CHAPITRE III
LES MOYENS D'ÉQUIPEMENT DE LA MARINE
Les
grandes lignes d'évolution des moyens d'équipement de la Marine
pour les prochaines années ont été arrêtées
par la loi de programmation militaire 1997-2002.
Sans que soient remises en cause ou modifiées ses missions
fondamentales, en matière de dissuasion, de projection, de
prévention ou de protection, la Marine doit au cours de cette
période rallier un
format plus réduit
, tant pour la
flotte, qui passera de 100 à 80 bâtiments, que pour
l'aéronautique navale qui, au cours de la période couverte par la
programmation, verrait son nombre d'appareils passer d'environ 300 à 240.
Votre rapporteur a plusieurs fois souligné combien la réussite
d'un tel défi, à savoir mener à bien des missions au moins
équivalentes avec des moyens réduits, supposait que
parallèlement soient préservés les programmes qui doteront
la Marine d'équipements plus modernes et plus performants.
La sévère "encoche" opérée en 1998 dans le budget
de la Marine a suscité de sérieuses inquiétudes car si
elle ne compromettait pas définitivement la poursuite des objectifs
assignés par la loi de programmation, elle laissait planer un doute sur
le niveau des moyens financiers pour les années à venir et ne
pouvait être pérennisée sans entraîner une
révision beaucoup plus profonde des ambitions de notre Marine.
La "revue de programmes" dont les conclusions ont été rendues en
avril dernier, et sur la base de laquelle a été
élaboré le budget 1999, dissipe en grande partie ces
inquiétudes. En effet, la Marine bénéficie d'un
budget
d'équipement en augmentation de 7,5 %
et, si elle ne retrouve pas
intégralement le niveau prévu en programmation, le "manque
à gagner" est cette fois plus limité. Il découle des choix
opérés à l'issue de la revue de programmes et
d'économies qui devraient rester compatibles avec le modèle de
Marine défini pour 2002.
Votre rapporteur présentera tout d'abord les conclusions de cette "revue
de programmes" et leurs conséquences, avant d'analyser plus en
détail l'évolution des capacités de la Marine en 1999 et
le déroulement des principaux programmes.
I. LA "REVUE DE PROGRAMMES" : UNE RÉVISION LIMITÉE DES MOYENS DE LA MARINE
La "revue de programmes" conduite au cours de l'automne et de l'hiver derniers se présente en première analyse comme une opération de recherche d'économies pour les années restant à courir d'ici le terme de la programmation. Les décisions prises recouvrent un ensemble de mesures de nature différente, allant des procédés classiques de décalage de programmes ou d'aménagement de calendrier à la mise en oeuvre de procédures d'acquisition moins coûteuses ou à la limitation de la disponibilité de certains matériels. La cohérence d'ensemble du modèle de Marine n'est pas affectée sans pour autant que les choix opérés soient dépourvus de conséquences sur les capacités opérationnelles.
A. UNE ÉCONOMIE DE 3,9 MILLIARDS DE FRANCS DE 1999 À 2002
L'ensemble des mesures décidées à l'issue de la "revue de programmes" permet, d'ici 2002, une économie de près de 3,9 milliards de francs. En ce qui concerne le budget 1999, ces économies sont proches de 900 millions de francs. Elles devraient atteindre leur plein rendement en 2000 et 2001 alors qu'en 2002 commenceront à se faire sentir les dépenses qui n'ont été que reportées dans le temps.
1. L'optimisation du calendrier du programme SNLE-NG
L'aménagement du calendrier du programme SNLE-NG et sa
mise en cohérence avec celui du missile balistique M 51
constitue
l'une des principales sources d'économie issue de la "revue de
programmes". Ces économies, sur le titre V de la Marine, sont
estimées à
653 millions de francs d'ici 2002
auxquels se
rajoutera près de 1,1 milliard de francs sur la période de la
planification, c'est-à-dire de 2002 à 2015.
L'admission au service actif du SNLE-NG n° 3
, le Vigilant,
déjà reportée d'un an à la suite d'une
décision prise l'an passé,
serait à nouveau
décalée de six mois
pour intervenir en juillet 2004. Quant au
SNLE-NG n° 4
, son
admission au service actif sera
repoussée d'un an
, de juillet 2007 à juillet 2008. En
contrepartie, la
mise en service du missile balistique M 51
a
été
avancée de deux ans
, de 2010 à 2008, de
manière à équiper d'emblée le 4e SNLE-NG.
Cette opération permet de réduire le coût du maintien en
condition opérationnelle des missiles M 45 et surtout de
limiter aux
seuls trois premiers SNLE-NG le programme d'adaptation au M 51.
Parallèlement, le calendrier de retrait du service actif des SNLE de
génération actuelle a lui aussi été
réaménagé, une modification de l'échéance
des grands carénages permettant d'avancer d'un an le retrait de
l'Inflexible tout en assurant la permanence de la disponibilité de trois
SNLE.
Votre rapporteur observe que les glissements successifs imposés au
programme SNLE-NG rendaient logique la recherche d'une mise en cohérence
avec le programme M 51 afin d'éviter d'inutiles
surcoûts.
2. Le décalage de programmes
Le
décalage de programme a constitué par le passé l'un des
moyens privilégiés de la recherche d'économies. Dès
l'an dernier, certaines décisions avaient été
annoncées concernant l'admission au service actif du porte-avions
Charles de Gaulle, l'équipement au standard définitif de la
première flottille de Rafale, la modernisation des chasseurs de mines
tripartites ou encore la commande d'avions Falcon 50 destinés à
la surveillance maritime
.
Deux décisions nouvelles
ont été prises dans le cadre
de la revue de programmes :
- un
retard d'un an sur la livraison de Rafale au standard F2
(capacité air-sol), après 2005, ce qui ne remet pas en cause
la date de la constitution de la première flottille au standard F1 ;
cette mesure permet une
économie de 369 millions de francs
,
- le
décalage de deux ans de la livraison du bâtiment
hydrographique océanique
, repoussée à 2002, qui permet
d'économiser
71 millions de francs sur la période
.
D'une manière générale, il faut rappeler que les
décalages de programme, s'ils se traduisent par une économie
immédiate sur une période donnée, ne font que repousser
dans le temps des dépenses inéluctables, avec parfois des
surcoûts.
3. La recherche de modes d'acquisition moins coûteux : les programmes NTCD et Hawkeye
Une
économie de plus de 600 millions de francs
est
espérée sur le
programme de nouveaux transports de chalands de
débarquement (NTCD),
qui prévoit la livraison de deux
bâtiments en 2004 et 2006. Elle résulterait d'une
démarche comparative
, nationale et européenne, consistant
à étudier les prix proposés sur le marché afin de
définir un "coût objectif" qui s'imposera à l'industriel et
permettra la réalisation du programme dans le cadre d'une enveloppe
contrainte sans compromettre le besoin opérationnel, en recherchant des
solutions techniques et opérationnelles innovatrices.
D'autre part, la commande du
troisième avion de guet
embarqué
Hawkeye sera avancée afin de
bénéficier d'une
commande groupée
avec l'US Navy
qui permettrait de réaliser une économie de
194 millions de
francs de 2000 à 2002
.
4. Les autres mesures d'économies
Il a
tout d'abord été décidé de renoncer à deux
programmes :
- le
missile porte-torpille MILAS,
dont la France se retire à
l'issue du développement conduit avec l'Italie
(économie de
214 millions de francs),
- le projet de
torpille lourde,
qui devait armer nos sous-marins en
2010, dont les études et le développement sont abandonnés
au profit d'une acquisition sur le marché
(économie de 228
millions de francs).
Plus importante apparaît la décision de
retirer du service le
porte-avions Foch
dès l'admission au service actif du Charles de
Gaulle fin 1999, et, corrélativement, de
désarmer la flottille
d'Alizé
qui devait être maintenue au profit du Foch jusqu'en
2005. Cette mesure, qui procure une
économie de 235 millions de
francs
, se répercute directement sur la permanence du groupe
aéronaval.
Enfin, une
diminution de dépenses de plus de 1,3 milliard de
francs
est attendue d'un
prélèvement de l'ordre de 5 % sur
les flux destinés à l'entretien programmé des
matériels
, à l'
infrastructure
et
aux
développements des petits programmes
.
B. LES CONSÉQUENCES DE LA "REVUE DE PROGRAMMES"
Au regard du modèle défini pour la Marine, les conséquences de la "revue de programmes" paraissent limitées puisque aucun programme majeur n'est remis en cause . Sur le plan opérationnel en revanche, le retrait du porte-avions Foch entraîne l'abandon du concept de quasi-permanence du groupe aéronaval alors que la compression des dépenses d'entretien programmé des matériels se répercutera sur la disponibilité des bâtiments et des aéronefs.
1. La permanence du groupe aéronaval en question
Avec la
décision du retrait du Foch est abandonné le concept dit de
"quasi permanence" du groupe aéronaval, qui reposait sur la "mise en
sommeil" du Foch et sa réactivation lors de la première
période d'indisponibilité majeure du porte-avions
nucléaire Charles de Gaulle, c'est-à-dire en 2004-2005.
Selon le ministère de la Défense, la mise en sommeil du Foch
constituait une solution coûteuse qui ne donnait pas pour autant
entièrement satisfaction sur le plan opérationnel. Elle aurait
nécessité soit la poursuite de l'adaptation du Foch au Rafale,
qui impliquait une dépense conséquente pour une durée
d'utilisation relativement brève, soit de renoncer à utiliser le
Rafale sur le Foch, ce qui, combiné à l'impossibilité
d'embarquer le Hawkeye aurait fortement limité les capacités
opérationnelles du porte-avions.
Si la décision prise possède sa logique, sur le plan
économique, et si la solution retenue par la loi de programmation
manquait de crédibilité, il n'en demeure pas moins que
la
France sera privée de sa capacité de projection
aéromaritime pendant les dix-huit mois d'indisponibilité du
Charles de Gaulle, en 2004-2005
. La Marine se trouvera ainsi
dépourvue pour une période relativement longue, de l'une de ses
capacités majeures, alors qu'aujourd'hui la projection de force et de
puissance constitue, avec la dissuasion, sa mission principale. Une telle
situation se reproduira pour la seconde période d'entretien, en
2010-2011.
Cette situation ne peut manquer de faire resurgir la
question de la
commande d'un second porte-avions
après 2002, afin de garantir
à partir de 2012 la permanence du groupe aéronaval. Selon les
informations dont dispose votre rapporteur, la réalisation d'un second
porte-avions nucléaire représenterait un coût aujourd'hui
estimé à 11,5 milliards de francs, ce coût pouvant
être réduit de 1 milliard de francs en cas de recours à une
propulsion classique. Par ailleurs, la
possibilité d'une synergie
avec la Marine
britannique
, qui vient d'engager des études
pour la constitution d'un groupe aéronaval de deux porte-avions, est
également en cours d'examen. En effet, les bâtiments
envisagés pour la Royal Navy, à propulsion classique, seraient de
conception voisine du Charles de Gaulle par leur tonnage (40 000 tonnes) et
surtout par leur capacité à emporter des avions à long
rayon d'action, de l'ordre de 500 nautiques, grâce aux moyens de
catapultage et aux brins d'arrêt, et non plus des avions à
décollage vertical dont le rayon d'action est beaucoup plus
limité (de l'ordre de 100 nautiques).
Même si le lancement éventuel de la construction d'un second
porte-avions ne peut intervenir qu'à partir de 2003, dans le cadre de la
prochaine loi de programmation militaire, il est évident que les
réflexions doivent désormais être sérieusement
menées.
2. Un impact sur la disponibilité des bâtiments et des aéronefs
En
dehors de la permanence opérationnelle du groupe aéronaval, les
décisions prises dans le cadre de la "revue de programmes" pourraient
avoir un impact sur la disponibilité des matériels.
Alors que les crédits de fonctionnement du titre III sont
extrêmement contraints et n'autorisent guère de marge de
manoeuvre, sauf à trancher dans les crédits relatifs aux
combustibles, l'abattement opéré sur les crédits
d'entretien programmé des matériels, qui avait
dépassé 500 millions de francs en 1998, dépassera 1,1
milliard de francs sur les quatre années 1999-2002.
La compression des moyens de fonctionnement et des crédits d'entretien
pourrait se traduire par des réductions d'activité, voire par le
report d'entretien majeur d'unités opérationnelles, ce qui
entraînerait leur maintien à quai, comme on a pu l'observer pour
certains bâtiments dès 1998.
II. L'ÉVOLUTION DES CAPACITÉS DE LA MARINE
L'année 1999 sera marquée par la poursuite de la réduction de format de la flotte et de l'aéronautique navale et la mise en oeuvre d'un deuxième train de restructurations. La compression des crédits d'entretien programmé des matériels, de fonctionnement et d'infrastructure constitue une contrainte supplémentaire qui réduira les marges de manoeuvre de la Marine pour la conduite de ses activités.
A. UNE RÉDUCTION DE FORMAT QUI SE POURSUIT
Moins nombreux en 1998 qu'en 1997, les retraits de service de bâtiments reprennent un rythme significatif en 1999 afin de rallier au plus vite le modèle prévu pour 2002.
1. La flotte
Au cours
de l'année 1998, la Marine n'a reçu livraison que d'un seul
bâtiment important, le transport de chalands de débarquement
SIROCO alors qu'elle a retiré du service actif deux sous-marins diesel,
un chasseur de mines, un remorqueur de haute mer ainsi que cinq autres petits
bâtiments.
L'année 1999 verra le
retrait de 14 bâtiments
dont le
SNLE Le Tonnant, la frégate anti-sous-marins Duguay-Trouin, les
avisos
(type A 69), D'Estienne d'Orves, Jean Moulin et Amyot
d'Inville, et deux bâtiments d'expérimentation, d'essais et de
mesures, l'Ile d'Oléron et le Berry.
Parallèlement, devraient être admis en service actif le
porte-avions Charles de Gaulle, le deuxième SNLE-NG Le
Téméraire et la quatrième frégate de type La
Fayette, l'Aconit.
Une incertitude demeure cependant sur la date de l'admission au service actif
du Charles de Gaulle, prévue fin 1999 mais qui pourrait glisser en 2000
pour des raisons techniques liées à d'ultimes mises au point sur
les circuits de récupération de vapeur.
Le tableau suivant récapitule l'évolution de la flotte sur les
années 1999 et 2000.
Évolution de la flotte en 1997 et 1998
|
1/1/1998 |
1/1/1999 |
1/1/2000 |
SNLE |
4 |
4 |
4 |
Sous-marins d'attaque |
8 |
8 |
8 |
Porte-avions |
1 |
1 |
1 |
Transports de chaland de débarquement* |
5 |
5 |
5 |
Frégates antiaériennes |
4 |
4 |
4 |
Frégates anti-sous-marins |
10 |
10 |
9 |
Frégates de 2e rang |
19 |
20 |
17 |
Bâtiments antimines |
15 |
14 |
14 |
Bâtiments logistiques |
7 |
7 |
6 |
Bâtiments de souveraineté |
22 |
22 |
22 |
Petites unités |
7 |
7 |
7 |
Service public |
5 |
5 |
5 |
TOTAL |
107 |
107 |
102 |
* dont porte-hélicoptères Jeanne d'Arc |
|
|
|
On
observera qu'à la fin de l'année 1999, la Marine aura
pratiquement rallié son format prévu pour 2002 et
opéré l'essentiel de la réduction de son format. Ne
resteront à opérer au cours des années 2001 et 2002 que
les retraits des deux derniers sous-marins diesel (le La Praya étant
cependant conservé comme bâtiment d'expérimentation et
d'essais) et de trois frégates de deuxième rang.
Le tableau ci-dessous rappelle l'évolution de la flotte d'ici 2002 et
2015 pour les principaux bâtiments de combat et de soutien, telle qu'elle
résulte de la loi de programmation 1997-2002.
Évolution de la flotte jusqu'en 2015
(rapport annexé à la loi de programmation 1997-2002)
Bâtiments de combat et de soutien |
1996 |
2002 |
2015 |
SNLE |
5 |
4 |
4 |
Sous-marins nucléaires d'attaque |
6 |
6 |
6 |
Sous-marins diesel |
6 |
- |
- |
Porte-avions |
2 |
1 |
2* |
Frégates antiaériennes |
4 |
4 |
4 |
Frégates anti-sous-marins |
11 |
8 |
8 |
Frégates de 2e rang et avisos |
17 ** |
14 |
14 |
Bâtiments antimines |
16 |
14 |
16 |
TCD |
4 *** |
4 |
4 |
* Le
second porte-avions est planifié pour 2015, sous réserve que les
conditions économiques le permettent
** non comprises 2 frégates type " La Fayette " livrées
fin 1996
*** dont le porte-hélicoptères Jeanne d'Arc
2. L'aéronautique navale
L'aéronautique navale est, elle aussi, affectée
par
une réduction de format.
En ce qui concerne
l'aviation embarquée,
plusieurs
évolutions sont intervenues en 1998 et se poursuivront en 1999 :
- la Marine recevra
livraison de 8 Super-Etendard modernisés
supplémentaires en 1998,
la livraison des deux derniers avions
modernisés étant prévue en 2001 ; le Super-Etendard, qui
continuera à faire l'objet d'améliorations, restera la
pièce principale du groupe aérien embarqué jusqu'à
la montée en puissance du Rafale, après 2005,
- les
11 Crusader
de la flottille 12 F
seront retirés à
l'automne 1999,
cette flottille n'étant réactivée
qu'en 2001, avec 6 Rafale (la flottille complète, avec 10 appareils,
étant prévue pour 2002),
- la "mise en sommeil" de la flottille 4 F à Lann Bihoué au cours
de l'année 1998 entraînera le
retrait de
6 Alizé
; les neuf derniers appareils,
conservés pour assurer une
capacité d'éclairage au profit du groupe aéronaval,
seront retirés en même temps que le Foch
,
c'est-à-dire fin 1999 ou début 2000,
- enfin, la Marine a reçu
livraison en 1998 des deux avions de guet
aérien embarqué Hawkeye
qui constitueront désormais la
flottille 4 F, réactivée début 1999.
Votre rapporteur tient à rappeler que le retrait, à partir de
l'an prochain, des Crusader, provoquera un "trou" dans la
défense
antiaérienne du porte-avions Charles de Gaulle
jusqu'à la
constitution de la première formation de Rafale en 2001. Cette relative
faiblesse ne sera que partiellement compensée par les capacités
de combat des Super-Etendard modernisés, qui demeurent limitées
aux basses et moyennes altitudes. Aussi les possibilités d'emploi du
porte-avions seront-elles moins larges en cas de menace aérienne
importante.
S'agissant de
l'aviation de patrouille maritime,
elle a reçu
livraison au début de l'année 1998 de son 28e Atlantique 2, mais
6 appareils seront "mis sous cocon" lors de la dissolution de la flottille 24 F
de Lann Bihoué. Ces appareils seront tenus en réserve, soit pour
une vente éventuelle, soit pour compenser l'attrition. La flottille 24 F
sera réactivée en 1999, lorsqu'elle aura reçu 2 appareils
Falcon 50 sur un total de 4 appareils prévus en 2002. Ces appareils
permettront d'assurer à un moindre coût des missions actuellement
effectuées par des Atlantique 2 outre-mer.
Précisons enfin qu'aucune modification n'est prévue en 1999 sur
le parc d'hélicoptères.
La profonde évolution des formations de l'aéronautique navale
s'accompagne d'une réorganisation entamée dès l'an
passé avec la création d'une division de l'aéronautique
navale qui constitue désormais la quatrième division au sein de
l'état-major de la Marine. En outre, depuis le mois de juin 1998, les
deux forces de l'aéronautique navale (aviation embarquée et
aviation de patrouille maritime) ont été réunies au sein
d'un même commandement organique de l'aviation navale (ALAVIA) qui
rassemble toutes les formations d'avions et d'hélicoptères de la
Marine.
3. La deuxième série de restructurations
Conformément au dispositif arrêté en 1996,
après une première phase touchant essentiellement les forces
elles-mêmes, une deuxième phase de restructurations s'ouvre en
2000 en direction des structures territoriales, des centres de formation, de
l'environnement et du soutien des forces.
Au cours de l'année 1998, l'établissement principal de
l'aéronautique navale de Quimper a été
transféré à Lann-Bihoué. L'Ecole de chasse
embarquée située sur la base aéronavale de Landivisiau a
été dissoute le 1er mars et transférée vers
l'Armée de l'air, au sein d'une section Marine de la base
aérienne 120 à Cazaux.
Les restructurations reprendront à partir de 2000 avec la suppression de
l'arrondissement maritime de Lorient en 2001, la dissolution de la
dernière flottille d'Alizé stationnée à
Nîmes-Garons, le transfert de Rochefort vers le Centre d'instruction
naval de Querqueville de l'école des fourriers, la dissolution des
antennes de la direction des travaux maritimes, du service technique des
transmissions, de la direction du commissariat de la Marine à Rochefort
et, enfin, le transfert à Hyères de l'établissement de
l'aéronautique navale de Cuers-Pierrefeu.
Au terme de cette période d'adaptation,
la Marine aura
concentré tous ses soutiens dans les ports de Brest
(qui prendra en
charge le soutien du port de Lorient),
Toulon et Cherbourg
.
L'aéronautique navale sera réorganisée dans un dispositif
plus concentré, réparti sur six bases aéronavales, dont
trois sur la façade atlantique, Lann-Bihoué (patrouille et
surveillance maritimes, Hawkeye), Lanvéoc-Poulmic
(hélicoptères) et Landivisiau (chasse embarquée) et trois
sur la façade méditerranéenne, Nîmes Garons
(patrouille et surveillance maritimes), Saint-Mandrier
(hélicoptères) et Hyères. L'achèvement de la
professionnalisation entraînera la fermeture du centre de formation
maritime d'Hourtin (Gironde), actuellement chargé de l'incorporation des
appelés de la Marine.
B. UNE CONTRAINTE ACCRUE SUR LES DOTATIONS D'ENTRETIEN, DE FONCTIONNEMENT ET D'INFRASTRUCTURE
Alors que les crédits de fonctionnement courant continuent de diminuer , la forte baisse des dotations d'entretien programmé des matériels et d'infrastructure, qui avait conduit à reporter certaines opérations, ne sera que partiellement compensée en 1999.
1. La diminution des crédits de fonctionnement courant
Les
crédits de fonctionnement courant de la Marine, regroupés au
chapitre 34-05, passent de 1,740 milliard de francs en 1998 à 1,620
milliard de francs en 1999, soit une
diminution de 6,9 %.
Votre rapporteur a souligné à plusieurs reprises que ce chapitre
connaissait depuis plusieurs années une insuffisance structurelle de
l'ordre de 150 millions de francs qui en rendait la gestion
particulièrement tendue, tout particulièrement sur les postes
relatifs aux frais de déplacement, qui recouvre notamment la
participation d'officiers à des réunions, de plus en plus
nombreuses, de niveau international (OTAN, UEO, coopération avec les
marines étrangères), mais aussi les prises de bail pour le
personnel outre-mer et l'entretien immobilier.
Au cours de l'année 1998, une conjoncture particulièrement
favorable quant au cours du dollar et du baril, ainsi que des mesures de
déstockage prises par le service des essences, ont permis de
dégager des excédents sur les crédits relatifs aux
produits pétrolier et de les réaffecter pour couvrir ces
insuffisances.
Pour 1999, les
crédits consacrés aux produits
pétroliers
(combustibles de la flotte et carburant de
l'aéronautique navale), passent de 401,2 millions de francs à
339,3 millions de francs, soit une
diminution de 18,3 %.
Cette
réduction importante correspond pour partie à la réduction
du format de la flotte, y compris le désarmement du porte-avions Foch,
et pour près des deux tiers à la révision des
hypothèses économiques (dollar à 6 F) et à la
réactualisation du cours du pétrole (13,99 dollars le baril).
Dans ces conditions l'abattement imposé aux crédits relatifs aux
produits pétroliers ne devrait pas avoir d'effet sensible sur les
activités des unités.
S'agissant des
dépenses de fonctionnement hors produits
pétroliers,
elles subiront pour leur part une
diminution de 4,3
%
qui rendra leur gestion plus difficile. Ici encore, la réduction
du format de la Marine entraîne une baisse mécanique de 39,6
millions de francs de ces dépenses. Par ailleurs, un transfert de 17,1
millions de francs sera opéré au profit de la Direction centrale
du service national au titre de la participation de la Marine au financement de
l'appel de préparation à la défense. Enfin, deux mesures
supplémentaires sont imposées à la Marine, l'une sur les
coûts de formation (12 millions de francs) et l'autre sur les coûts
des services centraux et territoriaux (9 millions de francs).
Parallèlement, le budget de la Marine bénéficiera en 1999
d'une
mesure nouvelle de 8,8 millions de francs
pour permettre le
financement d'actions de sous-traitance, de reconversion et de convocation du
personnel des réserves.
Enfin, on remarquera que les
crédits d'alimentation
enregistreront une
diminution de 16,8 %
(557 millions de francs en 1998
et 464 millions de francs en 1999) qui va très au-delà des effets
mécaniques de la baisse des effectifs et qui intègre une
mesure d'économie supplémentaire de 50 millions
de francs
susceptible, elle aussi, de provoquer des difficultés de gestion.
Les crédits de fonctionnement courants ont désormais atteint un
niveau qui laisse peu de marge de manoeuvre, sauf à réduire les
dotations en carburants et à limiter l'activité des
forces.
2. Des crédits d'entretien programmé des matériels qui ne retrouveront que partiellement le niveau attendu
Alors
que tous chapitres budgétaires confondus, les
crédits
d'entretien programmé des matériels
avaient diminué de
12,8 % en 1998, ils
augmenteront de 2,9 % en 1999
. Cette
légère progression ne permet de résorber que très
partiellement "l'encoche" opérée en 1998 et sa relative
modération résulte de la décision prise à l'issue
de la "revue de programmes" d'opérer une
réduction
forfaitaire
de 5 % sur les dépenses d'entretien programmé des
matériels.
Le tableau ci-dessous récapitule l'évolution de l'ensemble des
crédits d'entretien programmé des matériels, en
distinguant d'une part le titre III et le titre V et d'autre part les
crédits de la flotte classique, ceux de l'aéronautique navale et
ceux de la FOST.
Evolution des crédits d'entretien programmé des matériels
|
T. III
|
T. V
|
Total
|
T. III
|
T. V
|
Total
|
% |
EPM flotte classique |
639 |
1 894 |
2 533 |
505 |
2 446 |
2 951 |
+ 16,5 |
EPM aéronautique navale |
59 |
1 667 |
1 726 |
41 |
1 426 |
1 467 |
- 15,0 |
Total hors FOST |
698 |
3 561 |
4 259 |
546 |
3 872 |
4 418 |
+ 3,7 |
EPM FOST |
- |
1 188 |
1 188 |
- |
1 188 |
1 188 |
- |
TOTAL EPM |
698 |
4 749 |
5 447 |
546 |
5 060 |
5 606 |
+ 2,9 |
Ce
tableau appelle une première remarque. Un
nouveau transfert de 150
millions de francs
sera opéré en 1999 du titre III au titre V
dans les crédits d'entretien programmé de la flotte classique.
Après un transfert de même type d'un montant de 500 millions de
francs en 1997, puis, en 1998, d'un transfert de 190 millions de francs vers la
DGA dans le cadre de la séparation des activités étatiques
et industrielles de la DCN, cette opération tend à donner aux
crédits d'entretien programmé du titre III une part de plus en
plus résiduelle.
Une distinction a certes été établie entre les
dépenses qui doivent relever du titre III (énergie
électrique, fluides, rechanges courants, charges logistiques de
stockage, entretien des services militaires à terre, maintien en
condition opérationnelle des armes d'infanterie, frais étatiques)
et celles inscrites au titre V (essentiellement entretien majeur des
sous-marins et des bâtiments de surface). Mais votre rapporteur observe
que les transferts opérés au cours des dernières
années trouvent principalement leur motivation dans la montée des
dépenses de rémunération et charges sociales qui absorbent
une part croissante des ressources du titre III,
les crédits
d'entretien programmé
des matériels jouant le rôle
de variable d'ajustement
. En fin de compte, ces transferts successifs vers
le titre V n'ont eu d'autres effets que de réduire les ressources
disponibles pour la réalisation des programmes d'équipement.
Force est de constater qu'au niveau désormais atteint par les
crédits d'entretien programmé du titre III, il ne sera plus
guère possible de jouer sur de telles opérations de transfert.
En ce qui concerne la variation des dotations pour 1999, celles
consacrées à la FOST resteront inchangées alors que celles
de la flotte classique augmenteront de 16,5 % et celles de
l'aéronautique navale diminueront de 15 %. Ces évolutions
différenciées, qui sont liées aux calendriers d'entretien,
ne doivent pas masquer une
tendance générale à la
diminution des ressources au regard des exigences de l'entretien des
bâtiments et des aéronefs.
La Marine doit en effet faire face à des
coûts d'entretien
élevés
, tant en raison de l'utilisation de bâtiments
anciens au-delà de leur durée de vie initialement prévue,
que de la complexité des bâtiments les plus récents. A
défaut d'évolution des ressources à un niveau suffisant,
elle est amenée à allonger la durée séparant deux
grands carénages, à diminuer le volume des travaux
effectués lors de ceux-ci ou à abandonner des opérations
d'entretien préventif. Tout en permettant des économies
immédiates, ces solutions peuvent engendrer des surcoûts lors
d'interventions inopinées ou d'avaries plus fréquentes.
Au cours de l'année 1998 plusieurs opérations d'entretien majeur
qui étaient programmées ont été retardées,
voire supprimées. Le bâtiment école Jeanne d'Arc ainsi que
la frégate lance-missiles Duquesne ont dû être maintenus
à quai.
Plusieurs autres opérations d'entretien majeur prévues en 1999
vont également être reportées ou annulées, ce qui
risque d'accroître le taux d'indisponibilité des unités
dans un contexte de réduction du format de la flotte.
En ce qui concerne l'aéronautique navale, la réduction des
ressources s'est déjà traduite par une augmentation des
délais de remise en état des aéronefs et une diminution
continue des stocks de rechanges.
Une partie des difficultés générées par les
contraintes budgétaires est actuellement subordonnée à
l'adaptation de la Direction des constructions navales et à la
contractualisation de ses relations avec la Marine, comme l'a montré la
décision du ministre de la défense de confier à un
chantier civil la réparation du pétrolier-ravitailleur
Var.
3. Les crédits d'infrastructures
Après une diminution de 4 % en 1998, les
crédits
consacrés aux infrastructures
passent de 714 à 758 millions
de francs, soit une
progression de 6,2 %.
Ici encore, une
réduction forfaitaire de 5 %
a été
décidée par rapport au niveau prévu en programmation.
Au cours de l'année 1998 ont été achevées deux
importantes opérations sur la base aéronavale de
Lann-Bihoué, avec la construction d'un entrepôt liée au
transfert de l'établissement principal de l'aéronautique navale
de Quimper (50 millions de francs ) et des installations liées à
l'accueil du Hawkeye (18,3 millions de francs). Les principaux travaux en cours
concernaient :
. à Brest, la réfection du quai-est de la Pyrotechnie
Saint-Nicolas (32,1 millions de francs) et la construction d'un centre de
production alimentaire (33,8 millions de francs),
. à la base aéronavale de Landivisiau, la construction d'un
atelier de maintenance électronique (23,1 millions de francs) et la
rénovation des réseaux électriques et filaires (33,4
millions de francs),
. à Toulon, l'aménagement du quai Milhaud 6 pour le porte-avions
Charles de Gaulle (82,1 millions de francs).
Pour 1999, les principaux financements envisagés concerneront :
. à la base aéronavale de Landivisiau, la poursuite de la
rénovation des réseaux, la construction d'un bâtiment pour
la première flottille de Rafale (58 millions de francs), la construction
de chaussées aéronautiques (20 millions de francs) et le
réaménagement des ateliers aéronautiques (16,4 millions de
francs),
. à La Réunion, la création d'ateliers de soutien à
terre en remplacement du bâtiment de soutien mobile qui sera
retiré du service,
. à Toulon, d'importants travaux de restructuration sur la
presqu'île de Saint-Mandrier (40 millions de francs), la remise à
niveau de l'appontement du Lazaret (34,4 millions de francs) et la
modernisation du centre d'entraînement sécurité et de
l'école de sécurité (47,3 millions de francs).
III. LES PROGRAMMES D'ÉQUIPEMENT
Le
tableau ci-dessous récapitule la répartition des autorisations de
programme et des crédits de paiement entre les différents grands
programmes d'équipement pour la Marine en 1999.
En ce qui concerne les crédits de paiement, on observera la part
prépondérante prise par les programmes SNLE-NG et Rafale, ainsi
que par l'achèvement du porte-avions Charles de Gaulle, et la commande
du 3e avion de guet aérien Hawkeye.
S'agissant des autorisations de programme, la dotation la plus importante sera
affectée au programme de frégates antiaériennes Horizon,
conduit en coopération avec le Royaume-Uni et l'Italie.
REPARTITION DES AUTORISATIONS DE PROGRAMME
ET DES CREDITS DE PAIEMENT
GRANDS PROGRAMMES
PROGRAMMES |
AP |
CP |
SNLE-NG |
1105 |
2199 |
Sous-marin d'attaque futur |
0 |
168 |
PAN CHARLES DE GAULLE |
497 |
1313 |
Frégates antiaériennes HORIZON |
4107 |
510 |
Frégates type LA FAYETTE |
367 |
664 |
Nouveaux transports de chalands de débarquement |
0 |
0 |
RAFALE Marine |
1545 |
1873 |
Avion de guet embarqué HAWKEYE |
537 |
993 |
Modernisation SUPER ETENDARD
|
0
|
63
|
Hélicoptère NH 90 |
336 |
161 |
Anti-navires futur |
292 |
161 |
Torpille MU 90 |
111 |
238 |
Famille sol air futur (FSAF) |
65 |
374 |
Principal anti-air missile system (PAAMS) |
482 |
360 |
A. LES BATIMENTS
1. La force océanique stratégique
La
dissuasion demeure l'élément fondamental de la stratégie
de défense de la France. Dans ce domaine, la marine a la
responsabilité de mettre en oeuvre la composante maritime
constituée par la force océanique stratégique.
Pour remplir cette mission, le programme des sous-marins nucléaires
lanceurs d'engins est en cours de réalisation.
A la date du lancement du programme en 1987, la réalisation de six SNLE
était envisagée. Ce nombre a été limité, par
la loi de programmation à quatre exemplaires, minimum requis pour
pouvoir maintenir un et, si nécessaire, deux SNLE en permanence à
la mer.
Le premier bâtiment de la série, le Triomphant, a
été admis au service actif en mars 1997, puis inclus dans le
cycle opérationnel. La deuxième unité de la série,
le Téméraire, a entamé ses essais en 1998 et devrait
être admis au service actif en 1999.
A la suite de la "revue de programmes" les mesures suivantes ont
été décidées :
-
décalage supplémentaire de six mois de l'admission au
service actif du Vigilant (SNLE-NG n° 3), désormais prévue
à l'été 2004 ;
- décalage d'un an, jusqu'à l'été 2008, de
l'admission au service actif du SNLE-NG n° 4 qui sera directement
armé de missiles M 51.
2. Le porte-avions nucléaire (PAN)
Elément essentiel du groupe aéronaval, le
porte-avions
nucléaire contribuera à maintenir la capacité de
projection sur laquelle s'appuie la France pour conduire sa politique d'action.
Libre de se déplacer sans entraves dans les eaux internationales, le
porte-avions et son groupe aéronaval constituent un instrument
privilégié de gestion et de prévention des crises.
Il participe aussi à la stratégie de dissuasion par sa
capacité à mettre en oeuvre des avions aptes à tirer le
missile air-sol moyenne portée (ASMP).
Ayant débuté ses essais avec quelques mois de retard, le
porte-avions nucléaire Charles de Gaulle doit être admis au
service actif à la fin de 1999 et prendre le relais du porte-avions FOCH
qui, conformément à la décision de la "revue de
programmes", sera retiré du service à cette date.
3. Les sous-marins d'attaque
A
l'horizon 2015, la Marine doit disposer de six sous-marins nucléaires
d'attaque dont les missions sont d'apporter leur soutien à la FOST et au
groupe aéronaval, de mener des actions de contrôle ou
d'interdiction de zone seuls ou en coopération avec d'autres
unités aéronavales et, enfin, de participer aux opérations
spéciales.
Pour remplacer les sous-marins nucléaires d'attaque en service
actuellement, le programme "sous-marin d'attaque futur " (SMAF) est en
phase de faisabilité. Ce programme dénommé Barracuda,
comprendra six sous-marins à propulsion nucléaire. L'admission au
service actif de la première unité est prévue en
2010.
4. Les frégates antiaériennes de type Horizon
Réalisées en coopération avec l'Italie et
le
Royaume Uni, les frégates Horizon auront pour mission d'assurer la
défense aérienne du groupe aéronaval ou de toute autre
force navale.
Le système de combat comprendra un système d'exploitation de
l'information et un système d'armes antiaérien
développé autour des missiles Aster 15 et Aster 30.
La France a prévu l'acquisition de
quatre unités
qui
remplaceront à partir de 2005 les frégates antiaériennes
type Suffren, respectivement admises au service actif en 1967 et en 1970.
Le calendrier de ce programme ambitieux, bien que serré, se
déroule conformément aux prévisions. L'arrangement
technique qui va lancer le développement et la construction des
premières unités de séries, une par nation, devrait
être signé fin 1998. La deuxième commande pour la France
devrait intervenir en 2000 pour une livraison en 2007.
5. Les frégates type La Fayette
Destinées à participer, hors d'Europe, au
contrôle des espaces maritimes et au règlement de crises
limitées, ces frégates devaient, à l'origine du programme,
être au nombre de six.
Ce nombre a été limité à cinq par la loi de
programmation.
Ces frégates ont déjà été commandées.
Trois d'entre elles ont été admises au service actif : le La
Fayette en 1996, le Surcouf en 1997 et le Courbet en 1997. L'Aconit a
commencé ses essais en mai 1998 et sera admise au service actif en 1999.
Le Guepratte, cinquième et dernière frégate de la
série, sera admise au service actif au 2ème trimestre
2002.
6. Les nouveaux transports de chalands de débarquement (NTCD)
Conformément à la loi de programmation, le
modèle de marine 2015 prévoit quatre bâtiments de
transports de chalands de débarquement (TCD). Deux des quatre TCD dont
elle dispose actuellement, l'Ouragan et l'Orage, seront retirés du
service actif respectivement en 2004 et 2006. Ils seront remplacés par
deux bâtiments du programme NTCD, dont la phase de faisabilité
devrait être lancée début 1999.
Afin de respecter les dispositions de la nouvelle politique d'acquisition des
équipements, la réalisation du programme se fera sous la
contrainte d'un coût objectif fixé à l'issue d'une
démarche comparative, nationale et européenne.
B. LES AERONEFS
1. Le Rafale Marine
Avion de
combat embarqué polyvalent, le Rafale a pour mission la
supériorité aérienne au profit de la force navale,
l'assaut contre la terre ou à la mer avec un armement conventionnel ou
nucléaire et la reconnaissance.
Il est destiné à remplacer les Crusader qui seront retirés
du service en 1999 puis les Super Etendard au milieu de la prochaine
décennie.
Le nombre de Rafale Marine prévu par la loi de programmation, et
confirmé par la "revue de programmes", est de 60.
Une commande groupée devrait intervenir en 1999. La première
flottille comprenant 10 avions au standard F1 (version air-air) sera
constituée en 2002 comme prévu antérieurement.
En revanche, la livraison du premier Rafale au standard F2 (avec
capacité air-sol) est retardée au-delà de 2005.
2. L'avion de guet embarqué Hawkeye (E.2C)
Grâce à des moyens de détection lointaine
et des
liaisons de transmission automatique de données particulièrement
performantes, le Hawkeye apportera au groupe aéronaval une
capacité de sûreté sans commune mesure avec celle existant
aujourd'hui.
Le nombre d'avions initialement de quatre a été ramené
à
trois exemplaires
. Les deux premiers Hawkeye seront
opérationnels dès 1999. Le troisième avion sera
livré en 2003.
Le coût total du programme s'élève à 5 921 millions
de francs de 1998. Outre l'acquisition des avions selon la procédure
" foreign military sales ", il comprend notamment l'approvisionnement
des rechanges, la formation du personnel volant et technique et la fourniture
d'un simulateur de mission et d'un simulateur de pilotage.
3. La modernisation des Super Etendard
Le
programme de modernisation des Super Etendard a pour but de rendre l'avion plus
performant dans l'accomplissement de ses missions d'assaut contre des objectifs
en mer ou terrestres et de frappe nucléaire.
Les modifications portent principalement sur le remplacement du radar, la
modernisation du calculateur et du système d'attaque.
Le parc de Super Etendard modernisés comprendra 52 avions, lorsque les
derniers exemplaires auront été livrés au deuxième
semestre 2001.
Le coût du programme est de 2 856 millions de francs de 1998.
Parallèlement, la marine développe un programme d'acquisition de
capacités complémentaires du Super Etendard modernisé. Il
a pour objet d'améliorer les possibilités d'attaque d'objectifs
terrestres par armement guidé laser, de reconnaissance grâce
à un nouveau châssis équipé d'une caméra
panoramique et les capacités d'autoprotection. Les livraisons qui ont
débuté en 1997 se poursuivront jusqu'en 2005.
4. L'hélicoptère NH 90
Système d'arme essentiel des bâtiments de combat,
le NH
90 en version marine est destiné à remplacer le Lynx dans ses
missions de lutte anti-sous-marins et de lutte anti-navires.
Il a également été choisi pour remplacer le Super Frelon
dans ses missions de transport logistique et de service public.
La cible de ce programme, développé sous l'égide de l'OTAN
en coopération avec l'Italie, l'Allemagne et les Pays-Bas, initialement
de 60 appareils pour la marine française, a été
limitée à 27 appareils dont 14 en version lutte anti-sous-marins
et anti-navires et 13 en version transport logistique et service public.
Les livraisons devraient s'étaler entre 2005 et 2011.
L'ensemble du programme représente pour la France les coûts
suivants (en francs 1998)
- développement : 5 124 millions de francs, dont 2 024 millions de
francs pour la Marine, soit environ 40% ;
- industrialisation : 1 546 millions de francs, dont 618 millions de francs
pour la Marine ;
- coût unitaire : 195 millions de francs.
C. LES SYSTEMES D'ARMES
1. Le missile anti-navires futur (ANF)
Appelé à remplacer les missiles de la famille
Exocet,
le système anti-navires futur doit équiper l'ensemble des
unités de combat de la marine, bâtiments de surface, sous-marins,
aéronefs.
D'une portée accrue par rapport à celle de l'Exocet, ce missile
supersonique, possédant d'excellentes capacités de
pénétration et de manoeuvrabilité sera propulsé par
un statoréacteur.
Ce programme est directement lié au programme de développement du
missile ASMP amélioré d'un vecteur à statoréacteur
(Vesta).
Le lancement du programme, initialement prévu en 1996, a
été retardé en raison du retrait de l'Allemagne de ce
programme en coopération.
Le dossier d'orientation, élaboré dans un cadre purement
national, a été signé par le ministre de la défense
en juillet 1998. Le contrat pour la définition du missile a
été notifié à l'industriel à la fin du mois
d'octobre.
La version embarquée sur les bâtiments de surface doit entrer en
service en 2005.
Ultérieurement seront développées les versions
aéroportée et, sous réserve de faisabilité, celle
lancée à partir de sous-marins.
Le Rafale et l'Atlantique 2 devraient en être dotés en 2008 ainsi
que, ultérieurement, le sous-marin d'attaque futur.
2. La torpille MU 90
Arme de
destruction des sous-marins nucléaires et conventionnels quelles que
soient les zones dans lesquelles ils évoluent, la torpille MU 90 a
été développée en coopération par la France
et l'Italie. Elle peut être lancée par les différents types
de porteurs suivants : avions de patrouille maritime,
hélicoptères, frégates anti-sous-marins et missiles
porte-torpille Milas.
Les essais militaires ont débuté en 1997. Déjà
réalisés à 50 %, ils doivent se poursuivre jusqu'en 1999.
Le lancement de la production a débuté en décembre 1997
avec une première commande groupée de 300 torpilles pour la
France, 200 pour l'Italie et 285 pour l'Allemagne.
Les premières livraisons à la France devraient intervenir en
2001.
3. Le missile porte-torpille Milas
Successeur du missile Malafon, le Milas, missile porteur de la
torpille MU 90, est développé en coopération par la France
et l'Italie.
Considérant l'évolution de la menace sous-marine dans le monde,
la France a décidé, lors de la "revue de programmes", de se
retirer du programme Milas à l'issue de son développement,
laissant aux hélicoptères embarqués la mission de conduire
les attaques contre les sous-marins ennemis détectés à
grande distance.
Le montant cumulé prévisionnel des dépenses de
développement est évalué à 676 millions de francs
1997.
4. Le programme " famille sol air futur " (FSAF)
La
France et l'Italie sont associées depuis 1988 pour conduire ce programme
destiné à doter les forces armées des deux pays d'un
système de défense aérienne adapté à la
menace missiles des années 2000-2010.
Il s'agit de fournir aux marines françaises et italiennes un
système d'autodéfense contre les attaques aériennes et les
missiles anti-navires.
Ce système d'armes courte portée multicible doit équiper
le Charles de Gaulle et 8 frégates.
Ce programme, dont la maîtrise industrielle est assurée par le
groupement d'intérêt économique EUROSAM, est appelé
à être géré en temps utile par l'organisme conjoint
de coopération en matière d'armement (OCCAR).
Seul le système d'armes du Charles de Gaulle a été
commandé, les autres bâtiments devraient recevoir leur
équipement à partir de 2009.
Le coût de développement pour la Marine est estimé à
2 481 millions de francs de 1998.
Le besoin naval de défense de zone, initialement inclus dans ce
programme, a été pris en compte par un programme
séparé le PAAMS (Principal Anti Air Missile System) auquel le
Royaume Uni est associé.
5. Le PAAMS (Principal Anti Air Missile System)
Le PAAMS
a pour objectif de doter les frégates antiaériennes type Horizon
d'un système de défense antiaérienne de zone face à
des missiles aérodynamiques supersoniques. Ce système
élargit les capacités du FSAF à la défense locale.
Le PAAMS comprend une conduite de tir équipé d'un radar
multifonctions, 6 lanceurs verticaux et 48 missiles ASTER 15 et 30.
La France et l'Italie ont choisi le radar multifonctions issu du programme
" Famille Sol Air Futur " (FASF), alors que le Royaume Uni a obtenu
de développer son propre radar de conduite de tir, le SAMPSON de
Siemens-Plessey.
Les besoins de la marine visent à équiper, à court terme,
les deux premières frégates HORIZON puis, ultérieurement,
les deux dernières.
Enfin, une étude est en cours pour vérifier si des
éléments du PAAMS peuvent équiper les frégates
Cassard et Jean Bart, à l'occasion de leur refonte à mi-vie.