Projet de loi de finances pour 2002 -Tome XI : Aménagement du territoire
PEPIN (Jean)
AVIS 89 - TOME XI (2001-2002) - COMMISSION DES AFFAIRES ECONOMIQUES
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- AVANT-PROPOS
-
CHAPITRE 1ER -
LES CRÉDITS INSCRITS
AU PROJET DE LOI DE FINANCES POUR 2002 -
CHAPITRE II -
LA MISE EN oeUVRE
DES SCHÉMAS DE SERVICES COLLECTIFS- A. LA PROCÉDURE
- B. L'AVIS DU CNADT (19 JUIN 2001)
-
C. L'AVIS DE LA DÉLÉGATION DU SÉNAT
À L'AMÉNAGEMENT ET AU DÉVELOPPEMENT DURABLE DU TERRITOIRE
(19 JUIN 2001)
- a) Le schéma des services collectifs de l'enseignement supérieur et de la recherche (Mme Yolande Boyer)
- b) Le schéma de services collectifs culturels (M. Alain Vasselle)
- c) Le schéma de services collectifs sanitaires (M. Gérard Larcher)
- d) Le schéma de services collectifs de l'information et de la communication (M. Claude Belot)
- e) Les schémas de services collectifs de transports de marchandises et de voyageurs (M. Jacques Oudin)
- f) Le schéma de services collectifs de l'énergie (M. Bernard Piras)
- g) Le schéma de services collectifs des espaces naturels et ruraux (M. Roger Besse)
- h) Le schéma de services collectifs du sport (Mme Janine Bardou)
-
CHAPITRE III -
LA PRIME D'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE (PAT) -
CHAPITRE IV -
LES FONDS STRUCTURELS EUROPÉENS -
CHAPITRE V -
LES PAYS -
CHAPITRE VI -
LES AGGLOMÉRATIONS -
CHAPITRE VII -
LES CONTRATS DE PLAN ETAT-RÉGIONS -
CHAPITRE VIII -
LE FONDS NATIONAL D'AMÉNAGEMENT ET DE DÉVELOPPEMENT DU TERRITOIRE (FNADT) -
CHAPITRE IX -
LE COMITÉ INTERMINISTÉRIEL D'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE (CIADT) DU 9 JUILLET 2001 - EXAMEN EN COMMISSION
N° 89
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 2001-2002
Annexe au procès-verbal de la séance du 22 novembre 2001
AVIS
PRÉSENTÉ
au nom de la commission des Affaires économiques et du Plan (1) sur le projet de loi de finances pour 2002 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE,
TOME XI
AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE
Par M. Jean PÉPIN,
Sénateur.
(1) Cette commission est composée de : MM. Gérard Larcher, président ; Jean-Paul Emorine, Marcel Deneux, Gérard César, Pierre Hérisson, Jean-Marc Pastor, Mme Odette Terrade, vice-présidents ; MM. Bernard Joly, Jean-Paul Émin, Patrick Lassourd, Bernard Piras, secrétaires ; MM. Jean-Paul Alduy, Pierre André, Philippe Arnaud, Gérard Bailly, Bernard Barraux, Mme Marie-France Beaufils, MM. Michel Bécot, Jean-Pierre Bel, Jacques Bellanger, Jean Besson, Claude Biwer, Jean Bizet, Jean Boyer, Mme Yolande Boyer, MM. Dominique Braye, Marcel-Pierre Cleach, Yves Coquelle, Gérard Cornu, Roland Courtaud, Philippe Darniche, Gérard Delfau, Rodolphe Désiré, Yves Detraigne, Mme Evelyne Didier, MM. Michel Doublet, Paul Dubrule, Bernard Dussaut, André Ferrand, Hilaire Flandre, François Fortassin, Christian Gaudin, Mme Gisèle Gautier, MM. Alain Gérard, François Gerbaud, Charles Ginésy, Francis Grignon, Louis Grillot, Georges Gruillot, Charles Guené, Mme Odette Herviaux, MM. Alain Journet, Joseph Kerguéris, Gérard Le Cam, Jean-François Le Grand, André Lejeune, Philippe Leroy, Jean-Yves Mano, Max Marest, René Monory, Paul Natali, Jean Pépin, Daniel Percheron, Ladislas Poniatowski, Jean-Pierre Raffarin, Daniel Raoul, Paul Raoult, Daniel Reiner, Charles Revet, Henri Revol, Roger Rinchet, Claude Saunier, Bruno Sido, Daniel Soulage, Michel Teston, Pierre-Yvon Trémel, André Trillard, Jean-Pierre Vial.
Voir
les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème
législ.) :
3262
,
3320
à
3325
et T.A.
721
Sénat
:
86
et
87
(annexe n°
4
)
(2001-2002)
Lois de finances. |
AVANT-PROPOS
Mesdames, Messieurs,
Le budget de « l'aménagement du territoire » pour
2002 s'élève à 285,38 millions d'euros en dépenses
ordinaires et crédits de paiement, en hausse de 6,8 % par rapport
au budget voté pour 2001.
Les crédits d'intervention du Titre IV baissent de 8,2 % par
rapport à 2002, le volet contrat de plan
« Etat-régions » du FNADT subissant, quant à
lui, une forte réduction de 26,4 % en raison, nous dit-on, des
reports des crédits disponibles.
Si les autorisations de programme en général enregistrent une
hausse de 1,7 %, les crédits de paiement affectés à
la prime d'aménagement du territoire devraient, quant à eux,
progresser de 33,2 % ce qui, notons-le au passage, re-stabilise la
dotation au niveau 2000 puisque le projet de budget pour 2001
prévoyait une baisse de 28,5 % des crédits.
Lors de son audition devant la Commission des Affaires économiques, le
24 octobre dernier, le ministre chargé de l'aménagement du
territoire a annoncé que les trois objectifs principaux de la politique
du Gouvernement en matière d'aménagement du territoire
étaient :
- un meilleur équilibre entre les territoires ;
- le développement économique territorial ;
- une meilleure gestion des espaces sensibles.
Il a aussi insisté sur la couverture du territoire par les
réseaux de téléphonie mobile, relevant que 100 % de
ce dernier devrait être bientôt couvert par le réseau GSM.
L'année 2002 verra, aussi, la mise en oeuvre des neuf
schémas de services collectifs annoncés par la loi du
25 juin 1999 d'aménagement et de développement durable
du territoire.
Ces schémas ont fait l'objet, le 19 juin 2001, d'un avis de la
part de la délégation du Sénat à
l'aménagement et au développement durable du territoire. Votre
commission rappellera les grandes lignes de ces travaux.
CHAPITRE 1ER -
LES CRÉDITS INSCRITS
AU PROJET DE LOI DE
FINANCES POUR 2002
L'aménagement du territoire en France est
financé par
trois types de ressources :
- le budget de l'Etat ;
- les fonds d'aménagement du territoire ;
- les crédits européens issus des fonds structurels
communautaires.
S'y ajoutent les concours financiers résultant des exonérations
des charges fiscales et sociales.
Les crédits, figurant au fascicule budgétaire
« aménagement du territoire » pour 2002,
s'élèvent à
285,38 millions d'euros
en
dépenses ordinaires et crédits de paiement,
en progression de
6,8 %
par rapport au budget voté pour 2001.
Les autorisations de programme demandées pour 2002 sont stables , avec
269,230 millions d'euros (264,522 millions d'euros en 2001).
RÉCAPITULATION DES CRÉDITS
|
Autorisations de programme |
Crédits de paiement |
|||||
|
Dotations 2001 |
Demandées pour 2002 |
Dotations 2001 |
Mesures acquises |
Services votés |
Mesures nouvelles |
Total pour 2002 |
Titre III Moyens des services |
|||||||
Personnel, rémunérations d'activité |
|
|
8 230 385 |
+73 600 |
8 304 015 |
-3 107 236 |
5 196 779 |
Personnel en activité et en retraite. Charge sociales |
|
|
1 139 131 |
+26 798 |
1 165 929 |
-170 019 |
995 910 |
Matériel et fonctionnement de services |
|
|
9 467 084 |
|
9 467 084 |
-1 556 467 |
7 910 617 |
Totaux Titre III |
|
|
18 836 600 |
+100 428 |
18 937 028 |
-4 833 722 |
14 103 306 |
Titre IV Interventions publiques |
|||||||
Action économique. Encouragements et interventions |
|
|
83 975 017 |
-432 955 |
83 542 062 |
-6 485 633 |
77 056 429 |
Totaux Titre IV |
|
|
83 975 017 |
-432 955 |
83 542 062 |
-6 485 633 |
77 056 429 |
Totaux pour les dépenses ordinaires |
|
|
102 811 617 |
-332 527 |
102 479 090 |
-11 319 355 |
91 159 735 |
Titre VI Subventions d'investissement accordées par l'Etat |
|||||||
Entreprises industrielles et commerciales |
60 980 000 |
66 320 000 |
45 735 000 |
|
47 716 000 |
+13 264 000 |
60 980 000 |
Logement et urbanisme |
203 542 000 |
202 910 000 |
118 552 000 |
|
72 367 000 |
+60 873 000 |
133 240 000 |
Totaux Titre VI |
264 522 000 |
269 230 000 |
164 287 000 |
|
120 083 000 |
+74 137 000 |
194 220 000 |
Totaux pour les dépenses en capital |
264 522 000 |
269 230 000 |
164 287 000 |
|
120 083 000 |
+74 137 000 |
194 220 000 |
Totaux généraux |
264 522 000 |
269 230 000 |
267 098 617 |
|
222 562 090 |
+62 817 645 |
285 379 735 |
Source : « bleu » budgétaire.
A. LES DÉPENSES ORDINAIRES
Les dépenses ordinaires sont en baisse de 11,3 %, passant de 102,8 millions d'euros votés en 2001 à 91,1 millions d'euros. Cette réduction concerne principalement, on le verra, les interventions publiques.
1. Les moyens des services
Les crédits du Titre III sont destinés aux
dépenses de fonctionnement de la DATAR : rémunération
du personnel et fonctionnement des services de l'administration centrale, des
bureaux à l'étranger et des commissariats à
l'aménagement des massifs.
Le projet de budget pour 2002 propose une dotation de 14,1 millions
d'euros, en baisse de 25,13 % par rapport à 2001
(18,8 millions d'euros) qui s'explique par le transfert des emplois
à l'étranger à l'agence française pour les
investissements internationaux.
Si l'on fait abstraction de l'AFII, le budget de fonctionnement de la DATAR,
dont les moyens informatiques sont accrus, augmente de 13,4 %.
Les dépenses de fonctionnement de la DATAR représentent un peu
plus de 6 % du total des crédits demandés pour 2002.
Les effectifs budgétaires
totaux de la DATAR
demandés pour 2001 s'élèveront à 123 emplois, soit
une perte nette de 21 postes budgétaires supprimés du fait
du transfert de 28 emplois à l'AFII et de la création de
sept emplois.
On rappellera que le réseau étranger de la DATAR se
subdivisait en trois :
- le
réseau européen
était composé de
représentations au Bénélux, dans les pays germaniques,
à Londres, à Milan, dans les pays ibériques et dans les
pays nordiques
;
- le
réseau américain
est composé de quatre
bureaux qui ont compétence sur l'ensemble de l'Amérique du Nord,
y compris le Canada. La DATAR est représentée à New-York,
Chicago, Los Angeles et Houston
;
- le
réseau asiatique,
implanté depuis 1983 au Japon
se composait de six bureaux : Japon, Tokyo (siège de la Direction
du réseau Asie) et Osaka, Taipei, Hong Kong, Séoul et
Singapour
.
Vient d'être « lancée » la nouvelle
agence
française pour les investissements internationaux
(AFII)
créée par la loi du 15 mai 2001.
L'objectif de l'AFII, a souligné le ministre de l'aménagement du
territoire et de l'environnement, M. Yves Cochet, est de regrouper les
différentes forces qui existaient déjà, dans un souci
d'efficacité et de lisibilité du point de vue de
« l'entreprise étrangère ».
L'agence réunit les 17 bureaux à l'étranger de la
Délégation à l'aménagement du territoire et
à l'action régionale (DATAR), dénommés Invest in
France Agencies (IFA), ainsi que les équipes de la
Délégation aux investissements internationaux (DII) du
ministère de l'économie et des finances et celles de
l'association Invest in France Network (IFN).
L'AFII devrait mettre en relation des entreprises étrangères
à la recherche d'une implantation en France, d'une part, et des
partenaires français comme les régions ou les
collectivités locales, d'autre part.
Les régions seront associées à l'AFII et
représentées au sein de son conseil d'administration.
2. Les interventions publiques
Les
crédits d'intervention (titre IV) correspondent au chapitre 44-10, ou
« section intervention » du fonds national
d'aménagement et de développement du territoire (FNADT).
Ce chapitre regroupe depuis 1995 les crédits antérieurement
inscrits aux chapitres 44-01 à 44-03.
L'article 10 concerne le FNADT ; l'article 20 a trait aux
contrats de plan Etat-région.
Ces crédits sont inscrits pour
77 millions d'euros
, soit une
baisse de 8,2 % par rapport à l'année dernière
(83,9 millions d'euros). Si le volet non contractualisé du FNADT
(article 10) du chapitre 44-10 est stable, en 2002, (26,7 millions
d'euros en 2002 contre 26 millions d'euros en 2001)
le volet
« contrats de plan Etat-région »
enregistre une
baisse substantielle de 26,4 % (42,6 millions d'euros en 2002 contre
57,9 millions d'euros en 2001).
B. LES DÉPENSES EN CAPITAL
Les
crédits d'investissement du titre VI pour 2002 sont en progression en
autorisations de programme (1,7 %), soit 269,2 millions d'euros en
2002 contre 264,5 millions d'euros en 2001 et en progression de
18,2 % en crédits de paiement (194,2 millions d'euros en 2002
contre 164,2 millions d'euros en 2001). Ces crédits regroupent les
subventions consacrées à la prime d'aménagement du
territoire (PAT) et au fonds national d'aménagement et de
développement du territoire (FNADT), pour sa partie
« investissement ».
En ce qui concerne la PAT, le projet de loi de finances pour 2002 propose une
augmentation des crédits de 8,8 % en autorisations de programme (de
60,9 millions d'euros en 2001 à 66,3 millions d'euros en 2002)
et une augmentation de 33,2 % en crédits de paiement (de
45,7 millions d'euros en 2001 à 60,9 millions d'euros en 2002).
Cette hausse des crédits de paiement, soulignons-le, intervient
après une hausse de 28,5 % décidée dans le projet de
budget pour 2001. Il s'agit donc là d'une
« stabilisation » au niveau 2000 !
Les crédits demandés au titre du volet
« investissements » de la FNADT s'élèvent
à 133,2 millions d'euros en crédits de paiement, contre
118,5 millions d'euros pour 2001, soit une hausse de 12,4 % (cette
évolution est présentée par le Gouvernement comme
« traduisant la montée en puissance des contrats de plan
Etat-régions en 2002 ») et à 202,9 millions
d'euros en autorisations de programme, en légère baisse de
0,2 % (203,5 millions d'euros en 2001).
Votre commission soulignera le manque de lisibilité du budget de
l'aménagement du territoire.
Le projet de loi de finances pour 2002 fait ainsi apparaître une hausse
appréciable (d'environ un tiers) des crédits de paiement
destinés à la prime à l'aménagement du territoire.
Les autorisations de programme demandées à ce titre progressent
quant à elles de 8,8 %.
Ces hausses sont explicitement mises en avant comme manifestant la
volonté du Gouvernement de poursuivre un effort prioritaire en direction
du développement économique du territoire.
En revanche, les crédits d'intervention du volet « contrats de
plan Etat-régions » enregistrent une baisse notable de
26,4 % sans que cette réduction fasse l'objet d'explications
particulières de la part des auteurs du projet de budget.
Certes, il a été souvent souligné que l'évolution
d'un certain nombre de dotations obéissait en quelque sorte
« mécaniquement » à l'état
d'avancement des programmes en cours de réalisation.
En l'occurrence, il semble que les reports de crédits non
consommés sur les exercices 2000 et 2001 -en raison notamment de la
signature tardive de certains contrats de plan- expliquent, au moins en partie,
la baisse des crédits demandés pour 2002.
Il n'en reste pas moins qu'à force de mettre en avant les enveloppes qui
enregistrent des augmentations (ces progressions étant
présentées comme caractéristiques d'une
« volonté gouvernementale ») et de passer sous
silence les dotations qui enregistrent des baisses, le Gouvernement ne
contribue pas à éclaircir les perspectives.
CHAPITRE II -
LA MISE EN oeUVRE
DES SCHÉMAS DE SERVICES
COLLECTIFS
A. LA PROCÉDURE
On
rappellera brièvement la procédure qui a abouti à
l'adoption des neuf schémas relatifs à l'enseignement
supérieur et à la recherche, à la culture, à la
santé, à l'information et à la communication, au transport
de voyageurs, au transport de marchandises, à l'énergie, aux
espaces naturels et ruraux et au sport.
Les schémas ont été élaborés, on le sait,
par des équipes parfois interministérielles constituant des
« comités stratégiques ».
Leur mise au point s'est effectuée en trois grandes étapes :
une première étape dite de « cadrage »,
menée au sein de l'administration centrale, qui a débouché
sur un document fixant les grandes orientations et les priorités de
l'Etat au milieu de l'année 1999 ;
une deuxième étape dite de
« concertation » au niveau régional ; cette
concertation -qui s'est appuyée sur le document de cadrage- a
été conduite par les préfets dans le cadre des
conférences régionales d'aménagement et de
développement du territoire (CRADT) ;
une troisième étape qui s'est déroulée de la
manière suivante :
la mise au point d'avant-projets de schémas combinant les travaux
des comités stratégiques et les contributions
régionales ; cette étape s'est achevée à la
fin du mois d'octobre 2000 ;
la constitution d'un document unique réunissant les neuf
schémas ;
une deuxième concertation régionale qui a permis de
recueillir l'avis des conseils régionaux, des conférences
régionales d'aménagement et de développement du territoire
(CRADT) et des conseils économiques et sociaux des régions ;
cette consultation s'est déroulée jusqu'à la
mi-mai 2001 ;
l'examen au mois de juin 2001 du document regroupant l'ensemble des
schémas par les délégations parlementaires à
l'aménagement et au développement durable du territoire du
Sénat (avis rendu le 19 juin dernier) et de l'Assemblée
nationale et par le CNADT (avis rendu le 19 juin dernier) ;
enfin, la transmission des schémas au Conseil d'Etat en vue de
leur approbation par décret.
B. L'AVIS DU CNADT (19 JUIN 2001)
Le CNADT
a considéré que la présentation des schémas
constituait une
démarche positive et novatrice
.
Il a approuvé la mise au premier plan de la demande de services,
c'est-à-dire des attentes des habitants et des territoires, alors que
les démarches passées partaient de l'offre. Il observe avec
intérêt une « avancée réelle »
vers une approche globale.
Le Conseil a néanmoins jugé que l'avenir du territoire national
devrait être mieux mis en évidence, au risque de
privilégier une vision trop « hexagonale et
administrative », de même qu'une « expression trop
timide » de l'objectif de cohésion territoriale.
Il a notamment estimé que « la réflexion à vingt
ans était restée dans une approche tendancielle sans tenir compte
des mutations profondes de la société, des dynamismes nouveaux de
la demande et de la capacité d'intervention des acteurs ».
D'autre part, « les phénomènes qui pèsent sur
l'évolution des territoires (métropolisation, concentration,
etc...), sont décrits sans que soient analysées leurs causes (la
mondialisation, la concurrence des territoires, les conséquences
territoriales des politiques générales et sectorielles nationales
et communautaires qui, visant le renforcement des points forts, renforcent
également la fracture territoriale). D'où une réflexion
insuffisante sur les marges de manoeuvre dont disposent les politiques
publiques pour atteindre des objectifs volontaristes. »
Le CNADT a regretté l'insuffisante prise en compte de l'organisation et
du développement des territoires dans les décisions à
venir en évoquant notamment « l'inflexion
nécessaire » des politiques communautaires de la concurrence
et des services publics.
Le Conseil a aussi estimé que des
lacunes devaient être
comblées, des insuffisances corrigées et des
ambiguïtés levées.
Il a formulé plusieurs critiques :
- « en ne traitant pas correctement de l'outre-mer, les projets
de schémas prennent mal en compte la totalité du territoire
national » ;
- « ces projets comportent aussi des insuffisances de nature
réglementaire ; ils ne respectent pas toujours les dispositions de
la loi d'orientation et de développement durable du territoire et des
thèmes majeurs sont absents (culture scientifique et technique,
indicateurs de développement durable, moyens du
rééquilibrage des dépenses culturelles entre
l'Ile-de-France et les autres régions) » ;
- « d'autres insuffisances sont de nature plus politique :
les enjeux énergétiques sont insuffisamment pris en compte du
fait de l'exclusion du nucléaire du projet de schéma relatif
à l'énergie, les liens entre le projet de schéma relatif
aux espaces naturels et ruraux et les autres schémas ne sont pas
traités, le positionnement des schémas de services collectifs par
rapport à l'espace européen et plus particulièrement au
schéma de développement de l'espace communautaire n'est pas
clairement affirmé. »
Le Conseil a, cependant, estimé que la
« transversalité » par l'articulation entre les
domaines concernés par les projets de schémas, aurait dû
constituer une dimension majeure.
Il a jugé en conséquence que certaines
« articulations » méritaient d'être
explicitées (celle des nouvelles technologies de l'information et de la
communication avec les autres schémas par exemple) et que d'autres
devraient être complétées et précisées (liens
entre recherche et énergie, espaces naturels et ruraux et sports).
Le CNADT a donc critiqué
le manque de cohérence externe
des projets de schémas en faisant valoir que l'absence de dispositions
systématiques, précises et homogènes en matière de
suivi et d'évaluation, privait les projets de schémas d'un aspect
essentiel à la « bonne gouvernance ».
Il a encore constaté que les documents faisaient l'impasse sur la
répartition des rôles, dans la conduite des politiques publiques,
entre l'Union européenne, l'Etat national, les régions et les
pouvoirs locaux en ne consacrant pas les développements
nécessaires au principe de subsidiarité, à la
décentralisation et à la péréquation des ressources
entre les territoires.
Enfin, le CNADT a jugé ambigu le statut des ensembles
interrégionaux
annoncés par les projets de
schémas.
C. L'AVIS DE LA DÉLÉGATION DU SÉNAT À L'AMÉNAGEMENT ET AU DÉVELOPPEMENT DURABLE DU TERRITOIRE (19 JUIN 2001)
La délégation du Sénat a confié chacun des neuf schémas à un rapporteur (à l'exception des schémas « transports de voyageurs » et « transport de marchandises » pour lesquels elle a désigné un seul et même rapporteur) qui a été chargé d'élaborer un projet d'avis. Ces avis ont été approuvés lors d'une réunion qui s'est tenue le 19 juin 2001.
a) Le schéma des services collectifs de l'enseignement supérieur et de la recherche (Mme Yolande Boyer)
La
délégation a estimé que ce projet ne constituait qu'un
premier essai qui méritait d'être
« transformé ».
Cela suppose, a-t-elle souligné, que les ministères
concernés se dotent des
moyens
humains et statistiques
nécessaires pour engager de véritables
réflexions
prospectives.
Cela exige aussi un
engagement politique fort
de la part de l'Etat.
Elle a jugé indispensable que l'Etat
poursuive les efforts
budgétaires engagés depuis plusieurs années
en faveur
de la recherche et de l'enseignement supérieur (dont le budget a
progressé en moyenne de 6 % par an à structure constante
entre 1990 et l'an 2001).
Elle s'est, enfin, interrogée sur le
calendrier
et les
modalités
de
révision
du schéma, puis sur
l'articulation
de cette révision avec le bilan à
mi-parcours des contrats de plan Etat-région 2000-2006.
b) Le schéma de services collectifs culturels (M. Alain Vasselle)
La délégation du Sénat s'est montrée quelque peu plus critique à l'égard de ce schéma. Les nombreuses mesures qu'il envisage, a-t-elle notamment relevé, ne sont déclinées que sur le mode de l'« optatif », et ne sont assorties d'aucune ébauche de calendrier ni d'aucun engagement précis, en particulier sur le plan financier ; une clarification des compétences et une coordination des interventions des différentes collectivités publiques seraient, pourtant, particulièrement nécessaires de même que des orientations plus précises devraient être fixées aux partenariats afin de « donner tout son sens à la contractualisation » ; enfin l'accumulation des priorités affichées lui a semblé estomper toute ligne de force.
c) Le schéma de services collectifs sanitaires (M. Gérard Larcher)
La
délégation du Sénat a tout d'abord jugé que ce
schéma était trop descriptif et
insuffisamment prospectif
.
Elle a aussi estimé que les choix stratégiques annoncés
n'étaient pas à la mesure des enjeux, ni par les moyens, ni par
la façon envisagée de mettre ces derniers à la disposition
des acteurs du système de santé autres que l'Etat.
Elle a relevé que ceux-ci étaient étrangement absents du
schéma : « ni associés aux décisions, ni
partenaires contractuels, ni acteurs de la mise en oeuvre de la politique de
santé ».
En outre, a-t-elle souligné, le document souffre d'une lacune
majeure : il a été élaboré hors de toute
préoccupation de
régulation fina
ncière du
système et de solvabilisation de la demande.
Enfin, la délégation a reproché son
manque
d'ambition
au schéma de services collectifs sanitaire quand bien
même, a-t-elle reconnu, il est difficile de raisonner à vingt ans
en matière de santé.
d) Le schéma de services collectifs de l'information et de la communication (M. Claude Belot)
Après avoir relevé que ce schéma
constituait un
exercice de synthèse s'appuyant sur des analyses préexistantes,
la délégation a porté un jugement fort critique sur ce
document à l'heure où l'aménagement
« numérique » du territoire apparaît comme une
priorité essentielle.
La délégation a en particulier contesté certains objectifs
du schéma (tels que « la liaison à
2 mégabits par seconde pour tous en 2005 ») en les
jugeant soit timorés soit irréalistes.
Elle a, enfin, regretté ce qu'elle a considéré comme de
graves lacunes, à savoir une analyse insuffisante :
- des
évolutions du marché
et de la demande en
services de l'information, moins bien analysées que l'offre de
technologies. Or, l'Etat doit, selon elle, jouer son rôle d'orientation
du marché et de « fédérateur » d'une
stratégie industrielle nationale ;
- de la
convergence
des secteurs informatique, audiovisuel et des
télécommunications. Il s'agit pourtant, a-t-elle souligné,
de la grande évolution à attendre d'ici à cinq ans.
e) Les schémas de services collectifs de transports de marchandises et de voyageurs (M. Jacques Oudin)
La
délégation s'est montrée particulièrement
sévère pour ces schémas dont elle a estimé qu'ils
« faisaient l'impasse » sur :
- la
notion de « schéma »
,
l'élément graphique et cartographique étant soit absent
soit extrêmement insuffisant ;
- la
notion de « services »
très peu
explicitée.
La délégation a notamment relevé les approximations, les
insuffisances, voire les contradictions des schémas : absence de
dimension européenne, absence de dimension territoriale et
transfrontalière, vision excessivement centraliste, flou des objectifs,
absence de moyens de financement.
Elle a aussi estimé qu'un certain nombre d'étapes essentielles
étaient « manquantes » dans l'élaboration du
document, la réalisation des objectifs étant subordonnée
à des conditions qui ont été quelque peu oubliées
par les auteurs du document : l'harmonisation européenne, la
stratégie des chargeurs, la « métamorphose »
de l'opérateur ferroviaire.
f) Le schéma de services collectifs de l'énergie (M. Bernard Piras)
L'attitude de la délégation a été
plutôt positive par rapport à ce schéma.
Ce document lui est apparu comme mettant en lumière un certain nombre de
problèmes majeurs :
- la contribution des collectivités locales au service public de
l'énergie ;
- la prise en compte des besoins en investissements (stockages gaziers,
liaisons électriques de secours) ;
- la pérennisation d'un service public local de l'énergie
« de proximité » ;
- une desserte territoriale équilibrée en énergie.
La délégation a jugé cependant que deux thèmes
(l'utilisation des « réseaux de chaleurs » et les
techniques de production d'énergie renouvelable) étaient
insuffisamment traités par le document.
Elle a plaidé prononcé pour une « ambition
accrue » en matière de maîtrise de la demande
d'énergie et de développement de toutes les énergies
renouvelables.
g) Le schéma de services collectifs des espaces naturels et ruraux (M. Roger Besse)
Sur ce
schéma, la délégation du Sénat a estimé que
le développement économique était le « grand
absent .
Il lui est apparu « très réducteur » de
n'envisager la fonction économique au sein des espaces naturels et
ruraux que sous le seul angle de l'agriculture ou du tourisme. Le
schéma, a-t-elle souligné, est muet sur la présence et le
rôle joué par l'artisanat, les PME ou encore les professions
indépendantes. L'implantation d'activités économiques
industrielles ou de services, commerciales ou artisanales, aurait dû,
selon elle, être conciliée avec les enjeux environnementaux et
paysagers.
La délégation a regretté l'absence d'engagements
précis de l'Etat concernant le maintien des services publics en milieu
rural alors que cette présence conditionne souvent la présence
d'activités économiques ou le maintien des populations.
Selon elle, le document aurait du faire référence au projet de
« maisons de services publics à caractère
économique et financier ».
Elle a encore jugé qu'une réflexion sur la délocalisation
de services publics en milieu rural aurait été bienvenue.
Le schéma, a-t-elle ajouté, n'aborde pas le problème des
friches constituées par les équipements abandonnés
à la suite du retrait de services publics, ce qui
détériore le paysage et la qualité de l'environnement.
La délégation a aussi souligné que le document ne prenait
pas suffisamment en compte la nécessité de maintenir l'existant
et donc d'aider prioritairement la transmission-reprise des entreprises. Ceci
-a-t-elle estimé- passe par la formation à la succession, par la
mise en place d'un système de tutorat et par des aides aux entreprises
qui veulent s'installer loin des grandes agglomérations.
h) Le schéma de services collectifs du sport (Mme Janine Bardou)
Enfin,
la délégation du Sénat a jugé
« décevant » le schéma de services collectifs
du sport.
« L'ambition de se livrer à un effort de prospective à
vingt ans d'un secteur en plein évolution, a-t-elle souligné, ne
débouche que sur la constatation de tendances présentes
généralement admises, et sur la récitation des objectifs
traditionnels de la politique sportive du ministère de la jeunesse et
des sports. Les mesures présentées comme les grands choix
stratégiques se résument le plus souvent à
l'évocation des adaptations engagées par des réformes
législatives récentes, ou à des mesures de
réorganisation administrative envisagées sous un angle
très vague et général. Les seules mesures susceptibles
d'une traduction concrète portent sur la création de commissions
administratives et traduisent une fois de plus le penchant de ce
ministère à la multiplication des comités ».
La délégation du Sénat à l'aménagement et
au développement durable du territoire a vivement dénoncé
les délais qui lui ont été impartis pour statuer sur les
schémas de services collectifs. Ce délai d'un mois -certes
prévu par la loi du 25 juin 1999 sur l'aménagement et
le développement durable du territoire- est intervenu à la suite
d'une concertation régionale qui s'est essentiellement
déroulée au printemps 2001 c'est-à-dire dans une
période d'élections municipales et cantonales qui n'a pas
été, c'est le moins que l'on puisse dire, la plus favorable
à une réflexion sereine sur les sujets proposés.
Le président de la délégation, M. Jean-Pierre
Raffarin, a conclu l'introduction du rapport de la délégation,
par les propos suivants :
« Sans vouloir minimiser la contribution utile de nos
délégations parlementaires à la mise au point
définitive des schémas de services collectifs, encore que le
délai d'un mois imparti pour statuer sur les documents issus de la
consultation régionale constitue manifestement une
« anomalie », je voudrais insister sur le
« déficit de démocratie » qui affecte (et qui
en constitue, en quelque sorte, le « péché
originel ») les schémas de services collectifs.
Au-delà des incertitudes sur la nature juridique des documents ou des
discussions sur leur caractère plus ou moins normatif, il reste que
l'avis consultatif de deux délégations parlementaires, s'ajoutant
à d'autres avis mis sur le même plan, ne remplacera jamais le
Parlement lui-même qui aurait seul pu valider et légitimer des
choix et objectifs censés guider l'action de l'Etat dans les
différents champs abordés par les schémas jusqu'en
2020 ».
CHAPITRE III -
LA PRIME D'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE
(PAT)
Aux
termes d'un décret du 6 février 1995, la prime à
l'aménagement du territoire a pour objectif de soutenir les
créations d'emplois dans les zones d'aménagement du territoire.
Le chapitre budgétaire qui lui est consacré (chapitre 64-00)
s'intitule « aides à la localisation d'activités
créatrices d'emplois ».
Le projet de loi de finances pour 2002 propose, en ce qui concerne la PAT, une
enveloppe de 66,32 millions d'euros en autorisations de programme.
On rappellera que la PAT pouvait jusqu'à présent être
attribuée à tout projet d'entreprise industrielle créant
au minimum 20 emplois et investissant plus de 20 millions de francs
sur trois ans dans une zone d'aménagement du territoire. Pour les
extensions d'activités, le seuil d'éligibilité
était de 50 emplois, sauf si l'effectif du site augmentait de plus
de 50 %.
De 1992 à 1996, près de 4 milliards de francs ont
été attribués ainsi au titre de la PAT, permettant la
création de près de 97.000 emplois.
Sur la période 2000-2001, 223 dossiers ont été
retenus (17 rejetés) pour un montant total de 559 millions de
francs, permettant la création de quelques 20.000 emplois.
Au regard de l'attribution de la PAT, on relève que les secteurs les
plus concernés ont été, jusqu'à présent,
l'agro-alimentaire
,
l'automobile
et les
télécommunications
.
Les cinq régions qui ont compté le plus d'emplois
« primés » sont : la Bretagne, le
Languedoc-Roussillon, Provence-Alpes Côte d'Azur, Rhônes-Alpes et
la Lorraine.
Le 1
er
mars 2000, la Commission européenne a approuvé
une nouvelle
carte des aides à finalité régionale
couvrant 34 % de la population française (soit - 6 points par
rapport à la période précédente).
Cette décision communautaire a été mise en oeuvre par le
décret n° 2001-312 du 11 avril 2001 réformant
le régime de la PAT.
Les évolutions majeures sont notamment les suivantes :
- un abaissement des seuils d'éligibilité à la PAT
à 15 millions de francs d'investissement et 15 emplois ;
- un élargissement de l'éligibilité aux nouveaux
services aux entreprises jusqu'à présent fréquemment
internalisés, comme les centres d'appel, la logistique ou
l'informatique ;
- la possibilité de mobiliser la prime en dehors de la zone
« PAT industrie » pour les PME dans le cadre
d'activité de service rendu à l'industrie et pour les
sociétés non PME dans le cadre de programme de recherche et
développement ;
- l'obligation de maintenir cinq années l'investissement et
l'emploi aidé.
La carte du nouveau zonage figure ci-après :
CARTE COULEUR PAT 2000-2006
Lors de son audition devant la Commission des Affaires économiques le
24 octobre 2001, le ministre de l'aménagement du territoire et
de l'environnement a laissé en suspens au moins deux questions
posées par votre rapporteur pour avis.
La première concernait la situation des territoires exclus du nouveau
zonage PAT. Au lieu de répondre à cette question, le ministre a
préféré évoquer les diverses subventions dont les
conditions de versement sont jusqu'à présent indépendantes
du zonage (en particulier en ce qui concerne les aides régionales aux
petites et moyennes entreprises) ainsi que le zonage plus souple qui ne
relève pas de la PAT « industrie » (en l'occurrence,
la PAT tertiaire).
Il demeure que le nouveau zonage, mis en place en 2001 par les autorités
françaises à la suite d'une concertation qui fut largement
critiquée par votre commission, a débouché sur une carte
des aides à finalité régionale qui a fait passer la
proportion de population française bénéficiaire de 41
à 34 %.
Dès que cela sera possible, il importera de dresser un bilan de ce
« dézonage » notamment en terme d'emplois.
Comme l'année dernière, votre rapporteur pour avis a aussi
interrogé le ministre sur les conditions d'obtention des crédits
de la PAT de même que sur celles des fonds structurels européens.
On sait que les dossiers de demandes de primes sont instruits par la
délégation à l'aménagement du territoire et
à l'action régionale.
De nombreux membres de votre Commission se sont élevés contre la
lenteur et le manque de lisibilité des procédures imposées
pour l'obtention des primes. Certains ont même évoqué des
« stratifications bloquantes ». De fait,
Mme Dominique Voynet, avait reconnu, en 2000, que nombre de dossiers
acceptés faisaient l'objet de demandes de remboursement en raison du
non-respect des règles qui sont imposées.
Il conviendra là encore d'éclaircir une situation qui pourrait
devenir délicate à l'heure de l'élargissement de l'Europe
communautaire et de la remise en cause éventuelle du montant des fonds
européens affectés au développement du territoire
français.
CHAPITRE IV -
LES FONDS STRUCTURELS EUROPÉENS
Au
sommet de Berlin des 24 et 25 mars 1999 l'enveloppe globale pour les
aides régionales 2000-2006 a été fixée à
213 milliards d'euros dont 195 milliards au titre des fonds
structurels (y compris le soutien transitoire aux régions exclues du
nouveau zonage) et 18 milliards d'euros pour le fonds de cohésion
(Espagne, Grèce, Portugal et Irlande). On relève aussi :
-
objectif 1
(régions en retard de
développement) : 135,9 milliards d'euros soit 69,7 % des
fonds structurels ;
-
objectif 2
(régions en reconversion industrielle,
zones rurales, urbaines et de pêche) ; 22,5 milliards d'euros
soit 11,5 % de la dotation ; cet objectif couvrira 18 % de la
population de l'Union européenne ;
-
objectif 3
(actions en faveur de l'emploi) :
24,05 milliards d'euros soit 12,3 % des fonds structurels ;
-
pêche
: les actions menées en dehors des
régions objectif 1, seront financées par l'instrument
financier d'orientation de la pêche (IFOP) pour un montant de
1,1 milliard d'euros pour la période concernée.
Les quatre «
initiatives communautaires
»
bénéficieront d'un budget de 5,35 % des crédits des
fonds structurels réparti en
INTERREG
(coopération
transfrontalière, transnationale et interrégionale :
4.875 millions d'euros) ;
EQUAL
(coopération
transnationale pour combattre toute forme de discrimination et
d'inégalité sur le marché du travail :
2.847 millions d'euros) ;
LEADER
(développement
rural : 2.020 millions d'euros) ;
URBAN
(soutien aux
zones urbaines en difficulté) : 700 millions d'euros.
Au cours du Conseil européen du 21 juin 1999, il a
été décidé que pour la période 2000-2006,
les zones éligibles seront réduites d'environ 25 % par
rapport à la période 1994-1999 (avec dispositif transitoire
jusqu'en 2005). Sur les quatre fonds seuls le FEDER et pour partie le FEOGA
garantie feront l'objet de programmes régionalisés. Les autres
fonds feront principalement l'objet de programmes nationaux.
Ainsi, le FEOGA-Garantie destinée aux actions structurelles ne sera pas
« zoné » et fera l'objet d'un programme national.
Le FSE couvrira tout le territoire et fera, lui aussi, l'objet d'un
« document unique de programmation » (DOCUP) national.
L'IFOP couvrira l'ensemble des zones dépendantes de la pêche
définies par les Etats membres en accord avec la Commission
européenne et fera l'objet d'un docup national.
Le FEDER, en revanche, fera systématiquement l'objet de programmes
régionalisés.
Soulignons qu'au titre de la période 2000-2006, la France
bénéficiera des mesures suivantes :
-
objectif 1
: 3.254 millions d'euros pour les DOM
(soit 464,8 millions d'euros par an) contre 2.000 millions d'euros
pour la période 1994/1999 (soit 340 millions d'euros par an) ;
-
soutien transitoire (ex objectif 1)
: 570 millions
d'euros par la Corse et le Nord Pas-de-Calais (soit 81,5 millions d'euros
par an), contre 750 millions d'euros pour la période 1994-1999
(soit 125 millions d'euros par an) ;
-
objectif 2
: 5.642 millions d'euros et un plafond de
population éligible de 18.768.000 habitants (-24,3 % sur
1994-1999), (soit 806 millions d'euros par an) contre 6.320 millions
d'euros pour la période 1994/1999 (objectifs 2 et 5b) (soit
1.053 millions d'euros par an) ;
-
objectif 3 :
4.500 millions d'euros (soit
648 millions d'euros par an) contre 4.034 millions d'euros pour la
période 1994/1999 (soit 672 millions d'euros par an) ;
-
instrument de la pêche hors objectif 1
:
225 millions d'euros ;
-
soutien transitoire (ex objectif 2 et 5b)
:
620 millions d'euros.
Pour la période 2000-2006, l'ensemble de la population des
départements d'outre-mer français (DOM) est éligible
à
l'objectif 1
, soit 3 % de la population
française totale, répartie sur 14 % du territoire.
La Corse et le Hainaut, soit 2 % de la population totale et 2 % du
territoire, bénéficient du
soutien transitoire ex Objectif
1
.
32 % de la population française répartie sur 45 % du
territoire est désormais éligible au titre de l'Objectif 2.
CARTE
TERRITOIRE ELIGIBLE AUX PROGRAMMES REGIONAUX EUROPENNS
Si le « dézonage » PAT a réduit de six
points la proportion de population française concernée par la
carte des aides à finalité régionale, la réforme
des conditions d'attribution des fonds structurels européens a
réduit d'un quart la population éligible au nouvel objectif 2 qui
a remplacé les objectifs 2 et 5 B afin d'aider notamment les
régions en reconversion industrielle et les zones rurales et urbaines en
difficulté.
Il s'agira là encore de mesurer les effets de cette réforme dans
un contexte où la pérennité du nouveau dispositif n'est
d'ailleurs plus garantie dans les années futures qui verront l'Europe
s'élargir.
Dans la négociation qui s'engagera inévitablement, il conviendra
de garder à l'esprit les termes de l'article 87 § 3
du Traité sur l'Union Européenne. Ces dispositions
légitiment :
- «
les aides destinées à favoriser le
développement économique de régions dans lesquelles le
niveau de vie est anormalement bas ou dans lesquelles sévit un grave
sous-emploi
»...
- «
les aides destinées à faciliter le
développement de certaines activités ou de certaines
régions économiques, quand elles n'altèrent pas les
conditions des échanges dans une mesure nécessaire à
l'intérêt commun
. »
Par ailleurs, les critiques relatives à la lenteur et à la
complexité des procédures concernant la PAT paraissent pouvoir
être « amplifiées » en ce qui concerne les
fonds européens dont les dossiers sont instruits tout à la fois
au niveau des préfectures de régions et à celui de la
DATAR.
Les délais sont, à cet égard, tout à fait
« décourageants » et pénalisent, au premier
chef, les régions françaises les moins favorisées qui sont
contraintes de solliciter ces aides.
CHAPITRE V -
LES PAYS
Au
20 juillet 2001, plus de 280 pays étaient
constitués, en cours de constitution ou en projet.
104 « périmètres d'étude » de
pays et deux « périmètres définitifs »
ont reçu un avis conforme des CRADT au 31 juillet 2001.
Onze conférences régionales d'aménagement et de
développement du territoire se sont prononcées, en 2001, sur les
« périmètres » ainsi que le retrace le
tableau ci-dessous :
Bretagne : |
dix-neuf « périmètres d'étude » (dont cinq confirmations de « pays » issus de la loi « Pasqua ») |
Lorraine : |
dix « périmètres d'étude » (dont cinq confirmations) |
Bourgogne : |
onze « périmètres d'étude » (dont une confirmation) |
Aquitaine :. |
cinq « périmètres d'étude » + un périmètre définitif (pays basque) |
Franche-Comté : |
seize « périmètres d'étude » (dont une confirmation) ; |
Haute-Normandie : |
huit « périmètres d'étude » |
Alsace : |
six « périmètres d'études » (dont deux confirmations) |
Pays de la Loire : |
dix « périmètres d'étude » (dont deux confirmations) + 1 périmètre définitif (Ancenis) |
Midi-Pyrénées : |
sept « périmètres d'étude » (dont une confirmation) +1 périmètre définitif (Val d'Adour) |
Provence Alpes Côte d'Azur : |
quatre « périmètres d'étude » |
Champagne-Ardenne : |
huit « périmètres d'étude » |
D'ici la
fin de l'année entre 80 et 100 projets
« périmètres d'études »
supplémentaires devraient être examinés par les CRADT et
22 périmètres définitifs de pays reconnus
administrativement.
Quels enseignements peut-on tirer de l'analyse de ces
périmètres ? Même si l'affranchissement des limites
administratives départementales et régionales est encore
difficile, on relève l'existence de plusieurs
périmètres interdépartementaux
(Centre-Ouest-Bretagne, Belfort-Montbéliard, Puisaye-Forterre...) et
même interrégionaux (Val d'Adour, pays d'Olmes-Lavelanet, pays de
Redon, pays d'Alençon, pays de Bitche-Sarreguemines).
D'autre part, nombre de périmètres incluent des
agglomérations déjà constituées sous forme de
communautés d'agglomération ou de communautés urbaines
(
Bretagne
à travers les pays de Rennes, de Brest, de
Cornouailles, de Morlaix, de Vannes, de Saint-Malo, de Saint-Brieuc,
Bourgogne
avec le pays de Chalon/Saône et le pays de Nevers,
Franche-Comté
avec le pays de
Belfort-Montbéliard-Héricourt,
Aquitaine
avec le pays
basque,
Pays de la Loire
avec le pays des Mauges choletaises,
Alsace
avec le pays de Colmar).
Plusieurs « pays » se constituent autour
d'agglomérations moyennes, comme par exemple :
- en Basse-Normandie, avec les pays
« d'Alençon », du « Cotentin »
(Cherbourg) et du pays de « Caen » ;
- en Languedoc-Roussillon, avec les pays de Perpignan et de Nîmes.
Les pays de Cornouaille, de Vitré, du Centre-Ouest-Bretagne, de Vannes,
d'Auray en Bretagne, le Val de Lorraine, la Puisaye-Forterre en Bourgogne ou le
Val d'Adour en Aquitaine devraient voir leur périmètre
définitif bientôt reconnus.
Mais il reste qu'à ce jour, un seul contrat de pays a
été signé : le pays basque au mois de décembre
2000.
S'agissant du taux de couverture régional, on note que plusieurs
régions approcheront les 100 % :
- Bretagne ;
- Basse-Normandie ;
- Centre ;
- Poitou-Charentes ;
- Franche-Comté.
D'autres régions devraient être couvertes à plus de
50 % :
- Bourgogne ;
- Lorraine ;
- Pays de Loire ;
- Midi-Pyrénées ;
- Languedoc-Roussillon ;
- Haute-Normandie ;
- Alsace ;
- Picardie.
Quelques régions devraient avoir un taux de couverture situé
entre 30 % et 50 % :
- Aquitaine ;
- Nord-Pas-de-Calais ;
- Provence-Alpes-Côte d'Azur ;
- Auvergne ;
- Champagne-Ardenne ;
- Rhône-Alpes ;
- Limousin.
L'Ile-de-France, la Corse et les DOM, en revanche, restent peu concernés
par la démarche des « pays ».
Il convient de rappeler que dans le cadre de la loi
« Pasqua-Hoeffel » du 4 février 1995, une
centaine de pays avaient déjà été
« constatés » par les commissions
départementales de coopération intercommunale (CDCI).
S'étaient alors plus particulièrement manifestées les
régions du grand Ouest (cinq pays en Bretagne, vingt huit pays en
Poitou-Charentes, six pays en Pays de la Loire, neuf pays en
Basse-Normandie...) et la Picardie avec onze pays
« constatés ».
La région Centre s'est aussi montrée très favorable
à la formule : vingt sept pays constitués dont quinze
« constatés » par les commissions
départementales).
Depuis 1997, et plus particulièrement depuis la loi du
25 juin 1999, le Gouvernement a fait de la politique des
« pays » un des axes majeurs de sa politique
d'aménagement du territoire.
Cet affichage fait, d'ailleurs, quelque peu l'impasse sur le fait que le
« pays » a été consacré par la loi du
4 février 1995 dite loi
« Pasqua-Hoeffel ». Il s'agissait alors de
« constater » des réalités territoriales
fortes.
On ne peut s'empêcher de constater que le
« volontarisme » manifesté, depuis plusieurs
années, sur ce sujet n'a débouché que sur la signature
d'un seul contrat de « pays » dans les conditions retenues
par la loi de 1999.
Ainsi qu'il l'a signalé au ministre chargé de
l'aménagement du territoire, lors de son audition devant la Commission
des Affaires économiques le 24 octobre dernier, votre rapporteur
pour avis ne peut en outre que constater que le calendrier de mise en route des
« pays » est fort contrasté d'une région
à l'autre.
Une question paraît alors légitime : la formule retenue par
la loi du 25 juin 1999 ne fût-elle pas trop
« bureaucratique » suscitant ainsi des réticences
qu'un cadre juridique plus souple aurait évitées ?
CHAPITRE VI -
LES AGGLOMÉRATIONS
Le
contrat d'agglomération présente, on le sait, plusieurs
caractéristiques :
- la signature par l'Etat de la convention est subordonnée à
l'élaboration préalable d'un
projet d'agglomération
élaboré en référence à
l'aire urbaine
telle que définie par l'INSEE.
- projet et contrat d'agglomération doivent oeuvrer à
l'approfondissement de l'intercommunalité ;
- le projet d'agglomération doit dégager un programme de
développement commun, à travers la consultation d'un
« conseil de développement ».
La procédure doit obéir à un certain nombre de
principes :
- traduire sur la période du contrat une
« stratégie à moyen terme » visant à
rechercher l'intégration locale des logiques de développement
économique et de solidarité spatiale, ainsi que la prise en
compte du développement durable du territoire urbain
concerné ;
- décliner le projet d'agglomération en un certain nombre de
projets ciblés ;
- enfin, transposer ces options en financements pluriannuels engageant
chacun des partenaires signataire du contrat, collectivités
territoriales et Etat, et le cas échéant, Union Européenne.
Le contrat d'agglomération devra ainsi privilégier :
- la mise en oeuvre des
politiques de réseau
à
l'échelle adéquate : politique de transports en commun,
politiques de mise en réseau des entreprises et des services
publics ;
- la rationalisation des politiques publiques localisées :
politiques de l'habitat, politiques de zones d'activité, y compris
commerciales, schémas de transports ;
- la localisation « d'équipements de
centralité » ainsi que de pôles d'échanges
multimodaux pour le transport de personnes ou de marchandises ;
- la qualification de territoires à enjeux sociaux ou
économiques à l'échelle de l'agglomération ;
- la gestion économe des sols en privilégiant le
renouvellement urbain ;
- la prise en compte d'enjeux patrimoniaux assurant la préservation
des ressources naturelles.
Les projets d'agglomération feront l'objet d'un financement pluriannuel
par chacun des partenaires signataires du contrat, collectivités
locales, région, Etat et département. Ils pourront mobiliser les
crédits du volet territorial du contrat de plan Etat-région.
L'organisation du suivi et de l'évaluation des contrats
d'agglomération présentera un caractère obligatoire et les
modalités du pilotage et du suivi des projets inscrits seront
précisées dans le contrat.
A ce jour, deux contrats d'agglomération ont été
signés en décembre 2000 : Le Creusot/Montceau et
Bordeaux. D'autres « entités urbaines » ont d'ores
et déjà élaboré des programmes devant servir de
support à leur contrat d'agglomération (Dunkerque,
Montbéliard, Grenoble, Rennes) et pourraient signer leur contrat avant
la fin de l'année 2001.
Sans remettre en cause la nécessité de
l'intercommunalité, votre rapporteur pour avis ne peut que constater,
ici encore, que deux contrats d'agglomération seulement ont
été, à ce jour, signés dans les conditions
prévues par la loi du 25 juin 1999.
Il est assurément trop tôt pour juger de l'adéquation du
dispositif législatif mis en place par la loi Voynet avec les
réalités du terrain.
Au-delà d'un certain délai il conviendra de se pencher sur cette
question.
CHAPITRE VII -
LES CONTRATS DE PLAN ETAT-RÉGIONS
A. BILAN DE LA GÉNÉRATION DE CONTRATS DE PLAN 1994-1999
Le bilan
effectué à la fin du premier semestre 2000 montre qu'au
31 décembre 1999, les ministères avaient
délégué aux préfets 92,47 % du montant total
des contrats.
Douze ministères ou secteurs ont enregistré un taux de
délégation égal ou proche de 100 %
tels que
l'emploi et de la formation professionnelle, le FNADT, la ville, la justice, la
délégation aux rapatriés, la consommation et la
défense.
L'enseignement supérieur ont atteint 96,33 %, la recherche
95,92 %, l'environnement 96,50 %, l'artisanat 95,98 %, le
commerce 98,09 %.
Six ministères ou secteurs ont observé des taux de
délégation entre 90 et 95 %
: le commerce
extérieur, l'enseignement scolaire, le secrétariat d'Etat
à l'outre-mer, l'agriculture, la jeunesse et les sports et l'industrie.
Huit ministères ou secteurs se sont situés en dessous de
90 %
: la culture, l'équipement, la santé sociale
(84,26 %), commissariat général du plan (82,52 %),
affaires étrangères et la coopération.
Les bilans établis par les préfets, au cours du premier
semestre 2000, montrent que les
taux d'engagement
de la part Etat,
par région, au 31 décembre1999 sont retracés dans le
tableau ci-après.
Alsace |
86,5 % en crédits engagés |
Aquitaine |
78 % en crédits engagés |
Auvergne |
94,25 % en crédits engagés et subdélégués |
Bourgogne |
94,9 % en crédits attribués |
Bretagne |
77,60 % en crédits affectés |
Centre |
84,64 % en crédits engagés, subdélégués et affectés |
Champagne-Ardennes |
80,59 % en crédits engagés |
Corse |
79 % en crédits engagés |
Franche-Comté |
90,02 % en crédits affectés |
Ile-de-France |
95 % en crédits affectés |
Languedoc-Roussillon |
84,28 % en crédits engagés |
Limousin |
85 % en crédits engagés |
Lorraine |
89,21 % en crédits engagés |
Midi-Pyrénées |
93,56 % en crédits délégués et affectés |
Nord-Pas-de-Calais |
85,5% en crédits engagés |
Basse-Normandie |
83,56 % en crédits engagés |
Haute-Normandie |
76 % en crédits engagés |
Pays de la Loire |
84,1 % en crédits engagés |
Picardie |
91,80 % en crédits affectés ou engagés |
Poitou-Charentes |
90,17 % en crédits engagés |
Provence Alpes Côte d'Azur |
88 % en crédits engagés |
Rhône-Alpes |
91,6 % en crédits engagés et affectés |
Le taux moyen d'engagement en métropole a donc atteint 86,49 % |
Les chiffres définitifs des montants engagés par les régions seront recueillis à la fin de l'année 2001 lors du bilan ultime de l'exécution des contrats de plan Etat-régions 1994-1999.
B. LES CONTRATS DE PLAN ETAT-RÉGIONS 2000/2006
Votre
commission ne reviendra pas sur les conditions d'élaboration de la
nouvelle génération de contrats de plan. Il renvoie sur ce point
à l'avis qu'il a présenté l'année dernière.
On rappellera seulement que le CIADT du 23 juillet 1999 a
réparti une première enveloppe de 13,87 milliards d'euros
(91 milliards de francs) et qu'un second CIADT du 22 novembre de la
même année a arrêté une autre enveloppe de
2,94 milliards d'euros (19,3 milliards de francs).
Le Gouvernement souligne la
diminution des crédits affectés
aux infrastructures routières
et la place croissante des mesures en
faveur de l'emploi et de la solidarité.
On relève, en effet, que les « crédits
routiers » n'augmentent quasiment pas en valeur absolue
(+0,55 %) et que leur part relative, qui atteignait 32,5 % dans la
précédente génération de contrats de plan, diminue
d'environ 10% pour se fixer à 23,9 %. La part relative des autres
modes de transport atteint près de 15 % des contrats.
La part relative du ministère de l'équipement passe de 46 %
à 40,8 % tandis que les crédits du ministère de
l'environnement augmentent de 146 %.
La part relative des crédits de la ville passe de 4 à
7 % ; leur montant augmente, ainsi, de plus de 130 %.
Les dépenses du secteur santé augmentent de 16 %, celles de
l'emploi et de la formation de plus de 35 %.
Les crédits de la jeunesse et des sports augmentent de 430 %.
On signalera encore que les aides aux petites entreprises voient leur dotation
progresser de 124 %, que la dotation affectée au tourisme progresse
de 171 %.
Les crédits et l'industrie progressent de 17 %, ceux du commerce
extérieur de 75 %.
Le Gouvernement considère manifestement comme un succès le
fait d'avoir baissé de près de dix points la part relative des
crédits routiers dans la nouvelle génération de contrats
de plan. Il n'est pas question de revenir sur la priorité
accordée à l'intermodalité de même qu'à des
objectifs aussi légitimes que l'environnement, l'emploi, la
solidarité ou la politique de la ville.
Il reste que les dépenses effectuées dans le cadre de ces
contrats répondent à des besoins exprimés par des
régions et sont d'ailleurs financées pour moitié par
l'Etat et pour moitié par ces collectivités.
En conséquence, les orientations stratégiques de l'Etat doivent
être conciliées avec les demandes légitimes des
régions.
A cet égard, on ne peut que rappeler la place importante que le
développement d'infrastructures nouvelles, de même que l'entretien
du patrimoine routier existant, occupent dans les préoccupations des
collectivités territoriales.
CHAPITRE VIII -
LE FONDS NATIONAL D'AMÉNAGEMENT ET DE
DÉVELOPPEMENT DU TERRITOIRE (FNADT)
A. OBSERVATIONS GÉNÉRALES
Le FNADT
se compose de deux sections distinctes :
- la «
section générale
», dont
les crédits sont engagés au niveau central ou
délégués en application de décisions
ministérielles ;
- la «
section locale
», dont la gestion est
déconcentrée au niveau des préfets de
région
.
Dans cette section locale, une partie correspond aux engagements de l'Etat dans
le cadre des contrats de plan Etat-régions ; l'autre est
libre
d'emploi
.
Les crédits ouverts au titre du Fonds National d'Aménagement et
de Développement du Territoire sont inscrits sur un titre IV (chapitre
44.10), qui correspond aux dépenses dites d'intervention et un titre VI
(chapitre 65.00), qui correspond aux dépenses d'investissement.
Selon les termes du décret du 19 avril 1995, c'est le CIADT qui
assure la gestion du fonds national d'aménagement et du
développement du territoire, en définissant les orientations
relatives à l'emploi de ce fonds et en arrêtant les
décisions relatives à l'affectation des crédits de sa
section générale.
Pour l'affectation des crédits de cette section et la répartition
entre régions des dotations de la section locale, le CIADT peut se
réunir en formation spécialisée sous la présidence
d'un représentant du Premier ministre et en présence de
représentants des ministres membres de droit du CIADT ainsi que de
représentants des autres ministres concernés en raison des
décisions envisagées.
Le FNADT intervient dans trois domaines :
- les actions en faveur de l'emploi ;
- les actions concourant à améliorer l'attractivité
des territoires, en mettant en valeur leurs ressources et leur patrimoine
naturel et culturel ;
- les politiques innovantes ou expérimentales concernant le
développement de l'ingénierie de projet, les actions de
coopération inter-entreprises et l'amélioration des services
publics.
La section locale du FNADT répond, quant à elle, aux besoins
d'investissement et de fonctionnement liés à la montée en
puissance des
projets de pays
et
d'agglomération
.
La partie contractualisée de cette section, finançant les
contrats de plan Etat-régions, est consacrée aux contrats de pays
et d'agglomération et sert de contrepartie aux fonds structurels
européens qui, on le sait, ne financent un projet qu'en participation
avec des financements nationaux.
Les autres interventions contractualisées du FNADT se concentrent sur
les politiques de massif, les programmes de conversion, le développement
des nouvelles technologies de l'information et les opérations
interrégionales.
La partie libre d'emploi, dont disposent les préfets de région,
est plutôt orientée en direction des
mesures d'accompagnement
relatives à l'évolution des services publics
et des
projets d'aménagement et de développement durable
menés dans un cadre intercommunal.
Le développement rural, littoral et de massif est principalement
crédité par la section contractualisée (22 %).
B. LA RÉPARTITION GLOBALE DES CRÉDITS ENGAGÉS EN 2000
La répartition des crédits engagés en 2000, par section, par titre, par titre et par région et par section et par région, est retracée dans les quatre tableaux ci-après ( on signalera que les données communiquées à votre rapporteur pour avis, pour l'exercice 2000, l'ont été en francs ) :
RÉPARTITION PAR SECTION EN MONTANT DE CRÉDITS
(en millions de francs)
|
Nombre des opérations |
% |
Montant en francs |
% |
TOTAL dont |
3 056 |
100 % |
1 082,266 |
100 % |
section locale CPER 1994-1999 |
314 |
11 % |
33,510 |
3 % |
section locale CPER 2000-2006 |
1 205 |
39 % |
453,163 |
42 % |
section locale hors CPER |
333 |
11 % |
157,506 |
15 % |
section générale |
1 204 |
39 % |
440,649 |
40 % |
RÉPARTITION PAR TITRE EN MONTANT DE CRÉDITS
(en millions de francs)
|
CPER 1994-1999 |
% |
CPER
|
% |
Section locale hors CPER |
% |
Section générale |
% |
Toutes sections |
% |
TOTAL |
33,510 |
3 % |
453,163 |
42 % |
157,506 |
15 % |
440,649 |
40 % |
1 084,829 |
100 % |
IV |
6,641 |
20 % |
64,471 |
14 % |
5,819 |
4 % |
69,650 |
16 % |
146,584 |
14 % |
VI |
26,868 |
80 % |
388,691 |
86 % |
151,687 |
96 % |
370,998 |
84 % |
938,245 |
86 % |
RÉPARTITION DES CRÉDITS ENGAGÉS EN
2000
PAR TITRE ET PAR RÉGION
(millions de francs)
RÉGIONS |
TITRE IV |
TITRE VI |
TOTAL |
Alsace |
1,854 |
9,930 |
11,784 |
Aquitaine |
2,038 |
46,233 |
48,271 |
Auvergne |
5,608 |
18,626 |
24,235 |
Bourgogne |
1,251 |
19,390 |
20,642 |
Bretagne |
18,005 |
34,798 |
52,803 |
Centre |
3,757 |
15,016 |
18,774 |
Champagne Ardenne |
4,322 |
19,861 |
24,184 |
Corse |
5,082 |
22,329 |
27,411 |
Franche Comté |
3,544 |
37,514 |
41,059 |
Ile de France |
2,150 |
2,962 |
5,112 |
Languedoc Roussillon |
13,109 |
42,949 |
56,059 |
Limousin |
2,504 |
15,752 |
18,257 |
Lorraine |
10,582 |
43,309 |
53,891 |
Midi Pyrénées |
11,245 |
78,572 |
89,818 |
Nord Pas de Calais |
6,511 |
269,346 |
275,858 |
Basse Normandie |
4,871 |
25,310 |
30,181 |
Haute Normandie |
0,646 |
8,508 |
9,154 |
Pays de la Loire |
19,470 |
70,040 |
89,511 |
Picardie |
1,053 |
37,023 |
38,077 |
Poitou Charente |
6,303 |
20,943 |
27,246 |
Provence Alpes Côte d'Azur |
3,444 |
31,952 |
35,396 |
Rhône Alpes |
8,140 |
59,053 |
67,194 |
Guadeloupe |
2,163 |
0,451 |
2,614 |
Guyane |
0,440 |
0,000 |
0,440 |
Martinique |
0,000 |
0,365 |
0,365 |
Réunion |
8,480 |
7,999 |
16,480 |
TOTAL |
146,584 |
938,245 |
1 084,829 |
|
14 % |
86 % |
100 % |
RÉPARTITION DES CRÉDITS ENGAGÉS EN 2000
PAR
SECTION ET PAR RÉGION
(en millions de francs)
RÉGIONS |
Section locale CPER |
Section locale hors CPER |
Section générale |
TOTAL |
Alsace |
2,307 |
0,092 |
9,385 |
11,784 |
Aquitaine |
12,704 |
10,500 |
25,066 |
48,271 |
Auvergne |
7,460 |
2,732 |
14,043 |
24,235 |
Bourgogne |
14,677 |
3,314 |
2,830 |
20,642 |
Bretagne |
14,581 |
7,904 |
30,317 |
52,803 |
Centre |
1,978 |
9,775 |
7,020 |
18,774 |
Champagne Ardenne |
6,744 |
4,544 |
12,895 |
24,184 |
Corse |
14,679 |
4,220 |
8,511 |
27,411 |
Franche Comté |
3,151 |
5,607 |
32,300 |
41,059 |
Ile de France |
1,000 |
0 |
4,112 |
5,112 |
Languedoc Roussillon |
17,888 |
19,213 |
18,957 |
56,059 |
Limousin |
4,043 |
2,958 |
11,255 |
18,257 |
Lorraine |
33,573 |
2,833 |
17,485 |
53,891 |
Midi Pyrénées |
32,193 |
8,896 |
48,728 |
89,818 |
Nord Pas de Calais |
232,407 |
18,006 |
25,443 |
275,858 |
Basse Normandie |
7,774 |
2,092 |
20,315 |
30,181 |
Haute Normandie |
1,336 |
1,232 |
6,585 |
9,154 |
Pays de la Loire |
31,718 |
5,848 |
51,944 |
89,511 |
Picardie |
5,548 |
14,481 |
18,047 |
38,077 |
Poitou Charente |
8,438 |
4,250 |
14,558 |
27,246 |
Provence Alpes Côte d'Azur |
3,415 |
12,081 |
19,899 |
35,396 |
Rhône Alpes |
18,288 |
11,740 |
37,164 |
67,194 |
Guadeloupe |
0 |
0,451 |
2,163,229 |
2,614 |
Guyane |
0,440 |
0 |
0 |
0,440 |
Martinique |
0 |
0,365 |
0 |
0,365 |
Réunion |
10,322 |
4,542 |
1,615 |
16,480 |
TOTAL |
486,673 |
157,506 |
440,649 |
1 084,829 |
|
45 % |
15 % |
40 % |
100 % |
Les
programmes nationaux de l'Etat,
financés par la section
générale du FNADT, correspondent à des opérations
liées aux contrats de plan Etat-région ou ayant fait
spécifiquement l'objet d'un engagement de l'Etat.
Le tableau suivant détaille leur programmation en 2000 :
( en millions de francs)
Intitulé par région |
Échéance du programme |
IV |
VI |
|
Alsace |
Contrat triennal de Strasbourg |
2001 |
- |
9,75 |
Franche-Comté |
Besançon |
2001 |
0,3 |
6,15 |
Lorraine |
Pôle européen de Développement de Longwy |
2000 |
3,7 |
- |
Provence Alpes Côte d'Azur |
Euroméditerranée : Marseille |
2006 |
7,3 |
36,8 |
Provence Alpes Côte d'Azur |
Patrimoine antique |
2006 |
- |
4,62 |
Rhône-Alpes |
Etablissement public foncier Ouest Rhône-Alpes |
2001 |
3,5 |
- |
Alsace, Franche Comté, Bourgogne |
Saône Rhin |
2006 |
0,4 |
60 |
Conseil interministériel d'aménagement et de développement du territoire 15/12/97 |
Réseau de villes |
2001 |
3,1 |
20,2 |
Conseil interministériel d'aménagement et de développement du territoire 15/12/98 |
Divers |
2001 |
5,035 |
11,61 |
Conseil interministériel d'aménagement et de développement du territoire 15/05/00 |
Divers sites |
2006 |
5,85 |
166,4 |
Total Titre IV |
29,185 |
|||
Total Titre VI |
315,573 |
Le tableau ci-après retrace, quant à lui, l'activité du comité interministériel des aides à la localisation des activités depuis 1992, les ressources qu'il a mobilisées et les emplois qui ont été créés.
|
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
Dotation budgétaire (MF) (FAD entreprise) (1) |
50 |
82 |
105 |
50 |
20 |
20 |
20 |
20 |
20 |
Dotation budgétaire (MF) (FAD salarié) |
25 |
86 |
120 |
50 |
49 |
22 |
20 |
20 |
20 |
Dossiers acceptés |
55 |
66 |
63 |
50 |
46 |
22 |
11 |
15 |
17 |
Emplois primés |
3 000 |
3 700 |
2 649 |
2 493 |
3 060 |
1 445 |
548 |
880 |
1 887 |
Montant attribué (MF) sur FAD entreprise |
26 |
50 |
30 |
18 |
13 |
10,2 |
9,2 |
8,9 |
15,8 |
Montant attribué (MF) sur FAD salarié |
54 |
47 |
54 |
39 |
33 |
13,7 |
4,7 |
22,3 |
23,5 |
(1)
Fonds d'aide à la délocalisation
d'entreprises
On signalera que les dotations pour
la politique des massifs
ont
été reconduites en 2000.
On peut citer ici quelques programmes de la politique des massifs. Pour le
Massif des Vosges, une dizaine d'opérations a été
engagée dans le cadre du programme interrégional du massif
vosgien ainsi que pour des améliorations pastorales pour un montant
total de subventions de plus de 1 million de francs.
Le programme spécifique pour le Massif central a reçu plus de
5 millions de francs de subventions pour 35 opérations
engagées, dont beaucoup visent le développement économique
local par le biais de la promotion de produits locaux ou le
développement du tourisme rural.
Pour le Massif des Alpes, une vingtaine d'opérations a été
engagée par la région Rhône-Alpes pour un montant de
2 millions de francs sur le thème principal du tourisme et du
développement local.
Plus globalement,
le montant des crédits
délégués en 2000
a été de l'ordre de
1.900 millions de francs, soit une augmentation de près de
12 % par rapport à l'année 1999 au titre de laquelle
1.700 millions de francs avaient été
délégués. Le montant des crédits
délégués au titre de la section locale a augmenté
de près de 40 %, passant de 830 à 1.160 millions de
francs.
En revanche, le montant des crédits délégués au
titre de la section générale a baissé de 21 %,
passant de 937 à 738 millions de francs.
Sur l'ensemble des régions, le
montant global des crédits
engagés
en 2000 s'élève à
1.082,266 millions de francs.
L'investissement obtient près de 90 % des crédits
engagés. Si la section locale CPER représente encore 44 %
des crédits, elle est largement concurrencée par la section
générale qui atteint 40 % du total.
En 2000,
l'appui au développement économique
aura
été l'objectif prioritaire, auquel ont été
consacrés 46 % des crédits ; le développement
économique local est la principale branche subventionnée, avec
41 % des crédits, tandis que l'aide à la localisation
d'entreprises et la conversion économique n'en représentent que
5 %.
La
«
structuration du territoire »
représente le deuxième poste avec 29 % des crédits
engagés, ce qui représente une augmentation de 7 points par
rapport à 1999.
Il faut regretter une très forte diminution des crédits
alloués à
l'aménagement de l'espace, au
développement rural et littoral
et à la
politique des
massifs.
L'objectif
général de mise en valeur des
espaces n'a recueilli que 25 % des crédits, contre 40 % en
1999.
On relève que :
- la « structuration du territoire » est
subventionnée en très forte majorité par la section locale
CPER (84 %) ;
- l'aide au développement du territoire est subventionnée
pour moitié par la section générale et à
égalité par la section locale (25 % chacune) ;
- enfin, la mise en valeur des espaces est subventionnée pour la
moitié par la section générale ; la section locale
CPER subventionnent la rubrique à hauteur de 30 %.
S'agissant des
branches d'activité
subventionnées, on note
que seules les opérations consacrées au
tourisme
et aux
équipements
ont reçu plus de 10 % des crédits.
Depuis 1996, les équipements constituent la principale branche
d'activité subventionnée. La proportion des crédits FNADT
qu'ils représentent a atteint, en 2000, 36 %, contre 30 % en
1999 et 28 % en 1998.
Le tourisme est la deuxième branche d'activité soutenue, avec
13 % du total. On relève néanmoins une diminution de
4 points par rapport à 1999.
L'ensemble des autres branches a également
bénéficié de subventions, mais toutes ont recueilli moins
de 10 % des crédits.
L'agriculture est passée derrière l'industrie avec respectivement
5 et 7 %.
La santé et l'éducation ont été peu
subventionnées avec 1 % pour chacun.
Les collectivités locales, les établissements publics de
coopération intercommunale et les autres regroupements de
collectivités ont reçu plus de la moitié des subventions
(55 %).
Les
collectivités locales
sont, on le sait, les premières
bénéficiaires des subventions avec 42 % des crédits.
Les communes sont les plus favorisées avec 37 % de la
totalité, soit 9/10
ème
de la part dévolue
à l'ensemble des collectivités locales. La section locale CPER
subventionne la moitié des opérations dont elles sont les
bénéficiaires.
La part des financements consacrée aux
établissements publics
de coopération intercommunale
(EPCI) et aux autres
regroupements
de collectivités
a sensiblement augmentée en passant de 18
à 23 %.
Les
associations de type loi 1901
restent la troisième
catégorie de bénéficiaires avec 11 % des subventions
allouées.
On soulignera enfin que le FNADT finance en 2000, comme les années
précédentes, des projets de petite dimension (le budget moyen des
3.000 opérations subventionnées était de
1,37 million de francs) et que la part du FNADT dans le financement des
projets s'est élevée à 27 %.
Les principaux co-financeurs ont été, comme les années
précédente,s les collectivités locales (19 %) et
l'Union Européenne (10 %).
C. LES CRÉDITS PRÉVUS POUR 2002
Le
Gouvernement annonce pour 2002 des crédits d'un montant de
279,96 millions d'euros en dotations ordinaires + autorisations
de programme et de 210,30 millions d'euros en dotations
ordinaires + crédits de paiement.
Votre rapporteur avait indiqué l'année dernière que
l'affichage de ces dotations globales additionnant des crédits de nature
fort différente, voire des crédits et des autorisations
d'engagement de crédits sur une période pluriannuelle (ce que
sont les autorisations de programme), lui paraissait peu pertinent.
Il reste que la contribution du FNADT pour l'exécution de la nouvelle
génération des contrats de plan devrait être fixée
à 42,68 millions d'euros pour les crédits d'intervention
(titre IV) et 90,35 millions d'euros pour les crédits
d'investissement (titre VI).
Les crédits de paiement (CP) du FNADT (titre VI)
s'élèveront à 133,24 millions d'euros ce qui
représente une augmentation de 12 % par rapport à
l'année 2001. Cette évolution, pour le Gouvernement, traduit
la montée en puissance des contrats de plan Etat-région en
2002
.
CHAPITRE IX -
LE COMITÉ INTERMINISTÉRIEL
D'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE (CIADT) DU 9 JUILLET 2001
On
rappellera tout d'abord les grands thèmes abordés par les
précédents CIADT depuis la « mise en route »
de la politique d'aménagement du territoire annoncée par le
gouvernement issu du scrutin du printemps 1997 :
- CIADT du 15 décembre 1997 : redéfinition des
orientations de la politique d'aménagement du territoire ; adoption
des axes du projet qui allait devenir la loi du 25 juin 1999
d'aménagement et de développement durable du territoire ;
- CIADT du 15 décembre 1998 : définition des
orientations stratégiques pour les schémas de services
collectifs, les contrats de plan Etat-région et les programmes
européens ;
- CIADT du 23 juillet 1999 : décisions relatives aux
mandats de négociation adressés aux préfets pour les
contrats de plan ;
- réunion de ministres du 22 novembre 1999 :
approbation des mandats définitifs de négociation des contrats de
plan ;
- CIADT du 28 février 2000 : mesures en faveur du
littoral Atlantique, après la tempête et la marée
noire ;
- CIADT du 18 mai 2000 : poursuite des travaux sur les
schémas de services collectifs ; clôture de la
négociation des contrats de plan Etat-région et cadrage des
avenants tempête et marée noire ;
- réunion de ministres de novembre 2000 : approbation des
projets de schémas de services collectifs avant consultation des
régions.
Le
CIADT du 9 juillet 2001
qui s'est tenu à
Limoges
a tout d'abord adopté la version définitive des
schémas de services collectifs.
Il a ensuite retenu un ensemble de mesures concernant la
«
société de l'information
». On
relève ainsi :
- l'achèvement d'ici trois ans de la
couverture territoriale en
téléphonie mobile
;
- la mise en place d'un dispositif de soutien public à
l'investissement des collectivités locales en matière de
réseaux à haut débit. Ont été
mobilisés 1,5 milliard de francs d'aides en fonds propres et
10 milliards de francs en prêts à taux
préférentiel de la caisse des dépôts et
consignations ;
- l'amélioration de la desserte « haut
débit » des établissements supérieurs et de
recherche ;
- la création de 400 « espaces publics
numériques » de proximité ;
- la mise en place d'un réseau national d'écoles de
l'internet, avec la création de trois écoles nouvelles
à Marseille, Bourges et Roubaix-Tourcoing.
S'agissant de
la politique d'implantation des emplois publics
, a
été décidé le transfert hors de Paris de
treize organismes totalisant environ 4.900 emplois.
En ce qui concerne
la politique de maintien des services publics sur le
territoire
, un « appel à projet », doté
de 10 millions de francs, a été lancé pour soutenir
les maisons de services publics les plus « innovantes ».
Le Gouvernement encourage également :
- la création, d'ici fin 2001, de trente nouvelles maisons de
la justice et du droit ;
- la création de services qui rassembleront dans un même lieu
les différents services offerts par le ministère de
l'économie, des finances et de l'industrie ;
- la lancement, par le ministère de l'emploi et de la
solidarité, de « maisons de la solidarité »
regroupant les services d'aide à l'emploi et les services à
caractère social.
S'agissant de
l'accompagnement des mutations économiques
, le
CIADT a mis en place des mesure destinées à soutenir les bassins
d'emploi les plus touchés par les crises industrielles :
- appui à l'innovation technologique ;
- renforcement des programmes de formation professionnelle menés
par les entreprises ;
- renforcement du rôle des comités de bassin d'emploi ;
- adaptation des moyens de l'Etat en matière d'accompagnement des
mutations industrielles.
Le CIADT a encore retenu des programmes d'action dans quatre bassins de
conversion : Cambresis/Sambre-Avesnois/Valenciennois, Sabris-Vierzon,
Tarbes et Carcassonnais, pour un engagement total de l'Etat de
325 millions de francs sur trois ans.
Enfin, un programme de modernisation des équipements du tourisme social
et associatif devrait faire l'objet d'une enveloppe de 240 millions de
francs sur la période 2001-2006.
S'agissant des
espaces agricoles
, le CIADT a décidé :
. un programme de réorientation des filières agricoles et
agro-alimentaires en Bretagne au service d'un développement
économique plus pérenne et plus respectueux de
l'environnement ;
. des actions en faveur de la filière bovine ;
. des orientations en faveur de la protection de l'agriculture dans les
zones péri-urbaines.
S'agissant de la
politique du littoral
, le CIADT a
décidé :
. la réforme des outils et des modes d'intervention de l'Etat sur
le littoral, en relançant l'élaboration de schémas de mise
en valeur de la mer (SNVM) et en engageant une réforme en profondeur du
Conservatoire du Littoral ;
. la création de deux missions d'aménagement sur les
façades maritimes du Languedoc-Roussillon et de l'Aquitaine ;
. le renforcement des capacités d'étude, d'observation et de
prospective, notamment dans le cadre de la commission du littoral
créée au sein du CNADT.
Diverses mesures territoriales ont également été prises en
faveur de l'estuaire de la Gironde, de la Baie de la Somme, de la Camargue, de
l'étang de Berre et du Mont-Saint-Michel.
Un parc national marin devrait être également créé
en mer d'Iroise.
Enfin, pour la prévention des inondations, le CIADT a approuvé
deux programmes prioritaires en faveur de la Bretagne et de la Somme qui
porteront sur un montant total de près d'un million de francs,
financé à hauteur de 520 millions de francs par des
crédits de l'Etat et des crédits européens.
*
* *
Avec un
budget qui reste, depuis plusieurs années, de l'ordre de
0,28 milliards d'euros (1,8 milliard de francs), l'aménagement
du territoire ne constitue manifestement pas la priorité essentielle du
Gouvernement.
Quelles que soient les déclarations ou intentions affichées, il
reste que le
grand élan
manifesté par les auteurs de la
loi du 4 février 1995 d'aménagement et de
développement du territoire, n'a pas été mis à
profit pour relancer une vraie politique de
rééquilibrage
entre les différentes parties de notre territoire en privilégiant
notamment les zones qui connaissent le plus de difficultés
Peu pourvue en moyens budgétaires, la nouvelle politique
d'aménagement du territoire s'est essentiellement articulée
autour des
schémas
de services collectifs
ainsi que de la
politique des
pays
et des
agglomérations
.
S'agissant des schémas, le résultat, on l'a vu, a
été
décevant
, en laissant sans réponse des
questions pourtant majeures telles que l'insertion intelligente du territoire
français dans l'ensemble européen.
La politique visant à la création de pays et
d'agglomérations autour de contrats supervisés par l'Etat (et
donc peut-être un peu formalistes et contraignants) n'a pas,
jusqu'à présent, donné de résultats tout à
fait
probants
.
Il conviendra d'être
vigilant
sur ce dossier majeur, car il
conditionne le succès d'une
recomposition territoriale
dont
chacun reconnaît la nécessité.
Votre commission vous propose d'émettre un avis défavorable
à l'adoption des crédits de l'aménagement du territoire
inscrits dans le projet de loi de finances pour 2002.
EXAMEN EN COMMISSION
Dans sa
séance du mercredi 7 novembre 2001, la Commission des Affaires
économiques a examiné le rapport pour avis de M. Jean
Pépin sur les crédits consacrés à
l'aménagement du territoire dans le projet de loi de finances pour 2002.
M. Gérard Larcher, président, a insisté sur la grande
déception de tous ceux qui s'étaient mobilisés pour la
relance d'une grande politique de l'aménagement du territoire au milieu
des années 1990.
M. Michel Bécot s'est inquiété de la baisse de
26,4 % des crédits d'intervention du titre IV, avant de
souligner que les carences de l'Etat obligeaient nombre de collectivités
territoriales à devenir maîtres d'ouvrage sur le réseau
routier national. Il a enfin déploré la réduction du
zonage de la prime d'aménagement du territoire.
M. Patrick Lassourd a vivement dénoncé ce qu'il a
appelé « l'opacité totale » de la politique
gouvernementale d'aménagement du territoire. A titre d'exemple, il a
cité la réforme du zonage de la « PAT » (qui
conduit à proposer des « PAT tertiaire » à
des zones rurales qui n'en ont nul besoin), l'instruction centralisée
à la DATAR des demandes relatives aux fonds structurels
européens, de même que la trop grande complexité
administrative de la procédure des « pays ».
M. Gérard Delfau a lui aussi regretté la lenteur des
délais d'instruction et de paiement des dossiers de demandes de primes.
Après avoir estimé que la nouvelle structure que constitue le
« pays » peinait à trouver son équilibre, il
a déploré que, contrairement à la loi, les communes soient
parfois évincées de la concertation devant déboucher sur
la création de ces espaces de projets.
En réponse, M. Jean Pépin, rapporteur pour avis, a notamment
apporté les précisions suivantes :
- seuls les crédits d'intervention issus du fonds national et de
développement du territoire et affectés aux contrats de plan
Etat-régions, enregistreront en 2002 une baisse de plus d'un
quart ;
- la hausse des crédits « PAT » pour 2002 ne
doit pas faire oublier que cette dotation avait connu une forte baisse en
2001 ;
- les difficultés que rencontre la politique d'aménagement
du territoire sont sans doute dues au fait que le ministère qui traite
ce grand dossier est aussi celui de l'environnement ;
- la France est le seul pays d'Europe où la distribution des fonds
structurels européens passe par une structure d'instruction
centralisée qui applique, au demeurant, des règles souvent
« draconiennes » ; dans certains cas, la
difficulté d'obtenir la dernière tranche d'un financement suscite
une demande de remboursement de la totalité de la subvention
accordée.
M. Jean-Marc Pastor a jugé excessives les critiques émises
par le rapporteur pour avis sur la politique gouvernementale
d'aménagement du territoire. Après avoir indiqué que la
baisse apparente de certaines dotations s'expliquait souvent par des reports de
crédits, il a indiqué que des contentieux judiciaires pouvaient
retarder de nombreux projets, tels que les programmes routiers. Il a ensuite
estimé que la procédure d'adoption des schémas de services
collectifs s'était inscrite dans les procédures parlementaires
habituelles de la Ve république.
Après avoir noté avec satisfaction la régionalisation de
la gestion des dossiers relatifs au fonds européen, il a relevé
qu'en région Midi-Pyrénées, vingt-trois avant-projets de
« pays » avaient été approuvés par la
dernière conférence régionale d'administration et de
développement du territoire.
M. Gérard Bailly a fait observer que l'obtention des crédits
issus des contrats de plan ou des fonds européens exigeait souvent des
collectivités territoriales qu'elles souscrivent des
« conventions d'objectifs » ou des « chartes de
développements ». Il a insisté sur les
difficultés rencontrées pour mettre en place les
« conseils de développement » des
« pays », ceux-ci constituant pas moins désormais un
« passage obligé » pour les subventions.
Evoquant enfin le problème du financement des routes nationales,
M. Gérard Bailly a estimé que l'Etat ne finançait
plus qu'un pourcentage compris entre 25 et 40 % des dépenses.
M. Jean-Paul Emorine a jugé que les conseils généraux
étaient insuffisamment informés de la nature et des conditions
d'attribution des fonds structurels européens.
Après avoir observé que de très nombreux
« périmètres d'études » de
« pays » avaient d'ores et déjà
été élaborés, il a considéré que les
décisions sur le sujet devraient relever des structures intercommunales.
M. Gérard Larcher, président, a souligné que la
« mécanique de blocage » concernant les
« pays » avait d'emblée été
identifiée au Sénat lors de l'examen de la loi du
25 juin 1999 d'aménagement et de développement durable
du territoire.
Il a ensuite rappelé que la décision de ne pas soumettre les
schémas de services au débat parlementaire avait
été prise par la ministre en charge du dossier, suivie en cela
par la majorité de l'Assemblée nationale. Il a, enfin, fait
observer que la lenteur des procédures et des délais de paiement
concernant les fonds européens pénalisait tout
particulièrement les régions pauvres.
Après l'intervention de M. François Gerbaud qui a
regretté que les conseils de développement des
« pays » ne soient pas systématiquement
présidés par un élu, M. Jean Pépin, rapporteur
pour avis, a insisté sur le déficit de démocratie que
constituait, à ses yeux, le fait, pour le Parlement, de devoir souvent
statuer en urgence sur de grands sujets de société. Il a ensuite
plaidé pour que tout le territoire français
bénéficie, en ce qui concerne les différentes
procédures d'aide, d'un égal traitement.
Sur la proposition de M. Jean Pépin, rapporteur pour avis, la Commission
des Affaires économiques a décidé de donner un avis
défavorable à l'adoption des crédits consacrés
à l'aménagement du territoire dans le projet de loi de finances
pour 2002, les groupes socialiste et communiste républicain et citoyen,
ainsi que M. Gérard Delfau (RDSE) se prononçant, quant à
eux, en faveur de cette adoption.