B. LA CULTURE, INSTRUMENT DE RÉDUCTION DE LA « FRACTURE SOCIALE »
1. Les projets culturels de quartier
Dans le prolongement des actions engagées en 1996, le ministère de la culture consacrera plus de 160 millions de francs en 1997 à la lutte contre l'exclusion.
Opérations-phares de cette nouvelle priorité, des « projets culturels de quartier » ont été conduits avec le soutien du ministère dans une trentaine de sites répartis sur l'ensemble du territoire.
Parrainés le plus souvent par des artistes de renom (Barbara Hendricks, Costa Gavras, Yéhudi Menuhin, Jean Guidoni ...), les vingt-neuf projets sélectionnés ont été élaborés en concertation avec les collectivités locales. Ils visent à associer activement les habitants des quartiers difficiles à la réalisation d'un projet culturel piloté par une institution ou une association culturelle.
Parmi les expériences conduites en 1996, on peut citer : la conception et la réalisation d'un film par des jeunes, faisant suite à l'accueil en résidence par la ville de Mulhouse de Patrick Raynal, écrivain et directeur de la collection « Série noire » chez Gallimard, et de Paul Vecchiali, réalisateur (projet piloté par la bibliothèque municipale) ; l'écriture d'un scénario pour un spectacle et concert de ville, à partir des bruits de la ville, avec la participation de Pablo Cueco et de Claude Renard à Épernay ; un projet de théâtre de rue à Montbéliard ; l'animation par la Comédie-Française de huit ateliers de théâtre dans les établissements scolaires de la zone d'éducation prioritaire d'Argenteuil ; une série d'actions pédagogiques pilotées par le centre musical et créatif de Nancy (lutherie créative, ateliers de percussion, guitare, solfège rythmique, danses africaines) ; l'installation au coeur du quartier des Bates, à Dreux, du théâtre mobile de la compagnie dramatique du Hasard basée à Blois ou l'élaboration d'un spectacle chorégraphique à partir du thème du Livre de la Jungle au Havre.
Une évaluation du travail accompli dans le cadre de ces projets culturels de quartier a été confiée à l'agence « Faut Voir » de J.M. Montfort, qui permettra de préciser les critères sur la base desquels pourront être reconduites de telles opérations.
Comme le remarque en effet un observateur de la vie culturelle, « les quartiers difficiles existent, et les artistes aussi. L'union des uns et des autres peut être une force pourvu qu'on évite les pièges du volontarisme, du parachutage, de la récupération et de la publicité à tout prix » .