II. L'EXAMEN DES CRÉDITS
A. LES CRÉDITS DE POLITIQUE INDUSTRIELLE
Les
crédits du chapitre 61-61 -dits de politique industrielle- sont stables
en autorisations de programme à 150,18 millions de francs.
En crédits de paiement, les dotations de ce chapitre baissent de
10,8 %
: les crédits demandés pour 1999
s'élèvent à 154,5 millions de francs
pour 173,18 MF l'année passée.
ÉVOLUTION DES CRÉDITS DE POLITIQUE
INDUSTRIELLE
|
AUTORISATIONS DE PROGRAMME |
CREDITS DE PAIEMENT |
||||
|
Dotations 1998 |
LFI 1999 |
Evolution % |
Dotations 1998 |
LFI 1999 |
Evolution en % |
Article 10 Investissements d'intérêt national |
48 |
48 |
- |
49,79 |
44,4 |
- 10,82 |
Article 20
Investissement d'intérêt
|
52,18 |
52,18 |
- |
66,71 |
61,3 |
- 10,78 |
Article 30 Abattoirs publics |
6,5 |
6,5 |
- |
11,48 |
10,2 |
- 11,14 |
Article 80 Crédits déconcentrés pour l'environnement |
23,5 |
23,5 |
- |
26,63 |
23,8 |
- 10,62 |
Article 90 Actions de restructuration |
20 |
20 |
- |
16,57 |
14,8 |
- 10,68 |
TOTAL |
150,18 |
150,18 |
- 13,54 |
173,18 |
154,5 |
- 10,78 |
En
millions de francs
En comparant le montant de la dotation votée pour 1998 et celui
proposé pour 1999, on constate un baisse d'environ 10 %.
Si la part nationale de la prime d'orientation agricole (POA) se maintient en
autorisations de programme avec 48 millions de francs, elle subit une
diminution passant de
49,79 millions de francs à
44,4 millions de francs en crédits de paiement.
En ce qui concerne la part régionale de la POA, celle-ci se maintient en
autorisations de programme à 52,18 millions de francs en 1999, mais
diminue en crédits de paiement du même pourcentage que pour la POA
nationale puisque les dotations budgétaires affectées à
l'article 20 passe de 68,71 millions de francs pour 1998 à
61,3 millions de francs pour 1999.
Le montant des fonds régionaux d'aides aux investissements
immatériels est stable en autorisations de programme à
23,5 millions de francs mai baisse en crédits de paiement avec
23,8 millions de francs au lieu de 26,63 millions de francs en 1998.
De façon identique, la dotation spécifique aux abattoirs publics
demeure de 6,5 millions de francs en autorisations de programme mais
baisse de plus de 11 % en crédits de paiement (10,2 millions
de francs pour 1999 au lieu de 11,48 millions de francs en 1998).
Au-delà des crédits POA qui sont aujourd'hui devenus
marginaux, votre rapporteur pour avis constate que l'effort budgétaire
consenti à l'agriculture, n'a que peu d'incidences sur les
crédits réservés aux IAA.
Deux comparaisons peuvent être faites pour appuyer cette
thèse :
- la première est la récapitulation des crédits par
agrégat et titre dans le fascicule budgétaire des crédits
du ministère de l'agriculture : l'agrégat n° 1
" Activités agricoles productives " est doté de plus de
11 milliards de francs ; l'agrégat n° 2
" IAA " est pourvu à hauteur de 407 millions de
francs ;
- la seconde concerne l'estimation du fascicule " concours publics
à l'agriculture " : alors que plus de 73 milliards de
francs sont consacrés en 1997 aux activités agricoles
productives, 990 millions de francs sont affectés aux industries
agro-alimentaires -dont 343 MF en provenance du FEOGA Orientation.
Votre rapporteur pour avis souhaite rappeler l'argumentation
développée l'année passée par son
prédécesseur, M.°aubert Garcia :
"
Bien évidemment, les raisons que l'on peut avoir d'affecter
des fonds publics à l'agriculture (instabilité intrinsèque
des marchés de produits agricoles, soutien au revenu, enjeux
d'aménagement du territoire et de gestion de l'espace, etc.) ne valent
pas, en général, pour les industries de l'aval. L'industrie
agro-alimentaire est une branche industrielle plutôt prospère et
elle n'est sans doute ni plus ni moins aidée par la puissance publique
que d'autres branches de l'industrie.
Cela dit, s'il ne peut s'agir d'accorder des subventions sans limites,
il
est parfaitement légitime de revendiquer pour l'industrie
agro-alimentaire une politique d'environnement favorable
, qui
nécessiterait moins, sans doute, de nouveaux crédits, qu'une
réorientation de ceux qui existent et, peut-être une meilleure
prise en compte par le ministère de l'agriculture de sa dimension
industrielle. Il s'agit donc de veiller à ce que la priorité
régulièrement affichée à l'agro-alimentaire dans
les actions des organismes de recherche agricoles, à commencer par
l'INRA, se traduise dans les faits et de mobiliser au mieux les moyens de
promotion de la SOPEXA
"
.
B. LES CRÉDITS PUBLICS EN FAVEUR DES ACTIONS MENÉES PAR LA SOPEXA
La
promotion des produits agricoles et alimentaires par le biais des organismes
d'appui au commerce extérieur français reste essentielle dans le
contexte de concurrence accrue entre grands pays exportateurs. Compte rendu des
enjeux pour la balance commerciale française, comme pour l'emploi, votre
rapporteur pour avis juge positif l'augmentation de 10 millions de francs des
crédits affectés à la SOPEXA.
Les crédits destinés à la promotion des exportations sont
regroupés dans le chapitre 44-53, article 30. Ils ont pour
objet :
- de faciliter les efforts de prospection et d'implantation commerciale
des entreprises à l'étranger, en particulier les PME/PMI, par
l'action de la direction des produits agro-alimentaires du centre
français du commerce extérieur (CFCE) ;
- de permettre l'organisation du concours général agricole
dans le cadre du salon international de l'agriculture ;
- d'assurer la promotion des technologies et savoir faire français
dans le domaine de l'agro-fourniture et de l'agro-industrie ;
- enfin d'inciter à la réalisation des actions de promotion
collective, tant sur le marché national que sur les marchés
étrangers, par le biais de la SOPEXA.
Cet article d'un montant de 197,80 millions de francs pour 1997 avait subi
l'année passée une baisse de plus de 20 % pour atteindre
157,80 millions de francs dans le projet de loi de finances pour 1998.
Cette année, les dotations budgétaires de ce chapitre sont en
augmentation de 6,4 % puisqu'elle s'élèvent à
167,9 millions de francs.
La forte diminution des dotations budgétaires de la SOPEXA
l'année passée avait été regrettée par
l'ensemble des parlementaires.
La mission d'audit réalisée conjointement par le Ministère
des finances et celui de l'Agriculture adressé un bilan très
positif des activités de la SOPEXA.. D'ailleurs, sous l'effet conjoint
d'un développement des activités publi-promotionnelles et de
gains de productivité, les ressources de Sopexa (Société
pour l'expansion des ventes de produits agricoles et alimentaires) ont
légèrement progressé en 1994 pour atteindre
610,6 millions de francs, malgré une baisse de la dotation publique
affectée à la société. Les budgets confiés
à Sopexa par ses partenaires (403 millions de francs) ont
augmenté en 1997, grâce notamment au gain des deux nouveaux
budgets : la crevette de Guyane et une campagne collective des poissons frais.
EVOLUTION DE L'ACTIVITÉ GLOBALE 1996/1997
En millions de francs |
1997 |
% 97/96 |
Produits laitiers |
65 062 |
-2,62 % |
Fruits et légumes |
119 649 |
-1,58 % |
Vins et spiritueux |
139 062 |
1,92 % |
Elevage |
5 730 |
39,15 % |
Produits de la mer |
7 874 |
74,90 % |
Produits carnés |
22 426 |
-3,77 % |
Autres produits |
40 469 |
0,87 % |
Régions |
3 297 |
-5,88 % |
Expositions internationales
|
46 947
|
29,07 %
|
Entraînement général |
12 788 |
-25,49 % |
Divers* |
16 100 |
-54,50 % |
Total |
479 404 |
-2,02 % |
*
hôtellerie, matériel promotionnel, autres actions
Source : Sopexa
En outre, Sopexa envisage de diversifier ses services et de proposer des
prestations à la carte aux entreprises, une assistance commerciale, des
actions de lobbying... aussi bien en France que sur les marchés
internationaux.
Le marché national, sur lequel Sopexa a mené 32 % de ses
activités en 1997, demeure le premier débouché pour les
entreprises agro-alimentaires françaises
19(
*
)
.
EVOLUTION DES RESSOURCES 1993/1997
(EN KF)
Votre rapporteur pour avis remarque que les dotations budgétaires pour
1999 seront d'un niveau supérieur à celles des années
1996,1997 et 1998. Votre rapporteur pour avis souligne que la
légitimité du soutien financier de l'Etat est consolidé en
raison notamment des missions de service public accomplies par l'entreprise, du
caractère essentiel des exportations de produits agricoles et
alimentaires et du classement dans la " boîte verte " des aides
à la promotion, dans le cadre des accords de Marrakech. En outre, les
relations entre l'Etat et la SOPEXA doivent s'articuler, à l'avenir,
autour d'un contrat de plan Etat-Entreprise, permettant de mettre en place des
programmes de promotion en faveur des filières sur plusieurs
années. La SOPEXA regroupe en effet les efforts des pouvoirs publics et
des professionnels.
C. LES AUTRES CRÉDITS
1. Les crédits du ministère
Il faut
ajouter aux crédits de politique industrielle
d'autres dotations du
ministère qui concernent également l'agro-alimentaire
.
Votre rapporteur pour avis constate avec satisfaction l'augmentation de la
plupart de ces crédits.
Les crédits de recherche appliquée au secteur agro-alimentaire
(chapitre 61-21 article 61), sont en augmentation de 4,5 % avec
24,80 millions de francs en crédits de paiement.
Mention particulière doit être faite des dotations qui
financent des actions de développement de la qualité
d'hygiène ou de promotion ;
- les crédits destinés à la promotion de la
qualité alimentaire (chapitre 44-70 article 30) passent de
16,4 millions de francs à 19 millions de francs) soit une
hausse de 15,85 % ;
- les dotations de l'INAO (chapitre 36-22 article 43) sont en
augmentation de 5,26 % avec 76 millions de francs ;
- les dotations versées au CNEVA (chapitres 36-22-13 ;
61-21-73, 36-22- 22 et 61-21- 71) sont en augmentation avec
201,01 millions de francs.
- le budget de l'aide alimentaire (chapitre 44-43) est en
augmentation. Il passe de 205 MF à 274 MF. Cette dotation permettra
à la France qui défend, au plan international, un renforcement du
rôle de la convention de Londres et l'adoption d'un code de bonne
conduite de l'aide alimentaire, de mieux couvrir ses engagements internationaux
au titre de l'aide alimentaire.
2. Les crédits en provenance des autres ministères
Des
crédits d'autres ministères bénéficient
également aux industries agro-alimentaires.
Au titre du ministère de la recherche, par exemple, plus de
20 millions de francs
devraient bénéficier directement
aux industries agro-alimentaires en 1999.
Les crédits d'aménagement du territoire concernent
également, pour partie, les industries agro-alimentaires
. L'apport
du FNADT a été estimé pour 1997 à 14 millions
de francs, celui de la prime à l'aménagement du territoire
étant de 75 millions de francs.
3. Les aides communautaires
Compte
tenu de la modicité des crédits nationaux,
le
FEOGA-orientation se trouve être devenu,
depuis les dernières
années
, le principal contributeur au financement des industries
agro-alimentaires.
Les plans sectoriels actuellement en vigueur définissent les objectifs
de développement des IAA pour la période 1994-1999. Ils
précisent les moyens que l'Etat entend consacrer pour atteindre ces
objectifs et les concours financiers attendus du FEOGA et de l'instrument
financier d'orientation de la pêche (IFOP).
Ces plans sont directement issus de la mise en oeuvre de la décision de
la Commission des communautés européennes du
22 mars 1994 qui arrête les critères de choix à
retenir pour les investissements concernant l'amélioration des
conditions de transformation et de commercialisation des produits agricoles.
Ces critères doivent être appliqués de façon
cohérente à toute décision octroyant des aides aux
investissements des entreprises agro-alimentaires, quels que soient les mesures
et les fonds concernés.
Pour les zones d'objectif 1 (Corse, arrondissement de Douai, Valenciennes,
Avesnes et DOM), ces documents spécifiques de programmation sont
intégrés dans les documents généraux de
l'objectif 1 " Régions en retard de
développement ".Il y a onze plans sectoriels (dont
l'abattage-découpe de viandes, la transformation des viandes...).
Il convient d'y ajouter le plan sectoriel spécifique à la
transformation des produits des pêches maritimes et de l'aquaculture
continentale.
Après les arbitrages financiers avec la commission européenne,
pour l'ensemble de ces plans (hors objectif 1),
la France a
présenté une demande de concours du FEOGA de 1,782 milliards
de francs pour les six années (de 1994 à 1999), soit environ
297 millions de francs par an
.
Cette demande correspond à un montant prévisionnel
d'investissements de 9,34 milliards de francs
, ce qui suppose de
mobiliser des aides nationales de l'ordre de 895 millions de francs (soit
près de 149 millions de francs par an) dont les 2/3 proviendraient
de crédits d'Etat.
DEMANDE DE CONCOURS FEOGA (1994-1999)
(en millions de francs)
Prévisions 1994-1999 |
Transformation et commercialisation des produits agricoles |
Transformation des produits de la pêche |
TOTAL |
Demande FEOGA |
1 590 (265/an) |
192 |
1 782 (297/an) |
Investissements
|
8 380 |
960 |
9 340 |
Aides nationales |
837 (140/an) |
58 |
895 (149/an) |
Au 30 juin 1997, le comité chargé d'assurer la programmation des concours FEOGA et IFOP a proposé l'octroi de 1.025 millions de francs répartis comme suit :
|
Prévisions 1994/1999 |
Aides accordées |
Abattage découpe de viandes |
322,2 |
225,3 |
Charcuterie |
121,9 |
109,6 |
Produits laitiers |
198,1 |
122,7 |
Volailles |
144,4 |
159,0 |
Céréales |
33,3 |
14,3 |
Vins et alcools |
194,0 |
77,1 |
Fruits et légumes |
398,8 |
132,2 |
Horticulture |
27,7 |
1,9 |
Semences |
22,2 |
14,8 |
Pommes de terre |
61,1 |
40,8 |
Divers végétaux |
34,0 |
15,3 |
Autres produits |
32,3 |
0,3 |
TOTAL |
1 590,0 |
913,3 |
Produits de la pêche |
192,0 |
111,7 |
Il
convient de préciser qu'en 1994 et 1995 aucune décision
d'aide n'a pu être formalisée. En effet, le document de
programmation présenté par la France en avril 1994 pour la
période 1994-1999 n'avait pas encore fait l'objet d'une décision
d'approbation par la Commission des Communautés européennes.
Cette décision n'a été prise que fin mars 1995 et les
procédures d'utilisation des crédits européens n'ont
été approuvées qu'au début de 1996. Les
données indiquées correspondent donc uniquement aux projets
examinés par le comité de programmation.
Votre rapporteur pour avis estime qu'il sera nécessaire de suivre avec
attention la réforme des fonds structurels afin de préserver le
financement communautaire des actions menées par les industries
agro-alimentaires françaises.
Suivant les conclusions de son rapporteur pour avis, la commission des
affaires économiques a émis un avis favorable à l'adoption
des crédits des industries agro-alimentaires inscrits au budget du
Ministère de l'Agriculture et de la Pêche pour 1999.