Projet de loi de finances pour 1999
LAURIN (René-Georges)
AVIS 71 (98-99), Tome III - COMMISSION DES LOIS
Table des matières
-
LES CONCLUSIONS DE LA COMMISSION DES LOIS
- I. LES CRÉDITS DE LA SÉCURITÉ CIVILE POUR 1999
- II. L'ÉVOLUTION DES MOYENS DE LA SÉCURITÉ CIVILE
- III. LA MISE EN OEUVRE DES RÉFORMES DE LA SÉCURITÉ CIVILE
N° 71
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1998-1999
Annexe au procès-verbal de la séance du 19 novembre 1998.
AVIS
PRÉSENTÉ
au nom de la commission des Lois constitutionnelles, de législation, du suffrage universel, du Règlement et d'administration générale (1) sur le projet de loi de finances pour 1999 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE,
TOME III
INTÉRIEUR :
SÉCURITÉ CIVILE
Par M. René-Georges LAURIN,
Sénateur.
(1)
Cette commission est composée de :
MM.
Jacques
Larché,
président
; René-Georges Laurin, Mme Dinah
Derycke, MM. Pierre Fauchon, Charles Jolibois, Georges Othily, Michel Duffour,
vice-présidents
; Patrice Gélard, Jean-Pierre Schosteck,
Jacques Mahéas, Jean-Jacques Hyest,
secrétaires
;
Nicolas About, Guy Allouche, Jean-Paul Amoudry, Robert Badinter, José
Balarello, Jean-Pierre Bel, Christian Bonnet, Robert Bret, Guy-Pierre Cabanel,
Charles Ceccaldi-Raynaud, Marcel Charmant, Raymond Courrière,
Jean-Patrick Courtois, Charles de Cuttoli, Luc Dejoie, Jean-Paul Delevoye,
Gérard Deriot, Gaston Flosse, Yves Fréville, René Garrec,
Paul Girod, Daniel Hoeffel, Jean-François Humbert, Pierre Jarlier,
Lucien Lanier, François Marc, Mme Lucette Michaux-Chevry, MM. Jacques
Peyrat, Jean-Claude Peyronnet, Henri de Richemont, Simon Sutour, Alex
Türk, Maurice Ulrich.
Voir les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
1078
,
1111
à
1116
et T.A.
193
.
Sénat
:
65
et
66
(annexe n°
30
)
(1998-1999).
Lois de finances.
LES CONCLUSIONS DE LA COMMISSION DES LOIS
Après avoir entendu M. Jean-Jack Queyranne,
ministre de l'intérieur par intérim, le
17 novembre 1998, la commission des Lois réunie le
24 novembre 1998, sous la présidence de
M. Jacques Larché, président, a porté une
appréciation positive sur les crédits affectés à la
sécurité civile, inscrits dans le projet de loi de finances pour
1999, suivant la proposition de M. René-Georges Laurin,
rapporteur pour avis.
Votre commission des Lois s'inquiète cependant des conséquences
financières pour les collectivités territoriales de la mise en
oeuvre des réformes de 1996 sur la sécurité civile.
Elle souhaite l'engagement d'une réflexion approfondie portant sur la
recherche d'éventuelles ressources extra-budgétaires.
Mesdames, Messieurs,
La progression de 9,59 % des crédits consacrés à la
sécurité civile en 1999, faisant suite à la baisse de 7 %
enregistrée en 1998, traduit les conséquences de la
professionnalisation des armées, le personnel militaire devant
être remplacé par des engagés et des volontaires du service
national.
Cette augmentation résulte aussi de la conclusion en 1998 du
marché de renouvellement de la flotte d'hélicoptères de la
sécurité civile.
En revanche, la majoration des crédits ne bénéficiera pas
aux moyens de fonctionnement de la sécurité civile.
La mise en application des deux lois du 3 mai 1996 sur la
sécurité civile entraîne une hausse des charges
financières supportées par les collectivités
territoriales, à propos de laquelle votre commission des Lois s'est
interrogée.
Elle prend en considération, dans l'appréciation de cette
situation, le dévouement et l'efficacité constante des
sapeurs-pompiers et tient à rendre hommage aux hommes
décédés en service (19 sapeurs-pompiers en 1997 et 16
depuis le 1er janvier 1998 ; 2 mécaniciens sauveteurs
secouristes et 2 pilotes depuis 2 ans).
Après avoir analysé les moyens de la sécurité
civile ainsi que leur mise en oeuvre dans quelques domaines d'intervention,
votre rapporteur dressera un bilan de l'application des lois de 1996 et de
leurs implications financières pour les collectivités
territoriales.
I. LES CRÉDITS DE LA SÉCURITÉ CIVILE POUR 1999
Les
crédits budgétaires engagés par l'Etat au titre de la
sécurité civile relèvent, non seulement du
ministère de l'intérieur, mais également d'un certain
nombre d'autres départements ministériels : agriculture et
pêche, outre-mer, finances, équipement, transport et logement,
budget annexe de l'aviation civile, emploi et solidarité.
L'ensemble de ces crédits est récapitulé en annexe du
fascicule budgétaire afférent aux crédits du
ministère de l'intérieur.
Pour 1999, leur montant total s'élève à
2.145,51 millions de francs en dépenses ordinaires et
crédits de paiement et 617,60 millions de francs en autorisations de
programme. Les dépenses ordinaires et crédits de paiement au
titre du ministère de l'intérieur représentent
57,15 % des dépenses de l'Etat prévues pour la
sécurité civile en 1999.
A. LES CRÉDITS INSCRITS AU BUDGET DU MINISTÈRE DE L'INTÉRIEUR
L'évolution des crédits affectés à l'agrégat 03 " sécurité civile " du ministère de l'intérieur est retracé dans le tableau ci-après 1( * ) :
|
Crédits votés pour 1998 |
Crédits demandés pour 1999 |
Evolution en % |
Dépenses ordinaires (DO) |
|
|
|
- Titre III : moyens des services |
806,07 |
880,73 |
+ 9,26 |
- Titre IV : interventions publiques |
89,15 |
77,35 |
- 13,24 |
TOTAL DEPENSES ORDINAIRES |
895,22 |
958,08 |
+ 7,02 |
Dépenses en capital (CP) |
|
|
|
- Titre V : investissements de l'Etat |
218,50 |
262,50 |
+ 20,14 |
- Titre VI : subventions d'investissement |
- |
- |
- |
TOTAL DEPENSES EN CAPITAL |
218,50 |
262,50 |
+ 20,14 |
TOTAL DO + CP |
1.113,72 |
1.220,58 |
+ 9,59 |
Autorisations de programme (Titre V) |
239 |
243 |
+ 1,67 |
(en
millions de francs)
Les crédits de l'agrégat " sécurité
civile " du ministère de l'intérieur pour 1999 atteignent un
montant total de 1.220,58 millions de francs en dépenses ordinaires et
crédits de paiement, en
progression de 9,59 %
par rapport
aux crédits votés dans la loi de finances pour 1998.
La progression de 9,26 % des dépenses du titre III (moyens des services)
provient essentiellement de celles de personnel (passant de 280,2 à
322,5 millions de francs, soit + 15,1 %), traduisant les
premières conséquences budgétaires pour la
sécurité civile de la professionnalisation des armées.
Les crédits alloués au fonctionnement des services
opérationnels (195,2 millions de francs, en progression de
2,2 %) correspondent comme en 1998 à un minimum de dépenses
incontournables qui, selon la direction de la défense et de la
sécurité civiles, ne peut être diminué, sauf
à reconsidérer l'activité opérationnelle et donc le
service rendu aux citoyens. L'évolution de ces crédits ne
permettra pas de renouveler certains matériels techniques des
unités militaires. La priorité continuera à être
donnée à la rénovation du service de déminage.
Les
dépenses d'investissement
enregistrent une progression de
20,14 % en crédits de paiement et de 1,67 % en autorisations
de programme.
Cette évolution traduit, pour l'essentiel, l'engagement du marché
de renouvellement de la flotte d'hélicoptères et la
remotorisation d'un bombardier d'eau de type Tracker.
B. LES AUTRES CRÉDITS CONSACRÉS À LA SÉCURITÉ CIVILE
Le tableau suivant retrace les crédits prévus pour la sécurité civile par les différents ministères en 1999, tels qu'ils apparaissent dans l'état récapitulatif présenté en annexe " au bleu " du ministère de l'intérieur :
|
Dépenses ordinaires et crédits de paiement |
|
Intérieur et décentralisation |
1 226,16 |
243,50 |
Agriculture et pêche |
287,20 |
120,20 |
Outre mer |
0,83 |
- |
Services communs et finances |
86,39 |
7,20 |
Equipement, transport et logement |
149,99 |
44,70 |
Budget annexe de l'aviation civile (BANAC) |
322 |
202 |
Emploi et solidarité |
72,94 |
- |
TOTAL HORS INTERIEUR |
919,35 |
374,10 |
TOTAL GENERAL |
2 145,51 |
617,60 |
(en
millions de francs)
Hors crédits inscrits au budget du ministère de
l'intérieur, c'est donc à un total de 919,35 millions de
francs que s'élève le montant des dotations prévues par
les différents ministères concernés en faveur de la
sécurité civile pour 1999, soit une
progression de
8 %
par rapport aux dotations prévues pour 1998.
Parmi ces crédits, on peut relever plus particulièrement :
- les crédits du ministère de l'agriculture, destinés
à la protection des forêts contre les incendies ainsi qu'au
Conservatoire de la forêt méditerranéenne (287,20 millions
de francs) ;
- les crédits du ministère de l'équipement,
destinés aux centres régionaux opérationnels de
surveillance et de sauvetage (CROSS), aux services des affaires maritimes et
à la Société nationale de sauvetage en mer (SNSM), pour
149,99 millions de francs ;
- les crédits du budget annexe de l'aviation civile affectés
à des études et des aménagements en faveur de la
sécurité (322 millions de francs) ;
La dispersion de ces crédits traduit la multiplicité des missions
de sécurité civile.
II. L'ÉVOLUTION DES MOYENS DE LA SÉCURITÉ CIVILE
A. LA PROFESSIONNALISATION DES ARMÉES PROVOQUE UN ACCROISSEMENT DES MOYENS EN PERSONNEL
A la
suite de la décision de principe prise le 30 août 1996, les
services de la direction de la sécurité civile et ceux du Haut
fonctionnaire de défense sont regroupés au sein d'une même
direction désormais dénommée
direction de la
défense et de la sécurité civiles
.
Cette nouvelle direction, créée par un
décret n° 97-1021 du 6 novembre 1997 et
organisée par un arrêté de la même date, se voit
désormais confier, outre ses missions traditionnelles, celle d'assister
le ministre de l'intérieur dans l'exercice de ses responsabilités
en matière de défense civile.
Les effectifs de la direction de la défense et de la
sécurité civiles sont constitués de 2.834 agents,
dont 1.864 personnels militaires.
363 de ces agents servent à l'administration centrale.
L'évolution des crédits de personnel pour 1999
(+ 15,1 %) résulte principalement de la
professionnalisation des armées
qui affecte singulièrement
les
Unités d'instruction et d'intervention de la
sécurité civile (UIISC)
.
Les UIISC, composées de 1.668 personnes, appelés du
contingent pour la plupart, interviennent en tout lieu sur le territoire
national ou à l'étranger pour répondre aux catastrophes de
toute nature, apportant un renfort indispensable pour les moyens locaux de
secours.
La réforme du service national conduit à prévoir le
remplacement des appelés du contingent par des personnels militaires. A
cet effet, les emplois budgétaires de personnels militaires augmenteront
très sensiblement au cours des trois prochaines années, avec,
pour 1999, la création de 367 emplois militaires dans les UIISC.
Le coût de la professionnalisation des UIISC s'élèvera en
1999 à 32,7 millions de francs.
Par ailleurs, afin de concentrer les moyens humains et matériels dans
des unités totalement opérationnelles, celle de Rochefort-sur-Mer
sera dissoute en 1999. En revanche les trois autres unités seront
maintenues (Nogent-le-Rotrou, Corte et Brignoles).
La réforme des armées aura aussi des conséquences pour
l'organisation des services de secours à Paris et à Marseille qui
sont, pour des raisons historiques, constitués par des structures
à statut militaire.
La brigade des sapeurs-pompiers de Paris
est constituée de
6.842 militaires, dont 1.098 appelés du contingent.
Pour leur remplacement, il sera fait appel à 70 % d'engagés
(769 emplois) et à 30 % de volontaires du service national
(329 postes).
Le coût de revient des volontaires du service national est certes
inférieur de moitié environ à celui d'un militaire
engagé, mais le choix opéré tient compte de l'incertitude
qui règne sur l'attractivité du nouveau régime des
volontaires.
La charge supplémentaire, évaluée à 142 millions de
francs, sera étalée sur les trois prochains exercices. Pour 1999,
442 emplois d'engagés et de volontaires seront créés.
On rappellera que, selon les articles L. 2512-19, L. 2522-2 et
L. 3421-2 du code général des collectivités
territoriales, l'Etat supporte 25 % des dépenses de fonctionnement de la
brigade des sapeurs-pompiers de Paris, le solde étant pris en charge par
les départements et les communes concernées, au prorata de leur
population.
Le bataillon des marins-pompiers de Marseille
comprend
1.757 militaires, dont 470 appelés du contingent.
Les appelés doivent être remplacés par des volontaires sous
statut militaire.
Selon l'article L.2513-5 du code précité, les
dépenses du bataillon de Marseille sont supportées par la commune
de Marseille, des conventions réglant les conditions financières
de ses interventions au profit d'autres structures (port autonome de Marseille,
hôpitaux de l'assistance publique, aéroport de
Marseille-Marignane, service médical d'urgence (SMUR) notamment).
Il apparaît donc clairement que les conséquences, notamment
financières, pour la sécurité civile de la
professionnalisation des armées sont liées aux
développements que connaîtront les nouvelles formes de
volontariat, instituées par l'article L. 111-3 du code du
service national.
Ces nouvelles formes de volontariat devront être précisées
par un projet de loi concernant l'exécution du volontariat civil,
prévu par l'article 8 de la loi n° 97-1019 du
28 octobre 1997 portant réforme du service national.
B. LA POURSUITE DE LA MODERNISATION DES MOYENS AÉRIENS
1. L'achèvement du programme d'acquisition des Canadair CL 415
Le
programme d'acquisition de 12 nouveaux bombardiers d'eau Canadair CL 415 s'est
achevé en 1997 avec la livraison des deux derniers appareils.
On peut s'interroger sur la pertinence des choix opérés lors de
la conclusion du marché en 1991 et sur ses conditions d'exécution.
Certains appareils livrés ont connu des problèmes techniques,
mais le groupe fournisseur Bombardier a accepté la prise en charge
financière des réparations (hors main d'oeuvre). La flotte
devrait être entièrement opérationnelle en mai 1999.
En outre, la perte accidentelle d'un Canadair CL 415, en novembre 1997, a
été compensée par la location d'un avion Loockeed C 130
dont les meilleures performances conduisent à s'interroger sur la
pertinence du choix du modèle.
De surcroît, les conditions d'exécution du marché (clauses
contraires à la réglementation sur les marchés publics,
retards de livraison non suivis des sanctions prévues par le
marché...) pourraient faire l'objet d'observations de la Cour des
Comptes, dans son prochain rapport public, dont votre rapporteur ne manquera
pas de faire état, le cas échéant.
Enfin, la reprise des anciens Canadair CL 215, prévue par un protocole
d'accord du 3 juin 1996, fait l'objet d'une procédure contentieuse avec
le groupe Bombardier, après échec de tentatives de
conciliation.
2. La remotorisation des bombardiers d'eau Tracker
La
flotte de 11 avions bombardiers d'eau de type Tracker (compte tenu de la perte
d'un appareil en 1996), affectée à la lutte contre les feux de
forêt, est vétuste puisque ces appareils, acquis d'occasion depuis
1982, datent de 1960 et ont de l'ordre de 10.000 heures de vol chacun.
Aussi, un programme de remotorisation progressive a-t-il été
engagé depuis 1986 mais il reste encore deux appareils à traiter.
Cette opération apparaît importante, s'agissant d'appareils dont
la performance est augmentée de 30 % par la remotorisation
permettant une diminution des délais de mise en route et une
augmentation de la vitesse de croisière. De plus, la remotorisation
permet une diminution des coûts de maintenance.
Après avoir été suspendu en 1998,
le programme
sera repris l'an prochain avec le traitement de l'un des deux appareils
restant
.
3. Le renouvellement de la flotte d'hélicoptères
La
flotte d'hélicoptères de secours de la sécurité
civile qui comprend actuellement 25 " Alouette III " (un appareil a
été détruit en août 1997),
3 " Dauphin " et " 5 " Ecureuil " se
caractérise par une grande vétusté (entre 20 et 30
ans d'activité et 10.000 heures de vol environ) qui entraîne un
accroissement inquiétant de leur indisponibilité, une maintenance
de plus en plus onéreuse, notamment parce que les pièces de
rechange ne sont plus fabriquées en série.
L' " Alouette III " n'est d'ailleurs plus conforme à la
réglementation sur la multimotorisation et les niveaux sonores. Seul le
statut d'aéronef d'Etat lui permet encore d'échapper à
cette réglementation.
A plusieurs reprises ces dernières années, votre commission des
Lois avait insisté sur l'urgence du renouvellement de la flotte
d'hélicoptères, pour lequel la loi de finances rectificative pour
1996 avait ouvert 1 milliard de francs en autorisations de programme, sans que
les lois de finances annuelles suivantes comportent les moyens
nécessaires à ce renouvellement.
Aussi, votre rapporteur se réjouit-il de la
conclusion, le 23 juillet
1998 d'un marché avec la société Eurocopter, portant sur
32 machines
d'un type unique (BK 117 C2, hélicoptère
biturbine) pour un montant total correspondant à l'autorisation de
programme accordée en 1996.
Les livraisons sont prévues selon un échéancier de 5 ans,
le premier hélicoptère devant être livré au
printemps 2000.
4. Le marché de maintenance
La
maintenance des aéronefs de la sécurité civile
était assurée par le groupement d'intérêt
économique (GIE) Cerbère qui associe Eurocopter France et
Bombardier. Le contrat étant arrivé à
échéance, un appel d'offre a été lancé et la
maintenance des avions est confiée à la société
AOM-Industrie depuis 1
er
octobre 1998.
La maintenance des hélicoptères demeure assurée par la
société Eurocopter.
C. LA MISE EN OEUVRE DES MOYENS DE LA SÉCURITÉ CIVILE DANS QUELQUES DOMAINES D'INTERVENTION
1. La lutte contre les incendies de forêt
L'évolution des surfaces brûlées et des départs de feux depuis dix ans est la suivante :
Année |
Départements méditerranéens |
Aquitaine Massif landais |
Autres départements |
Total |
|||
|
Surfaces brûlées (1) |
Nombre de feux |
Surfaces brûlées (1) |
Nombre de feux |
Surfaces brûlées (1) |
Surfaces brûlées (1) |
Nombre de feux |
1988 |
5 171 |
2 200 |
643 |
264 |
887 |
6 701 |
2 837 |
1989 |
56 896 |
3 318 |
7 838 |
1 369 |
10 831 |
75 566 |
6 743 |
1990 |
54 671 |
3 296 |
10 062 |
1 058 |
7 963 |
72 696 |
5 877 |
1991 |
6 540 |
2 392 |
810 |
865 |
1 750 |
9 100 |
3 888 |
1992 |
13 000 |
2 865 |
554 |
307 |
4 446 |
18 000 |
5 381 |
1993 |
11 745 |
2 963 |
390 |
1 008 |
4 978 |
17 113 |
5 850 |
1994 |
21 330 |
2 600 |
352 |
902 |
2 520 |
24 200 |
4 600 |
1995 |
9 933 |
2 346 |
1 919 |
1 697 |
6 648 |
18 500 |
7 060 |
1996 |
3 100 |
1 789 |
580 |
1 350 |
7 720 |
11 400 |
6 401 |
1997 |
12 230 |
2 784 |
1 868 |
1 495 |
7 325 |
21 423 |
7 643 |
(1) en
hectares
Pour 1998, le bilan provisoire, établi à la date du
31 août, s'établit de la manière
ci-après :
|
Surfaces brûlées (1) |
Nombre de feux |
||
|
1er
janvier
|
dont
saison
|
1er
janvier
|
dont
saison
|
Départements
|
8 270 |
5 270 |
1 876 |
1 010 |
Autres départements |
10 850 |
5 110 |
6 210 |
2 390 |
TOTAL |
19 120 |
10 380 |
8 086 |
3 400 |
(1) en
hectares
La superficie détruite au 31 août 1998 est comparable
à celle de 1997 à la même date (19 120 hectares
au lieu de 19 389), le nombre de départs de feux étant
réduit d'une année à l'autre (8 086 au lieu de
9 177).
La moyenne annuelle des superficies affectées au cours des cinq
dernières années complètes (1993-1997) s'établit
à 18 000 hectares contre 36 000 lors des cinq années
précédentes (1988-1992). Ces résultats traduisent les
efforts importants accomplis par les services de sécurité
civile.
L'objectif de la direction de la défense et de la sécurité
civiles, en matière de mobilisation préventive des moyens sur
l'ensemble des zones à risques, consiste à pouvoir attaquer tout
feu dans les dix premières minutes afin d'en éviter l'extension.
La proportion des incendies dont la cause n'a pu être identifiée a
sensiblement régressé au fil des années (40 % en 1997
au lieu de 70 % en moyenne au début des années 1990).
Parmi ceux dont l'origine a été élucidée, la
moitié environ provient d'imprudences commises lors d'activités
de loisir ou à l'occasion de travaux agricoles ou forestiers.
Plus du tiers des incendies de forêt s'explique par des actes de
malveillance, tandis que les installations publiques défectueuses et les
éléments naturels sont à la source de respectivement
8 % et 3 % des sinistres.
On soulignera que les choix, notamment pour les investissements lourds,
doivent, malgré les difficultés budgétaires, prendre en
considération les conséquences des incendies en termes de vies
humaines, de risques pour les habitations voisines et de destruction de la
végétation.
2. La prévention des risques naturels
Les
plans de prévention des risques naturels (PPR), institués par la
loi n° 95-101 du 2 février 1995 relative au renforcement
de la protection de l'environnement, constituent des documents portant
servitude d'utilité publique, annexés au plan d'occupation des
sols.
Les PPR sont élaborés par les services de l'Etat pour les zones
à risques (inondations, mouvements de terrain, avalanches, incendies de
forêt, séismes, éruptions volcaniques, tempêtes ou
cyclones). Ces documents fixent des normes de construction, définissent
des mesures de prévention et prescrivent, si nécessaire, la
réalisation d'aménagements.
Depuis 1995, 370 PPR ont été approuvés et
1 550 sont actuellement en cours d'élaboration.
Le projet de loi de finances pour 1999 prévoit 67 millions de
francs de crédits, l'objectif étant la réalisation de
2 000 Plans avant l'an 2000.
Selon un rapport de l'instance d'évaluation de la politique de
prévention des risques naturels, il serait nécessaire de doter
10 000 communes d'un PPR au cours des dix prochaines années.
•
La procédure d'expropriation de biens exposés
à des risques majeurs
, nouveau cas d'expropriation, a
été instituée par la loi du
2 février 1995 précitée, complétée
par un décret du 11 octobre 1995 puis une circulaire du
10 juillet 1996.
Cette procédure concerne des biens exposés à des risques
naturels majeurs (mouvements de terrain, avalanches, crues torrentielles)
menaçant gravement des vies humaines, lorsque les moyens de sauvegarde
et de protection des populations s'avèrent plus coûteux que les
indemnités d'expropriation.
La procédure prévue par les articles L. 15-6 à
L. 15-8 du code de l'expropriation pour cause d'utilité publique
est applicable lorsque l'extrême urgence rend nécessaire
l'exécution immédiate de mesures de sauvegarde.
Un fonds de prévention des risques naturels, alimenté par un
prélèvement de 2,5 % sur le produit des primes ou
cotisations additionnelles relatives à la garantie contre le risque de
catastrophes naturelles, finance les indemnités d'expropriation et les
dépenses liées à la limitation de l'accès et
à la démolition éventuelle des biens exposés.
Depuis sa création, 102 millions de francs ont été
prélevés sur ce fond pour répondre à trois risques
majeurs :
- l'éboulement des " ruines de Séchilienne "
(Isère), concernant 94 habitations ;
- l'effondrement de carrières souterraines, dans le département
des Yvelines, affectant 23 propriétés ;
- un glissement de terrain menaçant 20 propriétés,
dans le département des Alpes-Maritimes.
Un vingtaine de procédures d'expropriation à ce titre sont
actuellement en instance.
3. Le déminage
L'unité de déminage, constituée
aujourd'hui de
143 spécialistes, a pu détruire ou neutraliser, entre 1945
et 1985, 13,5 millions de mines, 23 millions d'obus ou autres
explosifs et 650 000 bombes.
En 1997, il a pu être procédé à la neutralisation de
539 tonnes de munitions (501 en 1996). L'unité de déminage
est intervenue sur 2 991 objets suspects, dont 181 contenaient
réellement de l'explosif et a participé à la
sécurité de 246 voyages officiels.
Le bilan du 1er semestre 1998 fait apparaître le ramassage et la
destruction de 300 tonnes, après intervention sur
1 800 objets suspects.
Au cours de cette période, elle a participé à
140 voyages officiels.
250 tonnes de munitions anciennes sont collectées chaque
année dans le Nord-Pas-de-Calais et en Picardie, sauf en 1997 en raison
de difficultés de stockage.
En effet, l'activité importante de l'unité de déminage
nécessite la disposition de sites appropriés pour le stockage et
la destruction des munitions.
En 1998, le ministre de la Défense à mis à la disposition
du service de déminage un dépôt de munitions mieux
adapté.
Par ailleurs, l'aménagement de plusieurs sites existants devrait
être entrepris au cours des prochaines années.
Il apparaît impératif, pour des raisons de sécurité,
que ces aménagements soient menés à terme dans les
délais les plus courts possibles.
4. L'accroissement du nombre des opérations de secours consécutives à la pratique de sports " à risques "
A
plusieurs reprises, lors de l'examen du budget de la sécurité
civile, votre commission des Lois a exprimé sa préoccupation
devant l'accroissement sensible du nombre des opérations de secours aux
victimes d'accidents liés à la pratique de sports " à
risques ", provoqués par des imprudences
caractérisées, et sur leur coût élevé. Une
plus grande responsabilisation des personnes concernées apparaît
indispensable au lieu de laisser supporter aux contribuables des communes
concernées les conséquences d'agissements individuels qui mettent
parfois en danger la vie des sauveteurs.
En 1997, les opérations de secours en montagne ont concerné 5.279
personnes, parmi lesquelles 349 sont décédées et
3 144 ont été blessées. Ces opérations de
secours ont provoqué la mort de 5 sauveteurs.
Chaque année, entre 500 et 600 personnes décèdent à
l'occasion de baignades ou de la pratique de sports nautiques.
Le financement des opérations de secours incombe aux communes
au
titre de l'exercice des pouvoirs de police du maire (articles L. 2212-2 du
code général des collectivités territoriales et
L. 2213-23 du même code pour ce qui concerne la police des baignades
et des activités nautiques sur le littoral). De plus, l'article 13
de la loi du 22 juillet 1987 relative à l'organisation de la
sécurité civile met
en principe
à
la
charge des communes concernées le remboursement des frais de secours
engagés sur leur territoire par l'Etat, les établissements
publics, d'autres collectivités territoriales ou des personnes
privées.
Selon les indications fournies à votre rapporteur par le
ministère de l'Intérieur, dans de nombreux cas les services de
l'Etat assurent néanmoins gratuitement les prestations de secours pour
le compte de la commune.
Ainsi se trouve posé le principe général de la
gratuité des secours. Ce principe, qui doit certes être
préservé, pourrait cependant être modulé en cas de
prise volontaire de risques importants.
Certes, l'article L. 2321-2 du code précité autorise les
communes à "
exiger des intéressés ou de leurs
ayants-droit le remboursement des frais de secours qu'elles ont engagés
à l'occasion d'accidents consécutifs à la pratique des
activités sportives dont la liste est établie par décret
en Conseil d'Etat
".
Toutefois, le décret n° 87-141 du 3 mars 1987 limite les
activités sportives concernées aux seuls
ski alpin et ski de
fond
.
Par ailleurs, une partie de la charge financière à supporter peut
dépendre du moyen de transport sanitaire utilisé. Les
dépenses engagées par un SMUR peuvent être
remboursées par la sécurité sociale alors qu'un transport
assuré par les pompiers sera supporté par la commune
concernée.
On notera que la notion de ski alpin ou de ski de fond pourrait donner lieu
à des difficultés : ne vise-t-elle que les skieurs de piste,
ou également les skieurs de randonnée, voire les surfeurs des
neiges ?
Une liste des activités susceptibles de donner lieu à
remboursement ne peut être ni juste ni exhaustive, les sports
pratiqués étant chaque année plus diversifiés.
Une solution plus satisfaisante pourrait consister en une modification
législative laissant une capacité d'initiative plus large aux
communes.
Une autre solution pourrait aussi être envisagée, consistant en la
création d'une assurance obligatoire à la charge des sportifs
concernés. Serait-il plus choquant de contraindre ainsi des pratiquants
volontaires alors que l'on impose, par exemple, une assurance obligatoire aux
parents d'enfants scolarisés ?
Le ministère de l'Intérieur, interrogé à ce sujet
par votre rapporteur, n'envisage pas de proposer un aménagement du
régime en vigueur.
Néanmoins il apparaît souhaitable qu'une réponse
satisfaisante puisse enfin être trouvée à cette question,
soulevée depuis plusieurs années par votre commission des
Lois.
III. LA MISE EN OEUVRE DES RÉFORMES DE LA SÉCURITÉ CIVILE
L'urbanisation et l'apparition de nouveaux risques
technologiques
ont peu à peu modifié l'image traditionnelle du pompier
rattaché à sa commune. Les 9.000 interventions quotidiennes
des sapeurs-pompiers concernent un domaine qui tend à s'élargir
(incendies : 9,5 % ; accidents de la route :
11,4 % ; secours à victimes : 35,3 % ;
interventions diverses : 23,5 %...). Les moyens financiers des
communes sont inégaux et les régimes de travail de
sapeurs-pompiers assez différents d'un lieu à l'autre.
Cette situation, ainsi que la nécessité de remédier
à une crise du volontariat a conduit à l'adoption, avec
l'approbation du Sénat, de deux lois du 3 mai 1996 sur la
sécurité civile :
- la loi n° 96-369 relative aux services d'incendie et de secours ;
- la loi n° 96-370 relative au développement du volontariat dans
les corps de sapeurs-pompiers.
Si la plupart des dispositions de ces lois sont mises en oeuvre, après
la publication parfois difficile des textes d'application nécessaires,
certaines d'entre elles se sont heurtées à des obstacles qui
devront être surmontés.
1. La réorganisation des services d'incendie et de secours
La
loi n° 96-369 du 3 mai 1996 relative aux services d'incendie et de
secours
prévoit l'harmonisation, dans un délai de cinq ans,
de l'organisation territoriale des services d'incendie et de secours,
destinée à leur permettre de faire face avec une
efficacité accrue à l'accroissement de leurs activités et
à la diversification des risques auxquels ils sont désormais
confrontés.
La réforme transforme les services départementaux d'incendie et
de secours en établissements publics communs à l'ensemble des
collectivités territoriales et des établissements publics de
coopération intercommunale concernés dans le département.
Le nouvel établissement public est administré par un conseil
d'administration, composé de membres représentant les
différentes collectivités et établissements
concernés, compte tenu notamment de leurs contributions
financières, à qui il appartient d'élire son
président.
Son budget est alimenté par des contributions financières de ces
collectivités et établissements, fixées par une
délibération du conseil d'administration prise à la
majorité des deux tiers ou à défaut suivant des
règles définies par la loi.
Le SDIS a désormais des compétences élargies à la
gestion de l'ensemble des matériels nécessaires aux missions des
services d'incendie et de secours, ainsi que des personnels regroupés au
sein du corps départemental de sapeurs-pompiers.
Les transferts de personnels et de biens au SDIS doivent faire l'objet de
conventions conclues au cas par cas au niveau local.
Toutefois, la réforme ne s'applique pas aux services d'incendie et de
secours de Paris, des départements de la " petite couronne "
et de Marseille, qui conservent leurs statuts particuliers.
Six décrets d'application de la loi n° 96-369 du 3 mai 1996 ont
été publiés :
• Le
décret n° 96-1005 du 22 novembre 1996
relatif à l'installation des
premiers conseils d'administration
des nouveaux établissements publics, fixant les modalités
d'évaluation financière des dépenses engagées au
cours des dernières années par les collectivités et
établissements concernés, afin de fixer la répartition des
sièges au sein du conseil d'administration du SDIS.
Il fixe les règles relatives à l'élection des
représentants de ces collectivités et des sapeurs-pompiers.
La totalité des conseils d'administration des SDIS est désormais
constituée.
•
Le
décret n° 96-1171 du 26 décembre
1996
relatif aux
transferts de personnels et de biens
a, pour sa
part, précisé les procédures de règlement des
litiges qui pourraient intervenir au cours de l'élaboration des
conventions de transfert. La loi a prévu un délai de 5 ans
à compter de son entrée en vigueur pour la réalisation de
ces transferts qui sont, dans la plupart des départements, en cours de
négociation.
•
Le
décret n° 97-279 du 24 mars 1997
relatif aux
commissions administratives paritaires et aux comités
techniques paritaires
des sapeurs-pompiers professionnels, tirant les
conséquences du regroupement de l'ensemble des sapeurs-pompiers
professionnels au sein des corps départementaux.
A l'heure actuelle, la grande majorité des commissions et
comités paritaires est installée.
•
Le
décret n° 1225 du 26 décembre
1997
relatif à
l'organisation des services d'incendie et de
secours
qui remplace entièrement les dispositions du décret
du 6 mai 1988 afin de tirer les conséquences de la nouvelle organisation
définie par la loi du 3 mai 1996.
Ce texte applique notamment les dispositions législatives concernant les
contributions financières des collectivités au budget du SDIS, en
l'absence de délibération du conseil d'administration prise
à la majorité des deux tiers.
• Le
décret n° 98-298 du 20 avril 1998
modifiant
certaines
dispositions statutaires relatives aux sapeurs-pompiers
professionnels.
• Le
décret n° 98-442 du 5 juin 1998
fixant le
cadre de référence du
régime indemnitaire des
sapeurs-pompiers professionnels.
Ce texte, qui simplifie le régime indemnitaire, fait des
sapeurs-pompiers professionnels les derniers fonctionnaires territoriaux
à bénéficier de la réforme des régimes
indemnitaires entreprise dans la fonction publique territoriale. L'application
du régime indemnitaire se traduira par une augmentation de la masse
salariale des sapeurs-pompiers professionnels d'environ 5 %.
En revanche, le décret du 5 juin 1998 précité ne
comporte pas les dispositions prévues par la loi et concernant le
régime de travail des sapeurs-pompiers professionnels.
La question de l'harmonisation des régimes de travail des
sapeurs-pompiers professionnels (nombre de gardes en particulier) à la
suite de leur regroupement au sein de corps départementaux, a
donné lieu à des discussions délicates entre les
différentes parties concernées et a provoqué des
mouvements de grève administrative.
Aucun accord n'ayant pu être dégagé entre employeurs et
salariés, le ministre de l'Intérieur a considéré
qu'il ne pouvait revenir à l'Etat d'arrêter unilatéralement
le régime de travail des sapeurs-pompiers professionnels.
Observant
que la durée du travail dans la fonction publique territoriale relevait
du principe de libre administration,
il a estimé qu'il appartiendrait
aux autorités d'emploi de prendre les décisions utiles
.
Enfin,
un décret
sur les modalités particulières
d'organisation et de fonctionnement du service territorial d'incendie et de
secours de Saint-Pierre-et-Miquelon
reste encore en
préparation
.
2. Le développement du volontariat
La
loi n° 96-370 du 3 mai 1996 relative au développement du
volontariat dans les corps de sapeurs-pompiers
a pour sa part
apporté aux quelques 200 000 sapeurs-pompiers volontaires -qui
constituent la charpente de l'organisation de la sécurité civile
en France- le statut législatif dont ils étaient jusque là
dépourvus.
Ce " statut " a cherché à répondre à la
crise qui affecte le volontariat depuis quelques années : insuffisance
du recrutement et diminution de la durée moyenne d'engagement, alors
même que les interventions à assurer sont de plus en plus
nombreuses et diversifiées.
• La loi consacre le droit des sapeurs-pompiers volontaires
à bénéficier d'autorisations d'absence pour participer
à des missions opérationnelles ou à des activités
de formation et les fait bénéficier d'un certain nombre de
mesures protectrices. En contrepartie, des compensations financières
sont prévues en faveur des employeurs.
• Par ailleurs, la loi reconnaît le droit des sapeurs-pompiers
volontaires à recevoir, en dédommagement des services rendus
à la collectivité, des vacations horaires.
Dans le souci de concrétiser la reconnaissance de la Nation pour les
services rendus par les sapeurs-pompiers volontaires, la loi a également
prévu la généralisation du versement d'une allocation de
vétérance à tout ancien sapeur-pompier volontaire dont
l'engagement a pris fin lorsqu'il a atteint la limite d'âge de son grade
après avoir effectué au moins 20 ans de services. La loi a
prévu l'entrée en vigueur de cette disposition le 1er janvier
1998.
Le texte a, en outre, amélioré le régime de protection
sociale des sapeurs-pompiers volontaires institué par la loi n°
91-1389 du 31 décembre 1991.
Plusieurs textes d'application de cette loi ont été
publiés :
•
Le
décret n° 96-772 du 4 septembre 1996
a créé un observatoire national et des observatoires
départementaux du volontariat dans les corps de sapeurs-pompiers.
L'observatoire national a été installé le 8 septembre 1997.
•
Le
décret n° 96-1004 du 22 novembre 1996
relatif aux vacations horaires des sapeurs-pompiers volontaires (fixées
entre 41,92 F et 63,06 F, suivant les grades, par un
arrêté du
17 mars 1998
).
•
Un
arrêté du 9 avril 1998
portant
organisation du comité consultatif départemental des
sapeurs-pompiers volontaires.
• Un
arrêté du 17 mars 1998
fixant à
1.927,86 F la part forfaitaire de l'allocation de vétérance.
En revanche,
la part variable de cette allocation
, prévue par le
même texte à compter du 1
er
janvier 1998,
ne peut
être versée, faute de parution du décret d'application
prévu pour en définir les critères de calcul
" compte tenu des services accomplis, y compris en formation, par le
sapeur-pompier volontaire "
.
Les difficultés proviennent d'un désaccord entre les parties
concernées sur les solutions à retenir ainsi que sur une
réticence des sapeurs-pompiers volontaires à participer au
financement de cette part variable de l'allocation de vétérance,
comme cela est prévu par la loi.
Une proposition de loi
2(
*
)
tendant à
assouplir les conditions d'attribution de cette prestation et à
réviser son financement a été adoptée par la
commission des Lois le 24 novembre et devrait être examinée
prochainement par le Sénat.
Enfin,
demeure en instance un décret
prévu par la loi du 3
mai 1996
pour préciser les conditions d'indexation de l'allocation ou
de la rente d'invalidité
attribuée au sapeur-pompier
volontaire atteint d'une infirmité définitive, par
référence aux revenus qu'il tirait antérieurement de son
activité professionnelle.
3. Vers un débat sur le financement de la sécurité civile ?
Les
réformes de la sécurité civile ne pourront pas être
financièrement neutres pour les collectivités territoriales.
M. Jean-Jack Queyranne, ministre de l'Intérieur par
intérim, a déclaré, lors de la discussion du budget de son
ministère à l'Assemblée nationale le
5 novembre 1998, que la départementalisation n'avait pas
entraîné de hausse mécanique des dépenses, notant
toutefois que
" certains départements devront consentir un
effort financier plus important que d'autres pour se mettre à
niveau "
.
Il admettait cependant que les dispositions statutaires et indemnitaires
adoptées en conséquence de cette réforme ou
résultant de la loi sur les sapeurs-pompiers volontaires induiront des
augmentations de charges.
Ainsi, on a relevé que le nouveau régime indemnitaire des
sapeurs-pompiers professionnels entraînerait une progression de 5 %
de la masse salariale, répartie de manière variable selon les
départements.
La généralisation de l'allocation de vétérance
devait entraîner une charge financière nouvelle pour les
collectivités, évaluée à 38 millions de francs
lors de l'examen de la loi du 3 mai 1996.
L'adoption éventuelle de la proposition de loi concernant cette
prestation entraînerait une dépense supplémentaire
de 36 millions de francs.
Votre rapporteur a souligné la charge financière résultant
des opérations de secours des personnes pratiquant des activités
sportives
" à risques "
.
Les collectivités territoriales, certes sensibles à
l'amélioration de l'efficacité de la sécurité
civile, sont en droit de se demander si elles devront indéfiniment
supporter les conséquences financières de décisions prises
par l'Etat.
Le ministre de l'Intérieur a indiqué, lors du débat
budgétaire à l'Assemblée nationale, qu'il était
prêt à engager une réflexion portant sur la recherche de
moyens financiers supplémentaires.
En tout état de cause, un débat sur le financement de la
sécurité civile mériterait d'être engagé.
*
* *
Sous le bénéfice de l'ensemble de ces observations, votre commission a porté une appréciation positive sur les crédits affectés à la sécurité civile pour 1999.
1 Le montant des crédits affectés à l'agrégat " sécurité civile " ne coïncide pas exactement avec celui des crédits du ministère de l'intérieur figurant à l'annexe intitulée " Etat récapitulatif des crédits prévus au titre de la sécurité civile " en raison de méthodes de comptabilisation différentes.
2 N°19 (1998-1999) de M. Claude Estier et les membres du groupe socialiste.