Question de M. UZENAT Simon (Morbihan - SER) publiée le 03/04/2025
M. Simon Uzenat attire l'attention de Mme la ministre de la culture sur la reconnaissance et le soutien financier, par l'État et ses opérateurs, des acteurs culturels bretons, en particulier la confédération Kenleur, essentiels à la transmission du patrimoine culturel immatériel de Bretagne. La confédération Kenleur, dont le siège est dans le Morbihan, oeuvre activement à la transmission et à la valorisation des danses bretonnes, à l'initiation aux chants, langues et à la connaissance et aux savoir-faire uniques autour des costumes traditionnels. Rassemblant aujourd'hui près de 200 cercles celtiques et 15 000 adhérents, elle peut se prévaloir d'un rayonnement dépassant les frontières régionales. Reconnue par l'éducation nationale comme association complémentaire de l'enseignement public et par les collectivités bretonnes comme structure d'enseignement artistique et culturel (EAC), avec un rôle crucial dans la sensibilisation et la création avec le jeune public (1 600 élèves sont inscrits dans ce parcours d'EAC, de l'école élémentaire au collège), la confédération Kenleur se voit pourtant systématiquement exclue du programme de mécénat danse de la Caisse des dépôts et consignations (CDC) alors même qu'elle répond aux critères de fond. La condition stricte exigeant que les projets soient portés par des chorégraphes professionnels ayant diffusé des pièces dans le « réseau » de danse prive la confédération de l'accès au financement de la CDC, alors même que les professionnels intervenant pour Kenleur sont très majoritairement des chorégraphes dont la réputation n'est plus à faire, mais issus des associations des cercles bretons très largement portés par un milieu et des acteurs bénévoles. Ce refus illustre une problématique plus large : l'insuffisance du soutien de l'État et de ses opérateurs à la valorisation de la « matière culturelle bretonne » et à ses acteurs, qui jouent pourtant un rôle déterminant dans le bien vivre ensemble, la transmission et la vitalité de notre patrimoine immatériel, et ce sur l'ensemble du territoire régional, notamment rural. Cette carence concerne aussi la transmission de la musique, dont les bagadoù, ces ensembles musicaux emblématiques de la culture bretonne, rassemblés au sein de la confédération Sonerion qui compte plus de 10 000 pratiquants. Malgré leur importance historique et sociale, leur financement repose essentiellement sur des aides locales, décentralisées et limitées, surtout dans le contexte budgétaire qui impacte directement les collectivités territoriales. Alors que la direction régionale des affaires culturelles Bretagne reconnaît l'utilité publique de la confédération Kenleur et l'accompagne sous le dispositif d'aide au service des publics, comment justifier que la Caisse des dépôts et consignations, sous tutelle de l'État, n'en fasse pas de même ? Il lui demande en conséquence quelles mesures concrètes le Gouvernement entend mettre en place pour garantir un accès équitable aux financements publics des acteurs culturels afin que la France puisse reconnaître pleinement la culture bretonne, et plus largement les cultures régionales, en leur offrant les moyens de la transmission et de leur rayonnement.
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Réponse du Ministère des sports, de la jeunesse et de la vie associative publiée le 09/04/2025
Réponse apportée en séance publique le 08/04/2025
M. le président. La parole est à M. Simon Uzenat, auteur de la question n° 450, adressée à Mme la ministre de la culture.
M. Simon Uzenat. La confédération Kenleur, dont le siège est dans le Morbihan, oeuvre activement à la transmission et à la valorisation des danses bretonnes, du patrimoine vestimentaire, du chant, de la musique et des langues de Bretagne. Rassemblant aujourd'hui près de 200 cercles celtiques et 15 000 adhérents, elle peut se prévaloir d'un rayonnement dépassant largement les frontières régionales.
Reconnue par l'éducation nationale comme association complémentaire de l'enseignement public et par les collectivités bretonnes comme structure d'enseignement artistique et culturel, elle rassemble près de 1 600 élèves inscrits dans le parcours qu'elle propose, de l'école élémentaire au collège. La confédération Kenleur se voit pourtant systématiquement exclure du programme de mécénat « danse » de la Caisse des dépôts et consignations (CDC), alors même qu'elle répond aux critères de fond de ce programme.
La condition stricte exigeant que les projets soient portés par des chorégraphes professionnels ayant diffusé des pièces dans le « réseau » de danse prive la confédération de l'accès au financement de la CDC, alors même que les professionnels intervenant pour Kenleur sont très majoritairement des chorégraphes dont la réputation n'est plus à faire, mais qui sont issus des cercles associatifs bretons, eux-mêmes très largement animés par un milieu et par des acteurs bénévoles.
Ce refus est le symptôme d'un problème plus large : l'insuffisance du soutien de l'État et de ses opérateurs à la valorisation de la « matière culturelle bretonne » et à ses acteurs, qui jouent pourtant un rôle déterminant dans le bien-vivre-ensemble et dans la transmission et la vitalité de notre patrimoine immatériel, et ce sur l'ensemble du territoire régional, notamment rural.
Cette carence concerne aussi la transmission de la musique : elle affecte notamment les bagadoù, ces ensembles musicaux emblématiques de la culture bretonne, rassemblés au sein de la confédération Sonerion, qui compte plus de 10 000 pratiquants. Malgré leur importance historique et sociale, ces acteurs voient leur financement reposer essentiellement sur des aides locales, décentralisées et limitées, surtout dans le contexte budgétaire actuel, qui touche durement les collectivités territoriales.
Alors que la direction régionale des affaires culturelles (Drac) de Bretagne reconnaît l'utilité publique de la confédération Kenleur et l'accompagne via le dispositif d'aide au service des publics, comment justifier que la Caisse des dépôts et consignations, qui est sous tutelle de l'État, n'en fasse pas de même ?
Quelles mesures concrètes le Gouvernement entend-il donc mettre en place pour garantir l'équité d'accès aux financements publics des acteurs culturels et faire en sorte que la France reconnaisse et valorise pleinement la culture bretonne, et plus largement les cultures régionales ?
M. le président. La parole est à Mme la ministre.
Mme Marie Barsacq, ministre des sports, de la jeunesse et de la vie associative. Monsieur le sénateur Uzenat, les arts et traditions populaires sont source de lien social ; ils témoignent de la grande diversité culturelle de nos territoires. Pourtant, comme vous l'avez rappelé, ces pratiques ont souvent été l'angle mort de nos politiques culturelles.
Ce besoin de reconnaissance a d'ailleurs clairement été exprimé, en 2024, dans le cadre des consultations du Printemps de la ruralité. Il y a déjà été répondu par la mesure « Villages en fête » du plan Culture et Ruralité et, au mois de mars dernier, par l'élargissement du plan Fanfare aux musiques et danses traditionnelles, ainsi qu'aux pratiques inscrites au patrimoine culturel immatériel, comme le fest-noz en Bretagne.
La Drac de Bretagne y est très attentive. Elle a notamment noué des relations étroites avec la confédération Kenleur, qu'elle soutient dans le développement de ses différentes actions ; je citerai notamment un festival d'été itinérant permis par le dispositif « Été culturel », ou encore les manifestations financées en ruralité dans le cadre des « Villages en fête ». Au total, en 2024, la confédération Kenleur a ainsi bénéficié de 40 500 euros d'aides aux projets de la part de la Drac.
Par ailleurs, la Drac de Bretagne soutient d'autres acteurs qui contribuent à valoriser les cultures bretonnes, via des aides régulières au fonctionnement ou, plus ponctuellement, des aides aux projets : des bagadoù, comme l'association Bodadeg ar Sonerion ; des équipes artistiques, comme la compagnie de danse C'hoari ; des lieux de diffusion, comme La Grande Boutique ; des structures de valorisation de la culture et de l'identité bretonnes, comme l'association Bretagne Culture Diversité.
Soyez convaincu, monsieur le sénateur, que le ministère de la culture suit de près la situation de la confédération Kenleur.
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