B. LA CONTINUITÉ ET L'INTERDISCIPLINARITÉ, CLÉS DE LA RÉUSSITE
Deux raisons essentielles expliquent la réussite de ces projets : la continuité et l'interdisciplinarité.
D'abord, le projet Démos et la Philharmonie des quartiers existent tous les deux depuis de nombreuses années. Cette ancienneté permet notamment aux acteurs locaux, ainsi qu'aux habitants de quartiers de clairement identifier et reconnaître ces projets. Ce temps long permet aussi l'amélioration des projets.
Cette quête de continuité ne se fait pas sans difficultés, notamment financières, car de tels programmes sortent de la logique des appels à projets temporaires et exigent des partenariats de long terme. Si pour Démos, le soutien du ministère de la culture et d'une institution culturelle nationale sont des atouts, tel n'est pas le cas pour la Philharmonie des quartiers dont les moyens sont limités. Elle ne dispose pas de financement à long terme. Comme tant d'autres associations des quartiers, elle doit régulièrement se livrer à une « course aux financements ». Pour être éligible de nouveau, elle doit faire évoluer son projet : changer de quartier, changer de style, changer d'école partenaire. En outre, l'absence de « guichet unique », qui permettrait de centraliser les diverses demandes de fonds, alourdit la charge administrative qui pèse sur l'orchestre. Cette charge administrative est une perte de temps et d'énergie, qui pourraient être consacrés utilement aux enfants. La rapporteure retrouve là les problématiques et les recommandations formulées en 2022 dans son rapport avec Valérie Létard et Dominique Estrosi Sassone sur l'évaluation de la politique de la ville.
Enfin, les personnes auditionnées ont fortement insisté sur l'utilité du travail interdisciplinaire. Ces deux projets ont la particularité de réunir des acteurs de la musique, de l'éducation, du champ social, et les délégués à la politique de la ville. Une telle diversité permet de mieux prendre en compte les besoins des enfants des quartiers. Si Démos a fait le choix de se développer hors champ scolaire en raison de l'importance du temps dévolu à la musique (4 heures par semaine), la Philharmonie des quartiers travaille avec la cité éducative et les écoles partenaires. A contrario, Demos, qui est un programme d'envergure nationale, offre une perspective plus globale de coopération et sort même du cadre des quartiers pour y adjoindre la ruralité en déprise.
À travers cet exemple de l'enseignement de la musique classique, c'est bien le rôle de tremplin pour les habitants de la politique de la ville qui est mis en exergue. Ces programmes auront peut-être changé la vie d'enfants et de leurs parents en leur redonnant confiance et en leur ouvrant de nouveaux horizons.