B. LES DISPOSITIONS EN FAVEUR DE LA RÉHABILITATION DU PARC PRIVÉ
1. La réforme de l'ANAH
L'ANAH a pour objet d'aider à l'amélioration des logements locatifs appartenant à des propriétaires privés.
A cet effet, elle reçoit une dotation du budget de l'Etat et attribue des subventions aux propriétaires privés qui réalisent des travaux d'amélioration dans les logements locatifs de plus de quinze ans et qui s'engagent à les louer pendant dix ans à titre de résidence principale.
Pour l'année 2000, la subvention d'investissement inscrite dans la loi de finances initiale est de 2.200 millions de francs.
L'application du taux de TVA à 5,5 % aux travaux d'amélioration, de transformation, d'aménagement et d'entretien prévue par l'article 5 de la loi de finances pour 2000 diminue sensiblement le coût des opérations et pourrait contribuer à favoriser le développement d'une demande nouvelle.
A compter du 1 er janvier 2001, dans le cadre du projet de loi relatif à la solidarité et au renouvellement urbains, l'ANAH devrait avoir désormais vocation à intervenir sur l'ensemble du parc privé, qu'il appartienne à des propriétaires bailleurs ou à des propriétaires occupants. A ce titre, l'ANAH devrait prendre en charge l'attribution des PAH. Il en résulte que les crédits budgétaires relatifs à la PAH sont intégrés dans la subvention d'investissement de l'ANAH dans le projet de loi de finances initiale pour 2001, à l'exception des crédits de paiement nécessaires au financement du solde des dossiers antérieurs au 1 er janvier 2001.
Compte tenu de cette fusion de crédits, la subvention globale d'investissement de l'ANAH inscrite au projet de loi de finances initiale est de 3 milliards de francs en autorisations de programme et de 2,260 milliards de francs en crédits de paiement consacrés à l'amélioration de l'ensemble du parc privé.
Bilan d'activité de l'ANAH depuis 1992
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
|
- PARC ANCIEN (construit avant 1948) |
||||||||
Subventions engagées (MF) |
2.013 |
2.228 |
2.461 |
2.440 |
2.311 |
2.030 |
1.988 |
2.114 |
Montant de travaux subventionnables (MF) |
7.067 |
7.989 |
9.411 |
8.924 |
8.045 |
7.602 |
7.561 |
7.947 |
Nombre de dossiers agréés |
39.530 |
44.320 |
46.670 |
45.060 |
41.210 |
40.200 |
40.900 |
42.485 |
Nombre de logements subventionnés |
99.300 |
112.100 |
116.000 |
102.500 |
88.400 |
83.400 |
85.160 |
87.000 |
dont logements améliorés avec travaux sur parties privatives |
56.200 |
60.000 |
67.750 |
62.800 |
55.400 |
51.800 |
52.270 |
53.800 |
- PARC RÉCENT |
||||||||
Subventions engagées (MF) |
169 |
209 |
263 |
291 |
284 |
308 |
320 |
391 |
Montant de travaux subventionnables (MF) |
553 |
757 |
996 |
1.032 |
1.017 |
1.150 |
1.162 |
1.427 |
Nombre de dossiers agréés |
7.110 |
8.250 |
7.500 |
7.150 |
7.340 |
8.390 |
9.700 |
11.765 |
Nombre de logements subventionnés |
24.200 |
29.200 |
27.600 |
24.000 |
23.400 |
24.200 |
26.040 |
31.400 |
dont logements améliorés avec travaux sur parties privatives |
11.400 |
13.100 |
14.050 |
13.500 |
11.600 |
13.500 |
15.030 |
17.200 |
- ENSEMBLE DU PARC |
||||||||
Subventions engagées (MF) |
2.182 |
2.437 |
2.724 |
2.731 |
2.595 |
2.338 |
2.308 |
2.505 |
Montant de travaux subventionnables (MF) |
7.620 |
8.746 |
10.407 |
9.956 |
9.062 |
8.752 |
8.723 |
9.374 |
Nombre de dossiers agréés |
46.640 |
52.570 |
54.170 |
52.210 |
48.550 |
48.590 |
50.600 |
54.250 |
Nombre de logements subventionnés |
123.500 |
141.300 |
143.600 |
126.500 |
111.800 |
107.600 |
111.200 |
118.400 |
dont logements améliorés avec travaux sur parties privatives |
67.600 |
73.100 |
81.800 |
76.300 |
67.000 |
65.300 |
67.300 |
71.000 |
- dont OPAH : |
||||||||
Subventions engagées (MF) |
674 |
675 |
716 |
786 |
865 |
745 |
732 |
815 |
Montant de travaux subventionnés (MF) |
23.300 |
28.800 |
28.300 |
28.400 |
27.500 |
26.800 |
28.300 |
29.300 |
- dont PST : |
||||||||
Subventions engagées (MF) |
268 |
328 |
317 |
426 |
479 |
374 |
360 |
436 |
Montant de travaux subventionnés (MF) |
3.300 |
3.900 |
3.600 |
4.200 |
4.300 |
3.200 |
3.050 |
3.470 |
2. La prime à l'amélioration de l'habitat (PAH)
La prime à l'amélioration de l'habitat est réservée aux propriétaires occupants dont les ressources ne dépassent pas 70 % des plafonds de ressources des anciens prêts aidés pour l'accession à la propriété (PAP). Le taux de base de la subvention est de 20 % (25 % dans les opérations programmées d'amélioration de l'habitat (OPAH) ; il est porté à 35 % lorsque les ressources sont inférieures à 50 % des plafonds PAP et à 60 % des plafonds PAP en OPAH copropriétés dégradées. Le coût des travaux est pris en compte dans la limite d'un plafond de 70.000 francs qui peut être portée à 85.000 francs en Territoires Ruraux de développement Prioritaire (TRDP) ou dans les copropriétés dégradées.
Lorsque les travaux ont pour objet l'adaptation des logements aux personnes handicapées physiques, la subvention peut atteindre 50 % du coût des travaux dans la limite d'un plafond de travaux de 40.000 francs.
Les primes accordées par l'ANAH depuis 1992
PAH |
Nombre de primes accordées |
Montant total des primes en MF |
Montant moyen unitaire en F (francs courants) |
1992 |
52.276 |
559,0 |
10.694 |
1993 |
60.802 |
646,8 |
10.638 |
1994 |
68.771 |
728,9 |
10.599 |
1995 |
55.909 |
591,4 |
10.578 |
1996 |
72.510 |
767,0 |
10.578 |
1997 |
66.623 |
718,9 |
10.791 |
1998 |
69.419 |
761,8 |
10.974 |
1999 |
77.414 |
841,6 |
10.872 |
Source : Secrétariat d'Etat au logement
L'année 1996 s'était traduite par une hausse très sensible par rapport aux années antérieures du nombre de primes accordées et du montant total affecté. La raison en était l'abondement, en début de gestion 1996, de 200 millions de francs en autorisations de programme dans le cadre des mesures de relance de l'activité. La tendance à la progression démarrée en 1997 s'est poursuivie jusqu'en 1999 tant en nombre de primes accordées qu'en montant total affecté.
Le montant moyen unitaire des primes qui avait marqué une légère progression en 1997 et 1998 par rapport aux années antérieures est en légère diminution en 1999.
Les crédits budgétaires de l'ANAH depuis 1992
(en millions de francs)
Dotations initiales (LFI) |
Crédits disponibles |
Dépenses effectives |
||||
AP |
CP |
AP |
CP(1) |
AP |
CP(2) |
|
1992 |
450,0 |
441,0 |
540,0 |
441,0 |
535,5 |
488,7 |
1993 |
400,0 |
435,5 |
614,5 |
635,5 |
614,0 |
509,4 |
1994 |
600,0 |
490,0 |
661,4 |
644,9 |
661,4 |
617,5 |
1995 |
601,0 |
601,0 |
526,0 |
635,4 |
526,0 |
647,7 |
1996 |
605,0 |
605,0 |
805,0 |
695,0 |
805,0 |
596,4 |
1997 |
600,0 |
710,0 |
825,0 |
935,0 |
800,0 |
577,0 |
1998 |
800,0 |
690,0 |
725,0 |
713,7 |
725,0 |
666,3 |
1999 |
815,0 |
765,5 |
715,5 |
778,7 |
715,5 |
726,4 |
2000 |
800,0 |
800,0 |
800,0 |
800,0 |
590,0(3) |
nd |
(1) Les crédits de paiement inscrits sur l'article 80 du chapitre 65.48 pour la prime à l'amélioration de l'habitat sont transférés en fin de gestion sur le budget des charges communes à partir duquel ils sont engagés. Les versements sont effectués au Crédit foncier de France, chargé de liquider cette aide de l'Etat. Le montant des crédits disponibles indiqués ci-dessus est celui antérieur au transfert.
(2) Source : Direction du Budget
(3) Situation au 31.08.2000
Dans le cadre du projet de loi relatif à la solidarité et au renouvellement urbains, l'ANAH devrait avoir désormais vocation à intervenir sur l'ensemble du parc privé. A ce titre, en 2001, l'ANAH devrait prendre en charge, l'attribution de PAH. Il en résulte que les crédits budgétaires relatifs à la PAH sont intégrés dans la subvention d'investissement de l'ANAH dans le PLF 2001, à l'exception des crédits de paiement nécessaires au financement du solde des dossiers de PAH antérieurs au 1 er janvier 2001. Sa dotation s'élève dans le PLF 2001 à 3 milliards de francs, soit la somme des dotations affectées en 2000 à la PAH et à l'ancienne ANAH.
Le caractère très social de la PAH justifie le maintien des crédits budgétaires au niveau des derniers exercices budgétaires, compte tenu des besoins en réhabilitation du parc des propriétaires occupants. En effet, 3,4 % des logements de ce parc sont considérés comme étant " sans confort de base ", c'est-à-dire qu'ils ne disposent pas à la fois d'eau, de WC et d'installations sanitaires.
Par ailleurs, la mise en place généralisée à compter du 15 septembre 1999 d'un taux réduit de TVA sur les travaux d'amélioration est de nature à favoriser le développement de la demande pour satisfaire ces besoins en réhabilitation, du fait de la baisse du coût des travaux qu'elle génère au profit du propriétaire.
* *
*
En définitive, le projet de budget qui nous est présenté n'est pas en lui-même un mauvais budget. Seulement, il comprend de nombreuses insuffisances relatives, notamment, à l'absence de renforcement des aides à l'accession sociale à la propriété et à l'insuffisance des aides en faveur du logement intermédiaire.
Il s'inscrit surtout dans un cadre politique plus général qui n'est pas satisfaisant. La réforme des aides à la personne aurait pu se faire à crédits constants. Il est à craindre que le Gouvernement ait créé une nouvelle " machine à produire des déficits " en cas de ralentissement de la croissance qu'auront à gérer ses successeurs.
Par ailleurs, la solution retenue à travers la loi SRU pour inciter les collectivités locales à construire des logements sociaux, à savoir une taxation pouvant déboucher sur un pouvoir de substitution du préfet, ne peut non plus nous satisfaire. Il s'agit là d'une marque de défiance à l'égard des collectivités locales à laquelle le Sénat s'est opposé fermement à chaque stade de la discussion du projet de loi.
C'est pourquoi votre commission des Affaires sociales a adopté un avis défavorable pour ces crédits du logement social en 2001, non sans inviter le Gouvernement à travailler sur des réformes permettant d'accroître véritablement le nombre de logements sociaux construits ainsi que la diversité de l'habitat social.