PJ loi de finances pour 1999
BERNADAUX (Jean)
AVIS 67 (98-99), Tome IV - COMMISSION DES AFFAIRES CULTURELLES
Table des matières
-
INTRODUCTION
-
I. LA RECHERCHE D'UNE ADÉQUATION DIFFICILE ENTRE LES MOYENS ET LES
BESOINS
- A. DES EFFECTIFS SCOLAIRES DURABLEMENT ORIENTÉS À LA BAISSE
- B. DES EMPLOIS MAINTENUS OU CRÉÉS PAR REDÉPLOIEMENT
- C. UN NÉCESSAIRE RECOURS AUX VARIABLES D'AJUSTEMENT
-
II. VERS UNE MEILLEURE UTILISATION DES MOYENS EXISTANTS
- A. LA RÉFORME DU MOUVEMENT DES ENSEIGNANTS
- B. L'AMÉLIORATION DE LA PRÉSENCE DES ENSEIGNANTS DEVANT LES ÉLÈVES
-
III. LES RÉPONSES DE L'ÉCOLE AUX INÉGALITÉS
SOCIALES ET À LA VIOLENCE
- A. LES RÉPONSES APPORTÉES PAR L'ÉCOLE AUX DISPARITÉS DE DÉVELOPPEMENT
- B. LA POLITIQUE DE PRÉVENTION ET DE RÉDUCTION DES VIOLENCES SCOLAIRES
- C. LA POLITIQUE SANITAIRE ET SOCIALE MENÉE PAR L'ÉDUCATION NATIONALE
-
IV. LES PERSPECTIVES DE RÉFORME DE L'ENSEIGNEMENT SCOLAIRE
- A. UNE NÉCESSAIRE RÉFORME DE L'ÉCOLE PRIMAIRE
-
B. LE COLLÈGE OUBLIÉ DES RÉFORMES
-
1. Les principales mesures d'aménagements proposées
- a) Le service des enseignants
- b) L'organisation des enseignements : collège pour tous ou collège à la carte ?
- c) La mise en place d'un socle commun de connaissances et une diversification disciplinaire progressive
- d) Les établissements et la carte scolaire
- e) Les exigences requises à l'entrée et à la sortie du collège
- 2. Les observations de la commission
-
1. Les principales mesures d'aménagements proposées
- C. LA RÉFORME DES LYCÉES
- D. LE PLAN DE DÉVELOPPEMENT DES NOUVELLES TECHNOLOGIES DANS L'ENSEIGNEMENT
-
I. LA RECHERCHE D'UNE ADÉQUATION DIFFICILE ENTRE LES MOYENS ET LES
BESOINS
- EXAMEN EN COMMISSION
- CONCLUSION
N° 67
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1998-1999
Annexe au procès-verbal de la séance du 19 novembre 1998.
AVIS
PRÉSENTÉ
au nom de la commission des Affaires culturelles (1) sur le projet de loi de finances pour 1999 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE,
TOME IV
ENSEIGNEMENT SCOLAIRE
Par M. Jean BERNADAUX,
Sénateur.
(1)
Cette commission est composée de :
MM. Adrien Gouteyron,
président
; Jean Bernadaux, James Bordas, Jean-Louis
Carrère, Jean-Paul Hugot, Pierre Laffitte, Ivan Renar,
vice-présidents
; Alain Dufaut, Ambroise Dupont, André
Maman, Mme Danièle Pourtaud,
secrétaires
;
MM. François Abadie, Jean Arthuis, Jean-Paul Bataille, Jean
Bernard, André Bohl, Louis de Broissia, Jean-Claude Carle, Michel
Charzat, Xavier Darcos, Fernand Demilly, André Diligent, Michel
Dreyfus-Schmidt, Jean-Léonce Dupont, Daniel Eckenspieller, Jean-Pierre
Fourcade, Bernard Fournier, Jean-Noël Guérini, Marcel Henry, Roger
Hesling, Pierre Jeambrun, Serge Lagauche, Robert Laufoaulu, Jacques Legendre,
Serge Lepeltier, Louis Le Pensec, Mme Hélène Luc,
MM. Pierre Martin
,
Jean-Luc Miraux, Philippe Nachbar,
Jean-François Picheral, Guy Poirieux, Jack Ralite, Victor Reux,
Philippe Richert, Michel Rufin, Claude Saunier, Franck Sérusclat,
René-Pierre Signé, Jacques Valade, Albert Vecten, Marcel Vidal.
Voir les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
1078
,
1111
à
1116
et T.A.
193
.
Sénat
:
65
et
66
(annexe n°
15
)
(1998-1999).
Lois de finances
.
INTRODUCTION
Mesdames, Messieurs,
Avec 297,7 milliards de francs contre 285,9 milliards de francs en 1998, le
projet de budget de l'enseignement scolaire pour 1999, qui regroupe les
enseignements primaire et secondaire, enregistre une progression de 4,1 %
par rapport à 1998, alors que son augmentation avait été
de 3,15 % au cours de l'exercice précédent.
Il convient de rappeler que cette progression qui apparaît non
négligeable est en fait largement commandée par la structure de
ce budget : les charges de personnels représentent en effet
93,1 % des dépenses et celles-ci augmentent automatiquement de
3 % du fait des accords successifs de revalorisation.
Ses axes prioritaires, annoncés par le gouvernement, sont
l'amélioration de la qualité de l'enseignement, la lutte contre
l'exclusion sociale en milieu scolaire, la poursuite de la politique de soutien
à l'emploi des jeunes grâce au recrutement de nouveaux aides
éducateurs, la revalorisation de la situation des maîtres du
premier degré et des enseignants affectés dans les zones
d'éducation prioritaires, le développement de l'usage des
nouvelles technologies et le renforcement des moyens de fonctionnement des
services.
Si le budget de l'enseignement scolaire, qui reste le premier poste de l'Etat,
progresse de manière non négligeable, sa progression est
cependant inférieure à celle des budgets de l'enseignement
supérieur (5,5 %), de la justice (5,6 %), de l'environnement
(14,8 %) et de la ville (32,4 %) mais porte sur des montants
autrement importants.
En dépit de leur importance et de leur progression, qui doivent
être appréciées dans un contexte de baisse continue des
effectifs scolaires, les crédits affectés au premier et au second
degré de l'enseignement scolaire ne répondent pas d'une
manière satisfaisante aux besoins de l'école
élémentaire, du collège et du lycée.
Plutôt que d'une insuffisance des moyens, il convient d'insister sur leur
mauvaise utilisation qui est pour partie à l'origine des principaux
dysfonctionnements que connaît notre système éducatif et
des difficultés constatées lors de la dernière
rentrée scolaire qui ont donné naissance au récent
mouvement des lycéens.
Après avoir rappelé les principales données qui traduisent
la difficile recherche d'une adéquation entre les moyens et les
effectifs scolarisés, il conviendra d'examiner les réponses
apportées par l'éducation nationale pour améliorer
l'utilisation des moyens considérables existants, répondre aux
besoins des élèves en difficulté et assurer les conditions
d'une égalité entre tous les élèves à tous
les niveaux de l'enseignement scolaire.
*
* *
LES PRINCIPALES CARACTÉRISTIQUES DU PROJET DE BUDGET DE
L'ENSEIGNEMENT SCOLAIRE POUR 1999
Les
créations d'emplois :
- 3 050 emplois d'enseignants du second degré ;
- 250 emplois de CPE ;
- 616 emplois de non enseignants, dont 400 emplois de médecins,
infirmières et assistantes sociales.
Ces créations d'emplois sont financés par des
redéploiements de crédits (heures supplémentaires et
rémunération des maîtres auxiliaires), gagés par la
suppression d'emplois vacants ou utilisés en vacation et par une
réduction de 111 emplois de l'administration centrale.
• Aucune suppression d'emploi d'enseignant titulaire du premier
degré, malgré une réduction de 40 000
élèves en 1998 et 1999 ;
• 60 000 emplois-jeunes seront utilisés dans
l'éducation nationale en 1998-1999, dont
20 000 créés à la rentrée 1998, pour un
coût un peu supérieur à un milliard de francs ;
• 1 000 assistants étrangers de langues seront
recrutés à la fin de 1998, notamment pour le premier
degré, pour un coût de 58 millions de francs.
Le financement des nouvelles technologies :
• 215 millions de francs seront affectés en 1999
à la réalisation du plan nouvelles technologies à
l'école, dont deux mesures nouvelles de 65 millions de francs en
fonctionnement et de 75 millions de francs en investissement ;
• à ces moyens budgétaires s'ajoute une enveloppe de
500 millions de francs de prêts à taux zéro pour
soutenir l'effort des collectivités locales en matière
d'équipement des établissements ;
• 55 millions de francs seront affectés à la
mise en réseau des services de l'éducation nationale.
La lutte contre les inégalités scolaires et sociales :
• 799 millions de francs sont affectés au
rétablissement des bourses de lycée ;
• 150 millions de francs permettront de créer un
troisième taux de bourse de collège, de prendre en charge les
collégiens de moins de 11 ans et de plus de 16 ans, et de revaloriser
les bourses de lycée ;
• outre la création de 400 emplois médico-sociaux,
une mesure nouvelle de 5 millions de francs permettra de développer
les comités d'action pour la santé et la citoyenneté ;
• 20,3 millions de francs sont consacrés au dispositif
" école ouverte ".
Les mesures concernant les personnels :
• accélération de l'intégration des
instituteurs dans le corps des professeurs des écoles afin d'achever le
plan d'intégration en 2007 au lieu de 2011 ;
• amélioration des dispositifs indemnitaires en ZEP :
les indemnités de sujétion spéciales
bénéficieront de 20,6 millions de francs
supplémentaires, 10 millions de francs seront consacrés
à l'augmentation de l'indemnité de sujétions
spéciales des directeurs d'école et 5,9 millions de francs
à l'amélioration des bonifications indiciaires des personnels de
direction des établissements classés en réseaux ou en
zones d'éducation prioritaires ;
• outre une revalorisation de la situation des personnels ATOS, leurs
moyens de remplacement bénéficieront de 10 millions de
francs supplémentaires et 25 millions de francs seront
consacrés à l'abondement des crédits de remboursement des
frais de déplacement des personnels mobiles.
I. LA RECHERCHE D'UNE ADÉQUATION DIFFICILE ENTRE LES MOYENS ET LES BESOINS
En
dépit de moyens considérables, notamment en personnels
titulaires, et d'un mouvement démographique qui se traduit par une
réduction régulière des effectifs scolarisés,
l'éducation nationale ne répond qu'imparfaitement aux besoins des
élèves et doit recourir à des variables d'ajustement.
Il convient de rappeler, à cet égard, que depuis 1990, le budget
de l'enseignement scolaire a augmenté de 50 % et que, dans le
même temps, le nombre d'enseignants est passé de 317 000
à 347 000.
A. DES EFFECTIFS SCOLAIRES DURABLEMENT ORIENTÉS À LA BAISSE
12 304 000 élèves étaient
attendus à la rentrée scolaire 1998 :
- 6 610 000 écoliers, soit une diminution de
40 000 élèves par rapport à la rentrée
1997 ;
- 3 350 000 collégiens, soit une diminution d'environ
15 000 élèves ;
- 1 529 000 lycéens, soit une diminution d'environ 10 000
élèves ;
- 815 000 lycéens professionnels, soit une quasi stabilité
du nombre d'élèves.
1. Dans le premier degré
NOMBRE
D'ÉLÈVES DU PREMIER DEGRÉ
France métropolitaine - public + privé
Les
écoles maternelles et élémentaires publiques et
privées devraient enregistrer une diminution du nombre de leurs
élèves de 43 200 (-0,7 %) à la rentrée
1998 et de 38 600 (-0,6 %) à la rentrée 1999 pour
l'ensemble des académies métropolitaines.
Avec les départements d'outre-mer, la baisse devrait être un peu
moins accentuée (-40 400 et -37 600 élèves).
Il convient de noter que cette diminution tend à se ralentir puisque la
baisse annuelle était en moyenne de 0,8 % de 1994 à 1997,
période au cours de laquelle le premier degré a perdu
160 900 élèves.
S'agissant du niveau préélémentaire, le nombre d'enfants
de deux à cinq ans devrait se réduire de 9 900 en 1998 mais
augmenter de 22 200 en 1999.
Il convient enfin de souligner que la baisse des effectifs devrait s'amplifier
à l'école élémentaire (-33 600 en 1998 et
-61 500 en 1999), l'effet de la réduction des retards scolaires
amplifiant celui de l'évolution démographique.
PROJECTION DES EFFECTIFS D'ÉLÈVES DU PREMIER
DEGRÉ POUR LES RENTRÉES 1998 ET 1999
France métropolitaine
(en milliers)
|
Constat 1994 |
Constat 1997 |
Évolution
|
Projection 1998 |
Évolution
|
Projection 1999 |
||
|
|
|
absolue |
relative (%) |
|
absolue |
relative (%) |
|
Total 1er degré |
6 543,3 |
6 382,4 |
- 42,2 |
- 0,7 |
6 348,2 |
- 38,6 |
- 0,6 |
6 301,7 |
|
Constat 1994 |
Constat 1997 |
Évolution
|
Projection 1998 |
Évolution
|
Projection 1999 |
||
|
|
|
absolue |
relative (%) |
|
absolue |
relative (%) |
|
Préélémentaire |
2 217,4 |
2 102,8 |
- 6,0 |
- 0,3 |
2 096,8 |
21,6 |
1,0 |
2 118,4 |
CP - CM2 |
3 365,6 |
3 344,0 |
- 27,8 |
- 0,8 |
3 316,3 |
- 51,9 |
- 1,6 |
3 264,4 |
Pré-él. + élémentaire |
5 583,0 |
5 446,8 |
- 33,7 |
- 0,6 |
5 413,1 |
- 30,3 |
- 0,6 |
5 382,8 |
Init + adapt + Int. scol |
60,4 |
55,9 |
- 1,3 |
- 2,3 |
54,6 |
- 1,2 |
- 2,3 |
53,3 |
Total 1er degré |
5 643,4 |
5 502,7 |
- 35,0 |
- 0,6 |
5 467,6 |
- 31,5 |
- 0,6 |
5 436,1 |
|
Constat 1994 |
Constat 1997 |
Évolution
|
Projection 1998 |
Évolution
|
Projection 1999 |
||
|
|
|
absolue |
relative (%) |
|
absolue |
relative (%) |
|
Préélémentaire |
313,5 |
300,2 |
- 1,2 |
- 0,4 |
299,0 |
2,6 |
0,9 |
301,6 |
CP - CM2 |
581,8 |
574,9 |
- 5,9 |
- 1,0 |
569,0 |
- 9,6 |
- 1,7 |
559,4 |
Pré-él. + élémentaire |
895,4 |
875,1 |
- 7,1 |
- 0,8 |
868,0 |
- 7,0 |
- 0,8 |
861,0 |
Init + adapt + Int. scol |
4,6 |
4,7 |
0,0 |
- 0,9 |
4,6 |
0,0 |
- 1,0 |
4,6 |
Total 1er degré |
900,0 |
879,8 |
- 7,2 |
- 0,8 |
872,6 |
- 7,0 |
- 0,8 |
865,6 |
Sources : DPD, note d'information - mai 1998
2. Dans le second degré
La
baisse du nombre d'élèves du second degré observée
depuis 1994 devrait s'accentuer lors des rentrées 1998 (-28 900
élèves, soit - 0,5 %) et 1999 (-38 500
élèves, soit -0,7 %).
Les
collèges
enregistreraient la perte de 16 500
élèves à la rentrée 1998, puis de 2 600 en
1999 pour des raisons démographiques, tandis que le nombre
d'élèves augmenterait légèrement dans les
collèges privés.
La diminution atteindrait 1 100 élèves en 1998 et
16 500 en 1999 dans les
lycées professionnels
.
L'amorce d'une baisse démographique en 1999 et la réorganisation
des classes technologiques du premier cycle sont à l'origine de ce
mouvement qui est cependant freiné du fait d'une évolution
positive des orientations vers le cycle professionnel et l'augmentation des
poursuites d'études vers un bac professionnel.
Enfin, les
lycées d'enseignement général et
technologique
pourraient enregistrer une baisse de 11 600
élèves en 1998 et de 19 600 en 1999 du fait de facteurs
démographiques, de la poursuite de la réduction du taux
d'entrée en seconde et du taux très faible de redoublement en
terminale.
3. Évolution des effectifs d'élèves prévus pour les rentrées 1998 et 1999 dans le premier degré et le second degré (y compris DOM)
Niveaux d'enseignement |
Rentrée 1998 |
Rentrée 1999 |
||
|
Public |
Privé |
Public |
Privé |
Premier degré |
- 33,2 |
- 7,3 |
- 30,7 |
- 6,9 |
dont : |
|
|
|
|
Préélémentaire |
- 7,3 |
- 1,4 |
21,7 |
2,6 |
Élémentaire |
- 24,7 |
- 5,8 |
- 51,1 |
- 9,5 |
Spécial |
- 1,2 |
- 0,1 |
- 1,3 |
0,0 |
Second degré |
- 19,8 |
- 0,5 |
- 26,9 |
- 3,4 |
dont : |
|
|
|
|
Premier cycle |
- 18,3 |
- 0,5 |
- 12,1 |
0,1 |
Spécial |
0,4 |
0,1 |
0,0 |
0,1 |
Second cycle professionnel |
0,7 |
2,7 |
- 6,2 |
1,5 |
(bac professionnel) |
4,1 |
1,1 |
4,5 |
1,3 |
Second cycle général et technologique |
- 4,7 |
- 5,3 |
- 11,4 |
- 6,6 |
Post-bac |
2,2 |
2,6 |
2,8 |
1,6 |
Total |
- 52,9 |
- 7,8 |
- 57,6 |
- 10,3 |
TOTAL PUBLIC + PRIVÉ |
- 60,7 |
- 67,9 |
EFFECTIFS ATTENDUS
Niveaux d'enseignement |
Rentrée 1998 |
Rentrée 1999 |
||
|
Public |
Privé |
Public |
Privé |
Premier degré |
5 716,5 |
893,0 |
5 685,8 |
886,1 |
Second degré |
4 764,6 |
1 223,6 |
4 737,7 |
1 220,2 |
Total |
10 481,1 |
2 116,6 |
10 423,5 |
2 106,3 |
TOTAL PUBLIC + PRIVÉ |
12 597,7 |
12 529,8 |
B. DES EMPLOIS MAINTENUS OU CRÉÉS PAR REDÉPLOIEMENT
Dans une
situation de forte baisse démographique touchant les
élèves de l'enseignement scolaire, le projet de budget pour 1999
ne prévoit aucune suppression d'emplois d'enseignants titulaires du
premier degré et prévoit pour le second degré un
renforcement des conditions d'encadrement résultant de mesures de
redéploiement.
Au total, 1,3 million de personnes travaillent dans les écoles, les
collèges et les lycées, publics ou privés :
- 1,07 million relèvent de l'Etat et 225 000 des communes ou
des établissements publics ;
- 514 000 exercent dans le premier degré, dont un peu plus de
320 000 enseignants et 190 000 personnels communaux ou personnels de
service des écoles privées ;
- 786 000 dans les établissements du second degré, dont
509 000 enseignants.
1. Dans le premier degré
Alors
que 2 900 emplois avaient été supprimés en 1997
(1 700 emplois de professeurs stagiaires, 500 emplois
d'élèves de cycle préparatoire, 200 congés de
mobilité et 500 emplois d'instituteurs), aucune suppression
d'emploi n'est intervenue en 1998.
Le projet de budget pour 1999 ne prévoit aucune suppression d'emplois
d'enseignants titulaires du premier degré.
Seuls seront supprimés 490 emplois de professeurs des écoles
stagiaires vacants ainsi que 15 emplois d'instituteurs
spécialisés qui permettront de créer autant de contrats
dans les établissements privés d'enseignement
spécialisé.
L'évolution des personnels enseignants du premier degré, relevant
du chapitre 31-92, est retracée dans le tableau ci-après :
|
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
Personnels d'enseignement |
310 951 |
310 253 |
310 258 |
310 650 |
Personnels en stage |
13 490 |
11 290 |
11 290 |
10 400 |
TOTAL |
324 441 |
321 543 |
321 58 |
321 050 |
2. Dans le second degré
Il
convient de rappeler que les effectifs des personnels enseignants du second
degré ont enregistré une baisse de 947 emplois entre 1996 et 1997
et ont connu une quasi stabilité de 1997 à 1998. Les suppressions
d'emplois ont principalement concerné le recrutement de nouveaux
maîtres (stagiaires) et les moyens consacrés au congé
mobilité.
Alors que la loi de finances pour 1998 a mis fin aux suppressions d'emplois
d'enseignants, le projet de budget pour 1999 prévoit la création
de 3 050 emplois d'enseignants du second degré, dont 1 935
emplois de professeurs certifiés et 1 000 emplois de
professeurs de lycée professionnel de 2e grade.
Le tableau ci-après retrace l'évolution des effectifs des
personnels du second degré depuis 1996 :
|
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
Personnel d'enseignement et d'encadrement |
401 875 |
401 752 |
401 867 |
377 420 |
Personnel d'information et d'orientation |
4 447 |
4 448 |
4 449 |
4 800 |
MI / SE* |
37 137 |
37 287 |
37 287 |
33 987 |
Personnels en stage |
14 750 |
13 775 |
13 775 |
13 775 |
BCES |
|
|
|
27 386 |
Total |
458 203 |
457 262 |
457 378 |
457 368 |
*
Suppression de 3 300 supports budgétaires en 1999, les crédits de
rémunération de ces personnels sont transférés au
chapitre 31-97 (rémunérations sur crédits)
Afin de respecter le principe du " gel " des emplois publics, les
créations d'emplois enseignants et non enseignants sont gagées
sur la diminution du nombre de postes en administration centrale
(111 emplois administratifs), sur la suppression d'emplois vacants et sur
un transfert de 3 300 emplois de maîtres d'internat et surveillants
d'externat (MI-SE) sur des crédits globaux de remplacement.
Les MI-SE concernés seront ainsi rémunérés sur des
crédits déconcentrés et globalisés de fait avec les
crédits réservés aux maîtres auxiliaires et aux
assistants étrangers.
Force est de reconnaître que l'application du principe du gel des emplois
publics ne facilite pas le contrôle du législateur.
Enfin, afin de développer l'apprentissage des langues vivantes dans le
premier degré, 1 000 assistants étrangers
supplémentaires devaient être recrutés à la
rentrée 1998.
3. Les personnels non enseignants
Le
projet de budget pour 1999 prévoit la création de 250 emplois de
conseillers principaux d'éducation et de 616 emplois de non enseignants
dont 400 emplois de personnels médico-sociaux (30 médecins, 185
infirmières et 185 assistantes sociales).
Il faut rappeler que la loi de finances pour 1998 avait permis de créer
1 320 emplois de personnels non enseignants, soit 620 emplois d'ATOS, 100
emplois de CPE, 300 emplois d'infirmières et 300 emplois
d'assistantes sociales et que les moyens de remplacement en personnels ATOS
correspondaient à environ 280 équivalents temps plein.
Il convient donc de constater que les moyens prévus en 1999 en faveur
des personnels non enseignants, notamment pour ceux chargés de la
santé scolaire, sont en retrait par rapport à ceux de
1998.
4. Les besoins de recrutement
a) Dans le premier degré
Les
besoins induits mécaniquement par les sorties des corps sur la
période 1999 à 2003 peuvent être estimés à
13 900 enseignants en moyenne annuelle.
Ces besoins sont couverts par les personnels issus des listes principales
à leur sortie des IUFM, ou des listes complémentaires pour une
faible part (environ 6,5 %) des concours de recrutement.
Lors de la session 1998, le nombre total de postes offerts aux concours
externes et aux seconds concours internes était équivalent
à celui de 1997, mais les postes proposés aux seuls concours
externes ont augmenté de 4,7 %.
b) Dans le second degré
D'après les réponses fournies au rapporteur de la
commission, le second degré devrait être en mesure de
répondre aux besoins d'enseignement par l'emploi de titulaires en nombre
suffisant.
L'enseignement général, y compris dans les disciplines
scientifiques qui ont longtemps connu des besoins, ne présenterait plus
de déficit en personnels. Il en serait de même dans l'enseignement
technique.
En revanche, l'enseignement professionnel présente encore des besoins en
personnels titulaires dans certaines disciplines.
S'agissant des besoins globaux en personnels d'ici 2003, la direction de la
programmation et du développement estime qu'en moyenne 12 390
nouveaux enseignants titulaires seront nécessaires chaque année
pour assurer chacune des rentrées scolaires.
Le tableau ci-après recense les besoins moyens annuels en nouveaux
enseignants titulaires pour assurer les rentrées 1999 à
2003 :
(France métropolitaine)
Total premier degré |
13 800 |
Total second degré |
12 390 |
Lettres |
1 675 |
Lettres - Histoire Géographie |
135 |
Sciences |
2 790 |
Sciences humaines |
1 050 |
Lettres - Langues |
215 |
Langues vivantes |
2 370 |
Éducation physique et sportive |
785 |
Enseignements artistiques |
400 |
Total des disciplines d'enseignement général |
9 420 |
Total des disciplines techniques et professionnelles |
2 845 |
Documentation |
130 |
Votre
commission ne peut que s'étonner des éléments de
réponse fournis à son rapporteur. Elle constate en effet que de
nombreuses disciplines connaissent un déficit structurel d'enseignants
(langues étrangères et notamment espagnol, physique,
mathématiques, SUT, lettres classiques, éducation musicale, EPS,
génie mécanique...) qui témoigne de la difficulté
d'adapter le nombre de places mises au concours aux besoins réels des
élèves.
Enfin, si les perspectives de départ massif en retraite des enseignants
nés dans les années d'après-guerre ont été
anticipées par des recrutements de précaution, ceux-ci n'ont,
semble-t-il, pas été ciblés sur les disciplines qui se
libéreront en 2005 : de nombreux titulaires académiques
affectés aujourd'hui à des tâches de remplacement risquent
ainsi dans l'avenir de ne pas obtenir un poste correspondant à leur
formation disciplinaire initiale.
C. UN NÉCESSAIRE RECOURS AUX VARIABLES D'AJUSTEMENT
En raison d'une mauvaise appréhension des besoins scolaires et d'une programmation peu satisfaisante des recrutements de personnels titulaires, l'éducation nationale est contrainte de recourir à des éléments de souplesse (heures supplémentaires, emplois-jeunes, maîtres auxiliaires) qui apparaissent comme autant de variables d'ajustement.
1. Un recours excessif aux heures supplémentaires
Les
heures supplémentaires d'enseignement constituent le premier
élément de souplesse nécessaire au fonctionnement du
système scolaire.
Même si leur réduction est souhaitable, la présence d'un
volant minimum reste indispensable pour ajuster les moyens d'enseignement aux
besoins.
a) Les modalités des heures supplémentaires
Les
crédits d'heures supplémentaires inscrits au chapitre 31-95 du
budget de l'enseignement scolaire sont consommés sous forme d'heures
supplémentaires années (HSA), d'heures supplémentaires
effectives (HSE), d'heures supplémentaires à taux
spécifique (HTS) et de vacations, cours et conférences.
- Les
HSA
sont versées aux personnels dont le nombre d'heures
d'enseignement effectué sur toute l'année scolaire est
supérieur à celui dont ils sont redevables au titre de leurs
obligations de service. Elles représentent 90 % des heures
supplémentaires effectuées par les enseignants et leur moyenne
hebdomadaire est de 1,4 heure ;
- les
HSE
correspondent aux heures supplémentaires
effectuées temporairement (suppléance d'enseignants
provisoirement absents) et rémunèrent également les
travaux dirigés ;
- les
HTS
rémunèrent des actions particulières
(projets d'établissement, études dirigées assurées
par des non enseignants, heures d'interrogation dans les CPGE).
b) Une tendance à la baisse
Le volume des heures supplémentaires a évolué depuis 1993 ainsi qu'il suit :
Rentrées scolaires |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
Enseignement primaire |
32 814 |
32 814 |
32 814 |
32 810 |
32 810 |
32 878 |
Enseignement secondaire |
768 192 |
760 495 |
779 156 |
781 971 |
681 939 |
681 916 |
TOTAL |
801 006 |
793 309 |
811 970 |
814 781 |
714 749 |
714 794 |
Alors que les HSA constituent la plus grande part des heures supplémentaires, leur poids diminue en raison des mesures de transformation en emplois, d'économies et de gel prises depuis plusieurs années : elles représentaient ainsi 74,4 % de la dépense en 1997 contre 81,7 % en 1993.
c) Une baisse de leur rémunération
Alors
que le décret du 6 octobre 1950 permettait de rémunérer
les HSA des enseignants du second degré sur la base annuelle de 43
semaines, le décret du 30 juillet 1998, modifié le
7 août, réduit cette base à 36 semaines par an,
c'est-à-dire la durée de l'année scolaire et tend ainsi
à réduire la rémunération des heures
supplémentaires.
Annoncée l'an dernier par le ministre, cette mesure permet de
réaliser une économie de 621 millions de francs en
année pleine.
Si cette mesure n'apparaît pas critiquable dans son principe, sous
réserve cependant que soit prise en compte la situation des enseignants
des classes préparatoires pour lesquels les heures
supplémentaires constituent une partie plus importante de leur
rémunération, votre commission estime que le volant des heures
supplémentaires non indispensable devrait encore être
réduit et transformé en emplois fixes.
Dans cette perspective, les budgets de 1998 et de 1999 permettront de
transformer environ 100 000 heures supplémentaires en emplois.
Par ailleurs, il convient de rappeler, qu'au titre de l'année 1998, une
partie des 20 % des salaires des aides éducateurs de
l'éducation nationale supportés par le ministère a
été financée, à hauteur de 258 millions de
francs, par des économies réalisées par les heures
supplémentaires ; pour l'année 1999, une mesure
d'économie de 774 millions de francs liée à la
réforme des HSA permettra de couvrir en partie les
1 070 millions de francs prévus pour financer les 20 %
des salaires et charges des 60 000 emplois-jeunes affectés dans
l'enseignement scolaire.
2. Les emplois-jeunes dans l'éducation nationale
a) Le développement de la formule
Désormais régis par la loi du 16 octobre 1997
relative
au développement d'activités des jeunes, les emplois-jeunes ont
principalement été déployés dans l'éducation
nationale.
Ouverts aux jeunes de 18 à 26 ans, la plupart des candidats justifient
au moins d'un diplôme à bac+2.
Depuis la rentrée 1997, 40 000 emplois-jeunes, dits
" aides-éducateurs " ont été recrutés par
l'éducation nationale, ces effectifs devant être portés
à 60 000 en 1999, cette fonction étant
féminisée à hauteur de 75 %.
b) Les fonctions confiées aux aides-éducateurs
Implantés pour 60 % d'entre eux dans les
écoles
primaires et pour 30 % dans les collèges, les emplois-jeunes sont
encore peu répandus dans les lycées qui devraient cependant
prochainement bénéficier de
10 000 aides-éducateurs au titre du plan d'action
annoncé le 21 octobre dernier pour l'avenir du lycée.
Il convient également de noter que près du quart de ces emplois
se situent dans une école ou un établissement classé en
ZEP.
Dans l'enseignement primaire, les aides-éducateurs apportent surtout une
aide à la surveillance, à l'encadrement, aux sorties scolaires et
participent aux activités culturelles, sportives et informatiques,
tandis que les collèges utilisent plutôt ces emplois-jeunes pour
apporter une aide à l'étude, au travail personnel et à la
médiation des conflits.
c) Un bilan mitigé
Un
rapport des inspections générales établit un bilan positif
des emplois-jeunes dans l'éducation nationale, qui ont permis en effet
aux enseignants de se concentrer sur leurs activités pédagogiques
et d'améliorer l'organisation des cours, ce rapport souligne cependant
les disparités constatées dans les conditions de travail et les
horaires des aides-éducateurs, et constate que de nombreux postes
restent vacants dans la région parisienne où la situation
difficile de nombreux établissements semble dissuader les candidats
potentiels.
Il convient cependant de noter que les contrats locaux d'éducation qui
seront signés avec les communes devraient permettre d'harmoniser
l'emploi du temps des aides-éducateurs pour les activités
déployées hors du temps scolaire.
d) Un financement complexe assis pour partie sur les heures supplémentaires
Le
coût des emplois-jeunes de l'éducation nationale s'est
élevé à 4,4 milliards de francs en 1998, 80 % de
leur rémunération étant supportés par le
ministère de l'emploi et de la solidarité.
Pour sa part, le projet de budget pour 1999 prévoit, comme il a
été dit, 1,07 milliard de francs de mesures nouvelles pour
couvrir les 20 % des salaires et charges de 60 000 emplois-jeunes,
couvertes en partie par une économie de 774 millions de francs
résultant de la moindre rémunération des HSA.
Votre commission ne peut que s'inquiéter des modalités d'un tel
financement et considère que si le volume excessif des heures
supplémentaires doit être réduit, leurs crédits
devraient plutôt être affectés à des emplois stables
et mieux adaptés aux besoins de l'enseignement scolaire. Elle ne peut
également que s'interroger sur les modalités de sortie des
emplois-jeunes au terme des cinq années de leur contrat et des
perspectives d'intégration de ces derniers dans la fonction
publique.
3. Un recours accru aux maîtres auxiliaires
a) Une évolution stoppée
Alors
qu'un mouvement de baisse des effectifs des maîtres auxiliaires
était observé depuis 1992 dans le second degré, une
croissance de ces effectifs peut être constatée depuis 1997 et en
particulier une hausse de 7,6 % (1 933 agents) entre les
rentrées 1996 et 1997.
Pour la rentrée 1997, l'emploi a en effet été garanti
à tous les maîtres auxiliaires ayant exercé en 1996-1997 ou
qui, ayant obtenu une affectation l'année précédente
n'avaient pu être réemployés, ou n'avaient pas
accédé par la voie des concours aux corps enseignants :
26 900 maîtres auxiliaires ont été de ce fait
réemployés et affectés en priorité à des
tâches de remplacement.
L'évolution des effectifs de maîtres auxiliaires et de
suppléants entre 1995 et 1997 peut être ainsi retracée :
|
1995-1996 |
1996-1997 |
1997-1998 |
Dernière variation (en %) |
Premier degré |
1 125 |
684 |
637 |
- 6,9 |
Second degré |
28 648 |
25 286 |
27 219 |
7,6 |
Total |
29 773 |
25 970 |
27 856 |
7,2 |
En dépit de ce réemploi massif, 390 nouveaux maîtres auxiliaires nouveaux ont été recrutés à la rentrée 1997 et 600 supplémentaires au cours de l'année scolaire pour répondre aux besoins de remplacement dans certaines disciplines.
b) La politique de titularisation des maîtres auxiliaires
Depuis
plusieurs années, des mesures ont été prises pour
faciliter l'accès des maîtres auxiliaires aux corps enseignants
par la voie des concours. Des concours spécifiques ont été
créés à compter de 1995, en plus des concours externes et
internes existants. Ces concours ont permis à 4 295 maîtres
auxiliaires d'accéder aux différents corps de personnels de
l'enseignement du second degré.
Par ailleurs, la loi du 16 décembre 1996 relative à l'emploi
dans la fonction publique et à diverses mesures d'ordre statutaire,
ouvre notamment aux maîtres auxiliaires l'accès à
différents corps du second degré.
Pour la session 1998, 3 300 postes ont été offerts aux
concours réservés, soit 600 de plus qu'à la session
précédente, et 86 % de ces postes ont été
pourvus. En deux ans, ce sont près de 5 000 maîtres
auxiliaires qui ont ainsi réussi les concours réservés.
Pour la session 1999, les maîtres auxiliaires auront la
possibilité de s'inscrire, en vue de leur accès à un corps
de personnel du second degré, à la fois à l'un des deux
concours externe ou interne et au concours réservé.
Votre commission ne peut donc que constater que la gestion peu satisfaisante
des personnels enseignants et non enseignants conduit l'éducation
nationale à recourir davantage aux emplois précaires.
Les difficultés rencontrées lors des rentrées 1997 et
1998, illustrées récemment par le mouvement des lycéens
résultent pour une large part de cette mauvaise gestion des moyens
existants ; du fait d'un réemploi massif des anciens maîtres
auxiliaires, il existe désormais des maîtres auxiliaires en
surnombre dans certaines disciplines alors que des postes dans des disciplines
déficitaires en enseignants titulaires restent non pourvus, ce qui a
nécessité le recrutement de nouveaux maîtres auxiliaires
dans ces disciplines.
II. VERS UNE MEILLEURE UTILISATION DES MOYENS EXISTANTS
Au-delà du recours aux variables d'ajustement traditionnelles (heures supplémentaires, maîtres auxiliaires) ou plus récentes (aides-éducateurs), une réflexion a été engagée pour utiliser de manière plus satisfaisante les moyens en personnels considérables de l'éducation nationale : celle-ci porte sur la déconcentration du mouvement des enseignants du second degré et sur une amélioration de leur présence devant les élèves.
A. LA RÉFORME DU MOUVEMENT DES ENSEIGNANTS
1. Le système actuel
Le
mouvement des personnels enseignants est constitué d'un mouvement
général qui traite l'ensemble des demandes et des postes, en
fonction d'un barème et de mouvements particuliers et spécifiques
qui permettent de réaliser l'adéquation entre le profil des
postes et le choix des personnels.
A l'origine de tout mouvement, on trouve des candidats ayant formulé des
voeux de mutation et des postes vacants. Le mouvement national des personnels
enseignants du second degré est organisé par discipline
d'enseignement et pour les enseignants de lycée, il se fait tous corps
confondus (professeurs agrégés, certifiés, chargés
d'enseignement, adjoints d'enseignement). Le mouvement organisé au titre
de la rentrée 1998 a porté sur 110 247 demandes. Sur ce total,
50 030 agents ont été mutés ou affectés dont
43 370 sur leurs voeux.
Le mouvement général s'effectue au moyen d'un barème
indicatif qui prend en compte des points donnés en fonction de
l'échelon atteint et des points donnés en fonction du nombre
d'années passées dans le poste actuel.
A ces paramètres, s'ajoutent des éléments liés
à la situation administrative et des éléments relatifs aux
voeux formulés par l'enseignant.
Ils sont complétés par des éléments à
caractère familial dont les plus importants sont les bonifications qui
visent à rapprocher l'enseignant de son conjoint.
Les mouvements particuliers et spécifiques représentent un peu
moins de 10 % de l'ensemble des candidatures présentées au
titre de tous les mouvements et ont pour objet de prendre en compte la
spécificité des postes (niveau de l'enseignement dispensé,
compétences particulières recherchées, contraintes
géographiques, publics difficiles ...).
Les mouvements particuliers les plus importants concernent les affectations
dans les classes préparatoires aux grandes écoles, les classes de
techniciens supérieurs et les postes dans les établissements
sensibles.
2. Les limites du système existant
Le
système actuel permet de réaliser en une seule opération
les mutations, les premières affectations des nouveaux recrutés
et les réintégrations, en prenant en compte tous les postes
vacants et ceux libérés par une mutation. Il met en concurrence,
pour un même poste, tous les candidats, qu'ils soient extérieurs
ou déjà présents dans l'académie. Avec les larges
possibilités offertes dans la formulation des voeux, les candidats
peuvent demander sans risque leur mutation, puisqu'ils conservent le poste dont
ils sont titulaires s'ils n'obtiennent pas satisfaction.
Cependant, il convient de souligner qu'une majorité des demandes de
mutation correspondent à une volonté de changer d'affectation au
sein de la même académie.
La centralisation du système actuel conduit donc à faire remonter
à Paris plus de 110 000 dossiers de demande de mutation qui doivent
être vérifiés et traités, alors que la
majorité des affectations prononcées par le ministre se font
à l'intérieur d'une même académie.
Il faut également noter que la déconcentration du mouvement est
déjà largement engagée. Si la majorité des
affectations sont prononcées par le ministre, les recteurs se sont vus
investis également de cette compétence :
- depuis 1985, pour prononcer les affectations provisoires sur postes vacants
des " titulaires académiques " (39 490 à la
rentrée scolaire 1997) ;
- depuis 1986, pour prononcer l'affectation des enseignants en
réadaptation ;
- depuis 1987, pour prononcer la réaffectation des enseignants dont le
poste a été supprimé ou transformé par suite d'une
modification de la carte scolaire.
3. Les grandes lignes du nouveau mouvement national à gestion déconcentrée
Le
ministre a annoncé le 13 octobre 1998 une réforme de la
procédure du mouvement des personnels enseignants, d'éducation et
d'orientation du second degré visant à confier l'affectation de
ces agents aux recteurs d'académie.
Cette réforme aboutit à définir un mouvement national
à gestion déconcentrée pour les affectations de la
rentrée scolaire 1999. Deux phases dans cette nouvelle procédure
sont à distinguer :
a) Une phase interacadémique administrée au plan national
Les personnels du second degré, candidats au mouvement, formuleront désormais en février leurs voeux, sans limitation de nombre, pour être affectés dans les académies. En mars, l'administration centrale procèdera à l'examen des demandes et le ministre désignera les personnels ayant obtenu leur changement d'académie.
b) Une phase intra-académique gérée au niveau rectoral
Les personnels ayant obtenu leur changement d'académie et les personnels du second degré déjà en exercice dans l'académie qui souhaitent changer d'affectation formuleront leurs voeux auprès de leur rectorat. Le recteur d'académie affectera les personnels à l'issue du mouvement.
c) Un souci de transparence et d'égalité
Les
instances paritaires nationales et académiques seront maintenues. Les
demandes de changement d'affectation formulées par les personnels du
second degré seront examinées pour chacune des deux phases par
des formations paritaires mixtes associant les représentants des
personnels.
Des barèmes nationaux et académiques homogènes
concertés permettront d'instruire les dossiers de demandes de mutations
formulées par les personnels du second degré.
d) Un dispositif d'accueil et d'information
Les personnels disposeront d'une information plus claire et plus complète pour formuler leurs voeux d'affectation. Un outil d'aide à la décision sera mis à leur disposition sur Internet pour leur permettre d'évaluer leur possibilité d'obtenir une académie ou un département.
4. Les critiques formulées par certaines organisations syndicales
Plusieurs organisations syndicales ont exprimé leur
hostilité à la déconcentration de la gestion des
personnels avant même la publication des décrets
n° 98-915 et 916 du 13 octobre 1998 qui devraient permettre de mettre
en oeuvre la réforme en 1999.
Leurs arguments peuvent être ainsi résumés :
- la délégation de pouvoir aux recteurs en matière
d'affectation risque de réduire la mobilité des enseignants et de
décourager de nombreux candidats à la mutation et aux concours :
au lieu de demander librement l'établissement de leur choix en
étant assurés de conserver leur poste en cas de refus, les
enseignants seraient désormais mis à la disposition d'une
académie qui décidera seule du lieu d'affectation parmi
l'ensemble des établissements ;
- le recteur serait désormais en charge non seulement des affectations
mais aussi de la titularisation des enseignants après leur nomination
par le ministre : certains craignent ainsi une déconcentration des
modalités de recrutement avec la mise en place d'un concours national
contingenté qui priverait de nombreuses académies d'enseignants
qualifiés ainsi qu'une multiplication des postes à profil ;
- les mesures de déconcentration risquent de s'accompagner d'un fort
déséquilibre entre les différentes académies, de
nuire à la qualité de l'enseignement et de précariser la
profession d'enseignant.
5. Les observations de la commission
Sans
être en mesure de porter une appréciation autorisée sur un
dossier aussi technique, votre commission ne peut qu'être favorable au
principe d'un dispositif qui tend à déconcentrer le mouvement
national et à assurer une gestion des personnels au plus près des
réalités.
Elle n'est cependant pas convaincue que la réforme apporte plus de
souplesse de fonctionnement, une adéquation plus fine des moyens aux
besoins et permette de réduire les dysfonctionnements observés
à chaque rentrée scolaire dans plusieurs disciplines, souvent les
mêmes, de trop nombreux établissements du second degré.
L'expérimentation du nouveau dispositif sur plusieurs années
devrait seule permettre d'apprécier son efficacité ou en
révéler les inconvénients, et la commission
d'enquête créée par le Sénat le 5 novembre 1998 sera
notamment chargée d'examiner les conditions de nomination, de
répartition et d'affectation des enseignants du second
degré.
B. L'AMÉLIORATION DE LA PRÉSENCE DES ENSEIGNANTS DEVANT LES ÉLÈVES
A la
suite de la mission confiée au recteur Daniel Bloch en septembre 1997
diverses mesures destinées à améliorer la présence
des enseignants dans les classes et à mieux organiser leur remplacement
ont été proposées.
Ces propositions, dont certaines ont été reprises dans une note
de service applicable pour la présente année scolaire, tendent
d'abord à informer systématiquement les familles en cas d'absence
des enseignants et à interdire l'utilisation des locaux des
collèges publics pour l'organisation du baccalauréat.
Une réflexion est par ailleurs engagée pour établir un
système d'information fiable sur l'absentéisme des enseignants,
améliorer l'élaboration des sujets d'examen et réformer
les mécanismes de remplacement dans le cadre de la
déconcentration du mouvement des enseignants.
1. L'absentéisme des enseignants
a) Dans le premier degré
L'absentéisme des enseignants dans le premier
degré se
situe actuellement un peu au-delà de 5 % des effectifs en moyenne
et reste depuis plusieurs années à un niveau stable, avec
cependant une tendance à une légère augmentation
(5,40 % en 1980, 5,35 % en 1990, 5,70 % en 1997). Dans les deux
tiers des départements, le taux d'absentéisme est
inférieur à la moyenne nationale, mais il demeure plus important
dans les départements d'outre-mer (sauf en Martinique), en Corse et dans
certains départements fortement urbanisés.
En 1996-1997, pour un taux de féminisation de 76 % du corps
enseignant du premier degré, la part des congés de
maternité représentait 36,13 % du total des congés
pour maladie et maternité, et la durée moyenne du congé de
maternité s'élevait à 107 jours. Si cet absentéisme
reste prévisible, tel n'est pas le cas des absences consécutives
aux congés de maladie qui correspondent le plus souvent à des
absences de courte durée.
b) Dans le second degré
En 1991-1992, le taux d'absence annuel s'élevait à 5,6 % pour les enseignants du second degré. Cette moyenne recouvrait des situations différentes d'une académie à une autre (4,7 % à Bordeaux, 6,4 % à Créteil, 7,3 % en Antilles-Guyane). Une enquête plus récente effectuée en 1994-1995, sur les heures d'enseignement dans le second degré, à partir des indicateurs utilisés pour le pilotage des établissements secondaires, évalue pour sa part le taux d'absence devant élèves à un peu plus de 3 %.
2. Une nécessaire amélioration du système de remplacement
a) Dans le primaire
•
Le système des titulaires remplaçants
Dans chaque département, une partie des enseignants titulaires est
affectée au remplacement des absences, l'importance de ce contingent
étant fixée par l'inspecteur d'académie, en fonction des
besoins et après avis des organismes consultatifs.
Les enseignants dits " titulaires remplaçants "
reçoivent la même formation que leurs collègues et
perçoivent une indemnité de sujétions spéciales.
Ils sont rattachés à une école et répartis soit
dans une brigade départementale, soit dans des zones d'intervention
localisées (Z.I.L.). Ces dernières, constituées de groupes
d'environ vingt-cinq classes, sont, en règle générale,
destinées au remplacement des congés de faible durée. Les
brigades départementales, dont le rayon d'action est plus important,
sont gérées par les services de l'inspection académique et
permettent, en particulier, le remplacement des congés plus longs et
notamment des personnels en formation continue.
Le fonctionnement du dispositif des titulaires remplaçants fait
apparaître des disparités entre les départements, tenant
à la différence des moyens mis en place et à
l'évolution du rythme des absences. A titre indicatif, pour
l'année 1997, 18 939 emplois étaient affectés au
remplacement des congés de maladie et de maternité, soit
6,15 % des emplois, ce qui permet théoriquement de satisfaire les
besoins de remplacement pour cette forme de congés. L'évolution
des absences n'étant pas uniforme tout au long de l'année
scolaire, il peut être fait appel en complément aux personnels
affectés au remplacement des stagiaires de la formation continue afin de
mieux assurer la couverture des absences dues à la maladie et à
la maternité.
•
La réforme du système de remplacement des
enseignants du premier degré en formation continue
En 1997, 4 422 emplois étaient affectés au remplacement des
absences des enseignants au titre de la participation à des stages de
formation continue.
Le relevé de conclusions relatif à l'enseignement primaire,
signé le 10 juillet 1998, envisage un nouveau mode d'organisation de la
formation continue des enseignants des écoles qui comprendra
désormais des formations obligatoires et des formations facultatives.
La formation est
obligatoire
lorsque son objet est d'actualiser des
connaissances, des compétences et des savoir-faire indispensables
à la fonction d'enseignant. Elle serait organisée en IUFM
à partir de plans académiques ou nationaux et est prise sur le
temps d'enseignement devant les élèves. Dans ce cas, le
remplacement des enseignants en formation serait assuré par les
personnels chargés de remplacement ou par les professeurs des
écoles stagiaires des IUFM.
La formation est
facultative
quand son objet n'est pas directement
nécessaire à l'évolution du métier. Fondée
sur le volontariat, elle se déroulerait hors du temps d'enseignement
devant les élèves, serait assurée en milieu universitaire
et devrait être diplômante ou qualifiante.
Les moyens disponibles pour le remplacement des maîtres absents ou en
formation feront l'objet, selon les académies et les
départements, d'une évaluation précise quant à leur
utilisation. Une concertation départementale sera organisée afin
de rendre plus efficace le dispositif de remplacement dans le premier
degré, en évitant le cloisonnement entre les structures et en
facilitant l'intervention des enseignants rattachés à une Z.I.L.
au delà de 20 km. Une meilleure utilisation des titulaires
remplaçants sera recherchée lorsqu'ils n'ont pas de remplacement
à effectuer. Les maîtres chargés du remplacement devront,
en dehors des périodes de remplacement, être présents dans
les écoles de rattachement pour y exercer des activités
pédagogiques auprès des élèves.
b) Dans le second degré
La
gestion du remplacement des enseignants du second degré doit permettre
de faire face à des absences de courte durée (moins de quinze
jours) qui sont souvent imprévisibles et donc difficiles à
gérer.
La recherche d'une gestion optimale des moyens disponibles, adaptée
à chaque type d'absence, devrait permettre d'assurer une meilleure
couverture des besoins de remplacement.
Les travaux de la table ronde " Pas de classe sans enseignant ",
présidée par le recteur Bloch, visaient à définir
les principes d'organisation et de gestion permettant de faire face au
remplacement. Ils ont permis d'identifier vingt mesures destinées
à assurer la présence des enseignants dans les classes et
à organiser leur remplacement.
La proposition n° 14 tend notamment à éviter les
départs en cours d'année scolaire. Le rapport estime qu'il
convient de mieux prendre en compte les exigences éducatives,
d'éviter de perturber les élèves et les
établissements en faisant, d'une part, mieux coïncider les
départs à la retraite ou en congé de fin
d'activité, vers l'université ou l'étranger avec la fin de
l'année scolaire et en programmant, d'autre part, avant la fin de
l'année scolaire précédente, les détachements et
les mises à disposition.
La mise en oeuvre de ce dispositif nécessite cependant d'aligner la
législation sur celle prévue pour les enseignants du premier
degré qui ont l'obligation de rester en activité jusqu'à
la fin de l'année scolaire s'ils remplissent en cours d'année la
condition d'âge pour obtenir la jouissance immédiate de leur
pension.
S'agissant des affectations vers le supérieur, les départs vers
l'étranger ou les mises à disposition, les recteurs devraient
désormais disposer des arrêtés ou des avis de mutation au
plus tard en juin, de manière à leur permettre de pourvoir
à la rentrée scolaire au remplacement des personnels
concernés. Les vacances de poste postérieures à cette date
feront l'objet d'un avis donné par le recteur de l'académie
d'origine et aucun départ ne devrait être autorisé
après la rentrée scolaire.
La gestion des détachements apparaît plus facile dans la mesure
où bon nombre de missions d'enseignement à l'étranger ou
en outremer ont une durée qui coïncide avec les périodes
scolaires en vigueur en France.
La proposition n° 16 vise à renforcer les pouvoirs de
l'établissement en matière de gestion des absences de courte
durée. Il reviendrait aux chefs d'établissement de rechercher les
solutions permettant la prise en charge des élèves dont le
professeur est absent, soit en rétribuant un enseignant volontaire de
l'établissement en heures supplémentaires, soit en recrutant un
vacataire.
Enfin, la proposition n° 20 concerne les conditions d'exercice des
remplaçants et part du constat que le dispositif actuel
révèle notamment une inadéquation entre les besoins en
moyens de remplacement des académies et le potentiel d'enseignants dont
elles disposent. La mise en oeuvre du mouvement national à gestion
déconcentrée devrait permettre de mieux adapter les moyens
existants aux besoins.
Les modalités d'application des mesures visant à préserver
les heures d'enseignement destinées aux élèves devraient
être examinées lors du comité de suivi de la table ronde
d'octobre 1998.
3. La nécessité d'améliorer la gestion des personnels de l'éducation nationale
En
dépit d'efforts de modernisation, les mécanismes de gestion des
personnels de l'éducation restent obscurs et de larges incertitudes
subsistent quant à l'emploi effectif de trop nombreux enseignants et
non-enseignants. Les revendications récentes des lycéens ont
révélé en effet que malgré une progression
constante du budget de l'éducation et une augmentation
régulière des personnels intervenant dans un mouvement de baisse
régulière du nombre des élèves, toutes les
académies réclament toujours plus de professeurs et de moyens.
On peut, en effet, s'étonner que quelque 500 000 enseignants
ne soient pas en mesure de répondre de manière satisfaisante aux
besoins d'encadrement de 5,7 millions de collégiens et de
lycéens.
Force est de reconnaître que le législateur qui ne connaît
que des lignes d'emplois non ventilés n'a pas les moyens de
contrôler les affectations réelles en postes, ainsi que leur
répartition et qu'il n'est pas en mesure d'appréhender la
réalité de la gestion des carrières.
L'éducation nationale recourt chaque année à toujours plus
de maîtres auxiliaires alors que des enseignants en surnombre existent ;
à chaque rentrée des postes restent vacants alors que des
enseignants n'ont pas de poste.
Afin de faire la lumière sur la situation et la gestion de ces moyens
considérables, le Sénat a décidé de créer
une commission d'enquête. Elle devrait permettre ainsi de connaître
avec précision les effectifs véritables des enseignants et
non-enseignants, les effectifs éventuellement inemployés, ceux
qui sont en situation de disponibilité ou en détachement dans
divers organismes (mutuelles, syndicats, associations), le nombre de stages de
formation, les arrêts maladie de longue durée.
III. LES RÉPONSES DE L'ÉCOLE AUX INÉGALITÉS SOCIALES ET À LA VIOLENCE
Depuis
plusieurs décennies l'école républicaine s'efforce de
s'adapter à un environnement caractérisé notamment par le
développement des inégalités, la montée de la
violence, l'hétérogénéité croissante des
élèves qui résultent pour la plus grande part de la crise
économique et sociale engendrée par le chômage.
La réforme des ZEP, la prévention de la violence, le
développement d'une politique sociale et de santé scolaire
constituent autant de réponses de l'école républicaine, du
niveau préélémentaire jusqu'à celui du
lycée, aux défis qui lui sont lancés.
A. LES RÉPONSES APPORTÉES PAR L'ÉCOLE AUX DISPARITÉS DE DÉVELOPPEMENT
1. La politique de relance des zones d'éducation prioritaires
a) Le plan de relance de 1998
La
relance de la politique des zones d'éducation prioritaires, dont les
grands axes ont été présentés au conseil des
ministres du 14 janvier 1998, a été débattue lors des
forums académiques et des assises nationales de Rouen.
L'objectif est de redessiner une carte établie en 1983 et
révisée globalement en 1989 et qui ne correspond plus aux
réalités sociales, mais aussi, par la création de
réseaux d'éducation prioritaires (REP) et la signature des
contrats de réussite, d'apporter une réponse en termes de moyens
pour améliorer les résultats scolaires des élèves.
La carte des ZEP sera revue par chaque recteur à partir de
critères socio-économiques. Les critères de
réussite scolaire ne devraient pas être pris en compte afin de ne
pas pénaliser les établissements qui ont progressé dans la
voie de la réussite de leurs élèves.
Les réseaux d'éducation prioritaires devraient apporter aux
recteurs la possibilité de créer des ZEP de taille raisonnable et
permettre la mise en commun des ressources afin d'éviter le
cloisonnement de certaines ZEP et/ou l'isolement de certaines écoles et
établissements.
Ils devraient permettre aussi d'associer à des établissements en
ZEP, d'autres écoles, collèges ou lycées appartenant au
même bassin de formation, au même secteur scolaire et de compenser
l'isolement des établissements en zone rurale.
Enfin, pour les écoles ou établissements ne remplissant pas
l'ensemble des conditions justifiant le classement ou le maintien en ZEP,
l'inscription en réseau d'éducation prioritaire devrait permettre
d'apporter une réponse en terme de moyens.
La relance des ZEP et la création des réseaux d'éducation
prioritaires s'appuient sur le contrat de réussite passé entre
les responsables des ZEP et les autorités académiques. Le contrat
précise les moyens nécessaires en postes, heures et
crédits et intègre les mesures d'accompagnement, d'animation
pédagogique et de formation nécessaires. Il peut
éventuellement associer des partenaires extérieurs.
Le contrat de réussite fixe les objectifs pédagogiques de la
politique d'éducation prioritaire, dans le cadre des dix
priorités nationales définies par le ministère
chargé de l'éducation nationale :
- réaffirmer des exigences communes pour assurer un égal
accès de tous au savoir ;
- assurer en priorité la maîtrise de la langue orale et
écrite et recentrer les projets d'établissement autour de
l'appropriation des compétences de base ;
- introduire un enseignement à l'image pour favoriser une meilleure
maîtrise de l'information et renforcer les activités culturelles
et l'accès aux disciplines de la sensibilité ;
- promouvoir la scolarisation précoce pour ouvrir plus largement les
voies de la réussite scolaire ;
- assurer le soutien pédagogique des élèves les plus
fragiles et définir les moyens de lutte contre l'échec
scolaire ;
- renforcer l'éducation à la citoyenneté et la mettre en
place dans les chartes de vie scolaire, les codes des droits et devoirs, ainsi
que mettre en place le comité d'éducation à la
santé et à la citoyenneté ;
- resserrer les liens de l'école avec les parents ;
- ouvrir l'école sur le quartier et développer les
activités périscolaires en intégrant le contrat
éducatif local au contrat de réussite ;
- donner aux acteurs de terrain des outils véritablement efficaces pour
évaluer leurs progrès ;
- améliorer l'accompagnement des enseignants et créer les
conditions d'un pilotage plus efficace.
b) Le rappel des principales caractéristiques des ZEP
Les 563
ZEP existantes regroupent 6 185 établissements, soit
5 318 écoles, 724 collèges, 37 lycées, 106
lycées professionnels, c'est-à-dire 10 % des écoles
et établissements publics. 86 % de ces établissements sont
implantés en milieu urbain. Près de 10 % des
élèves de l'enseignement secondaire public sont scolarisés
en ZEP soit 471 000 élèves.
Les personnels affectés en ZEP bénéficient d'un
système indemnitaire constitué de trois mesures :
- l'indemnité de sujétions spéciales ZEP d'un montant de
6 828 F qui est accordée à 80 000 enseignants et
non enseignants ;
- une indemnité de suivi et d'orientation des élèves
constituée d'une part fixe (7 083 F) pour tous les enseignants du
second degré et d'une part modulable variant entre 5 289 F et
8 325 F allouée aux professeurs principaux ;
- une bonification indiciaire variant entre 10 et 30 points selon les fonctions
exercées.
c) Les mesures de revalorisation prévues par le plan de relance
Ces
mesures consistent en une augmentation du contingent d'indemnité de
sujétions spéciales ZEP de 3 000 unités pour le
premier et le second degré qui représente un coût de
20,59 millions de francs. Les 711 collèges situés en
ZEP, et faisant partie d'un réseau d'éducation prioritaire,
seront classés dans une catégorie supérieure à
celle à laquelle ils pourraient normalement prétendre au sein de
quatre catégories, ce surclassement permettant de moduler la
ramification indiciaire des chefs d'établissement.
Le coût de cette mesure applicable à la rentrée 1999 sera
de 5,94 millions de francs.
Enfin, une provision de 10 millions de francs est inscrite pour
revaloriser en janvier 1999 le taux de l'ISS des directeurs d'écoles
situées en ZEP.
2. Un exemple significatif : le plan de rattrapage pour la Seine-Saint-Denis.
Dès la remise du rapport Fortier sur la situation en
Seine-Saint-Denis, un plan d'urgence était annoncé le 2 mars 1998
comprenant notamment l'affectation de 208 postes supplémentaires et de
1 741 emplois-jeunes.
Ces premières mesures répondaient à la demande pressante
des enseignants pour l'amélioration de l'encadrement éducatif et
médico-social. Les partenaires locaux représentés au
comité départemental de l'éducation nationale
étaient invités à préparer un plan de rattrapage
pour les quatre années à venir, le calendrier de mise en oeuvre
constituant un engagement contractuel des différents partenaires de
l'action éducative.
Ce premier plan a permis de porter la dotation en emplois de la
Seine-Saint-Denis à hauteur de la dotation nationale moyenne.
Néanmoins, la situation restait inférieure aux besoins du
département, en particulier en raison du nombre plus faible
d'enseignants titulaires. Les mesures supplémentaires annoncées
le 2 avril 1998 devaient entrer en vigueur à la rentrée 1998 :
- dans le secondaire, création de 70 postes d'enseignants
supplémentaires ;
- dans le primaire, attribution de 40 postes de professeurs des écoles,
de 35 emplois de remplacement supplémentaires et d'une centaine de
postes de professeurs des écoles stagiaires à l'IUFM ;
- poursuite de l'effort de mise en place de personnels ATOS afin d'atteindre
dès la rentrée le chiffre de 160 postes ;
- affectation de 1 759 emplois-jeunes supplémentaires.
Le 30 avril les ministres ont reçu, à leur demande, les
fédérations syndicales, les associations de parents
d'élèves, et la coordination des établissements scolaires
de la Seine-Saint-Denis. A l'issue de cette rencontre, et pour prendre en
compte la situation spécifique du département, il a
été décidé :
- d'annuler pour la rentrée 1998 les mesures de fermeture de classes ou
de divisions ;
- de créer 3 000 postes enseignants sur trois ans ;
- de débloquer 12 millions de francs sur trois ans,
consacrés au développement des nouvelles technologies de
l'information et de la communication ;
- de confier la direction de l'académie de Créteil à une
nouvelle équipe.
Ce plan de rattrapage s'inscrit dans un ensemble de mesures prises aussi bien
au niveau des collectivités locales que des autres ministères.
Les conseils généraux et les conseils régionaux à
qui incombe respectivement l'entretien des collèges et des lycées
ont décidé d'élaborer un plan pluriannuel.
Un renforcement de la coopération entre les services de l'Etat
(éducation, justice, intérieur) et ceux des conseils
généraux a été mis en oeuvre pour réduire le
phénomène de la délinquance des mineurs.
Les moyens en personnel ont été fortement augmentés par
les différents ministères concernés : 16 postes de juges
pour enfant ont été créés, le ministre de
l'intérieur a engagé 2000 agents de sécurité dans
26 agglomérations, tandis que les ministres chargés de
l'éducation, de l'emploi et de la solidarité, de la ville ont
engagé un programme de lutte contre les violences scolaires.
3. Les limites de la discrimination positive
Comme
elle l'a déjà fait il y a quelques mois lors de l'examen du
projet de loi d'orientation relatif à la lutte contre les exclusions,
votre commission voudrait rappeler que les ZEP présentent, après
plus de quinze ans d'existence, un bilan contrasté.
On peut en effet constater que les performances scolaires des
élèves de ZEP restent très inférieures à
celles des autres élèves, notamment pour les apprentissages
fondamentaux.
En dépit des efforts engagés depuis 1982 et du fait d'une
dégradation continue de ces zones, le niveau moyen des
élèves qui y sont scolarisés ne se maintient qu'avec
difficulté.
Enfin, comme on a pu le constater aux Etats-Unis, il n'est pas douteux que la
mise en oeuvre d'une politique de discrimination positive a aussi pour effet de
stigmatiser certaines populations dans un registre d'assistance, de conduire
les autres populations à fuir les zones et institutions
incriminées et à accroître l'isolement des
bénéficiaires. L'exemple de la Seine-Saint-Denis qui a vu ses
meilleurs élèves se tourner vers les lycées parisiens en
porte témoignage.
B. LA POLITIQUE DE PRÉVENTION ET DE RÉDUCTION DES VIOLENCES SCOLAIRES
La
montée de la violence en milieu scolaire constitue désormais une
donnée permanente qui affecte aussi bien les établissements
difficiles que les autres.
Plusieurs plans de prévention de la violence ont été mis
en place depuis quelques années, le dernier ayant été
lancé à l'automne 1997.
1. Les objectifs du plan de lutte contre la violence en milieu scolaire du 5 novembre 1997
Ce plan
visait à assurer la sécurité à l'intérieur
et aux abords des établissements, rétablir des règles,
s'attaquer aux causes de la violence et organiser la prévention.
Dix sites d'intervention répartis sur six académies sensibles
(Créteil, Versailles, Lyon, Aix-Marseille, Lille et Amiens) ont
été choisis après avis des recteurs. Un peu plus de 400
établissements secondaires (collèges, lycées et
lycées professionnels) sont concernés par ce plan ainsi que leurs
réseaux d'écoles élémentaires et maternelles.
Plus de 270 000 élèves du secondaire et près de
640 000 élèves du primaire ont
bénéficié de cette opération qui a
été organisée autour de quatre objectifs principaux :
concentrer de manière significative les moyens, soutenir les victimes,
renforcer la capacité d'intervention des établissements et
conduire une action éducative globale.
a) La concentration des moyens
La
politique de lutte contre la violence en milieu scolaire a été
mise en place progressivement, à partir de la rentrée 1992. La
première étape a consisté, dans le cadre de la lutte
contre les inégalités sociales, à développer une
politique en direction de 175 établissements " sensibles "
situés dans des quartiers particulièrement
défavorisés sur le plan culturel, économique et social.
Pour permettre aux enseignants de bénéficier de conditions de
travail et de service aménagées et afin qu'ils puissent se
consacrer à des tâches spécifiques à ces
établissements, le potentiel horaire de ceux-ci a été
renforcé à raison de deux heures par enseignant.
La politique de lutte contre la violence a été intensifiée
au cours de l'année scolaire 1997-1998. Le renforcement de la
présence d'adultes dans les établissements scolaires s'est
concrétisé par le nouveau programme d'emploi des jeunes, les
aides-éducateurs étant prioritairement affectés dans les
établissements du premier et du second degré situés dans
des sites particulièrement sensibles. Sur les 9 514
aides-éducateurs recrutés sur des " emplois-jeunes "
dans les académies sensibles, un peu plus de 4 000 ont
été affectés dans les écoles et les collèges
confrontés à des problèmes de violence. Le contingent
d'emplois, jeunes recrutés par l'éducation nationale qui
était de 40 000 en 1997 a été porté à
60 000 à la rentrée scolaire 1998. La prévention de
la violence sera l'un des critères principaux pour l'implantation de ces
emplois, principalement dans les lycées professionnels.
Les aides-éducateurs participent d'abord à l'encadrement et
à la médiation scolaire tout en répondant aux besoins
définis par l'équipe éducative de chaque
établissement. Ces affectations ont constitué l'amorce d'une
opération de prévention qui a consisté à
répertorier 412 sites expérimentaux dans six académies
(Aix-Marseille, Amiens, Créteil, Lille, Lyon et Versailles) où
ont été implantés des emplois d'encadrement.
Ce dispositif a été complété au début de
1998 par la création d'emplois :
- 125 emplois d'infirmières et 125 emplois d'assistantes sociales dont
la répartition a été effectuée pour moitié
au prorata des effectifs scolarisés dans les sites expérimentaux
et pour moitié avec un objectif d'amélioration des taux
d'encadrement des élèves dans les académies
sensibles ;
- 58 " équivalent temps plein " de médecins
scolaires ;
- 550 emplois de personnes ATOS, 121 de ces emplois ayant été
réservés à la mise en oeuvre des orientations nationales
en faveur des publics prioritaires (élèves en ZEP et en
établissements sensibles, élèves de zones de
prévention de la violence hors ZEP).
Il a été conforté à la rentrée 1998 par la
création de 175 emplois d'infirmières, 175 emplois d'assistantes
sociales, 21 postes d'adjoints de direction et 79 postes de conseillers
principaux d'éducation supplémentaires pour les zones accueillant
les publics prioritaires.
Pour 1999, il est prévu d'améliorer encore les conditions
d'encadrement puisque la création de 250 emplois de CPE est inscrite au
projet de loi de finances.
S'agissant plus précisément du département de la
Seine-Saint-Denis, particulièrement touché par les
phénomènes de violence et l'échec scolaire, des
décisions ont été prises, comme il a été vu,
afin de renforcer l'encadrement des élèves, à savoir, la
création de 3000 emplois en trois ans de personnel enseignant et
ATOS.
b) Le soutien apporté aux victimes de violences
Un code
de conduite en cas d'incidents graves a été défini : un
fascicule intitulé " Approches partenariales en cas d'infractions
dans un établissement scolaire " ainsi qu'un guide à
l'intention des chefs d'établissement ont été
diffusés à la rentrée 1998.
Afin de donner aux personnels une information complète sur les aides
auxquelles ils peuvent faire appel, un document sera diffusé aux
établissements. Par ailleurs, les dispositifs d'aide aux victimes de
violence déjà en place dans de nombreuses académies seront
développés.
Dans les académies sensibles, les règles de prise en charge des
dégradations commises sur des véhicules appartenant à des
fonctionnaires de l'éducation nationale seront assouplies et, à
cette fin, des conventions ont été passées entre l'Etat et
quatre compagnies d'assurances.
c) Le renforcement des capacités d'intervention des établissements
Une
attention particulière a été portée au mouvement
des personnels de direction dans ces zones notamment afin de valoriser une
expérience réussie dans ce type d'établissement.
Des actions ont été mises en place dans la formation des
personnels d'encadrement (personnels d'inspection et de direction) et des
personnels ATOS et les IUFM des six académies concernées ont
intensifié les modules de formation dans le même sens.
d) Vers une action éducative globale
Les
établissements sont incités à mener une réflexion
sur les règles communes et les sanctions : le règlement
intérieur des établissements devra évoluer vers une
" charte de vie scolaire " en renforçant sa fonction
éducative et la finalité des sanctions sera
précisée. Une circulaire diffusée au cours de
l'année scolaire 1998-1999 portera sur le rôle et la place des
parents dans l'école et la définition d'une politique en
direction des familles.
L'opération " Ecole ouverte " ouverte depuis 1991, consiste
à ouvrir les collèges et les lycées pendant les vacances
scolaires et à proposer aux jeunes des activités culturelles,
éducatives et sportives : 24 académies sont concernées et
125 établissements y participaient en 1994. Ils sont 338 en 1998 et
l'opération sera étendue en 1999 aux élèves des
écoles primaires.
2. La coopération avec les autres ministères concernés
Le partenariat interministériel pour la prévention de la violence scolaire s'inscrit dans un triple cadre :
a) Les conventions départementales
Ces conventions ont pour objectif de renforcer la coopération entre les services ministériels en faisant simultanément porter l'action sur la prévention, le traitement de la violence et de la délinquance, l'aide aux élèves en difficulté ou en danger (maltraitance, démobilisation scolaire, absentéisme répété), l'aide aux parents et aux adultes de la communauté éducative.
b) Les contrats locaux de sécurité
Au terme
de la circulaire du 28 octobre 1997, les autorités académiques et
les chefs d'établissement peuvent intervenir auprès des communes,
des préfets et des procureurs de la République, pour garantir ou
restaurer la sécurité dans les établissements et leur
environnement.
Ces conventions portent notamment sur le dispositif de soutien aux parents, sur
les accords de prévention en faveur des jeunes à l'école
et sur les actions post et périscolaires.
Le rôle des adjoints de sécurité et des agents locaux de
médiation sociale affectés sur des emplois-jeunes sera
défini dans le cadre de ces contrats et prendra en compte les
problèmes de sécurité des établissements scolaires
liés à leur environnement ainsi qu'aux transports
scolaires.
c) La généralisation des CESC
Mis en
place depuis 1990, les comités d'éducation à la
santé et à la citoyenneté constituaient d'abord un outil
de prévention des toxicomanies. Ils ont désormais pour mission de
contribuer, dans une approche éducative globale prenant en compte les
besoins des élèves, au développement de la
citoyenneté, à la prévention des dépendances, des
conduites à risque et de la violence, au suivi des jeunes, à
l'aide aux élèves manifestant des signes de mal-être, au
renforcement des liens avec les familles, et d'apporter un appui aux acteurs de
la lutte contre l'exclusion, en établissant des relations
étroites entre les établissements, les parents les plus en
difficulté et les autres partenaires concernés.
Une circulaire visant leur généralisation a été
publiée le 9 juillet 1998, celle-ci prenant en compte les missions qui
leur ont été dévolues par la loi contre les exclusions.
Parallèlement à ces trois dispositifs, le ministère de
l'intérieur a étendu la compétence des brigades des
mineurs de la police nationale au traitement des violences commises en milieu
scolaire dans 26 départements jugés prioritaires.
3. Les classes relais
Certains
jeunes collégiens entrent dans un processus de rejet de l'institution
scolaire qui prend le plus souvent la forme de manquements graves et
répétés au règlement intérieur, d'un
comportement agressif vis-à-vis des autres élèves ou
adultes de la communauté scolaire, d'un absentéisme chronique non
justifié, aboutissant à des exclusions temporaires ou
définitives de plusieurs établissements.
La circulaire du 12 juin 1998 définit la création, l'organisation
et le suivi des classes relais en collège qui sont destinées
à l'accueil temporaire d'élèves en voie de
déscolarisation ou de marginalisation.
Les classes relais doivent favoriser, par un accueil spécifique et
temporaire, une réinsertion effective des élèves
concernés dans une classe ordinaire de formation, sous statut scolaire
ou, le cas échéant, sous contrat de travail. Les classes relais
ont un objectif de " resocialisation " et de
" rescolarisation " de ces élèves.
La durée de fréquentation d'une classe relais peut varier de
quelques semaines à plusieurs mois, sans toutefois excéder une
année scolaire.
L'emploi du temps des élèves est adapté selon leur
situation, leurs capacités et leur progression sans pour autant
négliger les relations entre élèves et le travail en
groupe. Des situations d'apprentissage collectif sont donc
systématiquement associées aux périodes de travail ou
d'activité plus individualisées et l'emploi du temps doit se
rapprocher progressivement d'un emploi du temps habituel de collégien.
A l'expérience, il apparaît souhaitable que l'équipe
d'encadrement soit fondée sur le volontariat, qu'elle soit
constituée d'enseignants et d'éducateurs, et qu'elle travaille en
relation étroite avec les personnels sociaux et de santé des
établissements.
Tout jeune fréquentant une classe relais demeure sous statut scolaire et
inscrit dans un établissement scolaire, qui n'est pas
nécessairement le collège de rattachement du dispositif.
L'inspecteur d'académie décide de l'admission d'un
élève dans une classe relais sous réserve de l'accord de
l'élève et du consentement de la famille ou du
représentant légal.
Une enquête menée en février 1998 auprès des
académies a permis de recenser 80 classes relais et 44 projets.
Le conseil de sécurité intérieure du 8 juin 1998 a
décidé de renforcer le rôle de prévention de
l'école afin de contribuer plus efficacement à la prise en compte
de la délinquance des mineurs. Il a fixé l'objectif de 100
classes relais en 1998/1999 et de 250 en 1999/2000.
4. L'extension du plan expérimental de lutte contre la violence scolaire
L'expérimentation dans neuf sites de six
académies du
plan de prévention de la violence lancé à l'automne 1997 a
sans doute contribué à réduire la violence aux abords des
établissements concernés du fait de l'institution des
aides-éducateurs et des adjoints de sécurité, mais n'a pas
empêché la montée de la violence dans les
établissements et les classes, notamment à l'égard des
enseignants.
Ce plan a été renforcé et étendu à
l'ensemble des académies et des établissements par la circulaire
interministérielle du 11 octobre 1998.
Celle-ci autorise désormais la fouille des élèves et met
l'accent sur l'absentéisme scolaire et sur l'obligation du personnel
éducatif de collaborer avec les services de police ou de justice.
Elle est assortie d'un guide pratique sur les infractions en milieu scolaire
recensant onze cas d'infractions, présentant les conduites à
tenir et exposant les qualifications pénales des délits
constatés : son ambition est de fournir aux équipes
pédagogiques un outil contre la violence et de renforcer les
partenariats avec les services de police et de justice.
5. La campagne contre le racket dans les collèges
D'après les chiffres fournis par le ministère,
3 500 cas de racket interviendrait chaque année en collège,
le racket affectant 15 % des collèges mais jusqu'à un
établissement sur quatre en zone sensible. Pour 90 % des faits
recensés, les coupables sont scolarisés dans le même
établissement que leurs victimes.
Afin de briser une loi du silence qui dissimule en fait la gravité de la
situation, la ministre déléguée à l'enseignement
scolaire a lancé le 6 octobre 1998 une campagne " non au
racket " dans les collèges qui consiste à diffuser
directement dans les établissements deux brochures, l'une
destinée aux collégiens, l'autre à la communauté
éducative, accompagnées d'un numéro de
téléphone.
Les deux dépliants rappellent que le racket avec violence constitue un
délit et que les mineurs de 13 à 16 ans ne sont pas
dispensés de sanctions.
C. LA POLITIQUE SANITAIRE ET SOCIALE MENÉE PAR L'ÉDUCATION NATIONALE
Afin de répondre à la précarité sociale de trop nombreux élèves et aux situations de détresse des familles touchées par la crise économique, l'éducation nationale est contrainte de développer des actions en matière sociale et dans le domaine de la santé scolaire.
1. Le rétablissement des bourses de collège
La loi
d'orientation relative à la lutte contre les exclusions a permis de
rétablir à la rentrée 1998 le système des bourses
de collège qui remplaceront l'aide à la scolarité
versée par les organismes débiteurs des prestations familiales :
600 millions de francs destinés aux CAF ont été ainsi
transférés au budget de l'éducation nationale en
août 1998 et affectés aux académies en septembre dernier.
Les crédits destinés aux bourses de collège
s'élèveront à 949 millions de francs en 1999.
Ces bourses attribuées sous condition de ressources
bénéficieront à tous les élèves inscrits en
collège, quel que soit leur âge, c'est-à-dire que les
collégiens de moins de 11 ans et de plus de 16 ans, ou les enfants
uniques qui étaient exclus de l'aide à la scolarité
pourront à nouveau en bénéficier.
Les demandes sont instruites désormais par l'établissement, le
nombre d'enfants à charge et les revenus de la famille
déterminant le taux d'attribution de la bourse.
Outre les deux taux existants (351 francs et 1 122 francs), un troisième
taux est créé pour les familles les plus démunies (1 800
francs).
Si elle ne peut que se satisfaire du rétablissement de ce
système, votre commission regrette cependant que le montant des bourses
de collège reste excessivement bas et surtout que leur versement soit
subordonné à des conditions de ressources si faibles qu'elles ne
bénéficient en fait qu'aux familles relevant de minima
sociaux.
2. Les fonds sociaux
Créés respectivement en 1991 et en 1995, le fonds
social collégien et le fonds social lycéen étaient
destinés à aider certains élèves et leur famille
à faire face à des situations difficiles et à participer
aux dépenses liées à la scolarité.
Leurs crédits sont répartis entre les académies en
fonction des effectifs d'élèves et de critères sociaux et
attribués aux établissements par les recteurs.
La consommation de ces crédits est passée de 30 millions de
francs en 1995 à 103 millions de francs en 1996, les dotations
budgétaires affectées au fonds social collégien ayant
été portées à 180 millions de francs en 1997
et 1998, tandis que la dotation du fonds social lycéen était de
140 millions de francs de 1996 à 1998.
Enfin, le fonds social pour les cantines créé à la
rentrée scolaire 1997 a été doté en loi de finances
pour 1998 de 250 millions de francs. Ce fonds a été mis en
place pour mettre fin à la situation dans laquelle des enfants, faute de
moyens financiers, se trouvent privés de déjeuner. Ce fonds est
réparti entre les établissements publics du second degré
en fonction de la situation sociale des élèves accueillis dans
ces établissements.
Enfin, la loi d'orientation contre les exclusions prévoit dans son
article 146 que le gouvernement présentera au Parlement avant le
1er septembre 1999 un rapport sur l'évolution de la
fréquentation des cantines scolaires depuis 1993, ainsi que sur le
fonctionnement des fonds sociaux.
3. Le nécessaire renforcement du service social et de santé scolaire
Le
projet de budget permettra de renforcer les moyens du service social et de
santé scolaire en créant 30 emplois de médecins, 185
emplois d'infirmières et 185 emplois d'assistantes sociales.
Ces emplois devraient permettre de mieux encadrer les élèves en
difficulté et d'accompagner, comme il a été vu, la relance
de la politique en faveur des élèves scolarisés en ZEP.
En dépit de cet effort, et votre commission l'a déjà
souligné dans le passé, les moyens accordés à la
santé scolaire et au service social restent très insuffisants au
regard de l'état sanitaire de trop nombreux élèves : les
médecins scolaires sont en nombre insuffisant et de nombreux vacataires
utilisés à temps partiel devraient être
intégrés.
Il importerait enfin d'engager une véritable politique de
prévention contre la toxicomanie dans les établissements
scolaires.
Deux enquêtes récentes menées par l'INSERM, l'une sur les
comportements des jeunes de 11 à 19 ans, et l'autre sur les
comités d'environnement social, devenus comités
d'éducation à la santé et à la citoyenneté,
révèlent en effet notamment que dans plus de la moitié des
collèges consultés, le tabagisme est un phénomène
préoccupant, que la drogue l'est pour 20 % et l'alcoolisme pour
15 %.
IV. LES PERSPECTIVES DE RÉFORME DE L'ENSEIGNEMENT SCOLAIRE
L'école de la République ne joue plus
aujourd'hui le
rôle d'ascenseur social qu'elle exerçait dans un passé
encore récent et tend même, selon certains, à reproduire,
voire à aggraver les inégalités.
Le nombre de sorties sans qualification du système éducatif ne
traduit pas à lui seul la gravité du
phénomène : les formations inadaptées à
l'emploi, les apprentissages fondamentaux mal assimilés, les
orientations hasardeuses dans des filières qui conduisent trop
d'élèves à l'échec scolaire, à des
filières de relégation ou à des impasses sur le plan
professionnel traduisent ainsi les principaux dysfonctionnements de notre
système scolaire.
La conception de l'école unique a vraisemblablement vécu et
chaque niveau d'enseignement devra sans doute être profondément
revu et aménagé pour répondre aux besoins d'une population
scolaire de plus en plus hétérogène.
Si notre enseignement scolaire a répondu sur le plan quantitatif de
manière satisfaisante au défi de la démocratisation, il
lui faut désormais répondre à celui de la qualité
en s'adaptant et en se diversifiant, qu'il s'agisse de l'école primaire,
du collège et du lycée.
A. UNE NÉCESSAIRE RÉFORME DE L'ÉCOLE PRIMAIRE
1. Les propositions de réforme
a) La charte pour l'école du XXIe siècle
Présenté le 28 août dernier et sous un
intitulé qui se veut ambitieux, ce document s'articule autour de trois
thèmes : adapter les programmes en les centrant sur les apprentissages
fondamentaux du langage, de la lecture, de l'écriture et du calcul, en
les articulant avec les programmes de collège, mettre en place de
nouveaux rythmes scolaires afin de tenir compte des conditions sociales de
l'enfant dans une perspective d'égalité des chances, repenser le
métier de professeur des écoles en lui donnant une plus grande
autonomie pédagogique et en favorisant le travail en équipes.
S'agissant des programmes, il convient de rappeler que la dernière
réforme en ce domaine ne remonte qu'à 1995.
Une expérimentation devait être engagée début 1999
auprès de 2 000 écoles volontaires dont la moitié en
ZEP, mais ce projet semble aujourd'hui remis en cause. Avec le concours de
l'Institut national de recherche pédagogique, un débat national
sur l'école devrait être organisé et un bilan des
réformes engagées depuis dix ans sera établi.
Si cette charte a été plutôt bien accueillie par les
organisations syndicales et les parents d'élèves, il est
vraisemblable que la mise en oeuvre de cette réforme nécessitera
de recruter des personnels supplémentaires, notamment pour les
activités sportives, de recourir davantage aux emplois-jeunes, voire de
redéfinir à terme le service des enseignants. Elle pose
également le problème de la gratuité des activités
proposées.
b) Le rapport Pair
Ce
rapport qui a été remis au ministre en février 1998
propose un ensemble de mesures tendant, notamment, à réorganiser
la gestion des établissements du premier degré en leur
conférant une plus grande autonomie et en confiant à chaque
inspecteur d'académie un secteur comportant un nombre plus réduit
d'écoles et d'établissements.
Il suggère également d'instaurer un échelon
hiérarchique intermédiaire entre les inspecteurs de
l'éducation nationale et les directeurs d'écoles et de regrouper
certaines écoles primaires en établissements dotés d'une
sorte de " super directeur ".
c) Le rapport Ferrier
Publié le 25 septembre dernier, ce rapport a pour
objectif
d'améliorer l'efficacité des écoles primaires et propose
notamment qu'une évaluation soit organisée à
l'entrée au cours préparatoire et qu'un " brevet des
écoles ", passé à l'issue du CM2, permette
d'évaluer les élèves sur l'ensemble des disciplines, cet
examen devant être sans incidence sur le passage au collège.
Il souligne également le faible intérêt des
évaluations actuelles effectuées en CE2 et dénonce une
baisse continue du temps consacré aux apprentissages fondamentaux, ainsi
que les pertes de temps dans l'école. Il s'interroge aussi sur la
portée pédagogique de certaines sorties scolaires, propose de
revenir à des programmes plus concrets, d'approfondir la formation des
directeurs d'école et des enseignants appelés à exercer en
maternelle et de réviser la réglementation générale
relative à la prise en charge en milieu scolaire des enfants en grande
difficulté ou handicapés.
2. Le nécessaire rétablissement des missions fondamentales de l'école primaire
Ces
diverses propositions témoignent que l'école primaire n'assure
plus les missions qui lui sont assignées, notamment celle qui consiste
à faire acquérir à tous les élèves du cycle
des apprentissages fondamentaux une bonne maîtrise de la lecture et de
l'écriture et de prendre en charge, tout au long du cycle des
approfondissements, les élèves en difficulté
d'apprentissage.
Dans cette perspective, tout doit être mis en oeuvre pour qu'aucun
élève n'arrive au collège sans une maîtrise
suffisante de ce qui conditionne sa réussite scolaire.
En fait, la situation apparaît aujourd'hui, sur ce point,
particulièrement inquiétante.
L'illettrisme constitue un fléau pour notre société et il
n'est pas acceptable, comme le révèlent les estimations les plus
crédibles, que 10 à 20 % des jeunes appelés se
situent en deçà du seuil de la lecture d'un texte approfondi.
En dépit d'initiatives pédagogiques prises depuis 1990 et d'une
refonte des programmes décidée en 1995, le système
scolaire reste incapable de récupérer les élèves en
grande difficulté et témoigne de l'absence d'une politique
cohérente contre l'illettrisme.
La situation des ZEP est particulièrement préoccupante :
leurs élèves, en classe de CE2 et en sixième, sont deux
fois plus nombreux que les autres à ne pas maîtriser les
compétences de base en lecture et aucune amélioration en ce
domaine n'est perceptible depuis plusieurs années du fait de la
dégradation continue de l'environnement général de ces
zones.
Votre commission considère qu'une véritable politique de la
lecture doit être entreprise sur un plan général et dans
les zones défavorisées : toutes les méthodes
d'apprentissage de la lecture ne se valent pas et certaines sont plus efficaces
que d'autres, notamment pour les élèves en situation de
détresse scolaire.
L'ère des colloques et des assises sur la lecture est aujourd'hui
révolue et des consignes pédagogiques claires et concrètes
doivent rapidement être données aux enseignants des écoles
afin d'éradiquer ce fléau de l'illettrisme.
3. L'enseignement des langues vivantes dans le premier degré
Cet
enseignement doit privilégier la continuité de l'apprentissage
tout au long du cursus, le développement des compétences des
élèves à l'oral et le recours à de nouvelles
approches pédagogiques incluant notamment l'utilisation des technologies
nouvelles.
La rentrée scolaire 1998 a permis d'envisager une
généralisation progressive de l'enseignement d'une langue vivante
à l'école primaire, choisie par les parents en fonction des
langues vivantes offertes en sixième dans le collège du secteur
afin d'assurer une continuité de l'apprentissage entre l'école et
le collège.
Cet enseignement sera généralisé dans toutes les classes
comprenant des élèves de CM2, soit 16 000 classes
nouvelles. Au total, 636 000 élèves de CM2, soit
96 % de l'effectif, recevront un enseignement de langue vivante
étrangère, cet enseignement devant être étendu au
CM1 à la rentrée 1999.
Proposé en allemand, anglais, arabe, espagnol, italien, portugais et
russe, cet enseignement d'au moins 90 minutes par semaine, réparti
autant que possible en séquences courtes et régulières,
mettra l'accent sur la communication orale.
L'enseignement d'une langue vivante étrangère au CM2 sera
dispensé par des personnels enseignants du premier et du second
degré, des assistants étrangers et des intervenants
extérieurs agréés. Tous ces personnels devront intervenir
en complément des personnels déjà en place. Environ
1 000 assistants étrangers seront recrutés et
affectés dans les écoles primaires.
La continuité de l'apprentissage des langues vivantes entre
l'école primaire et le collège sera assurée dans toutes
les langues proposées, notamment pour celles dont on souhaite
développer davantage l'apprentissage : allemand, arabe, italien,
portugais, russe. Les familles devraient être informées de l'offre
académique ainsi que des particularités et de l'utilité de
chacune des langues proposées.
Des groupes de pilotage académiques des langues vivantes sont
chargés de la cohérence et du suivi de l'ensemble des actions
engagées dans le premier et le second degrés. Au niveau national,
un groupe est chargé de la mise en place de la réforme de
l'enseignement des langues dans l'ensemble de l'enseignement scolaire, un
rapport d'évaluation devant être remis en juin 1999.
Votre commission qui prête, depuis plusieurs années, une attention
toute particulière au développement du pluralisme linguistique
dans l'enseignement des langues ne peut que saluer ces orientations mais
restera attentive à leur mise en oeuvre effective, notamment dans
l'enseignement primaire, afin d'éviter de perpétuer le
" tunnel du tout anglais ".
4. La mise en place de nouveaux rythmes scolaires
L'objectif recherché par le gouvernement en ce domaine est de promouvoir la réussite scolaire et l'épanouissement de la personnalité des enfants des écoles maternelles et élémentaires et des élèves de collège, en particulier ceux qui ont le plus de difficultés à accéder aux différentes formes de culture.
a) L'historique de l'aménagement des rythmes scolaires
En 1939,
le calendrier scolaire est arrêté pour la première fois au
niveau national et les " petites " vacances font leur apparition.
Le zonage des vacances scolaires est créé dans les années
60.
Depuis 1979, les recteurs ont la possibilité de déroger aux dates
nationales pour les établissements concernés par
l'aménagement du temps.
En 1984, une circulaire de l'éducation nationale et de la jeunesse et
des sports permet de développer les divers contrats d'aménagement
du temps scolaire.
En 1986, le principe du 7-2 est adopté : cinq périodes de sept
semaines entrecoupées de deux semaines de congés.
En 1991, l'initiative de l'aménagement du temps scolaire est
laissée aux conseils d'école.
En 1995, les " sites Drut " sont lancés (cinq matinées
consacrées aux disciplines scolaires et après-midi " sans
cartable ").
En 1998, le ministre annonce la naissance du contrat éducatif local qui
doit s'inscrire dans le cadre d'un projet éducatif global et une
nouvelle organisation de la journée de classe : disciplines
fondamentales le matin, plus légères en début
d'après-midi, retour aux disciplines fondamentales en milieu de
journée, études surveillées en fin d'après-midi.
Cette organisation relèverait des aides-éducateurs sous le
contrôle des enseignants : 2 000 écoles pilotes seraient
concernées d'ici au début de 1999.
b) La charte de l'école du XXIe siècle
Cette
charte prévoit d'abord une nouvelle conception des programmes. A
l'école primaire, ils doivent être centrés sur des
objectifs et tenir compte du fait que les connaissances acquises à
l'école primaire seront complétées par celles acquises
ultérieurement au collège et jusqu'au terme de la
scolarité obligatoire.
Pour concevoir de nouveaux rythmes sur la journée seront prises en
compte les capacités de l'enfant, la nécessité de
développer les activités artistiques et sportives, la demande
d'accueil à l'école jusqu'à 18 heures, et
l'obligation pour l'éducation nationale d'accueillir de manière
spécifique les enfants en difficulté.
Les activités de l'après-midi doivent être conçues
sous l'autorité des enseignants du premier degré et la fin de la
journée scolaire devrait être consacrée en partie à
l'aide aux devoirs et aux leçons.
c) Le contrat éducatif local
Le
projet éducatif local est destiné à remédier aux
inégalités qui se développent pendant les temps où
les enfants ne sont pris en charge ni par l'école, ni par leur famille.
Cet objectif suppose d'une part une réflexion globale sur
l'équilibre entre temps scolaire, périscolaire (avant ou
après l'école), et extrascolaire (en soirée, le mercredi,
en fin de semaine et pendant les vacances) et, d'autre part, une articulation
entre le projet éducatif local et le projet d'école.
Les administrations d'Etat et les collectivités locales devraient mettre
en commun leurs moyens pour élaborer un contrat éducatif local.
Ce contrat pourra concerner un large secteur géographique -groupement de
communes, ville, arrondissement ou quartier de grande ville- en priorité
dans les zones sensibles ou en difficulté, urbaines et rurales.
Les activités proposées aux enfants et aux adolescents devraient
permettre un accès plus large à toutes les formes
d'activités d'éveil, en particulier à la culture et au
sport.
d) La mobilisation de tous les partenaires concernés
Les
parents seront associés à la mise en place de ces
activités et à leur réalisation. Les personnels de
l'éducation nationale pourront s'y associer également, par
exemple dans le cadre des opérations " école ouverte ".
Les locaux scolaires devraient rester ouverts au maximum après la
classe, notamment au collège.
Tous les projets contractualisés existants qui concourent aux
mêmes fins que les contrats éducatifs locaux leur seront
intégrés : contrats d'aménagement des rythmes de vie des
enfants et des jeunes, dispositifs d'accompagnement scolaire, contrats de
ville, contrats temps libre...
Chaque projet retenu pourra bénéficier des moyens et du
financement des différents départements ministériels
concernés (éducation nationale, jeunesse et sports, culture,
ville).
Les collectivités locales devraient contribuer aux contrats par leurs
équipements, leurs personnels, notamment les emplois-jeunes, et leurs
moyens financiers. D'autres partenaires (associations, caisses d'allocations
familiales, fonds d'action sociale, parents bénévoles...)
pourront s'associer à ces contrats.
La circulaire interministérielle du 9 juillet 1998 relative à la
mise en place du contrat éducatif local et des rythmes
périscolaires définit les modalités de
l'aménagement du temps et des activités de l'enfant. Les contrats
éducatifs locaux issus des projets validés par les groupes de
pilotage départementaux placés sous la responsabilité du
préfet et de l'inspecteur d'académie, devraient entrer en vigueur
dès l'année scolaire 1998-1999.
e) Les observations de la commission
L'organisation des rythmes scolaires passe d'abord sans doute
par
une redistribution des grandes et des petites vacances tout au long de
l'année scolaire à laquelle les associations de parents
d'élèves devront nécessairement être
associées.
Sur un plan plus général, les parents d'élèves
devraient être consultés et régulièrement
informés sur tout ce qui touche à l'organisation du temps
scolaire et du temps des études.
S'agissant de l'organisation même des rythmes scolaires et
périscolaires, c'est-à-dire les activités sportives,
culturelles, informatiques, il importe que ces activités, même si
elles sont assurées par des intervenants extérieurs ou des
aides-éducateurs de type emplois-jeunes, restent sous le contrôle
pédagogique des enseignants et qu'une continuité des
activités entre le matin et l'après-midi, entre les
activités purement scolaires et les autres, soit
privilégiée.
La mise en place des aides à l'étude en fin de journée,
à l'issue de ces activités périscolaires, constitue sans
doute un bon moyen de renforcer cette continuité.
Votre commission s'interroge cependant sur la nécessité d'engager
une nouvelle expérimentation des rythmes scolaires telle que celle-ci
était préconisée à l'origine par la charte de
l'école du XXIe siècle : les nombreuses expériences
déjà engagées avec les collectivités locales, soit
à titre isolé (Epinal, St Fons...), soit sur une plus grande
échelle sous l'égide de l'ancien ministre de la jeunesse et des
sports, fournissent déjà des éléments d'observation
substantiels.
Elle souligne enfin les inégalités qui sont susceptibles de
résulter de la mise en oeuvre de rythmes scolaires, faisant une large
part à des activités périscolaires coûteuses qui
seront pour l'essentiel supportées par les communes.
Si des formules de regroupement entre collectivités locales et des aides
substantielles de l'Etat ne sont pas développées, on voit mal
comment pourra être assurée l'égalité entre les
élèves dans l'accès à ces activités
périscolaires.
Sauf à développer dans d'autres proportions les emplois-jeunes
qui étaient à l'origine prévus pour apporter une
assistance aux équipes pédagogiques, le problème de
l'encadrement et du financement des activités suscitées par le
développement des rythmes scolaires reste donc posé.
B. LE COLLÈGE OUBLIÉ DES RÉFORMES
La
plupart des rapports publiés sur le collège depuis quinze ans
soulignent la faiblesse de ce maillon intermédiaire de l'enseignement
scolaire.
Du rapport Legrand de 1982 aux propositions du rapport Dubet formulées
en juillet 1998, en passant par les rapports du conseil national des programmes
de 1991 et de 1994, ou les quarante propositions de l'inspecteur
général Bouchez en 1994, les analyses convergent : le
collège dit unique constitue le coeur défaillant de la
scolarité obligatoire.
1. Les principales mesures d'aménagements proposées
Les divers rapports préconisant des aménagements au collège centrent leurs propositions sur le service des enseignants, l'organisation des enseignements, les programmes, les établissements et la sectorisation, les exigences requises à l'entrée et à la sortie du collège.
a) Le service des enseignants
Certains
prônent d'abord un retour à la polyvalence des enseignants, de
type PEGC, afin d'assurer une meilleure transition avec le primaire, ainsi
qu'un accompagnement pédagogique inclus dans leur service.
Le rapport Legrand préconisait ainsi un enseignement de 22 heures
hebdomadaires incluant trois heures de concertation et trois heures de tutorat,
ainsi qu'une certaine pluridisciplinarité des enseignants et la
constitution d'équipes pédagogiques, des dernières
années du primaire jusqu'à la classe de cinquième.
Le rapport Bouchez proposait également une harmonisation des formations
des professeurs du premier et du second degré, notamment pour la liaison
CM2-classe de sixième.
b) L'organisation des enseignements : collège pour tous ou collège à la carte ?
Si le
rapport Dubet réaffirme la nécessité du regroupement
hétérogène des élèves, il constate que la
constitution de classes de niveau en sixième est mal perçue mais
que les groupes de niveau sont acceptés au-delà, à
condition d'être temporaires et réservés aux
mathématiques et au français.
Dans le même sens, le rapport Legrand préconise des groupes de
niveau homogènes dans certaines disciplines pendant un tiers du temps
scolaire.
Le comité national des programmes propose pour sa part d'intégrer
les élèves dans un groupe hétérogène de
référence comportant une pédagogie
indifférenciée et dans des regroupements temporaires pour des
objectifs spécifiques.
Le rapport Bouchez se prononce pour une diversification des parcours en
fonction de leur nature et la mise en place d'options dès la classe de
6e, principes qui ont été pour partie repris dans la
réforme Bayrou, et envisage la création d'équipes
supplémentaires d'adultes pour la classe de sixième et les
élèves les plus en difficulté.
c) La mise en place d'un socle commun de connaissances et une diversification disciplinaire progressive
Le
rapport Bouchez, le CNP et le rapport Dubet proposent de définir un
socle fondamental de connaissances exigibles à la fin du collège,
celles-ci devant être hiérarchisées et
allégées par rapport aux programmes actuels.
Ils préconisent aussi une diversification progressive et un enseignement
par blocs disciplinaires en classes de sixième et de
cinquième.
d) Les établissements et la carte scolaire
Les
propositions des différents rapports se rejoignent pour réduire
les dérogations à la sectorisation afin de maintenir le principe
de l'hétérogénéité des élèves
dans les établissements.
Une redéfinition de la carte scolaire est par ailleurs souhaitée
afin que celle-ci ne contribue pas à créer des poches
d'homogénéité négative.
Une réduction de la taille des collèges, le dédoublement
de certains établissements, la mise en réseau des plus modestes,
la réactivation de certaines formes d'internat, l'amélioration
des relations avec les familles constituent autant de propositions
partagées.
e) Les exigences requises à l'entrée et à la sortie du collège
Dans
cette perspective, le rapport Ferrier propose d'instaurer un brevet des
écoles, le ministre ayant regretté pour sa part que toute
évaluation ait été supprimée à
l'entrée du collège.
Si le brevet des collèges n'est pas remis en cause, en raison de son
intérêt pédagogique et de sa valeur symbolique, le CNP, les
rapports Bouchez et Dubet proposent de réorganiser ce diplôme afin
de vérifier l'acquisition des objectifs disciplinaires par les
élèves qui devrait constituer une composante des décisions
d'orientation et d'évaluation.
2. Les observations de la commission
Votre
commission ne peut d'abord que déplorer que le collège reste pour
le moment absent des réformes prioritaires annoncées par le
ministre.
C'est pourtant le collège qui concentre aujourd'hui l'essentiel des
difficultés de l'enseignement scolaire, qu'il s'agisse de la violence
qui continue de se développer au sein des établissements et des
classes, en dépit du plan expérimenté depuis maintenant un
an, ou de l'échec scolaire.
A la suite de l'audit réalisé auprès de quelques
établissements par M. François Dubet, il avait
été annoncé une consultation nationale sur le
collège sur le modèle de celle engagée sur les
lycées.
Une telle consultation, qui aurait concerné cette fois des
élèves mineurs, était-elle réaliste ?
S'agissant de l'évaluation de la réforme pédagogique
engagée par M. Bayrou, le rapport récent de l'inspection
générale, rédigé par M. Alain Dulot, a
dressé un état des lieux du collège unique après
une enquête menée dans 45 établissements : son constat
est alarmant et illustre les dysfonctionnements qui affectent ce maillon faible
de notre système éducatif. Il révèle d'abord la
faiblesse des liens existant entre le primaire et le collège, puis entre
le collège et le lycée, la rareté des vrais projets
d'établissement et une orientation des élèves peu
satisfaisante.
La réforme pédagogique Bayrou n'aurait ainsi guère
été suivie d'effets en raison du " poids de la routine et du
scepticisme des acteurs ". Elle aurait été en fait peu
appliquée et même contournée.
S'agissant du principe même du collège unique qui avait pour objet
de donner les mêmes chances à tous les élèves, le
rapport de l'inspection générale soulève la question de
l'hétérogénéité des classes : il constate
que certains enseignants des collèges les plus difficiles souhaiteraient
que deux structures, l'une valorisante et l'autre d'accueil, soient mises en
place, la seconde pour recevoir les élèves en grandes
difficultés scolaires ou comportementales.
La notion de collège unique correspond-elle encore à la
réalité ? On peut en douter puisqu'un rapport publié
l'an dernier par l'Institut de recherche sur l'économie de
l'éducation estime que 80 % des collèges abritent
" clandestinement " au moins une classe de niveau et que la
moitié des élèves de collèges sont en fait
scolarisés dans des classes qui ont été
hiérarchisées.
A tout le moins, une réflexion sur le principe même du
collège unique s'impose.
La commission souhaiterait donc connaître les projets concrets du
ministre pour le collège et savoir comment il envisage son articulation
avec l'école primaire et le lycée, l'orientation des
élèves, la prise en compte des collégiens en situation
d'échec scolaire, ou même refusant l'école et
l'éventuel rétablissement d'une certaine polyvalence pour les
professeurs au collège.
C. LA RÉFORME DES LYCÉES
1. La consultation Meirieu
A la
demande du ministre, une consultation destinée à préparer
le colloque " Quels savoirs enseigner dans les lycées ? " a
été organisée sous l'égide d'un conseil
scientifique présidé par M. Edgar Morin et d'un
comité national d'organisation présidé par
M. Philippe Meirieu.
Cette consultation nationale s'est déroulée selon le calendrier
suivant :
• décembre 1997 : envoi dans les académies de trois
questionnaires destinés respectivement aux élèves des
lycées, à leurs enseignants et aux établissements ;
• février : réunion des conseils académiques de
la vie lycéenne consultés sur les savoirs et la vie au
lycée ;
• février/mars : dépouillement des questionnaires dans
les académies ;
• mars : synthèses académiques destinées
à établir un bilan de la consultation et des propositions. Les
conseils régionaux, les fédérations de parents
d'élèves, les syndicats d'enseignants, les associations de
spécialistes, les mouvements pédagogiques et d'éducation
populaire ont été associés à ces journées de
synthèse ;
• fin mars : organisation de journées thématiques
publiques par le conseil scientifique ;
• 20 mars : rassemblement national des conseils académiques
de la vie lycéenne pour faire la synthèse des travaux conduits
par chaque conseil académique ;
• mars/avril : journées disciplinaires
décentralisées destinées à établir des
propositions sur l'évolution des contenus des enseignements en
lycée ;
• 29 et 30 avril : colloque national de Lyon pour présenter
l'ensemble des rapports et des propositions ;
• mai : remise du rapport général définitif au
ministre de l'éducation nationale.
Au total, 1 872 900 questionnaires-élèves (dont
10 % ont été remplis collectivement) ont été
dépouillés, 78 % des élèves des lycées
publics ont répondu et 52 % des enseignants, tous lycées
confondus, se sont exprimés individuellement ou collectivement sur leur
propre discipline.
Dans son rapport final, M. Meirieu, spécialiste des sciences de
l'éducation, a dégagé quelque 49 principes de cette
consultation, le ministre retenant onze principes de références
destinés à servir de base à l'organisation des
études au lycée.
2. Les principes de références retenus par le ministre
Présentés par le ministre le 1er juillet
1998
devant votre commission, ces onze principes sont destinés à
servir de base à la réforme qui sera progressivement mise en
place à partir de la rentrée 1999. Ces principes peuvent
être ainsi résumés :
• le lycée est dans le parcours scolaire le cycle de la
diversification ;
• le lycée doit être le lieu d'apprentissage de la
citoyenneté républicaine ;
• l'éducation et la formation doivent être
présentes dans l'enseignement donné au lycée dans des
proportions qui varient en fonction du type d'établissement ;
• l'orientation devra être progressive, fondée sur des
critères positifs et conçue de manière à permettre
une réversibilité ;
• les horaires d'enseignement excessifs et les programmes
surchargés concourent à la déstructuration de la formation
intellectuelle et aggravent la discrimination sociale ;
• les enseignements littéraires et de sciences humaines
devront s'appuyer sur la culture de base qui constitue le fondement de notre
héritage européen ;
• l'enseignement des sciences sera conçu sous son aspect
autant culturel et historique qu'opératoire ;
• l'enseignement des langues étrangères devient dans
notre monde moderne un élément essentiel de la formation des
futurs citoyens ;
• le rôle de l'enseignant est de délivrer son
enseignement, de permettre à tous les élèves
l'accès au savoir, mais il est aussi d'aider l'élève
à maîtriser ces apprentissages ;
• le baccalauréat constitue l'examen final du lycée.
Il est aussi l'examen d'entrée à l'université, dont il
constitue le premier diplôme ;
• deux voies, technologique et professionnelle, caractérisent
la formation technique en France.
3. Le plan de réforme de la vie lycéenne
Présenté le 21 octobre 1998, à l'Assemblée nationale et au Sénat, à l'issue de plusieurs semaines de manifestations lycéennes suscitées pour l'essentiel par les difficultés traditionnelles subsistant plus d'un mois après la rentrée scolaire, ce nouveau plan, qui tend notamment à accélérer la mise en oeuvre de certaines mesures annoncées dans le droit fil de la consultation Meirieu, s'ordonne autour de cinq thèmes :
a) Le développement de la démocratie lycéenne
L'exercice effectif de la démocratie lycéenne sera assurée par une charte des droits et libertés des lycéens dans tous les établissements, un droit d'affichage, un soutien à la presse lycéenne, une cogestion des fonds lycéens, l'association des conseils de la vie lycéenne à la préparation des emplois du temps.
b) Le renforcement de la présence des adultes
14 000 adultes supplémentaires devraient être mis à la disposition des lycées, soit 3 000 surveillants, 10 000 emplois-jeunes et 1 000 appelés du contingent pour des tâches d'animation et de surveillance.
c) Les locaux
Un fonds exceptionnel d'aménagement est créé afin d'accorder pendant quatre ans 4 milliards de francs de prêts à taux zéro aux régions qui seront chargées de construire dans chaque lycée des lieux de vie pour les élèves, d'aménager dans chaque établissement un amphithéâtre destiné à permettre le développement de la vie culturelle et sociale, de faciliter l'accès aux centres de documentation et aux salles d'informatique, d'achever la mise en sécurité des équipements des lycées professionnels et technologiques et de construire des bureaux pour les enseignants afin que ceux-ci puissent recevoir les élèves et les familles.
d) Les réformes pédagogiques
Dans
l'attente d'une rénovation des programmes et d'un aménagement des
horaires et des rythmes scolaires qui ne devraient intervenir qu'à la
rentrée 1999, une circulaire permettant des allégements de
programmes pour l'année scolaire en cours devrait être
publiée à la fin du mois d'octobre 1998.
Une concertation s'engagera avec les enseignants des lycées
professionnels pour alléger les horaires excessifs.
e) L'égalité face aux études
Afin de
remédier aux carences constatées depuis la dernière
rentrée dans de nombreux établissements, les mesures suivantes
sont proposées :
- ouverture de listes complémentaires aux concours de recrutement
dans les disciplines déficitaires ;
- mise à disposition d'enseignants appelés au service
national dans les disciplines et les académies déficitaires ;
- priorité au remplacement dans les classes conduisant à un
examen en fin d'année ;
- recrutement de 1 000 lecteurs étrangers pour
améliorer la pratique des langues étrangères ;
- aucune classe de terminale ne devra dépasser 35
élèves à partir de 1999 ; un plan pluriannuel de
réduction des effectifs par classe sera mis en chantier.
4. Les observations et les interrogations de votre commission
a) Des remarques générales
Après avoir suivi la genèse de la réforme
du
lycée, en procédant notamment à l'audition de
M. Philippe Meirieu et de M. Claude Allègre, votre commission
s'était interrogée à titre liminaire, non pas sur
l'opportunité d'apporter des ajustements au fonctionnement du
lycée, mais sur le caractère prioritaire d'une réforme
d'envergure portant sur une institution scolaire qui fonctionnait plutôt
moins mal que les autres.
Les lycées restent en effet, à l'exception de certains
établissements professionnels, largement épargnés par la
violence et l'échec scolaire qui gangrènent un trop grand nombre
de collèges ; ils conduisent de manière convenable une part
importante de leurs élèves aux divers baccalauréats qui
ouvrent les portes de l'enseignement supérieur ; la souplesse de leur
fonctionnement, notamment grâce à une organisation en modules,
permet en outre de prendre en compte les situations individuelles et les
goûts des élèves ; la réforme pédagogique des
lycées engagée et poursuivie sous l'égide de plusieurs
ministres avait enfin permis de simplifier et de revaloriser certaines
filières.
En bref, la situation des lycées n'apparaissait pas si
préoccupante qu'elle justifiait une réforme aussi urgente et
ambitieuse.
Etait-il nécessaire d'engager une si vaste consultation pour
légitimer des mesures qui, pour certaines d'entre elles, sont
préconisées depuis longtemps dans des rapports inutilisés,
tel l'excellent rapport de la commission Fauroux ?
Votre commission formulera ensuite quelques remarques sur le bien-fondé
de certaines propositions de réforme du lycée.
La redéfinition du service des enseignants, c'est-à-dire le
partage de leur service entre l'enseignement traditionnel et l'aide
individualisée aux élèves, notamment ceux " en
difficulté ", constitue à n'en pas douter la mesure
prioritaire et la plus urgente de la réforme des lycées.
Une telle mesure qui s'inscrit parfaitement dans le cadre du principe de
discrimination positive, et qui permettrait à coût
budgétaire constant de réduire l'échec scolaire, a
suscité l'hostilité de certaines organisations syndicales.
Votre commission souhaiterait connaître l'état de la concertation
en cours sur ce dossier prioritaire et savoir s'il serait envisagé de
passer outre à une éventuelle opposition syndicale pour
aménager rapidement l'obligation de service des enseignants.
S'agissant de l'apprentissage à la citoyenneté dite
" républicaine " au lycée, elle peut s'étonner
à bon droit que cet apprentissage ne soit pas acquis par les
élèves à l'école primaire et surtout au
collège.
Il a été dit que l'instruction civique serait dispensée en
classe de première par des professeurs de philosophie, puis que cet
enseignement serait donné par des professeurs d'autres disciplines, et
notamment d'histoire, et serait mis en place à titre expérimental
à la rentrée prochaine.
Votre commission souhaiterait obtenir des précisions
supplémentaires sur les modalités concrètes de cet
enseignement et sur son contenu auquel le Parlement ne saurait rester
indifférent.
Concernant l'acquisition d'une culture de base, " fondement de notre
héritage européen ", pour l'ensemble des
élèves des filières générales,
technologiques et professionnelles, il serait souhaitable que soient
précisées les disciplines concernées par cette culture de
base et le contenu de ces connaissances.
Enfin, la réduction des horaires d'enseignement proposée et la
simplification des programmes ne risquent-elles pas d'entraîner une
baisse des exigences jusqu'alors requises des lycéens ?
Sur un plan plus général, votre commission se demande si le
rôle du lycée est de transmettre des connaissances ou des valeurs
sociales et si la culture commune dispensée à tous les
lycéens n'implique pas par ailleurs un contrôle idéologique
sur le contenu des disciplines et ne risque pas de conduire à une sorte
de " SMIC culturel " qui ne ferait que renforcer le marché
florissant du soutien scolaire.
Par ailleurs, comment sera-t-il possible d'intégrer dans un horaire
réduit à 26 heures par semaine les nouveaux enseignements
proposés dans le domaine des sciences politiques et économiques,
de l'éducation civique, de la culture artistique et des nouvelles
technologies ?
A l'évidence, l'introduction de ces nouvelles disciplines dans un
horaire réduit ne peut se traduire que par des réductions
importantes d'horaires dans les autres disciplines.
En outre, alors que l'inspection générale a établi un
bilan largement positif des modules qui ont été introduits par la
réforme antérieure des lycées, est-il envisagé de
remettre en cause cette formule et/ou affecter les moyens ou emplois
correspondants à une politique de soutien individualisé des
lycéens ?
Enfin, s'agissant du renforcement de la participation des élèves
à la vie lycéenne, si ce souci apparaît louable, il ne
semble pas qu'il réponde prioritairement aux revendications
exprimées au cours des dernières semaines par les lycéens
manifestant dans de nombreuses villes de France contre des classes
surchargées, des enseignants et des personnels ATOS et de surveillance
en nombre insuffisant et le développement de la violence dans de trop
nombreux établissements.
b) Les incidences budgétaires du plan d'urgence du 21 octobre 1998
Votre
commission remarque d'abord que l'enveloppe de 4 milliards de francs de
prêts à taux zéro sur quatre ans qui transitera par les
organismes prêteurs des régions n'aura guère d'incidences
sur la loi de finances pour 1999, sous réserve de la bonification de ces
prêts qui pourrait représenter un peu plus de 100 millions de
francs par an pour toute la durée des emprunts.
Selon certaines estimations, le volet consistant à renforcer la
présence des adultes dans les lycées pourrait représenter
un coût voisin de 700 millions de francs en 1999, dont
200 millions de francs pour les postes de surveillance, qui devrait
être financé par redéploiement de crédits.
Au total, le coût du plan lycée du 21 octobre dernier ne devrait
donc représenter pour l'Etat que 865 millions de francs en 1999, y
compris la bonification des prêts accordés aux régions.
Il convient de rappeler que le plan lycée de 1990 prévoyait une
enveloppe du même ordre de grandeur, soit 4,5 milliards de francs
dont 2,5 milliards de francs de crédits budgétaires et
2 milliards de francs de prêts bonifiés.
S'agissant de l'effort demandé aux régions, votre commission
constate que l'Etat se défausse largement sur celles-ci alors qu'il
reste débiteur à leur égard d'une dette
évaluée à 5,6 milliards de francs. Le plan d'urgence
apparaît donc moins comme un plan national que comme un encouragement
à la poursuite de programmes régionaux engagés en faveur
des lycées.
Au total, la subvention réelle de l'Etat attribuée aux
régions ne devrait représenter, compte tenu de la faiblesse
actuelle des taux d'intérêt, qu'environ 1 % des efforts
consacrés par les régions aux lycées.
D. LE PLAN DE DÉVELOPPEMENT DES NOUVELLES TECHNOLOGIES DANS L'ENSEIGNEMENT
1. Le bilan du plan de développement
Lancé à la rentrée 1997, le plan de
développement des technologies d'information et de communication dans
l'enseignement est intégré au programme d'action gouvernemental
" Préparer l'entrée de la France dans la
société de l'information " de janvier 1998.
Le 9 juin 1998, un premier bilan a été présenté
portant sur les principales articulations du plan : installation
d'infrastructures en collaboration avec les collectivités locales,
sensibilisation et formation des enseignants, incitation au
développement d'une industrie de production multimédia
éducative et expérimentation de projets innovants.
Afin de développer les infrastructures et les équipements, un
plan triennal pour les technologies d'information et de communication a
été demandé aux académies pour la mi-juillet.
Pour soutenir ce développement, un fonds de soutien aux
collectivités locales a été mobilisé. De plus un
appel à projets conjoint avec la DATAR permettra également de
concourir au financement de plusieurs dizaines de projets dans les prochains
mois.
Les niveaux d'équipement déjà atteints montrent que le
retard français dans ce domaine a été en partie
rattrapé : en mai 1997, on pouvait globalement estimer
l'équipement à un micro-ordinateur pour 12 élèves
dans les lycées d'enseignement général et technologique,
un pour 8 dans les lycées professionnels, un pour 26 dans les
collèges, un peu plus d'un micro-ordinateur par école
élémentaire.
La mise en réseau interne des postes de travail progresse rapidement
dans les lycées et sera bientôt achevée dans environ un
tiers des académies ; les centres de documentation et d'information, les
espaces langues, les salles spécialisées, font l'objet d'un
effort d'équipement tout particulier.
Les progrès les plus sensibles sont enregistrés en matière
de raccordement au réseau Internet dans les lycées et les
collèges, le raccordement des écoles demeurant sensiblement plus
lent : en mai 1998, on pouvait constater que 68 % des lycées
étaient connectés, 40 % des collèges et 4,5 %
des écoles.
En outre, des serveurs institutionnels commencent à assurer les
échanges d'information et fournissent un support interactif à des
activités pédagogiques, comme par exemple le projet national de
serveur Educnet, le site " La main à la pâte " mis en
place notamment par l'académie des sciences et permettant aux
instituteurs de dialoguer avec les meilleurs scientifiques, ou les serveurs,
dont disposent toutes les académies.
Enfin, des accords cadres ont été signés avec plusieurs
entreprises permettant notamment d'offrir de meilleures conditions
financières et techniques pour l'accès à Internet ou
l'acquisition de matériels, de lancer de nouvelles
expérimentations ou de proposer des actions de formation.
S'agissant de la formation des enseignants, deux initiatives nationales ont
été prises, l'une en matière de formation initiale,
l'autre en matière de formation continue.
En formation initiale, le plan d'urgence en faveur des IUFM, qui forment en
moyenne 30 000 enseignants par an, a été lancé et se
déroulera sur deux ans ; il bénéficiera sur cette
durée d'un budget de 60 millions de francs pour la mise en
réseau et l'équipement des établissements, de 100 postes
d'enseignants et d'ingénieurs et de 1 000 emplois de jeunes
docteurs, dont 200 ont d'ores et déjà été
répartis entre les instituts.
En 1996, la part des formations en informatique dans la formation continue des
enseignants n'avait pas excédé 4 %. Le prochain plan
national de formation qui sera ouvert à la prochaine rentrée
consacrera plus du tiers de ses actions aux technologies d'information et de
communication pour l'éducation.
En matière d'aide à la création, le ministère de
l'éducation nationale a diffusé en direction des éditeurs
et des producteurs des cahiers des charges à partir d'un concept de
produit adapté à la classe et au travail personnel de l'enfant.
Deux appels à projets conjoints ont été lancés par
le ministère et l'ANVAR afin d'identifier des enseignants porteurs de
projets et des entreprises susceptibles de les réaliser. Ce programme
est doté de 45 millions de francs.
2. Le fonds de soutien aux nouvelles technologies
Les
modalités de mise en oeuvre du fonds de soutien aux nouvelles
technologies ont été précisées par la circulaire du
22 juin 1998 : géré par la Caisse des dépôts et
consignations, ce fonds de 500 millions de francs a pour objet de soutenir
l'effort d'équipement informatique des collectivités locales au
bénéfice des établissements scolaires et des écoles
; il permettra de leur accorder des prêts à taux zéro pour
réaliser des travaux de câblage et de mise en réseau
interne dans ces établissements.
Afin de garantir la cohérence des projets avec le plan de
développement des nouvelles technologies dans l'enseignement, et plus
précisément avec les plans académiques triennaux, les
prêts seront accordés aux collectivités par les directions
régionales de la Caisse des dépôts sur proposition du
recteur, après avis du préfet. Trois critères
d'attribution devraient être respectés :
- la qualité pédagogique des projets
présentés ;
- le caractère sensible des établissements ou écoles
concernés (situation en ZEP, en zone sensible, en site
expérimental de lutte contre la violence, en réseau
d'éducation prioritaire...) ou leur situation en zone rurale ;
- la situation financière de la collectivité locale
concernée.
Une répartition du fonds entre les académies a d'ores et
déjà été effectuée en tenant compte,
notamment, du nombre de communes rurales et du nombre d'établissements
sensibles et communiquée aux recteurs.
Se fondant sur les indications fournies par l'association des maires des
grandes villes de France, votre commission constate cependant qu'aucune
collectivité locale n'a encore bénéficié des
crédits de ce fonds alors que le coût du matériel, du
raccordement et du fonctionnement est évalué par l'association
à 15 milliards de francs.
Les crédits du fonds ne peuvent être considérés que
comme un complément de financement et votre commission se demande s'il
ne conviendrait pas d'apporter une aide supplémentaire aux élus
qui subissent une forte demande sociale des parents d'élèves en
matière d'équipements.
*
* *
EXAMEN EN COMMISSION
Au cours
d'une séance tenue le 12 novembre 1998, la commission a examiné
le
rapport pour avis de M. Jean Bernadaux sur les crédits de
l'enseignement scolaire pour 1999
.
Un débat a suivi l'exposé du rapporteur pour avis.
M. James Bordas
a souligné l'écart considérable qui
pouvait être constaté entre les discours officiels tenus sur
l'enseignement scolaire et la réalité vécue sur le terrain.
Il a notamment fait remarquer que les jeunes enseignants sortant d'IUFM
(Instituts universitaires de formation des maîtres) se plaignaient de la
préparation insuffisante qui leur était dispensée en
formation initiale et qu'ils refusaient, d'une manière
générale, de suivre des stages de formation continue hors de leur
temps d'enseignement.
Il a également stigmatisé l'utilisation de titulaires
remplaçants, affectés normalement à une zone
d'intervention localisée (ZIL), pour encadrer des classes nouvellement
créées et a souligné les lacunes qui pouvaient être
constatées dans la formation en langues étrangères des
maîtres du premier degré, celles ci se répercutant sur les
élèves.
M. Serge Lagauche
a demandé au rapporteur pour avis s'il
proposerait de réduire le nombre d'emplois enseignants afin de tenir
compte de l'évolution à la baisse des effectifs de l'enseignement
primaire.
M. Jean-Louis Carrère
s'est interrogé sur les intentions
de ses collègues de la majorité du Sénat concernant le
sort qui sera réservé au projet de budget de l'enseignement
scolaire, cette stratégie devant sans doute être
appréciée dans le contexte qui a présidé à
la création d'une commission d'enquête sur la gestion des
personnels enseignants.
Il a souligné le caractère courageux des décisions prises
par le ministre dans le domaine de l'enseignement scolaire ainsi que leur
cohérence avec le projet de budget présenté.
M. André Bohl
a observé que la revalorisation des
traitements des personnels de l'éducation nationale laissait subsister
un mécontentement généralisé.
Il a ensuite indiqué qu'une trentaine de postes de personnels
administratifs, techniciens, ouvriers et de services (ATOS) restaient non
pourvus dans un district scolaire de son département et a
évoqué la responsabilité des collectivités locales
dans le fonctionnement des équipements d'éducation physique et
sportive des établissements insuffisamment dotés en personnels
ATOS.
M. Michel Dreyfus-Schmidt
a fait observer que de nombreux postes de
personnels ATOS n'étaient pas non plus pourvus en collège.
M. Jean-Louis Carrère
a souligné le caractère
anormal de ces situations mais a évoqué le risque pour les
collectivités locales d'une " contractualisation " des personnels
ATOS.
M. André Maman
a regretté que le rapporteur n'ait pas
souligné le rôle essentiel joué par les quelque 440
écoles françaises à l'étranger pour
développer la langue française et la francophonie.
Le
président Adrien Gouteyron
a rappelé que
l'activité de ces écoles relevait du budget des relations
culturelles, scientifiques et techniques extérieures.
Répondant à ces interventions,
M. Jean Bernadaux, rapporteur
pour avis
, a notamment apporté les précisions suivantes :
- les stages dont bénéficient les étudiants d'IUFM
s'effectuent dans des classes dirigées par des maîtres
expérimentés et ne reflètent pas les conditions
d'enseignement auxquelles ils seront ultérieurement confrontés ;
il est par ailleurs regrettable que les nouveaux enseignants soient le plus
souvent affectés dans les classes les plus difficiles ;
- si le système de remplacements est plutôt efficace dans le
premier degré, il n'en est pas de même dans l'enseignement
secondaire du fait de la spécialisation disciplinaire des enseignants ;
- les propositions de la table ronde présidée par le recteur
Bloch tendent à distinguer la formation continue obligatoire des
enseignants, qui serait prise sur le temps d'enseignement, de la formation
continue facultative qui serait prise hors de ce temps ;
- les titulaires remplaçants sont rattachés à une
école et peuvent être affectés dans des zones
d'intervention localisée (ZIL) couvrant environ vingt-cinq classes, leur
vocation étant de remplacer les enseignants absents pour congés
de faible durée ;
- le recrutement de 1.000 assistants étrangers dans le premier
degré devrait permettre d'approfondir l'initiation des
élèves aux langues étrangères ;
- la réduction du nombre des emplois ne constituerait en aucune
façon un remède aux dysfonctionnements constatés dans la
gestion des moyens de l'enseignement scolaire, et dont la responsabilité
incombe aussi aux chefs d'établissement qui développent à
l'excès l'éventail des options proposées aux
élèves ;
- l'accélération de l'intégration des instituteurs dans le
corps des professeurs d'école devrait notamment bénéficier
aux enseignants justifiant d'une ancienneté moyenne.
A l'issue de ce débat,
la commission
, suivant la proposition de
son rapporteur pour avis,
a décidé de s'en remettre à
la sagesse du Sénat pour l'adoption ou le rejet des crédits de
l'enseignement scolaire pour 1999
.