Projet de loi de finances pour 2004, adopté par l'Assemblée nationale - Tome XIX : Aviation civile et transport aérien
Pour commander ce document, cliquez ici |
LEGRAND (Jean-François)
AVIS 75 - TOME XIX (2003-2004) - COMMISSION DES AFFAIRES ECONOMIQUES
Rapport au format Acrobat ( 174 Ko )Table des matières
- INTRODUCTION
-
CHAPITRE I -
LES MOYENS FINANCIERS DE L'AVIATION CIVILE -
CHAPITRE II -
LA RECOMPOSITION DU PAYSAGE AÉRIEN- I. UN CONTEXTE TOUJOURS DIFFICILE
- II. LE PANORAMA AMÉRICAIN : LA MONTÉE EN PUISSANCE DES LOW COST
-
III. LA SITUATION EUROPÉENNE, UN BILAN
CONTRASTÉ
- A. LA POLARISATION CROISSANTE DU MARCHÉ EUROPÉEN
- B. AU NIVEAU NATIONAL, UNE DOMINATION SANS PARTAGE D'AIR FRANCE
- C. LA CONSOLIDATION DES FILIALES D'AIR FRANCE
- D. UNE COMPARAISON EUROPÉENNE À L'AVANTAGE D'AIR FRANCE
-
CHAPITRE III -
LE TRAITEMENT DES BAGAGES- I. UN ASPECT MÉCONNU ET POURTANT CENTRAL DU TRANSPORT AÉRIEN
- II. LES QUESTIONS DE SÛRETÉ : L'EXEMPLE DE ROISSY-CDG
- III. L'ENJEU ÉCONOMIQUE DU TRAITEMENT DES BAGAGES
N° 75
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 2003-2004
Annexe au procès-verbal de la séance du 20 novembre 2003
AVIS
PRÉSENTÉ
au nom de la commission des Affaires économiques et du Plan (1) sur le projet de loi de finances pour 2004 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE,
TOME XIX
AVIATION CIVILE ET TRANSPORT AÉRIEN
Par M. Jean-François LE GRAND,
Sénateur.
(1) Cette commission est composée de : M. Gérard Larcher, président ; MM. Jean-Paul Emorine, Marcel Deneux, Gérard César, Pierre Hérisson, Bernard Piras, Mme Odette Terrade, vice-présidents ; MM. Bernard Joly, Jean-Paul Émin, Jean-Marc Pastor, secrétaires ; MM. Jean-Paul Alduy, Pierre André, Philippe Arnaud, Gérard Bailly, Bernard Barraux, Mme Marie-France Beaufils, MM. Michel Bécot, Jean-Pierre Bel, Jacques Bellanger, Jean Besson, Claude Biwer, Jean Bizet, Jean Boyer, Mme Yolande Boyer, MM. Dominique Braye, Marcel-Pierre Cléach, Yves Coquelle, Gérard Cornu, Roland Courtaud, Philippe Darniche, Gérard Delfau, Rodolphe Désiré, Yves Détraigne, Mme Evelyne Didier, MM. Michel Doublet, Bernard Dussaut, André Ferrand, Hilaire Flandre, François Fortassin, Alain Fouché, Christian Gaudin, Mme Gisèle Gautier, MM. Alain Gérard, François Gerbaud, Charles Ginésy, Francis Grignon, Louis Grillot, Georges Gruillot, Mme Odette Herviaux, MM. Alain Journet, Joseph Kergueris, Gérard Le Cam, Jean-François Le Grand, André Lejeune, Philippe Leroy, Jean-Yves Mano, Max Marest, René Monory, Jacques Moulinier, Paul Natali, Jean Pépin, Daniel Percheron, Ladislas Poniatowski, Daniel Raoul, Paul Raoult, Daniel Reiner, Charles Revet, Henri Revol, Henri de Richemont, Roger Rinchet, Claude Saunier, Bruno Sido, Daniel Soulage, Michel Teston, Yannick Texier, Pierre-Yvon Trémel, André Trillard, Jean-Pierre Vial.
Voir
les numéros
:
Assemblée nationale
(
12
ème
législ.) :
1093
,
1110
à
1115
et T.A.
195
Sénat
:
72
et
73
(annexe n°
18
)
(2003-2004)
Lois de finances. |
INTRODUCTION
Mesdames, Messieurs,
Après le choc de l'an passé, le secteur du transport
aérien montre enfin des signes de redressement. Il convient
néanmoins de préciser d'emblée que la situation reste
très difficile, comme l'ont montré les défaillances de
nombreuses compagnies, au niveau international ou au niveau national, en
particulier celles d'Air Lib et d'Air Littoral.
C'est dans ce contexte fragile que sont intervenues la guerre en Irak et
l'épidémie de Syndrome respiratoire aigu sévère
(SRAS). Ces événements ont abouti à une stagnation du
trafic sur le premier semestre 2003. Selon l'Organisation de l'aviation civile
internationale (OACI), le trafic devrait progresser de façon plus
sensible en 2004, avec une croissance de 4 à 5 %. Il faut souligner,
à ce titre, que la situation de l'Europe correspond en 2003 à la
situation mondiale, avec une progression symbolique de 0,1 % du trafic, et
une nette reprise attendue en 2004 (4,1 %).
Le secteur a donc fait la preuve, ces deux dernières années, de
sa capacité d'adaptation et de réaction à des
épreuves terribles sur le plan économique et, surtout, humain. Le
paysage de sortie de crise qui commence à se dessiner aura donc vu
l'approfondissement de la restructuration du secteur, à l'image du
rapprochement entre Air-France et KLM et de la poursuite de l'expansion des
compagnies à bas coûts (
low cost
).
CHAPITRE I -
LES MOYENS FINANCIERS DE L'AVIATION CIVILE
Les
crédits dévolus à l'aviation civile sont répartis
entre :
- le budget annexe de l'aviation civile (BAAC), qui regroupe l'ensemble
des crédits des services de l'aviation civile : il est
alimenté par les redevances de la navigation aérienne et une
quote-part de la taxe de l'aviation civile (TAC) ;
- un compte d'affectation spéciale, le fonds d'intervention pour
les aéroports et le transport aérien (FIATA)
1(
*
)
, chargé de financer les dépenses
liées à l'aménagement du territoire ainsi que celles de
sécurité, incendie, sauvetage et sûreté : ses
recettes sont exclusivement constituées d'une quote-part de la TAC ;
- la section « transport » du budget
général de l'Etat, pour le soutien à l'aéronautique
civile notamment.
I. LE BUDGET ANNEXE DE L'AVIATION CIVILE (BAAC) EST RECONDUIT
Le tableau ci-dessous détaille les agrégats du projet de budget annexe pour 2004, selon la présentation traditionnelle des budgets annexes, et les compare à ceux votés en loi de finances initiale pour 2003 :
BUDGET
ANNEXE DE L'AVIATION CIVILE
Tableau comparatif 2003 - 2004
(en euros)
DEPENSES |
|
RECETTES |
||||||
INTITULÉ |
Loi de finances 2003 |
Projet de loi de finances 2004 |
Evolution |
|
INTITULÉ |
Loi de finances 2003 |
Projet de loi de finances 2004 |
Evolution |
PREMIÈRE SECTION : EXPLOITATION |
||||||||
Achats et services |
112 431 724 |
127 281 269 |
0,0 % |
|
Redevance de route |
911 460 000 |
932 850 000 |
2,3 % |
Services extérieurs |
14 849 545 |
|
|
|
RSTCA (1) |
217 430 000 |
249 100 000 |
14,6 % |
Impôts et taxes |
5 515 172 |
5 615 172 |
1,8 % |
|
TAC |
223 983 801 |
204 770 570 |
-8,6 % |
Charges de personnel |
792 309 234 |
810 017 056 |
2,2 % |
|
Autres produits |
15 673 753 |
13 723 251 |
-12,4 % |
Organismes extérieurs |
201 755 095 |
215 455 095 |
6,8 % |
|
Produits financiers |
1 067 143 |
500 000 |
-53,1 % |
Charges financières |
23 000 000 |
23 000 000 |
0,0 % |
|
Reprises sur provisions |
6 726 050 |
16 950 000 |
152,0 % |
Autres charges de gestion courante |
8 852 299 |
19 076 249 |
115,5 % |
|
|
|||
Dotations aux provisions |
16 950 000 |
15 500 000 |
-8,6 % |
|
||||
Charges exceptionnelles |
40 848 980 |
25 948 980 |
-36,5 % |
|
||||
Autofinancement |
159 828 698 |
176 000 000 |
10,1 % |
|
||||
TOTAL Exploitation |
1 376 340 747 |
1 417 893 821 |
3,0 % |
|
TOTAL Recettes |
1 376 340 747 |
1 417 893 821 |
3,0 % |
DEUXIÈME SECTION : CAPITAL |
||||||||
Remboursements d'emprunts |
91 000 000 |
91 000 000 |
0,0 % |
|
Autofinancement |
159 828 698 |
176 000 000 |
10,1 % |
Investissements |
195 000 000 |
180 000 000 |
-7,7 % |
|
Emprunts |
126 171 302 |
95 000 000 |
-25 % |
TOTAL Capital |
286 000 000 |
271 000 000 |
-5,2 % |
|
Recettes sur cessions |
0 |
0 |
|
|
|
TOTAL Recettes |
286 000 000 |
271 000 000 |
-5,2 % |
|||
|
|
|
|
|
|
|
|
|
TOTAL BRUT |
1 662 340 747 |
1 688 893 821 |
1,6 % |
|
TOTAL BRUT |
1 662 340 747 |
1 688 893 821 |
1,6 % |
à
déduire :
|
- 159 828 698 |
-176 000 000 |
|
|
à
déduire :
|
-159 828 698 |
-176 000 000 |
|
TOTAL NET |
1 502 512 049 |
1 512 893 821 |
0,7 % |
|
TOTAL NET |
1 502 512 049 |
1 512 893 821 |
0,7 % |
(1) Redevance pour services terminaux de la circulation aérienne
A. LES DÉPENSES DU BUDGET ANNEXE
Les
dépenses de personnel
(810 M€) représentent le
premier poste de dépenses du projet de budget annexe. Leur rythme de
progression se ralentit, puisqu'il est de 2,2 %, contre 5,1 % l'an passé
et 8,4 % il y a deux ans.
Pour 2004, le flux net des emplois du BAAC présente un
solde
négatif de huit emplois
, ce qui reflète la volonté du
Gouvernement de tenir compte du contexte actuellement défavorable
à la croissance du trafic. Les 2,2 % d'augmentation des
dépenses de personnels résultent :
- pour 0,78 %, de l'application des mesures
interministérielles couvrant l'ensemble des agents de l'Etat :
participation aux charges de pensions et extension en année pleine des
mesures de revalorisation de la fonction publique ;
- pour 1,41 %, des mesures d'ajustement spécifiques à
la DGAC prenant en compte l'évolution des qualifications et les effets
du glissement vieillesse-technicité (GVT) ;
- pour 0,04 %, de la création de vingt emplois
budgétaires de techniciens supérieurs de l'aviation civile
(TSEEAC), compensée en partie par la suppression de six postes de
personnels administratifs et de douze postes de personnels ouvriers.
Les
dépenses de fonctionnement des services
sont reconduites
à 129,4 M€. Les
dépenses d'investissement
diminuent
en revanche de 7,7 %, à 180 M€, ce qui se justifie par
l'existence l'an passé de crédits non employés, pour
15 M€.
Les
organismes extérieurs
2(
*
)
reçoivent des contributions en forte progression à
215,5 M€. La croissance de 6,8 % de ces contributions
résulte essentiellement de la hausse, cette année encore, de la
participation financière demandée par Eurocontrol
(+ 17,5 M€), mais également des coûts des services
rendus par Aéroports de Paris (ADP) (+ 2,8 M€) et par
Météo-France (+ 2 M€) et des dispositions
contractuelles liant la DGAC aux autorités suisses en application d'un
programme triennal pour 2002-2004 (+ 1,5 M€), de la contribution
à l'aéroport de Bâle-Mulhouse (+ 0,1 M€) et de
celle de la zone déléguée de Jersey (+ 0,2 M€).
En outre, 1 M€ est consacré au groupement pour la
sécurité de l'aviation civile (GSAC).
Votre rapporteur pour avis rappelle l'importance du rôle de l'agence
Eurocontrol, dont la France est le premier contributeur en raison de sa
situation géographique stratégique pour le transport
aérien de toute l'Europe.
En effet, les contributions sont fonction
du volume de trafic enregistré par chaque pays.
Au vu de l'évolution du trafic aérien, l'enveloppe
demandée pour
la navigation aérienne
, à savoir
175 M€ en autorisations de programme (AP) et 140 M€ en
crédits de paiement (CP), est en diminution pour les crédits de
paiement (- 18 M€), mais en augmentation pour les autorisations de
programme (+ 10 M€).
On constate une évolution similaire des dotations pour les
bases
aériennes
, après une forte hausse en 2003. En effet, si les
AP sont stables à près de 25 M€, les CP diminuent quant
à eux de 18,5 M€ (- 7,5 %).
B. LES RECETTES DU BUDGET ANNEXE
1. Les redevances de navigation aérienne
Le Gouvernement a fait, comme l'an passé, l'hypothèse d'une reprise modérée du trafic au cours de l'année à venir. Votre commission des Affaires économiques partage cet optimisme, qui autorise un accroissement de l'évaluation des redevances. Le produit attendu en 2004 des redevances de navigation aérienne versées par les compagnies s'établit ainsi à 1.181 M€ , en hausse de 4,7 % par rapport au montant estimé en loi de finances initiale pour 2003, avec comme ventilation :
PRODUIT ATTENDU DES REDEVANCES (en euros)
|
Evaluation de recettes 2003 |
Evaluation de recettes 2004 |
Evolution |
Redevances de route |
911 460 000 |
932 850 000 |
2,3 % |
RSTCA 3( * ) métropole |
198 230 000 |
214 900 000 |
14,6 % |
RSTCA outre-mer |
19 200 000 |
34 200 000 |
78,1 % |
Source : Projet de loi de finances pour 2004
2. La taxe de l'aviation civile
La
taxe de l'aviation civile
(TAC), applicable depuis le
1
er
janvier 1999
4(
*
)
, couvre
l'essentiel des dépenses du budget annexe ne donnant pas lieu à
perception de redevances pour services rendus, ainsi que les dépenses du
FIATA. Pour 2004, les montants sont en forte augmentation de 13,07 %,
soit :
-
4,43 € par passager
embarqué à
destination d'un Etat membre de
l'Union européenne
, au lieu de
3,92 € en 2003 ;
-
7,53 € par passager
embarqué vers
d'autres
destinations
, au lieu de 6,66 € en 2003 ;
-
1,15 € par tonne de fret
ou de courrier, au lieu de
1,02 € en 2003.
Le produit attendu de la
TAC en 2004
est ainsi estimé à
plus de
322 M€
, que le projet de loi de finances propose de
répartir à hauteur de
63,44 % au profit du budget
annexe
de l'aviation civile et
36,56 % au profit du FIATA
(contre respectivement 76,04 % et 23,96 % en 2003). La
contribution de la TAC au financement du BAAC
sera donc de
204,77 M€
en 2004.
Votre rapporteur pour avis souligne que cette déformation de la
répartition de la taxe d'aviation civile au profit du FIATA s'explique
seulement par la création de la nouvelle mission relative à la
continuité territoriale avec l'outre-mer dans le FIATA.
II. LE FONDS D'INTERVENTION POUR LES AÉROPORTS ET LE TRANSPORT AÉRIEN (FIATA) : UNE HAUSSE APPARENTE QUI ACCENTUE LES AMBIGUITÉS DE CE COMPTE D'AFFECTATION SPÉCIALE
A. L'AFFAIBLISSEMENT DE L'ESPRIT ORIGINEL DU DISPOSITIF
Votre
commission avait déjà exprimé l'an passé sa
préoccupation devant l'évolution du FIATA, qui s'éloigne
de plus en plus de sa mission originelle.
Il convient pourtant de rappeler
que ce compte d'affectation spéciale a été
créé dans un but précis de soutien aux dessertes
régionales et d'aménagement du territoire.
La part du FIATA qui correspond au
soutien aux dessertes aériennes
régionales
est
en hausse de 75 %
, à
28 millions d'euros. Votre rapporteur pour avis s'en félicite
vivement.
DEPENSES ET RECETTES DU FIATA (2002-2004)
(en millions
d'euros)
|
2002 |
2003 |
2004 |
Evolution (2004/2003) |
Dépenses |
|
|
|
|
Subventions aux entreprises de transport aérien |
13 |
16 |
28 |
+ 75,0 % |
Sûreté et sécurité |
33 |
21 |
15 |
- 28,6 % |
Subventions aux gestionnaires d'aérodrome |
31 |
34 |
45 |
+ 32,3 % |
Dotations versées aux collectivités locales au titre de la continuité territoriale |
- |
- |
30 |
- |
Total Dépenses |
76,9 |
70,6 |
118 |
+ 67,1 % |
|
|
|
|
|
Recettes |
|
|
|
|
Taxe de péréquation des transports aériens |
- |
0,1 |
- |
- |
Taxe de l'aviation civile |
90 |
71 |
118 |
+ 66,2 % |
Recettes diverses ou accidentelles |
0,2 |
- |
- |
|
Total Recettes |
90,2 |
71,1 |
118 |
+ 66,0 % |
Toutefois,
il ne peut qu'exprimer sa préoccupation
devant
l'évolution générale du FIATA
. En effet, l'apparition
d'une nouvelle mission de subventions aux collectivités locales
d'outre-mer, au titre de la continuité territoriale et à la suite
de la loi de programme pour l'outre-mer
5(
*
)
,
constitue
une construction peu satisfaisante
. Votre rapporteur pour avis
partage naturellement le souci d'assurer la continuité territoriale avec
les DOM-TOM. Mais la solution proposée soulève plusieurs
observations :
- du point de vue des collectivités d'outre-mer, on peut remarquer
que l'article 60 de la loi de programme prévoyait l'indexation du
soutien à la continuité territoriale sur l'évolution de la
dotation globale de fonctionnement (DGF). Tel n'est pas le cas ici, puisque ce
soutien devient fonction de l'activité économique du transport
aérien ;
- cette nouvelle mission s'inscrit dans une évolution qui tend
à éloigner le FIATA de sa mission originelle de subventions
économiques aux dessertes aériennes régionales. Ainsi,
celle-ci ne représente que 23,7 % de l'ensemble des dépenses
prévues pour le FIATA en 2004. L'augmentation très forte, de
67 % du FIATA, ne correspond donc pas à une relance du soutien aux
dessertes aériennes régionales, ce que regrette votre rapporteur
pour avis.
En effet, si la continuité territoriale de la République est
assurément une mission tout à fait importante de l'Etat, rien ne
semble justifier que les clients de l'aviation civile supportent seuls, par
l'intermédiaire de la TAC, cette charge qui bénéficie
à l'ensemble de la collectivité nationale. Telle est la
réflexion qu'a exprimée votre commission lors de l'examen du
présent rapport.
B. UN MODÈLE À REPRODUIRE ?
Votre
rapporteur pour avis estime en revanche qu'un mécanisme comparable au
FIATA pourrait avoir tout son rôle pour financer, par exemple,
l'équipement intermodal dans une perspective de bon aménagement
du territoire
. Il s'agirait alors de prélever une taxe sur
l'ensemble des activités de transports, et non sur le seul transport
aérien, au profit des investissements permettant de développer
l'intermodalité.
Votre commission souhaite approfondir sa réflexion sur ce point, qui
pourrait être porteur d'une redynamisation et d'un
rééquilibrage de l'ensemble des transports en France.
III. LES CRÉDITS INSCRITS AU BUDGET GÉNÉRAL DE L'ÉTAT
A. L'AÉRONAUTIQUE
La
construction aéronautique civile est un secteur particulièrement
important pour l'économie de notre pays en termes d'emploi, de
développement technologique, d'aménagement du territoire et de
commerce extérieur.
Dans un contexte difficile, l'industrie
aéronautique française a naturellement vu son activité se
ralentir
. Toutefois, les baisses du chiffre d'affaires constatées
(- 3 % pour EADS et - 5,6 % pour la SNECMA) apparaissent
moins sévères que celles de leurs principaux concurrents, en
particulier américains. Votre rapporteur pour avis rappelle, à ce
titre, qu'au cours de l'année écoulée l'industrie
aéronautique civile américaine a vu son chiffre d'affaires
baisser de 15,5 % et son nombre d'employés diminuer de 11 %.
Les
crédits de paiement de la politique de soutien à la
construction aéronautique
diminuent apparemment de près de
2 %, à
293 M€
. Toutefois, le soutien à la
recherche n'étant plus assujetti à la TVA, il en résulte
concrètement, à crédits constants, une augmentation de
20 % de cette politique. Si l'on tient compte de cet effet, la politique
de soutien à
la construction aéronautique progresse donc en
réalité de près de 2 %, ce dont votre rapporteur pour
avis se félicite
.
En raison des enjeux économiques, industriels, mais aussi
stratégiques du projet d'Airbus A380, votre rapporteur pour avis
souhaite faire le point sur ce dossier.
Le programme A380 faisait au 1
er
août 2003 l'objet
de 116 commandes (+ 21 en un an) et 46 options, auxquelles
s'ajoutent des intentions d'achat pour 13 appareils fermes et 5 options, de la
part de onze clients. Rappelons que deux modèles sont aujourd'hui
commercialisés par Airbus : l'A380-800 qui peut emmener
550 passagers sur 15.000 km, et l'A380/F, conçu pour le
transport du fret, capable de transporter une charge utile de 150 tonnes
à plus de 10.000 km de distance. A terme, la
« famille » A380 doit comprendre cinq versions, qui
permettront chacune de répondre à un besoin particulier du
marché, tant en capacité qu'en rayon d'action.
Les tableaux ci-dessous indiquent la répartition des commandes et
options par compagnie aérienne au 1
er
août 2003, pour
les deux modèles.
A380-800 - COMMANDES ET OPTIONS AU 1 er AOÛT 2003
|
Commandes fermes |
Intentions d'achats fermes |
Options sur contrats signés |
Intentions d'options |
Air France |
10 |
|
4 |
|
Emirates Airlines |
41 |
|
|
|
ILFC 6( * ) |
5 |
|
|
|
Korean Air |
|
5 |
|
3 |
Malaysia Airlines |
|
6 |
|
|
Qantas |
12 |
|
12 |
|
Qatar Airways |
|
2 |
|
2 |
Singapore Airlines |
10 |
|
15 |
|
Virgin Atlantic |
6 |
|
|
|
TOTAL |
84 |
13 |
31 |
5 |
A380/F - COMMANDES ET OPTIONS AU 1 er AOÛT 2003
|
Commandes fermes |
Intentions d'achats fermes |
Options sur contrats signés |
Intentions d'options |
Emirates Airlines |
2 |
|
|
|
Fedex |
10 |
|
10 |
|
ILFC |
5 |
|
|
|
Lufthansa |
15 |
|
5 |
|
TOTAL |
32 |
|
15 |
|
La
première livraison de l'A380 est prévue en mars 2006 à la
compagnie Singapore Airlines.
L'évolution très favorable du
carnet de commandes permet d'envisager les perspectives de l'A380 avec une
sérénité croissante. Votre rapporteur pour avis se
réjouit en outre que la version cargo, l'A380/F, atteigne
désormais un niveau de commandes
qui donne de bonnes assurances que
cette version puisse également être développée. Il
souligne enfin la performance industrielle et technique que constitue le
respect des délais initialement prévus pour un programme de cette
envergure.
Comme votre rapporteur pour avis l'imaginait l'an passé, la
stratégie alternative de long-courrier supersonique
développée par le principal concurrent d'Airbus,
l'américain Boeing, a dû être abandonnée, car elle ne
correspondait en réalité absolument pas aux évolutions
prévisibles du secteur.
Il estime que cette lourde erreur du
constructeur américain souligne l'importance décisive des choix
stratégiques de long terme dans le secteur du transport aérien.
B. L'AUTORITÉ DE CONTRÔLE DES NUISANCES SONORES AÉROPORTUAIRES (ACNUSA)
Les
moyens de l'Autorité de contrôle des nuisances sonores
aéroportuaires (ACNUSA) figurent au chapitre 37-10 de la section
budgétaire « services communs » du ministère
de l'équipement, des transports et du logement.
Ainsi que l'indique le tableau ci-dessous, l'enveloppe budgétaire est en
forte baisse de - 6,6 %
.
CRÉDITS BUDGÉTAIRES DE L'ACNUSA (EN €)
|
Projet
de loi de
|
Projet de loi de finances 2004 |
Evolution |
Rémunération des personnels |
266 042 |
289 008 |
+ 8,6 % |
Vacations indemnités des membres et experts |
105 514 |
105 514 |
0 % |
Dépenses de fonctionnement |
723 266 |
628 444 |
- 13,2 % |
TOTAL |
1 094 822 |
1 022 966 |
- 6,6 % |
Votre rapporteur pour avis exprime sa préoccupation devant cette diminution de crédits, à un moment où il importe plus que jamais d'avoir une connaissance fidèle et transparente des nuisances sonores aéroportuaires . Si l'on peut considérer que cette autorité administrative indépendante a désormais atteint son rythme de croisière, la réduction de crédits proposée dépasse le seul cadre d'un budget contraint.
CHAPITRE II -
LA RECOMPOSITION DU PAYSAGE AÉRIEN
I. UN CONTEXTE TOUJOURS DIFFICILE
A. LES PERSPECTIVES DE DÉVELOPPEMENT DU SECTEUR À MOYEN ET LONG TERME NE PARAISSENT PAS REMISES EN CAUSE
L'année 2002 a été marquée par une reprise sensible de la croissance du trafic mondial, après l'année charnière de 2001 pendant laquelle les résultats de trafic et les résultats financiers des transporteurs aériens avaient chuté sous l'effet conjugué du ralentissement économique outre-Atlantique et des attentats terroristes du 11 septembre 2001.
1. Le trafic mondial en 2002
Pour les
services réguliers assurés par l'ensemble des compagnies
mondiales, l'OACI a enregistré pour l'année 2002 près de
1,6 milliard de passagers réguliers et quelque 30 millions de
tonnes de fret transportées
7(
*
)
. Ces
chiffres représentent une
augmentation par rapport à 2001
d'environ 2 %
du trafic total régulier ainsi que du trafic
international régulier des compagnies aériennes mondiales,
exprimés en tonnes kilomètres transportées (TKT)
totales
8(
*
)
. Les trafics totaux de passagers et
de fret, exprimés en passagers kilomètres transportés
(PKT) et TKT, sont respectivement en augmentation d'environ 0,4 % et
4 %.
Le trafic de 2002 de passagers demeure cependant inférieur d'environ
2 à 3 % à son niveau de 2000
, alors que la croissance
moyenne sur la décennie 1990 des PKT avait été de
4,7 %.
Pour l'Europe, le trafic TKT recule de 1,1 % en 2002.
2. Les perspectives pour 2003 et 2004
Les
premiers résultats de l'année 2003 ne font pas état d'une
reprise
dans le transport aérien, quelle que soit l'échelle
géographique examinée, notamment
en raison du conflit en Irak
et de l'épidémie de pneumopathie
intervenus au cours de ce
premier semestre 2003.
Au niveau mondial, l'OACI
9(
*
)
prévoit
ainsi une
stagnation du trafic de passagers en 2003
, puis une
reprise
avec une croissance de 4,4 % en 2004
, et de 6,3 % en 2005. Pour
le trafic des seules compagnies européennes, la prévision est
également favorable : + 0,1 % en 2003 avec une nette
reprise en 2004 (+ 4,1 %) et en 2005 (+ 6,2 %).
3. Les projections à long terme
A plus long terme, pour la période 2000-2020, l'OACI envisage, à l'heure actuelle, une croissance mondiale moyenne du trafic (en PKT) de + 4,3 % par an, dont + 4,9 % pour l'international et + 3,5 % pour le trafic intérieur.
CROISSANCE MOYENNE DU TRAFIC PRÉVUE PAR POUR 2000-2020
|
2000-2005 |
2006-2010 |
2011-2015 |
2016-2020 |
Moyenne
|
International |
2,6 % |
6,3 % |
5,6 % |
5,1 % |
4,9 % |
Intérieur |
1,7 % |
4,1 % |
4,0 % |
4,0 % |
3,5 % |
Total monde |
2,2 % |
5,4 % |
5,0 % |
4,7 % |
4,3 % |
Source
: OACI
Au bout du compte, le
trafic mondial de passagers ferait plus que doubler de
2000 à 2020, passant de 4,8 milliards à 11,6 milliards de PKT
dont 7 milliards (soit 60%) pour le trafic international
. Cette perspective
de doublement du trafic, qui conditionne toutes les réflexions sur les
besoins nationaux en équipements aéroportuaires, n'est donc pas
remise en cause.
Il est à noter que les prévisions établies en 2003 sont
légèrement inférieures à celles de l'an
passé où, sur la période 2000-2020, l'OACI avait retenu
les prévisions suivantes : + 4,5 % pour le trafic
mondial, + 5 % pour le trafic international et + 3,7 % pour
le trafic intérieur.
B. LA CONSOLIDATION DES ALLIANCES
Depuis
la disparition, en 2002, de l'alliance Qualiflyer, qui regroupait autour de
Swissair et Sabena onze compagnies aériennes européennes, on ne
compte plus que
quatre grandes alliances
globales.
Elles se sont
partagé, en 2002,
62 % du trafic régulier
mondial
10(
*
)
en s'appuyant sur les grandes
plateformes de correspondance des compagnies membres :
-
Star Alliance
regroupe quatorze compagnies
11(
*
)
dont Lufthansa, SAS, United Airlines, Air Canada et
Singapore Airlines : elle représentait en 2002,
24 %
du
trafic mondial ;
-
Oneworld
fondée en septembre 1998 par American Airlines et
British Airways, est aujourd'hui composée de huit membres
12(
*
)
, qui ont réalisé, en 2002,
18 %
du trafic mondial ;
-
Skyteam
, créée en juin 1999 autour d'Air France et
de Delta Air-Lines, regroupe aujourd'hui six compagnies
13(
*
)
. L'alliance Skyteam a représenté, en
2002,
13 %
du trafic mondial ;
-
l'alliance KLM/ Northwest
regroupe la compagnie
néerlandaise KLM et l'américaine
Northwest. Ces deux
compagnies ont représenté
7 %
du trafic mondial en
2002.
L'expérience récente montre que ces alliances n'ont guère
d'objectifs capitalistiques. En effet, le secteur est soumis aux
règles de détention nationale du capital des compagnies
aériennes
, qui établissent un lien entre la
nationalité des entreprises et les droits de trafic dont elles
bénéficient auprès des pays étrangers. Cette
clause de nationalité
, propre au transport aérien, a
façonné le paysage aérien mondial, et explique largement
le recours aux stratégies d'alliance, plutôt qu'aux fusions
capitalistiques courantes dans les autres secteurs économiques. Les
compagnies cherchent donc avant tout, à développer un
réseau mondial tout en rationalisant leurs moyens. Au-delà de
simples accords de coopération liant une compagnie à une autre,
les alliances
dites
« stratégiques »
se sont peu
à peu imposées, ramifiées autour de grands pôles
composés chacun de partenaires américains, européens et
asiatiques. Leur contenu est plus ou moins étendu, mais les compagnies
partenaires et leurs passagers peuvent y trouver les avantages suivants :
- programmes de fidélisation communs ;
- enregistrement unique ;
- suivi automatique des bagages ;
- partage des réseaux d'agences ;
- gestion commune des réclamations de passagers ;
- accroissement du nombre de destinations ;
- alimentation en passagers des
hubs
respectifs, permettant une
meilleure exploitation ;
- achats communs (avions, équipements, carburant, restauration et
commissariat à bord, maintenance, assistance en escale...).
C. LE RENCHÉRISSEMENT DES ASSURANCES
Outre le
fléchissement de la demande, les compagnies ont eu à subir,
à la suite des attentats du 11 septembre 2001, le
renchérissement du coût des primes d'assurance
et celui des
mesures de sûreté
, pour des montants respectivement
estimés à 180 et 145 M€ par la Commission
européenne. Les assureurs ont rapidement résiliés leurs
garanties « responsabilité civile » applicables aux
risques de guerre, avant de proposer une nouvelle couverture partielle, avec
des primes nettement accrues.
L'augmentation considérable des primes d'assurance pour la couverture
des actes de terrorisme et de guerre avait incité les Etats membres de
l'Union européenne à octroyer des aides à leurs
compagnies. Les Etats ont ainsi pris en charge la
couverture de ces risques
ou l'augmentation des primes d'assurance
. Dans ce cadre, le
ministère de l'Economie et des Finances français avait mis en
place une prise en charge, via la Caisse centrale de réassurance, des
conséquences qu'un attentat ou un acte de guerre auraient sur des tiers,
pour des sinistres supérieurs à 50 millions de dollars. Ces
mécanismes ont pris fin le 31 octobre 2002 pour la plupart des
Etats membres de l'Union Européenne, la France prolongeant son
dispositif d'un mois, jusqu'au 30 novembre 2002.
Dès le Conseil économique et financier (Ecofin) du
22 septembre 2001, des «
lignes
directrices
» avaient été établies pour
encadrer ces aides. Mais
cette possibilité n'a pas été
reconduite au-delà du 31 octobre 2002, ce que déplore votre
rapporteur
pour avis
. La Commission européenne entend
désormais examiner au cas par cas chaque aide en ce domaine.
Votre rapporteur pour avis souhaite insister sur la gravité de cette
situation, le renchérissement des primes rendant plus difficile encore
le retour des compagnies aériennes à la rentabilité.
Les assureurs ont pu paraître vouloir se défaire de ce risque,
ce qui a encouragé le développement de projets de fonds
mutualisés de réassurance, au niveau régional
(
Eurotime
) ou mondial (
Globaltime
). Mais dans l'attente de la
mise en place de ces fonds, les compagnies sont confrontées au
très fort relèvement des primes d'assurance.
Pour le groupe Air France, le coût des assurances a ainsi atteint environ
91 M€ sur l'exercice 2002/2003, clos le 31 mars 2003, contre un
montant de 85 M€ sur l'exercice 2001/2002 et de 40 M€ sur l'exercice
2000/2001. Votre rapporteur pour avis note que, selon la DGAC, les primes
devraient désormais se stabiliser.
D. LE COÛT DES MESURES DE SÛRETÉ
1. Le soutien volontariste des Etats-Unis au transport aérien
Le
Congrès américain a adopté, en novembre 2001, un premier
plan d'aide massif au secteur du transport aérien de près de 15
milliards de dollars. L'un des volets de ce plan concernait les dépenses
de sûreté. Il comprenait l'engagement de prendre en charge les
coûts supplémentaires, notamment le renforcement des portes de
cockpit
14(
*
)
. Cet engagement n'ayant
été que partiellement rempli en 2002, le Congrès a
adopté le 12 avril 2003 un train de mesures
complémentaires visant à faire prendre en charge par le budget
fédéral les dépenses de sûreté
engagées par les compagnies aériennes et à compenser les
pertes d'exploitation causées par le conflit irakien.
Ce deuxième train de mesures d'aide aux compagnies aériennes
américaines comprend deux volets :
- une subvention de 2,4 milliards de dollars, accordée uniquement
aux compagnies aériennes américaines et correspondant aux
montants des taxes de sûreté dont elles s'étaient
déjà acquittées ;
- un moratoire sur les taxes de sûreté pour une
période de quatre mois (de juin à septembre 2003),
bénéficiant à toutes les compagnies aériennes,
qu'elles soient américaines ou étrangères.
Les compagnies aériennes ont contribué à hauteur de
30 % à l'effort d'investissements de sûreté.
2. Une timidité européenne regrettable
En
Europe, le Conseil européen du 21 septembre 2001 et les Conseils
« transports » des 14 septembre et 16 octobre
2001 ont
renforcé les mesures de sûreté
aérienne
. En France, ces mesures de sûreté
complémentaire ont représenté l'essentiel des 300 M€
de mesures de soutien mises en oeuvre par le gouvernement (75 M€ pour
le filtrage des personnes, près de 120 M€ pour le
contrôle des bagages de soute).
La Commission européenne a validé le 19 mars 2003 ces aides
financières. La dotation budgétaire maximale prévue par la
France est de 45,73 M€. Selon la DGAC, la France est le seul Etat
membre à avoir sollicité l'autorisation de la Commission
européenne pour mettre en place des mesures financières
compensatoires au bénéfice des compagnies aériennes
européennes.
Les mesures de sûreté susceptibles de donner lieu à une
compensation sont celles établies après le 11 septembre 2001 par
les autorités compétentes, dans le cadre du plan Vigipirate
renforcé, sur les aérodromes du territoire français.
Il
convient de noter que cette compensation financière apportée par
l'Etat est exceptionnelle et limitée dans la durée
, alors que
certaines mesures de sûreté mises en oeuvre présentent un
caractère pérenne.
Observant que le soutien aux compagnies aériennes a été
beaucoup plus net aux Etats-Unis, votre rapporteur pour avis considère
que la nature exceptionnelle des difficultés rencontrées par le
secteur aurait pu justifier un engagement plus résolu des Etats
européens.
II. LE PANORAMA AMÉRICAIN : LA MONTÉE EN PUISSANCE DES LOW COST
A. DES SITUATIONS CONTRASTÉES
1. Le secteur aérien américain
Le
secteur aérien américain, dominé depuis plusieurs
décennies par les compagnies « majeures »
15(
*
)
ayant à faire face à d'importantes
difficultés financières depuis 2001, se caractérise par
une place grandissante des compagnies à bas coûts sur le
marché intérieur des Etats-Unis
.
Ainsi, la baisse du trafic intérieur des compagnies
« traditionnelles » de juin 2002 à juin 2003 a
été compensée, presque exactement, par la hausse du trafic
des compagnies à bas coûts
16(
*
)
. En
juin 2003, les baisses du trafic intérieur d'American Airlines,
United Airlines, Delta Air Lines, Northwest Airlines et US Airways
étaient sur un an respectivement de
4,1 %, 2,6 %,
5,3 %, 4,3 % et 11,7 %
. Parallèlement, JetBlue et
AirTran, deux compagnies à bas coûts, ont enregistré des
hausses de leurs trafics de
63 %
et de
20 %
.
Globalement,
la part de marché
des
compagnies à
bas coûts américaines
sur le
trafic
intérieur
a progressé de trois points en un an, passant
de 24,6 % en juin 2002 à 27,6 % en juin 2003
. Ces
évolutions sont à resituer dans le contexte américain
général : le trafic passagers total
17(
*
)
des transporteurs américains membres de
l'ATA
18(
*
)
s'élève à
1,03 milliard de PKT, ayant baissé de 1,9 % de 2001 à
2002. En revanche, le trafic fret, à 33,8 millions de TKT, a
augmenté de 15,1 % sur la même période.
2. La situation des principales compagnies américaines reflète le dynamisme des low cost
Il existe officiellement aux Etats-Unis quatorze compagnies qualifiées de « majeures », dont onze de transport de passagers et trois de transport de fret 19( * ) . Parmi les transporteurs de passagers, il existe six compagnies majeures américaines offrant des services intercontinentaux -American Airlines, United Airlines, Delta Air Lines, Northwest, Continental et US Airways 20( * ) - et cinq compagnies dont le réseau se limite au continent américain - Southwest Airlines, America West, Alaska Airlines, American Trans Air (ATA) 21( * ) et American Eagle Airlines 22( * ) .
TRAFIC
ET RESULTATS FINANCIERS EN 2002
DES PRINCIPALES COMPAGNIES
AMERICAINES
|
|
Trafic |
|
|
|
|
|
PKT
|
TKT
|
||||||
11 Cies « majeures » (pass.) : |
|
945,47 |
100,23 |
77 695,6 |
-9 578,6 |
-11 527,2 |
72,0 % |
American Airlines |
1 |
195,81 |
20,72 |
15 870,6 |
-3 312,9 |
-3 495,7 |
70,7 % |
United Airlines |
2 |
176,05 |
19,30 |
13 915,6 |
-3 021,8 |
-3 325,8 |
73,6 % |
Delta Air Lines |
3 |
150,46 |
15,80 |
12 410,4 |
-1 035,4 |
-1 295,0 |
71,1 % |
Northwest Airlines |
4 |
115,87 |
13,78 |
9 151,6 |
-783,5 |
-766,4 |
77,1 % |
Continental Airlines |
5 |
95,60 |
10,04 |
7 708,1 |
-448,1 |
-430,7 |
74,1 % |
Southwest Airlines |
6 |
73,06 |
6,83 |
5 521,8 |
417,6 |
241,0 |
65,9 % |
US Airways |
7 |
64,41 |
6,44 |
6 914,9 |
-919,3 |
-1 658,8 |
71,0 % |
America West |
8 |
31,95 |
3,01 |
2 021,0 |
-203,4 |
-432,9 |
73,6 % |
Alaska Airlines |
9 |
21,21 |
2,01 |
1 832,4 |
-80,8 |
-75,0 |
68,1 % |
American Trans Air |
10 |
15,16 |
1,75 |
1 150,0 |
-140,8 |
-169,4 |
73,0 % |
American Eagle AL |
11 |
5,91 |
0,54 |
1 199,2 |
-50,2 |
-118,5 |
63,1 % |
3 Cies « majeures » (fret) : |
|
- |
20,21 |
19 047,0 |
956,6 |
458,0 |
- |
Federal Express Corp. |
1 |
- |
13,27 |
15 941,2 |
736,2 |
402,2 |
- |
UPS |
2 |
- |
6,61 |
2 851,9 |
204,3 |
46,6 |
- |
DHL Airways |
3 |
- |
0,32 |
253,9 |
16,1 |
9,2 |
- |
14 Cies « majeures » (E-Unis) : |
|
945,47 |
120,43 |
96 742,6 |
-8 622,0 |
-11 069,2 |
72,0 % |
Evolution 2002/2001 |
|
-34,70 |
-1,50 |
-8 191,5 |
1 005,3 |
-3 930,2 |
+ 1,7 point |
Source
: DOT :
Majors - Airline Quarterly
Financial Revue 4Q02
- année 2002
(1) classement par trafic 2002 décroissant.
Le trafic des onze principales compagnies de transport de passagers,
exprimé en PKT, a baissé de 3,5 % en 2002. En revanche, le
trafic des trois transporteurs principaux de fret, exprimé en TKT, a
augmenté de 12 % en 2002, notamment grâce à Federal
Express. La compagnie à bas coûts Southwest Airlines, au
sixième rang des compagnies américaines de transport de
passagers, a réalisé davantage de trafic que US Airways, et
uniquement sur le marché intérieur américain. De
surcroît,
Southwest est la seule compagnie aérienne
américaine
de transport de passagers à
avoir
enregistré un résultat d'exploitation positif pour l'exercice
2002
.
Depuis le 11 septembre 2001, les compagnies aériennes
américaines ont perdu 30 milliards d'euros
, la plupart restant
encore très fragilisées malgré les restructurations
intervenues en 2002 et 2003.
Votre rapporteur pour avis rappelle que sept compagnies américaines ont
été placées sous la protection du chapitre 11 de la
loi sur les faillites depuis le début de l'année 2001, parmi
lesquelles TWA, US Airways et United Airlines. Il convient d'ajouter à
cette liste Air Canada. Enfin, Americain Airlines traverse, elle aussi, de
très grosses difficultés, même si elle est parvenue
à éviter le dépôt de bilan.
B. LA RESTRUCTURATION DU SECTEUR
Après être sortie du régime des faillites
le 30
mars 2003 grâce à un important plan de restructuration - qui lui a
permis des économies annuelles de près de 1,9 milliard de dollars
-, US Airways, a signé le 25 juillet 2002 avec United Airlines un accord
de partage de codes, et a rejoint Star Alliance début juin 2003.
Par ailleurs, le ministère des transports américain a
accepté, le 17 janvier 2003, l'accord commercial de partage de
codes, demandé en août 2002, entre Delta Air Lines, Northwest et
Continental, respectivement troisième, quatrième et
cinquième transporteurs américains. Cet accord commercial de
partage de codes, initialement prévu pour une durée de dix
années, a été approuvé sous conditions :
- les trois transporteurs ne doivent pas se coordonner ou s'entendre sur
des sujets tels que les tarifs, les créations ou suppressions de
liaisons, ou sur les capacités ;
- sur leurs
hubs
ainsi qu'à Boston, ils doivent rendre,
à la demande des autorités aéroportuaires, les portes
d'embarquement utilisées à moins de six rotations par jour.
Selon l'ATA
23(
*
)
, les conséquences
estimées
ex ante
du conflit irakien sur les compagnies
aériennes américaines se traduiraient par la suppression de 2.200
vols quotidiens, générant des pertes de 10,7 milliards de
dollars et la disparition de près de 70.000 emplois.
S'agissant des
perspectives de redressement
, à l'heure actuelle,
des principaux transporteurs aériens américains, on peut
établir les trois catégories suivantes :
- les compagnies qui restent encore dans une
situation
précaire
: American Airlines, qui
affiche une perte
catastrophique
de 1,04 milliard de dollars
24(
*
)
au premier trimestre 2003, et United Airlines,
menacée par la faillite
25(
*
)
en raison
d'une forte concurrence des compagnies à bas coûts sur ses
lignes ;
- celles qui sont sur la
voie du redressement
, mais qui devront
encore se restructurer et mettre en oeuvre des plans d'économies :
Northwest, Continental, US Airways (désormais sortie du régime
des faillites), Delta Air Lines et America West (qui souhaite s'affirmer comme
l'une des rares compagnies à bas coûts exploitant un
réseau) ;
- les compagnies à bas coûts qui affichent un
développement et une
progression
de leur activité :
Southwest Airlines, JetBlue, Air Tran, Frontier Airlines et ATA.
Concernant le
deuxième trimestre 2003
, les grandes compagnies
(à l'exception des deux plus grandes - American et United) renouent avec
le profit et présentent des résultats nets positifs. Cependant,
les comptes sont faussés par le versement d'une subvention
fédérale d'un montant égal au produit des taxes de
sûreté payées depuis leur mise en place en février
2002, pour un total de 2,3 milliards de dollars
26(
*
)
.
Hors subventions, les compagnies aériennes
américaines restent, pour la plupart, déficitaires
.
On
notera que, hors subvention, même le résultat de Southwest est
négatif
. Le tableau suivant indique l'effet de l'aide
fédérale sur le résultat de dix grandes compagnies pour le
deuxième trimestre 2003 :
RÉSULTAT DES PRINCIPALES COMPAGNIES AMÉRICAINES
AU 2
ÈME
TRIMESTRE 2003
Compagnie |
Résultat net, M$
|
Subvention reçue, M$ (B) |
Résultat (M$) avant subvention (A) - (B) |
American |
- 75 |
358 |
- 433 |
United |
- 623 |
300 |
- 923 |
Delta |
184 |
251 |
- 67 |
Northwest |
227 |
209 |
18 |
US Airways |
13 |
214 |
- 201 |
Continental |
79 |
111 |
- 32 |
Southwest |
246 |
271 |
- 25 |
America West |
80 |
81 |
- 1,6 |
Alaska |
45 |
71 |
- 26 |
ATA |
43 |
37 |
6 |
Total |
219 |
1 904 |
- 1 685 |
Pour la première fois depuis 30 mois (quatrième trimestre 2000), le résultat global de ces compagnies est redevenu positif après subvention de l'Etat . Hors subvention, il est cependant encore proche de la moyenne trimestrielle des pertes enregistrées en 2001 et 2002. Votre rapporteur pour avis souhaite exprimer sa préoccupation devant l'éventuelle distorsion de concurrence que ce soutien pourrait créer entre les compagnies aériennes et leurs homologues européennes.
III. LA SITUATION EUROPÉENNE, UN BILAN CONTRASTÉ
A. LA POLARISATION CROISSANTE DU MARCHÉ EUROPÉEN
1. La confirmation de la prédominance de trois grands acteurs, adossés aux trois grandes alliances
a) Trois grandes compagnies de taille comparable jusqu'ici
Le
marché européen est dominé par trois grandes compagnies,
anciennes championnes nationales des trois premières économies du
continent, qui représentent
chacune près de 17 % du
marché
. A l'heure actuelle, Air France occupe la première
place, avec 17,2 %, devant British Airways (17 %) et Lufthansa
(16 %). Ces écarts faibles fluctuent, l'essentiel étant le
poids comparable de ces grandes compagnies.
Cette situation d'équilibre se reflète naturellement au niveau
plus large des grandes alliances mondiales, puisqu'Air France est membre de
Skyteam, British Airways de Oneworld et Lufthansa de Star Alliance.
b) Le rapprochement Air France-KLM
La prise de contrôle de KLM par Air France remet en cause cet équilibre entre les trois grandes compagnies . On peut se demander si cette augmentation du poids d'Air France ne conduira pas à une nouvelle vague de concentration à l'échelle européenne , de façon à rétablir l'équilibre entre trois pôles de taille comparable. Une telle évolution rencontre toutefois l'obstacle de la clause de nationalité 27( * ) .
c) Vers la fin de l'exception capitalistique du transport aérien ?
Au cours
des dernières années, de nombreux Etats européens se sont
désengagés, partiellement ou totalement, du capital des
principales compagnies aériennes. Ainsi, British Airways, KLM et Iberia
ont été privatisées ; le capital d'Air France comme celui
d'Alitalia ont été ouverts, et les conditions de la privatisation
d'Air France ont été définies
28(
*
)
. C'est dans ce cadre que s'inscrit l'accord conclu
entre Air France et KLM, la compagnie française devant prendre le
contrôle de son homologue néerlandaise par échange
d'actions.
Ces évolutions amènent à poser de façon pressante
la question du frein à la concentration que constitue la clause de
nationalité.
Votre rapporteur pour avis estime que celle-ci devrait
s'effacer à terme, au fur et à mesure que le transport
aérien regagne le droit commun commercial. Toutefois, dans la mesure
où une telle évolution suppose de très nombreuses
négociations internationales, elle prendra vraisemblablement de longues
années.
2. Un secteur convalescent
Après une année 2001 marquée par un
retournement brutal de la croissance, les résultats financiers des
grandes compagnies européennes en 2002 indiquent un redressement
sensible. Pour le dernier exercice, six des principales compagnies
aériennes européennes annoncent des résultats nets
positifs : il s'agit de Lufthansa, d'Iberia, d'Air France, de British Airways,
d'Alitalia et de Turkish Airlines, avec des résultats nets compris entre
56 et 717 M€. En revanche, trois autres grandes compagnies
européennes, Swiss, KLM et SAS, affichent des résultats nets
largement négatifs pour leur dernier exercice, compris entre -112 et
-639 M€.
Pour 2002, SAS, Turkish Airlines, Air France et Lufthansa se distinguent par
une croissance du
trafic de passagers
29(
*
)
, par rapport à l'exercice 2001, respectivement
de 5,3 %, 4,6 %, 2,8 %, et 2,5 %. En revanche, Swiss,
Alitalia, Virgin Atlantic et British Airways enregistrent de fortes baisses de
trafic, respectivement de - 33,6 %, - 18,0 %,
- 4,4 % et - 4,1 %.
Air France et KLM sont les deux
seules compagnies, parmi les dix plus importantes en Europe, à avoir
enregistré en 2002 une progression de leur nombre de passagers
réguliers transportés par rapport à 2001
.
Votre
rapporteur pour avis souhaite souligner ce point, à l'heure du
rapprochement de ces deux entreprises
.
L'activité fret
, après avoir connu pour ces dix compagnies
une baisse sensible en 2001, se stabilise en 2002 en termes de TKT. Pour cet
exercice, cinq transporteurs
30(
*
)
sont parvenus
à enregistrer une croissance sensible de leur trafic fret, à des
taux compris entre 4 % et 13 %. Cette situation est toutefois moins
favorable que celle du fret sur le marché américain.
3. L'enracinement des low cost
Au cours
des dernières années, de nombreuses compagnies à bas
coûts ont vu le jour en Europe, dont certaines ont connu un essor rapide,
à l'image d'easyJet et de Ryanair. En réponse à cette
situation, plusieurs grandes compagnies classiques européennes ont
créé leur propre filiale à bas coûts, à
l'image de certaines grandes compagnies américaines : c'est le cas de
KLM
31(
*
)
, British Airways
32(
*
)
, British Midland
33(
*
)
,
ou encore SAS
34(
*
)
.
Dans cet environnement très dynamique, certains transporteurs à
bas coûts se sont développés, d'autres ont disparu ou ont
été rachetés par les plus robustes. Votre rapporteur pour
avis tient à souligner la vitalité de ce secteur. Ainsi, depuis
début 2002, les changements suivants sont intervenus :
- parmi les créations, on remarque notamment SkyEurope
(février 2002), bmibaby (mars 2002), Goodjet (avril 2002), evolavia
(mi-2002), Germanwings et MyTravelLite (octobre 2002), Hapag-Lloyd Express
(décembre 2002), Jet2 (février 2003), Volareweb et Snowflake
(mars 2003) ;
- les fusions et regroupements ont permis l'affirmation des deux
principales compagnies à bas coûts européennes :
easyJet
a acheté Go
le 1
er
août 2002, pour une
exploitation commune à partir de mars 2003, et
Ryanair a
acheté Buzz
le 31 janvier 2003, pour une exploitation commune
à partir d'avril 2003. easyJet et Ryanair se distinguent nettement des
autres, tant par le volume de leur trafic, leurs résultats financiers en
2002, que par l'étendue de leurs réseaux ;
- votre rapporteur pour avis rappelle toutefois que
ce modèle
économique ne garantit pas le succès
, car beaucoup de
compagnies disparaissent, parfois après quelques mois d'exploitation
seulement : CiaoFly, Goodjet
35(
*
)
,
AirLib Express
36(
*
)
, BerlinJet
37(
*
)
et Aéris Express, créée en juin
2003 et qui vient de déposer le bilan en France. Avec la consolidation
et la concentration du secteur à bas coûts en Europe, il sera sans
doute de plus en plus difficile aux nouveaux entrants d'atteindre la
rentabilité. Cela n'arrête pourtant pas les nouveaux projets. Sont
ainsi envisagés : en Italie, Agent Air et Free Airways ; en
Allemagne, Low Fare Jet ; en France, Fly Eco ; en Pologne,
GetJet ; et au Royaume-Uni, Now.
Les cinq plus importantes compagnies
européennes à bas coûts
, en termes de trafic
réalisé, de réseau ou de flotte,
sont, à l'heure
actuelle : easyJet, Ryanair, Virgin Express, dba et Germanwings
.
Les bases de ces cinq compagnies
38(
*
)
, dont deux
sont anglaises, deux allemandes et une irlandaise, sont essentiellement
situées dans la partie australe de l'Europe, au carrefour des
principales routes aériennes européennes. Leurs réseaux se
limitent souvent à des liaisons régionales
intra-européennes, court et moyen-courrier, vers des destinations
davantage septentrionales.
B. AU NIVEAU NATIONAL, UNE DOMINATION SANS PARTAGE D'AIR FRANCE
1. L'effondrement des concurrents nationaux
a) La disparition d'Air Lib
Malgré les espoirs qu'avaient fait naître à la fin 2002 les propositions fragiles de la société IMCA 39( * ) , Air Lib n'a pu trouver de repreneur. Sa disparition, outre son impact économique et humain, marque également la fin de la perspective d'un second acteur national de grande envergure à côté d'Air France. Les autres compagnies françaises n'ont pas été en mesure de profiter des parts de marché abandonnées par Air Lib, comme en témoigne les défaillances successives.
b) Le dépôt de bilan d'Air Littoral et sa reprise
Comme Air Lib, Air Littoral a dû porter le poids du retrait de Swissair en 2001. L'absence de reprise nette de la croissance du trafic et le déséquilibre récurrent de sa structure financière ne lui auront pas permis d'éviter le dépôt de bilan, le 21 août 2003. Votre rapporteur pour avis a néanmoins l'espoir que la reprise d'Air Littoral par le groupe italien Seven Group permette la mise en oeuvre d'un projet industriel cohérent . Le repreneur devrait notamment rapprocher Air Littoral d'Azzura Airlines, compagnie charter basée près de Milan et contrôlée par le même groupe. Toutefois, Air littoral devrait être sévèrement redimensionnée, avec la perte de plus de la moitié de sa flotte et la suppression de près de 300 emplois. Il conviendra naturellement que le repreneur fasse les investissements en capitaux nécessaires au bon démarrage d'Air Littoral.
c) Aéris et Euralair
La
compagnie toulousaine Aéris a été placée en
liquidation judiciaire le 7 novembre 2003, sans qu'existe à l'heure
actuelle de perspectives de reprise.
La situation d'Euralair est, elle aussi, extrêmement difficile,
puisqu'elle a déposé le bilan le 3 novembre. Poursuivant pour
l'heure ses activités, elle dispose d'un mois pour trouver un projet de
reprise.
d) Reporter d'un an la compensation financière par les autres compagnies de ces défaillances ?
Lorsqu'une compagnie aérienne fait défaut, les autres compagnies du pays assurent collectivement une partie des charges non couvertes. Au vu des difficultés actuelles des compagnies françaises, votre rapporteur pour avis souhaite faire la suggestion que la charge née des défaillances d'Air Lib, Air Littoral, Aéris et Euralair puisse être reportée sur 2005, lorsque le trafic aura repris sa pleine croissance .
2. L'adaptation réussie d'Air France à un contexte très difficile
a) Une activité soutenue
En
dépit du contexte défavorable, Air France a connu une
augmentation de son activité au cours de l'exercice 2002/2003
40(
*
)
, liée notamment aux résultats positifs
du second semestre. Au cours de l'exercice,
le trafic du groupe Air France a
progressé de 2,9 %
en
passagers-kilomètres-transportés (PKT) et l'offre de 2,7 % en
sièges-kilomètres-offerts (SKO).
Le coefficient de
remplissage
du groupe s'est établi à
76,2 %, en hausse de
0,2 point
. S'agissant de la seule compagnie Air France, le trafic passagers
a progressé de 2,4 % en PKT.
Air France a transporté
42,9 millions de passagers (-
0,9 %)
, dont 5,1
millions sur des lignes franchisées. L'offre a augmenté quant
à elle de 2,3 % (en SKO) et le coefficient d'occupation a atteint
76,8 %, en hausse de 0,1 point par rapport à l'exercice
précédent.
L'activité fret
d'Air France a
enregistré une
hausse de 6,4%
en
tonnes-kilomètre-transportées (TKT) pour une offre
également en hausse de 5,4 % en tonnes-kilomètre-offertes
(TKO) ; le
coefficient de chargement a gagné 0,6 point, à 65,1
%
.
Au cours de l'exercice 2002/2003,
Air France est passée du
deuxième au premier rang des compagnies européennes
, tous
réseaux de passagers confondus.
Par rapport aux autres compagnies de
l'AEA
41(
*
)
, Air France a gagné 1,1 point
de part de marché au cours de cet exercice
.
b) La consolidation de Skyteam
L'alliance Skyteam poursuit son développement. Après avoir accordé en janvier 2002 l'immunité antitrust aux compagnies de l'alliance sur les liaisons transatlantiques, les Etats-Unis ont fait de même sur les liaisons transpacifiques en juin 2002. Grâce à ces immunités, les compagnies de Skyteam peuvent coordonner leurs programmes et leurs conditions commerciales sur ces liaisons. Par ailleurs, l'accord intervenu en août 2002 entre Delta et les compagnies américaines Continental Airlines et Northwest Airlines permet d'envisager l'élargissement de l'alliance Skyteam à ces deux compagnies. Cette évolution serait d'autant plus naturelle et profitable à l'alliance qu'Air France a pris le contrôle de KLM, qui est le partenaire européen de Continental Airlines et de Northwest Airlines.
3. Les résultats financiers d'Air France
Il convient de noter qu'Air France a procédé, au cours de l'exercice, à un changement de méthode comptable, qui influe sur certains postes.
a) Un chiffre d'affaires en progression
Le chiffre d'affaires consolidé d'Air France s'élève pour l'exercice 2002/2003 à 12,68 milliards d'euros, en augmentation de 1,3 % par rapport à l'exercice précédent.
CHIFFRES D'AFFAIRES D'AIR FRANCE |
|||
En millions d'euros |
2001/02 |
2002/03 |
Variation |
Passagers réguliers |
9 491 |
9 713 |
+2,3% |
Autres recettes passage |
887 |
814 |
-8,2% |
Fret |
1 257 |
1 314 |
+4,5% |
Autres recettes fret |
191 |
165 |
-13,6% |
Total secteur aérien |
11 826 |
12 006 |
+1,5% |
Maintenance |
548 |
540 |
-1,5% |
Autres |
154 |
141 |
-8,4% |
Total chiffre d'affaires |
12 528 |
12 687 |
+1,3% |
Source
: Air France
Le transport de passagers sur vols réguliers génère sur
l'exercice 2002/2003 un chiffre d'affaires de 9,71 milliards d'euros, en hausse
de 2,3 %. Cette activité représente 76,6 % du chiffre
d'affaires total, contre 75,8 % lors de l'exercice
précédent.
Les filiales de transport aérien
régional contribuent à hauteur de 8,1 % au chiffre
d'affaires passage consolidé
(7 % pour 2001/2002).
Le transport de fret a connu en 2002/03 une augmentation du chiffre d'affaires
de 4,5 % à 1,31 milliard d'euros, en raison de la hausse du
trafic en TKT (6,4 %). La recette unitaire à la tonne
kilomètre offerte a diminué de 0,7 % par rapport à
l'exercice précédent, mais elle progresse de 4,3 % hors
change. Cette activité représente 10,4 % du chiffre
d'affaires total, soit 0,4 point de plus par rapport à l'exercice
2001/2002.
Le chiffre d'affaires « autres » s'est élevé
à 141 M€ sur l'exercice 2002/2003, en baisse de 8,4 %, en
raison de la
cessation d'activité de la Société
d'Exploitation Aéropostale le 31 mars 2002
.
Ce chiffre d'affaires
est composé désormais des seules prestations de restauration
à bord réalisées par Servair
, dont le chiffre
d'affaires a atteint 141 M€ (- 5,2 %) sur l'exercice.
Votre
rapporteur pour avis souligne l'importance de cette baisse du chiffre
d'affaires de Servair
.
b) Le compte d'exploitation
Le résultat d'exploitation du groupe Air France pour l'exercice 2002/2003 s'établit à 192 M€ après changement de méthode comptable, en diminution de 43 M€ par rapport à l'exercice précédent (- 18,3 %). Ce résultat représente 1,5 % du chiffre d'affaires de 2002/2003, contre 1,9 % en 2001/02. A méthode constante, il s'établit à 172 M€, en baisse de 63 M€ (- 26,8 %).
COMPTE D'EXPLOITATION D'AIR FRANCE |
|||
En millions d'euros |
2001/02 |
2002/03* |
Variation |
Chiffre d'affaires |
12 528 |
12 687 |
+1,3% |
Dont Charges externes |
7 466 |
7 174 |
-3,9% |
Dont Frais de personnel |
3 738 |
3 856 |
+3,2% |
Dont Impôts et taxes |
163 |
187 |
+14,7% |
Dont Amortissements et provisions d'exploitation |
1 011 |
1 310** |
+29,6% |
Cessions de matériel aéronautique |
78 |
30 |
-61,5% |
Autres produits et charges |
7 |
2 |
-71,4% |
RÉSULTAT D'EXPLOITATION |
235 |
192 |
-26,8% |
Source
: Air France
*après changement de méthode comptable
**dont 59 millions de dotations aux provisions au titre de l'arrêt
d'exploitation de Concorde
Les
charges d'exploitation
(charges externes, frais de personnel,
impôts et taxes et dotations aux amortissements et provisions) atteignent
12,52 milliards d'euros. Elles ont progressé, après
changement de méthode comptable, de 1,2 % par rapport à
l'exercice précédent enregistrant une augmentation
légèrement inférieure à celle du chiffre d'affaires
total (+ 1,3 %). Evaluées à méthode constante,
les charges d'exploitation ont augmenté de 1,4 % en un an.
Le
poste carburant
s'élève à 1.369 millions
d'euros,
en baisse de 5,1 %
. Cette évolution provient d'une
consommation quasi stable (+ 0,6 %) ainsi que d'un
effet de change
du dollar favorable (- 9,7 %)
, qui ont compensé la hausse
du prix (+ 4,8 %) du pétrole sur l'exercice 2002/2003,
liée à la crise irakienne.
Le poste
affrètements
enregistre sur l'exercice une baisse de
35,1 %, en raison de l'arrêt des achats de blocs de sièges
sur Delta au profit d'un accord de type
«
free-flow
», permettant à Air France de ne
payer que les sièges effectivement occupés. Par ailleurs, la
réduction des affrètements de compagnies tierces s'est poursuivie
sur l'exercice 2002/03.
Les locations aéronautiques
s'élèvent à 522
M€,
en progression de 6,7 %
.
Depuis les
événements du 11 septembre 2001
, le groupe a en effet
décidé de
retarder les livraisons d'appareils en pleine
propriété au profit d'avions pris en location
opérationnelle
, afin de préserver sa trésorerie.
Les redevances aéronautiques augmentent de 5,9 % à la
suite des attentats du 11 septembre 2001
, qui ont amené les
opérateurs, compte tenu de la baisse ou de la stagnation du trafic,
à relever les taux pour équilibrer leur exploitation.
Les
frais d'escales
progressent de 2,8 % par rapport à
l'exercice précédent, en raison de la forte progression des
redevances d'utilisation des installations aéroportuaires sur certaines
plates-formes.
Les frais d'entretien aéronautique s'élèvent à 477
M€ après changement de norme comptable, en diminution de
26,8 % par rapport à l'exercice 2001/2002. A méthode
constante, ce poste progresse de 2,4 % par rapport à l'exercice
précédent. Ce poste est le seul parmi les charges externes
à être affecté par le changement de méthode
comptable.
Les frais commerciaux et de distribution augmentent de 2,1 %.
La
hausse des dépenses de publicité, ainsi que celle des commissions
portant sur les routes en partage de code avec les membres de Skyteam, sont
à l'origine de la progression de ces frais, qui avaient diminué
de 5,5 % au cours de l'exercice précédent. Les autres frais,
qui comprennent notamment les
charges d'assurances
, sont en hausse de
5,3 % par rapport à l'exercice précédent.
Les
primes d'assurances, qui ont augmenté de 59,3 % pour la seule
société Air France
, ainsi que les
dépenses
liées à la sûreté,
ont fortement
contribué à cette progression. Il est à noter qu'au titre
de l'exercice 2002/2003, Air France a enregistré sur ce poste
10,1
M€ de compensations dues par l'Etat pour la mise en oeuvre de nouvelles
mesures de sûreté
imposées à la suite des
attentats du 11 septembre 2001.
Ce montant était de 15 M€
sur l'exercice précédent
.
Les
frais de personnel
s'élèvent à 3,85 milliards
d'euros, en hausse de 3,2 %, après changement de méthode
comptable et de 4,8 % à méthode constante. Ce poste
correspond à 30,4 % du chiffre d'affaires en 2002/2003, contre
29,8 % sur l'exercice précédent. L'
effectif
moyen
pondéré du groupe Air France au 31 mars 2003 est de
71.525
personnes
,
en augmentation de 2 %
(1,2 % à
périmètre constant).
Les impôts et taxes
, dont
une large part est constituée
de la taxe professionnelle
,
progressent de 14,7 %
sur
l'exercice 2002/2003, et atteignent 187 M€.
Les
dotations nettes aux amortissements
atteignent 1,19 milliard
d'euros et progressent de 22,9 %, en raison de l'impact du changement de
méthode comptable sur les immobilisations aéronautiques, qui
augmentent de 26,8 % (+ 0,7 % à méthode
constante). Les dotations nettes aux provisions d'exploitation passent pour
leur part de 39 M€ sur l'exercice 2001/02 à 115 M€ sur
l'exercice 2002/2003, en raison de la constitution d'une
provision
d'un
montant
de 59 M€ au titre de l'arrêt d'exploitation de
Concorde
, ainsi que du changement de méthode comptable. Le total des
dotations aux amortissements et provisions progresse de 29,6 % par rapport
à 2001/2002, mais, hors changement de méthode comptable et
provisions liées au Concorde, de seulement 1 %.
Les produits des
cessions de matériels aéronautiques
s'élèvent à 30 M€, contre 78 millions pour
l'exercice précédent. Quatre Airbus A310, quatre Airbus A340-300
et un Boeing B767 ont été cédés par la
société Air France au cours de l'exercice, et huit Beechcraft
1900 et six CRJ 100 ont été cédés par les
compagnies filiales.
c) Un résultat positif mais en baisse
Le
résultat courant avant impôts
est positif de
98 M€
, représentant 0,8 % du chiffre d'affaires,
à comparer à un résultat de 136 M€ sur
l'exercice précédent (- 28 %)
qui
représentait 1,1 % du chiffre d'affaires. Il s'élève
à 78 M€ à méthode constante, en diminution de
42,6 % par rapport à l'exercice précédent.
Après impôts
et prise en compte du résultat des
sociétés mises en équivalence et des intérêts
minoritaires,
le résultat net consolidé
(part du
groupe)
de l'exercice 2002/2003 est un bénéfice 2002 de
120 M€, contre 153 M€ lors de l'exercice 2001/2002, soit
une diminution de 21,6 %
.
Le résultat net consolidé
(part du groupe) atteint 107 M€ à méthode constante
(- 30 %)
.
Votre rapporteur pour avis, sans se prononcer sur le fond quant à
l'opportunité du changement de méthode comptable, remarque que
celui-ci aboutit à une présentation plus favorable des
résultats.
d) La stabilité de l'endettement
L'endettement net du groupe (dettes financières diminuées des intérêts courus non échus et des primes de remboursement ainsi que des valeurs mobilières de placement et des disponibilités) s'établit à 2,87 milliards d'euros au 31 mars 2003, légèrement inférieur à l'endettement à la fin de l'exercice précédent (2,9 milliards d'euros). Au 31 mars 2003, le ratio endettement net sur fonds propres est de 0,71 à comparer à 0,73 à fin mars 2002.
4. Les premières tendances de l'exercice 2003/2004 d'Air France sont décevantes
Au cours
du 1
er
trimestre de l'exercice 2003/2004, le trafic passager a
enregistré une baisse de 5,7 % pour une offre en diminution de
3 %, par rapport au 1
er
trimestre de l'exercice 2002/2003. Le
coefficient de remplissage reste toutefois élevé, à
74,4 % (- 2,1 points), et la recette unitaire au passager
kilomètre transporté a progressé de 0,6 %, hors
effets de change et de périmètre du réseau. Il est
à noter la
forte baisse de l'activité fret
, avec un trafic
en diminution de 5,7 % (en TKT), pour une offre qui baisse de 6,3 %
(en TKO).
Le chiffre d'affaires
consolidé d'Air France
enregistre un
recul de 9,2 % sur le 1
er
trimestre
de l'exercice 2003/2004
par rapport au 1
er
trimestre de l'exercice 2002/2003 ; il
s'établit à 3,01 milliards d'euros contre 3,31 milliards un
an auparavant. Le chiffre d'affaires de l'activité passage recule de
9,5 % pour atteindre 2,49 milliards d'euros, contre 2,76 milliards d'euros
au cours du premier trimestre de l'exercice précédent. En ce qui
concerne le fret, le chiffre d'affaires baisse de 8,8 % sur le trimestre
et s'établit à 343 M€. Enfin, le chiffre d'affaires de la
maintenance baisse également, de 10,1 %, à 134 M€.
Le résultat d'exploitation est négatif de 9 M€, contre un
résultat positif de 165 M€ au 30 juin 2002
. Le résultat
net part du groupe pour le 1
er
trimestre de l'exercice
2003/2004 s'élève à 4 M€, contre
159 M€ au cours du premier trimestre de l'exercice 2002/2003.
C. LA CONSOLIDATION DES FILIALES D'AIR FRANCE
Air France a formé un réseau régional basé sur trois filiales aériennes, Brit Air, Régional CAE et City Jet, afin de développer son offre au départ des villes de province. Ce réseau lui permet d'alimenter le hub de Paris-Charles-de-Gaulle (CDG), mais aussi de consolider sa position concurrentielle sur le marché européen.
1. Le dynamisme de Brit Air
Au cours
de l'exercice 2000/2001, Air France a racheté la totalité du
capital de Brit Air. Un accord de franchise globale avait été
signé entre Brit Air et Air France en septembre 1997. Entré en
vigueur au cours de la saison d'hiver 1997/1998 pour une période de 5
ans, il vient d'être reconduit pour la même durée.
Brit Air exploite
34 liaisons régulières sous franchise Air
France
, et
17 autres en affrètement pour le compte d'Air
France
. Ces liaisons sont principalement exploitées
au
départ de Lyon, de Rennes et de Brest
. Elle assure des liaisons
régulières intracommunautaires à destination du
Royaume-Uni, de l'Allemagne, de l'Italie et de l'Espagne. La compagnie a
cessé, à la fin de l'hiver 2002/2003, l'exploitation en
affrètement pour Air France des liaisons Orly-Grenoble, Nantes-Bruxelles
et Lyon-Berlin. Toutefois, à l'été 2003, elle a
commencé l'exploitation de six nouvelles liaisons en affrètement
pour le compte d'Air France, dont trois à destination de l'Europe et une
entre Orly et Perpignan, à la suite de l'arrêt d'exploitation de
cette liaison par Air Lib en février 2003. Pour les mêmes raisons,
Brit Air a également débuté l'exploitation des liaisons
entre Orly, d'une part, Annecy et Lannion, d'autre part, en franchise pour le
compte d'Air France. Si des obligations de service public sont
imposées sur la liaison vers Lannion, la compagnie l'exploite toutefois
sans subvention. Le même cas de figure se présente pour les
liaisons Rennes-Toulouse et Orly-Rodez. A la clôture de l'exercice
2002/2003,
la flotte
de Brit Air comprenait
40 appareils
d'une capacité comprise entre 50 et 100 sièges, dont 21
CRJ 100, 8 CRJ 700, 3 ATR 42 et 8 Fokker 100. L'effectif moyen
pondéré de la compagnie s'élevait à 971 personnes
et l'
effectif
moyen pondéré du groupe à
1.056
employés
. Brit Air a transporté sur ses lignes
franchisées
1,9 million de passagers contre 1,8 million un an
auparavant
. Au total,
en ajoutant les lignes en affrètement pour
Air France aux lignes franchisées, le trafic de Brit Air s'est
élevé à 2,7 millions de passagers
.
Le
chiffre d'affaires
de la compagnie a atteint 365 M€,
en
hausse de 3,6 %
par rapport à l'exercice
précédent. Le
résultat net
du groupe s'est
élevé à
4,6 M€, en hausse de 0,8 %
. Sa
contribution aux résultats d'Air France
s'est
élevée à
16,4 M€
.
La reprise de liaisons
précédemment exploitées par Air Lib devrait contribuer
à augmenter l'activité
ainsi que le chiffre d'affaires de
Brit Air sur l'exercice 2003/2004.
2. La situation délicate de Régional CAE
Régional CAE (Compagnie Aérienne
Européenne),
qui est détenue à 100 % par Air France Finance, est issue de
la fusion, le 1
er
avril 2001, des compagnies Flandre Air, Proteus
Airlines et Régional Airlines. Son siège social est à
Nantes, et elle emploie
1.614 salariés
. Au 31 mars 2003, elle
exploitait une flotte constituée de
72 appareils
:
5 Fokker 100, 25 Embraer 145, 9 Embraer 135, 16 Embraer 120, 8
Saab 2000, et 9 Beech 1900.
Au cours de l'exercice 2002/2003, Régional CAE a transporté
3 millions de passagers
, dont 2,2 millions sur ses liaisons en
franchise pour le compte d'Air France. Elle exploite
67 liaisons
régulières
, en franchise pour le compte d'Air France, dont
douze liaisons saisonnières et vingt lignes internationales,
principalement à destination de l'Allemagne, de l'Espagne, de l'Italie
et de la Suisse. Vingt autres liaisons sont exploitées en
affrètement, également pour le compte d'Air France.
Régional CAE n'exploite plus que deux liaisons
subventionnées
en vertu d'une convention de délégation
de service public, Strasbourg-Copenhague, dans le cadre de la desserte du
Parlement européen et en partage de code avec Brit Air et Lorient-Lyon.
Elle a arrêté la desserte des autres lignes qu'elle exploitait
avec subvention
(Orly-Agen, Orly-Aurillac, Orly-Bergerac, Orly-Castres,
Orly-Epinal, Orly-Périgueux, Orly-Roanne, Nantes-Pau et
Strasbourg-Milan), à la suite de la résiliation ou de la
non-reconduction des conventions correspondantes dans le courant du premier
semestre 2002.
Votre rapporteur pour avis souhaite faire part de sa
préoccupation devant l'abandon de ces dessertes
. Enfin, trois
liaisons soumises à des obligations de service public sont
exploitées sans subventions : Rennes-Lille, Rennes-Mulhouse et
Pau-Clermont-Ferrand.
Le réseau intérieur de Régional CAE demeure pour une
grande partie centré autour de la plate-forme de Clermont-Ferrand.
Ce
hub
génère de fortes pertes d'exploitation
pour la compagnie
. Par conséquent, celle-ci a lancé en 2002
une
concertation sur l'avenir de cette plate-forme avec les élus
locaux et la chambre de commerce et d'industrie
de Clermont-Ferrand. Dans
le cadre de ces réflexions, la compagnie s'est engagée à
maintenir un réseau de treize liaisons au départ de
Clermont-Ferrand, vers les grandes villes françaises et
européennes. Par ailleurs, la possibilité de mettre en oeuvre des
obligations de service public sur les autres liaisons du
hub
, si les
collectivités desservies le demandent, est actuellement à
l'étude.
En attendant, Régional CAE a amorcé la réduction du
réseau au départ de Clermont-Ferrand, avec la suspension de la
liaison vers Londres et le couplage des liaisons
Angoulême/La Rochelle, Marseille/Toulon, Angers/Poitiers et
Dijon/Mulhouse en remplacement des liaisons directes.
Le
chiffre d'affaires
de Régional CAE pour l'exercice 2002/2003,
clos le 31 mars 2003, a atteint
423 M€
et son résultat
net est une
perte de 69,6 M€, à comparer avec une perte de
77,7 M€ un an auparavant
. Cette évolution contraste fortement
avec celle de l'autre grande filiale, Brit Air. La
contribution au
résultat net d'Air France
pour l'exercice 2002/2003 est une
perte
de 43,7 M€
.
3. City Jet : une filiale plus modeste, mais florissante
La
compagnie irlandaise City Jet, basée à Dublin
, est une
filiale à 100 % d'Air France Finance, qui transporte environ
un
million de passagers par an
au moyen d'une flotte composée de
douze BAE 146
, et
emploie environ 370 personnes
.
City Jet exploite les liaisons entre Paris-CDG d'une part, Dublin, Edimbourg,
Londres City, Florence et Göteborg d'autre part, ainsi qu'entre Paris-Orly
et Londres City, en franchise pour le compte d'Air France. Elle est
également affrétée par Air France sur les liaisons entre
CDG d'une part, Francfort, Bologne, Amsterdam et Mulhouse d'autre part. Enfin,
City Jet exploite la liaison Dublin-Malaga en partage de code avec Air France.
Son
chiffre d'affaires
pour l'exercice 2002/2003, clos le 31 mars
2003, s'est élevé à
146,3 M€
et sa
contribution au résultat net du groupe
est
un
bénéfice de 9 M€
.
D. UNE COMPARAISON EUROPÉENNE À L'AVANTAGE D'AIR FRANCE
1. Le trafic passagers
Le tableau suivant présente les données de l'AEA pour les principales compagnies européennes, sur l'année civile, leur trafic étant comptabilisé en millions de PKT sur l'ensemble de leur réseau.
TRAFIC PASSAGERS DES PRINCIPALES COMPAGNIES EUROPÉENNES |
||||||||
|
1999 |
2000 |
Evol. 2000/99 |
2001 |
Evol. 2001/00 |
2002 |
Evol 2002/01 |
Evol 2002/00 |
Air France |
83 822 |
91 801 |
9,5 % |
95 808 |
4,4 % |
98 508 |
2,8 % |
7,3 % |
British Airways |
118 016 |
118 890 |
0,7 % |
103 374 |
- 13 % |
99 123 |
-4,1 % |
-16,6 % |
Lufthansa |
86 154 |
94 169 |
9,3 % |
91 336 |
- 3 % |
93 643 |
2,5% |
-0,5 % |
KLM |
58 112 |
60 326 |
3,8 % |
57 536 |
- 4,6 % |
59 181 |
2,8% |
-1,9% |
Iberia |
34 607 |
40 043 |
15,7 % |
41 298 |
3 % |
40 464 |
-2% |
1 % |
Alitalia |
36 690 |
40 618 |
10,7 % |
36 124 |
- 11,1 % |
29 618 |
-18 % |
-27 % |
Air France s'est classée sur l'année 2002 au 2 ème rang des compagnies européennes, tous réseaux de passagers confondus. Par rapport aux autres compagnies de l'AEA, Air France gagne 0,4 point de part de marché entre 2001 et 2002.
2. Le trafic fret
Le tableau suivant présente l'évolution du trafic de fret des principales compagnies européennes, en millions de TKT 42( * ) .
TRAFIC FRET DES PRINCIPALES COMPAGNIES AÉRIENNES EUROPÉENNES |
|||||||
|
1999 |
2000 |
Evol 2000/99 |
2001 |
Evol 2001/00 |
2002 |
Evol 2002/01 |
Air France |
4 732 |
4 979 |
5,2 % |
4 633 |
- 7 % |
4 861 |
4,9 % |
British Airways |
4 249 |
4 564 |
7,4 % |
3 936 |
- 14 % |
4 124 |
4,8 % |
Lufthansa |
6 603 |
7 115 |
7,7 % |
7 176 |
0,8 % |
7 167 |
-0,1 % |
KLM |
3 806 |
3 964 |
4,2 % |
3 878 |
- 2,2 % |
3 992 |
2,9 % |
Cargolux |
2 405 |
3 795 |
57,8 % |
3 621 |
- 4,6 % |
3 940 |
8,8 % |
Alitalia |
1 611 |
1 732 |
7,5 % |
1 530 |
- 11,7 % |
1 389 |
-9,2 % |
Sur l'année 2002, Air France est classée au 2 ème rang européen pour le transport de fret, derrière Lufthansa. Par rapport aux autres compagnies européennes, elle gagne 0,3 point de part de marché sur la période.
CHAPITRE III -
LE TRAITEMENT DES BAGAGES
I. UN ASPECT MÉCONNU ET POURTANT CENTRAL DU TRANSPORT AÉRIEN
A. LE POINT DE RENCONTRE DE TOUS LES ACTEURS DU SECTEUR
Le
traitement des bagages est un aspect absolument stratégique du transport
aérien, car il suppose une coordination et une bonne intelligence de
l'ensemble des acteurs du secteur. En effet, ce sont les compagnies
aériennes qui transportent les bagages et en assurent pour une part la
manutention, mais en utilisant des infrastructures qui appartiennent aux
gestionnaires d'aéroports, et sous le contrôle et
l'autorité des Etats.
L'imbrication des aspects logistiques, économiques et de
sûreté rend cette activité très sensible, ce qui
explique aussi le
caractère en général
très progressif des évolutions en la matière
. De ce
point de vue, l'
intervention forte des Etats
à la suite des
tragiques attentats du
11 septembre 2001 constitue une exception qui
est en voie d'aboutir à un bouleversement du traitement des
bagages
.
B. LES DÉFIS DE LA STRATÉGIE DE HUB
Le
développement de stratégie de rabattage vers une plateforme
centrale de correspondances (
hub
) constitue à la fois un
défi sans précédent et un facteur de profonde
évolution du traitement des bagages. En effet, le principe du
hub
est de concentrer le trafic de court et moyen-courrier vers la plateforme
principale, d'où partent les vols long-courrier.
Naturellement, une telle stratégie impose de réduire au maximum
les temps de correspondances sur le
hub
, sans quoi cette organisation
perdrait son avantage comparatif sur les liaisons de point à point. Le
hub
suppose donc à la fois des correspondances de bagages entre
de très nombreux vols et des temps de traitement toujours plus rapides,
alors même que ceux-ci deviennent de plus en plus complexes.
On voit bien qu'en réalité, du traitement des bagages
dépend assez largement le succès ou l'échec des
stratégies de
hub
. Au vu de l'importance toujours croissante des
hub
dans le transport aérien moderne, on peut mesurer
l'importance corrélative du traitement des bagages.
II. LES QUESTIONS DE SÛRETÉ : L'EXEMPLE DE ROISSY-CDG
A. LA PREMIÈRE PLATEFORME DE FRANCE ET LA DEUXIÈME EN EUROPE
Afin
d'apprécier la réalité concrète des questions de
sûreté, votre rapporteur pour avis a souhaité se pencher
sur un cas précis. Il a choisi la plateforme de Roissy-Charles-de-Gaulle
(CDG), premier aéroport français.
Il convient de rappeler quelques ordres de grandeurs concernant cet
aéroport, le deuxième en Europe en trafic, après
Londres-Heathrow et devant Francfort. CDG représente une emprise de
3.200 hectares, avec quatre pistes regroupées en deux doublets. Cette
organisation en doublets symétriques, qui ne sera pleinement
intégrée, sur le plan opérationnel, que dans le courant de
l'année 2004, fait de CDG l'un des aéroports les plus modernes du
monde, du point de vue de sa conception. Outre les quatre pistes, CDG comprend
deux aérogares et trois terminaux.
Votre rapporteur pour avis
souhaite rappeler que CDG représente 80.000 emplois directs.
Ces infrastructures permettent de traiter 50 millions de passagers par an et
1,6 million de tonnes de fret. Le nombre de bagages, moins bien
évalué, peut être estimé à près de 11
millions par an, soit 30.000 par jours en moyenne. Il convient de rappeler que
40 % des passagers à Roissy sont en correspondance, ce qui
s'explique largement par le fait que la plateforme est le
hub
d'Air
France. Mais le taux de correspondance est plus important encore pour les
bagages, de l'ordre de 60 %. Ce sont, assez logiquement, les passagers en
correspondance, et donc les longs trajets, qui génèrent le plus
de bagages à soute.
L'importance de ces chiffres permet une première appréciation
de la complexité logistique et organisationnelle liée au
traitement des bagages. C'est à cette tâche déjà
redoutable que s'ajoutent les préoccupations de sûreté.
B. LE CONTRÔLE DE LA TOTALITÉ DES BAGAGES À SOUTE
1. Une lente prise de conscience au niveau mondial
Les normes de l'OACI, qui s'appliquent aux vols internationaux, stipulent que des mesures adéquates doivent être prises pour contrôler les passagers ainsi que leurs bagages de cabine, afin d'empêcher que des articles non autorisés ne soient introduits à bord des aéronefs. Pour ce qui concerne les bagages de soute, l'OACI recommande qu'ils soient soumis à une inspection-filtrage avant d'être placés à bord des avions. La mise en oeuvre de cette mesure deviendra obligatoire en 2006 . Il est toutefois possible que ce délai ne soit pas respecté dans certains pays en développement compte tenu du coût des matériels d'inspection.
2. La réaction des Etats-Unis aux attentats du 11 septembre 2001
Avant
les attentats survenus le 11 septembre 2001, la mise en oeuvre des mesures de
sûreté du transport aérien était essentiellement du
ressort des compagnies aériennes, en particulier pour les vols
domestiques. La loi du 19 novembre 2001
43(
*
)
a
profondément modifié l'organisation de ce secteur en
créant la
Transport Security Administration
(TSA)
. En
application de cette loi, la TSA est compétente pour assurer la
sûreté de l'ensemble des modes de transport sur le territoire des
Etats-Unis.
Chargée
de la totalité des contrôles
de sûreté aéroportuaire
, elle a mis en place des
mesures de grande ampleur
sur le territoire américain.81
Il est ainsi prévu la présence d'agents
fédéraux, « air marshals », à bord des
avions effectuant des vols sensibles.
Le contrôle de l'accès à la zone réservée des
aéroports a été renforcé, notamment par le recours
aux technologies biométriques pour identifier les personnes
autorisées.
Plus de 4700Environ 50.000 agents de sûreté sont employés
pour l'inspection-filtrage des passagers et des bagages
. Les
429 aéroports commerciaux américains ont été
dotés en équipements spécifiques.
Depuis le
31 décembre 2002, la totalité des bagages à soute est
soumise à des contrôles en vue de la détection
d'explosifs
. Les dépenses engagées pour ce programme de
contrôle des bagages s'élèvent à
738 millions de dollars
. Des équipes cynotechniques
spécialisées dans la détection des explosifs,
réparties sur les 80 principales plates-formes, complèteront ce
dispositif.
3. Le règlement communautaire du 16 décembre 2002
Le
règlement du 16 décembre 2002
44(
*
)
du Parlement européen et du Conseil fixe pour l'ensemble des Etats
membres des normes communes de sûreté, ainsi qu'un dispositif de
contrôle de leur application. Les mesures doivent être
adaptées à la taille de l'aéroport selon des
critères d'importance de trafic, de type de trafic et de type
d'aéronefs. Des mesures de substitution nationales restent possibles,
mais elles doivent fournir un niveau de protection
« adéquat » et être notifiées à
la Commission avant leur mise en application. Ce règlement est
applicable depuis le 19 janvier 2003. Ce pays est en pointe en matière
de sûreté.
Le ministère des transports définit les normes. Il en
contrôle l'application, avec un corps d'une centaine d'inspecteurs, tant
par les exploitants d'aéroports que par les compagnies aériennes.
En cas de manquement, des amendes peuvent être infligées. La
législation prévoit même des peines d'emprisonnement.
Le principal exploitant aéroportuaire, British Airport Authority (BAA),
emploie directement les agents de sûreté, hormis ceux
dédiés aux contrôles des bagages de soute, qui
représentent 40 % du total de ses effectifs. L'accent est mis sur leur
formation et sur leur entraînement permanent, notamment avec
l'utilisation de systèmes d'introduction d'images virtuelles de menaces
dans les bagages, « Threat image projection » (TIP),
destinés à maintenir la vigilance des opérateurs. Un
directeur de la sûreté est responsable de l'ensemble des
opérations.
Au plan opérationnel, il stipule que :
- les bagages de cabine de tous les passagers en partance doivent
être soumis à une inspection-filtrage réalisée sous
la forme soit d'une fouille manuelle complète du contenu du bagage, soit
d'un contrôle à l'aide d'un équipement radioscopique,
assorti d'une fouille manuelle continue de bagages sélectionnés
aléatoirement d'au moins 10 % des personnes
contrôlées. Tous les articles prohibés doivent être
confisqués ;
- tous les bagages de soute devant être embarqués à
bord d'un aéronef doivent être clairement identifiés et
soumis à une inspection-filtrage selon des modalités
définies en fonction des équipements de détection
présents sur la plate forme. Leur stérilité doit
être maintenue jusqu'à leur embarquement.
Le rapprochement
bagages-passagers doit être mis en oeuvre afin que tout bagage
confié par un passager enregistré sur un vol et qui ne se trouve
pas à bord soit retiré de l'aéronef
;
- tout le fret, les messageries et les colis express destinés
à être transportés à bord d'aéronefs de
passagers ou d'aéronefs « tout cargo » et qui ne
proviennent pas d'un expéditeur connu, doivent faire l'objet de
contrôles de sûreté. La stérilité des envois
doit ensuite être maintenue jusqu'à leur chargement à bord
de l'aéronef et au départ de celui-ci.
4. La rigueur de la position de la DGAC
Sans
attendre l'adoption du règlement européen, la DGAC a exigé
d'Aéroports de Paris (ADP) que la totalité des bagages à
soute soit inspectée, cet objectif devant être atteint au plus
tard le 31 décembre 2002, comme aux Etats-Unis.
ADP avait d'ores et déjà lancé un programme
d'investissements en vue d'atteindre cet objectif, mais à un rythme
beaucoup plus lent. Le programme, entamé en 1998 à l'occasion de
la Coupe du monde de football, devait se terminer en 2006. Le gestionnaire
d'aéroport ne partait donc pas de zéro, puisque 25 % des
bagages à soute étaient déjà
contrôlés, mais il lui a fallu fournir un effort extrêmement
intense pour réaliser en 18 mois un programme qui devait courir sur
encore cinq ans.
C. DES INVESTISSEMENTS COLOSSAUX
1. Les cinq niveaux du contrôle de sûreté des bagages
La
conséquence logique de la formidable accélération du
programme de contrôle des bagages d'ADP a été le
décuplement de ses investissements. Pour mesurer la
réalité de l'effort accompli, il convient de présenter les
modalités de
contrôle de sûreté des bagages
.
Celles-ci se découpent en
cinq niveaux
:
-
niveau 1
: contrôle automatique du bagage par
EDS
45(
*
)
;
-
niveau 2
: contrôle visuel par un
opérateur des images présentées par l'EDS comme
« douteuses » ;
-
niveau 3
: contrôle approfondi par analyse au
tomographe
46(
*
)
. C'est également
à ce niveau qu'interviennent les
équipes cynotechniques
,
dont l'efficacité, quoique reconnue par tous les services de
sûreté, n'a pas encore été homologuée par
l'OACI. Votre rapporteur pour avis le regrette, dans la mesure où il a
déjà été prouvé que des chiens de
détection pouvaient déceler des explosifs qui avaient
échappé à l'analyse par tomographe. C'est à ce
titre qu'ADP a consacré 8,14 M€ au déploiement
d'équipe cynotechniques en 2003 ;
-
niveau 4
:
rapprochement bagage/passager
et
recherche manuelle du bagage.
Ce niveau est indépendant des
précédents
. Il correspond aux cas où un passager ayant
enregistré un bagage n'embarque pas. L'idée que la personne ayant
enregistré le bagage doit toujours être à bord de l'avion
constitue, depuis les années 1970, un des principes traditionnels de la
sûreté du transport aérien. Votre rapporteur pour avis
observe toutefois que, face à une menace terroriste appuyée sur
les attentats-suicides, ce principe de bon sens perd une large part de sa
portée ;
-
niveau 5
: intervention du service de
déminage.
2. L'extraordinaire augmentation des dépenses de sûreté
Le
bouleversement des enjeux de sûreté dans le transport
aérien, à la suite des attentats du 11 septembre 2001, a conduit
à un véritable changement d'échelle de l'effort des
gestionnaires d'aéroport dans ce domaine.
Depuis 2000, ADP a ainsi
vu, dans le domaine de la sûreté des bagages, ses dépenses
d'exploitation multipliées par 3, et ses dépenses
d'investissement par 13
.
Alors qu'en 2001, ADP dépensait 30
M€ pour la sûreté, ce poste représente
désormais 240 M€
. Pour résumer,
le surcoût des
mesures de sécurité prises après le
11 septembre 2001 représente une charge de plus de 200 M€
pour la seule année 2003, pour ADP
, ce qui permet d'imaginer le
coût total incluant les dépenses directes de l'Etat et celles des
compagnies aériennes.
Naturellement, une partie de cet effort est répercutée sur le
passager, de façon plus ou moins directe. La taxe sûreté
est ainsi passée sur la même période de 3,25 €
à 8,45 €.
a) Des dépenses d'investissement...
En septembre 2001, l'aéroport de Roissy-CDG était équipé de 18 EDS et de 5 tomographes, soit 23 appareils . En janvier 2003, les chiffres étaient de 77 EDS et 22 tomographes, soit 99 appareils . A terme, CDG devrait compter 85 EDS et 27 tomographes. Votre rapporteur pour avis signale, à titre indicatif, que le coût d'un tomographe est d'environ 1 M€ .
b) ... et de fonctionnement
La mise en place de ces nouveaux équipements de contrôle a nécessité l'embauche, en parallèle, de 4.000 personnes. La rapidité de l'évolution a naturellement soulevé des questions de sélection et de formation des candidats 47( * ) . De façon générale, la DGAC considère que les coûts de personnel représentent 80 % du coût total des mesures d'inspection-filtrage .
3. Le coût de l'inspection-filtrage des bagages à soute
Les estimations de la DGAC permettent de distinguer, dans le coût total des mesures de sûreté, le poids spécifique de l'inspection-filtrage des bagages à soute.
Coût de l'inspection-filtrage des bagages à soute en 2003
Coût de la mesure |
162 M€ |
Passagers au départ concernés |
66,5 Millions |
Coût par passager au départ |
2,44 € par passager |
Source :
DGAC
Cette présentation permet notamment de mesurer plus exactement le
coût individuel de la mesure, pour le passager, qui est loin d'être
nul. Naturellement, la sûreté n'est pas un domaine où il
est possible de réaliser des économies. Mais votre rapporteur
pour avis estime qu'il est très important que nos concitoyens aient une
juste appréciation du coût des différents niveaux de
sûreté, sachant que la sûreté absolue ne peut bien
sûr jamais être garantie.
III. L'ENJEU ÉCONOMIQUE DU TRAITEMENT DES BAGAGES
A. L'INDEMNISATION DES RETARDS ET PERTES DE BAGAGES
1. Le cadre traditionnel de la convention de Varsovie
La
Convention de Varsovie du 12 octobre 1929 pour l'unification de certaines
règles relatives au transport aérien international et ses
protocoles additionnels fixent, notamment, le régime et les limites de
responsabilité des transporteurs aériens pour ce qui est des
bagages des passagers confiés à leur garde (bagages
enregistrés). La législation communautaire, elle, ne comporte
aucun texte spécifique en la matière. En revanche, en ce qui
concerne le transport aérien intérieur, les dispositions de la
Convention de Varsovie ont été transposées en droit
national dans le code de l'aviation civile (CAC)
48(
*
)
.
Aux termes de la Convention de Varsovie, les dommages résultant du
retard dans l'acheminement des bagages, leur détérioration ou
leur perte relèvent de la responsabilité du transporteur
aérien
, sauf cause exonératoire (force majeure, faute du
passager). Toutefois, sous peine d'irrecevabilité, il appartient au
passager de saisir le transporteur concerné, afin de faire état
du préjudice subi, dans un délai de vingt et un jours à
compter de la réception des bagages en cas de retard. Ce délai
est de sept jours en cas d'avarie.
S'agissant des
pertes des bagages
, il incombe au passager de
saisir
le plus rapidement possible le transporteur
, même si aucun
délai spécifique n'est précisé dans le texte de la
Convention de Varsovie. Néanmoins, toute action en responsabilité
à l'encontre du transporteur doit être entreprise au plus tard
deux ans après l'arrivée du vol concerné.
La responsabilité du transporteur aérien est limitée
à 17 Droits de tirages spéciaux (DTS) (soit environ 21 euros, sur
la base du cours du mois de juillet 2003) par kilogramme de
bagage enregistré. Cependant, si le passager estime que la valeur
de ses bagages est supérieure au plafond de responsabilité du
transporteur aérien, il a la possibilité, lors de
l'enregistrement des bagages, d'effectuer une déclaration
spéciale d'intérêt auprès du transporteur, et ainsi
d'augmenter le plafond de responsabilité de celui-ci, moyennant le
paiement d'un complément tarifaire.
2. Les améliorations apportées par la convention de Montréal
La
Convention de Montréal
, signée le 28 mai 1999, a
actualisé les règles relatives à la responsabilité
des transporteurs aériens dans un sens
plus
favorable
aux passagers
. Compte tenu de sa ratification par plus de trente Etats,
elle
se substituera désormais à la Convention de Varsovie
et à ses protocoles additionnels pour les Etats qui l'auront
ratifiée.
S'agissant des dommages (retard, perte ou détérioration)
causés aux bagages transportés, la
nouvelle convention
augmente sensiblement les limites de responsabilité du transporteur
.
A l'actuel plafond de 17 DTS par kilo est substitué un
plafond global
par sinistre de 1.000 DTS (soit 1.235 euros)
, sauf déclaration
spéciale d'intérêt faite par le passager lors de
l'enregistrement des bagages. Ce système de dédommagement devrait
s'avérer plus avantageux pour la plupart des passagers.
Il est à noter que le règlement communautaire 889/2002, dont
l'entrée en vigueur coïncidera avec celle de la Convention de
Montréal pour les Etats membres de l'Union européenne, transpose
cette dernière convention et la rend applicable à tous les
transporteurs communautaires, quelle que soit la desserte qu'ils effectuent.
B. L'IMPACT PSYCHOLOGIQUE
1. Une responsabilité délicate à déterminer
a) La multiplicité des intervenants
Comme
dit précédemment, le traitement des bagages fait intervenir tous
les acteurs travaillant sur la plateforme :
-
la compagnie aérienne
, qui est seule responsable
vis-à-vis de ses passagers de l'acheminement de leurs bagages. Sur
l'aéroport, elle peut assurer leur traitement avec ses propres moyens,
hors inspection de sûreté et contrôles sanitaire et
douanier. Elle peut également choisir de faire appel pour ce faire
à des prestataires d'assistance en escale, qui peuvent être
d'autres compagnies aériennes, l'exploitant de l'aéroport ou
encore des entreprises indépendantes ;
- l'exploitant de l'aéroport,
qui fournit aux compagnies
aériennes et aux assistants en escale l'infrastructure et les
équipements lourds nécessaires au traitement des bagages en zone
terminale. Il s'agit principalement des banques d'enregistrement, des
convoyeurs, des dispositifs de tri et des salles de livraison. Il est par
ailleurs responsable, avec ses sous-traitants, de l'organisation et de
l'exécution de l'inspection-filtrage des bagages au titre de la
sûreté ;
-
les prestataires d'assistance en escale
, qui assurent pour le
compte des compagnies aériennes et à leur demande, le traitement,
hors sûreté et contrôles sanitaire et douanier, des bagages
à l'intérieur de la zone terminale, le transport des bagages
entre l'aérogare et l'avion, le chargement et le déchargement des
avions. Ils disposent en général pour ce faire de leur propre
matériel (chariots à bagages, tracteurs,
élévateurs) ;
- les sociétés de sûreté
,
sous-traitantes de l'exploitant d'aéroport, qui exécutent le
contrôle de sûreté des bagages de soute ;
-
les services de l'État
, qui vérifient l'application
des mesures de sûretés, et qui réalisent les
contrôles sanitaires et douaniers.
Dans ces conditions, il a été jusqu'à présent
impossible de mettre au point un suivi complet des bagages permettant
d'évaluer les taux d'échecs (retard ou perte) et d'analyser leurs
causes exactes. La mise en place de nouveaux systèmes automatisés
de traitement de bagage et le recours aux technologies de communication les
plus modernes devraient permettre, d'ici une dizaine d'années, la mise
en place d'une véritable traçabilité des bagages. A
défaut, les différents acteurs en sont réduits à
des estimations.
b) Le taux de retard des bagages à Roissy-CDG et Orly
Les compagnies aériennes, par leur contact direct avec le passager, disposent des évaluations les plus précises quant aux retards des bagages.
TAUX
DE BAGAGES RETARDÉS, PAR MILLIER DE PASSAGERS,
POUR L'ENSEMBLE DES
COMPAGNIES MEMBRES DE L'AEA
Année |
Orly |
CDG |
2000 |
5,8 |
42,5 |
2001 |
6,0 |
47,6 |
2002 |
8,1 |
62,1 |
2003 (janvier-juin) |
13,5 |
46,8 |
Source :
AEA
Ces chiffres permettent de dégager des ordres de grandeur, et quelques
tendances d'évolution. On voit ainsi l'
impact des modifications des
procédures, suite au 11 septembre 2001
, avec un doublement des
retards à Orly entre 2001 et 2003, et une augmentation de 30 % de
2001 à 2002 à CDG, avant un retour à la normale en 2003.
La
différence considérable de situation entre Orly et
Roissy-CDG
s'explique d'une part par la nature de
hub
de CDG et,
d'autre part, par les importants travaux en cours sur la plateforme.
Sur le moyen terme, et en se fiant à ces estimations, on peut donc
considérer que
5 % des passagers voient leurs bagages arriver en
retard à CDG
, ce qui constitue naturellement un taux d'échec
considérable. Il faut noter toutefois que la nature et la durée
du retard ne sont pas spécifiées dans ces estimations.
2. Un effet très négatif sur l'image de la compagnie aérienne
S'il est souvent difficile de désigner le respo nsable du retard ou de la perte, le passager, pour sa part, se retourne naturellement vers la compagnie aérienne, qui assure la responsabilité juridique du bon transport du bagage. Dans ces conditions, tout incident est imputé par le passager à la compagnie. Outre la question de l'indemnité due au passager, la compagnie aérienne est confrontée à la perspective de perdre ce client pour l'avenir. Cet aspect est donc source de tensions entre les compagnies aériennes et les autres acteurs, et notamment les gestionnaires d'aéroports .
3. L'impact indirect sur les gestionnaires d'aéroports
La question des incidents de traitement de bagages peut avoir, à terme, un impact sur l'appréciation globale portée par les compagnies aériennes sur la plateforme. Or, si celles-ci sont soumises aux choix de destination du passager, il n'en va pas de même pour l'utilisation de la plateforme pour les correspondances. Les stratégies de hub représentant des investissements de long terme, elles ne peuvent être remises en cause à court terme en fonction de l'évolution des performances de traitement des bagages. Toutefois, à moyen et long terme, cet aspect ne doit pas être sous-estimé. Le traitement des bagages est l'un des points importants de la qualité des services offerts par une plateforme aéroportuaire .
C. SÛRETÉ CONTRE SÉCURITÉ ?
On
distingue
, en matière de traitement des bagages, les questions de
sûreté
, qui renvoient essentiellement à la
prévention des actes de terrorisme, et les questions de
sécurité
, qui concernent les éventuelles
déprédations auxquelles sont soumis les bagages.
Votre rapporteur pour avis estime indispensable d'aborder la question du
vol
des bagages et effets à l'occasion de leur traitement. En effet,
une recrudescence des vols a été constatée depuis le 11
septembre 2001. Ce fait, surprenant de prime abord, est en
réalité très logique, et s'explique par plusieurs
raisons :
- l'accroissement brutal de l'effort de sûreté a
imposé le recrutement rapide de personnels peu qualifiés et
insuffisamment encadrés ;
- les personnels, en particulier ceux chargés de la manutention des
bagages, étaient mal rémunérés, ce qui
entraînait un
turn-over
important. D'une part les
éléments les plus qualifiés délaissaient les postes
offerts et, d'autre part, la rotation rapide des effectifs interdisait la mise
en place d'une politique de formation et de sélection
satisfaisante ;
- la nécessité de contrôler tous les bagages à
soute a imposé dans certains cas d'installer des équipements de
contrôles disjoints des trieurs de bagages, qui n'avaient pas
été conçus pour intégrer cette étape. La
création d'une étape supplémentaire, à
l'écart du processus normal et à l'abri des regards, rendait plus
difficile la dissuasion du vol.
Votre rapporteur pour avis tient à exprimer sa vive
préoccupation devant ces éléments, qui nuisent en
définitive à la réputation, et donc à
l'activité, des plateformes nationales.
Toutefois, d'après
les informations qu'il a recueillies, la situation serait en voie de nette
amélioration, par le jeu combiné de plusieurs
éléments :
- la hausse très nette des rémunérations des
personnels de manutention (+ 30 %) ;
- l'éviction, avec le temps, des personnels indélicats,
notamment à l'occasion de poursuites pénales engagées
suite à des vols ;
- la montée en puissance des systèmes intégrés
de traitement, qui concentrent tout le traitement dans un même lieu et
rendent plus difficile de soustraire un bagage à la surveillance
collective ;
- le renforcement des contrôles internes ;
- la mise en place progressive d'une véritable
traçabilité des bagages, qui permette, même si ce n'est pas
son objectif premier, d'analyser les éventuels agissements
délictuels ;
- la réaffirmation de l'autorité de l'Etat comme garant de
l'ordre public par le renforcement de l'action de la police, mais aussi par la
désignation,
pour chaque plate-forme parisienne, d'un
sous-préfet en charge des questions de sûreté et de
sécurité, ce que votre rapporteur pour avis ne peut
qu'approuver.
En définitive,
votre rapporteur pour avis estime que la situation est
en voie de rétablissement, ce dont il se félicite, en particulier
au vu des enjeux économiques considérables qui lui sont
associés.
*
* *
La commission des affaires économiques a examiné ce rapport le jeudi 6 novembre 2003 et a émis un avis favorable, sur proposition de son rapporteur, à l'adoption des crédits du transport aérien et de l'aviation civile inscrits dans le projet de loi de finances pour 2004.
1
Le FIATA consiste en le compte
d'affectation
spéciale n° 902-25.
2
Eurocontrol ; autres organismes liés à la DGAC
par des conventions de financement, à savoir Swisscontrol,
Aéroports de Paris (ADP), Bâle-Mulhouse, Jersey Airport et
Météo-France ; administration de l'équipement et
ministère de la défense.
3
Redevance pour services terminaux de la circulation
aérienne.
4
Article 51 de la loi de finances pour 1999.
5
Loi n° 2003-660 du 21 juillet 2003 de programme pour
l'outre-mer, article 60.
6
Société américaine de location-vente d'avions
(
leasing
).
7
Communiqués OACI du 20 décembre 2002 et du 11
août 2003.
8
La tonne kilomètre transportée totale est une mesure
combinée du trafic de passagers, de fret et de poste, qui tient compte
de la distance parcourue.
9
Communiqué du secrétariat de l'OACI du 11 août
2003.
10
Source : International Air Transport Association
(IATA) :
World Air Transport Statistics 2003
.
11
Air Canada, Air New Zealand, ANA (All Nippon Airways), Asiana
(depuis le 1
er
mars 2003), Austrian Airlines Group, British Midland,
Lufthansa, LOT-Polish Airlines (depuis octobre 2003), Mexicana Airlines, SAS
(Scandinavian Airline System), Singapore Airlines, Spanair (1
er
avril 2003), Thai Airlines, United Airlines et Varig.
12
Les huit compagnies de l'alliance Oneworld : Air Lingus,
American Airlines, British Airways, Cathay Pacific, Finnair, Iberia, Lan Chile
et Qantas.
13
Les six compagnies de l'alliance Skyteam : Aeromexico, Air
France, Alitalia, CSA Czech Airlines, Delta Air Lines et Korean Air.
14
Cette mesure est devenue obligation mondiale à compter du
1
er
novembre 2003, et dès le 9 avril 2003 pour les
compagnies aériennes du Royaume-Uni et des Etats-Unis. Elle vise tous
les avions de plus de 60 sièges ou dont la masse maximale au
décollage dépasse 45,5 tonnes.
15
Il s'agit là d'une classification du Département
des transports américain (DOT).
16
Wall Street Journal
, 16 juillet 2003.
17
Trafic intérieur et international.
18
Source : ATA - Air Transport Association (regroupe 22
compagnies aériennes américaines membres) - juillet 2003.
19
Les trois compagnies « majeures » de
transport de fret sont : Federal Express, UPS et DHL Airways.
20
Compagnies classées par trafic PKT (passagers
kilomètres transportés) 2002 décroissant.
21
ATA a rejoint récemment le groupe des compagnies
« majeures ».
22
Les trois compagnies Southwest, America West et American Trans
Air (ATA) sont des compagnies à bas coûts.
23
Le
Figaro Economie
, 22 mars 2003.
24
Les efforts d'American Airlines pour obtenir des concessions
salariales ont finalement abouti, sous la menace de la faillite, et
après la démission de son président Don Carty, le 25 avril
2003. La nouvelle direction a annoncé qu'elle pouvait, pour le moment,
éviter la mise en redressement.
25
United Airlines est déjà placée, depuis
décembre 2002, sous la protection du chapitre 11 de la loi sur les
faillites. Les résultats d'exploitation de United au 1
er
et
2
ème
trimestre 2003 ont été de -813 et -431 M$.
26
Cf.
supra
.
27
Cf.
supra
.
28
Loi n° 2003-322 du 9 Avril 2003 relatif aux entreprises de
transport aérien et notamment à la société Air
France. Rapport n° 165 (2002-2003) de M.
Jean-François Le Grand
, fait au nom de la commission des affaires
économiques.
29
Exprimé en PKT.
30
SAS, Turkish, Air France, British Airways et KLM.
31
La compagnie à bas coûts BasiqAir est
exploitée par Transavia, filiale à 80 % de KLM. De plus, Buzz,
avant d'être acheté par Ryanair début 2003, était
une marque commerciale exploitée par KLM UK, filiale à 100 % de
KLM.
32
Deutsche BA (dba), filiale de British Airways, est devenu une
compagnie à bas coûts en 2002.
33
En mars 2002, British Midland (BMI) a créé une
filiale à bas coûts : bmibaby.
34
SnowFlake.
35
Goodjet a fait faillite le 16 janvier 2003. Il convient de noter
que Goodjet et CiaoFly n'étaient pas des transporteurs. Il s'agissait de
marques commerciales avec affrètement d'avions.
36
Marque à bas tarifs du transporteur français Air
Lib.
37
BerlinJet a disparu le 21 février 2003, après
seulement quelques mois d'activité.
38
Il convient d'utiliser le terme "base" plutôt que celui de
"hub", car les compagnies à bas coûts n'organisent pas leur
activité autour de plages de correspondance.
39
M. Eric de Vlieger, PDG du groupe IMCA, a été mis
en examen le 24 octobre 2003 pour recel et complicité d'abus de biens
sociaux, dans l'enquête sur d'éventuelles malversations ayant
entouré la chute d'Air Lib.
40
L'exercice d'Air France court du 1
er
avril au 31 mars.
41
Air Transport European Association, Association des transporteurs
aériens européens.
42
Chiffres AEA pour l'année civile.
43
Aviation and transportation Security Act
.
44
Règlement n° 2320/2002/CE.
45
Explosive Detection System
, appareil de détection
des explosifs par rayons-X.
46
Le tomographe offre une visualisation beaucoup plus fine que
l'EDS, en permettant notamment des variations de l'angle de vue et des plans de
coupe.
47
Voir
infra.
48
Article L.321-3 du CAC.