PJ loi de finances pour 1999

BARDOU (Janine)

AVIS 68 (98-99), Tome XII - COMMISSION DES AFFAIRES ECONOMIQUES

Table des matières




N° 68

SÉNAT

SESSION ORDINAIRE DE 1998-1999

Annexe au procès-verbal de la séance du 19 novembre 1998.

AVIS

PRÉSENTÉ

au nom de la commission des Affaires économiques et du Plan (1) sur le projet de loi de finances pour 1999 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE,

TOME XII

PLAN

Par Mme Janine BARDOU,

Sénateur.

(1) Cette commission est composée de : MM. Jean François-Poncet, président ; Philippe François, Jean Huchon, Jean-François Le Grand, Jean-Pierre Raffarin, Jean-Marc Pastor, Pierre Lefebvre, vice-présidents ; Georges Berchet, Jean-Paul Emorine, Léon Fatous, Louis Moinard, secrétaires ; Louis Althapé, Pierre André, Philippe Arnaud, Mme Janine Bardou, MM. Bernard Barraux, Michel Bécot, Jacques Bellanger, Jean Besson, Jean Bizet, Marcel Bony, Jean Boyer, Mme Yolande Boyer, MM. Dominique Braye, Gérard César, Marcel-Pierre Cleach, Gérard Cornu, Roland Courtaud, Désiré Debavelaere, Gérard Delfau, Marcel Deneux, Rodolphe Désiré, Michel Doublet, Xavier Dugoin, Bernard Dussaut , Jean-Paul Emin, André Ferrand, Hilaire Flandre, Alain Gérard, François Gerbaud, Charles Ginésy, Serge Godard, Francis Grignon, Louis Grillot, Georges Gruillot, Mme Anne Heinis, MM. Pierre Hérisson, Rémi Herment, Bernard Joly, Alain Journet, Gérard Larcher, Patrick Lassourd, Edmond Lauret, Gérard Le Cam, André Lejeune, Guy Lemaire, Kléber Malécot, Louis Mercier, Bernard Murat, Paul Natali, Jean Pépin, Daniel Percheron, Bernard Piras, Jean-Pierre Plancade, Ladislas Poniatowski, Paul Raoult, Jean-Marie Rausch, Charles Revet, Henri Revol, Roger Rinchet, Jean-Jacques Robert, Josselin de Rohan, Raymond Soucaret, Michel Souplet, Mme Odette Terrade, MM. Michel Teston, Pierre-Yvon Trémel, Henri Weber.

Voir les numéros :

Assemblée nationale ( 11 ème législ.) : 1078 , 1111 à 1116 et T.A. 193 .

Sénat : 65 et 66 (annexe n° 38 ) (1998-1999).


Lois de finances.

CHAPITRE IER -

LE PROGRAMME DE TRAVAIL DU COMMISSARIAT GÉNÉRAL DU PLAN

Peu après son entrée en fonction, à la suite de sa nomination par décret du 5 janvier 1998, le nouveau Commissaire au Plan a reçu du Premier ministre une lettre de mission lui confiant la charge d'élaborer un programme de travail pour les années à venir.

A. LA LETTRE DE MISSION DU 9 JANVIER 1998 : UN COMMISSARIAT DU PLAN " ACTIF, RIGOUREUX, IMAGINATIF ET OUVERT "

Dans sa lettre de mission datée du 9 janvier 1998, le Premier ministre manifestait la volonté de voir le Plan jouer un rôle " d'animateur de l'analyse prospective et stratégique ", de " lien privilégié de la concertation socio-professionnelle et de la réflexion interministérielle " et de " programmation et d'évaluation des politiques publiques ".

M. Lionel Jospin soulignait également que " La France a besoin d'un Commissariat général du Plan actif, rigoureux, imaginatif et ouvert " , dont il souhaitait " relancer l'action " . Parmi les sujets devant figurer au programme de travail du Plan, la même lettre citait :

- la mondialisation ;

- l'intégration européenne et l'unification monétaire ;

- les grandes tendances de la technologie ;

- la démographie ;

- la protection sociale ;

- les problèmes environnementaux.

Ce document souhaitait enfin que les analyses résultant des travaux du plan définissent " les moyens d'une croissance plus forte et plus riche en emplois et d'une action déterminée contre le chômage et l'exclusion " ; " en large concertation avec les partenaires sociaux ".

B. LE PROGRAMME DE TRAVAIL DU PLAN

Orientations générales

Une seconde lettre du Premier ministre, datée du 31 mars 1998, a défini les trois grands axes du programme de travail du Commissariat général :

1°) Développer l'économie française dans le cadre de la mondialisation et de l'intégration européenne ;

2°) Renforcer la cohésion sociale ;

3°) Moderniser les instruments de l'action publique ;

Dans le même document, le Premier ministre souhaitait également que les analyses et les débats résultant des travaux du Commissariat général du Plan " se réfèrent systématiquement à l'objectif central d'une croissance plus forte et plus riche en emplois et qu'ils débouchent sur des préconisations contribuant à une action déterminée contre le chômage et l'exclusion ".

Présentation détaillée

Les trois thèmes principaux qui constituent désormais le programme de travail du plan ont fait l'objet d'une annexe détaillée à la lettre du 31 mars 1998 précitée. Celle-ci peut être résumée comme suit :

1°) Développer l'économie française dans le cadre de la mondialisation et de l'intégration européenne

- définir une stratégie globale de recherche et d'innovation compte tenu de la compétitivité de la France,

- donner des perspectives sur la " nouvelle nationalité " de l'entreprise dans la mondialisation,

- étudier les aspects économiques et financiers de l'élargissement de l'Union européenne,

- définir des scénarios d'évolution des institutions européennes,

- améliorer la connaissance des systèmes compétitifs nationaux.

2°) Renforcer la cohésion sociale

- envisager les implications d'une réforme des minima sociaux,

- poursuivre les travaux entamés à l'INSEE sur les métiers et les qualifications,

- étudier les modalités d'insertion sociale des jeunes,

- fournir des indications sur les effets du vieillissement sur la croissance,

- tirer les conséquences de la réduction du temps de travail.

3°) Moderniser les instruments de l'action publique

En étudiant :

- l'impact de la maîtrise des technologies de l'information,

- les instruments de régulation des services publics en réseau,

- les instruments de l'action publique en matière d'environnement,

- la gestion de l'emploi public.

De nouveaux groupes de travail.

Par lettres des 18 et 29 mai , le Premier ministre a souhaité que des groupes de travail soient mis en place, conformément aux dispositions du programme de travail sur :

- l'Etat et les technologies de l'information, (groupe constitué afin d'accompagner le déploiement de ces technologies et des nouveaux réseaux au sein de l'Etat),

- le diagnostic des systèmes de retraites.

Votre Commission des Affaires économiques se réjouit de cette relance de l'action du commissariat du plan, dans un cadre d'action redéfini.

Elle souhaite cependant que la réflexion du Commissariat intégre les travaux de la DATAR en matière d'aménagement du territoire et s'étonne de ne pas voir figurer ces sujets au programme de travail du Plan.

CHAPITRE II -

L'ACTIVITÉ ET LES MOYENS DU COMMISSARIAT GÉNÉRAL DU PLAN ET DES ORGANISMES D'ÉTUDE
ET DE RECHERCHE

I. LE COMMISSARIAT GÉNÉRAL DU PLAN

A. ORGANISATION ET MOYENS

En 1998, la structure du Commissariat Général du Plan est inchangée par rapport à 1997. Ses moyens matériels et humains sont répartis entre six départements :

- le service économique, financier et international,

- le service de l'évaluation et de la modernisation de l'Etat,

- le service des affaires sociales,

- le service énergie, environnement, agriculture, tertiaire,

- le service du développement technologique et industriel,

- le service des études et de la recherche.

Au titre du budget 1997, le Commissariat général avait reçu 76,6 millions de francs de crédits -soit sa plus faible dotation depuis 1991-. Ces crédits qui avaient été portés à 77,7 millions de francs en 1998 atteignent 80,5 millions de francs dans le projet de loi de Finances pour 1999, en hausse de 3,6 %.

L'essentiel de ce budget se répartit en trois grandes masses :

- des dépenses de personnel pour 39,7 millions de francs, soit 49,5 %,

- des dépenses de fonctionnement pour 13,6 millions de francs, soit 17 %,

- enfin des subventions diverses pour environ 27 millions de francs, soit 33,5 %.

Le Commissariat général dispose de 78 agents titulaires et de 60 contractuels, soit un total de 138 agents.

B. L'ACTIVITÉ DU COMMISSARIAT GÉNÉRAL DU PLAN EN 1998

Le rapport annuel élaboré à l'initiative du Commissariat général permet de cerner l'activité de chacun des six services qui le composent.

Service économique, financier et international

Ce service a répondu aux demandes émanant des deux chambres du Parlement en élaborant :

- un rapport sur les conséquences économiques et budgétaires de l'élargissement de l'Union européenne aux PECO , pour l' Assemblée nationale ;

- un rapport sur le système bancaire et un autre sur l'assurance française et le passage à la monnaie unique, pour le Sénat .

Il a animé un séminaire sur l'économie de l'information ; participé aux travaux du Comité de politique économique de la Commission européenne et réalisé des projections en collaboration avec l'INSEE.

Le service de l'évaluation et de la modernisation de l'Etat

Ce service tient le secrétariat du Comité interministériel de l'évaluation. A ce titre, il a achevé des évaluations relatives à :

- la politique de prévention des risques naturels ;

- la maîtrise de l'énergie

- aux agences de l'eau ;

- à la politique de normalisation.

Une évaluation relative à la politique de la montagne est en cours.

L'Office parlementaire d'évaluation des politiques publiques lui a également confié une évaluation de la politique maritime .

Il lui revient également d'effectuer une évaluation des contrats de plan Etat-Région avant la délégation des crédits aux préfets, conformément aux décisions du Comité interministériel d'aménagement du territoire du 10 février 1993.

Le service a également animé un groupe de travail sur la gestion de l'emploi public, tenu le secrétariat du sous-comité des agréments fiscaux qui émet un avis sur les demandes d'agrément des entreprises en restructuration, ou sur des investissements à l'étranger.

Il a également lancé plusieurs réflexions prospectives, notamment sur la Méditerranée et sur l'évaluation du rôle de l'Etat face aux mutations technologiques.

Service des affaires sociales

Outre la représentation du Commissariat au Plan auprès d'instances nationales (ONISEP 1( * ) , CEREQ 2( * ) , notamment) et internationales (dont le FMI 3( * ) et l'OCDE 4( * ) ) ce service a organisé plusieurs séminaires et groupes de travail ou de concertation, notamment consacrés :

- à la prospective des métiers et des qualifications ;

- aux perspectives du travail et de l'emploi à l'horizon 2015 ;

- aux minima sociaux.

Il a également entrepris :

- l'évaluation de la loi " Evin " sur la lutte contre le tabagisme et l'alcoolisme ;

- une analyse de la loi d'orientation et d'incitation sur la réduction du temps de travail.

Il est enfin chargé de répondre aux demandes du Premier ministre en ce qui concerne :

- la problématique du vieillissement :

- les minima sociaux.

Service énergie, environnement, agriculture et tertiaire

Ce service réalise diverses études, notamment en matière de régulation des services publics.

Il a également pour mission de gérer le secrétariat de plusieurs séminaires et groupes de travail tels que ceux consacrés :

- à la PAC ;

- à l'information, la communication et la société ;

- aux relations de l'Etat et des technologies de la formation et de la communication ;

- à l'évolution des missions de l'Etat devant les mutations technologiques des médias ;

- à l'énergie pour la période 2010-2020 (ce dossier a donné lieu à la publication de quatre importants rapports).

Parmi de nombreux autres, il a notamment organisé un atelier de travail consacré aux orientations stratégiques de la politique des transports et aux relations des transports et de l'environnement.

En matière d'environnement , le service a préparé le rapport d'évaluation du dispositif des agences de l'eau .

Service du développement technologique et industriel

Le service a mis en place plusieurs groupes de travail consacrés à :

- la nationalité des entreprises ;

- la compétitivité du système productif (groupe de travail franco-allemand) ;

- la recherche de l'innovation en France.

Il a également publié, parmi d'autres, un rapport sur l'évaluation du dispositif français de normalisation.

Le service des études et de la recherche

Ce service est chargé de gérer les appels d'offres relatifs aux travaux de recherche financés par le Plan dans plusieurs domaines :

- la place de l'économie française dans l'économie mondiale ;

- les revenus d'activité et les minima sociaux ;

- le travail et l'emploi.

Il est également chargé du suivi et du financement des organismes rattachés au Plan.

II. LES ORGANISMES D'ÉTUDE ET DE RECHERCHE

Six instances reçoivent des crédits publics au titre du budget du Plan :

- le centre d'étude prospective et d'informations internationales (CEPII) ;

- le Conseil supérieur de l'emploi et des coûts (CSERC) ;

- le Centre d'études prospectives et d'observation des conditions de vie (CREDOC) ;

- le Centre d'études prospectives et mathématiques appliquées à la planification (CEPREMAP)  ;

- l'Institut de la recherche économique et sociale (IRES) ;

- l'observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).

Le CEPII et le CSERC sont rattachés au Plan et bénéficient, par conséquent, de crédits inscrits au fascicule budgétaire " bleu " consacré au Plan , au titre des services du Premier ministre.

Le CREDOC, le CEPREMAP, l'IRES et l'OFCE reçoivent, quant à eux, des subventions du Commissariat général.

ÉVOLUTION DES CRÉDITS DES ORGANISMES D'ÉTUDE ET DE RECHERCHE, 1998-1999

 

1998

1999

CEPII

21,43

21,708

CSERC

6,47

6,37

CREDOC

5,50

5,50

CEPREMAP

7,64

7,64

OFCE

20,48

20,48

IRES

20,74

20,16

Total général

82,26

81,85

Comme on le constate, au vu du tableau ci-dessus, la légère hausse des crédits du CEPII ne suffit pas à compenser, dans le total général, la réduction des crédits de l'IRES et du CSERC.

L'ensemble des crédits des organismes liés au Plan, qu'ils soient rattachés ou subventionnés, correspond à environ 82 millions de francs , en 1999 comme en 1998.

A. LES ORGANISMES RATTACHÉS

1. Le CEPII

Le CEPII a été créé en 1978 pour réaliser des études sur l'économie internationale, les échanges internationaux et les économies étrangères.

Au cours de l'exercice 1997-1998, il a poursuivi le programme de travail que son conseil d'administration avait approuvé au début 1997. Selon ce programme, le centre devait étudier :

- les perspectives macro-économiques à moyen et long terme ;

- les enjeux actuels de l'intégration européenne ;

- les leçons de l'incidence du dernier cycle sur les économies industrielles ;

- l'intégration régionale ;

- la concurrence et la compétitivité ;

- aux pays émergents et les pays en transition.

La durée prévue de chacune de ces études variait de 25 à 40 mois.

Deux études consacrées à la valeur externe de l'euro et à la compétitivité (premier rapport annuel sur le sujet) ont également vu le jour en 1998.

Au titre des travaux qu'il réalise depuis plusieurs années, le Centre a poursuivi en 1997-1998 ses études relatives à :

- la modélisation (réalisation de projections à l'horizon 2005 à la demande du Sénat) ;

- l'investissement direct et au commerce ;

- aux pays émergents et en transition.

Le conseil d'administration du Centre a souhaité que les travaux du CEPII fassent l'objet d'une plus large diffusion et que le Centre s'attache à réagir plus rapidement à l'actualité.

Le CEPII poursuit la publication de la revue trimestrielle Economie internationale , et de la Lettre du CEPII (mensuelle) en français, The CEPII Newsletter étant adressé à ses correspondants à l'étranger.

Il publie également mensuellement des documents de travail ainsi que des ouvrages .

Outre des articles de presse, les chercheurs du CEPII ont publié dans des revues ou des collections scientifiques près de 75 articles divers.

Ils ont également présenté de très nombreuses communications à des colloques et réalisé des études pour plusieurs institutions publiques.

Les crédits du CEPII pour 1999 s'élèvent à 21,708 millions de francs

2. Le CSERC

Le Conseil supérieur de l'emploi, des revenus et des coûts a été créé par la loi quinquennale pour l'emploi et la formation professionnelle n° 93-1313 du 20 décembre 1993.

Il est chargé de " contribuer à la connaissance des revenus, des coûts de production et des liens entre l'emploi et les revenus, et de formuler des recommandations de nature à favoriser l'emploi ".

En 1997, le Conseil a élaboré deux rapports . Le premier, intitulé " Minima sociaux, entre protection et insertion " a été rendu public à l'automne. Le second, " Durée du travail, et emplois : les 35 heures, le temps partiel, l'aménagement du temps de travail " est paru en mai 1998.

L'accent a été mis sur la diffusion de ces rapports et sur leur présentation devant diverses instances, universitaires, associatives ou administratives.

Le Conseil élabore également, à l'occasion de la préparation de ses rapports, des Documents de travail qui concernent par exemple, en 1998, la sensibilité de l'emploi au coût du travail ou les effets sur l'emploi de la flexibilité du temps de travail.

Les ressources du CSERC s'élèvent à 6,37 millions de francs dans le projet de loi de finances pour 1999. Elles permettent notamment de rétribuer les titulaires de treize emplois budgétaires qui composent son personnel.

On notera qu'à l'occasion de la nouvelle lecture du projet de loi d'orientation relative à la lutte contre les exclusions, l'Assemblée nationale a adopté un amendement (devenu l'article 152 du texte définitif de la loi) tendant à la transformation du CSERC en Conseil de l'emploi, des revenus et de la cohésion sociale .

Cette nouvelle instance aurait été chargée de contribuer à la connaissance des revenus, des inégalités sociales et des liens entre l'emploi, les revenus et la cohésion sociale, afin de constituer un " baromètre de la cohésion sociale ", selon l'expression de M. J-M. Marchand, député, qui défendit l'amendement 5( * ) .

Cette disposition a été déclarée non conforme à la Constitution par une décision du Conseil constitutionnel du 29 juillet 1998. Le Conseil a, en l'espèce, entendu sanctionner le dépôt de nouveaux amendements lors d'une nouvelle lecture tenue après la Commission mixte paritaire.

Il a considéré qu'il ressortait de l'économie de l'article 45 de la Constitution que des adjonctions ne sauraient, en principe, être apportées au texte soumis à la délibération de la Commission mixte paritaire. C'est donc pour un motif purement procédural que ces dispositions -qui semblent d'ailleurs pouvoir trouver leur place dans un texte de nature réglementaire- ont été censurées par la Cour suprême.

Constatant que le mandat des membres du CSERC est venu à expiration sans qu'ils soient remplacés, votre Commission des Affaires économiques souhaite que le Gouvernement prenne rapidement des dispositions pour permettre au CSERC ou à l'organisme qui le remplacera de reprendre ses travaux dans les meilleurs délais.

B. LES ORGANISMES SUBVENTIONNÉS

1. L'OFCE

Créé en 1981 par une convention signée entre l'Etat et la Fondation nationale des sciences politiques, l'OFCE " étudie scientifiquement et en toute indépendance, la conjoncture de l'économie française ".

L'exercice 1997-1998 a été marqué par une restructuration à l'issue de laquelle les trois départements existants ont été transformés afin de constituer deux départements, l'un chargé de l'analyse et la prévision , l'autre des études . L'OFCE a, en outre, choisi d'accroître la dimension communautaire de ses recherches.

La quasi-totalité des ressources de l'OFCE proviennent de la subvention que lui verse l'Etat, par le canal de la Fondation nationale des sciences politiques.

Cette subvention s'élevait à 20,48 millions en 1998 , et se trouve reconduite au même niveau pour 1999 .

Le nombre d'emplois de l'Observatoire reste également fixé à 48 personnes en 1999, sans changement par rapport à 1998.

L'OFCE publie, outre des ouvrages, une revue trimestrielle " Economie internationale " qui comprendra désormais un cinquième numéro intégralement composé de contributions extérieures.

L'OFCE publie également une Lettre mensuelle, ainsi que des Documents de travail .

2. Le CREDOC

Le CREDOC est une association chargée de réaliser des études sur les conditions de vie de la population et de promouvoir les recherches en statistique, économie, sociologie ou psychosociologie.

Le Centre organise des stages de formation , des séminaires , et des études .

Il publie une Collection de rapports dans laquelle quinze titres sont parus depuis le début 1997, ainsi qu'une collection intitulée " Cahiers de recherche " qui a également publié quinze titres au cours de la même période. Les chroniques mensuelles qu'il établit sont, quant à elles, reproduites dans la revue " Consommation et modes de vie ".

Le CREDOC employait 43 cadres et 15 employés au 30 avril 1998.

Dans un avis rendu en mai 1998, le Conseil scientifique du CREDOC a souligné la qualité et l'importance des travaux du Centre. Il s'est réjoui de l'accroissement du nombre des contrats d'études (+40 % de 1995 à 1997), tout en soulignant que " l'importance cruciale " de la subvention versée par le Plan et en estimant que " les contrats ne pouvaient être considérés comme des substituts au financement par la subvention " 6( * ) des activités de pure recherche, même s'ils représentent l'essentiel de son chiffre d'affaires.

La subvention au CREDOC prévue pour l'exercice 1999 est stable par rapport à celle versée en 1998 au niveau de 5,5 millions de francs .

3. Le CEPREMAP

Tout comme le CREDOC, le CEPREMAP est une association. Il effectue des recherches, tant en micro-économie qu'en macro-économie et collabore, à ce titre, avec des administrations telles que la Direction de la prévision.

Son budget atteint 8,6 millions de francs. Ses recettes proviennent pour l'essentiel de la subvention de 6,343 millions de francs que lui verse le Plan.

Le Centre dispose de 27 chercheurs à temps complet ou partiel.

Au cours de l'exercice 1997, il a publié 70 articles, 11 ouvrages, 13 rapports et 68 documents de recherche, dans ses domaines traditionnels de recherche qui intéressent : l'organisation des marchés, les fondements micro-économiques des marchés, la modélisation et l'économétrie, le marché du travail, les politiques économiques et l'intégration internationale.

4. L'IRES

L'Institut de recherches économiques et sociales (IRES) poursuit son second programme de travail scientifique à moyen terme qui concerne la période 1997-1999.

Il s'intéresse, par le biais de programmes spécifiques, à :

- la réduction et la réorganisation du temps de travail ;

- la mondialisation financière et la gestion du rapport salarial en France ;

- la représentation des salariés ;

- et au revenu salarial.

Dans le cadre de programmes transversaux , l'IRES étudie notamment :

- les comparaisons internationales en matière de travail, de syndicalisme et de relations professionnelles ;

- le paritarisme ;

- la régionalisation, la mondialisation et les performances nationales.

CHAPITRE III -

L'ÉVALUATION DES POLITIQUES PUBLIQUES

L'évaluation des politiques publiques permet de mesurer, a posteriori, l'efficacité de la gestion des derniers publics. A ce titre, elle informe le législateur et renforce le contrôle de celui-ci sur la dépense publique. Il convient, à l'évidence, d'en renforcer le champ et les moyens .

Depuis la parution du rapport De Gaulle (1994) sur le renouvellement des modalités de la planification, de nombreuses voix ont réclamé un renforcement du rôle des instances d'évaluation, parmi lesquelles le Commissariat général du plan occupe une place centrale.

I. LE COMMISSARIAT GÉNÉRAL DU PLAN ET L'ÉVALUATION DES POLITIQUES PUBLIQUES

Le Commissariat général du Plan tient le secrétariat du Comité interministériel de l'évaluation (CIME).

Aux termes du décret n°90-82 du 22 janvier 1990, ce comité est chargé de développer et de coordonner les initiatives gouvernementales en matière d'évaluation des politiques publiques,.

Le même texte prévoit qu'il arrête les projets d'évaluation relevant d'un ou de plusieurs départements ministériels.

Force est cependant de constater qu'en huit ans , le CIME ne s'est réuni que trois fois : en juillet 1990, mars 1991 et mars 1993 et que depuis cinq ans il ne l'a plus été .

Lors de sa dernière réunion, il a été décidé de lancer des études relatives à :

- l'insertion par l'économique ;

- la prévention des risques d'origine naturelle ;

- la maîtrise de l'énergie ;

- l'aménagement de la montagne.

Seules les trois premières de ces études ont été publiées, la quatrième étant en passe d'être achevée.

Ce bilan prouve la nécessité de réformer le dispositif français d'évaluation.

II. LA RÉFORME DU DÉCRET DU 22 JANVIER 1990

A. LA " BALKANISATION " DE L'ÉVALUATION FRANÇAISE

Dans plusieurs des avis qu'il avait présenté au Sénat sur le budget du Plan au nom de votre Commission des Affaires économiques, M. Jean Boyer avait souligné la nécessité de réviser les dispositions du décret du 22 janvier 1990 précité.

L'expérience a, en effet, prouvé la lourdeur du dispositif qu'il institue et qui confine à l'inefficacité. Votre rapporteur pour avis avait également souligné la multiplication des instances d'évaluation spécialisées.

A côté des Offices parlementaires d'évaluation des choix technologiques et scientifiques et d'évaluation de la législation qui traduisent la légitime volonté du Parlement de disposer d'instruments d'évaluation autonomes , on a assisté à une véritable prolifération des instances d'évaluation .

Les pouvoirs publics ont créé, par ordre chronologique :

- le Comité national des établissements publics à caractère scientifique, culturel ou professionnel, en 1985 ;

- le Comité national d'évaluation de la recherche, en 1989 ;

- la Commission d'évaluation du RMI, en 1989 ;

- le Comité d'évaluation des nouvelles qualifications, en 1989 ;

- l'Agence nationale d'évaluation des pratiques médicales en 1990.

D'évidence, il conviendrait de rationaliser ce dispositif et de recentrer sur le plan les fonctions d'évaluation.

B. L'ANNONCE DE LA RÉFORME DU DÉCRET DE 1990

Comme l'avait recommandé votre rapporteur pour avis lors de l'examen du projet de loi de finances pour 1998, une refonte des dispositions du décret n° 90-82 du 22 janvier 1990 est en cours et devrait déboucher cet automne.

Selon les informations communiquées à votre rapporteur pour avis, " la préparation des projets d'évaluation, en concertation avec les administrations principalement concernées serait du ressort d'un nouveau conseil de l'évaluation, également chargé de veiller au respect des règles méthodologiques minimales. Le Commissariat général du Plan aurait, quant à lui, pour rôle de proposer, en accord avec les ministères intéressés, les suites à donner aux évaluations réalisées. "

Votre commission des Affaires économiques s'interroge sur l'opportunité d'associer les administrations concernées à l'évaluation des politiques qu'elles mettent en oeuvre. Elle souhaiterait obtenir des éclaircissements sur le contenu du décret actuellement en préparation.

Elle estime, en outre, que les lois de décentralisation ayant donné aux régions des compétences dans des domaines aussi déterminants que l'aménagement du territoire ou le développement économique, il est souhaitable d'envisager, puisque les contrats de plan viennent à leur terme, qu'elles puissent recourir à l'expertise du plan afin d'évaluer les résultats des politiques mises en oeuvre et d'orienter leurs choix.

La Commission des Affaires économiques et du Plan a décidé de s'en remettre à la sagesse du Sénat quant à l'adoption des crédits inscrits au titre du plan dans le projet de loi de finances pour 1999.

EXAMEN EN COMMISSION

Réunie le mercredi 28 octobre 1998, sous la présidence de M. Jean François-Poncet, président, la commission a tout d'abord procédé à l'examen du rapport pour avis de Mme Janine Bardou sur les crédits du plan pour 1999 inscrits au budget des services du Premier ministre.

Après avoir rendu hommage au travail accompli par M. Jean Boyer, son prédécesseur, Mme Janine Bardou, rapporteur pour avis, a indiqué que les crédits du plan s'élevaient, en 1999, à 153 millions de francs, en hausse de 0,13 % par rapport à 1998. Ces crédits, a-t-elle précisé, permettent le fonctionnement du Commissariat général du plan (CGP), des organismes qui lui sont rattachés : centre d'études prospectives et d'informations internationales (CEPII) ; conseil supérieur des revenus, de l'emploi et des coûts (CSERC)  et de ceux qu'il subventionne : centre d'études prospectives et d'observation des conditions de vie (CREDOC) ; centre d'études prospectives et mathématiques appliquées à la planification (CEPREMAP) ; institut de recherche économique et sociale (IRES) ; observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).

Elle a ensuite évoqué les principaux travaux réalisés par le CGP en 1998, et elle a précisé que dans une lettre de mission adressée à M. Charpin, le nouveau Commissaire au plan, le Premier ministre avait souhaité que la mondialisation, l'intégration européenne et les grandes tendances de la technologie, la démographie, la protection sociale et les problèmes environnementaux figurent au programme de travail du commissariat général.

Elle a ajouté que ce programme s'articulait autour de trois grands axes : le développement de l'économie française dans le cadre de la mondialisation et de l'intégration européenne, le renforcement de la cohésion sociale et la modernisation de l'action publique. Tout en se félicitant de la clarification des missions du CGP, Mme Janine Bardou, rapporteur pour avis, a cependant regretté que l'aménagement du territoire ne figure pas explicitement parmi les thèmes de travail précités.

Après avoir rappelé que le mandat des membres du CSERC était expiré et que le Conseil Constitutionnel avait, pour un motif de pure forme, déclaré non conforme à la Constitution une disposition législative tendant à créer un conseil de l'emploi, des revenus et de la cohésion sociale qui aurait remplacé le CSERC, le rapporteur pour avis a souhaité que des mesures soient prises afin que ce conseil poursuive ses activités.

Estimant souhaitable de recentrer la fonction d'évaluation des politiques publiques sur le CGP, Mme Janine Bardou, rapporteur pour avis, a approuvé le principe d'une réforme du décret du 22 janvier 1990 relatif à l'évaluation interministérielle, tout en désirant obtenir des précisions sur ses modalités pratiques, et souhaité que les régions puissent, au terme des contrats de plan, recourir à l'expertise du Commissariat général pour évaluer les politiques mises en oeuvre.

Après cet exposé, MM. Charles Revet et Hilaire Flandre sont revenus sur ce dernier point pour déplorer l'inconsistance des orientations et le manque de crédits qui caractérisent la politique actuelle d'aménagement du territoire, M. Henri Revol faisant valoir que les priorités affichées par les pouvoirs publics en matière de protection de l'environnement étaient parfois critiquables.

Evoquant, à son tour, les moyens financiers consacrés à la politique de l'aménagement du territoire, M. Jean-Marc Pastor a souligné la nécessité de prendre en compte l'ensemble des sources de financement (régions, Etat, Union européenne), dont la diversité rendait difficile une appréciation globale.

Mme Janine Bardou, rapporteur pour avis, MM. Jean-Marc Pastor, Henri Revol, François Gerbaud et M. Jean François-Poncet, président, ont estimé que même si les vérifications réalisées par les chambres régionales des comptes (CRC) étaient indispensables, elles dépassaient parfois le strict contrôle juridictionnel pour se transformer en une appréciation de l'opportunité de certaines politiques, ce qu'ils ont regretté.

Après avoir souligné les difficultés rencontrées lors de la négociation des nouveaux contrats de plan, M. Jean François-Poncet, président, a jugé très regrettable que l'aménagement du territoire ne figure pas explicitement au programme de travail du CGP. Rappelant que le rapport du Sénat intitulé " Refaire la France " préconisait la création d'un observatoire de l'aménagement du territoire et que la " loi Pasqua " prévoyait la constitution d'un groupement d'intérêt public, doté de compétences analogues, qui n'avait finalement pas vu le jour, il a jugé indispensable la création d'un organisme indépendant qui serait le " baromètre " de l'aménagement du territoire.

M. Jean-Marc Pastor a également appelé de ses voeux la constitution d'une instance d'observation et d'évaluation de la politique de développement local.

Evoquant les compétences dévolues à un tel observatoire, M. Patrick Lassourd a estimé souhaitable que des critères d'appréciation stricts soient définis pour évaluer l'efficacité relative des crédits nationaux et communautaires, tandis que M. Bernard Murat considérait qu'il était nécessaire, en outre, que les relations entre les collectivités locales et l'Etat soient clarifiées tandis que M. Hilaire Flandre affirmait que cette entité ne devrait pas s'ériger en " censeur " des collectivités locales.

Après s'être étonné de l'intérêt récemment manifesté pour la planification par les élus d'orientation libérale, M. Michel Teston a déclaré que l'aménagement du territoire était indissociable d'une forme d'interventionnisme incompatible avec les théories qui tendaient à réduire le niveau des crédits publics de façon quasi systématique, alors même que ceux-ci étaient indispensables pour favoriser l'aménagement du territoire en général et pour maintenir les services publics en milieu rural, en particulier.

En réponse, M. Jean François-Poncet, président, a rappelé, d'une part, que le CGP avait été créé par le Général de Gaulle et Jean Monnet et, d'autre part, que tous les défenseurs de l'aménagement du territoire, quelles que soient leurs convictions politiques, étaient convaincus de la nécessité d'une action volontariste en cette matière, avant de mentionner que plusieurs dispositions de la " loi Pasqua " avaient été adoptées à l'unanimité par le Sénat.

A l'issue de ce débat, suivant l'avis de son rapporteur, la commission a décidé de s'en remettre à la sagesse du Sénat sur l'adoption des crédits du plan dans le projet de loi de finances pour 1999.



1 Office national d'information sur les enseignements et les professions.

2 Centre d'études et de recherches sur les qualifications.

3 Fonds monétaire international.

4 Organisation de coordination et de développement économique.

5 cf. JORF, Assemblée nationale, 3e séance du 1er juillet 1998, p. 5714.

6 Avis du Conseil scientifique de mai 1998 publié dans le rapport d'activité 1997, p. 186.



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