I. LES MOYENS FINANCIERS DE LA POLITIQUE DE LA JEUNESSE ET DES SPORTS EN 2002
Les
moyens affectés à la politique de la jeunesse et des sports
connaissent, dans le projet de budget pour 2002, une croissance
modérée, légèrement supérieure à
celle du budget de l'Etat, et doublée d'un discret étoffement des
effectifs du ministère.
Le budget du ministère n'occupe cependant qu'un poids marginal au sein
des dépenses de l'Etat, puisqu'il ne représente que 0,2 % du
budget général.
Ces moyens budgétaires peuvent apparaître bien modestes au regard
de l'importance des enjeux auxquels se rattache la politique de la jeunesse et
des sports, qu'il s'agisse du rôle fondamental qu'elle peut jouer en
faveur de la cohésion sociale ou du poids croissant de l'économie
du sport. La pertinence de leur emploi n'en est que plus indispensable.
A. LA PROGRESSION DISCRÈTE DES CRÉDITS DU MINISTÈRE
Les
crédits consacrés par le projet de loi de finances pour 2002 au
budget du ministère de la jeunesse et des sports s'élèvent
à 538,7 millions d'euros (un peu plus de 3,5 milliards de
francs), en hausse de 3,08 % par rapport à la loi de finances pour
2001.
Cette progression, autour de laquelle se polarisent trop souvent les
débats budgétaires, s'élève même à
3,14 % si, pour être parfaitement précis, on corrige l'effet
de deux transferts de crédits exceptionnels :
- le premier, d'un montant de 197 000 euros (1,3 millions
de francs), est opéré au profit de la dotation
générale de décentralisation de la collectivité
territoriale de Corse, en contrepartie des compétences que le nouveau
projet de statut, actuellement en cours de discussion, envisage de
transférer à cette dernière ;
- le second résulte du transfert de deux emplois à la
mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie
-la MILDT- et porte sur 93 500 euros, (un peu plus de
600 000 francs).
Une analyse détaillée des grandes masses du projet de budget met
en relief les évolutions suivantes :
1. La prédominance croissante des dépenses ordinaires
Le
budget du ministère de la jeunesse et des sports est traditionnellement
marqué par l'écrasante prédominance des dépenses
ordinaires des titres III et IV sur les dépenses en capital inscrites
aux titre V et VI.
Avec une progression de 3,4 % des dépenses ordinaires et une
diminution de 16,5 % des investissements, le projet de budget pour 2002
vient accentuer cette tendance déjà sensible dans les budgets
précédents.
Ainsi, les titres III et IV qui représentent respectivement 60,5 %
et 38 % des crédits constituent-ils désormais à eux
seuls la quasi-totalité de l'enveloppe budgétaire du
ministère, les crédits d'investissement ne pesant plus, titre V
et VI confondus, qu'à peine 1,5 % .
a) Les moyens des services
Les
moyens des services, inscrits au titre III, s'élèvent dans le
projet de budget pour 2002, à 327,5 millions d'euros (un peu plus
de 2 150 millions de francs) en hausse de 4,2 % par rapport
à 2001.
Les dépenses de personnel
, qui se montent (traitements et charges
sociales confondus) à 268,6 millions d'euros
(1 762 millions de francs) en constituent la plus grande partie.
Elles connaissent une progression de 2,75 % avec un peu plus de
7 millions d'euros supplémentaires (un peu moins de
50 millions de francs).
Une partie des moyens nouveaux est consacrée à des
créations ou des transformations d'emploi, parmi lesquelles on retiendra
plus particulièrement :
- la
création
, pour 0,5 million d'euros, de
16 emplois
affectés principalement dans les services
déconcentrés et dans les établissements dépendant
du ministère ; celle-ci est toutefois compensée, en partie,
par la
suppression nette de 7 emplois
de chargés d'enseignement
d'éducation physique et sportive (CEEPS -un corps en voie d'extinction)
pour un montant de 0,3 millions d'euros, et par la
suppression de 5
emplois
budgétaires correspondant à la transformation du
laboratoire national de dépistage du dopage en établissement
public (0,16 millions d'euros).
-
la création de 5 contrats de préparation olympique et
de haut niveau
, portant leur effectif à 403 pour 0,25 millions
d'euros.
Une proportion très significative de l'augmentation des crédits
de personnel trouve son origine dans
l'extension en année pleine de
mesures de transformations d'emplois
entrées en vigueur en septembre
2001 et qui représentent à elles seules,
4 millions
d'euros.
Les dépenses de fonctionnement
s'élèvent à
près de 59 millions d'euros (près de 390 millions de
francs) en progression de 11,8 %. Cette très forte hausse
résulte, en partie, de la
transformation du laboratoire national de
dépistage du dopage
qui, de groupement d'intérêt public
devient établissement public administratif.
Ce changement de statut se traduit par une mesure nouvelle de
4 millions d'euros
, correspondant à la création de
38 emplois non budgétaires et à l'inscription des moyens de
fonctionnement. Elle résulte cependant, pour l'essentiel d'un
double
transfert
: la suppression, précédemment
évoquée, des 5 emplois précédemment mis
à disposition au laboratoire, et plus encore, celle de la subvention de
3,4 millions d'euros, jusqu'alors imputée sur le titre IV.
Hors cette opération, la progression des crédits de
fonctionnement s'élève à 5,3 %, sous l'effet d'une
série de mesures relatives à la mise en oeuvre du projet
informatique ACCORD (760 000 euros), au musée national du
sport (450 000 euros), à des actions en faveur du sport
féminin ou du sport en entreprise (200 000 euros) ou encore au
fonctionnement du conseil de la jeunesse (150 000 euros). Les
établissements publics bénéficient également d'un
renforcement des moyens qu'ils consacrent à la formation initiale
conduisant aux qualification jeunesse et sport (520 000 euros).
b) Les crédits d'intervention
Inscrits
au titre IV, ils dépassent 203 millions d'euros (plus de
1,3 millions de francs). Ils connaissent une progression apparente de
2,15 % qui, hors transfert des crédits du laboratoire national de
dépistage du dopage, s'établirait à 3,88 %.
Il se répartit entre deux chapitres qui correspondent chacun à un
des deux grands domaines d'intervention du ministère.
• Le chapitre 43-90 intitulé « Jeunesse et vie associative » est doté de 114 millions d'euros, en hausse de 4,8 % par rapport à 2001.
Les
moyens supplémentaires inscrits sur ce chapitre
bénéficient notamment aux conseils locaux de la jeunesse
(1,5 million d'euros), au renforcement du réseau d'information
jeunesse (0,76 million d'euros), à la mise en place de nouveaux
« points cyb espaces jeunes numériques »
(2,9 millions d'euros), à la création de 50 postes
supplémentaires FONJEP (Fonds de coopération de la jeunesse et de
l'éducation populaire) (0,8 million d'euros) et au
développement des contrats éducatifs locaux (1 million
d'euros).
• Le
chapitre 43-91
, intitulé
« sport de haut
niveau et développement de la pratique sportive »
est
doté de 89,5 millions d'euros contre 90,4 en 2001. Hors
transfert des crédits bénéficiant au laboratoire national
de dépistage de dopage, il présente une progression de 2,7 %
C'est sur ce chapitre que sont inscrits, notamment, les crédits
afférents aux jeux olympiques et aux grandes manifestations sportives,
qui passent de 18,6 à 23 millions d'euros en 2002. Le montant de la
contribution de l'Etat à l'organisation des
championnats du monde
d'athlétisme
de 2003
(6,5 millions d'euros) et des
crédits consacrés à la préparation
des jeux de
Salt Lake City
(3,35 millions d'euros) sont, en partie
compensés par la non-reconduction de 5 millions d'euros de mesures
prises en 2001.
Le soutien apporté par le ministère au développement du
suivi médical des sportifs
inscrits dans les filières
d'accès au sport de haut niveau, contribue, à hauteur de
3 millions d'euros, à cette hausse des crédits.
Le soutien à la féminisation de la pratique sportive et le
développement de la pratique sportive en entreprise
bénéficient à hauteur de 1 million d'euros d'un
renforcement de leurs moyens.
2. La sous-consommation des crédits d'investissement
Les
crédits d'investissement n'occupent qu'une place marginale dans le
budget du ministère de la jeunesse et des sports, et voient leur place
se réduire encore dans le projet de budget pour 2002.
Les
investissements exécutés par l'Etat
, regroupés
dans le titre V, s'établissent en crédits de paiement à
2,7 millions d'euros, contre 3,5 millions d'euros en 2001 soit une
baisse de 24 %
.
Les
subventions d'investissement
accordées par l'Etat inscrites
au titre VI sont ramenées de 5,8 millions d'euros en 2001 à
5,1 millions d'euros en 2002, soit une
baisse de 12 %.
Dans la réponse écrite qu'il a fournie à votre rapporteur,
le ministère estime que cette réduction des crédits de
paiement est une simple mesure technique, résultant du volume important
des crédits reportés des années précédentes,
et qu'elle ne devrait pas affecter la couverture des autorisations de programme.
Votre rapporteur relève en effet que si les crédits
afférents aux dépenses ordinaires ont été, au cours
des derniers exercices, presque intégralement consommés, le
ministère semble, en revanche, rencontres des
difficultés dans
l'utilisation de ses crédits de paiements
, entraînant des
reports importants
d'une année sur l'autre.
Ainsi, alors que le montant des
crédits de paiement
ouverts
par la loi de finances pour 2000 sur le titre V s'élevait
à
44,50 millions de francs
, le montant des
crédits
disponibles
s'est, en réalité, élevé à
plus de
124 millions
de francs
sous l'effet des reports de
1999 sur 2000 (56,7 millions de francs) et à la marge, des
crédits inscrits en loi de finances rectificatives (3,4 millions
de francs).
Au 31 décembre 2000, le montant des
crédits de paiement
consommés
s'est élevé à
62,3 millions
de francs
et le
disponible à reporter
s'est
élevé à
61,7 millions de francs
.
Le
titre VI
connaît une situation à peine moins
déséquilibrée : le montant des
crédits
ouverts
en loi de finances pour 2000 s'établirait à
54,5 millions de francs
, et le montant des
crédits
disponibles
ne s'est élevé qu'à
76,25 millions
de francs
, en tenant compte du contrat de gestion passé avec le
ministère des finances qui a annulé la moitié des
41 millions de francs non consommés en 1999. En fin d'exercice
2000, le ministère n'avait consommé que 30,5 millions de
francs, laissant un
solde disponible
à reporter de
45,75 millions de francs
.
Votre rapporteur ne juge pas saine une situation qui conduit le
ministère à disposer
d'enveloppes budgétaires qui, par
le jeu des reports, peuvent représenter le double ou le triple des
enveloppes budgétaires votées par le Parlement.
Il regrette que le ministère ne parvienne à consommer, dans des
conditions de délais satisfaisantes, de enveloppes budgétaires
qui sont, qui plus est, en constante diminution.
Il relève que ces difficultés de gestion contribuent encore
à aggraver la diminution des crédits d'investissement inscrits au
budget du ministère, dans la mesure où elles incitent
le
ministère de l'économie, des finances, et du budget à
annuler
une proportion croissante des crédits
qui n'ont pas
été consommés.
Le
contrat de gestion
conclu en 2000
portait sur
140 millions de
francs
, sur lesquels 0,5 million de
francs ont été répartis, et 4,8 millions de francs,
d'abord mis en réserve ont ensuite été annulés.
Le
contrat de gestion conclu en 2001
porte en revanche sur
225 millions de francs
, sur lesquels seuls 135 millions de
francs ont été reportés, 50 millions de francs
étant immédiatement annulés, et 40 autres mis en
réserve en vue d'une possible annulation.
Même si le financement des investissements sportifs relève, de
plus en plus, du Fonds national pour le développement du sport (FNDS),
votre rapporteur estime que la situation des crédits de paiements
inscrits au budget du ministère doit être
rééquilibrée et assainie.
3. Une approche nouvelle : les indicateurs de coût
Jusqu'à l'année dernière, le ministre de
la
jeunesse et des sports présentait une répartition de ses
crédits entre trois agrégats : « Jeunesse et
éducation populaire », « sport » et
« administration générale ». Cette
répartition n'était pas totalement satisfaisante, et la
présentation du budget pour 2002 lui substitue une approche par
« indicateur de coûts » qui anticipe sur la
réforme résultant de l'adoption de la loi organique du
1
er
août 2001 relative aux lois de finances.
Un premier indicateur mesure l'évolution des effectifs au
31 décembre. Ses données sont retracés dans le
tableau suivant :
INDICATEUR DE COÛTS : EFFECTIFS AU 31 DÉCEMBRE
Composantes de l'agrégat |
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
Jeunesse et éducation populaire |
733 |
741 |
742 |
742 |
Sport |
3 239 |
3 231 |
3 247 |
3 264 |
Dont protection des sportifs et sécurité |
|
22 |
24 |
24 |
Dont sport de haut niveau et grands événements sportifs |
797 |
794 |
817 |
864 |
Non ventilé |
2 442 |
2 415 |
2 406 |
2 376 |
Fonctions non ventilées |
3 152 |
3 198 |
3 341 |
3 369 |
Dont qualifications et formation professionnelle |
1 317 |
1 323 |
1 355 |
1 367 |
Dont fonctions support |
1 835 |
1 875 |
1 986 |
2 002 |
TOTAL |
7 124 |
7 170 |
7 330 |
7 375 |
Un second tableau indicateur mesure l'évolution des dépenses budgétaires hors personnel (en million d'euros).
INDICATEUR DE COÛTS : DÉPENSES BUDGÉTAIRES HORS PERSONNEL (MILLIONS D'EUROS)
Composantes de l'agrégat |
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
Evolution 1999/2002 |
Jeunesse et éducation populaire |
85 |
96 |
106 |
109 |
28 % |
Dont participation des jeunes à la vie sociale |
13 |
18 |
20 |
21 |
61 % |
Dont soutien au tissu associatif et éducation populaire |
33 |
32 |
35 |
36 |
9 % |
Dont accès aux pratiques de loisirs et protection des mineurs |
38 |
45 |
50 |
51 |
34 % |
Non ventilé |
1 |
1 |
1 |
1 |
- |
Sport |
64 |
84 |
93 |
95 |
48,4 % |
Dont dimension sociale du sport |
39 |
40 |
45 |
39 |
- |
Dont protection des sportifs et sécurité |
8 |
12 |
18 |
22 |
175 % |
Dont sport de haut niveau et grands événements sportifs |
17 |
32 |
29 |
34 |
100 % |
Non ventilé |
- |
- |
1 |
|
|
Fonctions non ventilées |
54 |
61 |
58 |
61 |
13 % |
Dont qualifications et formation professionnelle |
14 |
17 |
19 |
21 |
50 % |
Dont fonctions support |
40 |
44 |
39 |
40 |
- |
TOTAL |
203 |
241 |
256 |
265 |
30,5 % |
L'analyse de ce tableau montre que la progression des
crédits, hors dépenses de personnel, du ministère a
bénéficié dans une beaucoup plus forte proportion au
secteur du sport qu'à celui de l'éducation populaire.
Au sein du secteur
«
jeunesse et éducation
populaire
»,
le sous-secteur
« participation des
jeunes à vie sociale »
dont relèvent des
initiatives comme les « conseils de la jeunesse » a
bénéficié d'une priorité beaucoup plus forte
(+68 %) que le
« soutien au tissu associatif »
(+ 9 % ) qui, dans l'esprit de votre rapporteur aurait
mérité un appui beaucoup plus prononcé.
Au sein du secteur «
sport
», il est
significatif que toute l'attention aura été portée
à la
« protection des sportifs »
qui,
à travers la lutte contre le dopage, a constitué une des
priorités phares de l'action de la ministre, ainsi qu'au
« sport de haut niveau et aux grands événements
sportifs »
qui n'ont certes pas manqué ces
dernières années,
au détriment de la dimension sociale
du sport dont les enveloppes budgétaires ont stagné
.
Le troisième indicateur, qui retrace l'évolution et la
répartition des dépenses totales (en millions d'euros), confirme
cette analyse.
INDICATEUR DE COÛTS : DÉPENSES
BUDGÉTAIRES
TOTALES (MILLIONS D'EUROS)
Composantes de l'agrégat |
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
Évolution 1999/2002 En % |
Jeunesse et éducation populaire |
111 |
123 |
133 |
137 |
23,4 % |
Dont participation des jeunes à la vie sociale |
13 |
18 |
20 |
21 |
61 % |
Dont soutien au tissu associatif et éducation populaire |
33 |
32 |
35 |
36 |
9 % |
Dont accès aux pratiques de loisirs et protection des mineurs |
38 |
45 |
50 |
51 |
34 % |
Non ventilé |
27 |
28 |
28 |
29 |
7,4 % |
Sport |
189 |
210 |
226 |
229 |
21 % |
Dont dimension sociale du sport |
39 |
40 |
45 |
39 |
- |
Dont protection des sportifs et sécurité |
8 |
12 |
20 |
23 |
187 % |
Dont sport de haut niveau et grands événements sportifs |
42 |
58 |
56 |
61 |
45 % |
Non ventilé |
100 |
100 |
105 |
106 |
6 % |
Fonctions non ventilées |
151 |
161 |
164 |
173 |
14,5 % |
Dont qualifications et formation professionnelle |
53 |
56 |
61 |
64 |
21 % |
Dont fonctions support |
98 |
105 |
104 |
109 |
11 % |
TOTAL |
451 |
494 |
523 |
539 |
19,5 % |
B. L'APPORT DES COMPTES D'AFFECTATION SPÉCIALE
Outre ses crédits budgétaires proprement dits, le ministère de la jeunesse et des sports dispose, pour la mise en oeuvre de sa politique de l'apport complémentaire de deux comptes spéciaux du Trésor. Ceux-ci pèsent d'un poids financier très inégal : avec des ressources évaluées en 2002 à près de 206 millions d'euros (1 350 millions de francs), le Fonds national pour le développement du sport (FNDS) représente, à lui seul plus du tiers du budget du ministère . En revanche, le Fonds national pour le développement de la vie associative (FNDVA) dont les recettes sont évaluées pour 2002 à un peu moins de 10 millions d'euros (65 millions de francs) verse aux associations des subventions certes appréciables, mais dont le montant pèse d'un poids marginal au sein de l'effort public.
1. Le Fonds national pour le développement du sport
Le Fonds
national pour le développement du sport est un compte d'affectation
spéciale créé par la loi de finances pour 1979 afin de
renforcer les moyens d'intervention alloués par le budget de l'Etat au
sport de haut niveau et au sport de masse. Il est géré par le
ministère de la jeunesse et des sports après concertation avec le
mouvement sportif.
Comme tout compte spécial, le FNDS déroge au principe de la
non-affectation des recettes, en affectant le produit de certains
prélèvements déterminés à des
dépenses conformes à sa vocation.
La commission des finances du Sénat lui a consacré, en octobre
1999, un rapport d'information
1(
*
)
qui souhaite une diversification de
ses sources de financement, un renforcement de la spécificité de
sa vocation, et un meilleur contrôle de l'utilisation des ses
crédits.
a) Les ressources du FNDS
Aux
ressources traditionnelles du FNDS se sont ajoutées, en 2000, deux
ressources particulières qui font l'objet d'une affectation
spéciale.
• Les ressources traditionnelles du FNDS
Depuis la suppression de la taxe sur les débits de boisson
opérée par la loi de finances pour 2000, le Fonds national pour
le développement du sport est alimenté :
- pour l'essentiel, par un
prélèvement de 2,9 %
sur les sommes misées en France métropolitaines sur les jeux
gérés par la
Française des jeux
qui
représentait, en 2000, 98 % de ses ressources ; ces recettes
se sont élevées à 1 196 millions de francs, soit
200 millions de francs au-dessus de la prévision inscrite dans la
loi de finances pour 2000 ; elles sont évaluées à
157 millions d'euros (1 030 millions de francs) en loi de
finances pour 2001 et à
182,3 millions d'euros
(
1 200 millions de francs
) par le projet de loi de finances
pour 2002,
en hausse de 16,5 %.
- de façon marginale par un
prélèvement de
0,01 %
sur les sommes misées au
pari mutuel urbain
, qui
ont rapporté 19,4 millions de francs en 2000 (3 millions
d'euros), et dont les recettes évaluées à
2,74 millions d'euros
par la loi de finances pour 2001 et à
0,61 millions d'euros
(93 millions de francs) par le projet de
loi de finances pour 2002 pour tenir compte d'une réduction du taux de
prélèvement ;
- le cas échéant, par le remboursement des avances qu'il
aurait consenties.
• L'apport des deux nouvelles sources de financement
Le FNDS dispose, depuis l'année 2000 de deux ressources
supplémentaires, l'une pérenne et l'autre provisoire.
- l'article 59 de la loi de finances pour 2000 a institué, au
profit du fonds, à compter du 1
er
juillet 2000, une nouvelle
contribution de 5 % sur le produit de la vente des droits de diffusion
télévisuelle
des manifestations sportives ; son
rendement s'est élevé à 5,4 millions d'euros
(35,5 millions de francs) en 2000, mais est évalué à
un peu moins de 23 millions d'euros (150 millions de francs) en
année pleine ; ce dispositif de
« mutualisation » fait l'objet d'une affectation
spéciale, dans la mesure où ses crédits sont
affectés en totalité à la part régionale du FNDS,
au bénéfice des associations sportives locales et à la
formation de leurs animateurs ;
- compte tenu du décalage dans la perception de cette ressource,
aucune décision d'attribution de crédits, n'a été
prise en 2000 et les moyens disponibles ont reportés en 2001 ; les
encaissements se sont élevés à 10 millions d'euros
(66 millions de francs) au cours du premier semestre 2001 ; une somme
de 22,9 millions d'euros (150 millions de francs) est inscrite au
projet de loi de finances pour 2002.
-
Les boni de liquidation du comité d'organisation de la coupe
du monde de football de 1998
sont affectés au FNDS, en vertu de
l'arrêté du 6 juin 2000 ; la destination
particulière de ces ressources, et la procédure
dérogatoire de sa gestion contribuent à en faire en quelque sorte
un fonds dans le fonds, le « Fonds Fernand Sastre ».
Celui-ci est en effet géré par un
conseil de gestion
spécifique
, composé de sept représentants de l'Etat,
de sept représentants de la Fédération française de
football et du Président du conseil national olympique et sportif
français. En outre, deux représentants des villes sites de la
Coupe du monde assistent à titre consultatif aux séances du
conseil. Ce conseil a adopté un
règlement intérieur qui
fixe les modalités de répartition et d'utilisation de ces
bénéfices
. Le « fonds Fernand Sastre » a
ainsi vocation à financer des projets présentés par des
associations sportives agréées, ou par des collectivités
territoriales, et répondant à l'un des trois critères
suivants : soit s'inscrire dans le cadre du plan national de
développement du football adopté par la Fédération
française de football ; soit correspondre à des projets
présentés par des villes ayant accueilli la Coupe du monde et
porter sur des investissements de proximité concernant le football et la
pratique multisports ; ou encore, s'inscrire dans des projets
émanant d'associations sportives autres que les clubs de football, ou de
collectivités autres que des villes sites, et qui présentent un
caractère social dans l'esprit des animations multisports ayant
accompagné la Coupe du monde.
Le conseil de gestion du « Fonds Fernand Sastre » a
attribué, entre juin 2000 et juin 2001, un montant total de
35,6 millions d'euros (233,8 millions de francs) de subventions, qui
ont été attribuées à 1 763 projets dont
790 concernant des équipements de football, 356 s'inscrivent dans
le plan national de développement du football et 589 portent sur des
actions sportives et culturelles à caractère social.
Pour financer ces opérations, le Fonds Sastre a reçu un premier
versement de 23 millions d'euros (150 millions de francs) en
2000 ; un second versement de 13,7 millions d'euros (90 millions
de francs) a été effectué en juin 2001 ; le montant
attendu de la liquidation totale étant actuellement évalué
à 43,4 millions d'euros (285 millions de francs) sous
réserve des suites définitives des contentieux fiscaux en cours,
il resterait un peu moins de 7 millions d'euros (45 millions de
francs) à verser au « Fonds Sastre » avant la fin de
l'année 2001 ; leur attribution sera décidée au cours
d'une dernière réunion du conseil de gestion.
b) Les dépenses du FNDS
Les dépenses du FNDS et leur évolution peuvent être résumées dans le tableau suivant :
Compte d'affectation spéciale n° 902-17 « FNDS » |
LFI 2001 |
PLF 2002 |
Evolution en % |
Chapitre 1 - Subventions pour l'aide au sport de haut niveau |
232
|
242,7
|
4,6 |
Chapitre 2 - Avances consenties aux associations sportives pour l'aide au sport de haut niveau |
0,5
|
0,66
|
32 |
Chapitre 3 - Subvention de fonctionnement pour l'aide au sport de masse |
776
|
798,34
|
2,8 |
Sous-total fonctionnement |
1 008,5
|
1 041,7
|
3,2 |
Chapitre 9 - Equipement de l'Etat contribuant au développement du sport |
60,5
|
98,39
|
62 |
Chapitre 12 - Subventions pour la réalisation d'équipements sportifs |
130
|
209,91
|
61 |
Sous-total équipement |
190,5
|
308,3
|
62 |
TOTAL FNDS |
1 199
|
1 350
|
12,6 |
Les
dépenses du FNDS relèvent de deux grandes catégories de
dépenses : les dépenses de fonctionnement et les
dépenses d'équipement.
• Les dépenses de fonctionnement
Les dépenses de fonctionnement sont théoriquement
ventilées entre six chapitres. En pratique, seuls les trois premiers
chapitres ont été abondés en 2000 et 2001.
Il convient de distinguer dans ces dépenses ce qui relève de la
« part nationale » et ce qui relève de la
« part régionale ».
- la
part nationale
est répartie entre les trois chapitres
de fonctionnement. Elle est, en pratique, principalement consacrée au
financement des conventions d'objectifs conclues entre le ministère et
les fédérations.
A titre d'illustration, en 2000 les subventions allouées au titre de ces
conventions ont été réparties à raison de 70 %
pour les fédérations olympiques, 18 % pour les
fédérations non olympiques et 10 % pour les affinitaires et
les multisports. La part consacrée au sport de haut niveau atteignait
47 %, principalement orientée vers les stages et
compétitions (123 millions de francs), les aides
personnalisées (53 millions de francs) et les filières de haut
niveau (50 millions de francs). La part consacrée au
développement des activités sportives est répartie, en
proportions voisines, entre les stages et compétitions, les formations,
l'aide à l'encadrement et à la création d'emplois, le
soutien aux structures fédérales.
- la
part régionale
est imputée exclusivement sur le
chapitre 3 du FNDS (subventions de fonctionnement pour l'aide au sport de
masse).
Les crédits déconcentrés sont
délégués aux préfets de région ou aux
préfets de départements suivant les cas. L'attribution des
crédits est effectuée en liaison avec le mouvement sportif
à travers les commissions régionales qui formulent un avis sur la
répartition des aides accordées. Les bénéficiaires
de ces subventions sont les clubs sportifs et les structures
déconcentrées des fédérations. La
part
régionale a plus que doublé en cinq ans
passant de
37,3 millions d'euros (245 millions de francs) à 76,4 millions
d'euros (501 millions de francs) entre 1997 et 2001.
La part régionale a représenté, en 2001, près de
42 % du total des moyens du fonds. Elle a bénéficié,
en 2000, aux clubs et associations sportives (53 %), ainsi qu'aux
structures déconcentrées des fédérations :
ligues et comités régionaux (21 %) comités
départementaux (20 %) et comités régionaux et
départementaux olympiques et sportifs (5 %).
Le ministère indique que la part attribuée aux clubs, qui est
passée de 47 % en 1997 à 53 % en 2000, devrait
atteindre 60 % en 2001.
• Les dépenses d'équipement
Les dépenses d'équipement devraient connaître en 2002 une
très forte progression, de plus de 60 %, passant de 29 à 47
millions d'euros (de 190 à 308 millions de francs).
L'importance de ces montants et leur forte progression doivent être
rapprochés des constats opérés par votre rapporteur sur
les crédits inscrits aux titres V et VI du projet de budget du
ministère. Ceux-ci, en effet, ne s'élèvent plus
respectivement qu'à 2,6 et 5,1 millions d'euros, en diminution de
24 % et de 12 %.
Ces évolutions contrastées montrent que
le FNDS est devenu le
principal outil d'investissement du ministère de la jeunesse et des
sports
: ses crédits représenteront, en 2002, 85 %
des financements dépendant du ministère pour le financement des
équipements.
Votre rapporteur s'interroge sur les conséquences possibles d'une trop
forte dépendance du financement de l'équipement sportif à
l'égard du FNDS. Il relève que la suppression de ce fonds a
déjà été, à plusieurs reprises,
envisagée dans le passé. Il souligne que, en outre, la loi
organique du 1
er
août 2001 relative aux lois de finances
risque de faire peser une nouvelle menace sur sa pérennité. Cette
loi modifie le régime des comptes d'affectation spéciale, et son
article 21 exige une « relation directe » entre les
recettes perçues et les dépenses auxquelles elles sont
consacrées. Le sort du FNDS sera donc lié à
l'appréciation qui sera portée sur le caractère direct, ou
non, du lien existant entre les dépenses sportives et les recettes de la
Française des jeux.
Votre rapporteur a tenu à attirer l'attention de la ministre sur ce
point, à l'occasion de son audition devant la commission, et celle-ci
est convenue que la suppression de l'affectation au FNDS du
prélèvement sur la Française des jeux poserait un grave
problème ; elle a indiqué qu'une négociation
était en cours avec le ministère de l'économie et des
finances.
2. Le Fonds national pour le développement de la vie associative (FNDVA)
Créé par la loi de finances pour 1985 sous la
forme
d'un compte d'affectation spéciale, le Fonds national pour le
développement de la vie associative (FNDVA) enregistre en recettes, une
partie du produit du prélèvement sur les sommes engagées
au pari mutuel, et en dépenses, des subventions aux associations.
Les dossiers de demande de subvention sont présentés par les
associations, et étudiés par le conseil de gestion ; trois
quarts des ressources du FNDVA sont consacrés aux actions de formation
des bénévoles associatifs, et un quart finance des études.
En 2000, dernier exercice pour lequel on dispose de données
complètes, 884 associations ont déposé des projets
correspondant à 4 004 actions de formation, représentant un
montant de 10 millions d'euros (66,5 millions de francs).
Les décisions d'attribution de subventions ont été prises
conformément à l'instruction de 1999 : 812 associations ont
bénéficié d'une aide pour les 2 927 projets qu'elles
avaient déposés, pour un montant global de plus de 6,6 millions
d'euros (43 millions de francs).
Le FNDVA a rencontré, ces dernières années, des
difficultés de gestion importantes qui ont suscité, en 1996, la
constitution au sein du Conseil national de la vie associative d'un groupe
mixte de travail sur la réforme du FNDVA, puis la mise sur pied d'une
mission conjointe de l'inspection générale du ministère de
la santé et de la solidarité et de celle du ministère de
la jeunesse et des sports.
Cette mission a relevé plusieurs dysfonctionnements dans la gestion du
Fonds, déplorant l'absence de critère précis d'attribution
des subventions, le rythme chaotique de la consommation des crédits et
un affaiblissement du rôle de coordination des services de l'Etat.
Cette mission a subordonné le maintien de l'attribution de la gestion du
FNDVA au ministère de la jeunesse et des sports à la condition
qu'il manifeste désormais une volonté de mettre en oeuvre
rapidement les améliorations indispensables, et qu'il se voie
reconnaître expressément la responsabilité de coordonner
les divers modes d'intervention de l'Etat en faveur du développement de
la vie associative.
Un décret n° 2000-202 du 3 mars 2000 relatif au FNDVA et
« portant création de son conseil de gestion » est
venu refonder ce conseil.
Il a précisé que le FNDVA avait pour objet de financer des
actions de formation de bénévoles, des études
d'intérêt national permettant une meilleure connaissance de la vie
associative, ainsi que des expérimentations participant au
développement de la vie associative.
Il a précisé que le ministre de la jeunesse et des sports
présidait le conseil de gestion, qu'il était l'ordonnateur du
fonds, et que ses services devaient réaliser une pré-instruction
de chaque dossier.
Enfin, votre rapporteur relève que, malgré l'augmentation des
crédits du FNDVA, leur taux de consommation est passé de
76 % en 1999 à 88 % en 2000, ce qui constitue un signe
encourageant.
Le FNDVA tire ses
recettes
d'un prélèvement
opéré sur les sommes misées au PMU
. Le
taux de ce
prélèvement
, longtemps fixé à 0,07 %, a
été relevé à
0,11 %
en 2000
permettant une augmentation de la prévision de recette, qui est
passée de 24 à
40 millions de francs
.
Le
Premier ministre
a annoncé, le
1
er
juillet dernier, à l'occasion de la
célébration du centenaire de la loi de 1901, un
doublement du montant du FNDVA,
qui doit ainsi passer de 40
à
80 millions de francs
.
La réalisation de cet engagement soulève quelques interrogations.
Tout d'abord, votre rapporteur relève que les
prévisions de
recettes
inscrites pour le projet de loi de finances pour 2002 sur le
compte n° 902-20-FNDVA ne s'établissement
« qu'à » 9,9 millions d'euros
(
65 millions de francs
)
pour 2002
.
L'objectif d'un FNDVA de 80 millions de francs est-il toujours
d'actualité ? Est-il envisagé de ne l'atteindre
progressivement ?
Le projet de loi de finances ne fournit par ailleurs aucune indication sur
les raisons qui permettront aux recettes du FNDVA de passer
de 40 à 65 millions de francs en 2002
. Il
n'envisage apparemment pas de recettes supplémentaires, ni de
modification de l'assiette ou du taux du prélèvement
opéré sur le PMU. Compte-t-il uniquement sur une augmentation de
l'activité des parieurs ? Dispose-t-il de reports de crédits
des exercices antérieurs qui lui permettraient, au moins pour
l'exercice 2002, d'équilibrer ses comptes, et de reporter le
problème à l'exercice suivant ?
Que se passera-t-il si ces prévisions de recettes peu réalistes
ne sont pas vérifiées ? Ce déficit ne devra-t-il pas
être abondé par une subvention du budget général de
l'Etat, dans les limites posées par l'ordonnance de 1959
2(
*
)
? Ce prélèvement
portera-t-il uniquement sur les crédits du titre IV du ministère
de la jeunesse et des sports, ou fera-t-il l'objet d'une répartition
interministérielle ? Telles sont les questions que se pose votre
rapporteur.
C. LE CONTEXTE GLOBAL DU FINANCEMENT PUBLIC DU SPORT
Le
projet de budget du ministère de la jeunesse et des sports doit
être replacé dans le contexte global du financement public du
sport.
Le tableau suivant
3(
*
)
retrace
les dépenses publiques en faveur du sport.
1999 |
Milliards de francs |
ETAT |
17,3 |
Éducation nationale |
13,0 |
Jeunesse et sports |
2,9 |
Autres ministères |
0,3 |
Emplois-jeunes Sport (part Etat) |
1,1 |
COLLECTIVITES LOCALES |
47,2 |
Régions |
1,0 |
Départements |
3,1 |
Communes |
43,0 |
Emplois-jeunes Sport (part collectivités locales) |
0,1 |
TOTAL |
64,5 |
Il
montre que les crédits du ministère de la jeunesse et des sports
ne représentent qu'une faible part des dépenses consacrées
par l'Etat à ce secteur, en particulier lorsqu'on le compare à la
contribution du ministère de l'éducation nationale, qui consiste,
pour l'essentiel, dans la rémunération des enseignants
d'éducation physique et sportive.
Il montre également le poids prédominant des collectivités
locales, et plus particulièrement des communes, qui sont responsables de
la mise en place de la politique sportive locale, et fournissent un effort
considérable en matière de construction et d'entretien des
équipements.