B. LA MISE EN DÉFAUT DE NOS SYSTÈMES D'ALERTE

L'intensité de la tempête du 26 décembre n'a été, semble-t-il, évaluée à sa juste mesure par les services de Météo France qu'assez tardivement.

L'un des interlocuteurs de votre rapporteur a mis en cause un recours excessif à des procédures informatisées, expliquant que le logiciel de Météo France utilisé dans l'élaboration des prévisions, avait rejeté les données qui lui étaient fournies, comme peu vraisemblables. Cet incident confirme, s'il en était encore besoin, le caractère véritablement hors normes de cette dépression atmosphérique, mais pointe également une faiblesse du dispositif de veille qui aurait pu être lourde de conséquences.

La plupart de mes interlocuteurs ont effet insisté sur la chance extraordinaire qu'avait eue notre pays que le déclenchement de la première tempête se soit produite un dimanche, à une heure très matinale, alors que les rues et les routes étaient pratiquement désertes. Si cette tempête s'était produite en semaine, ou à une heure de grande activité, il ne fait aucun doute que le nombre des victimes aurait pu être considérablement plus élevé.

Le fait, également, que les tempêtes se soient déclenchées en fin d'année 1999, alors que plusieurs services étaient " en alerte " dans la perspective d'un éventuel " bug " informatique, a également constitué un élément favorable pour la mobilisation des secours.

Il est évident que si d'autres accidents climatiques extrêmes devaient à l'avenir se produire, ils ne surviendront pas nécessairement dans un contexte aussi favorable. Il est indispensable, dans ces conditions, de réfléchir à une réorganisation de nos systèmes de veille et d'alerte , de façon à permettre à la population de prendre les précautions qui s'imposent. La réflexion actuellement en cours sur la refonte des procédures d'alerte devra s'attacher à donner une meilleure qualification aux événements, dans un langage accessible au public, en expliquant les conséquences prévisibles des accidents climatiques annoncés, et en les assortissant, le cas échéant de conseils ou de consignes de comportement. Cette réflexion sur le contenu de l'information délivrée devra sans doute s'accompagner d'un effort de sensibilisation de la population aux consignes de sécurité élémentaires à respecter en cas d'événements climatiques extrêmes, ainsi qu'on le pratique dans certaines régions tropicales.

Cette réflexion sur le système d'information préalable au déclenchement d'un accident climatique doit également se doubler d'une réflexion sur la fiabilité des réseaux d'information en situation de crise.

Les tempêtes de décembre 1999 ont en effet montré qu'une des faiblesses de notre système de gestion de crise tenait au fait que de très nombreux acteurs appelés à jouer un rôle essentiel -comme les maires, par exemple- ne disposent que des réseaux de communication grand public qui se sont révélés très défaillants. D'autres réseaux, plus spécialisés, sont cependant restés très dépendants des autres réseaux. Enfin, il conviendra également de s'assurer de l'interopérabilité des réseaux de communication des différents services appelés à gérer la crise, de façon à s'assurer, ce qui n'a pas toujours été le cas semble-t-il, de leur possibilité de communiquer entre eux. D'une façon plus générale, il conviendra donc de réfléchir au renforcement des réseaux de communication participant à la sécurité civile, de façon à leur permettre de continuer à fonctionner dans les situations de crise, où ils ont précisément pour mission d'opérer.

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