2. Mener une réflexion plus large sur les politiques de réduction des risques
Au-delà de la question des centres d'injection supervisée, une vingtaine de propositions avancées par l'expertise collective doivent aussi être étudiées. A aucun moment en effet, les experts n'ont indiqué que l'ouverture de CIS leur paraissait une priorité. Il découle au contraire de la lecture des recommandations que deux sujets au moins devraient être traités de manière plus urgente : le développement du volet sanitaire et social des politiques de réduction des risques et la réduction des risques en prison.
- Il paraît en effet particulièrement important de souligner que les actions de réduction des risques, que ce soit la fourniture de matériel de consommation ou la mise en place de traitements de substitution, doivent s'accompagner de mesures sanitaires et sociales, tendant à limiter la précarisation des usagers et à permettre à ceux qui le peuvent de rompre avec leur addiction et de retrouver une place dans la société. Le simple maintien en vie des toxicomanes, pour important qu'il soit, ne peut être un objectif satisfaisant pour une politique publique ou même pour un projet associatif. Même s'il est évident que tous ne pourront pas être amenés à l'abstinence, il est important de construire avec le plus grand nombre d'usagers possible la perspective d'une sortie de la spirale descendante dans laquelle ils se trouvent engagés. La « stabilisation » de l'état d'un usager n'est en effet qu'un moyen de retarder l'inévitable si le temps gagné n'est pas mis à profit pour écouter, accompagner et soigner.
- La question de la toxicomanie en prison intéresse particulièrement votre commission, qui a eu plusieurs fois, depuis l'examen de la loi pénitentiaire, l'occasion de se pencher sur la situation sanitaire des détenus. Le manque d'informations sur l'usage de drogues en prison, sur l'impact des traitements de substitution et sur le détournement de médicaments est préjudiciable à la mise en oeuvre de mesures adaptées à ce milieu. Il conviendrait donc d'y remédier par l'organisation d'une étude épidémiologique nationale.