B. DE NOMBREUSES CRITIQUES LARGEMENT INFONDÉES
Parcoursup serait lent et anxiogène . Avec la fin de la hiérarchisation des voeux, les candidats avaient la possibilité de ne pas confirmer définitivement leur voeu avant d'avoir reçu toutes les réponses souhaitées ; cette possibilité a probablement ralenti le système et en partie « bloqué » certaines places. Au 15 juillet, un tiers des candidats était encore dans l'incertitude et un mois après la rentrée, des inscriptions en université étaient encore en cours alors que les enseignements avaient déjà largement commencé.
Parcoursup serait opaque . Certes, le Gouvernement a publié l'algorithme « central » de Parcoursup mais celui-ci est sans intérêt pour les candidats. La plupart des formations ont utilisé des « algorithmes locaux » pour classer les dossiers des candidats et c'est la connaissance des critères utilisés dans ces algorithmes (matières dont les notes sont prises en compte, pondérations et coefficients appliqués à ces notes, éventuellement à l'établissement d'origine ou à d'autres éléments complémentaires) qui auraient permis aux de faire des choix plus « réalistes », même si la publication des attendus avait déjà permis d'orienter utilement certains candidats.
Parcoursup freinerait la mobilité géographique . Alors que dans APB les candidats étaient plus ou moins « assignés à résidence » (il était impossible d'obtenir une place dans une filière « en tension » en dehors de sa propre académie de résidence), la mobilité inter-académique est possible dans Parcoursup : le recteur fixe le « taux de mobilité » en concertation avec les présidents d'université de façon à ne pas empêcher la mobilité entrante mais aussi de permettre aux candidats de l'académie de s'inscrire dans un établissement proche de chez eux s'ils le souhaitent. Ces taux ont été fixés entre 1 et 70 % selon les formations.
Le nombre de lycéens ayant accepté une proposition hors de leur académie avec Parcoursup a augmenté de 10 % cette année. Cette proportion atteint 15 % pour les seuls bacheliers technologiques et professionnels résidant en Seine-Saint-Denis. Si l'on prend le cas spécifique de l'Ile-de-France (spécifique au regard du nombre de candidats et de l'attractivité des formations), il ressort que, si l'on exclut les formations « en tension » pour lesquelles la priorité de recrutement concernait l'ensemble de candidats résidant dans les trois académies d'Ile-de-France, le taux moyen de candidats hors académie pour l'académie de Paris est de 36 %.
La mobilité géographique semble donc avoir plutôt bien fonctionné.
Parcoursup freinerait la mobilité sociale . Certains reprochent à Parcoursup de ne plus permettre de « rebattre les cartes » à l'entrée dans le supérieur : c'est ce que permettait le tirage au sort, mais avec à l'arrivée des taux d'échec massifs en fin de première année de licence !
Parcoursup a toutefois permis la généralisation des quotas de boursiers y compris dans les classes préparatoires aux grandes écoles : à l'échelle nationale, ils sont 21 % de boursiers supplémentaires (par rapport à APB) à avoir accepté une proposition en phase principale. Dans les formations sélectives les plus demandées, comme les classes préparatoires parisiennes, c'est plus de 28 % de boursiers supplémentaires qui ont accepté une proposition.
S'agissant des bacheliers technologiques et professionnels qui étaient souvent évincés des IUT 55 ( * ) et BTS, cette année, les bacheliers professionnels sont 23,2 % supplémentaires à avoir accepté une proposition en BTS. Quant aux bacheliers technologiques, ils sont près de 19 % supplémentaires à avoir accepté une proposition en IUT.
Parcoursup aurait découragé de nombreux candidats . À la mi-juillet, 71 200 candidats n'avaient toujours obtenu aucune réponse favorable. Mais le 23 juillet, 53 700 candidats « inactifs » qui ne répondaient plus aux sollicitations du ministère ont été sortis des statistiques : le nombre de candidats « qui souhaitent encore s'inscrire dans l'enseignement supérieur via Parcoursup, accompagnés par les rectorats ou sur la phase complémentaire », tombe alors à 18 390.
S'il n'est pas exclu qu'un petit nombre de ces 53 700 candidats inactifs a pu se décourager, une immense majorité d'entre eux se retrouve dans les formations hors Parcoursup 56 ( * ) , dans la recherche d'un premier emploi, dans un parcours de formation à l'étranger ou en service civique. Il sera cependant intéressant de disposer d'études sur le devenir de ces candidats qui quittent la plateforme, notamment lorsque Parcoursup intègrera 100 % de l'offre de formation d'enseignement supérieur reconnue par l'État.
* 55 Instituts universitaires de technologie.
* 56 Et notamment l'université Paris Dauphine, Sciences Po Paris et les autres instituts d'études politiques, les IFSI, certaines écoles paramédicales et sociales, certaines écoles supérieures d'art, certaines écoles de commerce, certaines écoles d'ingénieurs, certaines écoles privées des arts appliqués, de gestion, transport, secrétariat, etc.