Projet de loi de finances pour 2002 -Tome IV : Industries agricoles et alimentaires
DUSSAUT (Bernard)
AVIS 89 - TOME IV (2001-2002) - COMMISSION DES AFFAIRES ECONOMIQUES
Rapport au format Acrobat ( 137 Ko )Table des matières
- INTRODUCTION
-
CHAPITRE 1ER -
SITUATION DES INDUSTRIES AGRO-ALIMENTAIRES -
CHAPITRE II -
LA POLITIQUE CONDUITE PAR LES POUVOIRS PUBLICS- I. LA RÉNOVATION DE LA POLITIQUE DE PROMOTION DES PRODUITS AGRICOLES ET ALIMENTAIRES
- II. LE DOSSIER DES OGM
-
CHAPITRE III -
L'EXAMEN DES CRÉDITS
N° 89
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 2001-2002
Annexe au procès-verbal de la séance du 22 novembre 2001
AVIS
PRÉSENTÉ
au nom de la commission des Affaires économiques et du Plan (1) sur le projet de loi de finances pour 2002 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE,
TOME IV
INDUSTRIES AGRICOLES ET ALIMENTAIRES
Par M. Bernard DUSSAUT,
Sénateur.
(1) Cette commission est composée de : MM. Gérard Larcher, président ; Jean-Paul Emorine, Marcel Deneux, Gérard César, Pierre Hérisson, Jean-Marc Pastor, Mme Odette Terrade, vice-présidents ; MM. Bernard Joly, Jean-Paul Émin, Patrick Lassourd, Bernard Piras, secrétaires ; MM. Jean-Paul Alduy, Pierre André, Philippe Arnaud, Gérard Bailly, Bernard Barraux, Mme Marie-France Beaufils, MM. Michel Bécot, Jean-Pierre Bel, Jacques Bellanger, Jean Besson, Claude Biwer, Jean Bizet, Jean Boyer, Mme Yolande Boyer, MM. Dominique Braye, Marcel-Pierre Cleach, Yves Coquelle, Gérard Cornu, Roland Courtaud, Philippe Darniche, Gérard Delfau, Rodolphe Désiré, Yves Detraigne, Mme Evelyne Didier, MM. Michel Doublet, Paul Dubrule, Bernard Dussaut, André Ferrand, Hilaire Flandre, François Fortassin, Christian Gaudin, Mme Gisèle Gautier, MM. Alain Gérard, François Gerbaud, Charles Ginésy, Francis Grignon, Louis Grillot, Georges Gruillot, Charles Guené, Mme Odette Herviaux, MM. Alain Journet, Joseph Kerguéris, Gérard Le Cam, Jean-François Le Grand, André Lejeune, Philippe Leroy, Jean-Yves Mano, Max Marest, René Monory, Paul Natali, Jean Pépin, Daniel Percheron, Ladislas Poniatowski, Jean-Pierre Raffarin, Daniel Raoul, Paul Raoult, Daniel Reiner, Charles Revet, Henri Revol, Roger Rinchet, Claude Saunier, Bruno Sido, Daniel Soulage, Michel Teston, Pierre-Yvon Trémel, André Trillard, Jean-Pierre Vial.
Voir
les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
3262
,
3320
à
3325
et T.A.
721
Sénat
:
86
et
87
(annexe n°
3
)
(2001-2002)
Lois de finances. |
INTRODUCTION
Mesdames, Messieurs,
Maillon stratégique entre les productions agricoles et les circuits de
distribution, les industries agro-alimentaires (IAA) constituent une source
importante de création de richesse - leur chiffre d'affaires
s'établit, pour l'année 2000, à 825 milliards de
francs-, et d'emploi - elles comptent 412.000 employés -, en
même temps qu'elles contribuent, par leur présence sur l'ensemble
du territoire, notamment sous la forme de petites et moyennes entreprises
(PME), à un développement harmonieux de nos régions.
Les principaux résultats des productions agro-alimentaires sur
l'année 2000 vous sont présentés dans cet avis.
Si la
croissance en volume de la production agro-alimentaire tend à ralentir,
l'augmentation soutenue des prix à la production (+ 2,5 %)
permet une tenue relativement bonne de la valeur de la production des IAA.
Des secteurs, comme l'industrie sucrière u celle des boissons ont
toutefois enregistré des reculs significatifs.
La stagnation de la production de viande (+ 0,2 %) ne reflète
qu'imparfaitement la situation de ce secteur, caractérisée en
2000 par une reprise pour la filière du porc et celle des volailles.
La chute brutale de la consommation de viande bovine causée par une
nouvelle crise de confiance liée à l'ESB entraîne, en fin
d'année, une diminution de la production et surtout des prix de la
viande bovine, annulant toute la progression enregistrée au cours des
dix premiers mois.
Les résultats de l'année 2001 risquent d'être
particulièrement négatifs pour le secteur viande, d'autant plus
qu'au delà d'une diminution, considérée désormais
comme structurelle, de la consommation de viande bovine, des tensions se font
actuellement sentir sur les cours du porc, qui connaît des
difficultés persistantes à l'exportation depuis la crise de la
fièvre aphteuse.
Il s'agit d'une évolution préoccupante, eu égard au
poids économique de la production française de la viande qui,
rappelons-le, représente à elle seule près de 27 % de
la valeur totale des productions agro-alimentaires.
Sans minimiser en aucune façon la situation dramatique subie en ce
moment par l'élevage bovin, votre rapporteur pour avis a souhaité
consacrer
un développement à l'industrie des viandes.
Celle-ci
a dû faire face à des contraintes
particulières, liées aux mesures sanitaires de prévention
de l'ESB, telles que la mise en place du dépistage systématique
à l'abattoir ou le retrait des matériaux à risque
spécifiés, mais également à la disparition des
possibilités de valorisation d'une grande partie du «
cinquième quartier », en raison de l'interdiction d'utiliser les
farines de viande et d'os en alimentation animale.
Enfin, le secteur de l'abattage doit composer avec les autres acteurs de la
filière, éleveurs en grande difficulté, d'une part, et
distributeurs qui font pression à la baisse sur les prix, d'autre part.
Votre rapporteur pour avis se félicite, à cet égard, de
la signature, le 24 octobre dernier, de l'accord entre producteurs et
abatteurs, qui manifeste la volonté de l'industrie des viande de
coopérer à une gestion responsable de la crise.
Par ailleurs, alors que s'ouvre la Conférence ministérielle de
l'Organisation mondiale du commerce (OMC) à Doha, il convient de
souligner l'importance des exportations agro-alimentaires.
En progression de 50% en dix ans, selon l'Association nationale des industries
agro-alimentaires (ANIA), ces exportations représentent en 2000 plus de
186 milliards de francs.
Si cette performance contribue largement au
solde positif du commerce extérieur agro-alimentaire français,
elle ne saurait masquer la fragilisation de nos positions sur les
marchés extérieurs.
Celle-ci concerne, par exemple, le secteur des vins, qui est, avec plus de
36 milliards de francs, le premier poste des produits agro-alimentaires
exportés par la France. La part des vins français sur le
marché britannique, qui fait figure de référence sur le
marché mondial des vins, est passée de 50 à 36 % en
dix ans, en raison de la concurrence des vins dits « du nouveau
monde », portés par une politique commerciale agressive.
Les exportations de viande apparaissent également en recul, notamment
à la suite des récentes crises de santé animale, crise de
l'ESB bien sûr, mais aussi épizootie de fièvre aphteuse. A
titre d'illustration, les exportations de viande porcine vers les pays tiers
étaient, en août 2001, inférieures de 70 % à
leur niveau d'août 2000, notamment en raison de l'arrêt des
importations du Japon et de la Corée.
Dans ce contexte, les initiatives prises dans le sens d'un soutien plus
affirmé à la promotion des produits agro-alimentaires
français ne peuvent qu'être saluées.
La mise en place
par le Gouvernement du Conseil supérieur des exportations agricoles et
agro-alimentaires (CSEAA), prévu par la loi d'orientation agricole,
s'inscrit dans cette démarche. Parallèlement est en cours une
rénovation de l'encadrement européen relatif à la
participation de l'Union européenne et des Etats membres au financement
de campagnes de promotion en faveur des produits agro-alimentaires.
Enfin, il apparaît aujourd'hui difficile d'évoquer les industries
agro-alimentaires sans aborder
les problématiques de
sécurité alimentaire et environnementale
qui les concernent
de plus en plus.
S'agissant de la sécurité alimentaire, votre rapporteur pour avis
ne s'étendra pas sur la poursuite des travaux engagés au niveau
européen sur le fondement du Livre Blanc de la Commission
européenne sur la sécurité alimentaire. Notre
collègue Jean Bizet vous a présenté, cette année,
l'avancée de ces réformes à l'occasion de l'examen par la
Commission des affaires économiques de sa proposition de
résolution sur ce thème.
Il faut souhaiter que
l'Autorité alimentaire européenne, dont la création
constitue l'une des plus importantes initiatives prises dans ce cadre, soit
mise en place sous les plus brefs délais.
Le dossier des organismes génétiquement modifiés a
également fait l'objet d'une très grande attention
.
L'encadrement communautaire a été complété par
l'adoption d'une directive du 12 mars 2001, qui renforce les
garanties offertes en matière d'environnement et de santé
publique, et limite la durée des autorisations de mise sur le
marché. Un projet de règlement sur la traçabilité
et l'étiquetage est actuellement en discussion.
Il convient, en outre, de se féliciter des efforts de transparence du
Gouvernement qui, non seulement, a permis l'accès du public aux dossiers
de demande d'essais, mais a également publié sur le site Internet
du ministère de l'agriculture la liste des communes sur le territoire
desquelles sont implantées des cultures expérimentales d'OGM. Le
débat sur les OGM a, à cet égard, été
alimenté par les opérations d'arrachage sauvage de champs
expérimentaux d'OGM, conduites cet été.
Les crédits du budget de l'agriculture consacrés aux IAA prennent
largement en compte l'objectif de sécurité sanitaire et
environnementale dans laquelle doit se dérouler la production
d'aliments, la sécurité sanitaire figurant, cette année
encore, parmi les priorités du Gouvernement pour ce budget.
Ainsi,
les dotations destinées à l'Agence française de
sécurité sanitaire des aliments (Afssa) s'élèvent,
pour 2002, à 37,18 millions d'euros, en augmentation de 3,4%.
Cette hausse devrait notamment servir à la création d'emplois
supplémentaires et à l'équipement des laboratoires.
De même, les crédits consacrés à la
sécurité alimentaire connaissent une progression marquée.
Près de 10,5 millions d'euros sont affectés à la
protection et au contrôle sanitaire des végétaux,
l'augmentation de ces crédits devant permettre le renforcement des
actions engagées dans le cadre de la surveillance des organismes
génétiquement modifiés
.
D'un montant de 106,7 millions d'euros, les crédits de la
ligne 44-70/20, consacrés à la maîtrise sanitaire des
animaux et de leurs produits, augmentent de 19,6 %
par rapport
à l'année précédente. Une bonne part de ces fonds
sert à financer des actions dans le domaine de la santé animale,
ce qui sort quelque peu du champ de cet avis. La hausse de ces crédits
est principalement imputable à la progression des moyens affectés
à la lutte contre l'ESB. Cependant, une partie de ces crédits est
aussi destinée au financement d'actions de maîtrise de
l'hygiène des denrées alimentaires tout au long de la
filière.
La politique industrielle, terme qui désigne l'ensemble des actions
destinées à soutenir l'investissement des industries
agro-alimentaires, bénéficie également d'une progression
(+ 9,4 %) de ses crédits, qui s'élèvent à
24,09 millions d'euros en crédits de paiement
.
Cette hausse permet de
majorer de 47,4 % les crédits
destinés au versement de la part nationale de la prime d'orientation
agricole (POA)
, qui passe de 6,77 à près de 10 millions
d'euros.
Cependant, les autres lignes relevant de la politique industrielle connaissent
une diminution :
- de 8,8 % pour les crédits de paiement destinés au
versement de la part régionale de la POA, lesquels
s'élèvent à 8,53 millions d'euros ;
- de 5,2 % pour les crédits de paiement abondant les Fonds
régionaux d'aide aux investissements immatériels (FRAII), d'un
montant de 3,44 millions d'euros ;
- de 5,4 % pour les fonds alloués aux actions de
restructuration (2,13 millions d'euros).
Les crédits en faveur des abattoirs publics qui, cette année, ont
été transférés du chapitre consacré à
la politique industrielle vers le chapitre intitulé « interventions
en faveur de l'orientation et de la valorisation de la production
agricole», connaissent une légère augmentation
(+ 0,5 million d'euros).
D'un montant total de 17,05 millions d'euros, les crédits
affectés à la politique de la qualité sont en hausse
(+ 4,6 %).
Cette progression bénéficie à la ligne consacrée
à la
promotion des signes de qualité, qui augmente de
14,5 %.
A l'inverse,
la dotation de fonctionnement allouée
à l'Institut national des appellations d'origine (INAO)
, dont le
montant s'élève à 12,9 millions d'euros,
diminue
de 4 %,
ce qui apparaît regrettable au regard des importants
besoins de cet organisme, notamment en matière de recrutement de
personnel.
De même,
la subvention de l'Etat à la Société
pour l'expansion des ventes de produits agro-alimentaires (SOPEXA) est
simplement reconduite à 24,4 millions d'euros
, ce qui est juste
suffisant pour couvrir les frais d'entretien de son réseau dans le
monde, d'autant que le résultat de cette société s'est
dégradé en 2000.
Les crédits destinés à soutenir la recherche dans le
domaine agro-alimentaire sont en baisse de 4,4 %
par rapport à
l'année précédente. Ils représentent un montant
total de 7,65 millions d'euros.
Enfin, les crédits affectés à la collecte et à
l'élimination des farines animales, d'un montant total de
487,83 millions d'euros, subissent une diminution de 9,4 %, cette
évolution résultant à la fois d'une augmentation de
13 % des crédits alloués au financement du service public de
l'équarrissage, destinée à prendre en compte le
surcoût de matériaux traités, et d'une diminution de
près de 10 % des crédits visant à participer à
l'élimination et au stockage des co-produits animaux
« sains ».
Les crédits destinés aux industries agro-alimentaires pour 2002
connaissent donc une évolution contrastée.
Il convient de se
féliciter de la progression des crédits affectés à
la sécurité sanitaire et alimentaire, et de l'augmentation de
certaines dotations, comme celles destinées à la promotion des
signes de qualité.
Un engagement plus soutenu en faveur des financements affectés à
la politique de promotion, en particulier à la SOPEXA, ainsi qu'à
l'INAO qui est, on le sait, confronté à d'importants besoins
liés à l'augmentation récente de ses missions, aurait
toutefois été souhaitable.
CHAPITRE 1ER -
SITUATION DES INDUSTRIES AGRO-ALIMENTAIRES
I. LES RÉSULTATS DES INDUSTRIES AGRO-ALIMENTAIRES
EN 2000
A. L'ÉVOLUTION DE LA PRODUCTION
Selon
les chiffres publiés par l'INSEE,
la production en volume des
industries agro-alimentaires n'a augmenté que de 0,6 % en 2000
,
alors qu'elle avait progressé de 1,4 % l'année
précédente. Ce résultat moyen est aussi à comparer
avec la croissance relativement soutenue de la production des autres
industries.
Alors que les produits de la chocolaterie et de la pâtisserie, ainsi que,
dans une moindre mesure, les produits laitiers, le pain et les conserves,
« tirent » la croissance de la production agro-alimentaire,
la faible progression de l'industrie des viandes, de la production
sucrière, ainsi que le retournement subi par certaines boissons,
contribuent à la freiner.
Représentant, avec 199,5 milliards de Francs (30,41 milliards
d'euros), 26,6 % de la valeur de la production de l'ensemble des
industries agro-alimentaires,
la production de l'industrie des viandes
connaît en 2000 une stagnation (+ 0,2 %),
en partie
imputable à la nouvelle crise de confiance liée à l'ESB
qui touche la viande bovine à partir du mois d'octobre 2000. La
production de volaille progresse toutefois de manière plus
marquée, pour répondre à la demande intérieur et
à la reprise des exportations de poulets. La production de produits
à base de viande se ralentit parallèlement à
l'essoufflement de la consommation.
Deuxième production en valeur (15 % de la production des IAA),
la production de l'industrie laitière se redresse (+ 1,6 %)
grâce au soutien de la consommation intérieure et des
exportations. La reprise de la croissance concerne particulièrement la
production de beurre, grâce à une demande soutenue de la
pâtisserie, et la fabrication de fromage. La croissance de la production
de yaourts et desserts lactés se maintient, alors que celle de lait et
de crème de lait reste encore déprimée. Les produits
laitiers représentent une production en valeur de 112,2 milliards
de francs (17,10 milliards d'euros) .
D'une valeur de 96,8 milliards de francs (14,76 milliards d'euros)
(12,9 % de la production des IAA),
la production de l'industrie des
boissons enregistre un recul de 2,8 %.
Cette diminution concerne tout
d'abord la production de vin, dont la chute est brutale après la
récolte exceptionnelle de 1999. Cependant, la production des autres
boissons connaît, elle aussi, un ralentissement, pour la première
fois depuis 1996.
Contribuant à hauteur de 11% à la production des IAA
, les
produits de boulangerie et de pâtisserie continuent de progresser
(+ 1,8 %),
la croissance de la production étant toutefois
plus marquée s'agissant des produits fraîchement fabriqués.
En augmentation de 1,1 %, la production du secteur de l'alimentation
animale
a représenté 81,4 milliards de francs
(12,41 milliards d'euros) pour l'année 2000, soit 7,7 % de la
production des IAA. La production d'aliments pour animaux de ferme se
stabilise, alors que celle d'aliments pour animaux de compagnie voit sa
progression ralentir.
La production de conserves et de jus de fruits et légumes augmente de
2,7 %
, pour atteindre une valeur de 53,5 milliards de francs
(8,16 milliards d'euros).
D'une valeur de 12,8 milliards de francs (1,95 milliard d'euros),
la production d'huiles et de corps gras se stabilise
(+ 0,6 %)
.
L'industrie sucrière
compte au nombre des secteurs en fort repli,
puisque
sa production a reculé de 5,2 %,
en raison d'une
réduction des surfaces cultivées et d'une baisse des rendements.
La production sucrière représente 21,8 milliards de francs
(3,32 milliards d'euros) en 2000, soit environ 3 % de la production
de l'ensemble des industries agro-alimentaires.
La baisse de la production de tabac
(5,8 milliards de francs soit
0,88 milliard d'euros) s'accélère :
elle enregistre
un recul de 8,9 %
contre 2,6 % l'année dernière.
Enfin,
la croissance de l'ensemble de produits regroupés par l'INSEE
sous la catégorie « divers »-
chocolat,
préparations pour boissons, aliments pour enfants, potages et desserts
de conserve -
se poursuit (+ 4,1 %).
B. L'EVOLUTION DE LA CONSOMMATION DES MENAGES
Durant l'année 2000, la consommation des
ménages en
produits agro-alimentaires progresse de 0,6 %,
un rythme quasiment
identique à celui observé en 1999 (0,5 %).
Trois types de produits voient leur consommation augmenter de manière
marquée :
les conserves et jus de fruits
(+ 1,9 %),
les produits de la catégorie
« divers » (+ 1,8 %),
au premier rang
desquels le chocolat, et
les produits laitiers (+ 1,3 %)
,
même si pour ceux-ci, la consommation a connu des évolutions
différentes selon les produits : soutenue pour le beurre et les
fromages, ralentie pour le lait, les yaourts et desserts lactés.
La consommation de pain et de pâtisserie fraîche repart à
la hausse (+ 1,2 %)
après une diminution en 1999. A
l'inverse,
l'industrie des
boissons connaît une progression
plus modérée (+ 0,4 %)
que l'année
précédente.
De même, a pu être observée une
diminution de la
consommation de sucre (- 4,2 %),
- que l'INSEE attribue à
l'attention croissante portée par les consommateurs à la
diététique-,
de tabac (- 1,2 %)
et, dans une
moindre mesure,
d'huiles et corps gras (- 0,7 %).
Par ailleurs,
la stabilité de la consommation de viandes
apparaît comme le résultat de la lente reprise de la consommation
de boeuf,- du moins jusqu'à la nouvelle crise de confiance liée
à l'ESB à partir d'octobre 2000, qui déclenche une chute
de la demande des ménages de l'ordre de 60 %-, de la reprise de la
consommation de volailles, mais aussi, à la fin de l'année, de la
consommation de porc et de mouton en raison de l'effet de report.
C. UNE AUGMENTATION DES PRIX A LA PRODUCTION
Rompant
avec une tendance à la baisse constatée depuis deux
années,
les prix à la production de produits agro-alimentaires
augmentent fortement (+ 2,5 %) en 2000
, cette augmentation
étant plus importante que celle des prix de l'ensemble de l'industrie
(+ 1,3 %).
Cette hausse des prix est tirée par trois productions :
- les prix de la viande (+ 5,8 %) ;
Il convient toutefois d'établir une distinction selon les types de
viandes. Dans le cas de la viande de porc et de volaille, l'augmentation des
prix a été continue, alors qu'elle a été
interrompue dans le cas de la viande bovine, dont les prix sont redescendus,
fin 2000, à leur niveau de décembre 1999. Cette situation s'est
malheureusement aggravée tout au long de l'année 2001, au grand
dam des éleveurs bovins.
- les prix des aliments pour animaux (+ 3,9 %);
- les prix des produits laitiers (+ 2 %).
Cette tendance à la hausse des prix à la production des produits
agroalimentaires s'accentue pendant les premiers mois de l'année 2001,
ces prix augmentant de 3,1 % sur les cinq premiers mois.
D. LE COMMERCE EXTÉRIEUR AGRO-ALIMENTAIRE DE LA FRANCE
Pour
l'année 2000, l'excédent alimentaire français s'est
élevé à 61,7 milliards de francs (9,4 milliards
d'euros), en hausse de 0,9 milliard par rapport à 1999. Il s'agit
du deuxième plus fort excédent du siècle, après le
record historique de 65 milliards de francs (9,91 milliards d'euros)
réalisé en 1997.
Les exportations (249,7 milliards de francs soit 38,07 milliards
d'euros) et les importations (188 milliards de francs soit
28,66 milliards d'euros) ont progressé au même rythme de
4 % pendant l'année 2000.
L'excédent des échanges agro-alimentaires est dû
à l'excédent des échanges de produits agricoles
transformés
, qui s'élève à 47,5 milliards
de francs (7,24 milliards d'euros), soit 1,3 milliard de francs
(0,20 milliard d'euros) de plus qu'en 1999. Il résulte d'une
augmentation parallèle des exportations et des importations.
La progression des exportations est tirée par les produits laitiers
(+ 1,8 milliard de francs soit 0,27 milliard d'euros), des
alcools et eaux de vie (+ 1,7 milliard de francs soit
0,26 milliard d'euros), notamment le cognac, des produits de
céréales (+ 1,3 milliard de francs soit
0,20 milliard d'euros), et de la viande porcine (+ 1 milliard de
francs soit 0,15 milliard d'euros).
A l'inverse, les exportations de viande bovine reculent
(- 1,1 milliard de francs soit 0,17 milliard d'euros),
essentiellement en raison de l'effondrement des ventes lors des deux derniers
mois de l'année 2000.
Les importations françaises de produits agricoles transformés
sont surtout marquées par une progression du poste tourteaux
(+ 1,9 milliard de francs soit 0,29 milliard d'euros), en raison
de la flambée de leurs cours, ainsi que de l'augmentation du dollar.
L'excédent de produits agricoles bruts connaît à
l'inverse un recul de 0,4 milliard de francs
(0,06 milliard
d'euros), à
14,2 milliards de francs
(2,16 milliards
d'euros). Exportations et importations progressent, là encore, de
concert.
Les exportations de produits sylvicoles ait augmenté
(+ 0,9 milliard de francs soit 0,14 milliard d'euros), en
conséquence des importants chablis générés par la
tempête de décembre 1999. Il en est de même pour les
fruits (0,5 milliard de francs soit 0,08 milliard d'euros) et pour
les céréales (0,35 milliard de francs soit
0,05 milliard d'euros).
Les exportations de légumes sont en baisse, en raison du recul des
exportations de pommes de terres.
En revanche, les importations de légumes sont en augmentation
(+ 0,77 milliard de francs soit 0,12 milliard d'euros), en raison de la
hausse du prix des tomates importées.
Les importations de céréales (+ 0,3 milliard de francs soit
0,05 milliard d'euros) et d'animaux vivants (+ 0,46 milliard de
francs soit 0,07 milliard d'euros), sont, elles aussi, en progression.
II. LES DIFFICULTÉS DE L'INDUSTRIE DES VIANDES EN 2001
Maillon important de la filière bovine, qui rassemble des établissements d'abattage et de découpe, l'industrie des viandes a été très affectée par les conséquences de ce qu'il est désormais convenu d'appeler la nouvelle crise de l'ESB, même si, d'un point de vue strictement économique, son équilibre financier a été globalement préservé.
1. La diminution de la consommation de viande bovine
En
dépit des mesures de soutien à la filière (stockage
privé, achat-destruction et achat spécial), qui ont permis de
maintenir un certain volume d'abattage, l'industrie des viandes reste
concernée, de même que l'ensemble de la filière, par la
diminution de la consommation de viande bovine.
Cette consommation, qui a baissé de 36 % au plus forte de la
crise, s'établit encore à un niveau inférieur de 8 %
à ce qu'il était il y a un an.
Selon les derniers chiffres fournis par le Centre d'information des viandes
(CIV), les achats de viande bovine par les ménages ont diminué,
au total, de 18 % depuis octobre 2000. En outre,
un million de
ménages, auraient renoncé à consommer du boeuf.
En outre se pose le problème de la
difficile valorisation des
quartiers avant, utilisés traditionnellement pour la fabrication du
steak haché
. Le Centre d'information des viandes indique, en effet,
que 1,75 million de ménages qui achetaient du steak haché
avant la crise n'en consomment plus.
Enfin, la crise de confiance a également fortement dégradé
la
consommation d'abats
.
2. Le poids des contraintes sanitaires
Parallèlement, les structures d'abattage supportent des
contraintes supplémentaires liées à la mise en place de
nouvelles mesures sanitaires imposées dans le cadre de la lutte contre
l'ESB.
Répondant à une attente forte de la filière viande,
dès lors qu'elle s'inscrit dans une démarche visant à
restaurer la confiance des consommateurs, l'instauration, au
1
er
janvier 2001, du
dépistage
systématique à l'abattoir des bovins de plus de trente mois
,
a occasionné, durant les premiers mois de l'année 2001, une
certaine perturbation de l'activité d'abattage.
L'insuffisance des tests disponibles a constitué une première
difficulté. Les abattoirs ont également dû intégrer
dans leur organisation la contrainte que constitue le délai pendant
lequel les carcasses sont consignées dans l'attente des résultats
d'analyse. Il leur a également fallu acquérir dans l'urgence de
nouveaux équipements frigorifiques pour entreposer les viandes
consignées.
Les abatteurs ont également été conduits à
assurer, pendant un certain temps, le
financement des tests de
dépistage
facturés par les laboratoires, les aides
allouées par l'OFIVAL au titre de la participation européenne au
financement des tests -dont le montant a été fixé à
15 euros par le règlement européen du 18 décembre
2000- ayant été versées avec un certain retard.
Quant au financement du solde, non pris en charge par l'Union
européenne, il repose en partie sur la filière. Si un accord
interprofessionnel du 24 janvier 2001 a décidé d'en
répercuter le coût sur les consommateurs, l'interprofession bovine
est toutefois convenue, en septembre dernier, de diminuer le montant de cette
répercussion, afin de soutenir la consommation.
Un arrêté du 19 juillet 2001 a, en outre, imposé
l'extension du dépistage systématique à l'abattoir
à tous les bovins âgés de plus de vingt quatre mois.
Le dépistage des bovins entre vingt quatre et trente mois
n'étant pas imposé et, par conséquent, pas
cofinancé par l'Union européenne, le Gouvernement s'est
engagé à en prendre en charge le coût à hauteur de
la participation européenne, soit 15 euros par test.
L'Etat financera, en outre, la totalité des frais
générés par le dépistage aléatoire des
ovins, qui sera mis en place à compter de janvier 2002, dans le cadre du
programme de lutte contre la tremblante.
L'allongement de la liste des matériaux à risque
spécifiés (MRS), dont le retrait est imposé à
l'abattoir au titre de la prévention de l'ESB
, a également
pesé sur l'organisation de l'activité d'abattage. Il a fallu
créer de
postes spéciaux
chargés de ce retrait et
prévoir des
circuits de collecte de déchets à
risques
, destinés à être détruits dans le cadre
du service public de l'équarrissage.
Les dernières mesures imposées concernent les intestins de
bovins, ainsi que de nouveaux matériaux chez les ovins et caprins.
Le retrait des os de la colonne vertébrale
, rendu obligatoire
à compter du 1
er
novembre 2001 au stade de la
découpe, devrait, selon les estimations du Syndicat national de
l'industrie des viandes (SNIV), engendrer un
surcoût
de 120 francs
par animal.
Les méthodes de découpe sont, elles aussi, concernées par
les mesures de précaution. Ainsi,
l'aspiration de la moelle
épinière avant la fente des carcasses
devrait être
rendue obligatoire au début de l'année 2002, afin de
prévenir toute possibilité de projection de tissus à
risque sur les morceaux destinés à la consommation. Les abattoirs
disposent d'un délai très court pour s'équiper.
3. Un manque à gagner certain
Outre le
coût des tests et celui des nouveaux équipements
nécessaires pour la réalisation du dépistage
systématique et le retrait des matériaux à risque
spécifiés, l'industrie des viandes a subi un manque à
gagner conséquent du fait de la
diminution considérable des
possibilités de valorisation du cinquième quartier,
c'est
à dire de l'ensemble des déchets animaux non utilisables en
alimentation humaine, qui représentent, pour le boeuf, 30% du poids
total de l'animal.
L'ensemble des déchets sains, qui étaient, avant
l'arrêté du 14 novembre 2000 interdisant l'emploi des
farines de viandes et d'os en alimentation animale, achetés par les
industries de co-produits animaux en vue d'être transformés en
farines animales, constituaient, en effet, une source non négligeable de
revenus pour les abattoirs. Désormais,
ces déchets ne sont
plus vendus
, les entreprises d'abattage devant même verser une somme
que le SNIV évalue à 18 francs par animal abattu pour leur
enlèvement.
Par ailleurs,
le cuir, autre composante du cinquième quartier, a vu
son prix diminuer
en raison de l'augmentation des volumes d'abattage durant
la première partie de l'année 2001, en relation avec les
opérations de retrait-destruction.
Enfin,
l'inscription de tissus sur la liste des MRS génère un
manque à gagner lié à la disparition de morceaux
auparavant commercialisables.
A cet égard, le classement du thymus
(ris de veau) comme MRS, qui avait été très
critiqué par les professionnels, pourrait faire l'objet d'une
révision d'ici 2002, si l'innocuité de cet organe est
confirmée.
4. Des relations délicates avec les autres partenaires de la filière
L'industrie des viandes est prise en étau entre les
difficultés indéniables des éleveurs et la pression
exercée en aval par la grande distribution.
Le 24 octobre dernier, elle a pourtant manifesté une certaine
solidarité envers les premiers à travers la
signature d'un
accord qui établit une grille de prix minimum à l'achat des
bovins entrant à l'abattoir
. Cet accord, valable jusqu'à la
fin du mois de novembre, comporte également une clause suspendant
provisoirement les importations de viande bovine. Qualifié
d' « historique » par ses signataires, il constitue un
première tentative d'organisation d'une filière viande
généralement caractérisée par son
éclatement.
Les relations avec la grande distribution sont plus tendues,
les grandes et
moyennes surfaces exerçant une forte pression à la baisse sur les
prix de vente des abattoirs.
Une étude rendue publique récemment par la chambre d'agriculture
du Finistère met en évidence l'importance des marges
réalisées par la grande distribution sur les ventes de viandes.
Elle renvoie elle-même aux calculs réalisés par le Panel
International du groupe Nielsen, selon lesquels le rayon boucherie
traditionnelle contribue à hauteur de 13 à 14 % à la
marge nette dégagée par les grandes et moyennes surfaces, cette
contribution étant portée à 22 % pour le rayon
boucherie libre-service.
A l'inverse, la marge dégagée au niveau des abattoirs est faible
- de l'ordre de 1 à 1,5 % - et suffit à peine à
financer le renouvellement des outils. L'étude précitée
rappelle, à juste titre, qu'une industrie agro-alimentaire doit
dégager une marge nette d'au moins 5 % pour fonctionner de
manière satisfaisante.
CHAPITRE II -
LA POLITIQUE CONDUITE PAR LES POUVOIRS
PUBLICS
Votre rapporteur pour avis a choisi de présenter cette année les évolutions qui ont concerné deux domaines : la politique de promotion des produits agricoles et alimentaires et la gestion du dossier des organismes génétiquement modifiés.
I. LA RÉNOVATION DE LA POLITIQUE DE PROMOTION DES PRODUITS AGRICOLES ET ALIMENTAIRES
A. LA MISE EN PLACE DU CONSEIL SUPÉRIEUR DES EXPORTATIONS AGRICOLES ET AGRO-ALIMENTAIRES
Cette
rénovation concerne, en France, le volet « exportation des
produits », à travers l'installation du Conseil
supérieur des exportations agricoles et agroalimentaires (CSEAA).
Prévue par la loi d'orientation agricole du 9 juillet 1999, la
mise en place de ce Conseil a été rendue possible par la
publication du décret n° 2000-831 du
28 août 2000 portant création du Conseil et fixant sa
composition, et d'un arrêté du 10 Octobre 2000 portant
nomination au Conseil des représentants des entreprises exportatrices.
Aux termes de la loi d'orientation agricole, le CSEAA constitue une instance de
concertation entre les pouvoirs publics et les représentants des
entreprises tournées vers l'exportation. Il a pour mission de formuler
des recommandations sur les politiques d'appui à l'exportation et de
veiller à la cohérence de leur mise en oeuvre.
Le CSEAA se compose de vingt-deux membres :
- cinq sont issus de l'administration, dont deux du ministère de
l'agriculture et de la pêche, deux du ministère de
l'économie et des finances et un du secrétariat d'Etat au
commerce extérieur ;
- dix-sept sont des chefs d'entreprises représentants les
différentes filières agricoles et agroalimentaires du secteur
privé et coopératif, de la production, du négoce, ainsi
que deux représentants d'équipementiers agroalimentaires
exportateurs.
En outre, siègeront à titre consultatif les experts de onze
organismes :
- l'Association nationale des industries agroalimentaires (ANIA), la
Confédération française de la coopération agricole
(CFCA) pour le secteur agroalimentaire ;
- l'Assemblée permanente des chambres d'agriculture (APCA) et le
Conseil national de la propriété agricole (CNPA) pour le secteur
agricole ;
- l'Association française des banques (AFB) et la COFACE pour les
milieux financiers ;
- la Société pour l'expansion des ventes de produits
agro-alimentaires (SOPEXA), le Centre français du commerce
extérieur (CFCE), le CFME-ACTIM et l'ADEPTA pour les organismes d'appui.
Le ministère de l'agriculture et de la pêche et le
secrétaire d'Etat en charge du commerce extérieur assurent
conjointement la présidence de ce Conseil.
Lors de sa première réunion, le 5 juin 2001, le CSEAA a
dressé un bilan de l'évolution, sur la décennie 1990-2000,
des forces et des faiblesses de la France sur les principaux marchés
importateurs de produits agro-alimentaires.
Cette première évaluation a mis l'accent sur le recul
préoccupant, dans certaines zones, des exportations de certains
produits, à l'instar de la viande et du vin,
avec, pour ce dernier,
un repli marqué sur le marché britannique en raison de la
concurrence agressive des nouveaux pays producteurs.
Le Conseil a également adopté son règlement
intérieur et a décidé la mise en place de trois premiers
groupes de travail chargés de réfléchir sur les
thèmes de travail suivants :
- la segmentation des marchés et la différenciation des
produits comme moyen d'améliorer la valorisation des produits à
l'exportation ;
- la simplification des procédures à l'exportation ;
- la cohérence des dispositifs publics - nationaux,
régionaux et consulaires- de soutien aux entreprises exportatrices.
Les résultats de ces travaux devraient être examinés lors
de la prochaine session du CSEAA, en décembre 2001.
Votre rapporteur pour avis se félicite de la mise en place de cette
instance, qui devrait permettre l'élaboration d'une politique
d'exportation plus ambitieuse à l'heure où certaines exportations
agroalimentaires françaises semblent marquer le pas
.
B. LA RÉFORME DE LA RÉGLEMENTATION EUROPÉENNE RELATIVE À LA PROMOTION DES PRODUITS AGRICOLES ET ALIMENTAIRES
La
politique européenne de promotion des produits agricoles et alimentaires
vise à défendre ces produits à l'intérieur de
l'Union européenne et sur les pays tiers. Au regard des règles de
l'Organisation mondiale du commerce, les crédits qui y sont
consacrés relèvent de la « boîte
verte », ce qui les exonère de tout contingentement. Leur mise
en oeuvre ne doit toutefois pas conduire à des distorsions de
concurrence entre les Etats membres.
Des modifications de la réglementation de cette politique sont
intervenues durant l'année 2001. Elles concernent, d'une part, les
textes régissant l'octroi de crédits européens aux actions
de promotion collectives sur des produits agricoles et alimentaires et, d'autre
part, le régime des aides versées par les Etats membres au titre
de ces actions.
1. La réforme de la réglementation relative aux campagnes de promotion subventionnées par l'Union européenne
S'agissant, en premier lieu, de
la mise en oeuvre des
campagnes d'information et de promotion dans les pays tiers
, l'année
2001 est marquée par l'entrée en vigueur de deux nouveaux
règlements :
- le règlement CE n° 2702/1999 du
14 décembre 1999 du Conseil relatif à des actions
d'information et de promotion en faveur des produits agricoles dans les pays
tiers ;
- le règlement CE n° 962/2001 de la Commission du
17 mai 2001, portant modalités d'application du
précédent.
Ces règlements, qui comportent en annexe la liste des pays ou des zones
géographiques dans lesquels des actions promotionnelles peuvent
être réalisées avec le soutien de l'Union
européenne, ainsi que la liste des produits pouvant en faire l'objet,
encouragent le regroupement des Etats membres pour mener des actions en
faveur d'un ou plusieurs produits génériques sur les
marchés tiers
.
Il s'agit d'une innovation dans la mesure où la réglementation en
vigueur ne permettait, jusqu'à présent, que le soutien d'actions
nationales.
La nouvelle réglementation autorise également le regroupement
de plusieurs filières
, dès lors que les actions de promotion
entreprises bénéficient à l'ensemble des producteurs
européens des produits concernés.
Une quarantaine de programmes ont été transmis à la
Commission, qui statuera sur leur validation d'ici la fin de l'année
2001. La France a, pour sa part, déposé quinze programmes, par
l'intermédiaire de l'Office national interprofessionnel des fruits, des
légumes et de l'horticulture (ONIFLHOR), de l'Office national
interprofessionnel du lait et des produits laitiers (ONILAIT) et de
l'Office national interprofessionnel du vins (ONIVINS).
A titre d'exemple, une action commune aux Etats-Unis regroupe le Gruyère
du Comté, le jambon de Parme et le Parmigiano Reggiano (parmesan). Une
autre action visant à promouvoir les tomates transformées en
Pologne associe l'Espagne, la France, la Grèce, l'Italie et le Portugal.
La participation européenne au financement de ces programmes
s'élève à 50 %, celle des Etats membres à
20 %, le solde étant à la charge des organisations
professionnelles ou interprofessionnelles.
La réglementation des
campagnes subventionnées
d'information et de promotion à l'intérieur de l'Union
européenne
fait également l'objet d'une révision dont
le but est, là encore, de mettre en place des programmes transversaux,
révisables tous les trois ans.
Pour l'heure, les travaux se poursuivent au sein du comité de gestion
« Promotion agricole ». La Commission européenne a
présenté en juillet 2001 un projet de règlement
remanié complétant la liste des thèmes pour lesquels des
actions d'information peuvent être réalisées.
Au-delà des campagnes d'information portant sur des produits
génériques, il serait désormais possible d'organiser des
promotions liées :
- à des appellations d'origine protégées (AOP), des
indications géographiques protégées, des
spécialités traditionnelles garanties, ainsi que des symboles
graphiques prévus dans la réglementation agricole ;
- aux méthodes de production biologique, aux méthodes de
production intégrée et aux modes de production respectant
l'environnement ;
- aux systèmes de production assurant la traçabilité
et l'étiquetage des produits ;
- à la qualité et à la sécurité
sanitaire des aliments, ainsi qu'à leurs caractéristiques
nutritionnelles.
Des modifications du projet de texte devraient encore intervenir, la Commission
européenne n'ayant pas encore pris en compte les observations transmises
par les Etats membres en mars 2001.
Les autorités françaises demandent, à cet égard, un
élargissement de la liste des produits pouvant faire l'objet d'une
opération de promotion dans ce cadre, limitée actuellement aux
produits laitiers, aux vins de qualité produits dans des régions
délimitées (VQPRD), ainsi qu'aux fruits et légumes frais
et transformés. Elles souhaiteraient y voir adjoindre les produits
sucrés, les légumes secs, les plantes aromatiques, à
parfum et médicinales, les oeufs, et la viande de dinde et de pintade.
Il convient de préciser que la viande bovine fait l'objet d'un
règlement transitoire (règlement CE n° 1358/2001 du
4 juillet 2001) qui prévoit des mesures spécifiques de
communication jusqu'en 2003.
2. La révision des lignes directrices relatives aux aides de l'Etat à la publicité des produits agricoles et alimentaires
Elaborées en vue d'interpréter les dispositions
des
traités européens interdisant les distorsions de concurrence, les
lignes directrices sont établies par la Commission européenne et
s'imposent aux Etats membres.
L'attribution par les Etats d'aides en faveur de la publicité des
produits agro-alimentaires obéit à un certain nombre de
règles, édictées par deux séries de lignes
directrices (86/C30206-03 du 28 octobre 1986 et 87/C30206-09 du
12 novembre 1987).
Ces lignes directrices ont été fusionnées en un seul
texte, publié le 12 septembre 2001 et applicable à
compter du 1
er
janvier 2002. Elles modifient en plusieurs
points le régime actuellement en vigueur.
Elles élargissent, tout d'abord, le champ de la notion de
publicité, en y incluant les actions sur les lieux de vente
, qui
étaient auparavant incluses dans le champ de la promotion et soumises
comme telles à un régime plus souple, notamment s'agissant des
appels d'offres.
D'autre part,
elles autorisent plus facilement,
l'attribution d'aides
d'Etats pour la publicité de produits génériques
,
c'est à dire dépourvus de caractéristiques
spécifiques.
A l'inverse,
la nouvelle réglementation se montre plus restrictive
à l'égard des produits se réclamant d'une origine
particulière.
Ainsi, les aides ne pourront être
accordées que lorsque les produits concernés satisfont à
des normes plus strictes que les produits standard, sous réserve de ne
pas porter atteinte à la concurrence sur le marché
intérieur. Des normes devront, par ailleurs, être
respectées s'agissant de l'affichage de l'origine sur l'emballage, ce
qui renvoie à la fois au message, au logo et à l'image.
La référence à l'origine ne pourra, enfin, constituer le
message principal que si la publicité concernant le produit a lieu en
dehors de l'Etat membre ou de la région de production. Dans le cas
contraire, c'est-à-dire lorsque la publicité vise les
consommateurs de l'Etat membre ou de la région de production, la
référence à l'origine devra rester secondaire par rapport
à l'information relative à la qualité du produit.
II. LE DOSSIER DES OGM
A. LES ÉVOLUTIONS DE LA RÉGLEMENTATION COMMUNAUTAIRE
La
directive 90/220/CEE du 23 avril 1990 relative à la
dissémination volontaire des organismes génétiquement
modifiés (OGM) dans l'environnement a été modifiée
par
la directive 2001/18/CE du 12 mars 2001
.
Cette directive, qui doit être transposée dans l'ordre juridique
interne avant le 17 octobre 2002
, renforce les garanties en
matière d'environnement et de santé publique.
Elle
prévoit notamment :
- un examen obligatoire par les comités scientifiques
européens des dossiers de demande de mise sur le marché, ainsi
que de toute objection à ces demandes ;
- une rationalisation des procédures selon le niveau de
risque ;
- l'éventuelle consultation d'un comité
d'éthique ;
- la limitation dans le temps -pour une durée maximale de dix ans-
des autorisations de mise sur le marché ;
- un renforcement des dispositions relatives à l'étiquetage
des produits, ainsi que des mesures visant à en assurer la
traçabilité ;
- un suivi systématique, après toute mise sur le
marché, par un dispositif de biovigilance.
Cette directive comporte aussi des dispositions tendant à assurer une
plus grande transparence des décisions relatives aux essais d'OGM.
La Commission européenne a, par ailleurs adopté, en
juillet 2001, un
projet de règlement sur l'étiquetage et
la traçabilité des OGM
, visant à renforcer les
dispositions actuellement en vigueur.
Ce projet prévoit de rendre obligatoire l'étiquetage des aliments
issus d'OGM, même si, à l'issue de leur processus de fabrication,
ils ne contiennent plus d'ADN ou de protéine génétiquement
modifiée, comme c'est le cas pour certaines huiles raffinées.
A la différence de la réglementation actuelle, il s'appliquera
aussi à l'alimentation animale.
S'agissant de la traçabilité, ce projet de règlement
prévoit la transmission, tout au long de la chaîne commerciale,
des informations relatives à la présence d'OGM, et leur
conservation pour une durée minimale de cinq ans.
La Commission a également présenté un
texte
tendant à modifier les procédures d'autorisation de mise sur le
marché
actuellement en vigueur, en imposant une évaluation
par l'Autorité alimentaire européenne et une centralisation des
procédures au niveau européen.
Enfin, elle devrait soumettre prochainement au Conseil des ministres de
l'Union européenne
un projet de texte établissant un seuil de
présence fortuite des OGM dans les semences
conventionnelles.
La législation européenne actuelle ne concerne en effet que les
règles d'étiquetage des denrées et ingrédients
alimentaires, les règlements CE/49/2000 et CE/50/2000 fixant dans ce cas
à 1 % le seuil au delà duquel l'étiquetage
mentionnant la présence d'OGM s'impose.
Le moratoire en matière de mise sur le marché de nouvelles
variétés d'OGM, décidé, à la demande de la
France, par le conseil des ministres de l'environnement des 24 et
25 juin 1999, s'applique toujours.
B. LE DISPOSITIF FRANÇAIS
Un effort de transparence
Le ministère de l'agriculture a indiqué qu'il anticipait la
transposition des obligations posées par la directive 2001/18/CE en
matière d'essais, en permettant, dès l'automne 2001,
l'accès des dossiers en cours d'instruction au public et en offrant
à celui-ci la possibilité d'exprimer son point de vue son site
internet.
La liste des communes comportant des sites expérimentaux de cultures
génétiquement modifiées peut en outre être
consultée sur le site Internet du ministère de l'agriculture
depuis juin 2001.
Le dispositif de biovigilance prévu par la loi d'orientation
agricole
La loi d'orientation agricole du 9 juillet 1999 confie aux agents de la
protection des végétaux des pouvoirs de contrôles
renforcés sur les cultures issues d'OGM, dans le cadre de la
surveillance biologique du territoire.
L'article 91 de cette loi leur donne pour mission de
localiser
précisément les parcelles comportant des cultures
génétiquement modifiées
et d'observer les incidences
des OGM sur le milieu environnant, sur le fondement de plans de surveillance.
Ce même article habilite ces agents à
rechercher et à
constater toute infraction à la législation relative à la
surveillance biologique du territoire et à la mise en marché des
végétaux génétiquement modifiés
.
A cet effet, ils peuvent pénétrer dans les installations, lieux
et locaux où sont réalisées les opérations de
dissémination et de mise sur le marché des végétaux
génétiquement modifiés, prélever des
échantillons, voire, s'ils constatent un danger pour l'environnement ou
la santé publique, ordonner la consignation et la destruction des
produits.
La loi d'orientation agricole prévoit également
l'instauration
d'un comité de biovigilance
, relevant à la fois du
ministère de l'agriculture et du ministère de l'environnement. Le
rôle de ce comité consistera :
- à donner un avis aux ministres de l'agriculture et de
l'environnement sur les protocoles de suivi de l'apparition d'éventuels
effets indésirables, ainsi que sur les protocoles de recherche ;
- à alerter les ministres lorsque des effets indésirables
sont mis en évidence ;
- à donner un avis sur le rapport d'activité annuel de la
surveillance biologique du territoire, qui doit être adressé
chaque année à l'Assemblée Nationale et au Sénat.
Si un comité provisoire a bien été installé,
il
est étonnant que le comité de biovigilance prévu par la
loi ne soit toujours pas en place
. Le décret relatif à sa
composition n'est toujours pas paru. En outre, aucun rapport annuel sur la
surveillance biologique du territoire n'a encore été transmis au
Parlement.
L'ensemble des décrets d'application de ce volet de la loi
d'orientation agricole est encore attendu.
Constatant ces retards, votre rapporteur pour avis souhaiterait que le
Gouvernement fasse montre de la plus grande diligence dans l'application de
mesures en relation avec un dossier qui est attentivement suivi par l'opinion
publique.
Les autorisations de mise sur le marché
Depuis juillet 1998, la France impose un moratoire à la
délivrance d'autorisations de mise sur le marché de nouvelles
variétés d'OGM. Plusieurs variétés de maïs,
autorisées antérieurement, telles que le maïs MON810,
résistant aux insectes et le maïs T25, tolérant à un
herbicide, peuvent toutefois être cultivées et
commercialisées.
Lors de la clôture des états généraux de
l'alimentation en décembre 2000, le ministre de l'agriculture et de
la pêche a indiqué que le moratoire sur les autorisations d'OGM ne
pourrait être levé que lorsqu'une traçabilité
complète des OGM aurait effectivement été mise en place,
ce qui suppose l'adoption de règles européennes claires.
En 2000, la culture de maïs génétiquement modifié
autorisé à la mise sur le marché s'est étendue sur
un peu plus de 34 hectares, surface qui doit être comparée
avec les quelques 3 millions d'hectares de maïs cultivés en France.
C. CONTRIBUTIONS AU DÉBAT SUR LES OGM
Le débat sur la mise en place de
filières
séparées
Une étude relative à la pertinence économique et la
faisabilité d'une filière « sans OGM »,
réalisée conjointement par l'INRA, la FNSEA et le
ministère de l'agriculture et de la pêche a été
rendue publique le 30 novembre 2000.
Se fondant sur l'aspiration des consommateurs à disposer d'une
information sur la présence d'OGM dans les denrées alimentaires,
cette étude plaide en faveur :
- de la mise en place de filières séparées pour
préserver la liberté de choix des consommateurs ;
- de la définition d'un seuil de présence fortuite pour
départager les deux filières ;
- de l'instauration d'une signalisation plus claire des produits
OGM ;
- d'un partage des surcoûts entre l'amont et l'aval de la
filière ;
- de la poursuite de la recherche et de l'expérimentation sur les
OGM.
Le débat sur les essais en plein champ
L'année 2001 a été marquée par
des arrachages
sauvages de champs expérimentaux de cultures génétiquement
modifiées
, qui dénonce les risques de contamination que
représentent ces essais pour les cultures avoisinantes.
Un avis rendu le 23 juillet 2001 par l'Agence française de
sécurité sanitaire des aliments (Afssa) confirme la lente
dissémination des OGM dans l'environnement
à partir de
parcelles expérimentales. Il révèle, en effet, que des
traces de contamination -de l'ordre de 0,1 %- ont été
décelées sur 41 % des échantillons analysés de
maïs classé non OGM.
L'Afssa note que cette dissémination provient également pour
partie de l'importation de semences contaminées.
Les essais d'OGM sont soumis à des contraintes variables selon qu'ils
concernent des cultures réalisées exclusivement pour la recherche
ou des cultures bénéficiant déjà d'une autorisation
de mise sur le marché:
- les essais ayant une finalité de recherche et
développement (opérations dites « partie B »)
sont soumis à une autorisation du ministre de l'Agriculture,
après avis de la commission du génie biomoléculaire et
accord du ministre de l'Environnement. Ils doivent respecter des contraintes
renforcées ;
- les essais concernant des cultures pour lesquelles une autorisation de
mise sur le marché a été délivrée, qui
servent à réaliser des tests de distinction,
d'homogénéité ou de stabilité, doivent seulement
respecter les mesures prévues par l'autorisation de mise sur le
marché telles qu'une distance d'isolement ou la présence d'une
barrière pollinique.
Les sites expérimentaux font l'objet de contrôles
systématiques par les agents de la protection des végétaux
qui peuvent, en cas de non-conformité, prendre des mesures de police
sanitaire pouvant aller jusqu'à la destruction. La commercialisation de
leurs récoltes est, en outre, interdite.
Selon les informations fournies par le ministère de l'agriculture, la
Commission du génie biomoléculaire (CGB) a été
saisie, en 2000, de 33 dossiers de demandes d'essais en champs de cultures
génétiquement modifiées. Les disséminations
autorisées dans ce cadre se sont déroulées sur
125 communes et ont principalement concerné le maïs (qui
représente 33 % des plantes testées), la betterave
(21 %) et le colza (17 %). Les caractères les plus souvent
introduits dans ces plantes sont la résistance aux pesticides
(32 %) et la tolérance aux herbicides (40 %).
En réaction aux opérations d'arrachage menées pendant
l'été 2001, le ministre de l'agriculture a annoncé la
conduite d'une réflexion sur la modification des procédures
d'autorisation des essais. Une des réformes envisagées
consisterait à soumettre les dossiers de demande à un
comité d'éthique composé de représentants
socioprofessionnels.
Il est également question de distinguer les essais entrepris dans
l'intérêt général, à l'instar des essais
visant à évaluer les bénéfices et les risques
associés à telle culture génétiquement
modifiée, des essais poursuivis à seule fin d'amélioration
de la productivité.
La publication du rapport du Commissariat général du
Plan « OGM et agriculture : quelles options pour l'action
publique? »
Commandé en avril 2000 par les ministres de l'agriculture et de
l'environnement, ce rapport
1(
*
)
du Commissariat
général du Plan a été rendu public en septembre
2001.
Il présente, en premier lieu, les étapes du développement
des OGM et de l'encadrement dont ils ont progressivement fait l'objet,
constatant que si les OGM permettent une augmentation très relative des
rendements, ils autorisent toutefois de réelles économies de
produits phytosanitaires et une flexibilité accrue des pratiques
agricoles.
Les rapporteurs se penchent ensuite sur les enjeux liés à
l'avenir des OGM. Ils analysent les conséquences possibles de
l'amélioration de leur connaissance, tant pour la recherche que pour les
semenciers, les agronomes et les consommateurs. Ils rappellent les enjeux
économiques des OGM, mettant en évidence les problèmes de
protection de la propriété intellectuelle, de répartition
des gains générés, ainsi que de coût de la mise en
place de filières séparées. Enfin, s'agissant de
l'évaluation des risques, ils insistent sur la nécessité
de substituer une analyse risques/bénéfices à l'actuelle
approche centrée sur les seuls risques.
Après avoir montré les limites aussi bien de la banalisation
progressive des OGM que de leur rejet durable,
le rapport du CGP choisit de
plaider en faveur d'une cohabitation raisonnée de filières
séparées, dont la mise en place bénéficierait d'un
fort soutien public
. Il conclut par la formulation de douze
recommandations, articulées autour de trois grands axes :
renforcer l'accompagnement de l'innovation technologique
, ce qui
implique de définir un projet public clair et cohérent,
d'assurer une implication forte et crédible de la recherche publique,
d'inventer une brevetabilité adaptée, mais également de
permettre une mise en place graduée et raisonnée des
innovations ;
améliorer les dispositifs d'évaluation
par
l'élargissement du champ des innovations alimentaires comprises dans le
terme d'OGM, par la diversification des critères et méthodes
d'évaluation, par le renforcement du suivi des effets des OGM, ainsi que
par la prise en compte de leurs bénéfices ;
tenir davantage compte des attentes de la société,
en proposant aux pays en développement un partenariat respectueux de
leur souveraineté, en prenant en considération les risques
induits par les OGM, et en promouvant une approche participative du
développement et de l'évaluation des biotechnologies.
CHAPITRE III -
L'EXAMEN DES CRÉDITS
I. LES CRÉDITS CONSACRÉS A LA POLITIQUE INDUSTRIELLE
Destinés à soutenir les investissements des
industries agro-alimentaires, les crédits de politique industrielle,
regroupés dans le chapitre 61-61, s'établissent
, pour
l'année 2002 à 24,087 millions d'euros en crédits de
paiement -en augmentation de 9,4 % - et à 19,8 millions
d'euros en autorisations de programme - en diminution de 13,5 %-.
Ces crédits sont inscrits aux lignes budgétaires suivantes :
La ligne 61-61/10 (investissements d'intérêt
national)
finance la part nationale de la prime d'orientation agricole
(POA).
Accordée essentiellement aux entreprises de la première
transformation, telles que l'industrie de la vinification, l'industrie des
fromages ou encore celle de la transformation des fruits et légumes, la
part nationale de la POA bénéficie d'un cofinancement
communautaire.
Pour l'année 2002, son montant augmente de 47,4 %, passant de 6,77
à 9,98 millions d'euros en crédits de paiement. Il progresse
également de 7,32 à 8, 23 millions d'euros en autorisations de
programme, soit une augmentation de 12,5 %.
Votre rapporteur pour avis souhaiterait que les crédits prévus
à cette ligne soient versés dans les meilleurs délais aux
entreprises qui peuvent y prétendre. Il semblerait, en effet, que se
soient produits, au cours de l'année 2001, certains retards dans le
versement de la prime d'orientation agricole.
Affectés au financement de la part régionale de la prime
d'orientation agricole,
les crédits de la ligne 61-61/20
(investissements d'intérêt régional)
diminuent en
revanche de 8,8 % en crédits de paiement et de 1,7 % en
autorisations de programme pour s'établir respectivement à 8,53
et 8,69 millions d'euros.
La ligne 61-61/80 ( crédits déconcentrés pour
l'environnement) abonde les Fonds régionaux d'aide aux investissements
immatériels (FRAII),
qui financent des mesures telles que le
recrutement de cadres chargés de la qualité, des actions de mise
aux normes ou de promotion.
Les dotations inscrites à cette ligne diminuent de 3,63 à
3,44 millions d'euros en crédits de paiement (- 5,2 %) et
de 3,75 à 2,9 millions d'euros en autorisations de programme
(- 22,8).
Enfin,
la ligne 61-61/90 (actions de restructuration)
permet
d'attribuer des aides aux entreprises qui sont en restructuration.
Ses crédits s'élèvent à 2,13 millions d'euros
en crédits de paiement, ce qui représente une diminution de
5,4 % par rapport à l'année précédente. Aucune
autorisation de programme n'est, en outre, prévue par le projet de loi
de finances pour 2002, alors que les crédits d'autorisations de
programme s'établissaient à 3 millions d'euros en loi de
finances pour 2001.
Il convient, par ailleurs, de souligner la
disparition de la ligne
61-61/30 (abattoirs publics),
qui était dotée, en 2001, de
1,6 million de francs en crédits de paiement et d'un million de
francs en autorisations de programme.
Les dotations correspondantes sont, cette année,
transférées à l'article 50 (restructuration des
abattoirs publics) du chapitre 44-53 (interventions en faveur de
l'orientation et de la valorisation de la production agricole). La ligne
44-53/50, qui préexistait à ce transfert, voit, de fait, ses
crédits passer de 0,91 à 3,05 millions d'euros.
LES
CRÉDITS DE LA POLITIQUE INDUSTRIELLE
DANS LE BUDGET DU
MINISTÈRE DE L'AGRICULTURE POUR 2002
Chapitre 61-61 |
Autorisations de programme |
Crédits de paiement |
||||
|
Montant en loi de finances pour 2000
|
Montant en projet de loi de finances pour 2002 |
Evolution
|
Montant en loi de finances pour 2001 |
Montant en projet de loi de finances pour 20002 |
Evolution
|
Article
10
|
7 318 000 |
8 232 000 |
+ 12,5 % |
6 769 000 |
9 976 000 |
+ 47,4 % |
Article
20
|
8 841 000 |
8 690 000 |
- 1,7 % |
9 352 000 |
8 533 000 |
- 8,8 % |
Article
80
|
3 755 000 |
2 897 000 |
- 22,8 % |
3 633 000 |
3 444 000 |
- 5,2 % |
Article
90
|
3 049 000 |
- |
- |
2 256 000 |
2 134 000 |
- 5,4 % |
TOTAL |
22 926 000 |
19 819 000 |
- 13,5 % |
22 010 000 |
24 087 000 |
+ 9,4 % |
II. LES CRÉDITS EN FAVEUR DE LA RECHERCHE
Les
crédits destinés à la recherche dans le domaine
agro-alimentaire revêtent une importance non négligeable au regard
des données qui caractérisent la recherche dans les industries
agro-alimentaires françaises.
Selon les informations fournies par le ministère de l'agriculture et de
la pêche, la dépense de recherche et développement
réalisée par les IAA atteignait seulement 2,35 milliards de
francs (0,36 milliards d'euros) en 1998, soit 1,8 % de la
dépense de recherche et développement de l'industrie en France,
alors que la valeur ajoutée des IAA représentait 13,8 % de
la valeur ajoutée industrielle.
Il s'agit de la plus faible dépense de recherche et développement
de l'industrie française. Cette dépense s'élève
ainsi à 15,6 % de la valeur ajoutée pour l'industrie
pharmaceutique et à 12,5 % pour l'industrie automobile.
Cette situation s'explique à la fois par le fait que les entreprises de
ce secteur sont, en grande majorité, des PME, et qu'elles
bénéficient de la recherche et développement
réalisée par d'autres acteurs : fournisseurs, autres
secteurs industriels et centres techniques de la recherche publique.
L'aide publique à la recherche agro-alimentaire est donc tout à
fait justifiée.
D'un montant total de 7,65 millions d'euros, les crédits
consacrés par le projet de loi de finances pour 2002 à la
recherche dans le domaine agro-alimentaire diminuent pourtant de 4,4 % par
rapport à l'année 2001.
Cette diminution est imputable à
la baisse des crédits
de paiement en faveur de la recherche appliquée au secteur
agro-alimentaire
(ligne 61-21/61),
qui passent de 3,3 à
2,9 millions d'euros, soit un recul de 10,6 %
. Ils sont toutefois
stables à 3,6 millions d'euros en autorisations de programme.
Ces crédits servent à financer des projets associant des
entreprises agro-alimentaires à des laboratoires de recherche et des
centres techniques.
La subvention de fonctionnement à l'Institut national de la
recherche agronomique (INRA), inscrite à la ligne 36-22/12, est
également reconduite à 3,05 millions d'euros.
Enfin,
les crédits d'intervention en faveur de l'Association
des centres techniques agricoles (ACTA) (ligne 44-21/60) et en faveur de
l'Association des centres techniques des industries agro-alimentaires (ACTIA)
(ligne 44-21/70) sont stables
, représentant respectivement 0,61
et 1,03 million d'euros.
CRÉDITS DESTINÉS À LA RECHERCHE
(en euros)
Ligne budgétaire |
Nature des crédits |
Loi de finances pour 2001 |
Projet de loi de finances pour 2002 |
Evolution en % |
|
36-22/12 |
Subvention de Gouvernement à l'INRA
|
3 048 980 |
3 048 980 |
- |
|
44-21/60 |
Interventions en faveur de l'ACTA
|
1 036 653 |
1 036 653 |
- |
|
44-21/70 |
Interventions en faveur de l'ACTIA
|
609 796 |
609 796 |
- |
|
61-02/61 |
Recherche
appliquée aux secteurs agro-alimentaires
|
3 308 000 |
2 957 000 |
-10,6 % |
|
|
|
|
|
|
|
Total des crédits en faveur de la recherche agro-alimentaire (DO + CP) |
8 003 429 |
7 652 430 |
- 4,4 % |
III. LES CRÉDITS EN FAVEUR DE LA PROMOTION DES PRODUITS AGRICOLES ET ALIMENTAIRES
Inscrits à la ligne 44-53/30, les crédits
destinés au financement des actions de promotion
s'élèvent, comme l'année dernière, à
24,4 millions d'euros
.
Votre rapporteur pour avis prend acte de cette stabilisation, qui intervient
après plusieurs années de baisse.
Ces crédits sont en pratique destinés au versement de la
subvention à la Société pour l'expansion des ventes de
produits agricoles et alimentaires (SOPEXA),
qui bénéficie
également, en cours d'exercice, de concours des offices agricoles, au
titre de la participation à des actions de promotion initiées par
les interprofessions.
Passant de 8,7 milliards de francs en 1999 à 2,3 milliards de
francs en 2000, le résultat de la SOPEXA s'est dégradé, ce
qui s'explique partiellement par la dépréciation de l'euro par
rapport aux devises étrangères, dès lors que les
dépenses de cet organisme sont en grande partie réalisées
en dehors de l'Union européenne.
Les charges résultant de la mise en oeuvre des trente cinq heures, de
l'important effort de formation consenti en faveur du personnel et du lancement
d'un projet d'intranet ont certainement pesé sur ce résultat.
Durant l'année écoulée, des actions de promotion
classiques ont été conduites à l'intérieur et en
dehors du marché européen. Plusieurs campagnes ont
concerné le vin : Muscadet en Allemagne, Côtes du Rhône
au Danemark. En Corée du Sud, un plan de communication a
été mis en oeuvre pour restaurer la confiance des consommateurs
et des professionnels à l'égard de la viande de porc
française.
Votre rapporteur pour avis tient à souligner l'importance de ces
actions dans un contexte marqué par une concurrence internationale
croissante et dotée de moyens toujours plus conséquents.
Les actions de promotion collective sont, rappelons-le, l'une des rares marges
de manoeuvre permises par l'Organisation mondiale du commerce (OMC), puisque
qu'aucun encadrement des crédits publics qui y sont consacrés n'a
été prévu dans l'accord de Marrakech. Des pays tels que
les Etats-Unis n'hésitent pas à y recourir massivement.
Il apparaît donc souhaitable que le Gouvernement français, mais
également l'Union européenne, s'engagent plus vigoureusement dans
cette direction.
Il conviendrait, en outre, d'éviter que les versements à la
SOPEXA interviennent avec retard, comme cela semble avoir été le
cas au cours de l'année 2001 s'agissant des campagnes de promotion des
fruits d'été. Celles-ci ne pouvant être
différées, les interprofessions ont été contraintes
d'assurer la trésorerie des mesures mises en oeuvre, dans l'attente des
versements publics, ce qui porte incontestablement atteinte à l'image de
la SOPEXA.
IV. LES CRÉDITS AFFECTÉS A LA POLITIQUE DE LA QUALITÉ
Les
crédits relatifs à la politique de la qualité
représentent, pour l'année 2002, un montant total
-calculé en ajoutant les dépenses ordinaires et les
crédits de paiement- de 17,05 millions d'euros, contre
16,31 millions d'euros pour 2001, soit une progression de 4,6 %.
Ils sont destinés au financement la promotion de la qualité
alimentaire, d'actions en faveur des signes de qualité, ainsi qu'au
financement de l'Institut national des appellations d'origine
contrôlées (INAO).
Les dotations inscrites à la
ligne 44-70/30 (promotion de la
qualité)
sont reconduites à 2,21 millions d'euros.
Les crédits de la
ligne 44-70/40 (promotion des signes de
qualité)
connaissent une progression marquée
(+ 14,5 %) puisqu'ils passent de 1,68 à 1,9 millions d'euros.
Saluant cet effort budgétaire en faveur des signes de qualité,
qui séduisent un nombre croissant de consommateurs, votre rapporteur
pour avis souhaite qu'il aille de pair avec une clarification de ce dispositif,
comme y invite l'avis
2(
*
)
rendu sur ce
thème par le Conseil économique et social en mars 2001.
Inscrite à la ligne 36-22/43, la subvention de fonctionnement de
l'INAO s'élève à 12,92 millions d'euros, augmente de
4 %.
Votre rapporteur pour avis estime insuffisante cette progression des ressources
de l'INAO, dont les besoins ont fortement augmenté à la suite de
l'extension de ses missions, en particulier en matière d'indications
géographiques protégées. Un audit réalisé
récemment évalue aussi à cinquante le nombre de personnes
dont le recrutement serait nécessaire pour permettre le bon
fonctionnement de l'INAO.
Cependant, l'annonce par le Ministre de l'agriculture et de la pêche,
confirmée lors de son audition par la Commission des Affaires
économiques, d'une « rallonge » de 5 millions
de francs (0,76 million d'euros) en faveur de l'INAO, devrait permettre de
satisfaire en partie ces besoins.
CRÉDITS AFFECTÉS À LA POLITIQUE DE LA QUALITÉ
Ligne budgétaire |
Nature des crédits |
Montant en loi de finances pour 2001 (en euros) |
Montant en projet de loi de finances pour 2002 (en euros) |
Evolution
|
36-22/43 |
Subvention de fonctionnement à l'INAO |
12 424 595 |
12 924 024 |
+4 % |
44-70/30 |
Promotion de la qualité alimentaire |
2 210 511 |
2 210 511 |
- |
44-70/40 |
Promotion des signes de qualité |
1 676 939 |
1 920 857 |
+14,5 % |
Total des crédits affectés à la politique de la qualité |
16 312 045 |
17 055 392 |
+4,6 % |
V. LES CRÉDITS EN FAVEUR DE LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE
A. LES DOTATIONS EN FAVEUR DE L'AFSSA
D'un
montant total de 33,26 millions d'euros, les crédits
destinés à l'Agence française de sécurité
sanitaire des aliments (Afssa) dans le budget du ministère de
l'agriculture, augmentent de 3,4 %
, illustrant l'accent mis par le
Gouvernement sur la politique de sécurité sanitaire.
D'un montant de 33,26 millions d'euros, les crédits de
dépenses ordinaires attribués à l'Afssa connaissent une
progression de 3,6 %.
Le volet
« appui technique et scientifique »
(ligne 36-22/13)
est doté de 24,28 millions d'euros, en hausse de
3,7 %, afin de permettre la création de quarante postes.
Les crédits affectés plus spécialement à
l'évaluation des risques (ligne 36-22/16)
, également en
progression, s'élèvent à 2,94 millions d'euros. Ils
devraient servir à la création de six nouveaux emplois.
Enfin, la subvention allouée
aux programmes de recherche de
l'Afssa
est égale à 6,03 millions d'euros (+2,2 %).
D'un montant (3,9 millions d'euros) plus faible que les crédits de
dépenses ordinaires, les crédits de paiement destinés
à l'Afssa augmentent eux- aussi (+1,6 %).
Cette hausse est due à l'augmentation de 4,1 % des
crédits d'
équipement des laboratoires (ligne 61-21/71
)
qui, pour l'année 2002, atteignent 1,55 million d'euros.
Les crédits de
soutien aux programmes de recherche
(ligne 61-21/73)
sont simplement reconduits (2,36 millions
d'euros).
CRÉDITS DESTINÉS À L'AFSSA
(DÉPENSES ORDINAIRES)
Ligne budgétaire |
Nature des crédits |
Montant en loi de finances pour 2001 (en euros) |
Montant en projet de loi de finances pour 2002 (en euros) |
Evolution
|
36-22/13 |
Subvention de fonctionnement à l'AFSSA - Appui technique et scientifique |
23 410 829 |
24 284 195 |
+3,7 % |
36-22/16 |
Subvention de fonctionnement à l'AFSSA - Evaluation des risques |
2 789 817 |
2 941 280 |
+5,4 % |
36-22/22 |
Subvention de fonctionnement à l'AFSSA - Programmes de recherche |
5 902 904 |
6 031 900 |
+2,2 % |
Total des crédits de dépenses ordinaires pour l'AFSSA |
32 103 550 |
33 257 375 |
+3,6 % |
CRÉDITS DESTINÉS À L'AFSSA
(DÉPENSES EN CAPITAL)
|
|
Autorisations de programme |
Crédits de paiement |
|||||||
Ligne budgétaire |
Nature des crédits |
Montant en loi de finances initiale pour 2001 (en euros) |
Montant en projet de loi de finances pour 2002 (en euros) |
Evolution
|
Montant en loi de finances initiale pour 2001 (en euros) |
Montant en projet de loi de finances pour 2002 (en euros) |
Evolution
|
|||
61-21/71 |
Soutien aux programmes de recherche de l'AFSSA |
2 363 000 |
2 363 000 |
- |
2 363 000 |
2 363 000 |
- |
|||
61-21/73 |
Equipement des laboratoires de l'AFSSA |
1 601 000 |
1 601 000 |
- |
1 494 000 |
1 556 000 |
+4,1 % |
|||
Total des crédits de dépenses en capital pour l'AFSSA |
3 964 000 |
3 964 000 |
- |
3 857 000 |
3 919 000 |
+ 1,6 % |
||||
Total des crédits destinés à l'AFSSA (DO + CP) |
35 960 550 |
37 176 375 |
+3,4 % |
B. LES CRÉDITS EN FAVEUR DE L'HYGIÈNE ALIMENTAIRE
En
matière de sécurité et d'hygiène de l'alimentation,
le ministère de l'agriculture et de la pêche mène des
actions visant à protéger les consommateurs et à assurer
la transparence sur la composition, l'origine et le mode de production des
aliments destinés à l'homme et aux animaux.
Il s'assure également que l'introduction de techniques telles que les
OGM, ou l'utilisation de substances comme les pesticides, ne présentent
aucun risque pour la sécurité alimentaire.
Relevant, à l'échelon central, de la Direction
générale de l'Alimentation du ministère de l'agriculture,
ces actions sont mises en oeuvre par les directions départementales des
services vétérinaires et par les services régionaux de la
protection des végétaux.
Les crédits inscrits à la ligne 44-70/10
(protection
et contrôle sanitaire des végétaux)
s'élèvent, pour l'année 2002, à
9,37 millions d'euros (+ 1,6 %)
.
Ils financent des mesures de protection des végétaux contre les
nuisibles, ainsi que des actions de maîtrise des teneurs en
contaminants : pesticides, mycotoxines, métaux lourds.
L'augmentation des crédits observée cette année devrait,
selon le ministère de l'agriculture, servir au renforcement des actions
engagées dans le cadre de la surveillance des OGM, ainsi qu'à
celui du contrôle d'utilisation des produits anti-parasitaires.
Votre rapporteur pour avis juge particulièrement nécessaire la
poursuite des actions de maîtrise des pesticides. Des études
récentes, telle que le rapport 1999 du programme européen de
surveillance des résidus de pesticides, rendu public par la Commission
européenne en août dernier, montrent, en effet, un taux de
présence des pesticides supérieur à la moyenne
européenne dans certains produits végétaux
français.
D'un montant de
1,07 million d'euros, comme l'année
précédente, les crédits de la ligne 57-01/70 (promotion et
contrôle de la qualité)
complètent ces actions.
Ils sont destinés à financer la rénovation des
laboratoires de la protection des végétaux.
Passant de 89,2 millions d'euros en 2001 à
106,7 millions d'euros pour 2002, les crédits de la ligne 44-70/20,
consacrée à la maîtrise sanitaire des animaux et de leurs
produits, augmentent de manière conséquente (+ 19,6 %).
Ces crédits servent, en premier lieu, au financement d'actions en faveur
de la santé animale, telles que l'épidémio-surveillance ou
la veille prophylactique. De fait, c'est l'augmentation des moyens
alloués à la lutte contre l'ESB qui est à l'origine de
l'augmentation significative des crédits inscrits à cette ligne.
Ces crédits sont également utilisés pour financer le
contrôle des conditions d'élevage s'agissant de l'alimentation
animale, du bon usage des médicaments vétérinaires, ainsi
que du bien-être animal.
Enfin, ils sont destinés à appuyer les actions en faveur de la
maîtrise de l'hygiène des aliments à tous les stades de la
filière. Ils financent, en particulier, le contrôle de la
salubrité des denrées importées au niveau des postes
frontaliers.
C. LES CRÉDITS DESTINÉS AU SECTEUR DE L'ÉQUARRISSAGE
Les
dotations attribuées par le ministère de l'agriculture au secteur
de l'équarrissage regroupent des crédits destinés au
financement du service public de l'équarrissage (SPE) et des
crédits destinés à financer l'élimination des
farines animales dont le recyclage en alimentation animale a été
interdit par l'arrêté du 14 novembre 2001. D'un montant
total de 487,83 millions d'euros, ces crédits augmentent de
9,4 % par rapport à l'année précédente.
Les crédits figurant à la ligne 44-71/10 (service
public de l'équarrissage
) visent à financer les
marchés publics passés par l'Etat avec les équarrisseurs
chargés de collectes et d'éliminer les cadavres d'animaux, les
saisies d'abattoirs et les « matériaux à risque
spécifiés » (MRS), susceptibles de véhiculer
l'agent de l'ESB.
Ces déchets à « haut risque » sont
transformés en farines animales, qui sont ensuite
incinérées.
D'un montant de 258,67 millions d'euros pour
l'année 2002, les crédits destinés au financement du
service public de l'équarrissage connaissent une progression de
30 millions d'euros
(+ 13,1 %), afin de tenir compte de
l'augmentation du volume de déchets traités dans ce cadre, en
conséquence de l'allongement récent de la liste des MRS. Il
convient de rappeler qu'à compter de janvier 2002, celle-ci sera
étendue aux vertèbres.
Les crédits visant à financer l'élimination des
co-produits dont l'utilisation sous forme de farines animales a
été interdite, sont inscrits à la ligne 44-71/20
.
Ces crédits ont deux destinations :
- l'indemnisation des équarrisseurs chargés de collecter les
déchets d'abattoir « sains », tels que les os ou les
graisses, qui servaient à la fabrication des farines animales,
lesquelles étaient ensuite revendues aux industriels de l'alimentation
animale.
A la suite de l'interdiction d'incorporer ces farines aux aliments pour animaux
de vente, le Gouvernement avait décidé, par un
arrêté du 1
er
décembre 2000,
d'indemniser les équarrisseurs afin qu'ils maintiennent le service de
collecte et de transformation des déchets générés
par l'industrie des viandes.
Cependant, l'Etat souhaite que cette prestation de service soit, à
terme, financée par les abattoirs eux-mêmes. La diminution de
l'indemnisation des équarrisseurs, décidée par un
arrêté du 31 juillet dernier, va dans ce sens.
- Le financement du stockage des farines animales produites.
Selon les renseignements fournis à votre rapporteur pour avis par le
ministère de l'agriculture, 385.000 tonnes de farine animales sont
actuellement stockées.
Présentant des caractéristiques qui les rapprochent du fuel
lourd, les graisses animales ont, quant à elles, trouvé
rapidement, un débouché, ce qui a permis d'éviter leur
stockage et de supprimer les indemnités versées pour leur
collecte aux équarrisseurs.
Compte tenu de la diminution des indemnités payées aux
équarrisseurs, les crédits visant à financer
l'élimination des co-produits diminuent de 75,7 millions d'euros
(- 9,9 %) pour s'établir à 226,19 millions d'euros.
*
* *
Alors que son rapporteur lui proposait de s'en remettre à la sagesse du Sénat, la Commission des Affaires économiques a donné un avis défavorable à l'adoption des crédits consacrés aux industries agro-alimentaires inscrits dans le projet de loi de finances pour 2002.
1
« OGM et agriculture : options pour
l'action publique », rapport de Mme Marie-Pierre Arlot, de M.
Stéphane Le Bouler et de M. Philippe Le Lourd, au nom du groupe de
travail du Commissariat général du Plan sur les
conséquences socio-économiques et l'acceptabilité aux yeux
des consommateurs et des citoyens des OGM, présidé par M. Bernard
Chevassus-au-Louis.
2
« Les signes officiels d'identification de la
qualité et de l'origine des produits agricoles et
alimentaires » avis du CES sur le rapport présenté par
M. Gilbert Louis au nom de la section agriculture et alimentation,
séance des 13 et 14 mars 2001).