B. DEUX ENJEUX MAJEURS POUR L'AVENIR DES PORTS : LA RECONQUÊTE DE PARTS DE MARCHÉ ET LA DÉCARBONATION

1. La reconquête des parts de marché : quelles perspectives pour l'attractivité des ports maritimes français ?

La stratégie nationale portuaire de 2021 prévoit, à l'horizon 2050, de porter à 80 % la part de fret conteneurisé manutentionnée dans les ports français (60 % actuellement) et de doubler le nombre d'emplois directs et induits par l'activité portuaire.

Or comme l'a fait observer le rapporteur lors de l'audition du ministre délégué chargé des transports, « de grands armateurs ont récemment décidé de ne plus desservir ceux du Havre et de Marseille-Fos avec leurs porte-conteneurs géants à partir de février 2025 : quelles conclusions faut-il en tirer pour l'attractivité des grands ports maritimes français ? ». En effet, le port du Havre figurait parmi les six ports européens (Rotterdam, Anvers, Le Havre, Valence, Barcelone et Gênes) qui accueillaient, avant cette décision, les trois grandes alliances maritimes regroupant les huit principaux transporteurs de conteneurs dans le monde.

La commission, qui a consacré en 2020 un rapport d'information à la compétitivité des ports45(*), et qui avait formulé des réserves, en 2021, sur la stratégie nationale portuaire46(*), sera attentive au bilan de la mise en oeuvre de celle-ci.

La commission veillera donc à la prise en compte, à l'occasion de la Conférence sur le financement des mobilités, programmée au début de 2025, des enjeux de compétitivité portuaire et de fiabilité de leurs infrastructures. En outre, le renforcement des ports dans leur dimension logistique et intermodale devra être abordée, l'interconnexion des ports avec l'arrière-pays et le recours aux modes massifiés dans les acheminements portuaires constituant des éléments d'attractivité essentiels pour les ports français.

2. Décarbonation des ports maritimes et contrainte budgétaire

L'accélération de la transition écologique et énergétique des ports de commerce est l'une des quatre ambitions définies à l'échéance de 2050 par la stratégie nationale portuaire (« les ports, accélérateurs de la transition écologique »).

Dans cet esprit, les priorités d'investissement portent notamment sur l'aménagement de nouvelles plateformes logistiques et sur le développement du report modal dans les acheminements portuaires, ainsi que sur l'installation de bornes électriques pour les navires à quai.

Objectifs fixés par le règlement européen sur le déploiement d'une infrastructure pour carburants alternatifs (AFIR) pour 2030 et 2035

42 branchements à quai sont ainsi nécessaires pour satisfaire les obligations définies par l'AFIR à l'échéance de 2030.

Ces obligations concernent cinq des grands ports maritimes français (Marseille, Haropa, Dunkerque, Bordeaux et Nantes Saint Nazaire, les branchements étant destinés aux ferries, aux navires de croisière et aux porte-conteneurs :

Selon les informations transmises au rapporteur :

- 19 branchements ont été financés à ce jour, à partir du Plan de relance, de soutiens de l'État et du Fonds vert ;

- 34 branchements devraient être réalisés d'ici 2027 (financement de 15 branchements dans le cadre des CP(i)ER) 2023-2027.

Pour respecter l'AFIR, 8 branchements devront donc être financés entre 2028 et 2030.

Parallèlement aux crédits budgétaires inscrits au programme 203 (action 43), inchangés par rapport à 2024 (92,5 M€ en AP et CP), 175 M€ ont été consacrés depuis 2021, dans le cadre du Plan de relance, à la transition écologique de la place portuaire française. Les projets ainsi cofinancés avec des collectivités territoriales, l'Union européenne ainsi que des ports visent également la création de points de ravitaillement en GNL et hydrogène. Si aucune ouverture de crédit n'est prévue pour 2025 au titre de l'action 06 « Mer » de la mission « Plan de relance », les projets continueront en principe à être déployés en 2025.

Comme le rapporteur l'avait déjà relevé lors de l'examen du PLF pour 2024, la transition écologique des ports exige des financements particulièrement ambitieux. La commission veillera donc à l'intégration des questions relatives à la transition écologique des ports maritimes lors de la conférence nationale sur le financement des mobilités.


* 45 « Réarmer » nos pots dans la compétition internationale, rapport d'information fait au nom de la commission de l'aménagement du territoire et du développement durable par Michel Vaspart, juillet 2020 (n° 580, 2019-2020).

* 46 La Stratégie nationale portuaire : une présentation très attendue, une ambition qui reste à concrétiser, rapport d'information fait au nom de la commission de l'aménagement du territoire et du développement durable par Didier Mandelli et Martine Filleul, avril 2021 (n° 520, 2020-2021).

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