CHAPITRE III -
LES
TELECOMMUNICATIONS
A. LE DÉVELOPPEMENT CONTINU DU MARCHÉ DES TÉLÉCOMMUNICATIONS EN FRANCE
1. Une croissance très vive
Le marché des télécommunications connaît, en France, une croissance très vive. Ce secteur, qui compte plus de 155.000 emplois directs et qui investit chaque année plus de 36 milliards de francs, a en effet vu son chiffre d'affaire croître de 12,4 % entre 1998 et 1999, pour s'établir à 176 milliards de francs .
Si l'ensemble des segments du marché connaît une progression, c'est particulièrement le cas de la téléphonie mobile, mais aussi des services avancés, des liaisons louées et du transport de données, dont la progression en termes de chiffres d'affaires dépasse les 10 % entre 1998 et 1999.
La part de la téléphonie fixe dans le chiffre d'affaires total du marché diminue sensiblement au profit de celle de la téléphonie mobile, qui atteint 22,4 % du total du marché hors services d'interconnexion, contre 16 % en 1998.
Le tableau et le graphique suivants récapitulent les grands agrégats du marché des télécommunications :
LES TÉLÉCOMMUNICATIONS EN FRANCE
Chiffres d'affaires (millions de francs) |
Variation |
||
1998 |
1999 |
(%) |
|
Téléphonie fixe |
97 817 |
100 712 |
+ 3,0 % |
Services mobiles |
25 869 |
39 382 |
+ 52,2 % |
Services avancés |
8 986 |
10 357 |
+ 15,3 % |
Services associés au service téléphonique 11 ( * ) |
3 655 |
3 635 |
- 0,5 % |
Liaisons louées |
9 502 |
10 709 |
+ 12,7 % |
Transport de données |
2 477 |
2 757 |
+ 11,3 % |
Terminaux |
8 062 |
8 247 |
+ 2,3 % |
Ensemble |
156 368 |
175 798 |
+ 12,4 % |
Source : Art
Le marché se répartit donc désormais de la façon suivante :
Source : Art
a) Téléphone fixe : baisse des prix et croissance des accès Internet
En 1999, le volume total des communications fixes est d'environ 138 milliards de minutes (en progression de 6,2 % par rapport à 1998) pour un chiffre d'affaires de près de 101 milliards de francs (en progression de 3,0 % par rapport à 1998). La croissance en chiffre d'affaires est inférieure à la croissance en volume en raison d'une baisse du prix moyen des communications fixes de 7,0 % durant l'année 1999. Cette baisse est particulièrement sensible sur les marchés en forte concurrence comme les communications interurbaines (- 22,2 %) et les communications internationales (- 19,9 %).
L'évolution des données de marché de la téléphonie locale en 1999 est particulièrement intéressante : la forte croissance du volume des communications locales (+ 4,8 par rapport à 1998) recouvre deux tendances contradictoires : une baisse du volume des communications locales hors Internet (- 4 % en 1999) et une croissance forte des communications d'accès local à Internet (+ 153,2 % en 1999).
En ce qui concerne la publiphonie (243.000 publiphones en 1999, 231.000 à la fin du premier trimestre 2000), l'impact de la hausse de l'unité téléphonique des télécartes de 50 unités décidée en septembre 1998 s'est fait pleinement sentir en 1999 (augmentation de 16,4 % du prix moyen des communications au départ des publiphones) : du fait de cette hausse du prix moyen de la communication, la forte baisse du volume des communications au départ des publiphones (- 22,6 %) ne se répercute que partiellement au niveau du chiffre d'affaires (- 9,8 %).
Le nombre total de lignes en France reste stable (34,1 millions de lignes fixes). Le nombre d'abonnés à la sélection du transporteur (composition d'un préfixe pour acheminer ses appels par un concurrent de France Télécom) a fortement augmenté en 1999 et s'établit à près de 3 millions , ce qui démontre la vigueur de la concurrence sur le marché des communications longue distance et internationales.
De même, le nombre de cartes téléphoniques (cartes prépayées, cartes accréditives...) a quadruplé en 1999 par rapport à 1998, avec un nombre croissant d'opérateurs sur ce segment, pour un chiffre d'affaires de 1,7 milliard de francs en 1999.
La répartition des appels des postes téléphoniques fixes en 1999 est donnée par le graphique suivant :
Source : Art
Les communications nationales (hors communications fixes vers mobiles) demeurent prépondérantes dans le total des communications passées depuis les lignes fixes d'abonnés, représentant respectivement 64,8 % des revenus et 91,9 % des volumes.
Pour le premier trimestre 2000, les tendances observées en 1999 s'accentuent. Ainsi les communications d'accès à Internet augmentent fortement puisque le volume total de ces communications au 1 er trimestre 2000 représente déjà 41,9 % de celui de l'ensemble de l'année 1999 .
b) L'explosion de la téléphonie mobile
La téléphonie mobile représente déjà une part importante du marché téléphonique français. Elle compte pour 22,4% du chiffre d'affaires total du secteur. En outre, le nombre de minutes téléphonées est lui aussi en croissance, même s'il est encore inférieur à celui de la téléphonie fixe :
Source : Art.
La téléphonie mobile a donc poursuivi sa progression très rapide en 1999 puisque la croissance des volumes des appels sortants (c'est-à-dire composés depuis un mobile) a atteint 115,1 %. Le nombre d'abonnés à la téléphonie mobile a fortement augmenté en 1999 (+ 84 %) pour atteindre un taux de pénétration de 34,3 % de la population française en 1999. Le nombre d'abonnés fin 1999 s'élevait à 20,6 millions. Il est de 26.2 millions pour septembre 2000, soit un taux d'équipement de 43,6 % de la population française .
LES SERVICES MOBILES
Chiffres d'affaires (millions de francs) |
Variation |
Volumes de trafic (millions de minutes) |
Variation |
|||
1998 |
1999 |
(%) |
1998 |
1999 |
(%) |
|
Téléphonie mobile |
24 810 |
38 027 |
+ 53,3 |
9 968 |
21 444 |
+ 115,1 |
Source : Art
Notons que les cartes prépayées ont représenté les deux tiers des ventes de téléphonie mobile au premier semestre 2000.
Si la croissance observée devait se poursuivre sur le second semestre 2000, alors le marché français des mobiles pourrait atteindre 30 millions de clients fin 2000, soit un taux d'équipement de 50 %. Un français sur deux ! Certains analystes prévoient même qu'en 2000, le nombre d'abonnés au téléphone mobile pourrait dépasser le nombre de lignes de téléphone fixe (34 millions).
c) les autres services en forte croissance
Le chiffre d'affaires des services avancés (10,3 milliards de francs en 1999, 2,8 milliards au 1 er trimestre 2000) est en forte progression : + 15,3% entre 1998 et 1999. Il recouvre les numéros " libre appel " et les numéros à revenus partagés 12 ( * ) .
Le chiffre d'affaires de la vente d'annuaires , des services de renseignement (renseignements téléphonique ou annuaire électronique) et des recettes publicitaires liées aux annuaires est stable entre 1998 et 1999 :
LES ANNUAIRES ET RENSEIGNEMENTS
Chiffres d'affaires (millions de francs) |
Variation |
Chiffre d'affaires (millions de francs) |
||
1998 |
1999 |
(%) |
1 er trimestre 2000 |
|
Services associés au service téléphonique : annuaires renseignements, publicité dans les annuaires |
3 655 |
3 635 |
- 0,5 |
687 |
Source : ART.
Le marché des liaisons louées (10,7 milliards de francs en 1999) et celui du transport de données (2,7 milliards de francs) ont augmenté de respectivement 12,7 % et 11,3 % en 1999. La croissance des liaisons louées est assurée par les entreprises, ces liaisons leur permettant de se relier directement au réseau d'un opérateur ou de relier leurs sites d'activité.
Le marché des terminaux d'équipements (8,2 milliards de francs) a quant à lui crû de 2,3 % en 1999.
Le marché de la fourniture d'accès à Internet (facturation d'abonnements à Internet ou de forfaits tous compris), quels que soient les réseaux d'accès (câble ou réseau téléphonique commuté) et les services associés à la fourniture d'accès à Internet (comme les recettes de publicité en ligne sur Internet, le commerce électronique et l'hébergement de sites) ont représenté, au 1 er trimestre 2000, un montant de 118 millions de francs . Les chiffres de 1999 ne sont pas disponibles.
Enfin, les services d'interconnexion , qui comprennent à la fois les recettes d'accès (liaisons de raccordement, colocalisations), les ventes de minutes entre opérateurs dans le cadre des accords d'interconnexion, les reversements engendrés par le trafic entre les réseaux fixe et mobile et les reversements d'opérateurs internationaux aux opérateurs français pour les appels aboutissant en France (appels internationaux entrants) ont représenté un marché de 28 milliards de francs en 1999. Le chiffre d'affaires de l'interconnexion a doublé entre 1998 et 1999, mais il comporte désormais les reversements entre les réseaux fixe et mobile de France Télécom alors qu'en 1998 une partie de ces flux n'étaient pas identifiés).
L'INTERCONNEXION
Chiffres d'affaires (millions de francs) |
Variation |
Volumes de trafic (millions de minutes) |
Variation |
|||
1998 |
1999 |
(%) |
1998 |
1999 |
(%) |
|
Interconnexion et ventes de minutes en gros |
14 015 |
28 186 |
+ 101,1 |
19 911 |
48 404 |
+ 143,1 |
Dont trafic international entrant |
4 028 |
3 591 |
- 10,8 |
4 515 |
4 634 |
+ 2,6 |
Source : Art
d) Une évolution tarifaire contrastée
Sur le téléphone fixe , l'introduction de la concurrence s'est traduite, cela a déjà été évoqué, par une baisse significative des tarifs. Les nouveaux entrants détenaient en effet, d'après une estimation de l'ART, une part de marché d'environ 20 % sur l'ensemble des marchés effectivement ouverts à la concurrence à la fin de l'année 1999.
Aussi la baisse des prix a-t-elle été continue depuis trois ans . Pour la seule année 1999, la différence entre la croissance du marché en valeur et en volume fait apparaître une baisse du prix moyen des communications fixes de 7 %. Cette baisse est particulièrement sensible pour les communications interurbaines (- 22,2 %) et les communications internationales (- 19,9 %). L'ART indique 13 ( * ) que les prix des nouveaux entrants s'établissaient en moyenne, au mois de mars 2000, à 30 centimes la minute pour l'interurbain , soit plus de trois fois moins que le tarif de France Télécom en heure pleine. Le tarif moyen des communications nationales de France Télécom pour les ménages a lui-même baissé de 26 % entre janvier 1999 et mars 2000.
Les communications entre téléphones fixes et téléphones mobiles (dits " appels entrants ") constituent quant à eux une part croissante de la facture téléphonique des ménages : 13 % de la facture moyenne début 2000, contre 6 % en fin 1998.
Cette évolution résulte certes de l'augmentation du parc d'abonnés au téléphone mobile, qui génère des flux d'appels supplémentaires, mais aussi du niveau relativement élevé des prix de détail , inchangé depuis plusieurs années. Le prix moyen d'une minute de téléphone fixe vers un mobile s'établissait ainsi, en juin dernier, d'après l'ART, à 3,58 francs . En Europe, seuls l'Italie, le Portugal et la Grèce connaissaient, fin 1999, des prix égaux ou supérieurs à ceux pratiqués en France, même si la baisse de 20 % des tarifs opérée en juillet 1999 a ramené notre pays plus près de la moyenne européenne.
Sourc e : Art
Ce prix a toutefois vocation à baisser à compter du 1 er novembre. En effet, en vertu des autorisations dont ils bénéficiaient jusqu'alors, les opérateurs de téléphonie mobile déterminaient eux-mêmes le prix de détail des appels émis depuis un téléphone fixe vers un mobile et non l'inverse. Cette règle n'est pas commune à l'ensemble des pays européens, mais elle avait été retenue dès 1991 pour favoriser le développement de la téléphonie mobile.
Ce cadre réglementaire est en cours d'évolution. Le ministre chargé des télécommunications a modifié, en septembre dernier, les autorisations des opérateurs de téléphonie mobile de sorte qu'à compter du 1 er novembre 2000, les tarifs des appels entrants ne soient plus établis par les opérateurs mobiles, mais librement par chaque opérateur fixe acheminant un tel appel. France Télécom, par exemple, est appelée à présenter à l'homologation du ministre une proposition tarifaire pour les appels entrants, et ses concurrents à définir leurs offres en la matière.
D'autre part, c'est à compter de cette même date que les abonnés du téléphone fixe ont la possibilité de choisir leur opérateur fixe pour les appels vers les mobiles , soit via la présélection (opérateur choisi par défaut) soit en composant un préfixe à la place du 0.
En outre, la tendance à la baisse du prix des appels entrants pourrait être accentuée par deux décisions de règlement des différends que devrait rendre l'ART, qui portent respectivement sur le niveau des charges de terminaison d'appels nationaux et internationaux versés aux opérateurs mobiles.
En ce qui concerne les appels passés depuis les mobiles , qui sont en général tarifés selon un forfait, les prix ont baissé en 1999 pour tous les types de clients établis par l'ART (-14 % pour les forfaits d'une demi-heure en moyenne ; - 4% pour les forfaits une heure ; - 9 % pour les forfaits deux heures ; - 7 % pour les forfaits trois heures).
2. La mutation de France Télécom
France Télécom étant, de par la loi, une entreprise à capital majoritairement public, votre rapporteur rappellera brièvement ici les principaux résultats commerciaux et financiers de cet opérateur et insistera sur la rapidité de son évolution.
a) Une activité tirée par les mobiles et Internet
Les évolutions de l'activité de France Télécom en 1999 et du premier semestre 2000 reflètent les principales tendances du marché : les mobiles, les données et Internet deviennent les principaux moteurs d'une activité s'internationalise.
En effet, le chiffre d'affaires des mobiles en France à 17,1 milliards de francs, progresse de 47,4 % sur les six premiers mois de l'exercice 2000. Le résultat courant avant amortissements de ce segment d'activité progresse de 44,7 %, malgré la baisse de 20 % du tarif des appels entrants à compter du 1 er juillet 1999.
Les investissements corporels et incorporels de ce segment progressent de manière significative d'une année sur l'autre (ils sont multipliés par 2,6) en raison de l'augmentation du trafic des mobiles et des investissements destinés à améliorer la qualité du réseau.
Rappelons qu'Itinéris compte 11,7 millions d'abonnés fin juin, dont 41% d'abonnés à la formule " Mobicarte " (contre un peu plus d'un tiers fin 1999) et maintient sa part de marché à 48,1 %.
La téléphonie fixe en France qui regroupe la téléphonie classique, les données, l'Internet et l'audiovisuel, avec un chiffre d'affaires de 68,5 milliards de francs, au 1 er semestre 2000, demeure la première activité du groupe . Ce segment d'activité connaît une légère dégradation de son chiffre d'affaires (- 0,3%) et de sa rentabilité par rapport au premier semestre 1999, en raison de :
- l'effet des baisses successives du prix des communications, avec en particulier la baisse du prix des communications nationales de 20 % à compter du 3 avril2000 et la baisse du prix des communications nationales de 20 % à compter du 3 avril 2000 et la baisse de 10 % en moyenne du prix des communications internationales à compter du 6 mai ;
- la montée progressive de la concurrence (26,8 % du trafic longue distance fin juin) ;
- l'intensification des efforts de marketing.
Cette inflexion s'inscrit dans un environnement de croissance forte du trafic téléphonique global : pendant les six premiers mois de l'année, la croissance du trafic s'élève à 12 %, essentiellement imputable aux nouveaux usages que représente l'appel vers les mobiles (+ 58 % de progression sur six mois) et l'Internet (+ 84 %).
En matière d'accès à Internet , avec 1,4 million d'abonnés actifs à fin juin, soit un quasi doublement en un an, Wanadoo est le premier fournisseur d'accès en France. Son introduction en Bourse en juillet dernier devrait, en outre, lui conférer les moyens nécessaires à son développement. Par ailleurs, l'audience de ses différents sites progresse de plus de 60 % par rapport à la fin 1999, avec un nombre de pages vues de 12,6 millions par jour en juin 2000.
RÉSULTATS DU 1 ER SEMESTRE 2000 PAR SEGMENT D'ACTIVITÉ
Segment d'activité |
1
er
semestre 2000
|
Variation %
|
|
Chiffre d'affaires |
68 509 |
- 0,3 % |
|
EBITDA 14 ( * ) |
26 578 |
- 6,1 % |
|
Services fixes et divers France |
en % du CA |
39 % |
- |
Résultat opérationnel courant |
15 250 |
- 5 % |
|
Chiffre d'affaires |
17 169 |
+ 47,4 % |
|
EBITDA |
5 678 |
+ 44,7 % |
|
Mobiles en France |
En % du CA |
33 % |
- |
Résultat opérationnel courant |
4 141 |
+ 69 % |
|
Chiffre d'affaires |
20 830 |
+ 124 % |
|
International |
EBITDA |
2 636 |
- |
en % du CA |
13 % |
- |
|
Résultat opérationnel courant |
- 1330 |
- 18,3 % |
Source : France Télécom
Au total, le chiffre d'affaires consolidé de France Télécom (100,5 milliards de francs) progresse de 18,1% au premier semestre 2000, sous l'effet conjugué du développement de la téléphonie mobile en France et de l'expansion internationale du groupe.
L'EBITDA, indicateur de l'activité du groupe (résultat courant avant amortissements) s'élève à 34,9 milliards de francs au premier semestre, soit une croissance de 8,4 % par rapport au 1 er semestre 1999 ; cette progression est pour l'essentiel imputable à la croissance des mobiles en France et des activités internationales qui compensent la baisse de la rentabilité de la téléphonie fixe en France.
Le résultat opérationnel du groupe au premier semestre s'élève à 17,3 milliards de francs, soit une progression de 7,8 % par rapport au premier semestre 1999.
Le résultat net part du groupe s'établit à 25,0 milliards de francs. Hors plus-values de cession, il s'élèverait à 8,8 milliards de francs, soit une progression de 19,8 % par rapport au premier semestre de l'exercice précédent. France Télécom s'est en effet dégagée au cours des six premiers mois de l'an 2000 de certains actifs et notamment des 7,1 % qu'elle détenait dans le capital de Telmex et d'une tranche de 24,9 millions d'actions de Crown Castle, dégageant à cette occasion des plus-values de cession.
b) Un groupe en mutation rapide
Grâce à la réforme de son statut en 1996 et à la croissance d'un marché des télécommunications totalement libéralisé à cette date, le groupe France Télécom a accompli une mutation rapide. Ces évolutions ont parfois été heurtées, comme ce fut le cas des rapports avec l'ex-allié allemand Deutsche Telekom.
L'internationalisation croissante
Un temps contrariée, la volonté d'internationalisation du groupe a commencé à se traduire dans les faits au 1 er semestre 2000, particulièrement dans le secteur de la téléphonie mobile, au prix toutefois d'une sensible augmentation de l'endettement de l'opérateur.
Le chiffre d'affaires du segment d'activité " international " est plus de deux fois supérieur à celui du premier semestre 1999, passant à 20,8 milliards de francs, soit une progression de 124 % ; l'EBITDA " international " augmente aussi très fortement, passant à 2,6 milliards de francs, sous l'effet de modifications de périmètres comptables mais aussi de la progression sensible des performances des filiales européennes opérant dans le domaine des mobiles (Belgique, Roumanie, Danemark).
Le nombre d'abonnés mobiles à l'international atteint 5,8 millions (+ 63 %), dont 3,7 millions en Europe : il reflète le développement récent des réseaux en Belgique, en Roumanie, aux Pays-Bas et au Liban. Ce chiffre ne comprend pas les 7,2 millions d'abonnés à Orange, opérateur mobile anglais récemment racheté par France Télécom, non encore consolidés au premier semestre. En incluant Orange , France Télécom compte actuellement plus de 25 millions d'abonnés mobiles dans le monde. Aujourd'hui, le nombre de lignes fixes gérées par France Télécom en dehors de France s'élève à 4,2 millions (+ 160 %), dont 1,4 million en Europe. Quant au chiffre d'affaires réalisés dans les services d'information, il concerne pour une large part les filiales européennes de Wanadoo en Belgique, aux Pays-Bas et en Espagne. A la fin du mois de juin, France Télécom compte 600.000 clients actifs dans ce secteur, dont 500.000 en Europe.
S'agissant de Global One , jadis commune à France Télécom, Sprint et Deutsche Telekom et destinée à devenir la pleine propriété de France Télécom 15 ( * ) , son chiffre d'affaires s'accroît de plus de 10 % entre le premier semestre 1999 et le premier semestre 2000. Sa marge d'EBITDA, qui reste négative, s'améliore de 15 points. Le redressement de l'entreprise s'amorce avec un équilibre du résultat opérationnel attendu en 2002.
Conséquence de ces investissements, souvent coûteux, l'endettement net de France Télécom (153,8 milliards de Francs) a augmenté de 60,3 % par rapport au premier semestre 1999 : le ratio dettes sur fonds propres passe, sur la période, de 77 % à 107 % .
Au total, l'international représente désormais 20,3 % du chiffre d'affaires du groupe . Cette activité est principalement centrée sur l'Europe. L'opérateur français s'est enfin positionné sur le premier marché européen l'Allemagne, via une prise de participation dans l'opérateur mobile Mobilcom.
Le divorce avec Deutsche Telekom
Dans le cadre d'une alliance stratégique avec l'opérateur allemand, France Télécom avait acquis, en 1998, une participation de 2 % dans le capital de Deutsche Telekom, participation ramenée à 1,8 % suite à une augmentation de capital à laquelle France Télécom n'a pas participé. Une prise de participation réciproque de Deutsche Telekom avait eu lieu au capital de l'opérateur français.
Le " décroisement " des participations respectives de Deutsche Telekom et de France Télécom devrait s'opérer dans le cadre d'un accord tripartite entre l'entreprise française, son homologue allemande et KfW, l'entité publique qui porte l'essentiel de la participation de l'Etat allemand dans Deutsche Telekom. France Télécom vendra sa participation dans l'opérateur allemand à KfW entre le 15 décembre 2000 et le 31 janvier 2001 et rachètera ses actions détenues par Deutsche Telekom au plus tard le 31 janvier 2003 (cette date pouvant être anticipée si France Télécom le souhaite , à partir du 1 er janvier 2002).
L'entrée en bourse de Wanadoo
France Télécom a procédé, entre le 30 juin et le 13 juillet 2000, à la mise en bourse d'environ 10 % du capital de Wanadoo, société regroupant les activités Internet grand public du groupe .
Le prix de souscription des actions nouvelles pour l'offre à prix ouvert et pour le placement global a été fixé, le 18 juillet 2000, à 19,00 euros (soit 124,63 francs), à l'intérieur de la fourchette de prix indicative indiquée dans le prospectus préliminaire entre 17 et 20 euros.
L'offre définitive a porté sur 102 millions de titres, soit environ 10 % du capital de l'entreprise et s'élève donc à 1,9 milliard d'euros. Elle a été sursouscrite 16 fois par les investisseurs institutionnels et a attiré 1,6 million d'actionnaires individuels .
Cette offre a été réalisée sous la forme d'une augmentation de capital portant sur 97 millions d'actions nouvelles et 5 millions d'actions existantes : elle a été répartie de la manière suivante :
- un placement global destiné aux investisseurs institutionnels en France et en dehors de France , y compris aux Etats-Unis, qui a porté sur 43,2 millions d'actions, avant exercice éventuel par les banques chargées du placement de l'option de surallocation permettant l'acquisition d'environ 13,5 millions d'actions existantes. Sa répartition s'établit comme suit : 42 % en France, 18 % aux Etats-Unis et 40 % en Europe ;
- une offre à prix ouvert en France, réservée aux investisseurs individuels . Cette offre, qui portait initialement sur 36 millions de titres, a en définitive été étendue à 46,8 millions de titres, compte tenu de la forte demande émanant de cette catégorie. Ces titres supplémentaires ont été, comme prévu lors du lancement de l'opération, prélevés sur le placement global ; cette offre a été sursouscrite 5,6 fois.
Les actionnaires individuels de France Télécom, assurés d'être soit intégralement servis, soit deux fois mieux servis que les autres, ont activement participé à cette offre : ils représentent près de la moitié des actionnaires individuels de Wanadoo.
- une offre réservée au personnel du groupe France Télécom , portant initialement sur 10 millions de titres, a été étendue par France Télécom à 12 millions d'actions : plus de 80.000 membres du personnel ont souscrit à cette offre, soit un salarié sur deux.
Votre commission se félicite à nouveau du succès rencontré auprès des personnels, comme lors de la première et de la deuxième vente d'une tranche du capital de France Télécom sur le marché.
La filialisation des activités mobiles et le rachat d'Orange
Le montage juridique et financier permettant le rachat de l'opérateur mobile Orange par France Télécom se traduit notamment par :
la création d'une nouvelle filiale constituée en regroupant Orange, Itinéris et les autres activités mobiles de France Télécom à l'international, dont une partie du capital serait prochainement introduite en bourse (début 2001).
D'une augmentation de capital de France Télécom nécessaire aux transactions financières avec Mannesmann, qui dilue la participation de l'Etat au capital de l'opérateur public, pour la ramener à 54 %.
* 11 Annuaires, renseignements, publicité sur les annuaires.
* 12 Services dans lesquels l'utilisateur appelé bénéficie d'un reversement par le fournisseur du service de télécommunications.
* 13 Dans son rapport annuel 1999, publié en juin 2000
* 14 Résultat courant avant amortissements.
* 15 Le 26 janvier 2000, France Télécom a annoncé le rachat des parts de Sprint et Deutsche Telekom pour 3,882 milliards de dollars.