque
rentrée entre la demande et l'offre d'enseignements...
D. UN RECOURS ENCORE EXCESSIF AUX VARIABLES D'AJUSTEMENT
La
commission d'enquête du Sénat a dénoncé,
après l'avoir observé dans toutes les académies
visitées, un recours trop important à diverses variables
d'ajustement utilisées au-delà des nécessités du
" bouclage " légitime de chaque rentrée scolaire
(heures supplémentaires, maîtres auxiliaires, vacataires, MI-SE,
aides éducateurs...).
Les causes de ce recours excessif sont connues : trop grande
spécialisation disciplinaire, foisonnement des options au lycée,
calibrage incertain des concours, rigidités statutaires diverses,
défauts du système de remplacement...
Le projet de loi de finances pour 2000 ne semble pas traduire une
volonté de réduire la trop grande utilisation de ces variables.
1. Les maîtres auxiliaires, une résorption régulière des effectifs par la voie des concours
Depuis
plusieurs années, des mesures ont été prises pour
faciliter l'accès des maîtres auxiliaires aux corps enseignants
par la voie des concours.
Au mois de juin 1999, leurs effectifs s'élevaient à 22 597
et avaient été réduits de 3 360 par rapport à
la rentrée de 1997 qui avait enregistré, pour des raisons
essentiellement sociales, un réemploi massif de tous les maîtres
auxiliaires.
En dépit des consignes données, les recteurs ont encore
recruté 1690 maîtres auxiliaires entre septembre 1997 et juin
1999 afin notamment de remédier au déficit de titulaires
constatés dans plusieurs disciplines..
Des concours spécifiques ont été organisés pour
quatre sessions à compter de 1995, en plus des concours externes et
internes déjà existants. Ces concours ont été
spécialement conçus pour les maîtres auxiliaires, en raison
tant des conditions d'inscription que de la nature des épreuves (deux
épreuves orales d'admission). La session 1998 a été la
dernière session de ces concours. Par cette voie, 4 295
maîtres auxiliaires ont pu accéder aux différents corps de
personnels de l'enseignement du second degré.
Depuis 1997, ont été mis en place des concours
réservés à certains agents non titulaires. Ces concours,
institués pour quatre années dans le cadre de la loi du 16
décembre 1996 relative à l'emploi dans la fonction publique et
à diverses mesures d'ordre statutaire, ouvrent aux maîtres
auxiliaires l'accès à différents corps du second
degré. Pour tenir compte du profil des enseignants non titulaires, il a
été décidé que les épreuves (une
épreuve orale d'admissibilité, suivie d'une épreuve orale
d'admission) s'appuieraient essentiellement sur l'expérience
professionnelle des candidats.
Pour les sessions 1998 et 1999, 3 300 postes ont été offerts
aux concours réservés, soit 600 de plus qu'en 1997, et 82 %
de ces postes ont été pourvus lors de la dernière session.
En trois ans, près de 7 700 maîtres auxiliaires ont
ainsi réussi les concours réservés. Ce résultat est
nettement supérieur à celui des sessions qui ont
précédé la mise en place des concours
réservés : 3 672 en 1993, 3 945 en 1994, 4 388 en
1995 et 4 286 en 1996. En d'autres termes, en 1999 comme en 1997 et en
1998, près d'un lauréat sur quatre était auparavant
maître auxiliaire. Compte tenu de la baisse de 23 % des inscriptions
de maîtres auxiliaires entre 1998 et 1999, 21 % des maîtres
auxiliaires inscrits lors de la présente session ont été
finalement admis, contre 19 % l'année dernière.
Les maîtres auxiliaires sont utilisés pour effectuer des
remplacements susceptibles d'intervenir dans plusieurs établissements et
sur l'ensemble du territoire académique. Ils ne doivent normalement pas
être utilisés pour créer des structures
pédagogiques, même conjoncturelles, et en particulier pour
dédoubler des classes. Des fonctions de surveillance peuvent aussi leur
être confiées.
L'affectation de ces maîtres auxiliaires se fait en fonction des
priorités définies par les autorités rectorales et,
s'agissant du personnel excédentaire, au bénéfice des
zones d'éducation prioritaires puisque entre deux remplacements, tout
comme les titulaires, les maîtres auxiliaires peuvent se voir confier des
tâches pédagogiques, et notamment de soutien.
Si elle ne peut que prendre acte de la résorption souhaitable des
maîtres auxiliaires, votre commission, en s'appuyant encore une fois sur
les conclusions de la commission d'enquête, exprime le voeu que
l'interdiction de recruter de nouveaux maîtres auxiliaires soit
scrupuleusement respectée, que les exigences des concours de
titularisation mis en place en leur faveur soient renforcées, que
l'intégration des maîtres auxiliaires dans le mouvement
intervienne systématiquement dès leur titularisation et qu'une
reconversion disciplinaire, effectuée en IUFM, soit dispensée
à ceux qui sont en situation de surnombre.
2. Un recours de plus en plus important aux contractuels
Les
contractuels enseignants étaient au nombre de 695 en 1996, 1 660 en
1997 et 4 150 en 1998. Le recours de plus en plus important à cette
catégorie d'agents non titulaires est lié à la
difficulté de recruter des agents titulaires dans des disciplines
professionnelles très spécialisées et à
l'arrêt officiel du recrutement des maîtres auxiliaires depuis la
rentrée de 1997.
S'agissant des contractuels non enseignants, au 31 décembre 1998,
14 903 agents non titulaires ont été recensés dans
l'enseignement scolaire (-14,8 % par rapport au 31 décembre 1997,
dont 10 198 rémunérés sur emplois et 4 705
rémunérés sur crédits).
De 1995 à 1998, 12 621 titularisations ont été
réalisées dont 3 844 en 1998.
Votre commission tient à rappeler que les professeurs contractuels ont
été institués par le décret du 12 mai 1981 afin de
pourvoir les disciplines technologiques et professionnelles
particulièrement pointues qui accueillent un faible nombre
d'élèves, et qui ne donnent pas lieu à l'organisation de
concours de recrutement.
Elle doit constater que cet objectif a été détourné
depuis 1997 et que ces personnels sont désormais recrutés dans
des disciplines générales, comme en témoigne le triplement
des effectifs entre 1996 et 1998, celui-ci s'expliquant largement par
l'interdiction faite aux recteurs de recruter de nouveaux maîtres
auxiliaires.
3. Le recours inévitable aux heures supplémentaires
a) Les modalités de répartition des heures supplémentaires : une compétence rectorale
La
gestion des heures supplémentaires est pour l'essentiel de la
compétence des rectorats d'académie. La délégation
des moyens en heures supplémentaires prend en compte à la fois
les besoins de l'académie et les qualifications des professeurs qui y
sont affectés afin de prévoir des crédits suffisants. Le
recteur d'académie répartit les heures supplémentaires au
sein des dotations globales allouées aux établissements.
Les chefs d'établissements attribuent ces heures aux enseignants en
fonction de leurs obligations de service et des horaires prévus dans
chaque discipline par les programmes nationaux.
Depuis la rentrée de 1998, la délégation académique
est exprimée en équivalents HSE. Pour la rentrée de 1999,
l'enveloppe globale notifiée aux académies comprend les heures
supplémentaires d'enseignement proprement dites, les heures
supplémentaires de suppléance, les heures d'interrogation en
classe préparatoire et les heures consacrées aux études
dirigées.
S'agissant du
premier degré
, les heures supplémentaires
représentent 1 201 050 heures supplémentaires
effectives (H.S.E.).
Le
second degré
bénéficie pour sa part de
25 677 615 heures supplémentaires HSE ainsi
réparties :
catégorie d'heures supplémentaires |
nombre d'heures supplémentaires |
H.S.E. enseignement |
18 921 414 |
H.S.E autres heures d'enseignement, suppléance |
5 935 411 |
H.S.E. activités à caractère pédagogique |
184 741 |
H.S.E. actions spécifiques annuelles |
528 265 |
H.S.E. maison d'arrêt |
97 128 |
H.S.E. autres |
10 656 |
TOTAL |
25 677 615 |
Pour la
ligne " enseignement ", il convient de préciser que dans le
cadre de la réforme des collèges et des lycées, un effort
supplémentaire a été entrepris avec l'attribution,
dès la rentrée 1999, d'heures supplémentaires pour la
remise à niveau et l'aide individualisée des élèves
en difficulté : près de 1,5 million d'HSE ont
été déléguées au titre de l'aide
individualisée aux élèves de 6
e
, 5
e
et de classe de seconde.
La ligne " autres heures d'enseignement, suppléance " regroupe
notamment, outre les heures destinées au remplacement, les heures pour
les études dirigées, les heures d'interrogation (pour les classes
préparatoires aux grandes écoles) mais aussi les heures
accordées pour les actions spécifiques, comme la formation
continue ou celles de la loi quinquennale.
La ligne " activités à caractère
pédagogique " recouvre notamment les heures versées pour
l'enseignement des langues régionales.
La ligne " actions spécifiques annuelles " concerne les heures
supplémentaires destinées à rémunérer
certaines actions ponctuelles, comme les innovations pédagogiques ou la
sécurité routière.
b) Un recours de plus en plus important aux heures supplémentaires
Le volume des heures supplémentaires d'enseignement, autorisées sur le chapitre 31-95, depuis la rentrée scolaire de 1995, s'établit comme suit :
Rentrées scolaires |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
Enseignement primaire |
32 814 |
32 810 |
32 810 |
32 878 |
33 363 |
Enseignement secondaire |
779 156 |
781 971 |
681 939 |
681 316 |
713 267 |
Total |
811 970 |
814 781 |
714 749 |
714 794 |
746 630 |
Ces
volumes sont exprimés en équivalents heures
supplémentaires année. Les HSA constituent la plus grande partie
de ces heures mais leur poids diminue compte tenu des mesures de transformation
en emplois et des mesures d'économie ou de gel prises depuis plusieurs
années : alors qu'elles représentaient 82 % de la
dépenses en 1993, elles n'en constituent plus que 72 % en 1998.
Sont également incluses dans ces volumes, les heures
supplémentaires effectives (HSE), les heures d'interrogation dans les
classes préparatoires aux grandes écoles, les heures à
taux spécifiques (HTS) prévues pour rémunérer des
actions particulières (projets d'établissements, études
dirigées assurées par des personnels non enseignants) et les
vacations.
Comme il a été vu, l'augmentation de la dotation pour 1999
résulte de la mise en place de l'aide personnalisée pour les
élèves des classes de 6
e
, 5
e
et de l'aide
individualisée pour les élèves de seconde qui se traduit
par des moyens supplémentaires en HSA. Le recours aux heures
supplémentaires est justifié par l'urgence de ces réformes
A la rentrée 2000, l'aide individualisée sera assurée,
soit au moyen d'heures postes, soit au moyen d'heures supplémentaires.
Le maintien des effectifs d'enseignants, dans un contexte de diminution des
effectifs scolarisés, favorisera par ailleurs l'exécution de ces
heures d'aide individualisée par des heures postes.
c) La ventilation des heures supplémentaires entre le second degré et les classes préparatoires
Chaque
lycée se voit attribuer, par le recteur d'académie, une dotation
horaire globale. Le chef d'établissement répartit ensuite les
heures selon les besoins du service. Cette répartition concerne aussi
bien les classes pré-bac (seconde, première, terminale) que les
classes post-bac (classes préparatoires aux grandes écoles et
sections de techniciens supérieur).
Sur les 25 677 615 H.S.E. attribuées à l'enseignement secondaire,
environ 10 000 000 sont attribuées aux lycées.
d) Des modalités de rétribution contestées
Jusqu'à l'intervention du décret du 30 juillet
1998,
qui a modifié le mode de calcul de la rémunération des
personnels enseignants du second degré sous forme d'heures
supplémentaires, fixé par le décret du 6 octobre 1950, ce
mode de calcul s'établissait comme suit :
- d'une part, les heures supplémentaires années qui
rémunèrent forfaitairement la part du service des enseignants
excédant de manière permanente sur l'année scolaire leurs
maxima hebdomadaires de service, étaient calculées en divisant le
traitement moyen par le maximum de service réglementaire
(généralement 15 ou 18 heures), le résultat de cette
opération étant affecté du coefficient de 5/6, tenant
compte de la durée des vacances d'été ;
- d'autre part, les heures supplémentaires effectives qui sont
versées dès lors que le service supplémentaire ne
s'inscrit pas dans un horaire régulier et revêt un
caractère ponctuel (il s'agit notamment des heures effectuées
pour assurer le remplacement d'un enseignant absent pour une courte
durée), étaient rétribuées à raison d'1/40
d'HSA.
Le décret du 30 juillet 1998 a substitué à l'ancien
coefficient de 5/6 qui affectait le mode de calcul du taux des HSA, un ratio de
36/52, soit 9/13, tenant compte de la durée réelle de
l'année scolaire (36 semaines) et entraînant une réduction
de 17 % de la rémunération de ces heures. En outre, il
rétribue les HSE à raison d'1/36 d'HSA majoré de
15 %, formule se substituant à l'ancien coefficient d'1/40, pour
tenir compte de la modification du mode de calcul des HSA, soit une
revalorisation de 6 % de cette catégorie d'heures
supplémentaires.
Ce nouveau mode de calcul a permis de réaliser une économie de
258 millions de francs à compter du 1
er
septembre 1998
soit 774 millions de francs en année pleine.
Pour répondre aux protestations des intéressés, le
décret du 17 septembre 1999 a revalorisé de 20 %
le taux de rémunération de la première HSA que les
personnels enseignants du second degré peuvent être tenus
d'effectuer en sus de leur maximum de service. Par ailleurs, les décrets
déterminant les obligations hebdomadaires de service sont en cours de
modification pour limiter à une le nombre d'HSA que les
intéressés peuvent être tenus d'accomplir en sus de leur
maximum de service.
Le coût de cette mesure est évalué à
111 millions de francs pour l'année 1999, soit 334 millions de
francs en année pleine.
Il convient d'ajouter que près de 1,4 million d'HSE sont
notifiées au titre du remplacement des absences ponctuelles des
personnels.
Votre commission appelle de ses voeux, une réduction du volant des
heures supplémentaires et un véritable contrôle de leur
utilisation afin de privilégier les remplacements de courte durée
" en interne " au sein de l'établissement.
4. Une nouvelle vague d'aides éducateurs
En 1999, près de 60 000 contrats avaient été enregistrés au titre des emplois-jeunes dans l'éducation nationale, cette fonction étant féminisée à hauteur des trois quarts et concentrée à hauteur de 60 % dans les écoles primaires.
a) Des vagues successives de recrutement
Au cours
de l'année 1997-1998, 35 000 contrats ont été
signés, qui ont été suivis d'un contingent de 20 000
postes à la rentrée de 98 et d'une troisième vague de
5 000 aides éducateurs pour les lycées à la
rentrée de janvier 1999.
Les académies les plus concernées ont été celles de
l'Ile-de-France (11 000 aides éducateurs), de Lille (6 000),
de Rhône-Alpes (4 800), de la région PACA (4 300), ainsi
que de celles des Antilles et surtout de la Réunion.
Alors que le recrutement des emplois-jeunes devait être ralenti lors de
la prochaine année scolaire, 5 000 nouveaux aides-éducateurs
seront recrutés au cours de l'année 2000 dans le cadre de la
lutte contre la violence.
b) L'affectation des aides éducateurs
Au
total, plus de 23 000 établissements et écoles accueillent
des aides éducateurs, soit un collège sur deux, 40 % des
lycées professionnels et un tiers des lycées et écoles.
De plus, 25 % des aides éducateurs sont affectés en ZEP, ces
zones n'accueillant pourtant que 10 % des effectifs scolarisés.
Dans les
écoles
, ils ont principalement affectés à
des activités d'aide à la surveillance, à l'encadrement et
aux sorties scolaires, à des activités d'animation culturelles et
sportives et à l'utilisation des technologies nouvelles.
Dans les
collèges et lycées
, outre ces activités,
ils sont utilisés pour les aides à l'étude, le travail
personnel et la médiation, dans une perspective de prévention de
la violence.
c) Un coût budgétaire important
Les
dépenses relatives aux aides éducateurs sont imputées sur
le chapitre 36-71, pour ceux qui sont affectés dans les
établissements publics, et sur le chapitre 43-02 pour ce qui concerne
les établissements privés.
En 1999, la dotation s'élevait à 1,06 milliard de francs et
à 78 millions de francs pour chacun de ces chapitres ; elle
était complétée par une dotation du ministère de
l'emploi et de la solidarité.
Dans le projet de finances pour 2000, une mesure nouvelle de 43,45 millions de
francs correspond au recrutement échelonné sur l'année de
50 000 emplois-jeunes.
d) La participation des aides éducateurs aux activités hors temps scolaire
Conformément aux circulaires du 16 décembre 1997
et du
17 juillet 1998, les aides éducateurs peuvent être mis
à la disposition de collectivités locales et d'associations
organisant des activités périscolaires figurant dans un projet
d'école ou d'établissement, pour l'essentiel pendant le temps
scolaire.
Dans le cadre des contrats éducatifs locaux, prévus par la
circulaire du 9 juillet 1998, ils peuvent participer à des
activités extra-scolaires organisées pendant les vacances, dans
le prolongement de leurs missions éducatives, après passation
d'une convention.
e) Le droit à une formation professionnalisante
Le droit
à la formation a été renforcé pour faciliter
l'insertion des aides éducateurs dans le secteur privé comme dans
le secteur public.
Des accords-cadres ont été ainsi passés avec les
ministères chargés de la jeunesse et des sports d'une part, de
l'emploi et de la solidarité d'autre part.
Des partenariats peuvent, en outre, être recherchés par les
services académiques avec les branches et les entreprises du secteur
privé de la région.
Enfin, le temps affecté à cette formation s'impute sur le temps
de travail des aides éducateurs.
f) Les modalités de sortie de la formule
Conformément à la loi du 16 octobre 1997, les
contrats
de travail des aides éducateurs, qui sont de droit privé, sont
conclu pour une durée de 60 mois ; les intéressés
n'ont pas vocation à être titularisés au terme de ce
contrat et sont donc susceptibles d'être admis au bénéfice
de l'indemnisation de chômage.
Au terme de deux années de fonctionnement du dispositif, on peut
constater que le rythme de sortie s'établit entre 8 et 10 % par an,
le quart des 5 200 ruptures constatées ayant eu lieu en septembre
1998, et plus de 40 % des sorties se faisant vers l'emploi.
Plus de la moitié des sortants ont plus de 25 ans et les départs
les plus fréquents concernent les aides éducateurs ayant un
niveau supérieur à bac +2.
Il convient enfin de remarquer que les taux de rupture de contrat sont plus
élevés en ZEP et en zone urbaine sensible ; ils sont
également plus élevés en collège que dans
l'enseignement pré-élémentaire.
g) Les interrogations de la commission
Dans le
droit fil des observations formulées par la commission d'enquête,
votre commission tient à souligner l'utilité sociale et
pédagogique des emplois-jeunes dans l'éducation nationale :
cette formule constitue un remède temporaire au chômage des jeunes
diplômés -c'est notamment le cas dans certains DOM- et cette
fonction est désormais acceptée, après une période
de méfiance, des enseignants.
Votre commission ne peut cependant que s'étonner du recrutement d'un
nouveau contingent de 5 000 aides éducateurs annoncé pour
2000, alors que le ministre avait annoncé devant la commission
d'enquête, le 24 mars 1999, la suspension de tout recrutement.
Elle exprime en outre ses plus vives inquiétudes concernant certaines
revendications des intéressés, la difficulté de mettre en
place de véritables formations complémentaires, les
débouchés incertains de la formule, le coût de ces emplois
et surtout la perspective de consolidation des aides éducateurs dans la
fonction publique, en particulier dans l'éducation nationale, qui est de
nature à alimenter une dérive budgétaire
déjà préoccupante.
Devant votre commission, le ministre a indiqué, le 20 octobre dernier,
que les 5 000 nouveaux aides éducateurs avaient été
créés dans le cadre du plan de prévention de la violence.
S'agissant de la " sortie " du dispositif, il a précisé
que son ministère avait conclu des accords aux termes desquels
30 000 emplois jeunes devraient prochainement être recrutés
par de grandes entreprises.
Il a ajouté que sur les 14 000 aides éducateurs quittant
chaque année l'éducation nationale, 3 000 étaient
susceptibles de se diriger vers la fonction publique et 11 000 avaient
vocation à être " absorbés " par le secteur
privé.
Votre commission se demande cependant si les aides éducateurs
d'aujourd'hui n'ont pas vocation à devenir les enseignants titulaires de
demain...
II. DES RÉFORMES ANNONCÉES À LA PORTÉE INCERTAINE
Annoncées à grand bruit après une longue
période d'expertise et de consultation, les réformes de
l'école primaire, du collège et du lycée entrent
aujourd'hui dans leur phase de mise en oeuvre.
Au-delà des discours officiels, il convient de s'interroger sur leur
philosophie, leur portée et de se demander si ces réformes
répondent aux principaux dysfonctionnements dont souffre notre
enseignement scolaire.
A. LA RÉFORME DE L'ÉCOLE PRIMAIRE
Cette réforme est inspirée par la " Charte pour bâtir l'école du XXIe siècle ", par les orientations dégagées lors des Etats généraux de la lecture et des langages et doit enfin résulter de l'aménagement des rythmes scolaires, via notamment les contrats éducatifs locaux.
1. La Charte pour bâtir l'école du XXIe siècle : un nouveau cadre pour l'école ?
a) Une charte qui se veut ambitieuse
Le
premier objectif posé par la charte est de " combattre les formes
précoces de l'exclusion par la maîtrise des apprentissages
fondamentaux ".
L'école doit ensuite permettre de mettre en place une véritable
démocratisation culturelle en dispensant à tous les
élèves la pratique de toutes les disciplines des programmes.
L'école doit enfin se moderniser pour répondre aux enjeux
culturels et techniques : les langues étrangères et les
nouvelles technologies participent à l'évidence de ce dernier
objectif.
b) Les principes de l'école du XXIe siècle
Afin de
tenir compte de la diversité des élèves, l'école
doit développer une pédagogie fondée sur des
modalités de travail plus motivantes pour les élèves,
voire ludiques, et mettre en place des activités de soutien ou des aides
spécialisées qui passent notamment par le développement
des études dirigées.
Les programmes nationaux devraient être recentrés autour de
priorités plus lisibles : outre l'acquisition des
" savoir-faire instrumentaux essentiels ", l'école doit
fournir des repères et des méthodes de travail autour
d'orientations pédagogiques qui seront soumises aux enseignants.
Si le maître de la classe reste la référence
privilégiée, il peut faire appel à des intervenants
extérieurs et à des aides éducateurs dans le cadre du
travail collectif de l'équipe pédagogique.
c) Une expérimentation à grande échelle sous l'égide de l'INRP
Sur la
base du volontariat, et avec la participation des parents
d'élèves, près de 2 600 écoles
agréées par les inspecteurs d'académie se sont
prêtées à cette expérimentation en juin 1999, sous
l'égide, pour 1 800 d'entre elles, de l'Institut national de la
recherche pédagogique.
Cette expérimentation se réalisera sous le contrôle de
groupes de pilotage départementaux animés par l'inspecteur
d'académie, et suscitera un colloque annuel au niveau académique
où seront présentées les " avancées de la
recherche de l'INRP ".
d) Une réforme à coût inchangé
La Charte ne nécessite pas de moyens budgétaires nouveaux mais le maintien des emplois d'enseignant du premier degré, malgré la diminution des effectifs d'élèves dans le projet de loi de finances pour 2000, devrait permettre d'améliorer l'encadrement des élèves.
2. Les orientations dégagées lors des " Etats généraux de la lecture et des langages "
Au terme
de ces Etats généraux, qui ont été
précédés de colloques départementaux et
académiques, douze mesures ont été annoncées.
Ces mesures tendent à mieux assurer la prise en charge des
élèves dans leur diversité pour leur faire acquérir
la maîtrise des langages.
Les principales de ces mesures tendent à relancer les cycles
pédagogiques en primaire en privilégiant l'aide
individualisée, à perfectionner les évaluations des
élèves, à renforcer la continuité des
apprentissages, à valoriser les RASED, à utiliser les nouvelles
technologies, à mettre en place un programme sur les pratiques
d'apprentissage, à éduquer à l'image, à mieux
prendre en charge les jeunes illettrés, à développer les
ateliers d'écriture, de lecture et de langage à l'école et
au collège, à clarifier les objectifs de l'école
maternelle...
3. L'aménagement des rythmes scolaires
Cet aménagement doit se concrétiser notamment dans le contrat éducatif local qui est défini par la circulaire interministérielle du 9 juillet 1998. Le CEL a vocation à fixer l'organisation des activités péri et extra-scolaires, en relation avec les projets des écoles et des collèges afin d'offrir à tous les jeunes le soutien, ainsi que les activités diverses nécessaires à leur réussite scolaire, et plus largement à l'épanouissement de leur personnalité et à leur éducation citoyenne.
a) La mise en oeuvre des CEL
Cette
mise en oeuvre s'effectue à partir d'un projet éducatif local
associant, outre les services de l'Etat, les caisses d'allocations familiales,
les communes et les associations.
Son champ d'application peut correspondre à plusieurs quartiers,
à une commune, ou à plusieurs communes dans un cadre plus global
de politique de la ville. L'Etat peut participer au projet retenu par le
comité départemental de pilotage, en mettant à la
disposition des collectivités et des associations ses aides
éducateurs et des enseignants volontaires.
Au niveau national, un groupe de suivi interministériel a
été mis en place le 10 mars 1999 ; au niveau local, le
groupe de pilotage est animé par les maires.
b) L'évaluation des dispositifs
•
S'agissant de
l'aménagement des rythmes scolaires
(ARS),
mis en place depuis 1996 par le ministère de la jeunesse et des sports
sur 230 sites pilotes, l'évaluation du dispositif a montré que
" ces aménagements génèrent des effets positifs sur
le bien-être des enfants " mais ne semblent pas avoir d'impact sur
les performances scolaires et entraîner une réduction de
l'échec scolaire.
Les crédits consacrés aux sites pilotes se sont
élevés à 284 millions de francs pour l'année
1997-1998, soit un coût moyen de 2 426 francs par enfant, les
coûts générés par l'ARS apparaissant très
variables selon les expériences.
Ces dispositifs ne seront pas reconduits à l'expiration des contrats et
seront intégrés dans les CEL.
• S'agissant
des contrats éducatifs locaux
, un
premier bilan établi en 1999 fait apparaître que ces contrats se
sont traduits dans 1 105 projets concernant 3 197 communes, que 8 239
écoles et établissements se sont associés à ces
projets et que 900 000 élèves en ont été
bénéficiaires.
4. Les interrogations de votre commission
A partir
des réponses qui ont été communiquées à son
rapporteur et que celui-ci s'est efforcé de traduire en termes
intelligibles, votre commission ne peut qu'avouer sa perplexité face
à de telles orientations.
Elle constate d'abord que le galimatias de certains pédagogues,
où les cours deviennent des " activités " et le
professeur " l'adulte de référence ", a envahi non
seulement les IUFM mais aussi la prose du ministère de
l'éducation nationale.
Elle ne peut donc que s'inquiéter que l'expérimentation de la
réforme de l'école primaire se fasse sous l'égide de
l'INRP, qui a tout récemment défrayé la chronique, et qui
peut difficilement apparaître comme un modèle de rigueur.
Elle exprime notamment la crainte que l'instituteur traditionnel, dont la
vocation était d'" instituer ", de mettre debout, de faire
grandir dans ses élèves ce que ceux-ci ne trouveraient pas dans
la société, et dont la spécificité avait
déjà été gommée en devenant professeur des
écoles, soit aujourd'hui encore un peu plus
dépossédé de son identité.
Compte tenu des évolutions annoncées, le maître n'est-il
pas condamné, du fait de l'irruption de la société dans
l'école, des demandes parentales, de la profusion d'intervenants
extérieurs et d'animateurs de toute nature, de l'intervention des aides
éducateurs, de la multiplication des activités péri et
extra-scolaires ... à devenir une sorte de " chef
d'orchestre " ou d'animateur socio-culturel, alors que son rôle
traditionnel était de dispenser un savoir et des connaissances, selon
"
un rapport rigoureux et austère avec sa discipline qui avait
valeur d'exemple pour ses élèves
" ?
Votre commission exprime également la crainte que la Charte de
l'école du XXIe siècle porte en germe, au travers de
l'aménagement des rythmes scolaires, et du développement des
activités extra-scolaires correspondantes, une certaine
" municipalisation " de l'école républicaine pouvant
porter atteinte au principe de l'égalité entre les
élèves, conduise les maîtres à faire
allégeance aux pressions de l'extérieur et annonce, en fait, la
fin d'une certaine école républicaine.
Outre ces observations générales, votre commission
considère que l'expérimentation des rythmes scolaires concerne
trop d'écoles et d'élèves pour être
considérée comme un dispositif expérimental, et que
celui-ci introduit une inégalité préoccupante entre les
élèves qui en bénéficient et les autres.
Elle tient également à rappeler que l'organisation de la
récente journée de la défense a confirmé que
10 % des jeunes sortaient de l'enseignement scolaire sans maîtriser
les fondamentaux, et notamment la lecture, ce bilan désastreux faisant
le lit de l'exclusion sociale :
il n'est que temps de mettre en place
une politique de salut public, notamment de la lecture, et tirer un trait sur
cette ère délétère des colloques et états
généraux en tout genres qui font les délices des
spécialistes des sciences de l'éducation mais qui ne font pas
avancer les solutions.
Son rapporteur tient à rappeler ce que lui disait, sur un autre banc, et
à une autre époque, un vieil inspecteur : "
en
quittant l'école primaire, un élève doit posséder
la pratique et le sens des quatre opérations, et aussi pouvoir
écrire de lui-même un paragraphe de dix lignes sans faute
d'orthographe ! ".
Il serait urgent que les enseignants du premier degré soient enfin
convenablement formés dans les IUFM pour que leurs futurs
élèves sortent à tout le moins du système scolaire
en sachant lire, écrire et compter !
Enfin, sur un point plus particulier, mais tout aussi préoccupant, la
commission souhaiterait attirer l'attention du ministre
délégué sur le problème des sorties scolaires.
La publication de la circulaire du 23 septembre dernier n'a en effet pas
rassuré les enseignants qui ont considérablement réduit,
au détriment des élèves, ce type d'activité qui
engage désormais au delà du raisonnable leur
responsabilité.
Votre commission souhaiterait ainsi que le groupe de travail qui a
été constitué sur la responsabilité pénale
des enseignants rende rapidement ses conclusions et que des mesures soient
prises pour clarifier leur situation.
B. LE COLLÈGE POUR TOUS ?
1. Les questions préalables : la consultation Dubet
Le
ministère a décidé en 1999 de faire un état des
lieux du collège, et notamment de la réforme pédagogique
mise en place par le précédent gouvernement.
Le sociologue François Dubet a ainsi été chargé
d'organiser un débat national sur le collège qui s'est
déroulé dans les établissements entre février et
mai 1999.
Cette consultation a permis de dégager les grands axes d'un
aménagement en collège qui peuvent être ainsi
résumés :
- remise à niveau des élèves abordant la classe de
6
e
en grande difficulté ;
- motivation des élèves par des exercices pluridisciplinaires
privilégiant notamment les cultures technologiques et professionnelles
et les pratiques de l'oral ;
- introduction d'une plus grande cohérence entre les enseignements et
les équipes pédagogiques, en renforçant notamment le
rôle du professeur principal et en développant la formation
continue des enseignants ;
- diversification des parcours des élèves notamment par
l'amélioration des dispositifs d'aide et de soutien en classe de
4
e
et de 3
e
d'insertion et dans les SEGPA ;
- renforcement de la fonction de socialisation et d'éducation du
collège ;
- amélioration du mode de pilotage des collèges.
En fonction de ces grands axes, trois objectifs ont été
définis.
2. Les objectifs de la réforme
a) Un collège pour tous
Le
renforcement de la liaison CM2-6
e
, pour une meilleure
continuité pédagogique et éducative, doit être une
priorité.
Pour les élèves qui rencontrent de grandes difficultés
dans la maîtrise des langages et en mathématiques, des heures
d'aide personnalisée en 6
e
et en 5
e
devaient
être mises en place dès la rentrée scolaire de 1999 :
jusqu'à six heures en 6
e
et trois heures en 5
e,
par semaine, dans le cadre de petits groupes ne dépassant pas huit
élèves.
Depuis la rentrée 1999, un nouveau livret d'accueil est distribué
à chaque élève de 6
e
. Par ailleurs, on
s'efforcera d'attribuer à chaque classe de 6
e,
une salle
spécifique.
A tous les niveaux, chaque collégien devrait trouver dans son
établissement un tuteur adulte.
Enfin, à la rentrée 2000, les groupes " nouvelles
technologies appliquées ", créés en 1998, et
centrés sur la réalisation d'un projet concret, seront
étendus à tous les collèges en fonction de leurs
besoins.
b) Un enseignement diversifié
Pour
l'année scolaire en cours, les établissements seront
invités à mettre en place des travaux croisés
pluridisciplinaires, en classe de 4
e
. Ces travaux seront
obligatoires à la rentrée 2000 et s'inscriront dans la suite des
parcours diversifiés de 5
e
.
L'usage des technologies d'information et de communication sera
développé.
Des ateliers de lecture pris en charge par tous les enseignants de la classe,
seront mis en place en 6
e
et en 5
e
.
L'apprentissage de l'oral, les études dirigées en 6
e
et en 5
e
, l'éducation à l'image et la politique de
prévention dans le domaine de la santé seront renforcés.
Dans les réseaux d'éducation prioritaires et les zones
d'éducation prioritaires, les activités culturelles et
éducatives seront développées : sections sportives,
classes musicales, ateliers de pratiques artistiques, jumelages avec des
structures culturelles, sportives, universitaires, scientifiques...
c) Des conditions de vie améliorées
Sur la
base du volontariat des équipes, un professeur coordonateur par niveau
assurera, avec le chef d'établissement, l'animation pédagogique
du collège.
Une heure de " vie de classe " sera mise en place pour permettre une
prise de parole des élèves et un dialogue avec un ou plusieurs
adultes.
La formation des délégués des élèves sera
renforcée afin de faciliter l'exercice de leur mission.
Des lieux d'écoute seront créés et le règlement
intérieur sera aménagé.
Parmi ces mesures, seule l'aide personnalisée en 6
e
et
5
e
, mise en place depuis la rentrée 1999, nécessite
des moyens budgétaires supplémentaires. A ce titre, une mesure
nouvelle de création d'heures supplémentaires d'enseignement a
été inscrite au projet de loi de finances pour 2000, pour un
montant de 240 millions de francs. Ce dispositif d'aide personnalisée
aux élèves est appelé à s'étendre en
4
e
et 3
e
, selon des modalités qui restent à
déterminer.
3. Les observations de la commission
Si
certaines des mesures et orientations présentées par le
gouvernement pour faire évoluer le collège vont effectivement
dans le bon sens -c'est notamment le cas de la meilleure liaison
recherchée entre l'école et le collège et de l'aide
personnalisée qui sera mise en place en classe de 6
e
et de
5
e
pour les élèves en difficulté- votre
commission estime ces aménagements trop timides, eu égard
à la crise profonde qui affecte le collège, " maillon faible
de notre système éducatif ".
L'importance de l'échec scolaire, la relégation sans issue des
élèves les plus en difficulté dans les SEGPA, le
développement de la violence, le défaut d'orientation des
élèves égarés dans un enseignement
général et théorique, le fonctionnement clandestin des
classes de niveau... constituent autant de facteurs qui appelaient une
réflexion ambitieuse sur le collège unique : l'usage des
redoublements, les formules de remédiation qui dépassent de loin
la seule aide personnalisée proposée en classe de 6
e
et de 5
e
, l'accompagnement du professeur dans les classes les plus
difficiles, le traitement pédagogique de la diversité des
élèves, une formation appropriée des enseignants au sein
des IUFM sont autant de questions qui sont restées sans réponse.
Votre commission regrette tout particulièrement qu'aucune
réflexion n'ait été engagée sur une
redéfinition des périmètres disciplinaires, qui
permettrait de développer une certaine polyvalence dans les
premières années de collège, redéfinition qui
entraînerait nécessairement une autre formation initiale et
continue des enseignants et une modification des programmes du
collège.
C. LA MISE EN oeUVRE DU " LYCÉE POUR LE XXIe SIÈCLE "
Les diverses mesures proposées en ce domaine sont contenues dans la réforme des lycées et dans le plan lycéen annoncé à l'automne 1998.
1. La réforme des lycées
a) Les principes de la réforme
Cette
réforme s'applique depuis la dernière rentrée en classe de
seconde ; elle résulte d'une consultation engagée pendant
plus d'un an auprès de l'ensemble des partenaires du système
éducatif.
Les principes de cette réforme ont été exposés par
le ministre devant votre commission au début de l'été
1998 :
- le lycée doit préparer, soit l'entrée dans
l'enseignement supérieur, soit l'accès à la vie
professionnelle et permettre une orientation progressive et des
réorientations éventuelles ;
- la diversité des voies de formation est maintenue et celles-ci doivent
permettre aux lycéens d'acquérir des éléments
communs de culture générale et pratique (éducation
à la citoyenneté, expression artistique, apprentissage des
nouvelles technologies) ;
- les heures de cours magistral sont réduites pour laisser plus de place
à l'enseignement en petits groupes ;
- les programmes doivent privilégier les connaissances de base, les
apprentissages fondamentaux et la maîtrise des savoirs dans une
perspective multidisciplinaire.
b) La mise en oeuvre de la réforme
Deux
arrêtés du 18 mars 1999 concernent l'organisation et les horaires
des trois classes du lycée et prévoient une application
progressive de la réforme entre les rentrées 1999 et 2001.
La classe de seconde reste définie comme une
classe de
détermination
avec un tronc commun d'enseignements et deux
enseignements de détermination au choix des élèves.
La fourchette des horaires est réduite (de 29,5 - 32,5 heures à
26,5 - 29,5 heures) selon le choix des options, la moyenne
horaire se situant autour de 27 heures.
Un
dispositif d'accompagnement
est mis en place : il emprunte la
forme d'un enseignement en modules (3,5 heures par semaine) pour tous les
élèves dans certaines disciplines et d'une aide
individualisée (2 heures par semaine) pour les élèves les
plus en difficulté.
De nouveaux enseignements
sont proposés depuis la rentrée
1999 :
- une demi-heure par semaine d'éducation civique ;
- 72 heures par an d'atelier d'expression artistique ;
- 18 heures par an de mise à niveau informatique ;
- un enseignement de détermination " danse " dans le cadre des
enseignements artistiques ;
- un enseignement de détermination d'EPS.
c) les incidences budgétaires de la réforme
La
réforme des lycées s'effectuera à moyens constants,
à l'exception de trois mesures nouvelles prévues par le projet de
loi de finances pour 2000 :
- une dotation d'heures supplémentaires de 52,78 millions de francs
permettra de mettre en place l'aide individualisée de 2 heures par
semaine pour les élèves les plus en difficulté ;
- une mesure nouvelle de 32,58 millions de francs permettra de recruter
1 500 assistants de langues étrangères et d'assurer une
heure hebdomadaire d'enseignement de langue ;
- la mise en place progressive de deux ateliers artistiques par lycée
coûtera 20 millions de francs à l'éducation nationale pour
financer la moitié de la rémunération des intervenants
extérieurs, l'autre moitié étant prise en charge par le
ministère de la culture.
d) L'aménagement progressif des programmes
Depuis
la dernière rentrée, et outre les nouvelles orientations
déjà citées, ont été mis en place :
- un nouveau programme pour l'enseignement des sciences économiques et
sociales, davantage centré sur l'environnement et
l'actualité ;
- un allégement en seconde des programmes d'histoire et de
géographie, de sciences et techniques médico-sociales, de
sciences et techniques biologiques et paramédicales, de techniques des
sciences physiques ;
- un allégement des programmes d'histoire et de géographie en
terminale pour les séries générales et la série STT.
Pour la seule année scolaire en cours interviendra un allégement
des programmes de mathématiques, physique et chimie et SVT.
Les nouveaux programmes de français, mathématiques, physique et
chimie, SVT s'appliqueront à la rentrée 2000 après avoir
été expérimentés dans quelques lycées
dès la rentrée 1999.
2. La mise en oeuvre du plan lycéen
Annoncé il y a juste un an, le plan lycéen
prévoyait un renforcement de l'encadrement des élèves qui
devait être effectif au 1
er
janvier 1999 :
- 3 000 maîtres d'internat et surveillants d'externat à temps
partiel ;
- 1 000 assistants de langue ;
- 5 000 emplois jeunes ;
- 1 000 appelés du contingent.
Ce plan prévoyait également la mise en place d'un fonds
exceptionnel d'aménagement des lycées destinés à
permettre la réalisation, par les régions, de travaux
d'aménagement ou de constructions destinés à
améliorer la vie quotidienne des lycéens.
Ce fonds consiste en une enveloppe de prêts de 5 milliards de francs qui
seront souscrits par les régions avec l'aide de l'Etat selon les
modalités fixées par la circulaire du 4 juin 1999, l'enveloppe de
prêts allouée à chaque région ayant
été notifiée aux préfets de région.
3. Les observations de la commission
Votre
commission remarque d'abord que la réforme du lycée,
progressivement mise en oeuvre, apparaît comme très en retrait par
rapport aux mesures proposées par le rapport Meirieu, et même en
deçà de sa présentation de l'été 1998.
A titre liminaire, elle observe que ces mesures ponctuelles n'ont en rien
empêché la nouvelle montée du mouvement lycéen qui
s'est manifesté partout sur le territoire pendant plusieurs semaines.
Elle estime à cet égard que les postes de professeurs non pourvus
plus d'un mois après la rentrée, dans des disciplines qui sont
déficitaires depuis plusieurs années, sont davantage à
l'origine de cette agitation légitime qu'une prétendue inertie
des collectivités régionales qui ont été
invitées par le gouvernement à financer des salles polyvalentes,
des " lieux de rencontres " et autres foyers et
cafétérias...
Nos lycéens réclament davantage des professeurs que des lieux de
rencontres, sauf à privilégier une conception du lycée qui
deviendrait un lieu de vie " light " au sein duquel la transmission
des savoirs n'apparaîtrait que secondaire.
Plus ponctuellement, votre commission regrette que le système des
options au lycée n'ait pas été examiné à
l'occasion de cette réforme : le détournement de ce
système par les familles averties, avec la complicité des
proviseurs pour tourner la sectorisation, aboutit à une véritable
ségrégation entre les élèves ; les quelque 130
combinaisons autorisées par le jeu des options se révèlent
par ailleurs particulièrement coûteuses en termes
budgétaires.
On peut ainsi regretter que la réforme des lycées n'ait pas
proposé un système de mutualisation des options entre
lycées géographiquement proches afin de favoriser des
regroupements pédagogiques.
III. DES CHANTIERS QUI RESTENT EN SUSPENS
La
revalorisation de la fonction de chef d'établissement, les conditions de
travail et l'évaluation des enseignants constituent des thèmes
sensibles qui ont fait l'objet de rapports récents ainsi que d'une
analyse approfondie de la commission d'enquête du Sénat.
Votre commission portera en conséquence une attention toute
particulière aux mesures qui seront prises par le gouvernement sur ces
trois dossiers importants pour l'avenir de l'enseignement scolaire.
A. LA NÉCESSAIRE REVALORISATION DE LA FONCTION DES CHEFS D'ÉTABLISSEMENT
1. La mission Blanchet
Une
mission de concertation et de réflexion a été
confiée au recteur Blanchet afin de proposer des mesures tendant
à redonner au chef d'établissement les moyens, la
considération, les conditions de travail, les procédures de
recrutement et les perspectives de carrière adaptées à la
situation difficile du moment.
Cette mission a été complétée par un groupe de
suivi, une table ronde et un dispositif académique de concertation.
2. Le constat
Les
travaux effectués dans le cadre de la mission Blanchet ont permis de
révéler trois types de difficultés attachées
à la fonction :
- un accroissement et une diversification des tâches confiées aux
chefs d'établissement résultant de l'évolution sociale et
de la multiplicité des demandes émanant de la hiérarchie
administrative ;
- des obligations statutaires et des missions qui appellent une clarification,
notamment avec le personnel d'encadrement ;
- des relations à préciser avec la hiérarchie
administrative et les corps d'inspection, des inquiétudes concernant la
mise en jeu de la responsabilité pénale et les conditions de
rémunération, notamment en début de carrière.
3. Les propositions de réforme
Les
pistes de réforme avancées par le rapport Blanchet portent aussi
bien sur l'organisation des établissements, et leur
" pilotage ", que sur la situation des personnels de direction, en
termes de recrutement, de formation et de carrière.
Les 39 propositions formulées peuvent être regroupées en
cinq thèmes principaux qui font actuellement l'objet d'une concertation
avec les représentants des intéressés :
a) Faciliter l'exécution des tâches
Cet objectif suppose une contractualisation des missions et des moyens dévolus aux établissements, une plus grande autonomie de ces derniers dans l'utilisation d'une partie de la DHG, la mise en place d'un " conseiller juridique " dans les inspections académiques et d'une personne-relais dans les rectorats affectée à la bonne circulation des informations, une délégation des crédits de maintenance par les collectivités locales.
b) Moderniser le " pilotage " des établissements
L'académie doit être l'intermédiaire unique entre le ministère et l'établissement ; des bassins de formation regrouperont les établissements homogènes ; les petits collèges et lycées ont vocation à être regroupés ; les instances de " pilotage " sont le conseil d'administration, le bureau, le conseil de la vie scolaire et le conseil pédagogique.
c) Renforcer le rôle des chefs d'établissement et de leurs équipes
Le
contenu des fonctions du chef d'établissement devraient faire l'objet
d'une directive ; une lettre de mission devrait préciser pour
chaque collège ou lycée des objectifs en tenant compte du
contexte local.
L'équipe de direction doit être entendue comme recouvrant le ou
les directeurs adjoints, le gestionnaire, le conseiller principal
d'éducation et le personnel social et de santé, les personnels de
l'administration et d'intendance constituant le pôle unique de gestion
administrative et financière.
d) Favoriser l'accès à la fonction
Les
propositions formulées à partir de cet objectif sont
particulièrement importantes puisqu'elles permettraient d'ouvrir la
fonction de chef d'établissement : sont visés sous des
conditions particulières, les personnels de la fonction publique d'Etat,
hospitalière ou territoriale.
En outre, sont prévus des détachements d'un autre corps
d'origine, dont la durée est limitée à cinq ans.
Enfin, les personnels " faisant fonction " auraient la
possibilité d'être titularisés comme adjoints.
e) Accompagner les carrières des personnels de direction
Les
personnels de direction devraient bénéficier d'une formation
initiale d'une durée d'un an, celle-ci devant être incluse dans
les plans de formation continue. Par ailleurs, ces personnels feront l'objet
d'une évaluation.
Enfin, et afin de valoriser les carrières, ces personnels devraient
avoir la possibilité de devenir inspecteur d'académie, directeur
des services départementaux de l'éducation nationale (IA-DSDEN),
inspecteur pédagogique régional, inspecteur d'académie
(IPR-IA) et inspecteur d'académie " correspondant de
proximité ", ou pouvoir accéder à l'autres corps de
la fonction publique.
4. Les observations de la commission
Votre
commission tient à souligner l'intérêt des propositions
avancées par le rapport Blanchet dont certaines recoupent les mesures
suggérées par la commission d'enquête du Sénat.
Celle-ci proposait en effet une redéfinition des modalités de
recrutement des chefs d'établissement, une revalorisation de leur
fonction, un développement de leurs prérogatives à
l'égard de leur équipe éducative et un
élargissement de leur recrutement en dehors du monde enseignant, dans
une perspective de professionnalisation.
Votre commission estime cependant que le rapport Blanchet reste muet sur un
certain nombre de questions qu'elle estime importantes pour l'avenir de la
fonction.
Elle considère d'abord que l'évaluation des enseignants par le
chef d'établissement, qui résulte d'une note administrative
censée permettre de se prononcer sur l'autorité et le
" rayonnement " de l'enseignant, sans empiéter sur le terrain
pédagogique qui relève des corps d'inspection, n'est pas
suffisamment prise en compte et qu'il conviendrait sans doute d'instituer en ce
domaine une collaboration plus étroite entre les personnels de direction
et les inspections.
Sur un plan plus général, la commission constate que la crise de
la fonction s'explique certes par des problèmes de recrutement, et la
qualité des personnels, mais aussi, et surtout, par une évolution
considérable du rôle des chefs d'établissement dont les
prérogatives n'ont pas été renforcées.
Elle considère notamment que la règle du concours, telle qu'elle
est posée par le décret du 11 avril 1988, ne constitue pas
le meilleur moyen de sélection et de recrutement de personnels ayant les
qualités requises pour animer une équipe pédagogique et
piloter le fonctionnement de l'établissement.
Elle estime enfin que l'absence d'autorité pédagogique des chefs
d'établissement sur les professeurs est d'autant plus paradoxale qu'ils
sont eux-mêmes issus du corps enseignant, et que leur fonction prend une
dimension pédagogique de plus en plus importante : constitution des
classes, détermination des emplois du temps, choix du professeur
principal, organisation du travail scolaire et des enseignements, animation de
la vie scolaire, supervision de l'évaluation et de l'orientation des
élèves, élaboration du projet d'établissement...
Lors de son audition devant votre commission, le 20 octobre dernier, le
ministre a estimé anormal que les chefs d'établissement ne soient
pas davantage associés à la notation des enseignants et a
indiqué que le nombre de postes vacants avait été
réduit de 1 100 à 350 entre 1998 et 1999.
Votre commission attend donc avec un intérêt tout particulier les
mesures qui seront prises à partir des conclusions du rapport Blanchet
et souhaiterait que ces mesures s'inspirent de ses propres observations et
propositions.
B. UNE NOUVELLE APPROCHE DE L'ÉVALUATION DES ENSEIGNANTS
Le
recteur Jean-Marc Monteil a été chargé d'une
réflexion sur l'évaluation des enseignants qui doit
dépasser leur seule notation en s'inscrivant dans une
"
démarche de valorisation institutionnelle de ses contenus et
de ses produits
" , cette nouvelle procédure permettant
ainsi de constituer "
un patrimoine d'expertises didactiques et
pédagogiques, effectivement partagé
".
En termes plus clairs, il semblerait donc que l'évaluation ait pour
nouvelle mission de contribuer à la diffusion et à
l'enrichissement des pratiques pédagogiques. Le rapport Monteil formule
ainsi trois propositions :
- une prise en compte dans l'évaluation d'un rapport
d'activité produit par l'enseignant ;
- une entrée progressive et accompagnée dans le
métier d'enseignant ;
- une association fonctionnelle plus étroite entre les corps
d'inspection et les personnels de direction.
1. Un rapport d'activité rédigé tous les trois ans
Ce
rapport devrait être rédigé par l'enseignant lui-même
et contenir ses observations sur les programmes, le contenu des savoirs, les
difficultés d'apprentissage des élèves et mentionner les
responsabilités particulières assumées par l'enseignant
(soutien des élèves, responsabilités administratives...)
Il convient de noter que cette proposition a suscité certaines
réserves de la part des syndicats représentant les corps
d'inspection qui craignent que la rédaction de ce rapport " ne soit
fortement influencée par le désir de se mettre en valeur,
plutôt que par un authentique souci de réfléchir sur ses
pratiques ".
2. Une association plus étroite entre les corps d'inspection et les personnels de direction
Le
rapport d'activité serait utilisé lors d'un entretien avec le
chef d'établissement et les inspecteurs pédagogiques (dont l'un
d'une discipline différente de celle de l'enseignant) et constituerait
le fondement de la note administrative.
Il alimenterait la réflexion d'un conseil des études intervenant
dans la rédaction du volet pédagogique du projet
d'établissement, l'observation d'une séquence en classe restant
le fondement de la note pédagogique.
Cette proposition a appelé aussi des réserves des corps
d'inspection qui l'ont estimée " chronophage " et qui voient
mal l'utilité d'une évaluation croisée, par exemple d'un
inspecteur de mathématiques sur un cours de langue vivante.
3. Une entrée progressive dans le métier d'enseignant
Les
professeurs débutants bénéficieraient lors de leurs deux
premières années d'exercice de l'aide d'un tuteur choisi par les
collègues les plus expérimentés de leur discipline, ces
tuteurs étant placés sous la responsabilité
pédagogique de deux inspecteurs (dont l'un n'appartiendrait pas à
la discipline) et d'un formateur d'IUFM.
Au terme de ces deux années, les professeurs débutants seraient
soumis à la même procédure que les plus anciens et, deux
ans plus tard, à une seconde évaluation conduite avec deux
inspecteurs différents.
4. Les observations de la commission
Le
rapport de la commission d'enquête avait souligné le
caractère peu satisfaisant de l'évaluation des enseignants et
déploré que la notation-évaluation soit sans incidence
véritable sur la gestion des carrières, l'éducation
nationale à la différence d'autres administrations n'utilisant
pas à cet égard toutes les ressources du statut de la fonction
publique.
Comme il a été dit, la commission d'enquête appelait de ses
voeux une meilleure prise en compte de l'évaluation administrative
effectuée par les chefs d'établissement et une collaboration plus
étroite entre ces derniers et les corps d'inspection.
Les mesures prônées par le rapport Monteil répondent en
partie à cet objectif mais votre commission tient à souligner les
moyens insuffisants dont dispose aujourd'hui l'inspection.
Les inspections des enseignants sont en effet rares ou trop espacées et
l'on sait qu'un système de péréquation des notes a
même été institué pour que les professeurs non
inspectés ne soient pas pénalisés dans le
déroulement de leur carrière.
Votre commission estime donc qu'une association plus étroite entre les
corps d'inspection et les personnels de direction n'est susceptible
d'être mise en place que si les corps d'inspection sont renforcés.
Le ministre indiquait en 1998 qu'il fallait augmenter de moitié le
nombre d'inspecteurs d'académie, qui n'est actuellement que de
1.500 : force est de constater que son dernier budget ne prévoit
que 40 postes supplémentaires...
C. UNE NOUVELLE ORGANISATION DU TEMPS DE TRAVAIL ET DE MEILLEURES CONDITIONS MATÉRIELLES DE TRAVAIL DES ENSEIGNANTS
1. Les grandes lignes du rapport Bancel
A
l'automne 1998, le recteur Bancel a été chargé d'une
mission relative à l'étude des conditions de travail et de vie
des enseignants.
Son rapport, publié en mai 1999, souligne une
nécessité -tenir compte de l'évolution importante
intervenue dans le métier d'enseignant-, énonce deux principes
-conforter l'enseignant dans son rôle d'expert, élargir son cadre
de référence professionnel- et formule enfin 23 propositions
qui peuvent être regroupées autour de quatre orientations :
tenir compte dans la fixation des services des enseignants des
évolutions du métier, professionnaliser le recrutement et la
formation, organiser le travail dans l'établissement, améliorer
le parcours professionnel et les conditions de vie.
2. Les principales mesures proposées par le rapport
a) La révision des obligations de service
Le rapport préconise d'abord une révision des décrets du 25 mai 1950 fixant l'obligation de service des enseignants : si la référence hebdomadaire est maintenue, la charge de travail des enseignants ne devra pas être alourdie.
b) Un projet pédagogique
La
dotation horaire de base serait conservée mais complétée
par l'attribution de moyens spécifiques définis par le chef
d'établissement et l'équipe enseignante dans un projet
pédagogique contractuel : cette mesure permettrait d'abaisser
ponctuellement le nombre d'élèves par classe pour effectuer des
travaux pratiques et dirigés, et d'encadrer des travaux personnels.
Des mesures incitatives consistant notamment en décharges d'heures
devraient permettre de mettre en oeuvre une " véritable approche
interdisciplinaire " et de coordonner le travail donné aux
élèves dans le cadre d'un travail en équipe.
c) La création d'un conseil pédagogique et scientifique
Ce
conseil, créé dans chaque collège et lycée, serait
constitué d'enseignants et du chef d'établissement.
Il devrait proposer au conseil d'administration une répartition des
moyens d'enseignement.
Sur un plan plus général, les enseignants seraient
associés aux " réseaux de réflexion sur les savoirs,
la didactique et la pédagogie " organisés par disciplines ,
ces réseaux comprenant en outre des universitaires.
d) La professionnalisation des recrutements et de la formation
Les concours de recrutement devraient prendre en compte la dimension professionnelle et inclure une composante de préprofessionnalisation dans la formation universitaire ; l'adéquation des épreuves théoriques aux objectifs de l'enseignement devrait être vérifiée préalablement à l'organisation de ces concours.
e) Les autres mesures
Les
enseignants débutants devraient pouvoir bénéficier d'un
accompagnement par une " personne ressource " pendant leurs
premières années de vie professionnelle.
Des plans de formation continue individualisée seront proposés
aux enseignants.
La mobilité professionnelle, entre disciplines, et vers le secteur
privé, devrait être encouragée notamment pour les
enseignants en difficulté.
Enfin, une enquête épidémiologique devrait être
engagée sur les maladies professionnelles chez les enseignants, ce qui
implique un renforcement des services de médecine préventive.
3. Les observations de la commission
Votre
commission ne peut que saluer l'intérêt de certaines de ces
propositions qui répondent en effet aux problèmes soulevés
par l'évolution rapide du métier des enseignants, notamment
s'agissant du nécessaire accompagnement des plus jeunes d'entre eux.
Dans le droit fil des observations formulées par la commission
d'enquête qui avait dénoncé l'imbroglio des obligations de
service et stigmatisé les aberrations résultant d'une
définition hebdomadaire des temps de service, notamment pour
l'enseignement professionnel, elle remarque que le rapport Bancel, s'il
préconise une révision des décrets de 1950, conserve la
référence hebdomadaire et s'interdit d'alourdir la charge de
travail des enseignements.
Si le travail en équipe de ces derniers doit en effet être
privilégié, votre commission estime qu'un aménagement et
une annualisation du service des enseignants titulaires, permettant de faire
une part plus importante à l'aide individualisée aux
élèves en difficulté, sont particulièrement
nécessaires, afin notamment de réduire un recours aujourd'hui
excessif aux variables d'ajustement, qui rend encore plus complexe la gestion
du système éducatif et dont les incidences budgétaires ont
été à maintes reprises dénoncées.
Elle forme le voeu que le ministre, passant outre les résistances qui
sont susceptibles de s'exprimer, et après une concertation
nécessaire, mettra en place les aménagements qui s'imposent.
EXAMEN EN COMMISSION
Au cours
d'une séance tenue le 23 novembre 1999, la commission a examiné
le rapport pour avis de M. Jean Bernadaux sur les crédits de
l'enseignement scolaire pour 2000
.
Un large débat a suivi l'exposé du rapporteur pour avis.
M. Jean-Louis Carrère
a souligné le caractère
quelque peu " comptable " de la présentation faite par le
rapporteur pour avis. Il a rappelé que certains budgets
antérieurs, qui étaient pourtant moins satisfaisants, avaient
été votés par la majorité du Sénat et que
l'évolution du budget de l'enseignement scolaire était pour
l'essentiel commandée par celle des rémunérations.
Il s'est par ailleurs demandé si une réduction du nombre des
enseignants constituerait la meilleure solution pour relancer une politique
efficace en faveur de l'apprentissage de la lecture.
Mme Hélène Luc
a souligné les efforts
engagés depuis l'an dernier pour réduire les effectifs par classe
dans les lycées, et notamment en classe terminale, cette
réduction devant faire l'objet d'une programmation sur plusieurs
années.
Elle s'est félicitée de certaines mesures prises pour le
collège, notamment en matière d'aide individualisée aux
élèves, et a souhaité que cette action prioritaire soit
confortée par des moyens plus importants.
S'agissant de l'avenir des emplois-jeunes, elle a rappelé que des
conventions avaient été signées avec de grandes
entreprises publiques, et aussi privées, pour accueillir ces
aides-éducateurs en cours ou en fin de contrat ; elle a estimé
qu'il convenait de proposer à ces jeunes une véritable formation
et de valoriser leur période d'activité à
l'éducation nationale, lors de leur passage en IUFM, pour ceux qui se
destineraient à l'enseignement.
Elle a par ailleurs estimé que la relance actuelle de l'économie
devrait permettre de porter de 3,5 à 5 % la part du PIB consacrée
à l'éducation nationale.
Elle a enfin indiqué qu'elle ne pourrait suivre les propositions du
rapport et qu'elle voterait le projet de budget de l'enseignement scolaire.
M. Jean-Pierre Fourcade
a d'abord fait observer que le budget de l'Etat
ne constituait qu'une part de la dépense intérieure
d'éducation.
Il a par ailleurs souligné l'imprécision des chiffres concernant
l'intégration progressive des instituteurs dans le corps des professeurs
des écoles. Il a enfin estimé que le défaut de
maîtrise des apprentissages fondamentaux par les élèves
arrivant au collège, s'agissant notamment de la lecture, relevait
davantage d'un problème de méthodes que de crédits.
Citant les résultats obtenus par " l'école de la deuxième
chance " notamment à Marseille, il a souhaité que diverses
méthodes soient expérimentées précocement au plan
local, afin de prévenir des rattrapages de plus en plus difficiles au
cours de la scolarité au collège, la non-acquisition de ces
fondamentaux alimentant, selon lui, certaines formes de délinquance et
l'exclusion sociale.
M. Philippe Richert
a évoqué le problème de la
pérennisation des fonctions assurées par les emplois-jeunes dans
les établissements difficiles, qui répondent incontestablement
à des besoins d'encadrement traditionnellement remplis par les
surveillants.
Il a par ailleurs exprimé ses réserves sur l'extension des
bourses de mérite au collège, qui seraient selon lui susceptibles
d'introduire une discrimination trop élitiste entre les bons
élèves ; il a estimé que cette formule était d'une
autre nature que l'ancien système des écoles normales
d'instituteurs, où les élèves s'engageaient à
servir l'éducation nationale pendant dix ans.
Il a également souhaité que les bourses de collège soient
attribuées aux familles selon des critères objectifs, à
l'inverse des divers fonds à vocation sociale.
Il a enfin considéré que la revalorisation de la fonction de chef
d'établissement devrait faire l'objet de mesures d'urgence, sauf
à perpétuer la vacance de nombreux postes.
Jugeant excessive la sévérité du rapporteur,
M.
Gérard Collomb
a estimé qu'il ne fallait pas charger
l'éducation nationale de toutes les difficultés de la
société ; il a rappelé que l'école restait souvent
le dernier service public présent dans les quartiers difficiles et qu'il
ne fallait pas demander l'impossible aux enseignants.
Il a fait observer que le taux moyen d'encadrement des élèves par
classe recouvrait des écarts très importants et qu'il
était difficile de transférer des enseignants des zones rurales
aux zones urbaines.
Il a souligné la mobilité importante des aides éducateurs
qui devraient, en outre, bénéficier d'une aide plus importante
pour préparer des concours.
Il a enfin considéré que la revalorisation de la fonction de chef
d'établissement passait d'abord par une revalorisation indemnitaire.
S'appuyant sur son expérience personnelle,
M. Jean-Louis
Carrère
a souligné les efforts entrepris en matière
d'apprentissage de la lecture, au travers des groupes psychopédagogiques
qui permettent notamment d'évaluer les pré-requis,
d'individualiser les durées d'apprentissage pour chaque
élève et de changer éventuellement de méthode de
lecture au cours de l'année scolaire.
M. Jean Bernard
a rappelé que les postes des
établissements difficiles, notamment en ZEP, étaient souvent
pourvus par de jeunes enseignants et qu'il y avait peu de candidats
expérimentés pour occuper de tels postes.
M. Adrien Gouteyron, président
, rappelant une visite
effectuée par la commission dans un collège difficile de ZEP, a
indiqué que la jeunesse des enseignants pouvait aussi être un
atout et que le chef d'établissement jouait un rôle essentiel dans
la cohérence et la mobilisation de l'équipe éducative.
Estimant que les méthodes d'enseignement ne valaient que par le
maître qui les applique,
M. Pierre Martin
a dénoncé
le manque de courage de l'éducation nationale qui se refuse à
écarter certains professeurs ne méritant pas de conserver la
responsabilité d'une classe et qui hypothèquent la
réussite scolaire de trop nombreux élèves.
Répondant à ces interventions,
M. Jean Bernadaux, rapporteur
pour avis
, a notamment apporté les précisions suivantes :
- l'apprentissage de la lecture est en effet plus une question de
méthode que de moyens, l'utilisation de certaines méthodes ayant
dans le passé " cassé " des générations
d'élèves ;
- les aides-éducateurs devraient bénéficier d'une aide
adaptée pour préparer les concours ou acquérir une
véritable formation complémentaire ;
- les taux moyens d'encadrement des élèves dans l'enseignement
primaire, et dans le second degré, recouvrent en effet des
réalités très différentes selon les
établissements ;
- le travail individuel doit être distingué du travail
individualisé qui permet d'évaluer la situation personnelle de
chaque élève ;
- entre 1990 et 1998, 121.000 enseignants du premier degré ont
bénéficié de mesures catégorielles, statutaires et
indiciaires ; à cette dernière date, le Gouvernement a
décidé d'accélérer l'unification des corps
enseignants du premier degré et d'en rapprocher le terme à 2007,
soit 20.735 transformations d'emplois par an ;
- il pourrait être envisagé de moduler le montant des bourses de
mérite selon les résultats scolaires afin de ne pas introduire
une discrimination entre les bons élèves ;
- les chefs d'établissement sont soumis aux multiples pressions de leur
hiérarchie, de l'administration, des parents d'élèves, des
enseignants, des élèves ; compte tenu de la difficulté de
la fonction, certains d'entre eux sont tentés de revenir à
l'enseignement quelques années avant leur départ en retraite ;
- les efforts déployés par les enseignants dans les
établissements difficiles doivent être salués, notamment
dans certains quartiers qui sont désertés par les autres services
publics ;
- en dépit de la réforme du mouvement, trop de jeunes enseignants
sont encore affectés dans des établissements difficiles, alors
qu'il conviendrait de confier ces classes aux professeurs les plus
expérimentés ;
- il importe de veiller tout particulièrement à la qualité
du recrutement des personnels de direction qui jouent un rôle
décisif dans le bon fonctionnement des établissements.
Suivant les propositions de son rapporteur pour avis,
la commission a
décidé de donner un avis défavorable à l'adoption
des crédits pour 2000 de l'enseignement scolaire
.
CONCLUSION
1 Mieux gérer, mieux éduquer, mieux réussir : redonner sens à l'autorisation budgétaire - Sénat n° 328 (1998-1999)