Projet de loi de finances pour 1999
FAURE (Jean)
AVIS 69 (98-99), Tome IV - COMMISSION DES AFFAIRES ETRANGERES
Table des matières
- INTRODUCTION
-
CHAPITRE PREMIER -
LE NUCLÉAIRE, L'ESPACE ET LES SERVICES COMMUNS DANS LE BUDGET DE LA DÉFENSE POUR 1999 -
CHAPITRE II
LES QUESTIONS NUCLÉAIRES- I. L'ÉVOLUTION DU CONTEXTE INTERNATIONAL : UN HORIZON INCERTAIN
- II. LE DÉROULEMENT DES PROGRAMMES NUCLÉAIRES FRANÇAIS
- III. LES CRÉDITS DE LA DISSUASION NUCLÉAIRE
-
CHAPITRE III -
L'ESPACE ET LE RENSEIGNEMENT MILITAIRES- I. L'ESPACE MILITAIRE : DES AMBITIONS CONTRARIÉES PAR LES ÉCHECS DE LA COOPÉRATION EUROPÉENNE
- II. LE RENSEIGNEMENT : DES MOYENS EN PROGRESSION NOTABLE
-
CHAPITRE IV -
LES AUTRES ACTIONS COMMUNES- I. LA DÉLÉGATION GÉNÉRALE POUR L'ARMEMENT
- II. LE SERVICE DE SANTÉ DES ARMÉES
- III. LES AUTRES SERVICES COMMUNS
- CONCLUSION
- EXAMEN EN COMMISSION
N° 69
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1998-1999
Annexe au procès-verbal de la séance du 19 novembre 1998.
AVIS
PRÉSENTÉ
au nom de la commission des Affaires étrangères, de la défense et des forces armées (1) sur le projet de loi de finances pour 1999 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE,
TOME IV
DÉFENSE - NUCLÉAIRE, ESPACE ET
SERVICES COMMUNS
Par M. Jean FAURE,
Sénateur.
(1)
Cette commission est composée de :
MM. Xavier de Villepin,
président
; Serge Vinçon, Guy Penne, André Dulait,
Charles-Henri de Cossé-Brissac, André Boyer, Mme Danielle
Bidard-Reydet,
vice-présidents
; MM. Michel Caldaguès,
Daniel Goulet, Bertrand Delanoë, Pierre Biarnès,
secrétaires
; Bertrand Auban, Michel Barnier, Jean-Michel Baylet,
Jean-Luc Bécart, Daniel Bernardet, Didier Borotra, Jean-Guy
Branger, Mme Paulette Brisepierre, M. Robert Calmejane, Mme Monique
Cerisier-ben Guiga, MM. Marcel Debarge, Robert Del Picchia, Hubert
Durand-Chastel, Mme Josette Durrieu, MM. Claude Estier, Hubert Falco, Jean
Faure, Jean-Claude Gaudin, Philippe de Gaulle, Emmanuel Hamel,
Roger Husson, Christian de La Malène, Philippe Madrelle,
René Marquès, Paul Masson, Serge Mathieu, Pierre Mauroy, Jean-Luc
Mélenchon, René Monory, Aymeri de Montesquiou, Paul d'Ornano,
Charles Pasqua, Michel Pelchat, Alain Peyrefitte, Xavier Pintat, Bernard
Plasait, Jean-Marie Poirier, Jean Puech, Yves Rispat, Gérard Roujas,
André Rouvière.
Voir les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
1078
,
1111
à
1116
et T.A.
193
.
Sénat
:
65
et
66
(annexes n°
s
43
et
44
) (1998-1999).
Lois de finances.
INTRODUCTION
Mesdames, Messieurs,
Le présent rapport pour avis porte sur les crédits de la
défense de l'ancienne "section commune", c'est-à-dire ceux ne
relevant ni des trois armées ni de la Gendarmerie.
La nouvelle présentation du "bleu" budgétaire regroupe ces
crédits sous cinq agrégats :
- la délégation générale pour l'armement (DGA),
agrégat au sein duquel sont comptabilisés les dépenses de
personnel et de fonctionnement propres de la DGA, ainsi que certains
crédits d'équipement concernant pour l'essentiel les forces
nucléaires et les études "amont",
- le soutien interarmées, qui recouvre principalement le service de
santé, le service des essences ainsi que la nouvelle direction à
l'information et à la communication du ministère de la
défense, la DICOD,
- le renseignement, regroupant les crédits de la DGSE et de la DPSD,
- l'administration générale, couvrant les dépenses de
l'administration centrale et la rémunération des personnels
civils de la défense,
- enfin, l'état-major des armées, agrégat apparaissant
pour la première fois en 1999 et composé quasi exclusivement de
crédits d'équipements relatifs à l'espace et au
nucléaire.
Cet ensemble assez hétérogène représentera en 1999
un volume de crédits de 48,8 milliards de francs, en progression de 3,2
% par rapport aux crédits correspondants de 1998. Les crédits du
titre III s'établissent à 24,3 milliards de francs, soit 0,2 % de
moins qu'en 1998. Les dépenses en capital des titres V et VI
représenteront 24,5 milliards de francs, soit une augmentation de 7,2 %
par rapport à 1998.
Les crédits de l'ancienne section commune connaîtront donc une
évolution assez proche de celle de l'ensemble du budget de la
défense, qui progressera de 2,9 %, dont 0,2 % pour le titre III et 6,2 %
pour le titre V.
Après avoir donné quelques indications générales
sur les grandes caractéristiques du budget de la défense pour
1999, votre rapporteur centrera son analyse sur :
- les questions nucléaires dominées par la résurgence,
après les essais indiens et pakistanais, du débat sur la
prolifération et caractérisées, en ce qui concerne le
programme nucléaire français, par un niveau de crédits
historiquement bas,
- les programmes spatiaux militaires, dont la poursuite risque de fortement
pâtir des échecs de la coopération avec nos partenaires
européens,
- le renseignement, dont les moyens sont progressivement renforcés,
- la délégation générale pour l'armement,
confrontée à l'adaptation de ses structures industrielles et
à un ambitieux défi de réduction des coûts des
programmes d'armement,
- le service de santé des armées et les autres services
communs.
CHAPITRE PREMIER -
LE NUCLÉAIRE, L'ESPACE ET LES
SERVICES COMMUNS DANS LE BUDGET DE LA DÉFENSE POUR 1999
Représentant le quart du budget de la Défense,
les
crédits de l'ancienne section commune s'inscrivent dans un contexte
assez comparable à celui qui détermine l'évolution
d'ensemble des crédits du ministère, caractérisée
par :
. une
quasi-stabilité du titre III,
traduisant à la fois
une hausse des dépenses de rémunérations et charges
sociales et une diminution des dépenses de fonctionnement courant,
. une
augmentation significative des dépenses en capital
qui,
après l'encoche opérée en 1998, retrouvent un niveau moins
éloigné, quoique encore inférieur, de celui prévu
par la loi de programmation.
I. UN BUDGET DE LA DÉFENSE STABILISÉ MAIS NOTABLEMENT INFÉRIEUR À LA LOI DE PROGRAMMATION
Le
budget de la Défense pour 1999 couvre la troisième annuité
d'exécution de la loi de programmation 1997-2002 et doit donc permettre
de conduire les armées à mi-parcours de la phase de profonde
transformation ouverte en 1997.
Pour votre commission des affaires étrangères et des forces
armées, la loi de programmation militaire 1997-2002 demeure la
référence essentielle au regard de laquelle doivent être
évaluées les évolutions budgétaires de la
Défense. En effet, plus que toutes les autres lois antérieures,
elle repose sur une cohérence d'ensemble conditionnant la
réussite d'une réforme sans précédent, qui devait
concilier le passage à l'armée professionnelle, la
réduction du format et la modernisation des équipements
permettant de remplir les missions assignées à notre
défense dans le nouveau contexte géostratégique, le tout
avec une enveloppe financière diminuée et fortement contrainte.
Dans les faits, pas plus le budget pour 1999 que les deux exercices
antérieurs n'ont pleinement respecté ce cadre
référence.
A. LES EXERCICES 1997 ET 1998 : UN DÉBUT D'EXÉCUTION INSATISFAISANT POUR LA LOI DE PROGRAMMATION
Les
conditions de déroulement des exercices 1997 et 1998 ont fait
naître de très vives inquiétudes sur la
pérennité même de la loi de programmation militaire. En
1997, le budget voté affichait des dotations conformes à celles
de la loi, mais c'est la régulation budgétaire qui a
imposé une réduction des ressources. En 1998 en revanche, une
"encoche" de près de 9 milliards de francs était
opérée dès la loi de finances initiale par rapport
à l'annuité prévue.
S'agissant du
budget 1997
, trois arrêtés d'annulation
intervenus en juillet, en octobre puis en novembre 1997 sont venus en
réduire très significativement les crédits, puisque sur un
titre V doté de 88,7 milliards de francs,
5 milliards de F ont
été annulés
, dont 2 milliards de francs ont servi
à gager une ouverture de crédits équivalant au titre III
pour le financement des opérations extérieures.
Le
budget 1998
s'inscrivait pour sa part
délibérément en retrait par rapport à la loi de
programmation, le titre V n'étant doté que de 81 milliards de F,
soit
8,9 milliards de F et 10 % de moins que le niveau de crédits
d'équipements prévu par la programmation
.
Sur ce niveau de ressources réduit, une première annulation de
300 millions de F est intervenue sur le titre V dès janvier 1998,
au titre de la participation du budget de la défense au financement des
mesures décidées par le gouvernement en faveur des demandeurs
d'emplois. Une seconde annulation de 3,85 milliards de F est de nouveau
intervenue au mois d'août sur le titre V, afin de permettre une ouverture
d'un montant équivalant au titre III sur les crédits de
rémunérations et charges sociales. Cependant, cette annulation
doit être totalement compensée par l'autorisation de consommer,
pour un même montant, des crédits de reports de la gestion 1997.
Enfin, l'arrêté du 18 novembre dernier a procédé
à une
annulation supplémentaire de 3,2 milliards de F
sur
les crédits d'équipement (3,118 milliards de F au titre V et
81,4 millions de F au titre VI).
Cette annulation permet de gager :
- une
ouverture de crédits de 700 millions de F
au titre III dont
410 millions de F pour les crédits de fonctionnement courant (50
millions de F pour l'armée de l'air, 135 millions de F pour
l'armée de terre et 225 millions de F pour la gendarmerie), 75 millions
de F pour les crédits d'alimentation, et 215 millions au titre de la
contribution française à l'OTAN,
- un
crédit de 2,5 milliards de F
, inscrit au budget des charges
communes, destiné à la
recapitalisation de GIAT-Industries.
Votre rapporteur rappelle qu'en 1996, 3,7 milliards avaient été
annulés sur le titre V de la défense pour recapitaliser
GIAT-Industries, mais que la loi de programmation militaire 1997-2002 stipule
que l'enveloppe allouée à la défense ne comprend pas les
sommes nécessaires à la recapitalisation des entreprises
publiques de défense.
De fait, les recapitalisations suivantes (3,7 milliards de F fin 1997 et 4,3
milliards de F en février 1998) n'ont pas entraîné
d'amputation du budget de la défense. Tel n'est pas le cas de la mesure
proposée dans la loi de finances rectificative pour 1998 puisque si elle
figure formellement au budget des charges communes, la dotation destinée
à GIAT-Industries provient bien du titre V du budget de la
Défense, en
contradiction avec les engagements pris lors de la loi de
programmation
.
B. LE BUDGET 1999 : UN RECADRAGE QUI ENTÉRINE LA RÉVISION DES MOYENS PRÉVUS PAR LA LOI DE PROGRAMMATION
Le
projet de budget de la défense pour 1999 s'élève, pensions
comprises, à 243,5 milliards de francs, soit 2,2 % de plus qu'en 1998.
Hors pensions (53,6 milliards de francs), le budget s'établit à
190 milliards de F,
soit une progression de 2,8 % par rapport au budget
voté de 1998.
Les dépenses ordinaires (104 milliards de F) progressent de 0,2 %,
ce qui traduit en réalité un recul en francs constants.
Les dépenses en capital des titres V et VI passent de 81 à 86
milliards de F, soit une progression de 6,2 %.
Les effectifs du ministère diminuent de 5,3 %, passant de 526 240
à 498 599 (- 27 641). La réduction des postes d'appelés (-
38 901) s'amplifie alors que pour la première année sont ouverts
des postes de volontaires (+ 4 751). En ce qui concerne les
militaires professionnels, l'année 1999 verra la suppression de postes
d'officiers (- 52) et de sous-officiers (-2 690) alors que sera poursuivie la
création de postes d'engagés (+ 8 589). Enfin,
conformément à la loi de programmation, de nouveaux postes de
personnels civils sont créés (+ 1 688).
La
quasi-stabilité du titre III
recouvre à la fois une
hausse de 2,9 % des dépenses de rémunérations et charges
sociales, qui passent de 80,5 à 82,8 milliards de F (soit
pratiquement 80 % du titre III), et une
réduction de 9,1 % des
dépenses de fonctionnement courant
, qui ne représentent plus
que 21,1 milliards de F contre 23,3 milliards de F en 1998.
S'agissant des
dépenses de rémunérations et charges
sociales
, l'impact de l'accord salarial conclu dans la fonction publique et
portant notamment sur l'attribution de points uniforme à l'ensemble du
personnel et sur les mesures particulières en faveur des bas salaires,
est évalué à 487 millions de F.
L'indemnité exceptionnelle allouée notamment à certains
fonctionnaires civils et aux militaires à solde mensuelle en poste
à l'étranger en application du décret n° 97-215 du 10
mars 1997 se traduira par une dépense supplémentaire de 301
millions de F.
Quant au relèvement de 14 à 25 % de la cotisation patronale au
Fonds spécial des pensions des ouvriers d'Etat, il représente une
charge de 684 millions de F, compensée il est vrai, par la
réduction de la subvention versée au fonds par le
ministère.
Parallèlement, le resserrement du dispositif outre-mer permet une
économie de 165 millions de F et les crédits destinés au
pécule d'incitation au départ sont réduits de 119 millions
de F pour tenir compte de la minoration de 10 % du montant du pécule
à compter de la 3e année d'application.
S'agissant des
dépenses de fonctionnement courant
, leur
diminution correspond pour environ 1,2 milliard de F à la
réduction du format des armées et à l'application de la
loi de programmation.
Des économies supplémentaires ont toutefois été
obtenues à hauteur de près de 1 milliard de F. La baisse des
cours du dollar et du pétrole permet une réduction de 250
millions de francs des crédits de carburants. Les crédits de
fonctionnement du service de santé seront réduits de 160 millions
de F et ceux des services centraux et territoriaux et des organismes de
formation diminués de 120 millions de F. Enfin, un transfert de 400
millions de F de crédits d'entretien programmé des
matériels est opéré du titre III au titre V.
S'agissant du
titre V
, avec
86 milliards de F
, il connaît
une progression significative par rapport à son montant de 1998,
année de "l'encoche", tout en restant
inférieur de 5 milliards
de F
environ au niveau qui aurait résulté de la stricte
application de la loi de programmation.
Les arbitrages rendus par le Premier ministre à l'issue de la "revue de
programmes" au printemps dernier ont en effet abouti à une voie moyenne
entre la pérennisation de "l'encoche", qui signifiait de fait l'abandon
de la loi de programmation et du modèle d'armée qui leur est
associé, et le niveau de ressources fixé par la loi. Ainsi a-t-il
été décidé d'opérer un
abattement de
5 milliards de F
, pour chacune des quatre années couvrant la
poursuite de la loi de programmation, c'est-à-dire de 1999 à
2002.
II. L'ÉVOLUTION DES CRÉDITS DE L'ANCIENNE SECTION COMMUNE
A. PRÉSENTATION GÉNÉRALE
Pour 1999, les crédits de l'ancienne section commune se monteront à 48,722 milliards de F, soit une augmentation de 3,2 % par rapport à 1998. Leur part dans l'ensemble du budget de la défense (hors pensions) progresse et s'établit à 25,6 %.
Evolution des crédits de l'ancienne section commune
(en millions de francs)
|
1998 |
1999 |
% |
TITRE III |
24 359,7 |
24 301,9 |
- 0,2 |
DGA |
6 703,0 |
6 467,7 |
- 3,5 |
Soutien interarmées |
2 271,0 |
2 115,7 |
- 6,8 |
Renseignement |
806,0 |
855,8 |
+ 6,2 |
Administration générale |
14 445,1 |
14 597,4 |
+ 1,1 |
Etat-major des armées |
134,6 |
265,3 |
+ 97,1 |
TITRES V ET VI |
22 829,7 |
24 470,2 |
+ 7,2 |
DGA |
18 949,9 |
11 622,5 |
- 38,7 |
Soutien interarmées |
2 421,6 |
1 132,0 |
- 53,3 |
Renseignement |
561,0 |
667,0 |
+ 18,9 |
Administration générale |
897,2 |
824,0 |
- 8,2 |
Etat-major des armées |
- |
10 224,7 |
- |
TOTAL |
47 189,4 |
48 772,1 |
+ 3,2 |
DGA |
25 652,9 |
18 090,2 |
- 29,5 |
Soutien interarmées |
4 692,5 |
3 247,7 |
- 30,8 |
Renseignement |
1 367,0 |
1 522,8 |
- 11,4 |
Administration générale |
15 342,3 |
15 421,4 |
+ 0,5 |
Etat-major des armées |
134,6 |
10 490,0 |
|
Les
dépenses ordinaires s'établissent à 24,3 millions de
francs, soit 0,2 % de moins qu'en 1998. Cette légère diminution
est imputable au fort recul des dépenses de fonctionnement courant, qui
passent de 5,85 à 5,36 milliards de F (- 8,4 %), alors que les
dépenses de rémunérations et charges sociales atteignent
18,94 millions de F, soit 2,4 % de plus que l'an passé.
Les dépenses en capital des titres V et VI progressent de 7,2 % et
s'élèvent à 24,47 millions de F, contre 22,83 millions de
F en 1998.
B. EVOLUTION PAR AGRÉGAT
Compte tenu de la grande hétérogénéité des actions figurant à l'ancienne section commune, et du changement de présentation intervenu en 1999 du fait de la nouvelle nomenclature budgétaire et de la création d'un nouvel agrégat "Etat-major des armées", votre rapporteur juge utile d'analyser au travers de chacun des agrégats l'évolution des crédits pour 1999.
1. La Délégation générale pour l'armement
Les crédits regroupés sous l'agrégat Délégation générale pour l'armement (DGA) atteignent 18,09 milliards de francs , dont 6,47 milliards de F pour les dépenses ordinaires (- 3,5 %) et 11,62 milliards de F pour les dépenses en capital (- 38,7). L'évolution des dépenses en capital n'est pas significative en raison du transfert à l'agrégat "Etats-major des armées" de crédits d'équipement importants, notamment dans le domaine de l'espace et du nucléaire.
Evolution des crédits de la DGA (en millions de francs)
|
1998 |
1999 |
% |
Rémunération et charges sociales |
4 637,064 |
4 549,814 |
- 1,9 |
Fonctionnement courant |
2 065,929 |
1 917,878 |
- 7,2 |
Total dépenses ordinaires |
6 702,993 |
6 467,692 |
- 3,5 |
Titre V |
17 766,890 |
10 083,400 |
- 43,2 |
Titre VI |
1 183,000 |
1 539,100 |
- 30,1 |
Total dépenses en capital |
18 949,890 |
11 622,500 |
- 38,7 |
TOTAL |
25 652,883 |
18 090,192 |
- 29,5 |
La
diminution des dépenses de rémunérations et charges
sociales est imputable à la
réduction des effectifs
, qui
passeront de 20 037 en 1998 à 19 042 en 1999.
S'agissant du
fonctionnement courant
, outre une réduction des
subventions de fonctionnement allouées aux Ecoles de la DGA et à
l'Office national d'études et de recherche aérospatiales, un
effort d'économie très important
est imposé sur le
fonctionnement propre de la DGA, et en particulier sur les crédits de la
Direction des centres d'expertise et d'essais.
Les crédits du titre V de la DGA ont été affectés
par un important changement de périmètre, essentiellement du fait
du transfert à l'état-major des armées du gouvernorat des
programmes des domaines "nucléaire" et "espace".
Les crédits du titre VI comportent une
contribution de 900 millions
de F
représentant la participation de la défense au
financement de la recherche duale, cette contribution au BCRD n'étant
que de 500 millions de F l'an passé.
Cette charge imposée au budget de la Défense est en
contradiction flagrante avec la loi de programmation
militaire qui avait
exclu de son champ d'application les crédits de recherche duale. Il
s'avère par ailleurs que ces crédits sont simplement
transférés aux organismes civils
sans aucun
bénéfice en retour pour la Défense.
A périmètre constant, et hors BCRD, les crédits
d'équipement de la DGA diminuent de 0,2 % pour les crédits de
paiement alors que les autorisations de programmes progressent de 1,6
%.
2. Le soutien interarmées
Les crédits regroupés sous l'agrégat "soutien interarmées" représentent 3,25 milliards de F pour 1999. Une forte diminution par rapport à 1998 provient ici encore d'un changement de périmètre du fait de la création de l'agrégat "Etat-major des armées".
Evolution des crédits consacrés aux "soutiens
interarmées"
(en millions de francs)
|
1998 |
1999 |
% |
Rémunération et charges sociales |
1 423,100 |
1 459,210 |
+ 2,5 |
Fonctionnement |
847,856 |
656,508 |
-22,6 |
Total dépenses ordinaires |
2 270,956 |
2 115,718 |
- 6,8 |
Titre V |
2 040,460 |
470,000 |
-77,0 |
Titre VI |
381,100 |
662,000 |
+ 73,7 |
Total dépenses en capital |
2 421,560 |
1 132,000 |
-53,3 |
TOTAL |
4 692,516 |
3 247,718 |
-30,8 |
Cet
agrégat regroupe uniquement :
.
le
budget de service de santé des armées
, qui se
monte à 1,84 milliard de F, soit une diminution de 7 % imputable
pour l'essentiel à la très forte réduction cette
année encore des crédits de fonctionnement du service
(- 35 %). Cette réduction est motivée par la
perspective d'augmentation des ressources extrabudgétaires liée
à l'activité hospitalière du service, qui permet le
rattachement en cours d'exercice de crédits de fonds de concours,
.
le
budget du service des essences
, qui s'élève
à 560 millions de F, soit 6,5 % de plus qu'en 1998. Le service des
essences bénéficiera d'une progression de 9 % de ses
crédits d'équipement et d'infrastructure,
.
le budget (hors frais de personnels) de la nouvelle
Direction de
l'information et de la communication (DICOD
), qui succède au SIRPA.
Il se montera à 62,6 millions de F, soit 3 % de plus qu'en 1998,
.
les
dépense d'équipement culturel et social
inscrites au titre VI, qui passent de 381 à 662 millions de F du
fait de l'augmentation de la
subvention versée par l'Etat au
territoire de Polynésie française
en application de la
convention pour le renforcement de son autonomie économique qui garantit
au territoire pendant dix ans le maintien de flux financiers compensant la
fermeture du centre d'expérimentation du Pacifique. La subvention
prévue pour 1999 s'élève à
613 millions de F
contre 343 millions de F en 1998.
3. Le renseignement
Avec 1,52 milliard de F , les crédits inscrits sous l'agrégat "Renseignement" progressent de 11,4 %. Les dépenses ordinaires s'élèvent à 855 millions de F, soit 6,2 % de plus qu'en 1998 alors que les dépenses en capital augmentent de 18,9 % et atteignent 667 millions de F.
Evolution des crédits consacrés au
renseignement
(en millions de F)
|
1998 |
1999 |
% |
Rémunérations et charges sociales |
602,377 |
651,816 |
+ 8,2 |
Fonctionnement courant |
203,677 |
204,011 |
+ 0,2 |
Total dépenses ordinaires |
806,044 |
855,827 |
+ 6,2 |
Titre V |
561,000 |
667,000 |
+ 18,9 |
Titre VI |
- |
- |
|
Total dépenses en capital |
561,000 |
667,000 |
+ 18,9 |
Total |
1 367,044 |
1 522,827 |
+ 11,4 |
Cet agrégat regroupe uniquement le budget de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), qui atteint 1,45 milliard de F (+ 11,9 %), ainsi que les crédits de fonctionnement et d'équipement de la Direction de protection et de sécurité de la défense, qui se montent à 72 millions de F (+ 1,4 %).
4. L'administration générale
Les dépenses d'administration générale (hors pensions) atteignent 15,4 milliards de F , soit une légère progression par rapport à 1998.
Evolution des crédits d'administration
générale
(en millions de francs)
|
1998 |
1999 |
% |
Rémunérations et charges sociales |
11 844,820 |
12 281,357 |
+ 3,7 |
Fonctionnement courant |
2 600,250 |
2 315,822 |
- 10,9 |
Total dépenses ordinaires |
14 445,070 |
14 597,179 |
+ 1,1 |
Titre V |
707,940 |
608,000 |
- 14,1 |
Titre VI |
189,300 |
216,000 |
+ 14,1 |
Total dépenses en capital |
897,240 |
824,000 |
- 8,2 |
Total |
15 322,310 |
15 421,179 |
+ 0,5 |
Cet
agrégat est largement constitué des dépenses de
rémunérations et charges sociales :
- des personnels civils affectés dans les états-majors et
services communs, soit 4,71 milliards de F (+ 11,5 %),
- des personnels ouvriers, soit 5,47 milliards de F (+ 6,5 %).
Au titre des autres dépenses, on observera :
.
une augmentation des dépenses de personnel liées aux
restructurations, avec la création d'un article doté de 552
millions de F, contre 170 millions de F consacrés l'an passé aux
mesures de dégagement des cadres relevant de l'administration
générale,
.
une quasi disparition des provisions pour mesures
générales intéressant les personnels (63 millions de F en
1999 contre 701 millions de F en 1998),
.
une diminution de 28,5 % des dépenses de fonctionnement courant
de l'administration générale (552 millions de F en 1998 contre
772 millions de F en 1998),
.
une réduction de 12,5 % de l'indemnité compensatrice
accordée à la SNCF, qui passe de 1 340,9 millions de F en 1998
à 1 173 millions de F en 1999,
.
une progression de 14,4 % des dotations du Fonds pour les
restructurations de la défense (FRED), qui passent de 176,3 à 202
millions de F.
5. L'Etat-major des armées
L'agrégat nouveau intitulé Etat-major des
armées recouvre un ensemble de crédits de
10,49 milliards de
F
dont :
- 265,3 millions de F de crédits de fonctionnement des organisations
interarmées et de la direction du renseignement militaire,
- 10 224,7 millions de F de
crédits d'équipement
inscrits
au titre V dont 3 742 millions de F au titre de
l'espace
et des
systèmes d'information et de communication et 5 633 millions de F au
titre du
nucléaire
(en particulier charges nucléaires,
missiles stratégiques et programme M 51).
CHAPITRE II
LES QUESTIONS
NUCLÉAIRES
Au
cours de l'année 1998
,
les crédits consacrés
à la dissuasion nucléaire avaient été
particulièrement affectés par "l'encoche" pratiquée dans
le budget d'équipement de la Défense
, puisqu'ils avaient
diminué de 13 % et se situaient
en retrait de 2,3 milliards
de francs par rapport au niveau prévu par la loi de programmation
.
Cette ponction importante sur le budget du nucléaire avait
entraîné un certain nombre d'aménagements et de
décalages dans le déroulement des programmes.
La
"revue de programmes"
a poursuivi dans la même voie,
dégageant
sur les quatre années 1999-2002 une économie
de 3,4 milliards de francs
sur le budget nucléaire militaire,
provenant à la fois d'une optimisation des programmes SNLE-NG et M 51 et
de réductions conséquentes dans les crédits de maintien en
condition opérationnelle et d'études amont.
De ce fait, pour 1999, les crédits consacrés au nucléaire
se situeront à un
niveau inchangé -16,6 milliards de
francs
- par rapport à 1998, niveau encore inférieur de
2 milliards de francs à celui qu'avait prévu la loi de
programmation.
Ces crédits atteindront leur niveau historiquement le plus bas alors que
les évolutions survenues au plan international, en particulier les
essais nucléaires réalisés par l'Inde et le Pakistan, ont
montré les faiblesses du régime de non-prolifération et
renforcent aux yeux de votre rapporteur, l'obligation qui pèse sur notre
pays de mener à bien la modernisation de sa force de dissuasion, tant en
ce qui concerne les composantes elles-mêmes que le programme de
simulation, qui garantira la fiabilité et la sûreté des
armes futures.
I. L'ÉVOLUTION DU CONTEXTE INTERNATIONAL : UN HORIZON INCERTAIN
En
réduisant ses forces nucléaires et en renonçant à
ses capacités d'expérimentation, la France s'est volontairement
inscrite dans une perspective, ouverte par la fin de l'affrontement Est-Ouest,
de désarmement nucléaire et de lutte contre la
prolifération.
A la suite des essais réalisés par l'Inde et le Pakistan, mais
aussi au regard de la permanence des risques liés à la
prolifération, force est de constater que ce mouvement se heurte
à de sérieuses résistances.
A. LE DÉSARMEMENT NUCLÉAIRE : UN PROCESSUS QUI AVANCE A PAS COMPTÉS
La
question du désarmement nucléaire reste dominée par la
réduction des arsenaux nucléaires américain et russe qui
marque le pas, compte tenu de l'absence de ratification de l'accord Start II.
Le Royaume-Uni et la France, dont les arsenaux ne sont en rien comparables, ont
pris des mesures unilatérales significatives, alors que la Chine semble
demeurer à l'écart de toute logique de
désarmement.
1. Les difficultés du processus russo-américain START
La
poursuite de la mise en oeuvre des accords américano-russe START reste
aujourd'hui suspendue à la ratification, en attente devant la Douma, de
l'accord START II.
Rappelons que l'accord START I, signé en 1991, avait fixé le
plafond des armes nucléaires stratégiques des deux pays à
6 000 têtes nucléaires. Sa mise en oeuvre s'est poursuivie selon
le calendrier prévu, ce qui devrait permettre d'atteindre les objectifs
de réduction à l'horizon 2003, grâce notamment à
l'aide financière occidentale. Les armes nucléaires
stratégiques situées en Ukraine, en Biélorussie et au
Kazakhstan ont été transférées à la Russie
qui prend en charge leur démantèlement.
Signé en 1993, l'accord Start II prévoit une nouvelle
réduction, de l'ordre de la moitié par rapport à Start I,
des armes stratégiques. Le
retard pris dans la ratification de Start
II
a d'ores et déjà entraîné une modification du
calendrier, lors du sommet d'Helsinki en mars 1997. Les échéances
de mise en oeuvre ont été reculées, si bien que la
première phase, au cours de laquelle le plafond du nombre total de
têtes déployées doit être ramené à 4
250, s'achèverait en 2004, la seconde phase s'achevant en 2007 avec un
abaissement des plafonds à 3 000 pour la Russie et à 3 500
pour les Etats-Unis. Par ailleurs, l'ensemble des têtes nucléaires
des missiles stratégiques devant être éliminées
à la fin 2007 devront être désactivées à la
fin 2003.
Depuis plusieurs mois, la mise en oeuvre du Start II est subordonnée
à sa ratification par la Douma russe. Il en va de même du
protocole adopté à Helsinki en 1997 portant sur la
désactivation des têtes nucléaires. Déjà
problématique, cette ratification apparaît aujourd'hui plus
improbable encore, du moins à brève échéance,
compte tenu de l'évolution de la situation intérieure russe.
Le blocage de Start II éloigne également la perspective de la
négociation d'un accord Start III, envisagé lors du sommet
d'Helsinki, qui prévoit un nouveau palier de têtes
nucléaires déployées de l'ordre de 2 000 à
2 500 et qui pourrait également permettre d'aborder des
thèmes jusqu'alors écartés des accords antérieurs,
comme les missiles de croisière navals de longue portée et les
missiles tactiques.
Dans ces conditions, la dynamique du désarmement bilatéral
américano-russe paraît pour le moment interrompue.
2. La Chine demeure à l'écart de la réduction des arsenaux nucléaires
La
question de l'arsenal nucléaire chinois est jusqu'à
présent peu abordée, éclipsée qu'elle était
par l'écrasante prépondérance des arsenaux
américain et russe et par l'acuité des enjeux nucléaires
sur le continent européen.
Avec les essais nucléaires indiens et pakistanais, et l'éclairage
donné sur la prolifération nucléaire et balistique en
Asie, la question de l'arsenal nucléaire chinois devrait susciter un
intérêt plus marqué.
Par sa dimension, cet arsenal n'est en rien comparable à celui des deux
grandes puissances puisqu'il se composerait d'environ 500 têtes
nucléaires et se rapprocherait donc des arsenaux britannique et
français. Il convient cependant de souligner que d'une part les
informations concernant les forces nucléaires chinoises échappent
pour le moment à tout souci de transparence et que d'autre part,
à la différence des quatre autres puissances nucléaires,
la Chine semble rester à l'écart de toute réduction de
son dispositif nucléaire, dont elle augmente au contraire les
capacités
.
3. Les initiatives unilatérales britanniques et françaises
Face
à la lenteur du désarmement nucléaire russe, dans le
domaine des missiles stratégiques et surtout celui des missiles
tactiques, et au maintien, voire même à l'augmentation de
l'arsenal chinois, la France et le Royaume-Uni se caractérisent par une
participation active au processus de désarmement.
S'agissant de la France, cette politique s'est traduite par le
démantèlement des missiles "préstratégiques"
Hadès et des missiles sol-sol stratégiques du plateau d'Albion,
par la fermeture du centre d'expérimentation du Pacifique, l'arrêt
de la production de matière fissile à des fins militaires et la
réduction à 4 SNLE-NG de la composante sous-marine.
Quant au Royaume-Uni, il a éliminé dès 1991 les armes
nucléaires tactiques embarquées sur des bâtiments de la
Marine et procède depuis cette année au
démantèlement de sa composante aéroportée, pour ne
conserver qu'une composante sous-marine s'appuyant sur 4 SNLE de classe
Vanguard. Selon les conclusions de la revue de défense rendues publiques
en juillet, le nombre de têtes nucléaires déployées
devrait être réduit de près de moitié et
ramené en dessous de 200 à l'horizon 2000.
B. LA PROLIFÉRATION : UNE MENACE PERSISTANTE
Les essais nucléaires indiens et pakistanais jettent une ombre sur les relatifs succès enregistrés depuis le début de la décennie par le régime international de non-prolifération. De manière plus générale, ils font resurgir la crainte d'un renforcement des moyens liés à la prolifération dans un proche avenir.
1. Les essais nucléaires indiens et pakistanais : un affaiblissement du régime international de non-prolifération
Alors
que les cinq puissances nucléaires reconnues ont mis un terme à
leurs essais nucléaires depuis le début des années 1990
-et en dernier lieu la France et la Chine en 1996- et qu'elles ont signé
le traité d'interdiction complète des essais nucléaires,
la réalisation de plusieurs séries d'essais par l'Inde et le
Pakistan au mois de mai 1998 a porté un
coup sévère au
processus de non-prolifération.
On rappellera que les autorités indiennes ont déclaré
avoir procédé à trois essais nucléaires souterrains
le 11 mai et à deux autres le 13 mai, qui correspondraient à
l'explosion d'un engin thermonucléaire, d'une arme à fission et
de trois systèmes de faible puissance, inférieure au kilotonne.
Le Pakistan a pour sa part déclaré avoir effectué cinq
tirs le 28 mai et un sixième le 30 mai ; ils concerneraient des armes
à fission et à uranium enrichi.
Sur un plan strictement technique, ces essais ne font que confirmer une
réalité connue depuis longtemps, à savoir le
développement par l'Inde et le Pakistan de programmes nucléaires
militaires leur permettant de détenir des capacités
nucléaires, à la fois par la réalisation d'armes et par la
production de matières nucléaires. De ce point de vue, l'analyse
de ces essais ne semble pas révéler d'augmentation significative
des capacités indiennes et pakistanaises.
Sur un plan politique, les essais indiens s'intègrent dans un contexte
régional particulier et constituent un signal en direction du Pakistan
tout d'abord et surtout de la Chine ensuite.
Sur un plan plus général, votre rapporteur retiendra de ces
essais qu'ils ont surtout montré à l'opinion internationale qu'en
dépit des efforts de désarmement et de l'élaboration de
textes internationaux contraignants en matière de prolifération,
l'Inde et le Pakistan, puissances nucléaires non officiellement
reconnues, n'entendaient en rien renoncer à l'option nucléaire.
De ce point de vue, ces essais ne peuvent apparaître que comme un signal
négatif en direction des pays qui s'étaient ralliés au
régime international de non-prolifération et qui avaient
renoncé à se doter de capacités nucléaires
militaires.
2. Les risques liés à la non-prolifération
Au cours
de la dernière décennie, d'importants progrès ont
été réalisés dans le domaine de la
non-prolifération.
Le traité de non-prolifération (TNP) a été
conforté par des adhésions nouvelles et par sa prorogation
indéfinie décidée en 1995. Le ralliement des quinze
républiques ex-soviétiques au TNP a permis de relever le
défi que constituait, pour la non-prolifération,
l'éclatement de l'ex-URSS.
Le renforcement des contrôles et des vérifications menés
sous l'égide de l'Agence internationale de l'énergie atomique, a
amélioré la détection des activités
nucléaires clandestines. Il en va notamment ainsi pour l'Irak, dont bon
nombre d'installations ont été détruites durant la guerre
du Golfe. Les activités nucléaires de l'Iran et de
l'Algérie sont étroitement surveillées et l'accord
intervenu en 1994 avec les Etats-Unis a permis de geler le programme
nucléaire nord-coréen, sur lequel subsistent cependant de
sérieux doutes.
En dépit de ces évolutions positives,
de nombreux facteurs de
risques persistent.
Tout d'abord, la surveillance des installations, voire leur destruction dans
certains cas, n'ont pas fait disparaître les
compétences
techniques dont disposent de nombreux pays potentiellement
proliférateurs
. A cet égard, la poursuite de programmes
civils permet d'entretenir la maîtrise de technologies pouvant être
utilisées à des fins militaires.
Les progrès de la coopération internationale dans le
contrôle des exportations ont été réels mais ils
butent sur le
développement d'équipements à double
usage, civil ou militaire
, qui sont particulièrement prisés
par les pays tentés par le développement d'un programme
nucléaire et militaire. D'autre part, si le Groupe des fournisseurs
nucléaires a renforcé ses règles de conduite, certains
pays détenteurs de technologies agissent en dehors de ces règles
et continuent d'entretenir le risque de prolifération.
Enfin,
la prolifération balistique
, beaucoup moins
contrôlée,
accroît considérablement les risques
liés à la prolifération nucléaire
. De ce point
de vue, il faut observer que tant l'Inde que le Pakistan, avec une aide
extérieure pour ce dernier, se sont lancés dans le
développement de programmes balistiques. Il en va de même de la
Corée du nord qui a lancé un missile de 1 500 à 2 000
km de portée le 31 août dernier. On observera que la Corée
du nord entrave les inspections sur les combustibles issus du
déchargement des réacteurs nucléaires de recherche et que
par ailleurs, elle n'a pas signé le CTBT alors qu'elle figure parmi les
pays dont la ratification est requise pour permettre son entrée en
vigueur.
D'une manière plus générale, les évolutions les
plus récentes intervenues dans le domaine de l'armement nucléaire
et de la prolifération confirment aux yeux de votre rapporteur que
le
nucléaire est appelé à demeurer un élément
fondamental des politiques de sécurité
, ce qui renforce pour
notre pays l'impératif de modernisation et de pérennisation de la
force de dissuasion.
II. LE DÉROULEMENT DES PROGRAMMES NUCLÉAIRES FRANÇAIS
Etablie,
selon les termes de la loi de programmation
"dans le strict respect des
principes de suffisance et de crédibilité",
notre dissuasion
a été adaptée au nouveau contexte
géostratégique.
Cet impératif de crédibilité repose sur la modernisation
de la force océanique stratégique et de la composante
aéroportée d'une part, et sur la poursuite du programme de
simulation, indispensable, après l'arrêt des essais et le
démantèlement des installations d'expérimentation pour
garantir la fiabilité et la sûreté des armes futures,
d'autre part.
A. LA MODERNISATION ET LE RENOUVELLEMENT DE LA FORCE OCÉANIQUE STRATÉGIQUE ET DE LA COMPOSANTE AÉROPORTÉE
Après l'abandon de la composante sol-sol, notre force de dissuasion repose sur deux composantes complémentaires, la force océanique stratégique et la composante aéroportée, qui contribuent à sa souplesse et à sa diversité.
1. La force océanique stratégique
Les
objectifs assignés à la force océanique stratégique
ont été arrêtés par la loi de programmation et
passent :
- par la réalisation de 4 sous-marins lanceurs d'engins de nouvelle
génération (SNLE-NG) appelés à prendre la suite des
SNLE actuels et caractérisés notamment par une
invulnérabilité accrue du fait de leur discrétion
acoustique,
- par le remplacement du missile balistique M4 en service sur les SNLE actuels
par le missile M45 doté d'une tête nucléaire nouvelle, la
TN75
- puis à échéance plus lointaine, par la
réalisation d'un missile plus performant, le M 51, qui sera
équipé dans un premier temps (2008) de la TN75 puis, en 2015, de
la nouvelle tête océanique.
En ce qui concerne le programme SNLE-NG, votre rapporteur rappelle que
la
réalisation de 4 bâtiments est apparue comme le minimum
indispensable
pour assurer, compte tenu des cycles d'entretien, la
permanence à la mer de 2 SNLE-NG
si nécessaire, et ce afin
de parer à l'éventuelle neutralisation d'un bâtiment.
La FOST se compose aujourd'hui de 4 SNLE :
- 3 SNLE de génération actuelle, Le Tonnant, L'Indomptable et
L'Inflexible,
- 1 SNLE-NG, Le Triomphant, admis au service actif au printemps 1997.
Le calendrier de réalisation du programme a fait l'objet de
réaménagements successifs, soit pour des raisons techniques, soit
pour des raisons financières, en dernier lieu notamment lors de la revue
de programme.
En l'état actuel des choses
, l'admission au service actif des trois
prochains SNLE-NG
est prévue aux dates suivantes :
- SNLE-NG Le Téméraire : été 1999
- SNLE-NG Le Vigilant : été 2004
- SNLE-NG n° 4 : été 2008
S'agissant des
missiles balistiques
embarqués sur les
bâtiments de la FOST, chacun des 3 SNLE de génération
actuelle est équipé de 16 missiles mer-sol balistique
stratégique M4, emportant les têtes nucléaires TN71.
Le
SNLE-NG Le Triomphant
a en revanche été
équipé dès son admission au service actif du
missile
M45,
dérivé du M4, dont la portée avec un chargement
complet de six têtes thermonucléaires est supérieure
à 4 000 km, et qui emporte la
tête nucléaire
TN75,
de capacité de pénétration
améliorée par rapport à la TN 71.
Les deux prochains SNLE-NG, Le Téméraire et Le Vigilant, seront
également équipés, dès leur admission au service
actif, du missile M45.
Enfin, le dernier SNLE de génération actuelle, L'Inflexible, qui
ne devrait être retiré du service actif qu'à
l'été 2006, sera adapté en vue d'être capable
d'emporter le M45.
Une nouvelle phase de renouvellement s'ouvrira pour la FOST en 2008
,
avec le
remplacement du M45 par le missile M51
, dont la portée,
avec un chargement complet en têtes nucléaires, sera de l'ordre de
6 000 km. L'augmentation de la portée permettra l'élargissement
des zones de patrouille et participera au renforcement de
l'invulnérabilité des SNLE-NG.
A la suite de la revue de programme, une importante modification de calendrier
a été décidée puisque la livraison du M51 sera
avancée de deux ans de manière à équiper dès
son admission au service actif, à l'été 2008, le SNLE-NG
n° 4.
C'est également à partir de 2008 que les M51 remplaceront
progressivement les M45 sur les trois premiers SNLE-NG.
Le M51 sera équipé dans un premier temps de la TN75, avant
d'être doté, à partir de 2015, de la nouvelle tête
nucléaire océanique (TNO) et d'un nouveau système d'aide
à la pénétration.
2. La composante aéroportée
Décidée dans le cadre de la loi de
programmation, la
modernisation de la composante aéroportée apparaît à
votre rapporteur comme un
complément indispensable
à celle
de la FOST. Il faut en effet rappeler que si la FOST demeure la composante
principale de la dissuasion, la composante aéroportée
présente une souplesse d'emploi et une mobilité permettant de
diversifier les modes de pénétration. Mise en oeuvre depuis le
sol ou depuis le porte-avions, elle peut offrir, selon les circonstances, au
pouvoir politique un moyen plus visible de dissuasion.
Elle repose aujourd'hui sur les Mirage 2000-N de l'armée de l'air et sur
les Super-Etendard modernisés de l'aéronautique navale qui
emportent le missile air-sol moyenne portée (ASMP), dont la
portée varie de 300 km en haute altitude à 80 km en basse
altitude.
La modernisation de la composante aéroportée doit s'effectuer
selon deux axes :
- d'une part, le remplacement progressif du Super Etendard et du Mirage 2000-N
par le Rafale, tant dans sa version Marine que dans sa version Air,
- d'autre part, le remplacement à l'horizon 2008 du missile ASMP par un
missile aux performances accrues, l'ASMP amélioré, qui sera
doté d'une tête nouvelle, la tête nucléaire
aéroportée (TNA). La portée de l'ASMP
amélioré sera supérieure à celle de l'ASMP et les
capacités de pénétration seront accrues. Il
bénéficiera du vecteur à statoréacteur VESTA dont
le développement est commun avec le missile antinavires futur
(ANF).
B. LE PROGRAMME DE SIMULATION
Le renoncement définitif et irréversible aux essais en grandeur réelle fait désormais reposer sur le programme de simulation la garantie de la fiabilité et de la sûreté des armes futures.
1. La nécessité du programme de simulation
La
nécessité de la simulation découle de deux types de
raisons :
- des raisons d'ordre juridique, liées à la signature par la
France du CTBT et du traité de Rarotonga de
dénucléarisation du Pacifique Sud, traités par lesquels
elle renonce à réaliser toute explosion expérimentale
d'arme nucléaire,
- des raisons d'ordre matériel, puisque la France a achevé en
juin dernier la totalité du démantèlement de ses sites
d'expérimentations nucléaires et qu'elle s'est ainsi
privée, de manière irréversible, de ses capacités
d'expérimentation ; elle s'est de ce fait placée dans une
position singulière par rapport aux Etats-Unis, à la Russie ou
à la Chine, qui ont signé le CTBT tout en conservant leurs sites
d'expérimentations.
La France, si elle veut conserver une dissuasion nucléaire
crédible, doit ainsi, en l'absence d'essais, maintenir la garantie de la
fiabilité et de la sûreté des armes futures,
c'est-à-dire de celles qui remplaceront les armes actuelles sans avoir
pu bénéficier des essais en vraie grandeur.
Votre rapporteur souhaite ici rappeler les
principaux enjeux de la
simulation
:
- les armes subissent des phénomènes de vieillissement des
charges qu'il importe de surveiller et dont il faut mesurer les incidences pour
y remédier. En l'absence d'essais, la simulation permettra
d'évaluer les conséquences du vieillissement des charges et
contribuera au maintien de la durée de vie des armes actuelles, telle
qu'elle est prévue jusqu'à leur remplacement ;
- les têtes nucléaires appelées à remplacer les
charges actuelles seront définies à partir des concepts
"robustes" testés lors de la dernière campagne d'essais, avec des
modifications limitées par rapport aux engins testés. Mais seule
la simulation permettra de garantir la fiabilité et la
sûreté de ces charges nouvelles, garantie sans laquelle la
dissuasion perdrait une grande part de sa crédibilité.
- enfin, à plus long terme, les concepteurs des armes qui assureront le
renouvellement appartiendront à une génération n'ayant pas
été confrontée aux essais en grandeur réelle.
Au-delà des données recueillies lors de ces essais, la simulation
leur fournira des calculateurs et des moyens expérimentaux
adaptés (la machine radiographique AIRIX et le laser Mégajoule)
leur permettant de confronter leurs calculs à l'expérience.
C'est à cette triple nécessité que répond le
programme de simulation.
2. La mise en oeuvre du programme de simulation
La mise
en oeuvre du programme de simulation repose sur de
puissants moyens de
simulation numérique
fournis par des ordinateurs beaucoup plus
performants que ceux actuellement en service, et sur des
installations
expérimentales
permettant de valider les modèles physiques
décrivant les phénomènes essentiels du fonctionnement des
armes nucléaires : la machine radiographique AIRIX pour la visualisation
détaillée du comportement dynamique de l'arme, et le laser
Mégajoule pour l'étude des phénomènes physiques,
notamment thermonucléaires.
La
machine radiographique AIRIX
, en phase de construction à
Moronvilliers, en Champagne, sera vouée à l'analyse de la
dynamique des matériaux et elle permettra d'étudier le
fonctionnement non nucléaire des armes, à l'aide
d'expériences au cours desquelles les matériaux nucléaires
sont remplacés par des matériaux inertes. Elle devrait être
opérationnelle dès 1999 et succéder à l'actuelle
machine GREC.
Projet de plus grande ampleur, le
laser Mégajoule
qui sera
installé au Barp, en Gironde, est pour sa part destiné à
l'étude du domaine thermonucléaire. Il permettra de
déclencher une combustion thermonucléaire sur une très
petite quantité de matière et de mesurer ainsi les processus
physiques élémentaires. Le développement du projet doit
s'effectuer en plusieurs étapes, avec tout d'abord la construction d'une
ligne d'intégration laser (LIL) qui devra valider et qualifier la
définition de la chaîne laser de base du laser Mégajoule.
Le calendrier du programme de simulation a été
arrêté en fonction de plusieurs critères : d'une part, la
relève des équipes de concepteurs actuels par des équipes
n'ayant pas connu les essais nucléaires, qui implique la mise à
disposition de ces dernières de moyens de simulation, et d'autre part
les échéances de remplacement des charges nucléaires
actuelles.
L'infrastructure de l'installation d'AIRIX est aujourd'hui achevée, la
machine radiographique étant en phase de fabrication. Sa mise en
service, avec un premier tir de démonstration, devrait intervenir fin
1999.
En ce qui concerne le laser Mégajoule, les principales phases de ce
calendrier sont :
- fin 1998 : achèvement de l'infrastructure de la ligne
d'intégration laser
- 2001 : mise en service de la ligne d'intégration laser
- 2006 : premières expériences sur le laser Mégajoule avec
un tiers des faisceaux
- 2010 : premières expériences sur le laser Mégajoule avec
la totalité des faisceaux.
Il convient également de rappeler que l'étude du laser
Mégajoule bénéficie d'échanges et de
coopérations techniques conduites avec le laboratoire Lawrence de
Livermore, les Etats-Unis réalisant pour leur propre programme de
simulation un projet similaire, le National Ignition Facility (NIF).
L'ensemble du programme de mise en place de moyens de simulation
représente un coût global de 15 milliards de francs, dont 9,5
milliards de francs d'investissements et 5,5 milliards de francs de
sous-traitance d'études et de développement.
Sur la période 1997-2002, les moyens prévus par la loi de
programmation (actualisés en francs 1998) représentent 11
milliards de francs, incluant le coût du millier d'agents du CEA
travaillant sur le programme et le développement, et la fabrication des
moyens de simulation.
Votre rapporteur croit devoir souligner une nouvelle fois que la contrepartie
indispensable aux engagements internationaux souscrits par la France et
à ses initiatives unilatérales, réside dans le respect
scrupuleux des enveloppes financières allouées à la
simulation par la dernière loi de programmation militaire.
III. LES CRÉDITS DE LA DISSUASION NUCLÉAIRE
Pour
mener à bien les objectifs assignés à notre dissuasion
nucléaire -la modernisation et le renouvellement des deux composantes et
la mise en oeuvre de la simulation- la loi de programmation avait défini
un niveau de ressources légèrement décroissant sur la
durée de la période.
Or
dès la deuxième annuité
, c'est-à-dire en
1998,
les crédits de
la dissuasion ont atteint un niveau
inférieur à celui qui avait été fixé pour
2002.
Le nucléaire a en effet constitué l'une des sources
privilégiées des réductions opérées en 1998
dans le cadre de "l'encoche", puis à partir de 1999 dans celui de la
"revue de programmes".
Les abattements très importants opérés sur les
crédits du nucléaire n'ont pas remis en cause les axes
fondamentaux du programme nucléaire militaire. Ils ont toutefois conduit
ces crédits à leur niveau historiquement le plus bas,
réduisant les marges de manoeuvres et imposant des économies
drastiques sur les dépenses non liées aux programmes
majeurs.
A. UNE FORTE RÉVISION À LA BAISSE DES CRÉDITS PRÉVUS PAR LA PROGRAMMATION
Alors que "l'encoche" de 1998 représentait une réduction de 2,3 milliards de francs par rapport à la loi de programmation, la "revue de programmes" a dégagé 3,4 milliards de francs d'économies supplémentaires sur la période 1999-2002.
1. Une "encoche" de 2,3 milliards de francs sur les crédits de la dissuasion nucléaire en 1998
Au cours
de l'exercice 1998, le nucléaire a contribué pour plus du quart
à "l'encoche" opérée dans les crédits de la
Défense. Alors que la dotation prévue par la loi de programmation
s'élevait à 18,9 milliards de francs, les crédits
inscrits en loi de finances initiale se limitaient à 16,6 milliards
de francs. Les crédits du nucléaire ne représentaient plus
que 20,5 % d'un titre V réduit, alors qu'il devait, selon la loi se
situer à 21,1 %.
Cet abattement avait entraîné les conséquences suivantes :
- pour la FOST, le décalage d'un an du 3e SNLE-NG, l'étalement de
l'adaptation opérationnelle des SNLE de génération
actuelle ainsi qu'une réduction des travaux et rechanges, un moratoire
d'un an sur le programme d'adaptation des SNLE-NG au missile M 51 et sur le
développement du missile lui-même,
- pour la direction des applications nucléaires du CEA, le
ralentissement des opérations de démantèlement de l'usine
de production d'uranium enrichi de Pierrelatte et de la
récupération des matières nucléaires, la
réduction des programmes de recherche-amont et des programmes de
simulation effectués avec les matériels actuels, ainsi que le
décalage d'un certain nombre d'expérimentations
(non-nucléaires) liées à la mise au point des charges de
renouvellement.
Tout en reconnaissant que ces économies ne remettaient pas en cause les
grandes orientations du programme nucléaire militaire et la
réalisation de ses objectifs aux échéances prévues,
votre rapporteur avait souligné l'an passé qu'elles
entraînaient des conséquences non négligeables sur le
déroulement des programmes et que pour une partie d'entre elles, elles
ne faisaient que repousser dans le temps des dépenses
inéluctables.
2. Les économies supplémentaires décidées à l'issue de la "revue de programmes".
La
décision a été prise, après la "revue de
programmes", d'une
réduction de crédits
supplémentaire
représentant pour les quatre annuités
restant à courir de la loi de programmation, c'est-à-dire de 1999
à 2002, une
économie globale de 3,4 milliards de
francs
. Cet abattement représente près de 5 % de
l'enveloppe prévue en programmation pour ces quatre annuités, ce
qui ajouté à "l'encoche" pratiquée en 1998 aboutirait
à réduire de 5 % par rapport à la loi sur l'ensemble
de la période 1997-2002, les crédits consacrés au
nucléaire.
L'essentiel des économies sera obtenu par une
optimisation des
programmes SNLE-NG et M 51
, dont les calendriers ont été
aménagés de manière à se rejoindre en 2008, le 4e
SNLE-NG étant directement équipé du M 51, soit deux ans
avant la date prévue.
S'agissant de la FOST, les décisions prises sont les suivantes :
- décalage supplémentaire de 6 mois, jusqu'à
l'été 2004, de l'admission au service actif du 3e SNLE-NG Le
Vigilant,
- décalage d'un an, jusqu'à l'été 2008, de
l'admission du 4e SNLE-NG,
- modification du calendrier de retrait du service actif des SNLE de
génération actuelle, le Tonnant étant retiré
dès 1999 de manière à éviter son grand
carénage qui était prévu en 2000 et anticipation d'une
année, à l'été 2006, du retrait de l'Inflexible.
En ce qui concerne le
programme M 51, la livraison sera anticipée de
2 ans, en 2008 au lieu de 2010
, de manière à équiper
directement le 4e SNLE-NG. La simplification des différentes
étapes de développement et d'industrialisation du M 51
permettra de tenir cette échéance tout en réduisant les
coûts, par exemple en supprimant les essais au sol et en procédant
directement aux essais sous-marins.
L'anticipation de la livraison du M 51 induira plusieurs types
d'économies :
- le programme d'adaptation des SNLE-NG au M 51 se limitera à 3
bâtiments et non à 4, puisque le 4e sous-marin recevra directement
le M 51,
- le retrait deux ans avant l'échéance normale des missiles M 45
et de la TN 71 permettra également d'importants gains financiers, par
exemple en évitant le remplacement pour cause de vieillissement des
propulseurs à poudre d'une partie des missiles.
Au total, la DGA considère que l'économie réalisée
sur la composante océanique de la dissuasion se montera, d'ici 2015,
à 5,5 milliards de francs se décomposant comme suit :
- 2,4 milliards de francs liés à la simplification du
développement et de l'industrialisation du M 51,
- 1,2 milliard de francs sur la construction du 4e SNLE-NG, 1,5 milliards
de francs étant obtenu grâce à l'abandon du programme
d'adaptation au M 51 alors que parallèlement le coût de
construction sera majoré de 300 millions de francs,
- 1,9 milliard de francs obtenu par le retrait anticipé de missiles M 45
et de la TN 71.
Votre rapporteur considère que cet ensemble de décisions
s'inscrit dans une démarche cohérente qui devenait non seulement
possible mais également nécessaire, du fait des décalages
successifs imposés au programme SNLE-NG, qui se trouvait de la sorte
"rattrapé" par le programme M 51. Les conséquences sur les
capacités de notre dissuasion peuvent en outre être
considérés comme positives puisque la FOST sera plus rapidement
dotée du M 51, plus performant que le M 45.
Moins satisfaisantes apparaissent en revanche d'autres décisions
arrêtées dans le cadre de la "revue de programmes". Votre
rapporteur ne vise pas ici les économies de crédits d'entretien
permises par le retrait anticipé du système de transmission
ASTARTE, qui, selon le ministère de la Défense, sera
"rendu
possible par la qualité de l'avancement technique de son successeur
SYDEREC"
(Système de dernier recours destiné à
acheminer les communications nucléaires essentielles). Il
s'inquiète en revanche de la
réduction supplémentaire
imposée aux crédits de maintien en condition
opérationnelle
et surtout une
diminution de 20 % des
crédits d'études amont
consacrées à la
dissuasion.
B. LES CRÉDITS DE LA DISSUASION NUCLÉAIRE DANS LE PROJET DE BUDGET POUR 1999
Avec 16,6 milliards de francs , les crédits consacrés au nucléaire par le projet de budget pour 1999 se situent à un niveau quasiment inchangé par rapport à 1998, et à environ 2 milliards de francs en dessous du niveau initialement prévu par la loi de programmation .
1. L'évolution générale : un niveau historiquement bas
L'an
passé, votre rapporteur avait souligné le niveau
exceptionnellement bas des crédits consacrés au nucléaire
par le budget 1998. En effet, la décrue des crédits du
nucléaire, prévue par la loi de programmation, avait
été brutalement accélérée sous l'effet de
"l'encoche", si bien qu'en francs constants, votre rapporteur avait
remarqué que
l'enveloppe destinée au nucléaire avait
été divisée par deux en 6 ans
.
Le budget pour 1999 confirme cette tendance puisque les crédits de
paiement du nucléaire se montent à
16,624 milliards de
francs
-contre 16,626 milliards de francs en 1998- cette quasi
stabilité traduisant une diminution en francs constants.
Quand aux
autorisations de programme,
elles enregistrent une
nouvelle
diminution spectaculaire puisqu'elles
passent de 20,1 milliards de
francs en 1997 à 16,5 milliards de francs en 1998 (- 18 %) et
13,3 milliards de francs pour 1999 (- 19,2 %).
Votre rapporteur souhaiterait analyser ces chiffres, en les rapprochant d'une
part des prévisions de la loi de programmation et en les
replaçant d'autre part dans une évolution sur la dernière
dizaine d'années.
Crédits prévus par la loi de programmation
1997-2002
et crédits inscrits en loi de finances
initiale
(montants exprimés en millions de F 1999)
|
1997 |
1998 |
1999 |
Crédits nucléaires
|
19 286 |
19 013 |
18 683 |
Nucléaire/ T V et VI Loi de programmation |
21,4 % |
21,1 % |
20,7 % |
Crédits nucléaires LFI |
19 286 |
16 715 |
16 624 |
Nucléaires/TV et VI LFI |
21,6 % |
20,5 % |
19,3 % |
Le tableau ci-dessus, exprimé en francs constants 1999 afin de permettre des comparaisons pertinentes, illustre le net décrochage opéré à partir de 1998 sur les crédits du nucléaire au regard de la loi de programmation. Ce décrochage est double : en valeur absolue, il représente au bout de 3 années d'application de la loi un "manque à gagner" de 4,3 milliards de francs, et en valeur relative, il signifie que sur un titre V réduit par rapport aux prévisions initiales, le nucléaire diminue plus rapidement que prévu, ce qui revient à dire que le nucléaire a plus que les autres domaines contribué aux réductions de crédits d'équipement en 1998 et 1999.
Évolution des dotations consacrées au nucléaire depuis 1988 dans les lois de finances initiales (en millions de francs courants)
|
Autorisations de programme |
% du titre V |
Crédits de paiement |
% du titre V |
1988 |
30 350 |
28,7 |
30 546 |
33,6 |
1989 |
33 122 |
29,6 |
31 528 |
32,2 |
1990 |
31 320 |
27,0 |
32 089 |
31,4 |
1991 |
31 333 |
27,0 |
31 066 |
30,1 |
1992 |
26 186 |
25,5 |
29 896 |
29,0 |
1993 |
21 824 |
21,2 |
26 447 |
25,7 |
1994 |
20 502 |
22,0 |
21 677 |
22,8 |
1995 |
19 464 |
20,5 |
20 745 |
21,9 |
1996 |
18 479 |
20,8 |
19 452 |
21,9 |
1997 |
20 116 |
22,7 |
19 149 |
21,6 |
1998 |
16 508 |
20,4 |
16 628 |
20,5 |
1999 |
13 336 |
15,5 |
16 624 |
19,3 |
Le tableau ci-dessus illustre pour sa part la décrue très rapide des crédits du nucléaire au cours des 10 dernières années. Il est exprimé en francs courants, mais si l'on tient compte de l'érosion monétaire, c'est-à-dire si l'on raisonne en francs constants, on constate que les crédits de paiement inscrits dans les lois de finances initiales de 1998 et 1999 sont inférieurs de moitié à ceux de 1992. Quant aux autorisations de programme, elles enregistrent coup sur coup en 1998 et 1999 une forte diminution. En francs constants, les autorisations de programme de 1998 ne représentaient que 42 % de celles de 1990. Celles prévues par le projet de budget pour 1999 s'établiront à 32 % seulement du niveau de 1990.
2. Les crédits de la direction des applications militaires du CEA
Les
crédits transférés au Commissariat à l'Energie
Atomique couvrent la réalisation de trois missions
exécutées au profit de la Défense :
-
la conception, la fabrication et la maintenance des armes,
qui
constituent l'essentiel de l'activité militaire du CEA et comportent la
production de la tête nucléaire TN75 équipant les SNLE-NG,
le maintien en condition opérationnelle des têtes équipant
la FOST et la composante aéroportée, le retrait des têtes
de la composante sol-sol et des TN71 des SNLE de génération
actuelle, le développement des futures têtes nucléaires
océanique et aéroportée et enfin le développement
de la simulation et des grands équipements associés (laser
mégajoule, machine radiographique AIRIX),
- la
fourniture de matières
et surtout l'assainissement et le
démantèlement des anciennes usines de production de
matières fissiles de Marcoule et Pierrelatte.
- la mise au point des
systèmes de propulsion nucléaire
équipant les sous-marins et le porte-avions nucléaires.
Globalement, les crédits transférés au CEA en 1999
s'élèveront à 7,4 milliards de francs, mais seuls les
crédits affectés aux missions "armes" et "matières" sont
gérés par la Direction des applications militaires (DAM), dont le
budget avoisinera 6,2 milliards de francs, soit 5 % de plus que le budget
voté de 1998 mais environ 400 millions de moins que le niveau
fixé par la loi de programmation.
On rappellera qu'en 1998, "l'encoche" avait conduit à amputer de 600
millions de francs le budget de la DAM.
La "revue de programmes" a dégagé
près de 1,4 milliard
de francs d'économies supplémentaires
sur la période
1999-2002, dont plus de 700 millions de francs sur les crédits
d'études-amont, 400 millions de francs sur le
démantèlement de l'usine de Pierrelatte, près de 150
millions de francs sur le fonctionnement et 100 millions de francs sur le
maintien en condition opérationnelle des TN71. Pour 1999, ces
décisions représentent des économies de l'ordre de 300
millions de francs et c'est donc une réduction supplémentaire de
100 millions de francs qui a été imposée à la DAM.
La "revue de programmes" n'a pas provoqué de révision des moyens
prévus pour la réalisation des grands programmes sur lesquels
cependant il ne restera guère de marge de manoeuvre :
- le
programme de simulation
et l'ensemble des investissements
associés ont fait l'objet d'un examen approfondi qui a conclu à
la poursuite des projets en cours
, sans modification du
périmètre financier,
- la
réalisation de la TN75
se poursuivra dans les conditions
prévues,
- enfin, les opérations d'assainissement de l'usine de production de
plutonium de Marcoule sont préservées compte tenu des
impératifs de sécurité.
En revanche,
les abattements de crédits touchent toutes les autres
activités
, en particulier le démantèlement de l'usine
de production d'uranium de Pierrelatte, qui sera fortement ralenti et ne
s'achèvera au mieux qu'en 2007, au lieu de 2004, ainsi que les
développements technologiques.
Par ailleurs, la restructuration de la DAM est en voie d'achèvement.
Elle s'est traduite par la fermeture des sites de Montlhéry et de
Vaujours, alors que celui de Limeil-Valenton sera supprimé fin 1999.
Parallèlement, les effectifs ont été ramenés de 5
666 fin 1995 à 4 843 fin 1998, l'objectif étant de les stabiliser
à 4 500 agents à l'horizon 2000.
Ce recentrage sur les sites principaux (Bruyères le Chatel, Valduc, Le
Ripault et Le Barp) permettra de diminuer notablement les charges fixes de la
DAM et la restructuration a déjà permis une économie de
200 millions de francs en 1998, qui atteindra 350 millions de francs par an
à partir de 2000.
Votre rapporteur souhaiterait de nouveau attirer l'attention cette année
sur la part élevée (environ 50 %) des dépenses de
personnel et de fonctionnement dans le budget de la DAM, dépenses qui
correspondent à la mission qu'elle remplit pour le compte de l'Etat dans
le domaine nucléaire. Il est à cet égard
anormal que
l'ensemble du budget de la DAM soit inscrit au titre V
, à l'image
des dépenses réglées aux industriels fournisseurs,
et
ne comporte aucun crédit au titre III
, comme cela est fait pour le
CEA dans le domaine de la recherche civile. Le mode actuel de financement de la
DAM la rend en effet particulièrement sensible aux aléas qui
affectent les crédits d'équipement de la défense alors que
les missions que lui a assignées l'Etat exigent une grande
continuité dans le temps.
3. Les crédits de la FOST et de la composante aéroportée
Les
crédits affectés à la
Force océanique
stratégique
, qui relèvent de la Marine,
s'élèveront à
4,127 milliards de francs
pour 1999,
soit une diminution de 2,5 % et seront principalement consacrés à
la poursuite du programme de construction des SNLE-NG, qui absorbera 2,2
milliards de francs de crédits de paiement en 1999. Les crédits
d'entretien programmé du matériel de la FOST seront identiques
à ceux de 1998, à savoir 1,2 milliard de francs.
Les décisions prises dans le cadre de la "revue de programmes"
aboutissent à une économie globale de près de
650 millions de francs sur les crédits de la FOST de 1999 à
2002. Ces économies produiront peu d'effet dès 1999 (moins de 200
millions de francs) et joueront à plein en 2000 et 2001, alors
qu'à partir de 2002 réapparaîtront les charges relatives
à la construction du Vigilant, qui n'ont été
décalées dans le temps.
Les crédits relevant de l'
Armée de l'Air
et
consacrés au nucléaire se monteront à 823 millions de
francs en 1999, contre 733 millions de francs en 1998. Ces crédits sont
essentiellement consacrés à la maintenance et à
l'adaptation des appareils de la force aérienne stratégique et de
leurs systèmes de transmission, en particulier les Mirage 2000-N. Le
retrait anticipé du système de transmission ASTARTE ne
générera d'économies qu'en 2001.
En ce qui concerne
les systèmes d'armes
(hors têtes
nucléaires), les crédits prévus en 1999 au titre du
missile M 45 s'élèvent à 310 millions de francs alors
qu'une dotation de 1,45 milliard de francs est prévue pour le
développement du M 51 et un crédit de 391 millions de francs pour
l'ASMP amélioré et l'opération VESPA.
Les
crédits d'études-amont de la DGA
consacrés au
nucléaire s'élèvent pour leur part à près de
360 millions de francs, soit
100 millions de francs de moins que le
niveau attendu
, la "revue de programmes" ayant conclu sur ce chapitre
à une
réduction de 20 %
qui permettra de
réaliser plus de 340 millions de francs d'économies de 1999
à 2002.
CHAPITRE III -
L'ESPACE ET LE RENSEIGNEMENT
MILITAIRES
La
maîtrise de l'information et de la communication est aujourd'hui reconnue
comme un objectif majeur de la modernisation de l'outil de défense et
son rôle a été affirmé tant dans le livre blanc que
dans la loi de programmation.
Deux axes principaux ont été retenus :
- le développement des moyens spatiaux militaires dans les domaines de
la communication et de l'observation stratégique,
- le renforcement des moyens humains et financiers du renseignement.
Le projet de budget pour 1999 confirme la priorité reconnue au
renseignement, qui voit les crédits et les effectifs des
différents services notablement augmentés. Beaucoup moins
satisfaisante est la situation du programme spatial militaire, qui subit le
contrecoup de la défection de plusieurs de nos partenaires
européens.
I. L'ESPACE MILITAIRE : DES AMBITIONS CONTRARIÉES PAR LES ÉCHECS DE LA COOPÉRATION EUROPÉENNE
Votre
rapporteur ne reviendra pas sur les raisons qui militent en faveur de
l'acquisition de moyens spatiaux militaires permettant de garantir l'autonomie
et la fiabilité des décisions et l'efficacité des actions
de combat.
Toute la réflexion stratégique française de ces
dernières années a conduit à considérer
l'équipement spatial militaire comme un
enjeu majeur de
souveraineté
pour tout pays soucieux de préserver une
capacité d'action autonome.
C'est dans ce but que la loi de programmation avait défini pour le
budget spatial militaire une enveloppe annuelle moyenne de 3,5 milliards de
francs qui devait permettre de réaliser un double objectif :
- la poursuite et le perfectionnement du programme de
télécommunications par satellite Syracuse,
- le développement en coopération d'un système
d'observation spatiale global et cohérent, efficace de jour comme de
nuit et par tous temps, grâce à l'association d'un satellite
d'observation optique plus performant (Hélios II) et d'un satellite
d'observation radar (Horus).
D'ores et déjà, il apparaît que
la réalisation
à moyen terme de ces objectifs est en partie compromise
,
essentiellement du fait de l'officialisation de l'absence de participation
allemande au projet Horus. Le retrait des Britanniques du programme successeur
de Syracuse II est venu renforcer le sentiment que la France demeurait
très isolée dans son ambition de développer une
réelle politique spatiale militaire européenne.
Les difficultés rencontrées par les programmes spatiaux
français trouvent leur traduction dans un budget dont les moyens restent
très inférieurs aux prévisions de la loi de
programmation.
A. LE DÉROULEMENT DU PROGRAMME SPATIAL MILITAIRE : DES OBJECTIFS AMBITIEUX, UN AVANCEMENT LABORIEUX, UN AVENIR INCERTAIN
Les objectifs ambitieux assignés à notre programme spatial militaire se heurtent à d'importantes difficultés, qu'il s'agisse des programmes de télécommunications ou d'observation.
1. Le programme de télécommunications : la difficile mise au point de la succession de Syracuse II
Le
programme Syracuse II avait pour mission de prendre le relais du système
Syracuse I, entré en service en 1984 et qui avait doté les
armées de capacités de télécommunications par
satellites, tout en étendant le réseau à de nouveaux types
de stations et en augmentant la protection d'un certain nombre de liaisons.
Les deux premiers satellites ont été lancés en 1991 et
1992, le relais ayant été définitivement assuré par
les lancements du 3e et du 4e satellite, intervenus respectivement en
décembre 1995 et en août 1996. Parallèlement, le parc de
stations qui se limitait à 23 stations a été porté
à 100 stations de 1992 à 1997.
Le coût total du programme, y compris les compléments, est
évalué à près de 14 milliards de francs (au
coût des facteurs de 1998), sur lesquels près de 11 milliards de
francs auront été consommés à la fin 1998.
Le 4e satellite fait l'objet d'actions de complément afin de prolonger
sa durée de vie jusqu'à la mi-2005, date à laquelle
devrait entrer en service un système successeur.
C'est précisément
la mise au point de ce système
successeur qui rencontre de sérieuses difficultés .
L'objectif assigné à ce système -Syracuse III-
était, outre d'assurer la continuité du service, d'étendre
le parc en nombre et type de stations (environ 400 stations), d'accroître
la capacité de résistance aux mesures de guerre
électronique d'un nombre important de liaisons et d'assurer une zone de
couverture plus étendue.
Ce programme devrait entrer en phase de définition au début de
1999 afin de pouvoir mettre en orbite le premier satellite en 2005.
Un certain nombre d'hypothèses de coopération européenne
avaient été étudiées, l'option
privilégiée étant une coopération
trilatérale avec l'Allemagne et le Royaume-Uni, ce dernier étant
confronté, à une échéance voisine, à la
nécessité de renouveler son système Skynet.
Votre rapporteur avait évoqué l'an passé les perspectives
favorables qui s'ouvraient pour cette coopération et, effectivement, un
mémorandum d'entente pour la phase de définition avait
été signé en décembre 1997 par la France,
l'Allemagne et le Royaume-Uni qui décidaient ainsi de démarrer en
commun le programme baptisé
Trimilsatcom
.
Déjà affecté par un certain retard, ce programme a
été remis en cause en août dernier,
le Royaume-Uni ayant
décidé de se retirer de la coopération
pour se replier
sur une solution nationale.
Le retrait britannique, même s'il préserve la possibilité
d'une coopération franco-allemande, remet bien entendu en cause les
hypothèses financières du programme qui tablaient sur un
coût pour la France de 13 milliards de francs dans le cas d'une
coopération trilatérale.
Cet aléa est d'autant plus regrettable que la durée de vie du
système Syracuse II a déjà été
prolongée de 6 mois et que les marges de manoeuvre permettant de
supporter un nouveau retard se sont considérablement
réduites.
2. Les programmes d'observation : l'isolement de la France après l'échec de la coopération franco-allemande
Le
système d'observation optique Hélios I est opérationnel
depuis octobre 1995. Il permet déjà d'assurer les fonctions de
base du renseignement spatial mais ses capacités sont limitées
à l'observation de jour et par temps clair.
Ce programme a été lancé par la France en 1986 mais
l'Italie en 1987, puis l'Espagne en 1988 s'y sont associées à
hauteur respectivement de 14,1 % et 7 % et disposent d'un droit d'utilisation
potentielle des images à due concurrence. Le système inclut un
module expérimental d'écoute électromagnétique
(EURACOM) qui est exclusivement réalisé par la France.
Ce programme a été mené en liaison avec le programme civil
SPOT, les deux satellites utilisant une plate-forme commune.
Le premier satellite, Hélios IA, est entré en phase
opérationnelle en octobre 1995. Le second, Hélios IB, est
disponible et stocké depuis fin 1996 en vue de la relève
d'Hélios IA, qui doit normalement intervenir en 1999.
Le coût total du programme Hélios I s'élève à
9,6 milliards de francs. Près de 8 milliards de francs auront
déjà été consommés à la fin de
l'année 1998.
La poursuite du programme d'observation spatiale doit s'effectuer dans deux
directions :
- assurer la continuité du service à la suite d'Hélios I
avec un système d'observation optique doté d'une capacité
infrarouge, facilitant l'observation de nuit,
- compléter les capacités d'observation optique par un
système d'observation radar permettant d'obtenir des images par tous les
temps.
Ce double objectif doit permettre de
construire un système
d'observation spatiale militaire complet et cohérent
, fondé
sur la très forte complémentarité entre observation
optique visible ou infrarouge et observation radar. En effet, la fusion de ces
trois types d'images enrichit considérablement l'information et doit
permettre le recueil des renseignements quelles que soient les conditions sur
le terrain.
Le
principe d'une coopération franco-allemande
sur ces deux
programmes d'observation spatiale a été arrêté lors
du sommet de Baden Baden le 7 décembre 1995. Si la France devait assurer
80 % du financement d'Hélios II, l'Allemagne prenant en charge 10 % et
l'Espagne et l'Italie le restant, c'est en revanche l'Allemagne qui devrait
assurer la plus large part du financement d'Horus (60 % contre 40 %
à la France).
L'absence de volonté allemande de mettre en place les financements
correspondants a fortement perturbé la mise au point des deux programmes
et a conduit la France à abandonner finalement le programme Horus.
En ce qui concerne le
système Hélios II
, qui doit
normalement
permettre d'assurer la continuité du service fin
2002
, en remplacement du système Hélios I, sa phase de
définition a débuté en 1994 avec les objectifs suivants :
.
permettre l'observation de nuit grâce à une
capacité infrarouge
,
.
améliorer les capacités de prise de vue et de
transmission des images afin d'en augmenter le nombre et de réduire les
délais d'acquisition de l'information,
.
améliorer la résolution des images pour mieux
détecter les objectifs d'intérêt militaire.
Le système comporterait
deux satellites
dont le premier devait
normalement pouvoir être lancé fin 2002.
A l'heure actuelle, seule la coopération avec l'Espagne, à
hauteur de 3 %, paraît en bonne voie. Des négociations ont
également été engagées avec la Belgique pour une
participation qui ne pourra sans doute pas être du même ordre.
L'Italie n'a pas confirmé sa participation, quant à l'Allemagne,
elle n'a pas donné de suite concrète à l'accord de Baden
Baden en refusant de dégager les financements correspondants.
La décision allemande a imposé à la France de
décaler de six mois la date d'entrée en service
d'Hélios II
et d'accroître son effort budgétaire
puisqu'elle assumera pratiquement seule la réalisation du programme.
Quant au
programme Horus
, il se trouve purement et simplement
abandonné si bien qu'
il faudra renoncer
,
à l'horizon
envisagé (2005) à la capacité d'observation "tous
temps"
qui aurait permis de surmonter les difficultés de
surveillance de certaines zones géographiques fréquemment
recouvertes de nuages.
Toute perspective d'acquisition de capacités d'observations radar n'est
cependant pas définitivement compromise. Si la France ne peut à
l'évidence supporter seule le coût d'un programme lourd tel que
Horus, l'évolution technologique permet aujourd'hui de s'orienter vers
l'étude de
constellations à base de petits satellites
d'un
coût très inférieur, dont l'acquisition pourrait être
raisonnablement envisagée à partir de 2008.
Quoi qu'il en soit, votre rapporteur retient des difficultés
rencontrées dans la mise au point d'une coopération
européenne dans le domaine spatial militaire que la vision
française faisant de la possession de moyens européens propres
une priorité permettant de garantir l'autonomie stratégique,
n'est que peu partagée et comprise par nos principaux partenaires, qui
semblent se satisfaire des informations fournies par les Etats-Unis.
B. LE BUDGET SPATIAL MILITAIRE : DES MOYENS EN RÉDUCTION CONSTANTE
Depuis 1997, le budget spatial militaire est loin d'avoir bénéficié des dotations prévues par la loi de programmation.
1. Une nouvelle réduction des crédits après la "revue de programmes"
La loi
de programmation avait alloué au budget spatial militaire une enveloppe
d'un montant de 20,7 milliards de F sur six ans, soit environ 3,5 milliards de
F par an, ce qui représentait 4 % des crédits d'équipement
de la défense.
Cet objectif n'a en réalité jamais été atteint.
En 1997, la loi de finances initiale inscrivant au profit de l'espace militaire
une dotation de 3,3 milliards de F, soit 3,7 % des crédits du titre V,
mais en raison d'annulations de crédits en cours d'année et de
retards dans les programmes les crédits effectivement consommés
se sont limités à 2,9 milliards de F.
En 1998, la dotation prévue en loi de finances initiale se montait
à 3,1 milliards de F, soit 3,8 % du montant du titre V et 400 millions
de F environ de moins que le montant prévu par la loi de programmation.
Cette réduction correspondait à un moratoire sur le programme
Horus et sur le programme de surveillance de l'espace et à un
ralentissement du programme Syracuse III.
La "revue de programmes" a entériné cette
révision
à la baisse des crédits consacrés à l'espace
puisqu'elle a dégagé une économie d'un montant total de
3,8 milliards de F sur la période 1999-2002, dont l'essentiel
résulte :
- de
l'abandon du programme Horus
pour 1,9 milliard de F,
- de
l'abandon du programme de surveillance de l'espace
pour près
de 600 millions de F,
- d'une
réduction de crédits
de l'ordre de 1 milliard de F
sur le programme Syracuse III
.
Compte tenu de ces décisions, c'est au moins à une
réduction d'un quart des crédits de l'espace militaire à
laquelle il faut s'attendre par rapport à l'enveloppe qui avait
été prévue sur les six années de la
programmation.
2. Des crédits en forte baisse en 1999
Les
crédits prévus au titre de l'espace militaire pour 1999 se
montent à 2,6 milliards de F en crédits de paiement (- 15,9 %) et
2,5 milliards de F en autorisations de programme (- 9,6 %).
La dotation se trouve ainsi en retrait de près de 600 millions de F par
rapport au montant prévu par la loi de programmation.
Les crédits prévus seront principalement répartis comme
suit :
- programme Syracuse II : 325 millions de F
- programme Syracuse III : 318 millions de F
- programme Hélios I : 400 millions de F
- programme Hélios II : 1 254 millions de F.
II. LE RENSEIGNEMENT : DES MOYENS EN PROGRESSION NOTABLE
Alors que l'année 1998 avait été caractérisée par une diminution des crédits alloués aux services de renseignement, uniquement du fait de la forte contraction des dépenses d'équipement, la progression notable des ressources en 1999 constitue un motif de satisfaction pour votre rapporteur. En effet, la priorité accordée au renseignement, sous toutes ses formes, ne suppose pas seulement la réalisation de programmes lourds, tels que les satellites d'observation, mais également le renforcement des moyens humains et matériels des services chargé de recueillir, de traiter et d'exploiter l'information.
A. L'ÉVOLUTION GÉNÉRALE DES CRÉDITS : UNE AUGMENTATION SUPÉRIEURE À 11 %
Le tableau ci-dessous retrace, depuis 1997, l'évolution des crédits regroupés dans le "bleu" budgétaire sous l'agrégat "Renseignement".
|
1997 |
1998 |
1999 |
99/98 |
Personnel |
574,802 |
602,377 |
651,816 |
+ 8,2 % |
Fonctionnement |
214,057 |
203,667 |
204,011 |
+ 0,2 % |
Total titre III |
788,869 |
806,044 |
855,827 |
+ 6,2 % |
Titre V |
651,000 |
561,000 |
667,000 |
+ 18,9 % |
TOTAL |
1 439,869 |
1 367,044 |
1 522,827 |
+ 11,4 % |
Le
budget 1999 se traduira par une hausse de 8,2 % des crédits de
rémunérations et charges sociales, liée à
l'augmentation des effectifs de la Direction générale de la
sécurité extérieures (DGSE), par une stabilité des
crédits de fonctionnement courant, qui échappent ainsi à
la réduction générale pratiquée dans les
armées et les autres services de la défense, et par une hausse de
18,9 % des crédits d'équipement liée à la
progression des crédits de fabrication et d'infrastructure de la DGSE.
Encore faut-il rappeler que l'agrégat "renseignement" ne couvre qu'une
partie des moyens affectés aux services du renseignement, à
savoir :
- la rémunération des effectifs civils de la DGSE, son
fonctionnement courant et ses crédits d'équipement,
- les crédits de fonctionnement (hors rémunération des
personnels) et d'équipement de la Direction de la protection et de la
sécurité de la défense (DPSD).
Il ne traduit donc pas l'évolution des effectifs militaires de la DGSE,
qui verra la création de plus de 30 postes d'officiers et de
sous-officiers en 1999, ni la progression du budget de la Direction du
renseignement militaire, qui passe de 82 à 103 millions (hors
rémunérations et charges sociales). Il ne couvre pas davantage
les moyens de renseignement propres à chaque armée.
B. LES MOYENS DES DIFFÉRENTS SERVICES DE RENSEIGNEMENT
Votre rapporteur évoquera successivement la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), la Direction de la protection et de la sécurité de la défense (DPSD), la Direction du renseignement militaire (DRM) et la délégation aux affaires stratégiques (DAS).
1. La direction générale de la sécurité extérieure
Chargée, selon les termes du décret n°
82-306 du
2 avril 1982 qui a procédé à sa création,
"de
rechercher et d'exploiter les renseignements intéressant la
sécurité de la France, ainsi que de détecter et
d'entraver, hors du territoire national, les activités d'espionnage
dirigées contre les intérêts français afin d'en
prévenir les conséquences",
la DGSE voit ses moyens
très significativement augmentés par le budget 1999.
En ce qui concerne ses
effectifs
, les évolutions suivantes sont
enregistrées :
- la DGSE bénéficiera de la
création de 86 postes de
civils
qui s'ajoutent aux 64 autres créés en 1998. L'effectif
civil de la DGSE, qui se montait à 2 647 agents en 1997 atteindra ainsi
2 797 agents en 1999, pour un objectif de 3 063 agents en 2002,
- les effectifs militaires diminueront légèrement, passant de 1
331 à 1 315 hommes. La suppression de 49 postes d'appelés
(117 au lieu de 166) est compensée par la
création de 33
postes d'officiers et sous-officiers
(1 198 au lieu de 1 165). Sur la
période 1997-2002, les effectifs militaires devraient diminuer de moins
de 50 postes pour atteindre 1 261 postes, ce qui, compte tenu de la suppression
de postes d'appelés, entraîne en réalité un
accroissement des effectifs officiers et sous-officiers.
Au total,
les effectifs civils et militaires de la DGSE
(seuls les
civils étant rémunérés sur le budget de cette
dernière)
passent de 4 042 à 4 112
agents de 1998 à
1999, cette progression étant appelée à se poursuivre,
principalement par le biais de recrutement de civils, au cours des trois
années suivantes, l'objectif à l'horizon 2002 étant un
effectif de 4 324 agents.
Il faut ajouter que la question de la rénovation des statuts
particuliers des différents corps de fonctionnaires de la DGSE, qui
n'exigeait pas moins de 12 décrets, est en voie de règlement,
seuls restant à mettre au point certains décrets relatifs aux
corps de catégorie A.
Sur le plan budgétaire, les
crédits de la DGSE
atteindront
1,45 milliard de F (+ 11,9 %)
et
évolueront comme suit :
- les dépenses de
rémunérations et de charges sociales
s'élèveront à
651,8 millions de francs
en 1999,
soit 3,2 % de plus qu'en 1998 du fait de la création de 86 postes civils
et de l'application de l'accord salarial de la fonction publique,
- les
crédits de fonctionnement courant,
qui avaient
été réduits de près de 5 % l'an passé,
seront stabilisés et se monteront à
160 millions de francs
(+ 0,2 %) ; votre rapporteur signale que la diminution opérée
l'an passé avait imposé de renoncer à certaines actions en
matière de renouvellement de matériel informatique et de
formation des personnels, et il se félicite que la DGSE soit
épargnée en 1999 par la compression de dépenses de
fonctionnement imposée aux armées et autres services de la
défense,
- les
crédits de matériels
progressent de 20,8 % et
passent de 399 à 482 millions de francs, ce qui permettra de compenser
le retard pris dans la réalisation d'équipements,
- les crédits d'infrastructure s'élèveront quant à
eux à
157 millions de francs,
soit une augmentation de 16,3 %.
Rappelons que l'extension des locaux du siège de la DGSE s'effectuera
sur le site de la caserne Mortier, qui lui a été
transféré en 1997. Une première enveloppe de 40 millions
de francs de crédits de paiement a été affectée en
1997. Le montant prévu pour 1999 s'élève à 52
millions de francs, les dépenses restant à réaliser sur
les années 2000-2002 étant évaluées à 291
millions de francs.
Votre rapporteur rappelle enfin que le budget de la DGSE tel qu'il est
présenté n'inclut pas les crédits provenant des fonds
spéciaux provenant des services du Premier ministre, et dont l'objet est
de financer certaines activités opérationnelles. Le
contrôle de l'utilisation de ces fonds est assuré d'une part par
les services financiers de la DGSE elle-même et d'autre part par une
commission spéciale de vérification composée de hauts
magistrats de la Cour des comptes et du Conseil d'Etat.
Ce budget n'inclut pas davantage la réalisation de certains
équipements à vocation interarmées, utilisés par la
DGSE mais financés par d'autres crédits. C'est en particulier le
cas du programme MINREM (moyen interarmées navalisé de recherche
électromagnétique) qui repose sur des capacités dans le
domaine de l'écoute électromagnétique embarquées
sur un bâtiment de la Marine. Le retrait du service actif par la Marine
en 1999 du Berry qui assurait ce type de missions, imposera le transfert des
matériels d'écoute sur un autre bâtiment, le Bougainville,
qui assurait jusqu'à présent le soutien du centre
d'expérimentations du Pacifique.
2. La direction de la protection et de la sécurité de la Défense (DPSD)
La DPSD
est chargée d'assurer les responsabilités incombant au
ministère de la défense en matière de protection et de
sécurité du personnel, des informations, des matériels et
des installations sensibles. Ses attributions couvrent notamment la
prévention et la recherche des atteintes à la défense
nationale.
Les crédits dévolus à la DPSD (hors
rémunérations et charges sociales) se monteront pour 1999
à
72 millions de francs
, soit une progression limitée
à 1 million de francs (+ 1,4 %) par rapport à 1998.
Les crédits de fonctionnement courant, qui avaient diminué de 5 %
en 1998, sont maintenus à un niveau identique, soit 44 millions de
francs.
Les crédits d'équipement (fabrications et infrastructures) se
monteront à 28 millions de francs, soit 1 million de francs de plus
qu'en 1998.
La loi de programmation a prévu une diminution d'environ 10 % des
effectifs de la DPSD de 1997 à 2002. Dans cette optique, ceux-ci
passeront de 1 602 à 1 560 de 1998 à 1999. L'an prochain, 69
postes d'appelés seront supprimés (160 au lieu de 229), ainsi que
6 postes d'officiers et 10 postes de sous-officiers. Environ un tiers des
postes d'appelés seront remplacés par des postes de militaires du
rang engagés, qui passeront de 19 à 40. En outre 22 postes de
personnels civils seront créés (292 postes en 1999).
La plupart des tâches dévolues aux appelés du contingent
seront redistribuées soit par un recours à la sous-traitance
(sécurité des installations, restauration, entretien des locaux),
soit par la mise en place de moyens techniques automatisés
(caméras, alarmes) assurant les fonctions de surveillance. Cette
politique nécessitera une augmentation des moyens de
fonctionnement.
3. La direction du renseignement militaire (DRM)
La DRM a
été créée peu après la guerre du Golfe, en
1992, pour planifier, coordonner et conduire la recherche et l'exploitation du
renseignement militaire.
La loi de programmation a prévu un renforcement progressif des effectifs
de la DRM qui doivent augmenter d'environ 20 % sur la période pour
atteindre près de 2 000 agents en 2002.
Actuellement, les effectifs de la DRM se répartissent comme suit :
- environ 700 personnes relevant de l'administration centrale et
réparties entre Paris et la base de soutien à vocation
interarmées de Creil,
- près de 350 personnes travaillant au sein du
pôle de
renseignement
, situé à Creil et rattaché à la
DRM, qui comporte 3 organismes : le centre de formation et
d'interprétation interarmées de l'imagerie (CF3I) qui emploie 229
personnes, le centre d'information sur les rayonnements
électromagnétiques, devenu depuis le mois de septembre centre de
formation et d'exploitation des émissions
électromagnétiques (CF3E) qui emploie 99 personnes et
l'unité interarmées Hélios qui emploie 20 personnes.
- environ 310 personnes relevant de l'école interarmées du
renseignement et des études linguistiques de Strasbourg.
- près de 210 personnes réparties dans les 9 détachements
autonomes de transmissions installés en Afrique et outre-mer et
chargés de procéder à des interceptions.
L'augmentation des effectifs
d'ici 2002 visera un renforcement de la
sous-direction "armements-prolifération" et des personnels
affectés au renseignement d'origine électromagnétique, que
ce soit à Creil au CF3E ou dans les détachements autonomes de
transmissions qui devraient bénéficier de la création de 2
stations nouvelles en zone Antilles-Guyane et en Nouvelle-Calédonie.
En ce qui concerne les
moyens techniques
dont dispose la DRM,
l'accroissement des moyens d'exploitation du
renseignement d'origine
image
passe par la poursuite du programme d'observation spatiale
Hélios et par la réalisation, au-delà de 2002, de la
capacité "image" sur le DC8 Sarigue-NG, qui devrait permettre de
réaliser depuis cet appareil des prises d'images photographiques de
résolution très précise.
En matière d'
écoute électromagnétique
, le
DC8 Sarigue-NG devrait également prendre le relais en 2000 du
système aéroporté actuel et accroître les
capacités de recueil de renseignements d'origine
électromagnétique. La DRM est également concernée,
comme la DGSE, par le programme Minrem qui prévoit le transfert sur un
nouveau bâtiment des moyens d'écoute actuellement embarqués
sur le Berry et leur modernisation en vue de les adapter aux signaux provenant
d'émetteurs de la nouvelle génération.
Les
crédits de la DRM
(hors rémunérations et
charges sociales) connaîtront une hausse sensible en 1999 puisqu'ils
passeront de 82 à 103 millions de francs (+ 25,6 %).
Les crédits de fonctionnement s'élèveront à 36
millions de francs, soit un niveau identique à celui de l'an
passé. Ils n'incluent pas les dépenses de fonctionnement des
détachements autonomes de transmissions qui devraient, à
l'avenir, être rattachés au budget de la DRM.
Les crédits d'équipement s'élèveront à 67
millions de francs contre 46 millions de francs en 1998 (+ 45,7 %). Sur ce
montant, une dotation sera notamment destinée au projet Sirius qui vise
à optimiser la gestion et l'exploitation des moyens de recherche
électromagnétique.
4. La délégation aux affaires stratégiques (DAS)
Créée en 1992, la délégation aux
affaires stratégiques n'est pas à proprement parler un service de
renseignement, mais elle contribue incontestablement au renseignement de
défense par des études qui renforcent la capacité
d'analyse et de réflexion stratégique du ministère de la
Défense.
Les missions de la DAS s'exercent dans deux domaines principaux :
- la coordination et la préparation des dossiers liés à la
réforme des armées et à la politique de défense (en
particulier la coopération militaire, le suivi de la loi de
programmation, la sécurité intérieure, la question des
réserves),
- la mise au point des positions internationales intéressant la
défense, en particulier l'élargissement de l'Alliance atlantique,
la réforme de l'OTAN, les questions relatives à l'UEO, les
négociations internationales relatives à la maîtrise des
armements et à la prolifération.
Au titre de la réflexion prospective, elle préside et assure le
secrétariat du comité de coordination des études
prospectives de défense à caractère politico-militaire,
économique et social du ministère.
Les effectifs de la DAS comptent environ 110 personnes, dont 57 officiers,
sous-officiers et militaires du rang, 30 personnels civils de catégorie
A, 14 appelés du contingent et 10 personnels civils de catégorie
C.
Du point de vue financier, elle bénéficie de crédits de
fonctionnement gérés par la direction de l'administration
générale du ministère de la défense. Elle pilote un
programme d'études stratégiques représentant entre 15 et
17 millions par année qui est financé pour partie par des
crédits de la délégation générale pour
l'armement, et pour le restant par des subventions inscrites au titre VI et
alliées aux principaux instituts de réflexion stratégique
ayant passé convention avec le ministère.
C. PARLEMENT ET RENSEIGNEMENT : UNE INDISPENSABLE ÉVOLUTION
Le souci
de mieux impliquer le Parlement dans le domaine du renseignement est une
préoccupation ancienne de votre commission des affaires
étrangères et de la défense.
Dès 1995, votre rapporteur avait évoqué
l'éventualité de la création d'une
représentation restreinte associant députés et
sénateurs,
tant de la majorité que de l'opposition, qui
serait
habilitée à connaître d'un certain nombre
d'informations touchant au domaine du renseignement
tout en s'engageant
bien entendu à la discrétion indispensable (cf avis n° 80,
tome IV - 1995-1996 pages 81, 82 et 98).
Cette suggestion n'était en rien motivée par une quelconque
volonté inquisitrice ou par le souci de satisfaire une curiosité
qui serait malvenue compte tenu des exigences de confidentialité, de
discrétion et de secret indispensables à l'efficacité de
l'action des services du renseignement et à la protection de leurs
personnels.
Elle répondait au contraire au besoin de
conforter une
activité reconnue à juste titre comme prioritaire
en
évitant que par indifférence, méconnaissance ou
méfiance, un fossé ne s'établisse entre la
communauté nationale et les services de renseignement et en permettant
à la fois une meilleure prise en compte du rôle du renseignement
et l'instauration d'un climat de confiance à l'égard de services
essentiels pour la sécurité nationale.
Au cours de ses précédents rapports, votre rapporteur avait
présenté différentes expériences
étrangères, en particulier celles des Etats-Unis, du Royaume-Uni,
de l'Allemagne ou de l'Italie.
Il a constaté par ailleurs qu'à deux reprises, à
Saint-Mandrier le 3 avril dernier puis à l'IHEDN le 3 septembre, le
Premier ministre a manifesté son souci d'un renforcement de
l'information du Parlement sur la politique du renseignement et que des
réflexions ont été menées au sein de la commission
de la défense de l'Assemblée nationale sur le même sujet.
Il apparaît d'ores et déjà qu'un organisme parlementaire
compétent dans le domaine du renseignement peut difficilement être
créé sans que s'établisse le consensus le plus large
possible au sein du Parlement d'une part, et entre le Parlement et
l'exécutif d'autre part.
Sans anticiper sur le débat qui pourrait s'engager sur une telle
création, votre rapporteur tient à préciser
les grandes
lignes qui,
à son sens et en l'état actuel de sa
réflexion,
pourraient inspirer une éventuelle future structure
parlementaire pour les questions de renseignement.
Il tient une fois encore à souligner combien, sur ce sujet par nature
très délicat, une vision prudente et pragmatique s'impose.
Premièrement, afin de respecter les impératifs de
confidentialité et d'efficacité et de permettre un réel
climat de confiance, il lui semble que
cette structure devrait
, en tout
état de cause,
conserver une dimension très restreinte.
Un
effectif de quelques parlementaires, aussi réduit que possible -par
exemple trois députés et trois sénateurs- pourrait
être de nature à permettre un climat de confiance entre
parlementaires et responsables du renseignement
tout en assurant, ce qui
est tout aussi nécessaire, une représentation de la
majorité comme de l'opposition.
Deuxièmement, cette structure devrait être habilitée
à entendre les responsables des services et à recevoir des
rapports périodiques sur leurs activités mais cet
accès
à des informations secrètes devrait avoir pour contrepartie un
respect absolu de la confidentialité,
ce qui s'oppose en particulier
à la diffusion dans des rapports publics d'informations confidentielles
dont elle aurait eu connaissance.
Troisièmement, les
attributions
de la structure parlementaire
devraient être
clairement délimitées,
par une
définition précise des informations qu'elle peut obtenir, et ce
de manière à éviter que le légitime souci
d'information ne dérive vers un contrôle détaillé
des activités, qui ne pourrait qu'affaiblir l'efficacité des
services. A cet égard, il est nécessaire de préserver les
informations liées au déroulement d'opérations
secrètes des services du renseignement.
Quatrièmement enfin, cette structure devrait, en toute logique, couvrir
un
champ interministériel
comprenant les différents
services qui concourent au renseignement, même s'ils ne relèvent
pas du ministère de la défense.
CHAPITRE IV -
LES AUTRES ACTIONS COMMUNES
I. LA DÉLÉGATION GÉNÉRALE POUR L'ARMEMENT
Les
crédits relevant de l'agrégat Délégation
générale pour l'armement (DGA) s'élèvent à
18 milliards de francs pour 1999 et constituent donc une part importante du
budget de l'ancienne section commune. La seule approche budgétaire ne
rend cependant que très imparfaitement compte du rôle de la DGA
puisque celui-ci s'étend très au-delà de la gestion des
crédits qui lui sont spécifiquement attribués. La DGA, au
travers des programmes d'armement dont elle suit le déroulement, est en
effet appelée à gérer environ 80 % de l'ensemble des
crédits d'équipement de la Défense.
La profonde réforme engagée depuis 2 ans par la DGA est donc au
coeur d'un enjeu majeur pour notre défense, à savoir la
modernisation des équipements des armées dans le cadre de moyens
budgétaires réduits, grâce à une réduction du
coût des programmes d'armement.
Votre rapporteur évoquera l'état d'avancement de cette
réforme, avant d'analyser les évolutions intervenues dans les
structures industrielles relevant de la DGA ainsi que ses centres d'expertise
et d'essais puis de commenter l'évolution des crédits pour
1999.
A. L'ÉTAT D'AVANCEMENT DE LA RÉFORME DE LA DGA
La réorganisation de la DGA s'est poursuivie en 1998, avec la mise en oeuvre de nouvelles méthodes destinées à réduire le coût des programmes d'armement. Parallèlement, un pas significatif a été franchi au mois de septembre dernier avec la signature de la convention dotant l'organisme conjoint de coopération en matière d'armement de la personnalité juridique.
1. La poursuite de la réorganisation de la DGA
Après avoir mis en place son nouvel organigramme
défini par le décret du 17 janvier 1997, la DGA a
procédé au cours de l'année 1998 à la mise en place
de nouveaux modes de fonctionnement, de nouvelles orientations ayant
été définies et servant désormais de
référence pour chacun des domaines d'activité de la DGA.
La DGA a également instauré un "partenariat stratégique"
avec les entreprises de défense, chacune des grandes entreprises pouvant
débattre de ses orientations stratégiques et discuter des
orientations en matière de programme et d'études.
Au cours de l'année 1998 ont également été
regroupées sous l'autorité de la DGA l'ensemble des études
amont en vue d'en assurer une meilleure cohérence. Celles-ci seront de
plus en plus orientées par les besoins de préparation des
programmes futurs, tels qu'exprimés dans le plan prospectif à 30
ans élaboré par la DGA, et seront subordonnés à la
définition d'objectifs de gestion et à un contrôle de
gestion de manière à arbitrer au plus tôt, en cas de
restriction des ressources budgétaires, les priorités de
préparation des programmes futurs.
La mise en route de ces nouvelles procédures devrait toutefois se
traduire par un niveau d'engagement d'études amont
particulièrement faible en 1998.
Enfin, la DGA entend veiller à ce que la réduction des
crédits d'études amont dans le nouveau contexte
budgétaire, ne se traduise pas, d'une part, par une trop forte
focalisation sur les études intéressant spécifiquement la
défense au détriment des recherches de
complémentarité avec le secteur civil, et d'autre part par un
abandon du souci du long terme au profit de préoccupations plus
immédiates.
L'année 1999 verra par ailleurs la mise en place des systèmes
d'information supportant les grands modes de fonctionnement de la DGA, en
particulier le système de contrôle des coûts des programmes
et le système unique de gestion budgétaire.
2. La politique de réduction des coûts des programmes d'armement
La DGA a
mis en oeuvre une politique destinée à réduire les
coûts des programmes d'armement qui s'appuie sur la limitation des
besoins en matériels et systèmes au juste nécessaire pour
l'exécution de forces armées, sur l'accroissement de
l'efficacité du processus d'acquisition et de conduite des programmes et
sur l'instauration de nouvelles relations contractuelles avec les industriels.
Parallèlement a été mis en oeuvre depuis 1997 un
contrôle de gestion
fondé sur des objectifs de
réduction de coût assignés à chaque programme. Le
nombre de programmes suivis en contrôle de gestion est passé de 45
au début 1997 à 81 au milieu de cette année.
L'une des illustrations les plus significatives de cette démarche est
l'opération baptisée "Minos" qui a permis d'optimiser les
programmes SNLE-NG et M51, en simplifiant le développement du missile et
en aménageant les calendriers, de sorte à permettre une
économie estimée à 5,5 milliards de francs d'ici 2015.
Parmi les voies explorées pour atteindre les objectifs de
réduction des coûts figurent les
commandes pluriannuelles
globales
qui correspondent à l'option volontaire d'engager
simultanément plusieurs tranches de fabrication d'un matériel de
série en maintenant le calendrier de réalisation et un
échelonnement des paiements. Des diminutions de prix peuvent ainsi
être obtenues en contrepartie de l'engagement à plus long terme
contracté par l'Etat vis-à-vis de l'industriel.
Cinq programmes ont fait l'objet à la fin de l'année 1997 de
commandes globales pour un montant, encore modeste, de 11 milliards de francs :
- le missile de croisière air-sol Apache antipiste (1,6 milliard)
- le missile air-air Mica (1,2 milliard de francs)
- la torpille franco-italienne MU 90 (1,8 milliard de francs)
- le missile de croisière air-sol Scalp EG (4,2 milliards de francs)
- et les moyens de transmission de 18 bases aériennes-MTBA (2,2
milliards de francs).
Ces cinq commandes globales auraient permis d'obtenir une économie de
l'ordre de 10 %.
Au cours de l'année 1998, la
procédure a été
étendue
à la commande de 15 dépanneurs et de
88
chars Leclerc
, au développement du missile PAAMS pour la
frégate Horizon et à deux années du développement
du missile M 51.
Ainsi que l'a confirmé le ministre de la Défense, une
commande
pluriannuelle globale d'avions Rafale
devrait être notifiée en
1999 ; elle concernerait 28 appareils pour un montant global de 10 milliards de
francs.
Une nouvelle extension de la procédure des commandes globales à
d'autres programmes est recherchée ; pourraient être
concernés, la poursuite du développement du M51, le missile
antinavire futur, l'hélicoptère Tigre, la modernisation des
chasseurs de mines tripartites et le développement en coopération
de la frégate antiaérienne Horizon.
La DGA envisage également de développer la
démarche
comparative
, consistant, après analyse des prix pratiqués sur
le marché, à déterminer un coût objectif, puis
à demander au fournisseur de réaliser les équipements dans
la limite de ce coût. Cette démarche a été
décidée pour le programme de nouveaux transports de chalands de
débarquement (NTCD), sur lequel une économie de plus de 600
millions de francs est espérée.
Au total, les objectifs que la DGA s'est fixés paraissent
particulièrement ambitieux, puisqu'ils varient de 10 % pour les
programmes qui sont déjà en phase de production à 30 %
pour ceux qui entrent en phase de faisabilité.
Le délégué général pour l'armement a
récemment précisé que sur les 81 programmes placés
sous contrôle de gestion, qui représentaient en 1996 un total de
crédits restant à engager de 537 milliards de francs, un
objectif d'économies de 100 milliards de francs
(soit 18,6 %)
avait été assigné. Les réductions de coûts
d'ores et déjà obtenues se monteraient à
43,5 milliards
de francs
, pour un objectif de réalisation de 47,6 milliards de
francs à la fin de 1998.
3. Les avancées de la coopération européenne en matière d'armement
Tout en
augmentant de manière significative la part des programmes d'armement
conduits en coopération, essentiellement sur une base bilatérale
avec deux partenaires privilégiés, l'Allemagne et le Royaume-Uni,
la France a joué un rôle moteur dans la création, en
novembre 1996, de l'organisme conjoint de coopération en matière
d'armement (OCCAR), dans lequel elle est désormais associée aux
côtés de l'Allemagne, de l'Italie et du Royaume-Uni.
Durant près de deux ans, la
question de la personnalité
juridique
de l'OCCAR, essentielle car elle conditionne sa capacité
à passer des marchés de manière autonome, a fait l'objet
de tergiversations. Après avoir tenté d'ériger l'OCCAR en
organe subsidiaire de l'UEO, ce qui aurait pu en faire l'embryon d'une agence
européenne de l'armement, mais devant les réticences qu'un tel
projet suscitait, c'est finalement une
convention quadrilatérale
qui a été
signée le 9 septembre 1998
à
Farnborough.
Dotée de la personnalité juridique, l'OCCAR mènera sa
politique d'acquisition selon des règles propres, qui se substitueront
aux réglementations nationales. L'OCCAR ne fonctionnera pas
exclusivement sur la base de l'unanimité des pays membres puisque la
convention a prévu la possibilité de décisions à la
majorité qualifiée tenant compte du poids des différents
Etats au sein de l'organisme.
Les principes d'acquisition sur lesquels les quatre pays se sont
accordés sont notamment la mise en concurrence systématique dans
tous les pays européens, l'extension à la concurrence
extra-européenne en cas de réciprocité effective,
l'abandon de la notion de "juste retour" industriel apprécié
programme par programme au profit d'un "juste retour" globalisé sur
plusieurs programmes et sur plusieurs années.
L'OCCAR ayant pour mission de renforcer l'efficacité de la conduite des
programmes menés en coopération, elle a vocation, dans le futur,
à accueillir un nombre grandissant de ces programmes.
Pour le moment, seuls ont été intégrés les
programmes franco-allemands suivants : les missiles Milan, Hot, Roland et
l'hélicoptère Tigre. Sont en cours d'intégration : la
famille de missiles surface-air futurs (FSAF), le radar de contrebatterie
Cobra, le missile antichar de troisième génération
à moyenne portée (AC3G-MP) et le canon automoteur germano-italien
PZH2000. La réflexion se poursuit sur d'autre programmes, en particulier
la frégate antiaérienne Horizon et le système Paams.
L'OCCAR dispose déjà d'une structure réduite (30 personnes
fin 1998) installée à Bonn et dirigée par un
Français. Avec les directions de programmes qui lui sont
rattachées, l'OCCAR dispose aujourd'hui d'un effectif de 120
personnes.
B. L'ÉVOLUTION DES CENTRES D'EXPERTISE ET D'ESSAIS ET DES STRUCTURES INDUSTRIELLES DE LA DGA
La DGA a entrepris une délicate adaptation de ses activités industrielles, d'expertise et d'essais, qui se traduit par une forte déflation des effectifs, et qui est dominée par la question de l'avenir de la Direction des constructions navales (DCN).
1. Les centres d'expertise et d'essais
Depuis
1997, les 23 centres de recherche et d'études, d'évaluation,
d'expertise et d'essais qui dépendaient jusqu'alors de diverses
directions ont été regroupés au sein de la Direction des
centres d'expertise et d'essais, qui constitue désormais, en terme
d'effectifs, la principale direction de la DGA dans sa partie étatique.
Cette nouvelle organisation met en relief la mission assignée aux
centres d'expertise et d'essais, qui est celle de jouer le rôle de
prestataire de service au profit des autres directions de la DGA, mais aussi de
développer une activité commerciale d'expertise auprès de
clients extérieurs.
Par son poids en termes d'effectifs, la Direction des centres d'expertise et
d'essais se situe au coeur de l'effort entrepris par la DGA pour réduire
son coût de fonctionnement.
Dans ce cadre, plusieurs orientations ont été retenues :
- développer la "culture du client", généraliser la
contractualisation et renforcer la présence auprès des services
de programmes de la DGA,
- fournir des prestations globales et développer des pôles
d'excellence,
- élargir la clientèle au delà du ministère de la
Défense afin de mieux rentabiliser les moyens d'essais et de s'exercer
à la concurrence : le "chiffre d'affaires" de diversification devrait
atteindre 200 millions de francs en 1998, l'objectif étant d'atteindre
500 millions de francs en 2000.
L'analyse prévisionnelle de l'activité des centres d'expertise et
d'essais pour la période couverte par la loi de programmation a fait
apparaître une
diminution d'environ 20 % de l'activité pour les
besoins de la défense française
, baisse qui atteindrait 30 %
dans le secteur de l'aéronautique.
La DGA a donc entrepris une
forte réduction des effectifs
de la
direction des centres d'expertise et d'essais qui passeront de 12 200 personnes
début 1997 à 10 400 personnes pour 1998. Cette diminution doit se
poursuivre pour atteindre un niveau de près de 9 000 personnes en 2002.
Cette évolution sera normalement réalisée sans fermeture
de site, compte tenu notamment des investissements qui y ont été
réalisés, à l'exception du centre d'essais en vol de
Brétigny, qui disparaîtra en 1999 et dont les activités
seront répartis dans les centres d'Istres et de Cazaux.
Votre rapporteur avait évoqué l'an passé le
projet de
passage sous compte de commerce
des centres d'expertise et d'essais, la DGA
voyant dans cette formule la possibilité de faciliter l'évolution
de leur mode de gestion vers les pratiques d'entreprises. Les études
relatives à cette modification ont été approfondies, sans
que soit arrêtée pour le moment une décision de principe,
les discussions se poursuivant entre les ministères de la Défense
et de l'Economie et des Finances.
Votre rapporteur rappelle toutefois que les centres d'expertise et d'essais
exercent des activités de prestataires de services, mais aussi des
responsabilités de nature étatique, par les moyens d'expertise
qu'ils mettent à la disposition de la défense.
2. Le service de la maintenance aéronautique
Les
trois ateliers industriels de l'aéronautique de la DGA,
spécialisés dans la maintenance aéronautique militaire,
sont regroupés depuis 1997 au sein du service de la maintenance
aéronautique, directement rattaché au
délégué général pour l'armement.
Ils prennent en charge les activités de maintenance qui ne peuvent
être effectuées au sein des armées elles-mêmes,
à l'exclusion de celles qui en raison de leur complexité sont
directement confiées aux constructeurs.
L'atelier de Bordeaux est spécialisé dans la réparation
des moteurs d'aéronefs, celui de Clermont-Ferrand dans la maintenance et
la réparation d'aéronefs et d'équipements des
armées de l'air et de terre, et celui de Cuers-Pierrefeu, dans la
maintenance et la réparation d'aéronefs et d'équipements
de l'aéronautique navale.
Ces activités sont gérées sous
compte de commerce.
Au cours de l'année 1998, les effectifs des trois ateliers industriels
de l'aéronautique ont été ramenés de 3 600 à
3 434 personnes, dont 1 264 à Clermont-Ferrand (- 59), 1 125 à
Bordeaux (- 65) et 1 045 à Cuers-Pierrefeu (- 42).
Leur plan de charge devrait s'établir, pour 1999, à un niveau
sensiblement identique à celui des deux années
précédentes.
3. La Direction des constructions navales
L'adaptation de la Direction des constructions navales (DCN),
demeure la principale source de difficulté, et d'inquiétude, pour
l'avenir de la DGA. En effet, face à la diminution des commandes
nationales, la pérennité de la DCN passe par un
développement des exportations et de la diversification, qui exige une
réorganisation de ses moyens, un accroissement de sa
compétitivité et une adaptation de son format.
Votre rapporteur souhaite ici rappeler les grands axes de la réforme
engagée voici deux ans et faire le point de leur état
d'avancement.
En ce qui concerne tout d'abord
les structures
, les activités
industrielles ont été nettement séparées, depuis
1997, des activités dites "étatiques" de maîtrise
d'ouvrage, qui relèvent désormais du service des programmes
navals de la DGA. Parallèlement, les quatre centres d'expertise et
d'essais de la DCN ont été rattachés à la Direction
des centres d'expertises et d'essais.
La séparation des activités étatiques et industrielles
s'est traduite par un transfert de personnels jusqu'alors inclus dans le compte
de commerce en zone budgétaire. Ce transfert de la DCN vers les
effectifs budgétaires de la DGA a touché 2 026 personnes en 1998.
Il apparaît toutefois que cette délimitation de
périmètre n'est pas évidente à opérer. Pour
1999, un mouvement en sens inverse concernera 125 emplois d'ingénieurs
et cadres, transférés de la zone budgétaire de la DGA au
compte de commerce de la DCN.
S'agissant de la
réorganisation de la DCN
, les orientations
retenues prévoiront un recentrage sur les métiers
stratégiques, avec en particulier une limitation des activités
d'atelier, et la spécialisation des établissements. L'objectif
est aussi de se doter de
nouveaux modes de gestion
de type entreprise,
permettant de mieux cerner les coûts de fonctionnement et d'introduire
une logique de recherche de résultat et de performance économique
qui fait actuellement défaut.
Cette réorganisation est envisagée sans changement de statut de
la DCN, qui continuerait à être
gérée sous compte
de commerce
.
Le changement de mode de gestion est un impératif majeur et urgent
pour la DCN.
Le système actuel pêche par une totale absence de
visibilité sur les coûts réels d'exécution des
opérations industrielles. La DCN fonctionne sur la base d'un coût
constaté, c'est-à-dire qu'elle facture à la Marine
l'ensemble des coûts de revient d'un programme d'équipement, alors
que dans toute relation contractuelle normale entre un industriel et son
client, le prix est déterminé à l'avance dans un contrat
et doit couvrir à la fois les coûts et la marge du constructeur.
Les défauts du mode de gestion actuel pénalisent
déjà fortement la Marine, qui voit les coûts de ses
bâtiments et des opérations d'entretien alourdis. Ils handicapent
surtout la conquête de marchés à l'exportation.
Deux exemples récents les ont mis particulièrement en
lumière :
- tout d'abord, le déficit considérable enregistré sur le
contrat "Mouette ", passé avec l'Arabie saoudite pour la révision
de quatre frégates Sawari I et de deux pétroliers-ravitailleurs.
Selon l'Inspection générale des finances, le contrat passé
pour 3,1 milliards de F en 1994 avait déjà
généré en février 1998, alors que son
exécution se poursuivra jusqu'en 2000, une perte de 1,2 milliard de F,
imputable, pour la plus large part, à une mauvaise appréciation
des coûts et à l'absence de clause protectrice dans le contrat ;
- ensuite, les écarts importants de devis produits par la DCN et par les
chantiers civils pour la réparation du pétrolier ravitailleur
Var, qui a conduit le ministre de la Défense à confier le
marché à un chantier civil.
Indépendamment des progrès qui pourraient être
effectués dans les pratiques de gestion, dont une partie des faiblesses
est sans doute imputable au statut du service industriel de l'Etat qui reste
celui de la DCN et à la formule du compte de commerce, il n'en reste pas
moins que la DCN est confrontée, de manière immédiate,
à un problème d'
adaptation des effectifs au plan de charge.
Selon les informations fournies à votre rapporteur, le plan de charge
prévisible de la DCN évoluera d'ici 2000 comme l'indique le
tableau ci-dessous.
Evolution du plan de charge de la DCN
(en millions d'heures)
|
1997 |
1998 (estimation) |
1999 (prévision) |
2000 (prévision) |
Etudes et constructions neuves |
9 496 |
6 720 |
4 655 |
4 030 |
Entretien |
8 597 |
6 345 |
6 840 |
6 490 |
Export et divers |
4 042 |
5 755 |
5 505 |
3 860 |
Total |
22 135 |
18 820 |
17 000 |
14 380 |
Face
à ces perspectives très difficiles, la DCN a entrepris une
réduction de ses effectifs, qui sont passés de 21 000 agents
début 1997 à 19 200 début 1998, l'effectif
prévisionnel de la fin 1998 étant de 17 200, soit 2 000
postes de moins qu'en début d'année.
Cette réduction des effectifs a été obtenue par trois
types de mesures :
- le dégagement des cadres applicable aux ouvriers ayant atteint
l'âge de 55 ans (414 départs en 1997),
- les départs volontaires indemnisés (225 départs en 1997),
- les mutations dans les armées et les services communs,
particulièrement la Marine (840 départs en 1997).
Ces mesures sont financées par un fonds d'adaptation industrielle
imputé sur le titre V de la Marine. Elles ont représenté
426 millions de F en 1997 et pourraient atteindre 464 millions de F en 1998 et
600 millions de F en 1999. Elles se décomposent comme suit :
- pensions, allocations différentielles et suppléments de
pensions pour des personnels dégagés des cadres,
- indemnités de départ volontaire, allocations chômage,
indemnités diverses d'aide à la création d'entreprises
pour les personnels ayant opté pour le départ volontaire,
- indemnités de mutation, de déménagement, frais de
formation et dépenses correspondant au maintien de la
rémunération pour les personnels volontaires pour une mutation.
Un décret du 12 mai 1998 est venu élargir la possibilité,
pour les ouvriers, d'un départ anticipé dès 52 ans, sur la
base du volontariat de l'intéressé et de l'accord de la DCN de
manière à veiller aux équilibres garantissant le maintien
des compétences. Pour 1998, il était envisagé environ 800
départs à ce titre.
En ce qui concerne les
mutations vers les armées
, les
candidatures se sont surtout manifestées la première année
et
dès 1998
,
les candidatures se sont taries.
En effet,
aux problèmes géographiques s'ajoutent ceux liés aux
profils des postes proposés par les armées, souvent peu
qualifiés puisque destinés à remplacer des appelés.
Enfin, il est probable que la perspective d'un départ anticipé
dès 52 ans a découragé un certain nombre de candidatures.
Compte tenu de ces éléments,
votre rapporteur doute que les
objectifs de réduction d'effectifs pour 1998 puissent être
atteints.
La DCN aura donc de grandes difficultés à rallier
au plus vite le format qui la rendrait compétitive.
Il est d'autre part peu probable que, malgré certains succès, les
activités à l'exportation
permettent de redresser les
prévisions de charge. En effet, après une année 1997 au
cours de laquelle les prises de commandes à l'exportation ont atteint
7,5 milliards de F (dont le contrat Sawari II avec l'Arabie saoudite, la vente
de sous-marins Scorpène au Chili et un contrat de 14 patrouilleurs pour
la Marine norvégienne), le marché devrait se contracter en 1998.
Quant à la diversification, par exemple dans le domaine des
plates-formes offshore ou des matériaux composites, elle doit être
poursuivie et encouragée mais ne constitue pas pour l'instant un apport
suffisamment significatif.
C. LE BUDGET DE LA DGA
S'élevant à 18 milliards de F pour 1999, l'agrégat "DGA" subit une importante modification de périmètre, un certain nombre de programmes d'équipement étant transférés au nouvel agrégat "Etat-major des armées".
1. L'évolution des crédits
Le
montant des crédits alloués à la DGA pour 1999
s'élève à 18,090 milliards de F, contre 25,652 milliards
de F dans le budget 1998. En effet, plusieurs programmes d'équipement,
en particulier dans les domaines du nucléaire et de l'espace, passent
sous le gouvernorat de l'état-major des armées.
Les
dépenses ordinaires
, dont le périmètre est
pratiquement inchangé, s'élèvent à
6,467
milliards de F, soit une diminution de 3,5 %
par rapport à 1998.
Evolution des dépenses ordinaires de la DGA (en millions de F)
|
1998 |
1999 |
% |
Rémunérations et charges sociales |
4 637 |
4 549 |
- 1,9 |
Fonctionnement courant |
1 267 |
1 141 |
- 11,1 |
Subventions de fonctionnement |
770 |
750 |
- 2,6 |
Dépenses diverses |
28 |
27 |
- 4,6 |
Total |
6 702 |
6 467 |
- 3,5 |
La
diminution des dépenses de rémunérations et charges
sociales recouvre les mouvements suivants :
- une économie de 114 millions de F liée à la
réduction des effectifs budgétaires (751 emplois supprimés
en application de la loi de programmation auxquels s'ajoutent 119 emplois
supprimés en vertu de la "revue de programmes"),
- une augmentation des dépenses de 237 millions de F au titre de la
revalorisation des rémunérations et de l'augmentation du taux de
cotisation au fonds spécial des ouvriers d'Etat,
- une diminution de dépenses de 214 millions de F correspondant à
un transfert de crédits relatifs au plan formation-mobilité (-
174 millions) et à un transfert, inverse à celui pratiqué
l'an passé, de 125 emplois de la DGA vers le compte de commerce de la
DCN (- 40 millions de F).
Les dépenses de fonctionnement courant connaîtront une
très forte diminution, supérieure à 11 %.
Les subventions de fonctionnement diminueront de 2,6 %.
La subvention de fonctionnement à l'Office national d'études et
de recherches aérospatiales (ONERA) s'élève à 385,3
millions de francs, soit 1,3 % de moins qu'en 1998. Elle est
complétée au titre VI par d'une part une participation de 133
millions de francs (- 4,3 %) aux dépenses d'investissement et d'autre
part une participation de 247,4 millions de francs (- 3 %) aux
dépenses d'études. Globalement, les crédits
affectés à l'ONERA s'élèveront donc à 765,7
millions de francs, soit 2,4 % de moins qu'en 1998.
La subvention de fonctionnement à l'Ecole polytechnique est
inchangée et s'élèvera à 275,3 millions de F, alors
que la subvention d'investissement se limitera à 40,5 millions de F,
contre 57 millions de F en 1998.
Les subventions aux écoles de la DGA seront réduites : 89,4
millions de F pour le fonctionnement (- 14,4 %) et 70,8 millions de F pour
l'investissement (- 9,2 %).
Enfin, la participation aux dépenses de l'Institut franco-allemand de
Saint-Louis, imputée au titre VI, sera réduite de 2,7 % et
s'élèvera à 125,5 millions de F.
Les
crédits du titre V
de la DGA ont connu une importante
modification de périmètre
. Outre le transfert du
gouvernorat de certains crédits "nucléaire" et "espace" à
l'état-major des armées (7,9 milliards de F), on observera que
192 millions de F ont été transférés à la
Marine au titre de l'entretien des immobilisations de l'ex-DCN étatique
(installations nucléaires à terre, pyrotechnie, installations
portuaires), particulièrement dans les ports de Brest et Toulon. Cette
démarche participe du souci de mieux délimiter les
responsabilités entre la Marine, la DGA et la DCN.
Ainsi modifiés, les crédits du titre V de la DGA
s'élèveront à 10 milliards de F.
Outre les crédits transférés à la direction des
applications militaires du CEA, le principal poste de dépenses du titre
V est constitué des
études-amont
, regroupées depuis
1998 sous la responsabilité de la DGA, qui bénéficieront
en 1999 de
3 milliards de F
de crédits, soit
6,9 % de moins
qu'en 1998.
Dans le cadre de la "revue de programmes", un abattement de 5 % a
été décidé sur les crédits d'infrastructure,
qui se monteront à 1,2 milliard de F.
Enfin, rappelons que sur le titre VI de la DGA est imputée une dotation
de 900 millions de F transférée au budgétaire de recherche
et de développement, et ce en contradiction avec les dispositions de la
loi de programmation.
2. L'évolution des effectifs de la DGA
Le tableau suivant retrace l'évolution des effectifs budgétaires de la DGA de 1998 à 1999, en distinguant les personnels relevant du budget de l'Etat proprement dit, et ceux relevant des comptes de commerce.
|
Zone budgétaire 1998 |
Compte de commerce 1998 |
Total
|
Zone budgétaire 1999 |
Compte de commerce 1999 |
Total
|
Officiers |
2 646 |
788 |
3 434 |
2 521 |
850 |
3 371 |
Sous-officiers |
896 |
3 |
899 |
884 |
3 |
887 |
MDR |
20 |
0 |
20 |
0 |
0 |
0 |
Contingent |
603 |
22 |
625 |
303 |
22 |
325 |
Total militaires |
4 165 |
813 |
4 978 |
3 708 |
875 |
4 583 |
Titulaires |
6 388 |
3 186 |
9 574 |
6 049 |
3 186 |
9 235 |
Contractuels |
3 729 |
1 150 |
4 879 |
3 545 |
1 213 |
4 758 |
Ouvriers |
5 755 |
16 891 |
22 646 |
5 740 |
15 391 |
21 131 |
Total civils |
15 872 |
21 227 |
37 099 |
15 334 |
19 790 |
35 124 |
TOTAL GÉNÉRAL |
20 037 |
22 040 |
42 077 |
19 042 |
20 665 |
39 707 |
On
observera qu'en 1999, une réduction globale de 2 370 postes sera
appliquée à la DGA, répartie de manière
pratiquement équivalente entre la zone budgétaire, qui perdra un
millier de postes environ, et les comptes de commerce (- 1 375 postes).
Cette déflation des effectifs touchera en priorité les personnels
ouvriers (- 1 515 postes), mais également les personnels civils non
ouvriers (- 460 postes), et les personnels militaires (- 395 postes, dont
300 postes d'appelés).
Elle s'effectue par l'exploitation de l'ensemble des possibilités de
départ basées sur le volontariat ou les mesures d'âge :
préretraites, départs volontaires indemnisés,
reclassements au sein d'autres administrations, mutations vers les
armées et services communs.
3. La réduction du "coût d'intervention" de la DGA
La DGA a
pour objectif de réduire son "coût d'intervention", notion
économique qui retrace le coût de ses structures permanentes et
des moyens mis en oeuvre pour assurer leur fonctionnement.
Tel que calculé par la DGA, selon une méthode exposée dans
son rapport d'activité de 1997, le coût d'intervention
s'établissait à
6,6 milliards de F en 1997
et devrait
connaître un niveau comparable en 1998, cette stabilité apparente
traduisant en fait le report sur 1998 de dépenses de fonctionnement et
d'investissement technique. La DGA entend obtenir une réduction de ces
dépenses de l'ordre de 20 % d'ici 2002 grâce :
- à la maîtrise des dépenses de rémunérations
et charges sociales, liée à la déflation des effectifs,
- à la réduction des dépenses de fonctionnement courant
(politique de rationalisation systématique du soutien par le
regroupement des moyens au sein d'un établissement central de soutien,
le redimensionnement du parc informatique, l'adaptation de la politique
d'achat),
- au contrôle centralisé des investissements, afin
d'évaluer l'opportunité et le coût de toutes les
opérations significatives.
II. LE SERVICE DE SANTÉ DES ARMÉES
Votre
rapporteur a souligné à plusieurs reprises l'ampleur des
changements auxquels a été confronté le service de
santé depuis la mise en oeuvre de la réforme des armées :
la professionnalisation, alors qu'un nombre important de ses cadres
médicaux étaient fournis par le contingent, une profonde
restructuration de son organisation hospitalière, en liaison avec la
politique générale de santé publique, une
réorientation des missions, privilégiant le soutien aux
opérations de projection.
Parallèlement, le service de santé connaît une modification
de son mode de financement, qui doit désormais reposer majoritairement
sur des ressources non budgétaires, tirées de son activité
hospitalière.
A. LA MUTATION DU SERVICE DE SANTÉ : PROFESSIONNALISATION, RESTRUCTURATION ET RÉORIENTATION DES MISSIONS
Votre rapporteur souhaite faire le point sur la mise en oeuvre de la professionnalisation, sur la poursuite des restructurations et sur le bilan de la participation du service de santé aux opérations extérieures.
1. La mise en oeuvre de la professionnalisation
Le tableau ci-dessous retrace les perspectives d'évolution des effectifs du service de santé des armées pour 1999, et rappelle les objectifs à l'horizon 2002.
Prévision d'évolution des effectifs du service de santé de 1998 à 2002
|
1998 |
1999 |
2002 |
Officiers
|
3 455
|
3 450
|
3 406
|
Civils |
6 110 |
6 084 |
5 840 |
Total |
16 714 |
15 250 |
13 509 |
Les
effectifs globaux du service de santé des armées, qui
s'élevaient à 18 451 personnes en 1996, doivent être
ramenés à 13 509 personnes en 2002, soit une diminution de
près de 27%. Cette diminution correspond très exactement à
la suppression des 4 940 postes d'appelés présents au sein du
service de santé en 1996.
La déflation des effectifs d'appelés est très rapide
puisqu'elle a touché 893 postes en 1997, 1 050 postes en 1998 et 1 489
postes en 1999, soit près de 70 % des postes sur les trois
premières années d'application de la loi.
Le problème du remplacement des appelés se pose de manière
particulière dans le service de santé puisque 1 200 à 1
300 d'entre eux exerçaient des fonctions de praticiens. On rappellera
également que les chirurgiens-dentistes du service de santé des
armées provenaient quasi exclusivement du contingent.
La suppression du service national a donc entraîné une profonde
redéfinition de la politique de recrutement du service de santé,
qui maintient ses modes de recrutement traditionnels, effectués ab
initio, les personnels étant formés au sein des écoles du
service et qui développe d'autre part le recrutement de praticiens
déjà formés.
S'agissant des
médecins,
leur nombre connaîtra une
augmentation régulière d'ici 2002 puisque l'effectif
(appelés non compris), passera de 2 303 en 1996 à 2 379 en 1999,
pour un objectif de 2 412 en 2002. La disparition en parallèle de postes
pourvus par le contingent, a rendu nécessaire une augmentation du nombre
de médecins recrutés annuellement, à la fois par le
recrutement initial qui reste très sélectif, et qui s'appuie sur
les écoles de Bordeaux et Lyon-Bron, et par un recrutement de praticiens
diplômés issus du système universitaire civil.
D'autre part, la
création d'un corps de chirurgiens-dentistes
est
rendu nécessaire par la disparition des postes budgétaires de
dentistes du contingent.
Actuellement 24 chirurgiens-dentistes servent sous le statut d'officier de
réserve en situation d'activité mais ils sont rattachés au
statut des pharmaciens. Ces postes seront transformés et
complétés de manière à atteindre un effectif de 58
chirurgiens-dentistes en 2002. Les textes législatifs et
réglementaires relatifs à ce nouveau corps sont en cours
d'élaboration et devront permettre le transfert des
chirurgiens-dentistes qui le souhaitent vers le nouveau statut et le
recrutement rapide d'officiers de réserve en situation d'activité
afin de compenser la disparition du contingent. Il s'agira là du mode de
recrutement principal, qui sera complété en tant que de besoin
par un recrutement parmi les élèves des écoles du service
de santé autorisés à poursuivre des études en
chirurgie-dentaire à l'issue du concours de fin de première
année.
La loi de programmation prévoit également une augmentation, de 48
à 83 postes, des effectifs de
vétérinaires
biologistes
. Ces effectifs s'élèveront à 64 postes en
1999, ici encore avec un recrutement double, en école de formation
initiale et sur titre auprès de diplômés.
Les autres corps d'officiers du service de santé (pharmaciens, officiers
des corps technique et administratif, militaires infirmiers et techniciens des
hôpitaux des armées, aumôniers) sont appelés à
voir leurs effectifs diminuer, ce qui se réalisera par baisse des
recrutements et non-renouvellement de contrats.
Les sous-officiers et les personnels civils verront également une
réduction de leur recrutement conforme aux effectifs définis par
la loi de programmation.
Le service de santé bénéficiera sur la durée de la
programmation de la
création de 240 postes d'engagés et de 239
postes de volontaires
du service national. Les effectifs prévus en
1999 s'élèveront à 150 pour les militaires du rang
engagés et 39 pour les volontaires du service national.
2. La restructuration du service de santé
La loi
de programmation a prévu une profonde restructuration du service de
santé, dont le nombre de lits en métropole, de l'ordre de 4 000
actuellement, devra être ramené à 3 200 en 2002,
répartis entre 9 hôpitaux d'instruction des armées, dont la
capacité oscillera entre 250 et 400 lits.
Ont d'ores et déjà été fermés les
hôpitaux des armées de Bourges, Lille et Papeete. Les
hôpitaux des armées de Dijon et Strasbourg seront fermés en
1999.
Seront fermés :
- en 2000, les hôpitaux des armées de Chalons-en-Champagne,
Lamalou-les-Bains et Lorient,
- en 2001, l'hôpital des armées de Toulouse,
- en 2002, l'hôpital des armées de Cherbourg.
Les activités médicales des hôpitaux supprimés sont
transférées au secteur civil.
En matière de ravitaillement, le service de santé disposera
d'établissements centraux à vocation d'études et de
fabrication et d'établissements de ravitaillement sanitaire, en nombre
plus réduit, destinés au soutien des unités, des
hôpitaux et des structures engagées sur des théâtres
d'opérations extérieures.
L'établissement central de matériels de mobilisation de Bordeaux
a fermé en 1998. La fermeture des établissements d'Ardentes,
Douai et Nuits-sur Armançon interviendra en 2000.
La disparition du service national sous sa forme actuelle, et donc des
élèves officiers de réserve, doit conduire à la
dissolution de l'ENORSSA de Libourne prévue en 2000.
Les autres écoles du service de santé ne sont pas
concernées par les restructurations.
3. La réorientation des missions : la participation du service de santé aux opérations extérieures
La
professionnalisation se conjugue pour le service de santé à une
réorientation des missions donnant priorité à la
projection des forces.
Cet objectif l'a conduit à
réorganiser la répartition
de son personnel
. Pour les médecins, l'effort portera d'une part sur
les effectifs des médecins intégrés aux forces et d'autre
part sur les spécialistes hospitaliers indispensables au soutien de la
projection, au premier rang desquels figurent les chirurgiens et les
réanimateurs.
Au cours des douze derniers mois, le service de santé a participé
à toutes les
opérations extérieures
conduites par
les armées. Le soutien médical des forces françaises ainsi
engagées a nécessité, en moyenne, près de 300
personnels médicaux et paramédicaux.
Au 1er juillet dernier, on dénombrait 60 officiers, 67 militaires
infirmiers-techniciens des hôpitaux des armées, sous-officiers et
officiers mariniers ainsi que 79 militaires du rang engagés en
opération extérieure. A la même date, 28 postes de secours,
46 véhicules sanitaires dont 26 véhicules de l'avant
blindés, 3 antennes chirurgicales et 4 cabinets dentaires étaient
déployés.
Le soutien médical des forces projetées en opérations
extérieures bénéficie d'une conception globale et
interarmées, grâce à la coopération permanente entre
le centre d'opérations du service de santé et le centre
opérationnel interarmées de l'état-major des
armées, et ce dans le but d'optimiser les ressources.
L'emploi des réservistes sur un théâtre d'opérations
se fait actuellement dans les formations sanitaires de campagne et permet ainsi
une plus grande souplesse dans la gestion des spécialistes de
carrière.
L'emploi opérationnel des équipements techniques modulaires,
utilisés actuellement au sein de la compagnie chirurgicale mobile
déployée à Mostar en ex-Yougoslavie, permet
d'améliorer de manière très significative la
qualité de soutien médico-chirurgical.
Enfin, une coopération est recherchée avec les service de
santé des armées étrangères, comme en
témoigne par exemple le déploiement d'un poste de secours
allemand à Mostar avec la compagnie chirurgicale mobile française.
Il faut toutefois rappeler que le soutien opérationnel est assuré
par
prélèvement de personnels au sein des forces,
ce qui
provoque au sein de celles-ci, des
déficits ponctuels
, plus
importants dans les armées de terre et de l'air que dans la Marine. Un
quart des sous-officiers infirmiers de l'armée de terre est ainsi
actuellement en mission extérieure. Des répercussions sont
également sensibles sur le potentiel chirurgical des hôpitaux des
armées.
B. LE FINANCEMENT DU SERVICE DE SANTÉ : LA PART ACCRUE DES RESSOURCES EXTRA-BUDGÉTAIRES
De nouveau en recul pour 1999, le budget du service de santé voit ses crédits fortement réduits, la majorité du financement du service étant désormais assurée par les recettes de l'activité hospitalière.
1. Un nouveau recul du budget du service de santé en 1999
Le tableau ci-dessous retrace l'évolution des crédits du service de santé depuis 1997.
Evolution des crédits du service de santé
(en millions de francs)
|
1997 |
1998 |
% |
1999 |
% |
99/97 |
Rémunérations et charges sociales |
1 286,559 |
1 185,942 |
- 7,8 |
1 203,200 |
+ 1,5 |
- 6,5 |
Fonctionnement courant |
753,239 |
556,309 |
- 26,1 |
365,381 |
- 34,3 |
- 51,5 |
Total titre III |
2 039,7 |
1 742,251 |
- 14,6 |
1 568,581 |
- 10,0 |
- 23,1 |
Equipement |
128,9 |
102,0 |
- 20,9 |
120,0 |
+ 17,6 |
- 6,9 |
Infrastructures |
154,0 |
139,0 |
- 9,7 |
154,0 |
+ 10,8 |
- |
Total titre V |
282,89 |
241,0 |
- 14,8 |
274,0 |
+ 13,7 |
- 3,1 |
TOTAL |
2 322,688 |
1 983,251 |
- 14,6 |
1 842,581 |
- 7,1 |
- 20,7 |
Le
budget connaîtra une
diminution de 7,1 % en 1999
après
celle de 14,6 % enregistrée en 1998, ce qui conduit à sa
réduction d'un cinquième
en
deux années
seulement
.
Les dépenses ordinaires, qui constituent l'essentiel de ce budget
diminueront de 10 % en 1999, ce qui portera la réduction à 23 %
sur deux ans.
Cette évolution résulte de la très forte réduction
des crédits de fonctionnement courant qui sont passés de 753
millions de francs en 1997 à 556 millions de francs en 1998 et 365
millions de francs seulement en 1999, dotation qui doit notamment couvrir
l'entretien et l'achat de matériels, le fonctionnement et l'entretien
immobilier ainsi que les dépenses d'alimentation.
Les dépenses de rémunérations et de charges sociales
progressent pour leur part de 1,5 % après avoir reculé de 7,8 %
en 1998.
On rappellera qu'en 1998, une mesure d'économie de 325 millions de
francs avait été appliquée aux dépenses ordinaires
du service de santé, dont 150 millions de francs sur les
rémunérations et charges sociales et 175 millions de francs sur
le fonctionnement courant, pour tenir compte des recettes externes de cessions
de prestations médicales, dont l'augmentation permet, par la
procédure de fonds de concours, de compléter les ressources du
service de santé.
Pour 1999, une
mesure d'économie
de même type de
160
millions de francs
, appliquée seulement aux
crédits de
fonctionnement courant
, est opérée avec les mêmes
justifications.
En ce qui concerne les
dépenses en capital,
elles se limitent
à 274 millions de francs pour 1999 soit une hausse de 13,7 % qui ne
permettra cependant pas de retrouver le niveau de 1997.
Les
dépenses d'équipement
s'élèveront
à 120 millions de francs et seront consacrées à la
poursuite de l'équipement de la nouvelle pharmacie centrale des
armées d'Orléans, à l'achèvement du bloc
opératoire de l'hôpital d'instruction des armées Robert
Picqué à Bordeaux, à la réalisation d'un scanner et
d'une IRM et au début de la restructuration des établissements
centraux de ravitaillement sanitaire de Chartres et Vitry.
Les
dépenses d'infrastructures
s'élèveront à
154 millions de francs et concerneront essentiellement des mesures
conservatoires du patrimoine immobilier, des opérations de modernisation
des plateaux techniques et d'amélioration du confort hôtelier des
malades, des travaux de mise aux normes des installations et des constructions
nouvelles.
2. Un financement qui repose désormais majoritairement sur les crédits de fonds de concours
Le
financement du service de santé des armées repose sur deux
catégories de ressources :
- les
crédits budgétaires
provenant des titres III et V du
budget de la défense,
- les
produits d'un fonds de concours
qui regroupe les recettes des
services hospitaliers, tirées des prestations médicales
délivrées à leur clientèle, à l'exception
bien entendu de celles qui sont prises en charge par la défense
elle-même (soins consécutifs à une affection
contractée en service).
Le tableau ci-dessous retrace de 1994 à 1997 l'évolution des
parts respectives de chaque catégorie de ressources, et pour 1998, le
montant des crédits votés et les prévisions de ressources
externes.
Evolution des ressources du service de santé
(en millions de francs)
|
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
Ressources budgétaires |
2 267,0 |
2 269,9 |
2 371,8 |
2 474,2 |
1 983,3 |
Ressources externes |
1 862,8 |
2 020,8 |
2 183,1 |
2 391,0 |
2 583,4* |
Part des ressources externes |
45,1 % |
47,1 % |
47,9 % |
49,1 % |
56,6 % |
Total |
4 129,8 |
4290,7 |
4 554,9 |
4 865,2 |
4 566,7 |
*Prévisions
Ce tableau montre
la progression sensible des recettes de cessions de
prestations médicales
au cours des dernières années,
et, du fait de la forte diminution des ressources budgétaires en 1998,
un
net accroissement de leur part dans le financement du service de
santé
, qui pour la première fois en 1998 dépassait 50
%, pour atteindre, si les prévisions se réalisent, 56,6 %. Cette
proportion devrait d'ailleurs logiquement s'accentuer en 1999, du seul fait de
la régression des ressources budgétaires.
Votre rapporteur considère qu'il n'est pas anormal d'ajuster le niveau
des ressources budgétaires afin de tenir compte de l'évolution
des recettes provenant de l'activité hospitalière externe, dans
la mesure où celles-ci progressent notablement.
Cette évolution suppose, à ses yeux, que la garantie soit
apportée que le ministère de la défense
bénéficiera bien, au niveau suffisant, des crédits de
fonds de concours lui permettant d'équilibrer la gestion du service.
Il s'interroge par ailleurs sur la pertinence des prévisions de recettes
externes, compte tenu de la fermeture d'un certain nombre
d'établissements hospitaliers du service de santé. Il constate
par exemple que pour une prévision de recettes externes de 2 583,4
millions de francs pour 1998, le montant recouvré par le service de
santé au 5 août 1998 ne s'établissait qu'à
1 198,8 millions de francs, soit 46 % seulement des prévisions. Il
se demande si, pour 1999, la nouvelle réduction des crédits
budgétaires ne rendra pas le service de santé plus fragile face
à une éventuelle évolution moins favorable de
l'activité hospitalière.
III. LES AUTRES SERVICES COMMUNS
A. LE SERVICE DES ESSENCES DES ARMÉES
Chargé du ravitaillement des forces en produits
pétroliers, le service des essences est un service interarmées
qui exerce son activité dans deux grands domaines :
- la cession de produits pétroliers aux armées et le soutien
logistique "carburants" des forces engagées en opérations
extérieures ou lors des manoeuvres et exercices.
- l'expertise dans son domaine de compétence technique
(définition des spécifications et homologation de produits
pétroliers nécessaires aux armées ; définition,
réalisation, gestion et soutien des matériels pétroliers ;
contrôle technique, notamment des véhicules de transport de
produits pétroliers).
Les crédits
du service des essences
progresseront de 6,5 % en
1999 et passeront de 526,1 à 560,4 milliards de francs.
Les
dépenses de rémunérations et charges sociales
s'élèveront à 235,5 milliards de francs, soit 8,6 % de
plus qu'en 1998.
Cette augmentation traduit la progression des effectifs militaires du service,
la suppression de 100 postes d'appelés étant compensée par
la création de 109 postes de militaires du rang engagés. La
diminution des effectifs de personnel civil est quant à elle sans
incidence sur le budget du service, ces personnels étant
rémunérés par la direction de la fonction militaire et du
personnel civil.
Evolution des effectifs du service des essences
|
1998 |
1999 |
2002 |
MDR
engagés
|
594
|
703
|
850
|
Total |
1 895 |
1 853 |
1 859 |
Le
service des essences a retenu, en ce qui concerne ses personnels, une
priorité à la "militarisation
", une partie des postes de
personnels civils ouvriers et la totalité des postes d'appelés
étant transformés en postes de militaires du rang sous contrat,
et ce en vue de
disposer des effectifs militaires nécessaires au
soutien des forces en opérations extérieures
. Les effectifs
engagés par le service des essences sur les théâtres
d'opérations extérieures ont varié depuis 1990 de 70
à 100 personnes, avec des pointes à 170 personnes.
Les dépenses de fonctionnement courant s'établissent à
143,9 millions de francs, soit un montant pratiquement identique à 1998.
Les crédits d'équipements s'élèveront à 88
millions de francs (+14,3 %) et les crédits d'infrastructure
à 93 millions de francs (+ 4,5 %).
Les
enseignements tirés des opérations extérieures
ont conduit le service à
redéfinir les matériels
dont il dispose. Dans certaines conditions d'emploi, les ensembles
"tracteurs/semi-remorque citerne" se sont révélés peu
adaptés. Le service des essences souhaite disposer de matériels
plus "rustiques" utilisables en métropole comme sur les
théâtres extérieurs, et interopérables avec les
armées alliées. Il est ainsi équipé depuis 1996 de
véhicules nouveaux : un avitailleur rustique, aérotransportable
avec remorque et un camion citerne à forte motricité et tous
chemins pouvant tracter une remorque, dont les derniers exemplaires seront
livrés en 1999. L'armée de terre devrait en outre obtenir
livraison au second semestre 1999 des véhicules citerne sur
châssis TRM aptes au ravitaillement des chars Leclerc et à
l'avitaillement des hélicoptères.
L'adaptation du service des essences entraîne également une
profonde réorganisation de ses infrastructures.
La totalité des dépôts situés en Allemagne a
été fermée, ainsi que certains sites de métropole,
notamment ceux de faible capacité ou ceux dont la mise en
conformité avec les règles de protection de l'environnement
s'avère trop coûteuse. Le service des essences privilégie
la rénovation de certains sites, dotés de plus grandes
capacités et mis à niveau, et si possible raccordés
à des moyens de transport massif (oléoduc, voie ferrée).
Les moyens sont regroupés autour de pôles fonctionnels :
- la base pétrolière interarmées de
Chalon-sur-Saône, pour la formation et l'entraînement des
personnels,
- un pôle de soutien technique par regroupement autour du magasin central
de Montereau des fonctions de réparation des matériels
exercées par les trois ateliers lourds du service.
Après une forte décroissance du niveau des stocks de carburants
en 1997, qui n'atteignaient plus le plancher fixé pour couvrir les
besoins "crise", la situation a été rétablie en 1998
grâce à la brutale chute des cours et au bon niveau relatif de la
trésorerie.
B. LA DÉLÉGATION À L'INFORMATION ET À LA COMMUNICATION DE LA DÉFENSE (DICOD)
A
compter du mois de juillet 1998, la délégation à
l'information et à la communication de la Défense (DICOD) a
remplacé le service d'information et de relations publiques des
armées (SIRPA).
La direction en a été confiée à un civil, qui a
rang de directeur d'administration centrale, qui exerce en outre les fonctions
de porte-parole du ministère et qui est assisté d'un
délégué-adjoint issu pour sa part des rangs militaires.
La DICOD se voit confier une mission générale de
préparation, de conduite et de coordination de la politique
générale d'information et de communication du ministère,
héritant en cela des attributions du SIRPA tout en les
élargissant.
Le
décret du 27 juillet 1998
portant création de la DICOD
précise ses attributions.
Il indique notamment que l'action des différents organismes
d'information et de communication placés sous l'autorité du chef
de l'état-major des armées, du délégué
général pour l'armement, des chefs d'état-major des trois
armées et du directeur général de la gendarmerie doit
s'inscrire dans le cadre de la politique générale définie
par la DICOD.
Il précise également que
"lorsque, pour faire face à
une situation de crise, l'emploi opérationnel des forces est
envisagé ou décidé, l'information relative à cet
emploi est centralisée et conduite, selon les directives du ministre de
la défense, par la DICOD. Dans le cadre de ces directives, le chef
d'état-major des armées conçoit et conduit la
communication de l'ensemble de la chaîne opérationnelle et donne
des instructions à la DICOD"
.
Dotée initialement des moyens budgétaires, en personnels et en
matériels attribués par la loi de finances pour 1998 au SIRPA, la
DICOD conduira, d'ici la fin 1998, trois types de travaux :
- l'élaboration du schéma directeur de communication du
ministère de la défense, à caractère pluriannuel et
destiné à accompagner, tant du point de vue de la communication
externe que du point de vue de la communication interne, la mutation en cours
du ministère de la défense à l'échéance de
2002 ;
- la définition des méthodes de travail permettant à la
DICOD d'une part, aux organismes d'information et de communication
placés sous l'autorité du chef d'état-major des
armées, du délégué, général pour
l'armement, des chefs d'état-major et du directeur général
de la gendarmerie d'autre part, de remplir leurs missions respectives
conformément aux dispositions du décret créant la DICOD ;
- la définition de son organisation.
Par rapport aux moyens alloués au SIRPA en 1998, le
budget de la
DICOD est en augmentation de 2 millions de francs (+ 3,3 %)
et
s'élèvera à 62,6 millions de francs répartis comme
suit :
- crédits de fonctionnement : 47,6 millions de francs (inchangés)
- équipement : 10 millions de francs (- 2 millions de francs)
- infrastructure : 5 millions de francs (+ 4 millions de francs).
Alors qu'en 1997 et 1998, l'effort avait été porté sur les
équipements, avec le lancement de la construction du centre de
consultation multimédias de l'établissement
cinématographique et photographique des armées (ECPA), ce sont
les crédits d'infrastructure qui progresseront, en prévision des
travaux liés à l'implantation des nouvelles structures de la
DICOD.
Enfin, rappelons que dans le cadre de la professionnalisation, les postes
d'appelés, qui constitueront une part importante des effectifs du SIRPA,
devraient être en partie remplacés par des postes d'engagés
et de volontaires.
C. LE CONTRÔLE GÉNÉRAL DES ARMÉES
Les
moyens consacrés au contrôle général des
armées s'élèvent pour 1999 à 62,6 millions de
francs, soit une augmentation de 2,2 % par rapport à 1998,
essentiellement imputable à la progression des crédits de
rémunération et charges sociales, alors que les crédits de
fonctionnement courant restent inchangés.
Les effectifs de contrôle général restent fixés
à 160 personnes dont 16 civils et 144 militaires, une proportion
variable mais importante des membres du corps servant à
l'extérieur, au sein du ministère de la défense ou hors de
ce dernier, par voie de détachement ou mise à disposition.
Pour l'année 1998, les principales missions d'étude et de
contrôle confiées au contrôle général des
armées ont porté sur les domaines suivants :
- le domaine de l'armement, en particulier sur divers services de la DGA, sur
le maintien en condition opérationnelle (MCO) et sur les achats
effectués par certains services ;
- la direction des centres d'expertises et d'essais de la DGA, dont
4 établissements font l'objet d'une enquête, prolongée
en fin d'année par une étude de la stratégie et de
l'évolution de cette direction ;
- la réorganisation profonde des arsenaux a conduit à examiner la
situation de l'entretien de la flotte et celle des rechanges de la Marine ;
- l'étude des questions relatives au personnel, particulièrement
le recrutement des non-officiers, les contrats courts de la Marine et la
politique suivie en matière de reconversion et d'octroi des
pécules.
Pour 1999 sont envisagées des études sur :
- des sociétés du secteur de l'industrie d'armement
- les immobilisations industrielles et portuaires de la Marine et de la DGA,
- la disponibilité des avions de chasse,
- les effets de la professionnalisation dans les armées et services et
la situation du personnel civil dans différents établissements ou
unités,
- les programmes d'armement.
CONCLUSION
Dans le
domaine du nucléaire, de l'espace et des services communs, le budget
pour 1999 apporte peu de motifs de satisfaction.
Le seul élément réellement positif réside dans
l'augmentation des moyens humains et financiers alloués aux services
du renseignement
, qui s'inscrit dans les orientations définies par
le livre blanc de 1994 puis la loi de programmation, en faveur du renforcement
de nos capacités dans ce domaine essentiel.
S'agissant de la
délégation générale pour
l'armement
, votre rapporteur prend acte de l'ampleur de la
réorganisation entamée en 1996 et des premiers résultats
obtenus, tant sur le plan de la réduction du coût de certains
programmes d'armement que de l'effort de diminution des charges de
fonctionnement propres à la DGA. Un premier jalon a été
posé pour la pratique des commandes pluriannuelles globales et il
importe que le ministère de la défense soit autorisé
à étendre la procédure, non seulement au Rafale, mais
à d'autres programmes majeurs. Il faut également espérer
qu'après la "revue de programmes", la DGA pourra désormais
inscrire son action, qui nécessite stabilité et durée,
dans un cadre stabilisé pour les quatre prochaines années.
Votre rapporteur demeure en revanche inquiet sur
l'avenir de la direction
des constructions navales
. Alors qu'une adaptation rapide de ses effectifs
au plan de charge conditionne sa compétitivité, les mesures
coûteuses et fondées sur le volontariat voient leurs effets se
réduire, du fait de l'insuffisance des mutations volontaires vers les
armées. Quant à la réforme du mode de gestion, elle semble
encore difficile à faire entrer dans les faits et demeurera en tout
état de cause limitée par le maintien du statut de service
industriel de l'Etat géré sous compte de commerce.
La révision à la baisse du
programme spatial militaire
constitue incontestablement la
déception majeure
du budget pour
1999, bien qu'elle ne constitue qu'une demi-surprise, tant étaient
perceptibles, depuis deux ans, les grandes difficultés de la
coopération européenne en ce domaine. Les défections
britannique sur le programme Trimilsatcom, et surtout allemande sur les
programmes d'observation spatiale, montrent que nos partenaires ne partagent
guère l'ambition française de doter l'Europe de moyens spatiaux
garants de son autonomie stratégique. Dans un domaine où la
domination américaine s'exerce fortement, la France paraît
aujourd'hui très isolée et elle ne pourra atteindre les objectifs
ambitieux qu'elle s'était assignés.
Enfin, dans le domaine du
nucléaire
, les programmes majeurs sont
préservés. La modernisation des composantes océanique et
aéroportée ainsi que le programme de simulation se poursuivent
dans le respect des objectifs fixés et des principales étapes du
calendrier. Pour autant, les marges de manoeuvre on été
considérablement réduites sur toutes les actions non
immédiatement prioritaires mais néanmoins nécessaires :
maintien en condition opérationnelle, études-amont,
fonctionnement du CEA.
Dans un environnement international caractérisé par la permanence
des risques liés à la prolifération nucléaire, et
alors que l'année 1998 a apporté un démenti à ceux
qui tablaient sur un rapide déclin du rôle du nucléaire
dans les questions stratégiques, il importe que la France poursuive son
effort au niveau défini en 1996. De ce point de vue, la très
forte décrue des crédits consacrés au militaire peut
susciter des interrogations sur le moyen terme.
Malgré de nombreux motifs d'inquiétude, malgré des lacunes
et des imperfections, particulièrement dans le domaine du fonctionnement
courant, le budget pour 1999 a néanmoins partiellement inversé la
tendance de l'an passé. Votre rapporteur estime donc qu'il peut recevoir
un avis favorable dans la mesure où il accompagne la mise en oeuvre de
la réforme des armées définie en 1996, sans remise en
cause fondamentale de ses objectifs et des étapes essentielles de son
calendrier.
EXAMEN EN COMMISSION
La
commission des Affaires étrangères, de la Défense et des
Forces armées a examiné le présent avis lors de sa
réunion du mercredi 18 novembre 1998.
A l'issue de l'exposé du rapporteur pour avis, M. André Boyer
s'est interrogé sur la restructuration du service de santé, sur
l'évolution de ses ressources extra-budgétaires et sur sa
politique de recrutement.
M. Guy Penne a rappelé que les seuls chirurgiens-dentistes
exerçant au sein du service de santé étaient des
appelés et s'est interrogé sur les modalités de leur
remplacement.
M. Jean Faure, rapporteur pour avis, a précisé qu'un corps de
chirurgiens-dentistes allait être créé au sein du service
de santé, de manière à faire face à la suppression
du service national. Il a ajouté que le service de santé
accentuait également son recrutement de jeunes médecins
diplômés issus de la filière universitaire civile. Il a
indiqué que les ressources extra-budgétaires du service de
santé, liées à son activité hospitalière,
connaissaient une augmentation rapide ces dernières années.
M. Robert-Denis del Picchia a approuvé les remarques du rapporteur pour
avis relatives à la permanence des risques liés à la
prolifération nucléaire, en précisant que selon les
experts de l'Agence internationale de l'énergie atomique, une vingtaine
de pays disposaient d'un potentiel nucléaire militaire qui pouvait
déboucher sur la réalisation d'armes.
M. Xavier de Villepin, président, après avoir marqué son
inquiétude sur la remise en cause du nucléaire civil, en
particulier en Allemagne, et évoqué les liens existant entre
nucléaire civil et militaire, a considéré que l'effort
réalisé par la France dans le domaine du nucléaire
militaire devait être impérativement maintenu, la dissuasion
nucléaire constituant la garantie essentielle de la protection de notre
territoire national.
Un débat s'est ensuite engagé sur la question de l'implication
éventuelle du Parlement dans le domaine du renseignement,
évoquée par le rapporteur pour avis.
Après avoir relevé que le renseignement demeurait un domaine mal
connu, entouré d'une certaine mythologie, et qu'il avait beaucoup
évolué au cours des dernières années, en se
diversifiant, M. Paul Masson a souligné toute l'importance des
capacités de renseignement, en illustrant son propos par l'exemple de la
récente crise irakienne. Il a à cet égard insisté
sur l'atout que représentent pour une puissance, y compris moyenne, des
capacités d'écoute électronique lui permettant des
réactions très rapides. Il a considéré qu'il
était de l'intérêt du Parlement, comme de la
communauté du renseignement, que s'établisse entre eux un
dialogue nouveau, permettant notamment de mieux mesurer les enjeux du
renseignement dans le monde actuel. Il a souhaité que se
développe, au sein du Parlement, une véritable culture du
renseignement, en considérant qu'elle permettrait également de
rompre un certain isolement des services et de favoriser une meilleure
compréhension réciproque.
M. Michel Caldaguès s'est interrogé sur l'opportunité
d'une structure parlementaire traitant des questions du renseignement, dont
l'utilité ne serait pas démontrée si elle devait se
limiter à autoriser quelques parlementaires à connaître des
informations dont ils ne pourraient, en tout état de cause, faire
état devant leur assemblée. Il s'est demandé si les
parlementaires siégeant dans une telle structure ne risquaient pas de
devenir des porte-parole des services de renseignement, ce qui n'était
pas l'objectif recherché. Il a également souligné
l'inconvénient, pour le Parlement, de se trouver impliqué dans
des décisions dont il ne pourrait apprécier pleinement la
portée et qui relèvent par nature de l'exécutif.
Tout en reconnaissant la réalité des risques
évoqués par M. Michel Caldaguès, M. Jean Faure,
rapporteur pour avis, a estimé que le maintien de la situation actuelle,
dans laquelle le Parlement et la communauté du renseignement
s'ignoraient, n'était pas pour autant satisfaisante.
M. Xavier de Villepin, président, a rappelé que la commission
avait souhaité depuis plusieurs années qu'une étude soit
conduite par le Gouvernement sur la question des relations entre le Parlement
et les services de renseignement. Il a observé que les grands pays
voisins, le Royaume-Uni, l'Allemagne ou l'Italie, avaient déjà
établi une telle relation. Il a évoqué les propositions
émises dans le cadre des réflexions conduites au sein de la
commission de la défense de l'Assemblée nationale et s'est
déclaré soucieux qu'une éventuelle structure parlementaire
pour le renseignement, tout en assurant la représentation de
l'opposition, conserve une dimension très restreinte, de manière
à favoriser l'émergence d'un climat de confiance avec les
services et à assurer le respect des règles de
confidentialité indispensables.
La commission a enfin débattu de l'ensemble des crédits du budget
de la défense pour 1999.
M. Xavier de Villepin, président, a rappelé que tous les
rapporteurs pour avis qui s'étaient exprimés devant la commission
avaient relevé que le projet de budget pour 1999 marquait le retour
à une orientation plus positive par rapport au budget voté de
1998, en raison de la hausse significative des crédits
d'équipement, et qu'ils avaient conclu à l'approbation des
crédits, tout en émettant de fortes réserves,
particulièrement en ce qui concerne la réduction des
crédits de fonctionnement courant.
M. Christian de La Malène a considéré que le projet de
budget de la défense pour 1999 s'inscrivait dans une orientation
générale déjà perceptible l'an passé et
consistant à opérer des prélèvements sur les moyens
dévolus à la défense nationale. Il a rappelé son
attachement à la réforme des armées et à la loi de
programmation militaire, qui définissait les moyens permettant de la
mener à bien. Il a vivement déploré que les engagements
pris lors de cette loi de programmation aient été remis en cause
dès ses premières années d'application. Evoquant le niveau
des commandes de Rafale, limité à un seul appareil dans le projet
de budget pour 1999, et les conséquences de la limitation de nos
capacités aéronavales à un seul porte-avions, il a
estimé que notre pays n'assumait plus, comme il convenait, les exigences
de sa défense nationale. Rappelant que jusqu'à l'an passé,
il avait toujours voté les crédits militaires durant près
de quarante années de vie parlementaire, il a indiqué qu'avec
regret il n'approuverait pas le budget de la défense pour 1999, ne
voulant pas s'associer à un déclin de notre effort militaire qui
atteint désormais, à ses yeux, un niveau inacceptable.
M. Michel Caldaguès, tout en se félicitant de la hausse des
crédits d'équipement après "l'encoche" de 1998, a
indiqué qu'il ne pourrait approuver le budget de la défense pour
1999. Il a déploré les orientations générales dans
lesquelles s'inscrit l'affectation des moyens dévolus à la
défense qui, à ses yeux, privilégient des dépenses
liées à des actions internationales aux retombées
incertaines, aux dépens de programmes qui donnent sa
spécificité à la défense française, tels que
le nucléaire ou la capacité aéronavale.
M. Xavier de Villepin, président, a souligné l'importance du
rôle de la France dans la résolution de conflits tels que ceux de
l'Irak ou des Balkans, et s'est félicité de son action en faveur
du maintien de la paix dans le monde.
M. Michel Caldaguès a alors précisé que sa critique ne
visait pas de telles actions, mais plutôt une dispersion de l'effort de
défense dans des directions qui ne conduisent pas à des
bénéfices concrets pour notre pays.
M. Paul Masson, limitant son intervention aux problèmes de la
gendarmerie, a rappelé l'importance qui s'attachait à
l'organisation d'un débat au Sénat sur le problème du
redéploiement des forces de gendarmerie et de police, dont l'écho
dans le pays est particulièrement sensible.
M. Serge Vinçon a considéré que le projet de budget pour
1999 ne pouvait donner entièrement satisfaction puisqu'il
s'écartait de la loi de programmation, qu'il entérinait la "revue
de programmes" dont les conclusions n'avaient pas été
avalisées par le Parlement et qu'il créait de fortes tensions sur
le titre III. Il a toutefois estimé qu'il convenait de prendre acte
d'évolutions positives, puisque "l'encoche" était en partie
résorbée et que les économies décidées
à l'issue de la "revue de programmes" avaient été
définies en étroite liaison avec les états-majors.
Estimant que le Gouvernement avait tenu compte des observations du Chef de
l'Etat en relevant significativement les crédits d'équipement, il
a indiqué qu'il approuverait le projet de budget proposé pour
1999, comme la grande majorité des membres de son groupe.
M. Jean-Luc Bécart a constaté qu'avec le projet de budget pour
1999, l'étau avait été desserré sur les
crédits d'équipement. Il a fait part de ses interrogations sur
certaines orientations de notre politique de défense, en particulier le
programme nucléaire et les fortes réductions d'effectifs dans
l'industrie d'armement. Il a relevé les contraintes pesant sur le titre
III du fait d'un coût de la professionnalisation plus élevé
que prévu. Il a déclaré qu'à ce stade, il
s'abstiendrait sur ce projet de budget.
Après que M. Xavier de Villepin, président, eut rappelé
les conclusions des différents rapporteurs pour avis, préconisant
l'adoption des crédits proposés mais émettant de fortes
réserves en particulier sur la réduction des dépenses de
fonctionnement courant, la commission a émis un avis favorable à
l'adoption de l'ensemble des crédits du ministère de la
défense pour 1999.