II. LES RESSOURCES EXTRA-BUDGÉTAIRES CONSACRÉES AUX PME, AU COMMERCE ET À L'ARTISANAT
Le Fonds
d'Intervention pour la Sauvegarde de l'Artisanat et du Commerce (FISAC) est un
instrument de développement local, créé par
l'article 4 de la loi n° 89-1008 du 31 décembre 1989
modifiée dont les modalités réglementaires d'intervention
ont été précisées par le décret
n° 95-1140 du 27 octobre 1995.
La dotation du FISAC
inscrite dans le projet de loi de finances pour 2002 s'élève
à 67,08 millions d'euros contre 64,8 millions d'euros en 2001,
auxquels se sont ajoutés 2,3 millions d'euros au titre des
inondations de Bretagne et de Loire-Atlantique.
Le FISAC est alimenté par un prélèvement sur
l'excédent du produit de la taxe d'aide au commerce et à
l'artisanat, créée par la loi n° 72-657 du
13 juillet 1972 et assise sur la superficie de grandes surfaces
construites depuis le 1
er
janvier 1960, pour financer le
régime de l'indemnité de départ des commerçants et
artisans. L'objet premier de la taxe ne représente plus qu'une infinie
partie des dépenses ; la persistance d'excédents de taxe
importants a permis au FISAC de poursuivre des objectifs structurels d'aide au
développement économique et conjoncturels (dans le cas de
catastrophes naturelles).
Le FISAC a été effectivement mis en place en 1992 pour
répondre à la double nécessité d'assurer le
maintien d'une desserte commerciale et des services de proximité
indispensables à la vie sociale, et de préserver
l'équilibre entre les différentes formes de commerce, en
favorisant l'adaptation des structures traditionnelles.
Face aux mutations du secteur de la distribution, le FISAC est donc un outil
d'accompagnement des évolutions des secteurs du commerce et de
l'artisanat, ainsi que le précise la nouvelle circulaire du
21 juin 1999 qui a réaménagé son dispositif.
Désormais les interventions du FISAC s'inscrivent dans le cadre nouveau
de 5 catégories d'opérations qui regroupent les
18 anciennes catégories selon le tableau de correspondance
suivant :
ANCIEN DISPOSITIF |
NOUVEAU DISPOSITIF |
-
Opérations Coeur de Pays
|
Opérations urbaines Lorsque le projet est porté par une collectivité de plus de 2 000 habitants. |
- 1000
Villages de France
|
Opérations rurales Lorsque le projet est porté par une collectivité de moins de 2000 habitants |
Opérations sectorielles |
Opérations sectorielles |
Etudes |
Etudes |
-
Opérations biens culturels
|
Autres |
Par
ailleurs, les plafonds des aides ont été portés à
2,5 millions de francs pour les dépenses de fonctionnement
(50 % d'une opération dans la limite de 5 millions de francs).
S'agissant des dépenses d'investissement, le taux maximum est de
20 % des dépenses plafonnées à 5 millions de francs
et de 10 % pour les dépenses supérieures à ce seuil
avec un maximum de subvention par tranche de 2,5 millions de francs. Les
entreprises bénéficiant de l'aide directe du FISAC doivent avoir
un chiffre d'affaires hors taxes inférieur à 5 millions de
francs.
|
|
Bilan
global de l'emploi des ressources prélevées sur le FISAC (en
francs)
|
Actions spécifiques |
18 |
390 640 659 |
Animation |
75 |
30 884 029 |
Animation économique des CM |
10 |
324 737 717 |
Artisanat |
51 |
27 541 788 |
Opération « biens culturels » |
71 |
9 007 978 |
Opérations urbaines |
408 |
155 164 970 |
Opérations « C2000 » |
309 |
274 993 170 |
Opérations « Coeur de pays » |
845 |
485 791 904 |
Etudes |
60 |
8 126 737 |
Divers |
43 |
93 064 287 |
Opérations en quartiers sensibles |
201 |
95 280 100 |
Equipements commerciaux |
148 |
50 641 291 |
Halles et marchés |
346 |
111 499 630 |
Opération « mille visages » |
2 316 |
232 397 716 |
ORAC |
310 |
192 499 794 |
Opérations rurales |
622 |
93 305 555 |
Parcs de stationnement |
13 |
5 287 265 |
Programmes de développement concerté |
52 |
16 466 960 |
Opérations sectorielles |
34 |
38 014 865 |
Opérations en faveur des sinistrés |
59 |
31 085 103 |
Transmission reprise |
34 |
16 569 400 |
Total général |
6 025 |
2 683 000 918 |
Source
: Secrétariat d'Etat aux PME, au
commerce, à l'artisanat et à la consommation
Le FISAC participe au développement économique local par deux
modes d'intervention : d'une part en partenariat avec les
collectivités locales, en milieu urbain et rural ; d'autre part, en
association avec les chambres de métiers et les professionnels de
l'artisanat.
1. Les opérations conduites en partenariat avec les collectivités locales
Elles s'apprécient différemment selon qu'elles sont conduites en milieu urbain ou en milieu rural.
a) Opérations conduites en milieu urbain
L'objectif général est d'apporter une aide au
montage
de projets associant les collectivités locales, les associations de
commerçants et les chambres consulaires, dans le cadre de projets
intégrant tous les aspects d'une politique urbaine (transports, habitat,
infrastructure, stationnement, accessibilité au centre-ville, etc...).
Les fonds européens sont fréquemment sollicités dans ce
cadre.
En 2000, près de 38,1 millions d'euros (250 millions de
francs) ont été consacrés à ces opérations.
Les subventions accordées au titre des opérations urbaines ont
augmenté régulièrement, depuis 1992 (où elles
s'établissaient à 5 millions d'euros) et ce sont les villes
de moins de 30.000 habitants qui ont bénéficié, en
priorité, de ce dispositif.
Un effort marqué est porté sur les petites et moyennes communes,
dont les projets demeurent cohérents au regard des capacités
financières d'intervention du FISAC.
L'accroissement du montant des subventions attribuées témoigne de
la vigueur de la demande et également du fait que les dossiers
présentés intègrent des opérations d'urbanisme
complexe, les collectivités adoptant des démarches globales de
revitalisation des centres-villes ou des quartiers fragilisés.
En revanche, le FISAC ne peut intervenir que marginalement dans le cadre des
grands projets urbains conduits par des villes dépassant
50.000 habitants.
L'impact du FISAC, de fait, est étroitement lié à
l'échelle financière de l'opération et son
« coeur de cible » en milieu urbain demeure les villes
moyennes, même si certaines opérations conduites dans des villes
de plus de 50.000 habitants peuvent s'avérer opportunes, comme par
exemple celles ayant pour objet d'agir sur un quartier particulier, voire une
artère, ou encore pour la restructuration d'une halle.
b) Opérations rurales (communes de moins de 2.000 habitants)
En
milieu rural, le FISAC peut intervenir, notamment, en participant directement
à la modernisation de l'outil de travail. Il intervient dans le cadre
d'opérations individuelles (avec une commune ou un particulier) ou
collectives (avec un syndicat intercommunal, par exemple). Des aides directes,
plafonnées à 9.146,90 euros (60.000 francs), peuvent
être attribuées à des entrepreneurs individuels sous
réserve de ne créer ni distorsion de concurrence, ni
enrichissement sans cause. Le total des subventions du FISAC durant
l'année 2000 visant des opérations en zone rurale
représente près de 14,3 millions d'euros (94 millions
de francs).
Le rapprochement du nombre de décisions et du montant global des
subventions accordées met en évidence le fait que les actions en
zone rurale représentent un coût unitaire très
inférieur au montant des actions en zone urbaine. Le taux moyen de
subvention pour les opérations en zone rurale s'élève
approximativement à 24.086 euros (158.000 francs), alors que
celui des opérations urbaines est de 82.779 euros
(543.000 francs).
Globalement, depuis l'origine du FISAC, 42 % des subventions ont
été accordées en zone urbaine et représentent un
peu plus d'un tiers des décisions (34 %). Depuis 1992, les
subventions en zone rurale représentent 19,6 % de l'ensemble des
dotations, mais concernent plus de la moitié des décisions
(55 %).
Pour l'année 2000, on observe que la part des décisions
concernant des opérations en zone rurale équivaut à celle
concernant des interventions en zone urbaine -soit chacune 47,5 % du
total, le restant étant lié aux opérations
spécifiques-, mais que plus des trois quarts des subventions concernent
des opérations en milieu urbain
.
Cette tendance est appelée à se poursuivre dans la mesure
où le nouveau dispositif du FISAC, tel qu'il est mis en place par la
circulaire du 21 juin 1999, a recherché un équilibre
entre les opérations de modernisation et de rénovation du
commerce en zone urbaine -par nature coûteuses et souvent pluriannuelles-
et les opérations individuelles de maintien des commerces de
proximité en zone rurale, par nature plus nombreuses, mais d'un
coût unitaire faible.
Votre rapporteur pour avis regrette cette évolution, qui conduit
à privilégier les zones urbaines au détriment des zones
rurales. Le souci de l'aménagement du territoire conduirait en effet
à accorder une priorité au maintien des derniers commerces dans
les petites communes.
L'impact du FISAC en milieu rural est visible et
mesurable, puisqu'il contribue à sauvegarder des activités de
première nécessité au bénéfice des habitants
des zones en voie de désertification. En milieu urbain, la portée
des actions du FISAC est plus difficile à mesurer, d'autant qu'elles
sont souvent menées en partenariat avec les divers acteurs locaux.
2. Les opérations conduites avec les Chambres de Métiers, les Organisations professionnelles de l'Artisanat et le secteur associatif
Une
fraction significative de la dotation FISAC (13,2 millions d'euros, soit
87 millions de francs, sur 64,8 millions d'euros, soit
425 millions de francs en 2001) est utilisée en partenariat avec
les professionnels de l'artisanat, les Chambres de Métiers et le secteur
associatif.
Deux objectifs sont poursuivis :
- favoriser la poursuite et la pérennité des actions
économiques de base menées en faveur des entreprises par les
Chambres de Métiers et les organisations professionnelles du secteur de
l'Artisanat ;
- encourager le montage de projets innovants par les organismes
précités et également le secteur associatif.
Ce nouveau dispositif est régi par la circulaire ministérielle du
24 janvier 2000 relative aux aides au développement
économique. Il complète le dispositif traditionnel d'animation
économique, mis en oeuvre avec les Chambres de Métiers et les
Organisations professionnelles.
Ces subventions permettent en 2001 de contribuer, notamment, à la
réalisation d'actions en faveur de la création-transmission
d'entreprises, de la diffusion des technologies de l'information, de la
qualité, de la maîtrise des risques, du conseil aux entreprises.
Les dotations attribuées à cette fin, au titre du FISAC, sont
complétées par des dotations budgétaires inscrites en loi
de finances, l'effort global de l'Etat dans ce domaine représentant un
montant de 23,5 millions d'euros (154 millions de francs).
Votre rapporteur pour avis tient à souligner l'attachement des
professionnels à cet outil extrabudgétaire, dont la dotation
dépasse celle du secrétariat d'Etat aux PME, au commerce et
à l'artisanat et dont l'efficacité est unanimement reconnue.
La réforme de l'ordonnance de 1959 relative aux lois de finances
imposera de revoir le mode de financement de cet outil. La solution
préconisée par le rapporteur spécial de la Commission des
finances retient l'attention de votre rapporteur pour avis : transformer
le FISAC en compte d'affectation spéciale permettrait au Parlement de
contrôler le fonds en en préservant la logique d'affectation et
ferait bénéficier le commerce et l'artisanat des éventuels
reports de crédits en fin d'année.
Votre rapporteur pour avis
souligne que la réforme du FISAC ne doit absolument pas entraîner
de réduction de l'effort consenti en faveur du commerce et de
l'artisanat, et notamment en faveur du maintien de ces activités en
milieu rural.