7. Un accompagnement par la formation continue des enseignants
Afin de sensibiliser l'encadrement pédagogique et les responsables de la formation des maîtres aux objectifs du plan de prévention de l'illettrisme, des réunions inter académiques devaient se dérouler de septembre à octobre 2002. Elles devront permettre d'intégrer au cahier des charges des plans académiques de formation, et à leurs volets départementaux, les objectifs de formation liés à la prévention de l'illettrisme et d'installer les dispositifs d'accompagnement des enseignants, ainsi que l'actualisation de la formation des formateurs.
8. Les observations de la commission
Votre commission ne peut évidemment que souscrire aux objectifs d'un tel plan qu'elle réclame depuis de nombreuses années, alors que l'illettrisme n'a fait depuis trop longtemps l'objet que de colloques bavards et d'assises savantes ne débouchant sur aucune directive pédagogique.
Une action en ce domaine est d'autant plus nécessaire que la très grande majorité des élèves qui n'apprennent pas à lire en CP ne seront jamais rattrapés, que les élèves en difficulté dans l'apprentissage de la lecture sont également en difficulté dans toutes les autres disciplines et que cet échec, déstabilisant sur le plan psychologique, est particulièrement mal vécu par les jeunes élèves et fait le lit de l'échec scolaire et de la marginalisation sociale.
Si elle ne peut qu'être favorable à une augmentation de l'horaire consacré à la lecture et à l'écriture -d'autant que l'on constate une déperdition des acquisitions dans le domaine de la lecture entre la classe de CE2 et de CM2- elle rappelle cependant que cet apprentissage se déroule normalement par cycle depuis la grande section de maternelle et que les cours préparatoires se voient souvent affecter des maîtres inexpérimentés : elle se demande s'il ne conviendrait de mettre en place un dispositif incitant les professeurs d'école expérimentés à choisir cette classe essentielle et développer des équipes pédagogiques en responsabilisant chacun de ses membres à la prévention de l'illettrisme.
Elle constate également que l'illettrisme s'est maintenu, voire développé, au cours des années récentes en dépit d'une augmentation considérable des crédits affectés au premier degré et d'une réduction sans précédent des effectifs par classe.
Au total, la persistance du phénomène de l'illettrisme, dont l'importance a été trop occultée ces dernières années, résulte moins de la démocratisation de l'enseignement scolaire, de méthodes de lecture dite globale, d'ailleurs abandonnée depuis longtemps, d'une insuffisance de moyens, ou de la concurrence de l'écrit par l'écran que de la réduction des horaires consacrés à la lecture et à l'écriture au profit d'activités d'éveil trop souvent laissées à l'initiative des maîtres.
Il n'est que temps que la liberté pédagogique des maîtres, qui n'exercent pas une profession libérale, s'inscrive dans des schémas d'apprentissage des fondamentaux prédéfinis ayant fait la preuve de leur efficacité.
Votre commission s'interroge également sur les moyens qui seront nécessaires pour développer les classes de CP à effectifs réduits : si l'utilisation des postes en surnombre peut apparaître suffisante pour une expérimentation portant sur une quarantaine d'écoles, il risque de ne pas en être de même pour une généralisation du dispositif qui sera nécessairement coûteux en postes : les emplois d'enseignants du premier degré sont donc appelés encore à augmenter dans les années à venir.
Elle remarquera que la seule mesure nouvelle du projet de loi de finances pour 2003 en ce domaine concerne le dispositif des contrats éducatifs locaux, bénéficiant actuellement à un peu plus de 3 millions d'élèves, qui inclura la prévention de l'illettrisme dans ses volets prioritaires : 790 000 euros devraient permettre de créer 100 contrats supplémentaires et de porter à 3 000 le nombre de contrats signés en 2003.
Elle exprimera enfin son scepticisme sur la signification et la portée des expérimentations menées sur un trop petit échantillon de classes, qui sont le plus souvent encadrées par les meilleurs enseignants, comme celles engagées en mathématiques modernes et en lecture dans le passé. De telles expérimentations doivent s'appuyer sur des méthodes éprouvées, susceptibles de s'appliquer à tous les élèves et d'être mises en oeuvre par tous les enseignants dans une nécessaire continuité.